L'automne de la démocrature ? (25/08/2018)
Ce billet pourrait être considéré comme une suite à celui concernant "Le Printemps de Prague".
C'est la fin de l'été...
Bientôt plusieurs élections, communales, fédérales, de mi-mandat américaines... européennes.
Les grands de ce monde et les partis sont en campagne, fourbissent leurs "armes de persuasion" pour se retrouver au mieux de leur forme et certaines stratégies sont misent en place à la recherche de personnalités qui auront le plus de poids dans la balance à offrir aux choix des électeurs.
Le culte de la personnalité, l'adulation excessive d'un chef d'État a pris ces derniers temps plus d'importance. Par extension, cette adulation peut s'appliquer, par effet retour, aux autres personnes en vue de bénéficier d'un battage médiatique pour entretenir par divers moyens de propagande personnelle soutenu par un large besoin de médias, de rassemblements et de manifestations.
A ce culte s'associe une série de comportements, de concepts et d'attributs très typiques qui méritent quelques définitions sous forme de lexique.
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Le culte de la personnalité existe presque depuis l'apparition des hommes.
D'abord reconnue chez les dieux, il se retrouve très vite chez quelques hommes qui comme en Égypte antique sous forme de Pharaons, s'arrogent une présence de dieux vivant sur Terre. Des hiérarchies s'installent immédiatement pour les soutenir dans leur tâche de protection des populations et des dynasties se créent par népotisme.
L'expression "culte de la personnalité" ne date pourtant que de 1956 suite au « discours secret » de Nikita Khrouchtchev au XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique.
Elle traduit l'expression russe культ личности, qui signifie « culte de la personne». Elle dénonce le stalinisme et la propagande en faveur du « Père des peuples », Joseph Staline.
L'expression s'est appliquée ensuite à toutes les dérives égocentriques dans les régimes totalitaires avec Nicolae Ceaușescu, avec Mao Zedong comme "Grand Timonier", avec Hitler comme Fürer du nazisme, avec Franco comme Caudillo du franquisme, avec Mussolini comme Duce du fascisme et de tous les noms suivis par le suffixe "-isme" qui pénètrent ainsi dans l'intimité quotidienne des citoyens endoctrinés par les régimes forts.
La modernité du XXe siècle a offert en plus de nouveaux outils techniques par la médiatisation via la radio, les journaux, l'affichage, la personne du chef.
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Un forum citoyen comme Agoravox est un bon moyen de tester ce qui se passe à l'intérieur d'une population, le plus souvent française dans ce cas de figure. Dernièrement le billet "Le culte de l'audience" a soulevé parfois la surprise, les polémiques et l'indignation des commentateurs en fonction de la présence quotidienne de son auteure.
Mais il a été aussi le cadre de dénigrement d'événements du passé, d'esquive en introduisant un passif dans un autre camp comme ce fut le cas dans ce fil.
J'avais attendu le jour du 21 août du 50ème anniversaire de la reprise de pouvoir par l'URSS à Prague pour le rappeler après avoir souri à la proposition de s'inscrire au PC de ce Michel Maugis à l'auteure.
Sa réponse fut : "Faire une fixation sur l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie relève de la stupidité maladive. Ou avez-vous lu que le communisme c’est l’invasion de la Tchécoslovaquie. Celle-ci a été décidée, à tort ou à raison par les événements. Mais lorsqu’on est incapable de penser ce qui serait arrivé sans cette intervention, alors on est NUL. Sans cette intervention, les ordures fascistes US seraient au Vietnam encore, et bien d'autres choses bien pire", dixit Maugis.
On appelle cela "une réplique de diversion" qui permet d'éviter un problème en opposant un second, en principe, toujours plus chaotique, pour effacer le premier.
Si face au public, on peut mentir mais on ne le peut plus après avoir prêté serment devant un juge. Mais, cela...
Les deux événements de cette semaine qui font penser à un impeachment de Trump en témoigne dans ce débat au 28' sur ARTE : .
Les élites : présentées comme minorité d'individus indéfinis, attachées à un prestige ayant plus de pouvoir dû à des qualités naturelles ou acquises, nommées "establishment" comparativement à la "nomenklatura" de l'ancien bloc de l'Est considérée comme prolétariat.
Les scandales : affaires retentissantes soulevant l'indignation de l'opinion publique Arrivés suite à une indiscrétion ou par un média suite à une enquête d'investigation.
La notoriété des personnes en cause, le nombre de personnes impliquées et les conséquences sont mis en cause et stoppé pour cause de refus de dénoncer, des coûts journalistiques, du risque pris par des lanceurs d'alertes, des conséquences économiques, du manque d'intérêt personnel en non concordance avec l'intérêt général...
Le mot "scandalum", proche du religieux, a fait partie une première fois dans l'Ancien Testament. Il reflétait un événement incompréhensible qui pousse à douter avant de ne plus soulever qu'une "indignation morale", d'après le livre de Jean-Claude Bologne "Histoire du scandale".
Celui de la pédophilie des curés avait été discuté dans un débat au 28' avec la question "L’Église est-elle coupable ?" : .
Le secret invoqué me rappelle le vieux souvenir du billet "Le Poids du secret".
Trump tout à coup se rend compte que l'impeachment pourrait être invoqué et oppose la menace que sans lui, ce ne serait rien de moins que le chaos.
Nouvelle forme : l'intimidation...
Talons d'Achille : la sexualité puisque le sexe est devenu avant tout une question politique
La conspiration comme entente secrète entre plusieurs personnes en vue de renverser un pouvoir établi par complot ou conjuration dans une suite de faux témoignages, de rumeur, d'enlèvement, d'attentat, d'assassinat, et de coup d'État.
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Les procédés pour maintenir son électorat
La séduction: Procédé visant à susciter l'admiration, l'attirance, voire l'amour d'un ou de plusieurs individus. Du latin 'seducere', « tirer à l'écart », elle possède des connotations autant positives que négatives.
Son but consiste à obtenir un avantage de la part de la personne séduite, via une manipulation physique ou psychologique, par reconnaissance, estime de soi, narcissisme ou simple satisfaction du désir de vaincre.
En religion, elle est considérée comme une tentation, une invitation à commettre un péché ou un acte de faiblesse charnelle à « détourner » du droit chemin.
Le charisme : la qualité d'une personne qui séduit, influence, voire fascine, les autres par ses discours, ses attitudes, son tempérament, ses actions qui devenu puissant et fascinant, trouble et neutralise le jugement d'autrui et manipule les autres. Lié à la confiance en soi, il est un atout pour le culte de la personnalité.
Le populisme : Souvent exercé par l'extrême-droite. Fin juillet, un des débats de "Démocratie en question" en parlait en ces mots : "Historiquement, le capitalisme et la démocratie sont nés dans le même creuset du libéralisme politique. Mais aujourd’hui, alors que les États semblent souvent bien désarmés face aux grandes multinationales, obligés à une course vers le bas qui grève leurs finances publiques, on peut se demander si le capitalisme et la démocratie ne sont pas en train de devenir contradictoires. Avec la globalisation et la révolution technologique, les lois du marché s’exercent à une échelle mondiale alors que le pouvoir des États s’arrête à leurs frontières" :
Une nouvelle qui interpelle et qui prouverait que le populisme fonctionne: Malgré les bombes politiques et le scandale que cela aurait dû générer, le gouvernement italien sort renforcé de la tragédie du viaduc de Gênes.
