Changer tout (09/08/2015)

0.jpgUn besoin de changement et d'évoluer, une personne sur deux y pense un jour mais une sur trois est prête à le faire en adéquation avec ses projets et ses rêves.

Je reviens à la scène parodique que j'ai fait jouer entre Olivier de Kersauson et Nicolas Bedos.

C'était un sketch artificiel, imaginatif. Rien d'autre.

J'ai dû sortir de moi-même pour l'écrire comme antithèse.

Si je n'aimais pas les changements, je n'aurais pas choisi la profession qui fut mienne pendant quarante ans.

J'avais choisi de placer Olivier de Kersauzon en opposition avec ce qu'il faisait et ce à quoi il voulait destiner sa vie d'entrée de jeu: "devenir marin et naviguer".

"Naviguer: c'est accepter les contraintes que l'on a choisies. C'est un privilège. La plupart des humains subissent les obligations que la vie leur a imposées", disait Eric Tabarly.

"C’est fou ce que les navigateurs associent mer et liberté!", disait une petite voix. La liberté sur terre, c'est plus difficile à assumer avec les contraintes inhérentes avec la vie en société.

Changer de vie après avoir exercé une autre voie, c'est le sujet de ce billet. Il impose à une autre personne de se poser quelques questions.

Pourquoi changer, comment changer et avec quels risques de se faire juger avant même d'avoir exercé le premier virage?

Combien de personnes vivent leur vie avec plaisir et en ont fait le choix? Combien vivent la vie des autres par quasi obligation sans espoir d'arriver à vivre la leur? En début d'année, je sortais un roman avec le titre "Veux-tu changer de vie?". Dans ce roman, j'alternais en me mettant dans la peau des personnages féminins et masculins en faisant certainement quelques erreurs de prises en charge de l'esprit que le sexe des gens peut apporter. Nous en reparlerons dans les conclusions.


Je ne pouvais résister à l'envie de faire l'acquisition du magazine Psychologie de juillet-août qui contenait un dossier "Envie de changer de vie?"

Comment organiser le passage des fantasmes à la réalité?

Certains animaux muent "parce que leur peau d'insectes, de reptiles ou de crustacés, est trop rigide et reste intacte bien que l'animal grandisse. Au bout d'un certain temps, leur peau ne suffit plus pour les "contenir" et elle se déchire. L'animal en sort avec une peau plus grande, tout aussi rigide que la précédente, mais mieux adaptée à son évolution, et ainsi de suite. Ou bien ils deviennent de beaux papillons qui ne vivent que l'instant d'un matin pour se reproduire".

Si la peau des humains est sans cesse renouvelée, le reste ne change pas nécessairement sans une remise en question des points cruciaux au moment du bilan.

"C'est fou comme les gens sont accroché dans leurs certitudes", disait quelqu'un.

"Il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis", répondait l'autre.

Au besoin, quand on sort de cette peau de lézard qui n'a pas trop évolué, par facilité, certains en arrivent à vouloir changer de vie, d'environnement, de métier. Cumul d'une série de mal-être comme catalyseur d'un réveil....

Qui prend le temps d'écrire ses mémoires, son autobiographie pour faire le bilan de la vie?

Qui ose dire ce qu'il changerait si c'était refaire qu'aurais-je fait?

Il y a les convenances qui disent qu'on ne parle pas de soi-même. Utiliser ce "je" est presque péjoratif et péremptoire qui relève la vie privée.

J'ai oublié de vivre, lançait Johnny qui est aussi pris dans un jeu de massacre  qui lui rapporte le pognon mais pas nécessairement la santé de l'esprit. Je sais ce n'est qu'une chanson, bien sûr.

 

D'après les conseils du magazine, prendre ses envies aux sérieux, c'est:

0.jpg"Être soi" c'est chercher d'abord à comprendre ce qui n'est pas soi avant de déterminer ce qui est soi.

Une vie va se composer en plusieurs phases adaptées à son passé et finir sur les potentiels du présent pour les extrapoler dans l'avenir.

Avoir une formation scolaire dans un domaine et ne l'utiliser que comme carte de visite pour passer à une autre parce qu'elle est plus porteuse d'opportunités, c'est ce qui se fait plus souvent qu'on le croit. "S'adapter" à la situation de son environnement fait sortir beaucoup de monde de ses rêves initiaux.

La confiance et la fidélité dans le couple, j'en parlais lors d'un anniversaire.

