Cœur et Raison selon Pascal (02/06/2023)
Blaise Pascal, né le à Clermont et mort le à Paris, est un mathématicien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et théologien français, a écrit ses Pensées par des méditations morales, métaphysiques et religieuses. Informé du stoïcisme par Epictète, du scepticisme de Montaigne, de la lecture de l'Ancien et du Nouveau Testament, des docteurs jansénistes, il compose ses pensées dans l'Apologie sous forme d'une symphonie inachevée et sans plan définitif mais avec une rigueur de raisonnement qui le rendait convaincu des limites de la raison tout en laissant le libre choix. Ses recours à la Science, au positivisme et à l'existentialisme le pousse à réfuter l'athéisme.
Le Hors-Série du Figaro présente le sujet par différents aspects en divisant sa vie en différentes tranches de onze jours à partir de 1535, de 1539, de 1647, de 1652, de 1653, de 1654, de 1656, 1658, de 1660 et de 1662. Il découvre ses meilleurs "ennemis" comme Montaigne et Descartes avec Dieu toujours en arrière-plan.
Ce billet peut être considéré comme une suite au "Miroir pour professeur"
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A l'âge de 12 ans, Blaise Pascal découvre par lui-même la 32ème position d'Euclide qui dit que dans un triangle, l'angle extérieur formé par le prolongement d'un côté est égal à la somme des angles intérieurs non-adjacents et la somme des angles intérieurs est égale à deux angles droits. Pour aider son père, à l'âge de 19 ans, il veut inventer une machine à calculer qui sera appelée Pascaline. Considérée comme la première machine à calculer, elle permet d'additionner et soustraire deux nombres en direct et multiplier et diviser par répétitions. Développée en trois ans, après une succession de plusieurs prototypes, il est charmé par la géométrie buissonnière. Son père, Etienne, s'étonne de la soif de comprendre de Blaise. Chargé de l'éducation de ses enfants, il est surintendant du cardinal de Richelieu pour remettre de l'ordre dans les recettes fiscales. Il emmène à Paris ses enfants. La sœur de Blaise, Jacqueline, est aussi un génie précoce mais en poésie. A la cour, elle et lui font sensation. Blaise s'y lie d'amitié avec des libertins notoires et les esprits forts de son époque après avoir écrit son "Traité des coniques". Il discute avec Descartes au sujet de ses conceptions sur le vide pour expliquer la pression atmosphérique, avec Fermat sur la géométrie du hasard et bien d'autres à savoir en se posant la question si on est se considère mieux dans son état de croyance ou, au contraire, à ne pas croire dans une question "To be or not to be" ou même à une relation avec la théorie du quantum et de l'équation de Schrödinger.
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Pascal mathématicien : "Principe de Pascal"
Pacal est un bouillon de culture, un libre penseur mais souffrant d'un état maladif chronique qui le grise. Mais il ne croit pas à son propre manège avec un goût de cendre. Il doute de tout.
Son zèle religieux nait suite à une crise morale mystique intransigeante qui l'oblige à se retirer dans une controverse religieuse et une vie ascétique de dépouillements qui se termine en agonie.
La vie de Pascal peut être résumée ainsi mais elle reste plus complexe.
Pascal est un passionné, un émotif au cœur tendre, un actif et un esprit secondaire.
Ses Pensées ne sont pas une oeuvre d'un penseur en fin de vie. Elles ont été creusées pendant toute sa vie en trois phases.
Son esprit scientifique de la première phase de sa courte vie demande des raisons solides pour croire et de comprendre la vie à la suite d'expériences simultanées et complémentaires.
Dans la deuxième phase, il se réserve à la recherche de la vérité.
Actif sur plusieurs fronts, parfois en dominateur, il pense qu'il faut traiter l'interlocuteur en adversaire pour convaincre et vaincre.
Pendant la troisième phase de sa vie, de 1654 à sa mort. Avec la nostalgie de la première phase de sa vie, il est perdu, désarçonné entre deux infinis d'une vie mondaine libertaire avec les plaisirs de l'esprit élitistes de conférencier à la mode, chevaleresque, romantique, semi-agnostique et semi athée. C'est un panthéisme mécanique et matérialiste qui le fait entrer dans un combat avec Dieu qui ne trouve l'apaisement que dans la certitude du néant face à l'immortalité de l'âme après la mort. Dans la dernière phase de sa vie, la maladie dont il a toujours été affectée, se précise dans la souffrance demandée pour mériter et être accepté dans le royaume de Dieu par l'expérience religieuse, dominée par la méditation et l'action spirituelle.