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Sentiment de regret du temps passé, de lieux disparus ou devenus lointains, auquel est associé des sensations agréables à posteriori.
L'information anodine de la semaine: Radio Nostalgie passe en tête des radios les plus écoutées dans le sud du pays juste devant VivaCité tandis que Contact et Bel RTL s’affaiblissent. La RTBF se montre prudente devant la nouvelle méthodologie de calcul des audiences. La musique d'antan, les habitudes de hier et d'aujourd'hui rejette la modernité chez les anciens qui se sentent déconnectés.
Être en avance sur son temps est souvent risqué. Beaucoup d'auteurs n'ont connu la gloire par leurs œuvres qu'à titre posthume.
Pourrait-on appeler cela un "retard d'appréciation de la maturation"?
En Belgique, Steve Bannon a rejoint Modrikamem en Belgique dans des discours que prône "The movement".
UK, Italie, Tchéquie, Slovénie, Hongrie, Pologne sont dans leur ligne de mire pour introduire quand ce n'est déjà fait, le ver dans la pomme en Europe.
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Réactions pour contrer le culte de la personnalité
L'activisme : militantisme, d'engagement politique privilégiant l'action directe est née sous une nouvelle numérique appelée Hacktivism:.
La dissidence est réalisée par quelqu'un qui se sépare d'une communauté ou d'un parti politique dont il était membre. Le dissident ne reconnaît plus la légitimité de l'autorité à laquelle il devait se soumettre jusqu'alors, et qui conteste de façon plus ou moins radicale le système du pays (de l'entité) où il vit.
Il est alors dénoncé par les médias du journalisme, les caricatures de dessinateurs de presses... qui y sont proscrit par la force d'une justice expéditive dans les dictatures et les démocratures comme est devenue la Russie d'aujourd'hui.
Michel Eltchaninoff était l'invité pour en parler lors du 28' sur ARTE pour parler de la résistance de Oleg Sentsov par la grève de la faim, dépassé de 100 jours :
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Réflexions du Miroir
Dans un monde où les vérités ne sont plus des vérités, il faudra gérer les projets en devenant quelque part mécréant de tout...Projets temporels et spirituels sans avoir une preuve que leur théorie d'idéologies soit testée et éprouvée dans la pratique avant d'arriver à l'échéance avant d'être remplacée par une meilleure.
Quand l'admiration tourne à l'obsession, les fans de célébrités en politique, au show-biz et au sport, perdent la tête en délire.
Aucune entreprise humaine n'est exempte de points positifs et négatifs.
Alors, cartésien, je pense et j'alterne le PPCM avec le PGCD.
Les populations devenant plus informées, plus curieuses, il est en tout cas clair que l'étau se resserre vis-à-vis des faux-pas et des faux-fuyants de candidats et des malversations qui peuvent survenir dans les démocraties ainsi que les "démocratures".
"On ne peut pas diriger un pays qu'avec des résultats, il faut aussi séduire, convaincre, donner aux gens le désir de se lever pour nous", résumait un conseiller de de l'ombre de Emmanuel Macron.
D'accord, mais de telles paroles apportent une certaine crainte...
Ce n'est pas qu'il faille arriver à un système sans reproches et sans failles.
Nous ne sommes plus partisans du slogan de mai 68 "Soyez réaliste, demandez l'impossible".
La perfection n'existe ni chez les citoyens lambda ni chez leurs dirigeants. Elle n'existe peut-être même pas à l'infini si ce n'est sous forme de vue de l'esprit de certaines religions ou philosophies qui voient le bien et le mal comme une dichotomie.
George Orwell a fait une satire de ce nouveau "culte de la personnalité" avec la figure de Big Brother comme « Grand Frère » dans son roman 1984 alors qu'il l'avait écrit en 1948.
Dernièrement Le Point rappelait qu'aujourd'hui encore, il reste encore un penseur utile pour nous libérer de la novlangue, du politiquement correct, de la société de contrôle et des idéologies au travers de neuf recommandations :
- Privilégier l'humain
- Lutter contre les préjugés.
- Faire passer les faits avant l'idéologie
- Être curieux de tout
- Fuir les dogmes religieux
- Cultiver le "common decency"
- Défendre les libertés
- Ne pas surestimer les régimes autoritaires
- Soigner son langage
Ce samedi passe le dernier volet de l'enquête "La démocratie en question" avec pour titre "Comment réenchanter la démocratie ?
Avec la question "à préconiser une démocratie représentative fondée sur des élections sommes-nous devenus des fondamentalistes du vote, comme une bizarrerie de l’histoire ?".
La starification du peuple d'un côté, le narcissisme des candidates et des élus de l'autre, tous deux sont les ingrédients de ce culte de la personnalité que l'on rencontre dans beaucoup d'autres milieux.
La béatification des dirigeants d'entreprises qui réussissent en faisant monter le prix de leurs actions même si c'est au prix du chômage qu'il engendre, le sport et au vedettariat au show-biz qui se font payer leur participation à prix d'or.
Privilégier l'humain d'accord si la nature même sans culte des personnalités prend de plus en plus d'importance ces dernières années qui deviennent chacune plus chaude que la précédente.
J'ai toujours préféré quelqu'un de paradoxal que quelqu'un qui a des convictions sans tache.
L'instant de Thomas Gunzig nous apporte des prévisions très "partisanes", pleines de surprises, de bonne humeur et de rebondissements en politique pour l'année qui vient : .
Einstein disait "Le culte de la personnalité reste à mes yeux injustifié".
Tiens, c'est exactement, ce que je pensais en finale...
Moralité : dans un tube qui dit "Sail away"
Chacun entend et comprend
Ce qu'il veut entendre ou comprendre.
Eriofne,
On en reparle très bientôt...
27/8/2018 : Destitution de Trump ?
Dis avec humour cactus, peut-être.
Commentaires
Pourquoi cette fidélité des républicains avec Trump
Un pouvoir mobilisateur à l'heure d'une grande polarisation de l'électorat, où "la participation est déterminante. Tant que son soutien apparaît solide, les dirigeants à Washington continueront de soutenir M. Trump du bout des lèvres (et de se plaindre en privé qu'il est en train de détruire le parti)", analyse Christopher Arterton, professeur de sciences politiques à l'université George Washington.
Stratégie face aux affaires
Le président américain compte sur un allié de poids: Fox News, chaîne affichant la plus grosse audience du câble américain dont il ne cesse de chanter les louanges... et qui le lui rend bien.
Mardi soir et pendant 24 heures, plutôt que de parler de Michael Cohen, Fox News a centré sa couverture sur le meurtre de Mollie Tibbetts, une jeune femme, blanche, au sourire lumineux. Le suspect: un Mexicain sans papiers, selon les autorités.
Donald Trump n'a pas parlé non plus de Michael Cohen mardi soir mais a aussi évoqué l'affaire Tibbetts. Puis lui a consacré une vidéo mercredi sur Twitter.
Le républicain Newt Gingrich, allié de M. Trump, a ouvertement reconnu la stratégie.
