Arboretum automnal, tout en douceur (03/11/2011)

0.jpgCe billet est dédié à Pierre, mon ami québécois. Il m'a fait rêver avec ses belles photos de sa Belle Province sous les couleurs d'automne. Je lui apportais récemment un peu des nôtres avec le Rouge-Cloître, qu'il a eu la gentillesse d'intégrer parmi ses propres billets. Samedi, 29 octobre, chasse aux images. Réédition, le 1er novembre. Il fallait faire fort pour rivaliser avec les photos de Pierre. Voici, un autre coin de la forêt de Soignes: l'Arboretum.

Pourquoi l'Arboretum?

A son sujet, il avait été dit, sur un très beau site, que je conseillais de consulter:

Un des joyaux de la couronne verte. Ce lieu n’est pas inconnu du grand public, mais il existe peu d’information ou de documentation disponible à son sujet. L'auteur tente modestement de combler ce vide. Le site web n’a rien d’officiel et ne dépend d’aucune institution publique particulière. Indépendance qui permet d’en faire un site multilingue, à l’image du caractère national de l’Arboretum, aux portes de la capitale de l'Europe.

L’aménagement de l’Arboretum géographique de Tervuren a commencé en 1902, sous l’égide de Charles BOMMER, conservateur au Jardin Botanique National de Meise, et professeur à l’Université Libre de Bruxelles.

L’Arboretum se situe dans le Bois des Capucins, une ancienne chênaie (dont certains arbres sont toujours là), prolongement nord-est de la Forêt de Soignes (quant à elle, essentiellement peuplée de hêtres).

L’Arboretum couvre une superficie d’environ 100 hectares, et compte 460 espèces d’arbres différentes les plus typiques de la zone climatique tempérée de l’hémisphère Nord (305 feuillus et 155 conifères). L’altitude varie entre 80 et 115 m au-dessus du niveau de la mer. La température moyenne est de 9,7°C, et la pluviosité moyenne est de 780 mm par an.

Un site d'un amoureux de la nature, comme je les aime n'est plus disponible ("The site has been suspended"). Alors, faute de grives, il faudra manger des merles...

Ce samedi matin, 18°C au thermomètre et un ciel plombé sous une couverture nuageuse dans le Zoniënwoud de Tervuren. Si le soleil donne l'éclat, il n'adoucit pas les couleurs. Une chance pour les photos, me dis-je.

L'Arboretum est un excellent endroit pour un jogging en forêt, aussi. En ce qui me concerne, un jogging avec arrêts fréquents et pas au pas de course avec le seul regard essoufflé, dirigé vers la seule ligne d'arrivée.

0.jpgChaque coin de l'Arboretum cache ses spécialités d'arbres.  Ce n'est pas vraiment un jardin botanique, malgré ce qu'en dit Wikipedia. Situé entre Tervuren et le village flamand de Jesus-Eik, dont le nom flamand est traduit, par Notre-Dame-Au-Bois. Beaucoup de villas à l'orée du bois.

Nous sommes en région flamande, et pourtant, on entend toutes les langues sur les chemins.

Le spectacle de la nature est là. Dans les chemins, des promeneurs avec leur chien, des joggeurs qui poussent leurs forces dans leurs derniers retranchements jusqu'à l'extase.

Lors d'une autre escapade, j'avais été tenté par le lyrisme de circonstance pour un autre automne. Je l'avais pris en zwanze, une autre fois. Pour finir même par l'espérer.

Cette fois, je me devais de me confronter à l’automne québecois, sans chercher la compétition, presque perdu d'avance d'après ce qu'on en dit. Peu importe, l'esprit d'aventure me guidait.

Derrière moi, sur un chemin, le bruit de pas qui brassent les feuilles sur le sol et des voix. Un chien qui s’époumone. Je prenais des notes. "It's in english"

- You are already on my notes, leur dis-je, les attendant.

Sourires partagés. Un brin de causette s'engage. Tous sont manifestement contents de se retrouver là.

- It's a paradise. Every trees of the world are there, ajoutais-je avant qu'ils ne s'éloignent.

