Le ciel pour horizon (3) (12/11/2006)

religion
Avant de commencer, il va sans dire que les préambules dans le volet 1: Science et théologie et dans le volet 2: Vivre et laisser vivre sont toujours de rigueur. Ceux qui ont lu les deux premiers articles ont pu s'attendre au dernier volet plus rapidement.

Comme la chrétienté et les autres religions subissaient de nouveaux événements, j'ai préféré attendre. Je n'essayerai toujours pas ni de déplaire à certains, ni à plaire à d'autres. Le christianisme est une belle religion. Il faut trouver ses certitudes, ses incertitudes, ses convictions et ses espérances. Ceux qui les trouvent dans la religion, il ne faut surtout pas les perdre.

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Volet 3: Mes griefs et mes conclusions

1. A l'égard de la religion catholique

Aller vers une autre voie ne sera pas nécessairement la panacée. Les religions aident à vivre et à mourir tout simplement dans la dignité et le recueillement des faits qui ont jalonné les jours de notre passage sur terre. Mais puisque nous sommes ici pour lancer quelques pavés dans la marre, sans éclabousser trop mais avec une réflexion laïque pour guide, continuons notre périple dans le domaine de la croyance et de la foi. Mes deux articles précédents sur le sujet ouvraient le chemin alors continuons-le une dernière fois et allons au bout de pensées multiples au risque de bousculer des idées reçues et apprises dès l'enfance. Comme toute communauté n'existe que par la cohésion de ses membres, la religion adhère aussi à cet état d'esprit. Cet ensemble de croyances et de pratiques organise les rapports de l'homme avec le sacré par la foi et la conviction. La suprématie du doute est opposée par le non-croyant et le laïc. Ceux-ci rechercheront toujours par essence des raisons de la non-participation dans l'élan religieux. Alors, laissez-moi lancer ma diatribe brute, discutable et subjective.    

Certains points m'énervent franchement dans la religion catholique qui m'est néanmoins la plus proche par la naissance.

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2. Vis-à-vis de la "concurrence"
religionJe ne parlerai pas des autres religions. Je ne les connais pas assez pour en apporter mes critiques ou bons points.

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3. Arguments à décharges 

Après avoir tant apporté de griefs sur la table, il me faut néanmoins revenir à des idées plus conciliantes. Je ne suis pas dupe. La religion a cette essence en elle de rassembler non seulement les âmes mais les esprits dans une voie de communion. Rien que pour cela, elle a sa raison d'être. Si pacifier le monde est le destin de la religion, je n'y vois que du bien. On ne peut renier ce que l'on retrouve dans ses gènes ancestraux. Le Cardinal Godfried Danneels, primat de Belgique le rappelait lors d’une interview à la RTBF1 le 27 octobre dernier. L'Eglise catholique veut se remettre sur la carte du monde, montrer ce que l'Eglise est réellement, sans prosélytisme. Elle veut au contraire la transparence sans esprit de conquête dans un élan d'évangélisation par l'humanisation des villes, en respectant les idées d'autrui et sa propre manière de penser dans un enrichissement parallèle, multiculturel et multicolore dans le dialogue. Le chemin souvent perdu par rapport aux sectes et aux gourous a secoué le "cocotier". A Bruxelles, le rassemblement eut lieu durant la semaine qui suivit à Bruxelles, cela après Paris, Vienne et Lisbonne. Les problèmes de notre temps, la misère ont fait partie de cette "reconquista" qui ne veut pas dire son nom.
 

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4. Ma Conclusion

Chateaubriand  écrivait dans Le Génie du Christianisme :

"De toutes les religions qui ont jamais existé, la religion chrétienne est la plus poétique, la plus humaine, la plus favorable à la liberté, aux arts, aux lettres".

 Sacrilège de dire cela aujourd'hui. Oui, certainement. De son temps, par contre, le message a été certainement bien accueilli. Preuve s'il en est que tout est une question d'époque. A son bénéfice, il ne devait pas en avoir connu beaucoup d'autres religions.

 

Si on veut parler de ces croyances, il faut remonter à l'Egypte des Pharaons et au polythéisme proche de la nature que l'on a dénommé "mythologies égyptiennes" (et pas religion). A part Akhenaton qui avait le soleil comme dieu unique, presque tous les dieux étaient représenté avec des têtes d'animaux. Ils cherchaient à interpréter tous les phénomènes naturels qu'ils pouvaient observer à travers le prisme de croyances séculaires, « doctrines qui prennent dans les âmes de nos contemporains la place de la foi évanouie et situent ici-bas, dans le lointain de l'avenir, sous la forme d'un ordre social à créer, le salut de l'humanité ». Les trois religions monothéismes affirment l'existence d'un Dieu, d'un Allah, transcendant unique, omnipotent, omniscient et omniprésent.