"Si le nom de Mollie Tibbetts est reconnu partout en octobre, ça ira très mal pour les démocrates. Si on est bloqués par Manafort-Cohen etc. alors les républicains pourraient perdre gros à la Chambre des représentants.De quoi faire craindre aux élus républicains tentés de se détourner de Donald Trump que les électeurs les fuient et que les commentateurs de Fox les attaquent. La seule chose qui pourrait faire une vraie différence dans la loyauté des élus républicains, c'est si Robert Mueller présente un rapport très solide et minutieux démontrant une éventuelle collusion ou que Donald Trump a fait obstruction à la justice".
http://www.lalibre.be/actu/international/tempete-apres-tempete-pourquoi-les-republicains-restent-fideles-a-trump-5b824930cd7053fadc52529c
Écrit par : L'enfoiré | 26/08/2018
Obama salue le courage de McCain décédé
Pour sa part, Barack Obama a fait part de davantage de détails dans son message de condoléances. L'ancien président a affirmé que son rival conservateur et lui partageaient la même vision de l'Amérique, "un endroit où tout est possible", ainsi que l'"obligation patriotique de faire en sorte que cela le reste".
"John et moi venions de générations différentes, avions des origines complètement différentes, et nous nous sommes affrontés au plus haut niveau de la politique", a déclaré M. Obama, qui a battu le conservateur John McCain à l'élection présidentielle de 2008. "Mais nous partagions, malgré nos différences, une fidélité à quelque chose de plus élevé, les idéaux pour lesquels des générations entières d'Américains et d'immigrés se sont battus et se sont sacrifiés. Peu d'entre nous ont été testés de la manière dont John l'a été, ou ont dû démontrer un tel courage comme il l'a fait. Mais nous pouvons tous aspirer au même courage de mettre l'intérêt général au-dessus de notre intérêt particulier".
Trump
"Mes condoléances et mon respect le plus sincère pour la famille du sénateur John McCain. Nos coeurs et nos prières sont avec vous !
http://www.lalibre.be/actu/international/trump-obama-deux-manieres-de-presenter-des-condoleances-suite-au-deces-de-john-mccain-5b824f25cd7053fadc528551
Écrit par : L'enfoiré | 26/08/2018
Coup de tonnerre en France: Nicolas Hulot quitte le gouvernement sans prévenir Macron (VIDEO)
Après un peu plus d'un an d'interrogations sur son action et faute d'avancées suffisantes en matière d'environnement, le ministre de la transition écologique Nicolas Hulot a annoncé mardi qu'il avait pris la décision de quitter le gouvernement.
"Je prends la décision de quitter le gouvernement", a déclaré Nicolas Hulot, lors d'une interview en direct sur France Inter, après avoir confié qu'il se sentait "tout seul à la manoeuvre" sur les enjeux environnementaux au sein du gouvernement.
"Nous faisons des petits pas, et la France en fait beaucoup plus que d'autres pays, mais est-ce que les petits pas suffisent... la réponse, elle est non", a-t-il considéré.
Une décision qui semblait devenue inévitable : pratiquement dès sa nomination, des écologistes avaient critiqué la présence de Nicolas Hulot au gouvernement vu la politique du gouvernement, notamment en ce qui concerne le nucléaire.
"Je me surprends tous les jours à me résigner, à m'accommoder de petits pas", a ajouté l'ex-présentateur d'"Ushuaïa", espérant que sa démission pourrait provoquer un "sursaut".
"Pas de pouvoir"
"Je sais que seul je n'y arriverai pas. (...) j'ai un peu d'influence, je n'ai pas de pouvoir", a-t-il estimé, la gorge nouée.
Nicolas Hulot a précisé qu'il n'avait prévenu à l'avance ni le président ni le Premier ministre de cette décision, par crainte qu'ils ne le convainquent de rester au gouvernement.
"C'est une décision d'honnêteté et de responsabilité", a-t-il déclaré.
"Le Premier ministre, le président de la République ont été pendant ces 14 mois à mon égard d'une affection, d'une loyauté et d'une fidélité à toute épreuve", a confié le ministre, mais malgré cela, le gouvernement n'a pas su donner la priorité aux enjeux environnementaux, a-t-il plaidé, estimant n'avoir pu obtenir que des "petits pas".
Nommé pour la première fois ministre en mai 2017, après avoir renoncé à une candidature à la présidentielle un an plus tôt, Nicolas Hulot avait dû avaler bien des décisions contraires à ses convictions, au delà de certaines victoires symboliques comme l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Il avait notamment dû endosser le report de l'objectif consistant à ramener la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50% en 2025, ou l'entrée en vigueur provisoire de l'accord de libre échange UE-Canada (Ceta). Et lundi,l'Elysée avait annoncé que le prix du permis de chasse serait diminué par deux, passant de 400 à 200 euros par an
http://www.lalibre.be/actu/international/coup-de-tonnerre-en-france-nicolas-hulot-quitte-le-gouvernement-sans-prevenir-macron-video-5b84ec48cd7053fadc5b8049
Écrit par : L'enfoiré | 28/08/2018
"Deux grands classiques du complotisme ou conspirationnisme", Paul Jorion
« Les sondages d’opinions se trompent toujours. » C’est assez systématique, il y a des gens qui répètent ça – j’allais dire, qui expliquent ça. Non, il ne peuvent pas l’expliquer parce que ce n’est manifestement pas vrai, mais ça se répète. Et le plus remarquable, c’est que même à la suite de grandes victoires dans les sondages d’opinions, la légende se reconstitue peu de temps après – voilà, elle se remet en marche – que même dans ce cas-là, eh bien, en fait, les sondages s’étaient trompés.
Pourquoi est-ce que les gens tiennent tant à cette opinion qui est manifestement fausse ? Eh bien, les anthropologues ont étudié ça, ils appellent ça des « dogmes », et il y a en particulier un livre, un grand classique de l’anthropologie britannique mais [aussi] de l’anthropologie en général, qui s’appelait Witchcraft, Oracles and Magic Among the Azande : La sorcellerie, les oracles et la magie parmi les Azandé, les Azandé étant une population du Congo. Et donc, l’anthropologue avait étudié… Comment les Azandé peuvent-ils continuer à croire à leur magie, à leur sorcellerie, alors qu’une fois sur deux, ça ne marche pas ? Eh bien, c’est comme la plupart des religions, c’est comme la plupart des mythes : ils sont démentis par les faits, mais ce sont des dogmes. Ils sont immunisés, en fait, contre la preuve par les faits – c’est comme la pensée de M. Trump, qui appelle les faits, d’ailleurs, fake news, fausses nouvelles. Mais voilà : l’histoire qu’il se raconte, c’est vrai.
Alors pourquoi, pourquoi cette histoire de sondages d’opinions qui seraient faux ? Je crois que ça a à voir avec cette idée que les sondages d’opinion sont du côté des « z’élites », et que, donc, on essaye de cacher aux gens la vérité. Et, voilà : comme c’est un truc qui est truqué, il se trompe parce qu’ils se trompe dans son évaluation de ce que le peuple veut vraiment.
