Les Caraïbes du paradis à l'enfer (09/09/2017)

La semaine dernière, la France par ses Côtes. Aujourd'hui, la France d'Outre-mer, les "Dom-Tom" qui se partagent avec les îles d'origines anglaises, néerlandais, espagnoles et américaines. 

"Images de plages immaculées, un soleil radieux, un hamac suspendu entre deux palmiers, des eaux turquoise et des cocktails à base de rhum. Une description digne d'une brochure de tourisme a bien sûr toujours un fond de vérité, mais les Caraïbes ont bien plus à offrir", écrivait Bart De Landtsheer qui depuis plus de 30 ans, voyage dans les plus beaux recoins de la planète et a rapporté ses découvertes dans différents médias.

Plus à offrir, en bonus bien sûr.

Mais aussi en malus...

car il y a les ouragans et les tremblements de terre...

Pour commencer une vidéo qui situe l'endroit.

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Christophe Colomb avait découvert en naviguant par l'Ouest sans y faire du tourisme, il avait espéré découvrir les "Indes occidentales" , en 1492 et en 1504.

Les Grandes Caraïbes, je les ai approchées par la République Dominicaine en mai 1994 et par Cuba en mai 1996.

2.JPGEn pleine période d'hiver chez nous, j’évoquais la République Dominicaine dans le billet "L'hiver chez moi, c'est quoi' et Cuba par le billet "Un Cuba libre.

La France appelle les Antilles, "les Don Tom" et l'Angleterre, les "West Indies".

Le passage de "Irma la douce" d'une catégorie  5 avec des vents qui dépassent les 300 km/h, a créé une catastrophe apocalyptique sans précédent dans les Antilles françaises de Sainte-Barthélemy et de Saint-Martin en les dévastant tout à plus de 90%.

Rétrogradé en catégorie 4 pour atteindre Cuba en passant par la République Dominicaine, les vents à 250 km/h restent tout aussi dangereux, Irma reprend de la vigueur pour passer de la République Dominicaine à Cuba et arriver enfin sur la Floride.

Les pillages ont été des compléments des catastrophes naturelles.

L'ouragan suivant, José, s'apprête à donner une deuxième couche.

Heureusement, il y a les artistes qui ne se souviennent que les bons côtés des Caraïbes.

"Invitation au voyage" présente deux documentaire sur Cuba

par la vision de Alejo Carpentier

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La production du tabac cubain dans la vallée des Mogotes

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La République Dominicaine en mai 1994, était déjà devenu le nouvel eldorado et une destination phare réputée pour ses nombreux hôtels avec services "all inclusivo".

Aujourd'hui, on estime que 80% des touristes ne quittent pas leur hôtel à Punta Cana, perdu au milieu des cocotiers.

La République Dominique compte 10 millions d'habitants et 50.000 touristes prisonniers de leur transats qui s'aventurent peu à l'intérieur du pays.

Perle des Caraïbes, elle est un des pays les plus pauvres de la planète. Elle tire profit de ses plages de rêves pour touristes en quête de sable fin et de mer chaude sous un ciel bleu garanti, 30°C toute l'année et des cocotiers qui prennent la pause sur des kilomètres avec une mer turquoise.

Une soixantaine d'hôtels ont poussé comme des champignons avec 40.000 chambres avec animations avec toutes les dérives potentielles avec des boissons à volonté. Plaisirs à gogo et pour gogos qui assistent à des danses de locaux, payés 200 euros par mois. Gogos reconnaissables par le bracelet en couleur différentes au poignet qui permet d'avoir accès aux services compris.

Cela permet au pays de surfer sur 7% de croissance annuelle. 

Les touristes seront heureux de revenir chez eux pour présenter photos et vidéos sensés montrer comment on vit de danses aux Caraïbes et des expériences magiques du 3ème type à la rencontre des requins.

Business is business même si la part de gâteau que chacun veut partager contre du plaisir frôle parfois l'indigestion.

Tout est permis de nuit. La prostitution est légale et le sexe rapporte bien plus en une nuit que le salaire moyen des habitants dans les boîtes de nuits qui fleurissent à Punta Cana. S'offrir une seconde jeunesse à peu de frais est tentant pour les couguars ou de blancs en quête d'exotisme sexuels.

