Un début d'avril sans poisson au château de La Hulpe (11/04/2013)
Ce 1er avril, jogging dans le Domaine du Château de la Hulpe. La veille, j'en avais parlé avec mon copain qui connaissait pour y être passé en voiture devant l'entrée. Sans plus. Une raison de plus pour en parler. Un château, à moins de 10 kilomètres du centre de la ville, dans la forêt de Soignes. Une histoire d'un domaine et d'un château mais sans châtelaine.
Le Domaine Solvay est un endroit parfait pour oublier la ville de Bruxelles et son trafic à moins de 20 kilomètres de la ville.
Une perle du patrimoine architectural de la région wallonne de 227 ha, clôturée dans un parc à la lisière au sud de la Forêt de Soignes.
Ce lundi matin, 1er avril, 11:00, du soleil, seulement 2°C au thermomètre et un vent piquant, le week-end de vacances printanier (la nouvelle manière de nommer les vacances de Pâques) commence sous un bon présage.
Pour se promener, il s'agirait d'être habillé chaudement, ce qui n'est pas mon cas. C'est dire qu'il me faudra courir. Pas question de lambiner en chemin sous mon training léger de coton. L'appareil numérique tient dans une main droite gantée de laine. L'autre dans la poche, prête à dégainer le carnet et le crayon. Paré pour une visite reportage.
Ce printemps était vraiment attendu après un hiver long avec des chutes de neige qui revenaient alors qu'on ne les attendait plus.
En ces derniers jours de froidures persistantes, les arbres dénudés de leurs feuilles ne me rappellent ni les couleurs tendres du printemps et les couleurs chaudes de l'automne sont déjà loin. Les séquoias, seuls, continuent à pâlir d'envie les "collègues" à leur toison verte perpétuelle.
Le sol est spongieux, Je glisse à certains endroits. Mais, ce n'est ni une surprise, ni un poisson d'avril, ni un chien qui aurait laissé sa carte de visite. C'est la boue qui m'attend, en ce premier avril, pour que je slalome ou que je surfe. Tout simplement.
Le passage par le château, je me le réserve pour la fin de ma course. Le contourner en cercles concentriques, ce sera ma technique d'approche.
Central, au sommet d'une butte, il n'est pas très discret. Il apparaît dans le champ de vision, sans même le chercher.
A droite de l'entrée, les trois séquoias géants (Sequoiadendron giganteum) attirent une nouvelle fois, mon regard.
A gauche, c'est l'Argentine. Non, pas le pays, la rivière Argentine qui s'écoule dans un courant rapide et constant.
Un peu plus loin, première visite: les écuries "Les rênes de la Vie". "Un lieu de vie et d'intégration entre handicapés et non-handicapés" comme il est mentionné. Tout un programme avec le respect envers les animaux et les hommes.
Les étables sont ouvertes et vides. Près d'elles, quelques chevaux viennent de sortir et entament un pas de danse en cercle dans l'enclos, tout proche. Un palefrenier rassemble le fourrage à leur attention.
En 1991, J. Saintenoy-Simon a fait l'inventaire de toutes les essences d'arbres présentes dans le parc. Des plantes vasculaires indigènes et subspontanées, des Bryophytes, mousses et hépatiques.
450 espèces différentes ce qui représentent, tout de même, 38% de la flore belge. La preuve est faite, la diversité de l'habitat favorise, de fait, la biodiversité.
On devient dendrologue, sans en connaître le mot, pour moins que cela. Des plaquettes plantées sur les troncs permettent d'en identifier quelques espèces avec le nom français associé au nom scientifique.
L'obélisque, dans le fond, avec son soleil au sommet, fait majestueux.
Les deux étangs attirent les curieux qui donnent quelques miettes aux canards colverts.
Une occasion choisie par les photographes à l'affût d'instants insolites.
Assis sur un banc, un vieillard regarde la scène des ébats entre humains et volières, avec un intérêt amusé et philosophe.
La Fondation Folon entre dans l'objectif. Dans une ancienne ferme, les sculptures de Folon restent à jamais un des objectifs de visite du parc, mais ce sera, pour bientôt, lors de la réouverture printanière. En attendant, les statues regardent les passants, figés dans une posture destinée à l'éternité.