Vous verrez répéter, dans le cas de M. Trump en particulier, que les sondages avaient donnée Mme Hillary Clinton gagnante, et que c’est une preuve de plus du fait que les instituts de sondage se trompent. Si vous regardez mon blog – et moi j’ai regardé ces papiers, les billets que j’ai faits dans la période qui a précédé les élections présidentielles aux États-Unis, je fais des commentaires pratiquement au jour le jour sur le fait que non, qu’on est dans la marge d’erreur et qu’il est pratiquement impossible, à la veille du scrutin, de dire qui l’emportera des deux. C’est ce qui apparaissait et ce qui était tout à fait vrai, en plus. La difficulté, je la soulignais aussi, à l’époque, c’est que comme les deux candidats avaient dans le public une opinion majoritairement négative – pratiquement la même, d’ailleurs : c’était 59 % ou 60 % d’opinions négatives – il était particulièrement difficile de dire qui viendrait voter, parce que, on le sait bien, c’est plus facile d’aller voter quand on est enthousiaste pour un candidat que quand on va simplement en traînant la patte parce qu’on veut empêcher l’autre de passer, celui qu’on aime un tout petit peu moins encore que celui qu’on n’aime pas beaucoup. Voilà.
Et donc, dans ce cas-là en particulier, les instituts de sondage ne s’étaient pas trompés. Certains donnaient d’ailleurs Trump gagnant mais, comme je vous dis, dans la marge d’erreur. Pourquoi une marge d’erreur ? Eh bien, bien entendu, parce qu’on fait un sondage d’opinions à partir d’un échantillon. Alors, cet échantillon, souvent il est stratifié, c’est à dire qu’on tient compte du nombre d’hommes et de femmes dans une société, du nombre de gens qui appartiennent à des classes qui représentent des opinions qui iront peut-être dans un sens en raison de particularités, par exemple des groupes religieux, des groupes ethniques etc., des classes d’âge, bien entendu, et on essaye de faire apparaître, à partir du fait qu’on a interrogé 1000 personnes, ce que la population dans son ensemble pourrait penser. Ça repose sur de bonnes méthodes mathématiques, voilà, ce sont des mathématiques sérieuses qui font appel à la probabilité, à la statistique en tant que science mathématique, etc. Ce sont de bonnes techniques. On apprend ça aux gens qui veulent le faire, on leur apprend à le faire sérieusement, ce n’est pas du tout du hocus pocus, ce n’est pas du tout de la magie, c’est sérieux et en général, ça donne de très très bons résultats.
Alors, je ne vais pas en dire plus là-dessus. Je vous montrerai tout à l’heure – parce que là, je ne vais pas m’amuser à essayer de vous montrer les graphiques, comme ça, en les passant devant mon visage – je vais vous montrer quelques chiffres qu’on a pour les élections de midterms aux États-Unis. Ce sont des élections, donc, partielles. Par exemple, pour le Sénat, c’est seulement un peu moins d’un tiers des sénateurs qui vont être renouvelés [Non, c’est un tiers : 33 sur 100]. Pour le Congrès, si j’ai bon souvenir, pour le Parlement, je crois que c’est à peu près la moitié, quand même [Non, la totalité des 435 sièges].
Et qu’est-ce que ces sondages nous disent ? Ils nous disent qu’il y aura sans doute un raz-de-marée, un raz-de-marée démocrate du côté du Congrès, et donc les Démocrates vont regagner la majorité (ils ne l’ont pas en ce moment), et du côté du Sénat, parce que ça se joue sur un petit nombre de sièges, trente-[trois], seulement, parce qu’il y a beaucoup de gerrymandering.
Le gerrymandering, c’est un mot américain qui renvoie au fait que les vainqueurs, dans des élections, ont la possibilité, au niveau des États, de redécouper les circonscriptions électorales, et donc d’essayer de s’avantager, après leur victoire, en essayant de mettre tous les gens qui voteraient contre eux, de les déplacer… de faire des découpages pour qu’ils soient moins représentés, et ainsi de suite. Entre les élections, il y a des querelles à l’infini sur ces découpages. Il y a encore eu des titres il y a quelques jours, en Caroline du Nord, mais sur les discussions qui ont lieu sur le fait qu’on a des découpages particulièrement audacieux faits par les vainqueurs, a posteriori.
Au Sénat, c’est très difficile à dire, si les Démocrates l’emporteront ou non. D’un point de vue général, un glissement s’est fait entre l’élection présidentielle fin 2016, un glissement qui est évalué à 6,8 %. C’est-à-dire que de manière générale, dans des États où M. Trump l’a emporté par moins de 6,8 %, on risque de retrouver des majorités Démocrates. Alors, est-ce que ça veut dire que les Républicains et les Démocrates ont changé d’avis ? Eh bien non ! Vous allez voir – en particulier je vous montrerai ce graphique – il y a les indépendants, aux États-Unis, qui représentent à peu près [12] % de l’électorat, et ce sont en général eux qui représentent ce qu’on appelle un swing vote, c’est-à-dire un vote susceptible de se déplacer dans les élections. Et ce qui est remarquable sur ce graphique que vous verrez, c’est que les indépendants s’apprêtent à voter de manière quasi-identique aux Démocrates. C’est-à-dire que parmi eux, parmi les hésitants qui en général représentent une opinion à mi-chemin entre Démocrates et Républicains (et c’est pour ça, d’ailleurs, en général, qu’ils sont indépendants !), on retrouve une opinion intermédiaire, et là, non : ils ont glissé pratiquement unanimement du côté de l’opinion qui est celle des gens qui se disent Démocrates, et c’est ce qui expliquera sans doute cette marée bleue (parce que, de manière classique, le Parti démocrate a la couleur bleue et le Parti républicain la couleur rouge, ce qui ne correspond pas à la division classique où le rouge représenterait la gauche : dans ce cas-ci, c’est plutôt le contraire).
C’est ce qu’on nous annonce. Du coup, évidemment, beaucoup d’articles qui nous disent : qu’est-ce qu’il va se passer pour M. Trump si il y a véritablement, comme le disent les sondages à 70 jours des élections, si il y a véritablement un raz-de-marée de gens qui sont opposés à lui ?
Une autre légende circule, en ce moment, que l’opinion en faveur de M. Trump aurait été en hausse. Ça a été dit à différentes époques, qu’il y aurait de plus en plus de gens qui seraient en faveur de M. Trump. Et là, je vous montrerai aussi un graphique qui montre la période depuis son élection – peut-être même encore un peu avant – et [jusqu’à] maintenant, et c’est pratiquement statique. Je vous l’ai dit plusieurs fois : les gens qui aimaient Trump, ce sont les mêmes. Ils n’ont pas bougé, mais leurs rangs n’ont pas grossi. De même pour ceux qui le détestent, c’est pareil, ça n’a pas bougé beaucoup.
Deux courbes étonnement stables, ce qui m’a fait dire, quand je parlais de ça au fil des mois, que ça correspond, plus qu’à des opinions politiques, à des types de personnalités. Il y a des gens qui aiment quelqu’un comme M. Trump, qui représentent aux États-Unis, donc, de l’ordre de 40% de la population, et des gens qui détestent ce genre de personnage et qui représentent à peu près 60% de la population. C’est stable depuis le début et voilà, ce chiffre qui apparaissait déjà dans les sondages : 60% des Américains qui n’aiment pas du tout M. Trump et, je vous le répète, qui n’aiment pas du tout Mme Hillary Clinton non plus.
C’était ça le fait remarquable de cette élection-ci par rapport à d’autres, c’est que deux candidats que les gens dans leur majorité n’aiment pas du tout.