Il n'a jamais été marié et n'a pas eu d'enfants. Sa vie est principalement dédiée à ses travaux scientifiques sur les probabilités, le triangle arithmétique, la géométrie projective et les calculs numériques qui ont donné encore aujourd'hui, une grande notoriété dans ces domaines. La littérature lui a donné des références de noblesse dans la volonté de recherche de tout sur tout.
Roseau pensant, disproportion, amour-propre, mensonge, injustice, ennui, imagination, divertissement, vide, acte de foi s'intègrent et sombrent dans sa soumission avec en parallèle son usage de la raison.
Par sa rhétorique et son esthétique pour convaincre et agréer par l'argumentation d'un écrivain éloquent, poétique et imprégné de classicisme.
Pascal est même arrivé à être contesté en suspect pour son équilibre mental.
Génie tourmenté, rongé par le doute et la misanthropie, il était novateur à son époque, un peu moins à notre siècle, quoiqu'il y ait des ressorts en période de troubles.
Il y a plusieurs manières sous la forme de concepts d'analyser les Pensées de Pascal. Alphabétiquement, on y trouve le bonheur, cœur, les divertissements, la foi, la grâce, la grandeur, l'infini, l'instinct, la justice, la liberté, la misère, le mystère, la raison, les religions, le salut et la vérité.
Selon lui, l’homme est incapable de vérité qui le tient par sa nature corrompue, son péché originel qui le corrompt aussi par la raison. Parmi les facultés qui altèrent le jugement de l'Homme, il y a celles qu’il nomme les « puissances trompeuses » de l'imagination, de la coutume, de l'intérêt, des maladies, qui vont des impressions anciennes aux charmes de la nouveauté.
Il y eut différentes éditions de ses Pensées après sa mort. C'est dire qu'elles peuvent avoir été interprétées par ses traducteurs comme Louis Lafuma et Jean Mesnard qui tentèrent d'y mettre de l'ordre, reconstituées avec une part de conjecture personnelle. Les Pensées classées et non classées ont été rassemblées originellement dans 27 liasses apologétiques.
681. "Il ne faut pas avoir l'âme fort élevée pour comprendre qu'il n'y a point ici de satisfaction véritable et solide, que tous nos plaisirs ne sont que vanité, que nos maux sont infinis, et en fin que la mort qui nous menace à chaque instant doit infailliblement nous mettre dans peu d'années, dans l'horrible nécessité d'être éternellement ou anéanti ou malheureux. Il n'y a rien de plus réel que cela ni de plus terrible", 388 : "Quelle différence entre un soldat et un chartreux quant à l'obéissance ? 771 : "N'est-il pas visible, comme c'est un crime de troubler la paix où la vérité règne, c'est aussi un crime de demeurer en paix quand on détruit la vérité ? Il y a donc un temps où la paix est juste et une autre où elle est injuste. C'est l'intérêt de la vérité qui les discerne.
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Le cœur a des raisons que la raison ne connait point
143 : "Le cœur de l'homme est creux et plein d'ordure", "Erreur du cœur quand, dominé par concupiscences, il confond avec l'absolu du vrai et du bien qui est Dieu, des idoles, simples apparences de ces valeurs", 277 : "Je dis que le cœur aime l'être universel naturellement et soi-même naturellement, selon qu'il s'y adonne et se durcit contre l'un ou l'autre à son choix", " si la plupart des croyants ne peuvent se dispenser de justifications logiques, c'est du cœur que celles-ci reçoivent leur crédibilité dont tout notre raisonnement se réduit céder au sentiment", 556 : "La raison n'aboutit qu'à des abstractions et à une connaissance stérile", 242 : "Les preuves physiques arguant de la beauté et de l'ordre de la nature, comme le cours de la lune et des planètes, sont sujettes à caution", " La raison est simple et participe à la pensée au sens le plus général du mot intelligence. Elle est la faculté du fini car elle ne peut comprendre ce qu'est l'infini sous aucune de ses ces formes, mathématiques, physique et logique", 282 : "Sur les connaissances du cœur et de l'instinct qu'il faut que la raison s'appuie et qu'elle y fonde son discours".
Pascal est cartésien et anticartésien avec "le moi" qu'il met en place en s'opposant à Descartes et à "le soi". Il ne regarde pas son semblable. Il se met à sa place. "Le moi est haïssable" dans la singularité de sa personnalité en ne se cachant pas derrière la séduction et les flatteries de l'hypocrisie dans le decorum. La métaphysique est une aporie pour Pascal. Il ne faut pas confondre psychologie et sociologie qui généralise les personnalités en pensant que tout le monde est généralisable dans un ensemble.