Je n'y reviendrai pas même si pour certains, c'est sous cet angle qu'ils pensent "changer tout".

Gilbert Bécaud le chantait avec "l'Aventure":

La fidélité et la confiance pour les nouvelles générations n'existent plus très souvent, ni au bureau ni à la maison.

Péter un plomb pour mieux rebondir, ne veut pas dire que le feu d'artifice suivra.

Regretter son passé serait du temps perdu s'il n'apportait pas un tremplin dans un inconnu plus risqué.

Dans le magazine, un pré-dossier répondait "J'ai l'impression de ne pas avoir vécu" à un psy.

Le travail ne l'intéressait plus, parce qu'il y avait trop de pression dans sa boutique. Le burn-out ou le bore-out n'arrangent pas les bidons du bonheur.

Les contraintes sont aussi bien privées que publics.

Tous les jours, on apprend par la presse que des personnes disparaissent sans laisser de traces. A la base, cela peut être banalement des problèmes familiaux ou des dettes devenues insupportables... Des suicides font aussi les "choux gras" de ce genre de conclusions.

Assumer ces changements de vie n'est pas à la portée de n'importe qui. 

Les rebelles sortent de leur coquille comme les moules quand la casserole commence à chauffer trop fort et pas avant.

Enfin, souvent, ils se disent rebelles mais c'est sans sortir des avantages que leur offre le système ou en perpétrant les mêmes problèmes mais dans leur nouvelle vie.

S'adapter aux nouvelles donnes se produira de plus en plus à l'avenir puisque tout évolue plus vite dans une vie qui s'allonge.

L'appel d'un ailleurs et tout plaquer suite à une crise, c'est ce que Jung résumait en disant "nous passons la moitié de notre vie à escalader une échelle et l'autre à réaliser que nous l'avions adossée au mauvais mur".

Se (re)connaitre, c'est parfois simplement trouver son contraire, son complément.

Dans le magazine, la solution du test pour déterminer "de quoi avez-vous le plus besoin? se faisait par trois voies" :

1. de sens d'une vie singulière

2. de plaisir quand il est quantifiable et définissable

3. de créativité qui donne cette touche personnelle

En somme, un test dans lequel il faudrait pouvoir cocher des choix multiples, plutôt que les sélectionner.

Transformer sa vie, ce serait "En devenant le héros de sa propre tragédie", "En s'éloignant du bruit et du tumulte", "En mettant du jeu entre soi et le monde" ou "En prenant ses envies au sérieux", comme le soufflaient tour à tour psys et philosophes de tous les horizons.

"Nous devons choisir entre culpabilité et imagination", disait le philosophe Pascal Chabot. Nous sommes "à l'âge des transitions" pour exprimer une aspiration à donner une nouvelle direction à la vie fondée sur la vision d'un meilleur avenir possible. 

"Pas de mal à se faire du bien" quand c'est possible.

Le film passé dimanche dernier à la télé "Les petits ruisseaux" correspond parfaitement à ce genre de situation de désespoir.

"Émile, veuf, vit bien tranquille avec des parties de pêche avec son ami Edmond et des copains au bar, où chacun raconte ses histoires. Edmond, divorcé, lui apprend qu'il rencontre des femmes avec qui il a parfois des relations épisodiques. Edmond meurt à la suite d'un malaise. Émile fait la connaissance de Lucie. Sans le laisse pas indifférent, Émile a des sentiments troubles et s'enfuit. Il part sur les routes au hasard des rencontres, finit par retrouver son équilibre sentimental".

 

Des anecdotes, à la pelle ...

Pour la rédactrice en chef du magazine, Christiane Thiry, changer tout, c'est seulement une invitation à se réinventer le temps de vacances en changeant de rythme pour sortir du stress et de l'habitude.

L'été chargerait sa syncopée du temps en partant dans des coins reculés de l'Atlas pour trouver le silence, la lumière et une respiration dans le flux dense de la vie. Vivre un moment à l'intime de soi et être plus présent à ce qui est là, en nous, autour de nous. Un changement de vie à petite échelle, la sienne...

Vaincre la routine... cette putain de routine.

Hors en cherchant bien, tous se rassemble au boulot-métro-dodo.

Les vacances, ce ne sont qu'un break, une coupure dont je me suis amusé à rechercher les origines dans "pourquoi partons-nous en voyage?".

Une déconnexion pour se ressourcer ou peut-être, simplement, se sourcer avant de se ressourcer.