Des cyclistes s'époumonnent en grimpant sur les quelques buttes. Il est temps de les suivre et d'atteindre le château.
Des statues, rongées par la mousse et le temps, de chaque côté du musée. Deux ensembles de personnages qui ont l'air de demander pitié au personnage du dessus qui avec ses chaînes voudrait les empêcher de s'évader et de prendre le large.
Dans le jardinet à la française, une sirène semble implorer le ciel, entourée de petits d'anges, tout aussi prêts à s'envoler.
Devant le château, une piscine arrondie a dû accueillir quelques baigneurs dans l'histoire du château, mais, elle n’incite plus à la baignade.
Il est temps de redescendre vers la sortie.
C'est le moment de parler de l'histoire à rebondissements du domaine et du château.
Le village de La Hulpe a conservé des tumuli de l'époque romaine au Champ-des-Mottes.
Henri 1er de Brabant accorda des privilèges à la localité, mais ce n'est qu'en 1567 que le village porte le nom de « La Hulpe », d'origine celte, "La Helpe" qui signifie "Rivière d'argent".
Bien plus tard, le village sera reconnu comme "La porte des Ardennes brabançonnes".
En 1663, le 1er moulin à papier est installé. C'est le début d'une industrie qui reste prospère jusqu'en 1970.
L'histoire du domaine se poursuit par un véritable thriller économique dans lequel interviennent les membres de grandes familles.
Tout commence en 1822, sous l'époque Hollandaise. Guillaume 1er crée la Société Générale (plus précisément l'"Algemeene Nederlandsche Maatschappij ter Begunstinging van de Volksvlijt" donc "pour favoriser l'industrie nationale") et léguer des domaines fonciers de la forêt de Soignes en échange d'une dote annuelle de 500.000 florins. Comme toute entreprise privée, soumise à l'impôt foncier, la Société Générale se voit forcée de partager les territoires avec les communes limitrophes.
Entre 1831 et 1836, trois cinquième de la surface sont ainsi vendus à des propriétaires privés.
Dès 1833, le marquis de Béthune-Hesbigneul achète quelques parcelles de la forêt de Soignes.
En 1842, il y érige un superbe château dont le style était modestement inspiré du château de Chambord, édifié suivant les plans des architectes Arveuf-Fransquin et J.F. Coppens.
Son aspect était très différent de celui d'aujourd'hui.
Quatre tours octogonales lui donnaient un aspect médiéval en briques rouges.
En 1871, le baron Antoine de Roest d'Alkenade acquiert le château.
En 1893, il est racheté par l'industriel Ernest Solvay qui le considère comme résidence d'été à laquelle il n'y apporte aucune modification majeure à l'extérieur.
Victor Horta est chargé, seulement, de l’aménagement intérieur.
Le fils Armand Solvay et le petit-fils Ernest-John modifient considérablement le château pour lui donner l'aspect actuel.
S'ajoutent aux alentours, la plantation d’essences exotiques, le Belvédère et son étrange escalier, l’étang de la ferme, la percée rectiligne qui débouche sur ce curieux obélisque artificiel de 36 mètres de haut.
En 1968, pour préserver le château et éviter le morcellement du parc en lotissements, Ernest-John lègue toute la propriété à l’État belge.
En 1972, à sa mort, le parc, devenu propriété de la région, devient accessible au public.
Mais, dès 1975, des problèmes de succession apparaissent.
Un véritable roman s'engage avec Anne Solvay qui voudrait le récupérer. Elle gagne, en première instance, son procès contre l’État belge.
Ce conflit juridique va durer vingt ans en passant de la Communauté française à la Région Wallonne.
Cette dernière met fin à la discussion en allongeant 200 millions de FB sur la table des négociations et garantit ainsi le classement du domaine et à nouveau avec l'accès au public.
Le calme revenu, le château devient un lieu de réceptions, de mariages de prestige et de réunions politiques.
Mais, l'imbroglio juridique se poursuit avec l'épisode Folon.