Pour le deuxième point,j’ai réfléchi à la chose suivante, qui m’a été inspirée par le fait que j’ai écouté hier le podcast de l’enregistrement de l’émission que j’ai faite à France Culture. C’était mardi, il y a quelques jours, à l’occasion de l’anniversaire, bientôt, de la chute de la firme Lehman Brothers, dont l’opinion publique considère qu’elle est le déclencheur du grand écroulement de septembre 2008.
Je sais qu’il y a toujours des gens qui m’envoient un petit mot ou qui font un commentaire sur le blog, en suggérant que s’écouter soi-même ou se regarder soi-même dans une vidéo, c’est un exercice de type narcissique. Et là, j’ai déjà, oh, souvent répondu à ça, mais comme la dernière fois, c’était il y a longtemps, je vais peut-être le répéter. Non, quand on est conférencier ou conférencière, quand on donne des leçons et qu’on le fait sans notes, au moment où on a parlé, au moment où on arrête de parler, on ne sait plus exactement ce qu’on a dit. Alors, on peut appeler ça de manière très simple en disant que c’est parce que parler, ça demande une certaine concentration si on le fait sans notes, et que c’est pour ça qu’on ne sait pas exactement, après, ce qu’on a dit.
Mais cette explication en termes de concentration, ce n’est pas ça. C’est un bon raccourci, mais ce n’est pas ça qui se passe, parce que ça implique encore cette idée, que nous aurions une « volonté », et que notre volonté nous ferait dire – au moment où nous disons des choses – nous ferait dire les choses que nous disons. Or il s’agit d’un processus beaucoup plus automatique, beaucoup plus « pavlovien », comme on dit. Une fois qu’on est lancé, eh bien, on est… voilà, on parle. On parle, et puis ça conduit parfois à des réflexions comme ce monsieur que j’ai cité – c’était après une émission, si j’ai bon souvenir c’était au Sénat, au Sénat en France – et qui m’avait dit : « Est-ce que vous êtes comme moi, que vous êtes toujours effaré d’entendre, après, ce que vous avez dit ? » J’avais dit : « Heureusement, monsieur, non, ce n’est pas mon cas ! Je me reconnais dans ce que je m’entends dire après. » Mais c’était la preuve que lui aussi, et là il montrait bien le décalage, puisque manifestement il me disait : « J’aurais voulu dire des choses entièrement différentes », et puis qu’il s’entendait dire le contraire de ce qu’il avait voulu dire.
Du coup, si on n’a pas simplement lu des notes et si on veut savoir ce qu’on a dit et ce qu’on n’a pas dit – parce que les gens vous demandent : « Pourquoi vous n’avez pas parlé de ça ? », et puis vous dites : « Oui mais je pensais en avoir parlé » – et puis vous vous ré-écoutez en vous disant : « Non, voilà, c’est quelque chose qui a dû me passer par la tête avant l’émission, que je devrais dire ça, et puis je ne l’ai pas fait » et ainsi de suite. Parfois il arrive aussi qu’on vous enregistre et puis qu’on découpe, et puis que ça ne se retrouve pas là. Et donc, il n’est pas mauvais non plus de voir qu’est-ce qu’on a gardé dans ce cas-là, qu’est-ce qu’on a enlevé.
Au sujet de ce podcast, un certain nombre de remarques. La première, c’est que quand vous faites une émission comme ça surtout quand vous êtes seul pendant 50 minutes, on essaie un peu de voir avec vous – les producteurs de l’émission – ce que vous allez dire. On vérifie que vous n’allez pas sortir entièrement des clous qui ont été dessinés sur le sol.
Dans la discussion que j’avais eu avec un jeune homme – ce n’est pas avec la dame qui m’a interviewé, qui s’appelle Tiphaine de Rocquigny, c’est l’un des jeunes hommes qui préparent l’émission – et il me dit « Eh bien, on est d’accord que la crise des subprimes c’est ceci ou ça, etc. » et quand il a terminé, je dis : « Excusez-moi, mais cette explication-là, je ne l’ai encore jamais entendue. Par curiosité, vous pourriez me dire d’où elle sort ? » Et c’était vrai, ça c’était quelque chose de tout à fait inédit.
Il me dit : « Eh bien, c’est ce qu’on apprend dans les facultés d’économie ? En tout cas, c’est là que moi je l’ai appris. » Alors, ça attirait déjà mon attention sur quelque chose de remarquable, parce que quand même, dans les années 2008, 2009, 2010, moi j’ai quand même entendu pas mal de gens qui donnaient l’explication de la crise des subprimes qui ressemblait à ce que j’avais pu expliquer. Il y avait peu de gens qui expliquaient exactement comment ça s’était passé et ce qui s’était passé exactement, et on répétait donc ce que j’avais dit.
Là, ça nous ramène bien entendu à notre sorcellerie, oracles et magie chez les Azande ! Quand il y a des dogmes, les dogmes reviennent ! Comme le dogme des instituts de sondage qui se trompent systématiquement, des explications de la crise des subprimes selon la « science » économique – science que je mets toujours bien entre guillemets – reviennent à la surface. Et on les apprend dans les universités, et on réinvente une histoire qui est en accord avec le dogme, et qui n’est pas, malheureusement, celle que j’expliquais à l’époque.
En soi, ce n’est déjà pas mauvais comme me fasse revenir dix ans plus tard pour répéter… Alors il y a des gens qui me disent aussi : « Oui, mais c’est dommage qu’on s’intéresse uniquement à ce que vous aviez dit à l’époque, etc. ». C’est vrai, il faut lire aussi les livres que j’écris en ce moment, où il y a des choses qui sont peut-être plus importantes encore, mais, voilà, ce n’est pas mauvais que les gens aient une piqûre de rappel.
Je ne vais pas parler de l’extrait des Parisiennes qui chantaient : « L’argent ne fait pas le bonheur », parce que ça, bien entendu, c’est tout à fait vrai. Mais dans l’ensemble des extraits que j’ai entendus, il y avait des extraits de la bande sonore – très mal doublée d’ailleurs – du film « The Big Short ». Qu’est-ce qu’il y avait encore ? Il y avait Bernard Maris. Et il y avait la discussion entre M. Waxman et M. Greenspan dans la commission qui avait lieu – c’était quelques jours plus tard, si j’ai bon souvenir c’était à la fin du mois de septembre [Non, c’était à la fin du mois d’octobre : le 23], une dizaine de jours après l’écroulement [une quarantaine] – où on demandait à M. Greenspan, qui venait de quitter la Réserve Fédérale, qui était à la tête de la banque centrale américaine, qu’est-ce qui s’était passé, pourquoi ça n’a pas marché ?
Son explication à lui, elle est mauvaise – j’ai expliqué pourquoi – mais ça, on le savait déjà à l’époque que ce n’était pas la bonne explication, quand il avait dit : « J’ai cru à la main invisible, et la main invisible n’a pas marché. » Bien entendu. C’est pour ça qu’il ne faut pas croire à la main invisible qui coïnciderait avec l’intérêt général.
L'extrait du « Big Short », en gros ce n’était pas mal, ce qui a été dit. C’est dans un film. On ne peut pas arrêter comme ça un film d’Hollywood, on ne peut pas l’arrêter en donnant une explication très complète de subtilités sur la crise des subprime. Ce n’est pas mauvais. Il y avait quelques erreurs, quelques raccourcis, mais c’est tout à fait excusable dans ce cas-là.