Les juillettistes sont déjà de retour avec la nostalgie de devoir retourner boulotter, tandis que les aoûtiens sont arrivés pour leur part de plaisir temporel.

Nostalgie au retour parce que la vie de vacances est trop courte même si elle permet de faire des choses qu'on n'oserait pas en temps normal. 

Le problème, c'est que dans cette période de grandes vacances, ce n'est pas toujours le cas.

Les enfants sont en âge d'école, la société ferme ses portes et c'est rebelote, même rush, mêmes bouchons sur les routes.

En France, près de 900 kilomètres dans le chassé-croisé du 1er août.

L'habitude du départ pendant les grandes transhumances de juillet et d'août est parfois plus forte que tous les discours.

Il ne faut pas toujours croire que ces vacanciers changeraient leur période de transhumance, s'ils le pouvaient.

0.jpgA l'arrivée, beaucoup aiment revoir les mêmes têtes qu'ils connaissent chez eux. Ils sont heureux de se retrouver et de se reconnaitre.

Les hôtels de séjours font d'ailleurs l'impossible pour recréer cette sécurité pour que leurs hôtes estivaux ne soient pas désorientés avec leurs chambres "comme chez-soi" et pour que la nourriture soit internationale plus que couleur locale. 

La peur reste de perdre ses habitudes.

En fait, en majorité, les hommes sont grégaires dans leurs habitudes.

L'exotisme du baroudeur n'a qu'un succès mitigé parmi une minorité.

La peur de l'inconnu, la peur du pays dans lequel on ne parle pas sa langue, sa culture, ses coutumes, c'est risqué, surtout en vacances.

 

Un restaurateur que je connais pour avoir bien connu son resto depuis les débuts. Son affaire marchait très bien. Il avait une clientèle fidèle et était fier de lui demander si elle était satisfaite. Un début avec lui au fourneau et son épouse dans la salle. Un divorce. Une nouvelle femme et l'affaire reprenait sur les chapeaux de roues. Puis, le choc. Il arrête tout. Vend son restaurant. Liquide son personnel. Le voyage de noce au Maldives aurait-il donné des raisons? Il parait que non... The show must go on, else where, but how.... 

 

Le rebelle excédé par quelque chose qu'il ne supporte plus et qui change de vie.

0.jpgDans "Confession d'un anthropologue", Michael Singleton raconte son histoire sous forme de la "pérégrination d'un rebelle". Influencé par des études dans une école ultra-jésuite, il devenait prêtre et fut envoyé à un cours d'anthropologie.  

Excédé par l'ethnocentrisme, rebelle, il était devenu profane africain.

"L'idéal du Père blanc, c'était le broussard barbu, puant la rage, vivant dans la brousse, une vie de grand chasseur blanc qui de temps en temps, dit la messe. Remettant en question des constantes transculturelles, ces 'confessions d'un anthropologue' critiquent ce que l'Occident entend par écologie et économie, politique et religion, sous la double tutelle des cultures gréco-latine et judéo-chrétienne. L'anthropologie académique semble aujourd'hui n'avoir abouti qu'à réduire les pays dits en développement à une Mêmeté qui, en définitive, n'est qu'une récupération réductrice délétère".  

 

Puis, le bourlingueur de profession qui s'adapte à son environnement en permanence ...

Philippe Lambion disait "Pour partager le quotidien d'une tribu, il faut savoir respecter ses coutumes. Il ne faut pas se laisser impressionner par les disputes, les coups de gueule. L'apparente fermeté des gens relève bien souvent d'un effet théâtral. En général, la meilleure technique est d'attendre que ça se passe et de ne pas prendre parti. Je ne choisi pas mes partenaires par rapport à leurs compétences, mais par rapport au faciès, aux regards, aux mimiques...".

La tribu est-elle tellement différente de notre civilisation technologique?

 

0.jpgQue dire en conclusion?

Que le livre de Luce-Janin Devillard, "Changer sa vie", complète peut-être.

La confrontation entre le rêve enfant et la réalité d'adulte, le mental et l'éducation, l'inconscient docile, la peur du saut dans le vide, l'alibi de l'argent, tout cela ne s'improvise pas. Il y a un élément déclencheur qui fait accepter une introspection égoïste.

"Oser les autres" était aussi le sujet du magazine Psychologies précédent. Plus facile à dire qu'à faire. Cela ne veut pas dire qu'il faille les imiter et s'y limiter.

"Faire comme si" peut être terminer par la catastrophe.