Dès 2000, la Fondation Folon s'est installée dans l'ancienne ferme.
Dans 14 salles, 322 œuvres contenant des gravures, des sculptures, des aquarelles, des tapisseries et des affiches de l'artiste y sont exposées.
Bien après la mort de Folon, une autre histoire rocambolesque se poursuit jusqu'à la présence de ce qu'on l'a appelé "Ministre des Utopies".
En été, des concerts et des pièces de théâtre y sont représentés.
Un restaurant et une librairie complètent pour rentabiliser le concept de Fondation.
En 1988, plusieurs scènes d'intérieur et d'extérieur du film "Le Maître de musique" ont été tournées au Château de La Hulpe et d'autres au château de Chimay
Comme le château et le parc valent le détour en toutes saisons et en toutes occasions, on en arrive à parler de surfréquentation du site.
Oui, je sais, il y a ceux qui quittent les chemins, qui piétinent les semis, qui escaladent les talus et des adeptes de VTT à la recherche de nouveaux parcours difficiles dont la surfréquentation n'est pas le souci majeur.
Parler de Solvay, de Folon, c'est commencer par écrire des poèmes à plusieurs volets.
Oui, il y a toujours des effets secondaires dont il faut tenir compte pour trouver l'accord entre juste milieu et juste prix.
Quant à toi, cher copain, prends une heure ou deux, peut-être trois, pour un passage futur dans le domaine de Solvay.
Elles ne seront pas superflues.
Il parait que les "Dimanches au Château" sont de retour, une occasion de plus à ne pas manquer. Pour te rassurer, il y a les témoignages de prédécesseurs...
D'après la pub, "la vie y devient facile" comme meilleur incitant.
Quant au 1er avril, non, Nicolas Sarkozy que l'on apprenait, ce matin-là, vouloir s'installer à Bruxelles pour racheter un château, ne viendra pas en Belgique.
C'était un poisson d'avril.
Je ne dis pas que tu y trouveras la châtelaine de tes rêves, à l'entrée du château de La Hulpe...
Mais, prends ton appareil avec toi. Numérique ou analogique, qu'importe.
Installe-toi devant la piscine du château, bien à l'aise.
S'il n'y a pas de transat, ce n'est pas grave.
Une fois installé, demande à quelqu'un de te prendre en photo.
Surtout, regarde s'il n'y a personne d'autre dans le champ avant de faire le clic pour la postérité.
Tu te sentiras comme le riche Ernest Solvay et tu pourras dire à tes amis que c'est ton domaine et ton château.
Tu verras, cela donne une impression de puissance et que le monde est à toi.
Pas besoin de te faire mousser avec une bombe atomique comme l'ado de service coréen.
Une photo avec un style de coiffure de punk atomique, cela ferait désordre et pas chic du tout par ici.
Hier, on apprenait que Bernard Arnaud ne veut plus devenir belge.
Non Bernard n'est pas tout seul..
Bruno Coppens te le disait pourtant avec beaucoup d'humour:
Mais, ce n'était pas un poisson d'avril non plus.
C'est pour cela que je te laisse mon 1er avril, en photos.
Et si cela ne te fais pas plaisir, mon voyage au pays de Folon en toutes saisons ... le fera peut-être
Ce pays-là te fera, à coup sûr, vivre sur une autre planète.
L'enfoiré,
Articles connexes: "Forêt de Soignes, forêt soignée", "Séquoia sait quoi y a".
Citations:
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« O saisons ô châteaux. L'âme n'est pas sans défauts. », Arthur Rimbaud
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« Les châteaux en Espagne qui ne coûtent rien à construire sont ruineux à démolir. », François Mauriac
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« Le schizophrène construit des châteaux dans les nuages. Le psychotique y vit. Le psychanalyste touche les loyers. », Jérôme Laurence
Commentaires
Bruno Coppens avait sa version au sujet de Bernard Arnaud. Non Bernard t'est pas tout seul...