C'est loin d'être la même idéologie et loin d'avoir les mêmes conséquences. Plus aucun lien avec la nature. 

Je reconnais que j'ai la chance de vivre dans une époque, dans un pays où chacun peut s'exprimer, apporter une opinion personnelle différente de la plupart d'entre nous sans être porté sur la place publique et mis au pilori, écorché, brûlé comme hérétique. Je remercie le ciel, donc... (curieux cette réflexion...). Dans le passé, des schismes, des changements d'orientation spirituelle ont eu lieu. Zarathoustra est un exemple de réformateur iranien qui n'a pas eu l'écho et la diffusion auprès de nombreux adeptes (100.000 dans le monde). Le zoroatrisme osa s'élever contre le clergé qu'il accusait d'être serviteur des Daeva et de rejeter le dieu unique, Seigneur Sage, Ahura Mazda. 

Le port du voile a relancé la polémique en 2004 et la laïcité républicaine française est revenue au devant de la scène. En février 2006, les caricatures récentes en provenance du Danemark ont été certes une maladresse. Les réactions musulmanes ont néanmoins été totalement disproportionnées par leur violence et les manifestations de haine envers l'Occident. Sous le prétexte de défendre toutes les religions, la tentative de faire décréter par l'ONU que la diffamation des religions et des prophètes est incompatible avec le droit à la liberté d'expression serait avoir rendu l'ONU, le gendarme protecteur de tous les régimes théocratiques et aurait été jusqu'à empêcher les citoyens de penser librement.

Le mot "laïc" date du Moyen-Age et désignait les "convers", membres non ecclésiastiques d'une communauté non monastique. L'idée s'est étendue par la suite au côté "profane", "mécréant" diraient certains.

Le bruit accompagne notre vie trépidante d'aujourd'hui, un retour en soi dans le recueillement, le silence, c'est ce que nous offrent les religions. Voilà la mise au point la plus importante ! La nature aura toujours le dernier mot.

La philosophie est une conduite de vie et une vision parallèle à la méthode religieuse. Ce fil conducteur d'une vie met en pratique une approche personnelle pour s'assurer le meilleur salut face aux problèmes de l'homme "fini" dans le temps. La philosophie est souvent méprisée ou oubliée dans l'enseignement, alors qu'elle devrait en faire partie indépendamment des disciplines choisies. Elle est jalonnée d'une foule d'idées, qui se complètent, s'affinent ou se réajustent en fonction des réflexions de grands penseurs qui remontent à la nuit des temps. Elle n'est pas dogmatique et non dépendante d'une tierce personne. La philosophie, c'est apprendre par soi-même à mourir avec le moins d'angoisse possible. Trois axes de son application: l'intelligence pour la théorie, la soif de justice par l'éthique et la recherche du salut par la sagesse. Une idée de ce qu'elle peut révéler et inspirer à tout jeune, Luc Ferry en a fait le tri que l'on pourrait classer dans un livre de vulgarisation, sorte de "Philosophie pour les Nuls", destinés aux jeunes de 7 à 77 ans dont le titre est "Apprendre à vivre". J'y reviendrai.

Dans une conclusion, ne serait-il pas adéquat de parler de cette chose que nous redoutons tous, que la société moderne voudrait nous faire oublier car elle ne fait pas recette: la mort. Même si certains voudraient entretenir l'illusion qu'elle n'existe pas, elle fait partie intégrante de la vie. Le 1er novembre journée du souvenir est précédé par cette mascarade commerciale Halloween pour la masquer. Face à cette fin inéluctable, je préfère l'attitude des indiens mexicains qui ce premier novembre vont se recueillir, pleurer, chanter et festoyer ensemble vivants et morts dans une débauche de nourriture et d'alcool. Les défunts restent faire partie de la famille des 'vivants', dans leurs maisons, sur les autels dressés à leur intention. On leur a préparé pour cette occasion ce qu'ils aimaient. Les morts reviennent chez eux tout simplement.