Il y avait aussi le regretté Bernard Maris et une question qui s’est posée l’autre jour. Vous allez voir, ce n’est pas un coq-à-l’âne du tout.
C’est à propos de M. McCain, la mort de M. McCain – grand héros de la guerre au Vietnam, Américain -, est-ce qu’on peut dire du mal de M. McCain juste après sa mort ?
Un article très intéressant dans un journal américain qui est remonté à d’où vient cette idée. D’où vient cette idée qu’on ne peut pas dire du mal des gens après leur mort ? La plus évidente, c’est qu’ils ne sont plus là pour se défendre. La deuxième, c’est que, si vous vouliez les critiquer, pourquoi vous ne l’avez pas fait quand… quand ils étaient là plutôt qu’attendre qu’ils n’y soient pas. Mais ça vient d’un philosophe romain.
Et donc, la difficulté, la difficulté pour quelqu’un comme M. Bernard Maris : je vais employer un mot qu’on n’emploie pas souvent, pas chez nous – M. Bernard Maris et MM. Wolinski, Cabu, Elsa Cayat psychanalyste, Stéphane « Charb » Charbonnier, Bernard Verlhac, Philippe Honoré, Michel Renaud, Frédéric Boisseau et Mustapha Ourrad] sont des martyrs. Ce sont des martyrs dans notre civilisation, dans notre culture. Les policiers Ahmed Merabet et Franck Brinsolar, sont eux morts au devoir.
Ils ont été assassinés pour leurs idées. On n’emploie pas beaucoup ce mot « martyr », chez nous. On l’a peut-être utilisé beaucoup à une époque, on ne l’utilise plus maintenant…
Là ce n’est pas prévu, mais voilà : mon père utilisait le mot « martyrs »… pour des copains à lui qui sont morts, souvent dans des conditions affreuses. Des copains de la Résistance. Je crois qu’on ne devrait pas hésiter à le faire quand ça s’impose.
Je n’ai pas une tendance naturelle à vouloir critiquer ce que dit M. Bernard Maris.
Ce qu’il disait n’était pas tout à fait exact, et surtout il y avait une énorme contradiction, parce qu’il disait : « La crise des subprimes, c’est très simple finalement. C’est une pyramide. C’est une, voilà, un schème de Ponzi – comme on dit en américain. C’est une cavalerie. Et c’est ça l’explication. »
Il y a deux choses qui sont contradictoires. La première, c’est qu’à l’époque, dans les années 2008-2009, il y a quand même eu une petite friction entre M. Maris et moi, parce que c’était quelqu’un qui répétait quand on l’interviewait: « Cette crise, en fait, elle était imprévisible ! » Bon. Et il savait que, quand on nous invitait en même temps – ce qui est arrivé quelquefois -, on m’invitait moi, essentiellement, parce que j’étais une des personnes qui avaient prévu cette crise – mais pas comme ça, pas sur un mode prophétique mais en écrivant un livre de 250 pages qui expliquait ce qui allait se passer. Lui disait : « Non, c’était inexplicable ! »
Il donne une explication finalement tellement simple que des milliers de personnes auraient pu le prévoir , en disant : « C’est une pyramide et donc ça va s’écrouler. » Dans ce cas-là aussi, bon, explication partielle – pas vraiment correcte, mais pas entièrement fausse non plus. Au point qu’au moment où il a eu lieu, j’hésitais même à arrêter l’enregistrement, me disant : « Je vais le refaire et je serai préparé à ma réaction affective, émotionnelle et je pourrai passer outre. » L’émotion revient quand on l’évoque : c’est comme ça que ça marche !
Dans les explications qu’on me demande, on me dit, à un moment donné : « Mais il faut expliquer, bien entendu, la titrisation », puisque ce sont les titres subprimes qui ont conduit à la catastrophe. Là, me vient une explication qui est l’explication qui ne m’était jamais venue auparavant. Ca se situe dans le cadre d’un exposé, d’une petite allocution qui s’appelle : Deux grandes thèses du conspirationnisme. C’est que, quand on me demande : « Ça sert à quoi la titrisation ? », je commence l’explication et j’ai raison de le faire : « La titrisation, c’est une méthode qu’on a inventé parce que les banques ne peuvent pas créer de l’argent à partir de rien, parce que les banques commerciales – au contraire de la banque centrale – ne peuvent pas créer de l’argent ex nihilo. »
Une banque prête 100.000 € à 10 personnes. Elle avait un million en réserve pour pouvoir le faire. Une fois qu’elle a prêté à 10, elle ne peut plus rien prêter. Elle doit attendre les 10 ans, les 30 ans qui sont signés dans le contrat que l’argent revienne. Alors, est-ce qu’elle ferme boutique ? Est-ce qu’elle arrête d’être une banque prêteuse puisque ses fonds sont gelés ? Non. Ce qu’elle va essayer de faire pour continuer son activité, elle va essayer de revendre la dette, c’est-à-dire que quelqu’un d’autre lui paye l’argent qu’elle a prêté, et que cette autre personne essaiera de récupérer l’argent qui aura été prêté, de recevoir les intérêts, etc.
Est-ce que la banque y gagne quelque chose ? Oui : Elle va revendre avec un petit bénéfice ; elle va peut-être continuer à garder les droits – ça arrive souvent – de collecter elle-même les intérêts, et dans ces intérêts, il y aura une partie pour couvrir ses frais, et peut-être encore une petite marge de profit. Donc, pour ce qui est de continuer son activité, il faut qu’elle se débarrasse des dettes qu’elle a déjà acquises, qu’elle s’en débarrasse sur d’autres, pour continuer son activité.
Dans le cas historique des banques qui faisaient du prêt immobilier, elles revendaient ces prêts un par un. Et puis on a trouvé que c’était beaucoup plus facile d’en faire de grandes collections, d’en mettre 3.000, 6.000, dans un grand sac, de lui donner la taille d’une obligation d’État, et puis de revendre ça comme un équivalent d’une obligation d’État, avec des intérêts qui seront payés et puis un remboursement à la fin.
La titrisation est une méthode qui a été inventée parce que les banques commerciales ne peuvent pas créer de l’argent à partir de rien.
La banque qui avait un million en réserve et qui a accordé 10 prêts de 100.000 €, si elle voulait continuer, eh bien, elle inventerait l’argent nécessaire. Elle prêterait encore 100.000 et elle mettrait « par un simple jeu d’écriture », elle écrirait 100.000 de plus dans une colonne, et ça suffirait pour avoir créé l’argent ! Confusion totale, j’y ai souvent attiré l’attention sur une opération comptable, qui est une description de quelque chose qui s’est passé dans le monde réel : une opération comptable n’est pas « performative », elle ne crée pas la chose dont elle parle : elle la constate purement et simplement.