http://www.rtbf.be/video/detail_bruno-coppens-dans-le-cafe-serre-11-04-2013?id=1814437&pname=
Écrit par : L'enfoiré | 11/04/2013
Liée aui nombre 8 (Tours octognales) Voir livre de johann Dreue sur Chambord: Cabale Royale. e l’humble et grossière corde à nœuds des franciscains chargés de garder les lieux saints en Palestine, en passant par d’illustres ordres de chevalerie fondés par Anne de Bretagne et Louise de Savoie jusqu’au Roi chevalier, François 1er lui-même, qui fit de la cordelière son chiffre royal, quel parcours que celui de cette cordelière appelée à figurer sur les blasons et autres armoiries royales ! L’auteur retrace cette histoire qui s’étend sur plusieurs siècles, l’occasion de redécouvrir ces ordres de chevalerie prestigieux qui partirent sur la trace des templiers et leur succédèrent. Tous utilisèrent cette cordelière comme motif ou “symbole-schème” de leur engagement séculier. Au final, cette corde fut appelée de façon assez curieuse « lacs d’amour », lacs étant la transposition du vieux mot « lacé » tandis qu’amour fut entendu comme dévotion à une cause supérieure. Mais c’était sans compter sur le grand Léonard de Vinci et ce qu’il avait laissé en héritage au travers du code de Chambord dont nous donnons le message en clair. Sans compter sur la réinterprétation cabalistique qu’en fera le monarque de France. A la lumière de ce code nous entrevoyons de nouveaux sens possible qui pourraient en prolonger l’étude et réactualiser ainsi la portée de son symbolisme. L’étude se termine par une réflexion sur le concept de nœud mystique et le processus qu’il met en œuvre, véritable lemniscate ouvrant sur les portes de l’infini. Puis nous y retrouverons celui de cycle rétrograde et d’inversion sans lequel aucune évolution n’est également envisageable. Bref nous vous ferons passer de l’autre côté du ruban de Mœbius révélant le cordon ombilical d’un nouveau monde entrevu par les grands esprits de la Renaissance qui ont porté cette vision du monde. Je ne pouvais qu'être liée à ce château. Ma famille ayant vécu juste dans le domaine qui suit. Là aussi se trouvait un château en ruine, veritable cadeau pour des rêveurs. Nous y trouvâmes même un vieux repose-pied en tapisserie. Et puis, il y avait encore la vieille laiterie qui vendait: oeufs de ferme, lait cru, et autres fruit de notre bonne terre. Sans compter l'une des plus belle brocantes... celle de Gaillemarde. Ceux qui aiment l'ail des ours, il s'y trouve en abondance. J'ai vécu aussi une belle "rupture" et en beauté. Mon lien avec mes trois années françaises se terminaient en 1988. Après avoir vu le "Maître musique" avec Philppe Volter. Sans savoir qu'en 2005, je rencontrais un autre français (le fil n'était donc pas vraiment rompu et dont le mari de sa cousine était l'ami proche de Philippe. Ils passèrent sont dernier Noël avec lui. Rien ne laissait présager la suite.... Mon dernier passage à la Hulpe date de aout de cet année: passage de julien Clerc (je n'y ai pas participé....). L'enfoiré a du mal à comprendre que notre vie est comme un collier dont nous enfilons (engrangaons) des perles qui déjà prépare le futur. Quand j''étais allée voir l'expo Folon, voilà que je croise Jaco Van Dormael. Sans savoir que le film: TOTO le héros serait tourné dans la maison natale de mon prochain compagnon GUY rencontré en 1992... Vous croyez au hasard...? Le "H" huitième lettre de l'alphabet... et le film suivant de Jaco van Dormael s'appele LE HUITIEME JOUR.... LA la "H"ulpe.... Ah, nous rentrons dans le signe du scorpion, huitième signe. Déjà que l'énigme s'épaissit autour du nombre "10" (le YOD ) en hébreux, dans le meurtre satanique de Lola.... Dernier souvenir: Mon compagnon de 1992 avait une chienne qui souvant nageait dans le lac à l'entreé du château. Elle s'appelait: OLIVE. Et le 1er mai 2005: je rencontre Olivier... A suivre sur la route: HUIT....
Écrit par : Mélusine 888 | 23/10/2022