Le titre de ce paragraphe peut très bien est reformulé par Pascal en ces mots :
La raison a du cœur que le cœur ne connait point.
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Pascal, philosophe apologétique
Les interviews de spécialistes de Pascal sur France Culture préfèrent mettre Pascal dans son contexte avec son imagination, son pari, son "moi" et son lien avec la politique.
Sur France Culture 1. Contexte intellectuel
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Réflexions du Miroir
Le billet "La stratégie du cœur contre celle du cerveau ?" avait déjà approché la différentiation de pratique entre émotivités et rationalités par la psychologie.
Intériorité n'est pas un espace clos, éloigné et hermétiquement fermé à la société où le social se déplace par des émotions.
La peur de faire mal vis-à-vis des autres a toujours existé. La peur de ne pas bien vivre sa vie intime est une pression privée accentuée par la peur de vieillir et de mourir est un état diffus schématisé par le narratif.
Le romantisme est alors traversé par l'incertitude sans connaître les règles et les normes de vie appliquées à une situation particulière.
"La vérité, ça n'existe pas", écrivais-je en définitive en 2020.
Elle est trop influencée par des faits extérieurs à soi. Elle existe "si je peux", "si je veux", par "ce que je ne veux pas voir", par "le mensonge", par la "science" ou par la philosophie".
Blaise Pascal est un touche-à-tout. Dans sa courte vie, il est passé par toutes ces phases, jusqu'à déclarer forfait en se référant à Dieu en fin de parcours.
La hiérarchisation des pouvoirs et des initiatives disparait alors.
Le dilemme de Pascal est survenu quand il a désiré associer sa raison pragmatique du réel avec son cœur tendre qui fait appel à des sentiments chimériques, oniriques, doctrinaux et souvent irréel.
Ses fonctions idéologiques réciproques s'opposent avec une sorte de compétition dans laquelle l'envie d'être reconnu par populisme qui compte plus sur les foules que sur les institutions.
Dieu joue alors le jeu de stabilité en court-circuitant sa rationalité et ses intérêts personnels en manipulant parfois les faibles par ses propres forces. Le défi est donc d'apprendre à gérer ses émotions tout en abordant les tâches de manière raisonnée et productive.
J'ai posé la question suivante à ChatGPT : "comment faire en même temps les choses de manière raisonnées avec emotions ?".
Et j'ai été surpris par la suite des étapes qu'il proposait :
- Avant de commencer une tâche, prendre quelques instants pour reconnaître et comprendre ses émotions pour ne pas être submergé par elles pendant que l'on fait autre chose.
- Apprendre à gérer ses émotions de manière saine et constructive par la respiration profonde, la méditation, l'exercice physique et l'expression artistique peut aider à apaiser les émotions et à rester calme.
- Déterminez ce qu'on souhaite accomplir et établir des objectifs spécifiques et réalistes pour chaque tâche en restant concentré de manière organisée.
- Identifier les tâches les plus importantes ou urgentes pour s'y concentrer en premier pour garder le cap sans être submergé par l'émotion liée à la surcharge de travail.
- Élaborer un emploi du temps réaliste incluant des périodes dédiées à la détente et au repos pour traiter ses émotions.
- Se concentrer pleinement sur la tâche à accomplir à l'instant présent en évitant les distractions, conscient de ses pensées et actions de manière plus raisonnée.
- Prendre des pauses régulières pour se détendre, se ressourcer et traiter ses émotions en maintenant un équilibre émotionnel pour faire avancer ses tâches.
- Etre gentil avec soi-même, avec patience et indulgence sans se blâmer si les émotions affectent temporairement son état.
Cette manière de vivre construite par l'apprentissage d'une mère à son petit, n'existe pas vraiment dans la nature entre prédateurs et proies en étant, alternativement, soit l'un, soit l'autre. Les petites apprennent très vite comment (sur)vivre.
La première différence entre les hommes et les autres êtres vivants, c'est que ces derniers ne connaissent pas les croyances instinctives. Ils naissent, ont un apprentissage des parents pour se nourrir et en finale, meurent, se sentant trop faibles, laissent la place au suivant.
La deuxième, c'est que l'homme a l'habitude, la nécessité voire l'obligation pour ne pas devenir voleur, de donner un prix aux choses par l'intermédiaire des chiffres et des nombres.