Avoir une âme de réparateur, ne pas aimer faire le mal, en manque de confiance en soi et se retrouver en crise blasé de tout, c'est arriver à la situation montré par l'article du magazine "J'ai l'impression de ne pas avoir vécu".

Revivre sa vie par l'intermédiaire de celles des enfants, n'est peut-être pas "la" solution. Pas d'interprétation et encore moins de jugement hâtif, pour se faire une idée de "cet autre", de ce "Mister Hide" qui peut ressortir du chapeau de "Mister Jekyll".

Changer tout pour rester soi-même en se réinventant une nouvelle personnalité, un nouveau monde en fonction d'un parallélisme qui ne serait pas le sien, serait tout aussi suicidaire.

0.jpgLa proie pour l'ombre n'est pas nécessairement la bonne porte de sortie.

Regretter le passé, bof, à quoi cela rimerait?

Seul le présent et le futur peuvent être réajustés.

Parler de "changer tout", sans penser à ceux qui sont obligés de le faire, de quitter leur pays en guerre et de demande d'asile, serait une lacune et un oubli sans nom, surtout à lire cela.

Mais de cela, l'actualité en parle tous les jours.

Être auto-immun et attentiste est aussi une solution de sagesse et de pragmatisme.

Un article du magazine fait réfléchir: "J'ai longtemps hésité, puis j'ai quitté mon mari".

Une question importante n'a pas été soulevée: change-t-on plus de vie au féminin ou au masculin?

Au masculin, c'est souvent la jeunette qui survient et qui met des battons dans un couple bien installé depuis des années.

Au féminin, c'est plus subtile. Tout porte à croire d'après la littérature féminine que les tendances d'envie de tout changer plus secrètes.

Pour le constater, un promenade chez un bouquiniste s'impose.

Une étiquette sur l'un des promontoires: "Histoires de filles".

Qu'y trouve-t-on? Des best-sellers dont je cite les titres:

"Je peux très bien me passer de toi", de Marie Vareille.

"Mariée à un inconnu", "Fascine moi" de Sylia Day.

"Je le veux" avec en plus "Je vais me marier, il est parfait, c'est la cata", de Eliza Kennedy.

"L'éveil des sentiments" de Emma Cavalier.

"Les crevettes ont le cœur dans la tête", de Marion Michau.

"Il était une fois dans le métro", de Karen Merran...

J'ai cherché un promontoire "Histoire de garçons" et ne l'ai pas trouvé.

Plus d'affaires sentimentales pour les filles fleurs-bleues que pour les garçons, qui eux se tournent plus vers ce qui est technique.

Ne sommes-nous pas face à une explication de l'augmentation de l'homosexualité féminine mixée à une misandrie suite à un échec de couple ?

Une extrapolation fausse peut-être, à vous de me le dire...

Une hypothèse plutôt qu'une thèse puisque je n'ai aucune analyse chiffrée sur cette supposition.

Comme elle l'écrivait dans son livre, Florence Arthaud, garçon manqué, a reçu des idées par Olivier De Kersauson sur ce qu'est "être masculin".

Son frère s'était suicidé à sa grande surprise. Était-ce parce qu'il n'avait pas la notoriété de sa sœur qui lui avait volé la vedette?

Quand un couple avec enfant se déchire, que se passait-il, en général, pour la fille-mère?

Elle retournait aux sources chez sa mère ou chez son père. Cela apportait la sécurité financière et morale tout en gardant une relation au féminin. Une solution qui avec des bénéfices de récupération du côté "parents".

L'ancienne chanson de Michel Delpech "Les divorcés" apportait ce qui en découlait avec les avocats qui intervenaient et les amis qui prenaient parti pour l'un ou l'autre dans le couple.

 

Cette solution je l'ai connue personnellement avec ma mère.

A l'époque, on parlait de Brigitte comme d'un sexe-symbole..

Aujourd'hui, ce n'est plus toujours le premier choix vu la nouvelle indépendance financière de la femme. 

Aujourd'hui, ce sont "Brigitte au singulier" mais qui sont deux à bouche que veux-tu.... car entre femmes, on se dit tout.

0.jpgEn fait, pour la femme, tout change et tout changer, ce serait rêver éveillé avec le cœur qui a ses raisons que la raison ne connait pas ou plus.

Une carte postale est arrivé avec une belle image:

Tuamotu,

  Bonjour à tous,

  Toujours en vie. Tout va bien...

Sandra & Kerso,

 

L'enfoiré,   

 

Citations:

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