Voilà mon deuxième mythe complotiste / conspirationniste – que les banques commerciales créent de l’argent. Pourquoi est ce que c’est complotiste et conspirationniste ? Parce qu’on vous dit toujours : « C’est un secret qu’on nous cache, que les banques créent de l’argent à partir de rien ! ». Ce n’est pas vraiment un secret puisque Joseph] Schumpeter [1883 – 1950] en a parlé longuement dans un livre de référence sur l’histoire de la pensée économique [Histoire de l’analyse économique – 1954] – et lui, il est un des inventeurs de ce mythe. Comment se fait-il que quelque chose que tout le monde vous raconte est considéré comme un grand secret ? C’est uniquement possible dans le cadre conspirationniste : « C’est une chose que les « z’élites » nous cachent et que nous, le peuple, avons pu faire apparaître en surface ! ». C’est pour ça que tout le monde en parle mais qui reste quand même un grand secret. Sinon, il y a quand même un petit peu de contradiction entre un grand secret et quelque chose dont tout le monde parle et vous dit que c’est la vérité, et que c’est comme ça que ça marche ». Et parfois même sur une plage au crépuscule, on vous dit – si vous êtes quelqu’un qui va voir le film Demain – on vous révèle ce grand secret conspirationniste et complotiste, et répété, même, par des gens qui travaillent dans des banques centrales. Ca arrive quand même aussi ! Ça a été le cas dans un rapport qui a été publié sur le site de la Banque d’Angleterre : on vous répète cette cornichonnerie.
Deux thèmes conspirationnistes / complotistes : « Les instituts de sondage se trompent toujours ! », « Les banques créent l’argent dont elles ont besoin ! ».
Si elles pouvaient le faire, on n’aurait jamais inventé la titrisation, qui est une manière de donner de la liquidité – c’est-à-dire de permettre des échanges faciles et rapides – au marché du prêt immobilier. Et ça marche tant que les gens paient leurs traites, tant qu’ils remboursent leurs emprunts, tant qu’ils paient les intérêts. Quand ce n’est pas le cas, comme en 2006-2007-2008, évidemment, ça n’est plus l’équivalent du tout de l’argent liquide.
Cette idée de dette, de l’argent-dette, vous savez qu’elle est centrale à la thèse de David Greaber, qui est un anthropologue. Il en fait pratiquement un schème d’explication de la civilisation dans son ensemble. L’argent-dette. C’est faux. Les anthropologues ont abandonné entièrement la thèse de l’argent, de la monnaie ayant son départ dans le troc ». Alors, tous les anthropologues en tout cas, n’ont pas abandonné ça puisque c’est tout à fait, vous le savez, c’est la thèse centrale de mon livre sur l’argent L’argent, mode d’emploi, où je définis l’argent, la monnaie, comme étant une marchandise générique dans un troc particulier – ce qu’on appelle « les échanges commerciaux ». Dans ce troc particulier, on utilise une marchandise générique comme étant la contrepartie des autres, qui circulent – marchandises ou services – et qu’on appelle « la monnaie », « l’argent ». Donc, le troc n’a pas disparu : il est là, il est dans notre civilisation, mais on a inventé un instrument générique pour le faire. Les anthropologues n’ont pas abandonné l’idée du troc comme étant à l’origine de la monnaie : c’est l’origine de la monnaie, et la preuve, c’est que c’est toujours la monnaie.
J’espère avoir fait du debunking , de la démystification, d'avoir fait sauter quelques mythes. « On nous cache, on nous cache le fait que les banques commerciales créent de l’argent ! » Non, elles ne peuvent pas. Si elles pouvaient, il n’y aurait jamais eu de titrisation.
https://www.pauljorion.com/blog/2018/08/31/deux-grands-classiques-du-complotisme-ou-conspirationnisme/
Écrit par : L'enfoiré | 01/09/2018
Question posée à Jorion à la suite de sa vidéo
Concernant vos réflexions sur les formes de complotisme, et l’affirmation selon laquelle il existe une création monétaire d’initiative bancaire privée, au travers de l’octroi des crédits, j’ai été très frappé de trouver une telle affirmation sous la plume de Gael Giraud, « L’Europe financière et la privatisation de la monnaie » lors du colloque « revisiter les solidarités en Europe » (tout se tient !) organisé en juin dernier au collège de France ). Il utilise l’argument pour contester l’effectivité de la théorie du ruissellement. Ma question est la suivante : Cette affirmation n’est-elle pas l’expression d’un pragmatisme (philosophique) à l’oeuvre dans l’analyse économique, et que l’on trouve à l’oeuvre par exemple dans la théorie micro-économique des droits de propriété. Un juriste comme moi (je suis avocat) est toujours très frappé d’entendre les économistes affirmer que « des droits de propriété » ont été attribué là où le droit positif n’en reconnaît aucun. Il s’agit toujours de leur part d’un abus de langage, et il faudrait toujours rajouter un périphrase du type « Dans les faits, et toutes choses égales par ailleurs, tout se passe comme si …. », moyennant quoi ils s’assoient royalement sur le droit positif institutionnalisé et, la manière dont il nomme et organise la chose institutionnelle nommé abusivement par l’économiste. Ma question est donc la suivante : tout ne tient-il pas au terrain d’analyse sur lequel on se situe (celui du fait ou celui du droit). Le propos que vous contestez ne consiste-t-il pas à dire : « dans les faits, lorsque l’on confronte les règles prudentielles aux pratiques d’octroi de crédit, tout se passe comme si il y avait création monétaire d’initiative privée » ?
https://www.pauljorion.com/blog/2018/09/04/deux-questions-a-paul-jorion-sur-nous-sommes-cuits-que-faire-et-deux-grands-classiques-du-complotisme-ou-conspirationnisme-par-matthieu-galey/#more-106391
Écrit par : L'enfoiré | 05/09/2018
LA SOCIAL-DÉMOCRATIE EUROPÉENNE EST-ELLE AU BORD DU SUICIDE ? par Bruno Colmant
À moins d’un an des élections européennes, de nombreux partis, au sein de plusieurs pays, ne font plus mystère du fait qu’ils veulent saborder le Parlement Européen, et donc le fonctionnement de l’Union Européenne, par l’envoi de députés qui sont, au mieux, des eurosceptiques et, au pire, des souverainistes exclusifs. Au reste, cela ne se murmure plus comme des confidences chuchotées dans l’Olympe technocratique des instances européennes car c’est désormais un bruit assourdissant chez nos dirigeants: si l’Union Européenne ne trouve pas, dans les prochains mois, un projet de gouvernance unificatrice et modulaire, elle risque d’imploser sous ses propres forces centripètes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard qu’Emmanuel Macron ait proposé, en totale lucidité et en contradiction avec les pistes brouillonnes du Président de la Commission, une vision concentrique de l’Europe destinée à moduler l’influence des pays de l’Union Européenne selon leur attachement aux valeurs sociales démocrates de l’ex-CEE.
Soyons clairvoyants : Après le Brexit, ce sont d’autres fractures qui fissurent l’héritage de deux guerres mondiales et de la chute du mur. L’Union Européenne se contracte sous ses replis nationaux. Les frontières se referment, les barbelés se déroulent et les murs se dressent. Les courants religieux ancestraux (catholiques, réformés et orthodoxes) se raidissent tandis que l’Islam se juxtapose sur la réalité de la mixité sociale et démographique. A l’Est, les pays du Višegrad s’opposent à la tempérance migratoire tandis que la Bavière catholique suggère sa sédition politique avec Berlin. L’Italie s’engage dans une aventure politique dont Salvini, qui se revendique de Mussolini dans une frénésie narcissique effrayante et évoque des épurations de masse, sera le probable prochain Premier Ministre. La Russie entretient notre dépendance énergétique tandis que les mesures protectionnistes des Etats-Unis vont rapidement fragmenter la cohésion commerciale. Dans plusieurs pays, les réactions politiques se raidissent alors que la chancellerie allemande est affaiblie et que l’axe franco-allemand est contesté par les pays de l’Est. Paradoxalement, l’euro devient le soubassement de l’Union alors que le Sud européen ne pardonnera jamais au Nord d’avoir pulvérisé l’emploi de sa jeunesse pour protéger le capital. En vérité, l’Europe monétaire du Sud n’a jamais excusé que son chômage ait servi de variable d’ajustement à la prospérité capitalistique de l’Europe du Nord.