La troisième, c'est que l'homme s'est intégré dans tous les environnements de la terre alors qu'il n'y est pas invité en tant qu'animal universel. C'est donc qu'il va trouver la peur de mourir avec, par exemple, le précipice sous ses pieds alors que le bouquetin n'imagine même pas qu'il peut être dangereux.
Pascal connaissait ces écueils de pensées chez les hommes.
Dans une union des contraires, il utilisait des solutions recherchées dans des vérités représentées dans sa jeunesse par l'optimisme du scientifique. Cherchant à vérifier ses thèses par des expériences avec le secours de personnages d'un haut-niveau intellectuel, il s'est rendu compte qu'il avait peut-être fait fausse route. A un âge inférieur à 40 ans, son état maladif a eu raison de lui.
"L'homme passe infiniment l'homme" et "S'il se vante, je l'abuse ; s'il s'abaisse, je le vente", écrivait-il.
Dans sa vie de grandeurs et de décadence, Dieu est venu à son secours pour mourir.
Il était aux antipodes avec l'humanisme de son temps et par là, on découvre la modernité de son oeuvre.
La plume de Thomas Gunzig faisait intervenir les figures de style de la métaphore et de l'allégorie qu'il ne faut pas confondre avec la comparaison surtout dans la politique belge.
Et si on utilisait ces mêmes figures de style en parlant de Blaise Pascal ?
La métaphore de la vie de Pascal avec les règles de la nature qui, pour lui, est partout et est tout, vient en compétition avec la circonférence qui est nulle part et qu'il faut estimer soi-même au juste prix dans la réalité des choses. Etre géocentrique et apologétique ayant pour objet d'établir, par des arguments historiques et rationnels, le fait de la révélation chrétienne, ne tient pas avec l'idée que le soleil est héliocentrique sans véritable centre dans l'Univers. C'est une allégorie en présentant une idée abstraite ou une notion difficile à représenter directement au moyen d'une image figurée. L'homme qui fait partie du néant, selon lui, ne fait rien qu'une fausse comparaison avec la nature. Il pousse ainsi les hommes à douter et à chercher là où il se trouve dans l'infini du néant.
Dans un contexte intellectuel, il introduit, paradoxalement, l'allégorie de l'existence en représentant erronément des valeurs abstraites par des images concrètes par son imagination. Une vie commencée par la science et qui s'achève incompatible à elle dans la notion de divinité, montre son côté paradoxal.
Si Pascal était un contemporain plutôt qu'un penseur du 17ème siècle, on appellerait peut-être le "blogueur philosophe Pascal".
Le philosophe Matthieu Pelletier expliquait comment on pourrait réunir la tolérance et le scepticisme par l'intermédiaire Young
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"Le moindre chagrin d'amour fait plus souffrir que la pire des catastrophes. Le monde peut bien s'arrêter de tourner, la terre se réchauffer de dix degrés, rien ne compte d'autre que la vitesse à laquelle bat notre cœur. [..] Le cerveau affolé, déboussolé, traduit les mots en simultané", extrait final de "J'ai dû rêver trop fort".
Comparaison n'est pas raison quand il n'y a que des analogies qui manquent parfois de rigueur dans les solutions apportées aux problèmes pour ne pas se faire distancer par l'IA réglementée, qui elle, prépare son développement avec sagesse.
C'était la fête des mères le 14 mai en Belgique.
Ce sera la fête des mères le 5 juin en France.
La fête des pères en Belgique, c'est le 11 juin.
La gête des pères en France, c'est le 18 juin
Décidément, on ne doit pas avoir les mêmes mères et les mêmes pères ou pas le même calendrier...
PS: Préversion de ce billet sur agoravox.fr
Allusion
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18/6/2023 :
Ça fait 400 ans qu’il est né. Et son œuvre n’a pas fini d’être commentée, critiquée ou adorée. A commencer par ses célèbres « Pensées ». Blaise Pascal a vu le jour le 19 juin 1623. Pourquoi encore lire ses textes en 2023 ? Qu’est-ce que Pascal a à nous enseigner de si fondamental ? Quel est l’apport pascalien à la philosophie ? Et comment plonger dans l’œuvre de Pascal aujourd’hui ? Voilà quelques-unes des questions que nous allons explorer avec nos deux invitées : l’écrivaine Marianne Alphant (« Pascal : tombeau pour un ordre », P.O.L) et la philosophe Laurence Devillairs (« Philosophie de Pascal : le principe d’inquiétude »
"Et dieu dans tout ça ?" - Passion Pascal avec Laurence Devillairs et Marianne Alphant