Le jour, tous reprennent leurs transats du côté touriste, leurs costumes de travailleurs pour la construction de nouveaux hôtels de l'autre. 2.JPG

Le Nord de l'île est complètement différent du lac aux eaux transparentes et turquoise du sud.

Le vent et les vagues rendent la petite station Cabarete, le centre des sports de glisse.

Sosua, pas loin de la frontière avec Haïti et les peintures naïves rappelleraient l'esprit créole si, on ne parlait pas plus allemand qu'espagnol.

Haïti se rappelle encore du séisme de 2010 du billet "Tout bouge autour de moi" d'après le livre de Dany Laferrière.

Puerto Plata, le "port de l'argent" pouvait donner une couche de nettoyage sur ses eaux turquoises qui charriaient les relents de la consommation.

Quand j'y étais en mai 1994, c'était les élections d'un nouveau président.

Enfin "nouveau", il ne faut pas rêver. Le candidat Joaquin Balaguer Ricardo allait se représenter à l'âge de 88 ans, alors qu'il était presque aveugle.

Après une controverse au sujet de sa réélection de 1994, il abandonna en 1996, tout en continuant à être une figure importante et incontournable de la politique dominicaine.  

Le Mexique vient de ressentir un tremblement de terre jamais atteint de 8,4 sur l'échelle de Richter.

Faire le plein de couleur locale dans l'un des nombreux petits marchés, danser le merengue à l'écoute des musiques au côté de la population locale demandera quelque temps, pour que tout redevienne comme avant aux Caraïbes.

Laissons parler Derek Walcott de Sainte Lucie

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Les Caraïbes, des paradis sur Terre?

1.JPGFiscaux sur certaines îles, bien entendu.

Climatiques, pour vacanciers temporaires avant septembre, avant que l'océan ne devienne trop chaud.

Après les cataclysmes, les promoteurs attendront la reconstruction pour que les affaires reprennent.

Cette fois encore les Caraïbes ont été bien servies avec le méga-ouragan Irma, plus puissant encore que la tempête Harvey qui a fait 42 morts.

Il pourrait terminer sa course en dévastant la Floride...0.JPG

Une preuve de plus que les éléments naturels décident parfois autrement que de créer un paradis.

Après les ouragans, pour les besoins en eau potable, l'électricité est une des premières nécessités pour refaire fonctionner les turbines de désalinisation de l'eau de mer.

Prévoir l'imprévisible demande un changement de concept de résilience.

S'y préparer quand l'intensité des phénomènes naturels risque de s'accroître, demande la contribution de tous les acteurs qui s'y intéressent de près ou de loin avant de penser à reconstruire.

En 2005, Al Gore lors de la présentation du film "Une vérité qui dérange" (An Inconvenient Truth), lançait avec humour "Je m'appelle Al Gore, je suis l'ex-futur président des États-Unis et je ne trouve pas ça drôle car je n'ai pas réussi à faire passer le message". Il était à Bruxelles en octobre 2006 et disait alors qu'il donnait encore dix ans pour sauver le monde. Nous sommes onze ans plus tard et il relance le débat avec "Une suite qui dérange".

Film qui évidemment a été terminé bien avant Irma...


 

 

Lors des vacances, l'aventure, c'est l'aventure, dit-on après ces moments-là. 

2.JPGOn en rigole encore dans les vieux souvenirs ... enfin, presque.

Le rire et l'humour sont les artifices préférés de l'esprit créole pour exorciser le malheur.

La musique et les danses ne vont peut-être pas rétablir, dès demain, les dégâts occasionnés par les ouragans.

Dès que le nom "Irma" s'insèrera dans leurs histoires avec l'humour, les Antillais auront passé un nouveau cap des malheurs naturels en attendant un suivant.

Ce serait marrant que les bénéfices du sexe participaient à la reconstruction.

Pour les vacanciers, il faut que les cyclones reprennent une vitesse de croisière à 0,0001 sur l'échelle de Richter, pour que les affaires reprennent.


 

Eriofne

 

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