Mais, au fait, vous ne remarquez rien? N'avez-vous pas manqué un mot dans les textes qui précèdent? Vous ai-je tellement abasourdi? Vous ne trouvez pas? Ok. Le mot "amour" pardi. C'est volontaire car "Dieu", ce synonyme d'"amour", ne me semble pas avoir apporté la lumière qui empêcherait sa belle "créature", l'Homme, à perpétrer crimes, haine, massacres et toutes sortes de 'joyeusetés' du même genre.
Est-Il tellement pressé de nous voir rappeler à lui après avoir passé de vie à trépas pour corriger le tir? Après toutes ces années, Il a dû s'endormir un peu trop longtemps. 
"Aimer son prochain", recommandation de toutes les religions, qui ne fait pas oublier cependant l’exclusion qu'elles n'ont pas manqué de faire ressentir aux "païens" et aux "infidèles", ces adversaires qu'il fallait éliminer. Pour preuve de ma compréhension de l'autre pensée, je placerai ici "A propos de l'amour", un blog paru récemment, qui montre également que les choses évoluent petit à petit dans l'ombre. Les animaux ont l'instinct de conservation de l'espèce pour guide. L'homme a trouvé son intelligence pour supplanter son instinct et il n'a pas toujours gagné au change, ce guide s'est souvent transformé en aspect destructeur et démoniaque dans les guerres menées par esprit du pouvoir et de l'argent. Le mot "amour" recommandé par la religion pourrait utilement être remplacé par les mots "respect" et "tolérance" de tous les autres acteurs vivant dans ce monde. Un retour à l'harmonie cosmique de la Nature, définie dans le stoïcisme pourrait servir de parfait modèle si l'on veut prêter l'attention que la Nature mérite.

Oser dire dans une réunion "ce n'est pas Dieu qui a créé l'homme à son image, mais l'homme qui l'a fait", crée toujours un froid.  

J'ai lu la confrontation entre un évêque, Jean-Michel di Falco, et un mécréant, comme il se nomme lui-même, Frédéric Beigbeder, sous le titre de "Je crois, moi non plus". Cela n'a pas été triste, comme je m'y attendais. Ce fut une autre confession réactionnaire parfois proche de la mienne, parfois moins. Exhaustive, elle m'a permis de tout repasser en revue. Ce qui m'a fort étonné, c'est de découvrir leurs sentiments tout à coup en communion, à certains moments, d'inconfort, de perplexité, de non aboutissement du bonheur. Dialogue de sourd parfois à bureau fermé. Seules les mêmes questions vraies n'y auront toujours pas trouvé de réponses. Vous les connaissez maintenant :

"Pourquoi sommes-nous là?", "Pourquoi sommes-nous en vie?", "Quelle force suprême nous gouverne à notre insu?". 

 "Sciences et Vie" d'octobre 2005 titrait son magazine avec un sujet de première page en annonçant que les physiciens se posaient la question de savoir si ce que nous prenons pour la réalité n'est en fait que l'information que nous avons sur elle. Non seulement les lois de l'infiniment petit deviendraient enfin compréhensibles, mais les notions de temps, de matière et d'espace seraient à réinterpréter en termes informationnels. Pour que notre monde existe vraiment.... Dieu aurait-il créé une imagination, un mirage?
Mais, la foi déplace les montagnes, donc, pas de peur à avoir. Amen.

Pourquoi voir un visage humain comme un dieu alors que l'homme n'occupe que depuis quelques minutes le temps de notre Terre réduit dans l'espace d'une année?

Le chanteur Daniel Balavoine, en très peu de temps de vie, a pu exprimer ce "quelque chose" qui ne demande pas de conseiller mais qui se retrouve au fond de soi. Sa chanson résume tellement bien tout cela.


  

"Moi, sur un chemin parallèle, un soir, attablé devant des mets délicieux, je contemplerai la mer, le ciel et Toi, Soleil, Toi qui, majestueux, descends rougeoyant de tous tes feux, le frémissement de la bise comme cantique. Je saurai que Tu m'auras invité dans Ta Cène et, alors, Ta messe recommencera. Je T'aurai rencontré une fois de plus à mes côtés. Alors, je prendrai photos sur photos, tout excité. Mon Dieu que je serai fier de Te montrer à mes amis ! Et je n'aurai plus jamais peur. Plus peur, car je saurai que le lendemain, au même endroit, à la même heure, Tu seras là, fidèle au rendez-vous, solennel jusqu'à la fin des temps. J'aurai trouvé ainsi mon horizon et une raison de vivre à mon époque !"

     

L'enfoiré,

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 PS. Si vous lisez ces lignes, merci, d'être resté avec moi jusqu'au bout. Vous avez ce que l'on appelle un "esprit ouvert et généreux". Je tiens également à remercier ceux qui se sont pris au jeu pour me donner leurs propres sentiments. Ce ne fut pas nécessairement des idées de leur bord qui transpiraient. Ils se sentaient le besoin de "virer leur cuti", comme cela m'a été dit. Les débordements font partie du courage des Hommes de foi religieuse ou non.

 

Un article sur le sujet dans sa généralité dit avec humour.

 

Citation:

13/11/2022: En Irlande, les prêtres catholiques appellent au secours au Vatican pour moderniser la Constitution de l'Eglise
podcast

religion15/2/2023: #INVESTIGATION :  "Célibat des prêtres. Le calvaire de l'église"

Extraits: podcastpodcast

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