Que se passe-t-il ? Est-ce l’exaspération devant des technocraties oligarchiques ? La faiblesse de la représentation démocratique de l’Europe et de la Commission ? Un relent de la crise de 2008 ? Le rejet de la mondialisation et d’une frénésie capitalistique anglo-saxonne ? Les inégalités sociales croissantes ? La peur des migrations ? Le vieillissement de nos populations ? Je ne sais plus. Mais une chose est certaine : les événements se précipitent. Le pire serait de se retrouver aux abords du Traité de Verdun qui sépara l’Empire de Charlemagne, ou dans les tumultes du 16ème siècle ou même dans les rêves de géographies d’antan, avec des fantasmes d’Empire austro-hongrois ou ottoman. Ou plus grave, au terme de la Belle-époque de l’entre-deux guerres.
Car, si l’histoire ne se répète pas, elle halète. En 2018, Il y a exactement 80 ans, en juillet 1938, une conférence se tint à Évian pour régler le sort des migrants juifs fuyant l’Allemagne hitlérienne ayant déjà commis l’Anschluss de l’Autriche. Cette conférence, convoquée par le Président des Etats-Unis, conduisit à un échec : aucun pays ne voulut accueillir ces immigrés fuyant les persécutions que personne ne pouvait plus nier. L’Espagne de Franco et l’Italie de Mussolini, alliés de l’Allemagne nazie, furent absents ou silencieux. Même la Belgique, dont le Premier Ministre était Paul-Henri Spaak, évoqua un « manque d’espace » tandis que la France, qui venait d’être dirigée par Blum, avança l’argument de difficultés économiques. Finalement, ces populations furent déplacées et regroupées, plus au Nord, en Pologne occupée. Dans un génocide.
Et pour ceux que les précédents ne rassurent pas, nous entrons peut-être dans les années 30. Je ne parle pas de crise financière imminente mais plutôt de valeurs sociétales, morales et humanistes. Nous serions alors exactement en 1939, dix après la crise de 1929, dans le doute existentiel des migrations gyroscopiques et autres vagues de rejet et de protectionnisme qui ont précédé le second conflit mondial. On le voit dans différents pays européens : tout se met en place, à savoir les pouvoirs autoritaires, la dissolution des accords commerciaux, les fermetures de frontières, les raidissements populistes. Tous ces événements, que je relie peut-être maladroitement et artificiellement, ont bien sûr de profondes et divergentes généalogies.
Mais rien n’est perdu et c’est le message que je tente de partager: il faut être en pleine conscience de ce qui se passe et non pas dans la banalisation des outrances. Dans le monde occidental, nous traversons une crise morale, une perte du culte de l’intérêt général et un oubli de la discipline individuelle associée aux objectifs collectifs, avec le risque de bouleversements majeurs des peuples. Le temps nous est compté car ce qui est en jeu, c’est la paix et la bienveillance sociale. Nous n’arriverons pas à vivre dans des mondes hermétiques. Il faut ouvrir le débat moral et sociétal avec une vision profondément humaniste telle que deux mille ans d’histoire l’ont façonnée. Et comme disait Camus, parfois ne pas mettre son fauteuil dans le sens de l’histoire. Il faut réfuter les engouements frénétiques pour des solutions simplistes. Ça finit mal. Toujours. Soyons-en les porteurs de conscience.
Écrit par : L'enfoiré | 03/09/2018
Au sujet des paroles du pape et de ses rétractations
Difficile de trouver des points positifs dans les religions car ce sont ceux là même qui créent les dérives .
Un point positif incontestable d'un dieu est de rassurer et de soigner l'angoisse de l'existence les ficelles sont tenues par dieu et plus par le hasard.
L'absurdité de l'existence est dans les mains d'une puissance supérieure bienveillante.
Le côté spirituel est intéressant et permet tout de même de vivre avec la perspective d'une mort inéluctable.
Ce qui ruine tout ce sont les prétendues valeurs morales qu'on a collées aux religions.
Dommage que ce ne soit pas juste resté une philosophie .
Tout ça pour dire que sans religion le monde irait plus mal psychologiquement.
Si tu crois que la vie sur terre est un passage vers autre chose ???
Ça soulage la plus grande angoisse existentielle.
Je pense que la simple interrogation de la raison de ton existence serait insupportable pour beaucoup de monde"
Écrit par : Léopoldine | 06/09/2018
Cette semaine, ARTE avait un Théma sur les "Révolutions sexuelles" en deux épisodes:
De l'apparition du bikini au mariage gay, petites et grandes histoires d'un processus de libération qui a bouleversé les comportements sociaux. Un documentaire en deux parties fourmillant d'analyses et d'archives détonantes.
En janvier 2017, dans de nombreuses villes du monde, des manifestations dénoncent les violences et les inégalités dont les femmes sont victimes. La révolution sexuelle n'aurait-elle pas encore renversé les codes patriarcaux ? Initié par les avant-gardes au début du XXe siècle puis devenu mouvement collectif international après la Seconde Guerre mondiale, le processus progressiste connaît un tournant en 1948 aux États-Unis avec la publication par le docteur Alfred Kinsey de la première étude sur le comportement sexuel qui met au jour des pratiques réprouvées par la morale. Deux décennies plus tard, la génération du baby-boom s'affirme comme le moteur de la libération des mœurs en revendiquant le droit au plaisir. Les effluves de Saint-Germain-des-Prés, les routes tracées par la Beat Generation ou l'apparition de la pilule joueront aussi un rôle prépondérant dans l'évolution des mentalités.
Chaque combat est une révolution
Faut-il parler de révolution sexuelle au singulier ou au pluriel ? Retraçant de 1948 à nos jours l'une des avancées majeures du XXe siècle dans sa dimension internationale, Sylvain Desmille la restitue dans le foisonnement des secousses intimes, politiques et culturelles qui ont ébranlé nombre de sociétés. Passant de l'affirmation progressive de l'individu désirant à la nécessité d'inclure le collectif dans les luttes, son film analyse avec clarté un processus d'émancipation aux perspectives multiples. Réunissant des images d'archives détonantes, il s'appuie sur la réflexion de nombreux témoins et penseurs, tels le psychosociologue Alain Giami, les auteures Annie Le Brun et Maryse Wolinski ou l'historienne Anne-Marie Sohn. Une fresque documentaire alerte et salutaire.
1. Le plaisir
https://www.arte.tv/fr/videos/074562-001-A/revolutions-sexuelles-1-2/
2. Réinventer l'amour
https://www.arte.tv/fr/videos/074562-002-A/revolutions-sexuelles-2-2/
Écrit par : L'enfoiré | 06/09/2018