Sortons des chemins battus. Cette fois, seul. Pas de jeux d'ombres grâce à l'absence du soleil. Un silence qui permet d'entendre sa respiration. Des feuilles rejoignent leurs copines sur le sol, dans leur dernier voyage.

Non, je mens. Plus loin, un groupe, entraîné par un garde champêtre qui explique à des citadins, avec de multiples détails, ce qu'il faut y voir. Eux, ils photographient les buissons, les arbres, probablement, de peur de les oublier plus tard.

Je ne suis pas un fana des contre-plongés photographiques, mais, je m'en donne à cœur joie.

C'était aussi la journée du trentième anniversaire de la disparition de Georges Brassens.

Il fallait, donc, que je trouve quelque chose de Brassens. Presque instinctivement, j'ai chanté "Auprès de mon arbre".

En rentrant, il me fallait mieux. Je chercherai et trouverai une autre, bien moins connue et plus de circonstance:

Le Coeur à L'automne

Quand la musique entra chez moi - que nul ne s'étonne -
J'avais, ça. m'arrive parfois, le cœur à l'automne.

C'était un air en demi-teinte,
Mi-joie et moitié plainte.
Je lui ai dit: "Le temps est fou,
Le vent du dehors vous chiffonne.
Étendez-vous donc sur mon magnétophone
Et reposez-vous.
Je n'avais ouï de longtemps musique pareille.
Je n'en croyais en l'écoutant mes grandes oreilles.
Elle me dit: "J'ai quitté mon maître,
Un saut par la fenêtre.
Il me gardait depuis cinq ans
En me promettant des paroles.
J'étais nue et nue ça n'est pas toujours drôle.
J'ai foutu le camp."
Moi qui suis un peu parolier, jugez de l'aubaine.
"Je peux, dis-je, vous habiller. Oubliez vos peines.
Je sais les mors faits pour vous plaire
Et j'ai deux dictionnaires."
Elle répondit: "Va pour l'essai.
Vous me paraissez brave type.
Lui aussi l'était, mais il fumait la pipe,
Ça me faisait tousser,"
Et la mélodie envolée d'une autre guitare,
Avec mes mots s'est installée dans mon répertoire.
Et bien que je sois sans moustaches,
A moi elle s'attache.
Et les soirs où je me sens vieux,
Lorsque j'ai le cœur à l'automne,
Elle insiste un peu pour que je la chantonne.
Alors ça va mieux.

Journées de veille de Toussaint. Pour ces jours du souvenir, je n'allais pas vous replonger dans les habituels "Points morts" des années précédentes. Il faut, parfois, faire la place à autre chose de plus vivant, de sortir des crises en thème et de tous les stress tests.

Danika, une petite philippine, était choisie symboliquement comme la 7 milliardième habitante de notre planète, ce weekend.0.jpg

Il faut apprendre à s'effacer plus facilement de la mémoire des vivants, de manière moins dispendieuse, comme dirait mon ami québécois.

Les vivants prennent, de plus en plus, la clé des champs lors des congés de la Toussaint. Pas moins de 100.000 candidats au soleil d’Égypte, de Tunisie, des Canaries pour ce week-end de pré-Toussaint. Un record d'affluence dans les aéroports belges.  Une envie de voir ce qu'il en est advenu après les révolutions? Je n'oserais pas le crier trop fort. Plus par peur d'un lendemain qui déchante et comme dernier baroud d'honneur avant le déluge de l'hiver.

Il faut ajouter que plusieurs météorologues néerlandais, britanniques et allemands s’accordent à dire que l’hiver que nous allons connaître allait être particulièrement rude. Un hiver de la mort, était-il dit sans honte des mots. Cela a fait sourire notre Monsieur Météo local qui lui, ne travaille pas avec une boule de cristal.

Des saisons plus marquées, moins tempérées comme de l'autre côté de l'Atlantique? Un Gulfstream qui nous aurait oublié?

Non, un weekend doux, sec avec une heure de sommeil en plus. La semaine suivante, rien de changé, toujours de la douceur.

Samedi soir, la télé montrait, au contraire, qu'une tempête inattendue de neige avait fait des morts et 2 millions de personnes sans électricité aux États-Unis. J'ai tremblé pour Pierre, lui qui n'aime pas trop les froidures de l'hiver.

Cela me rappelle un mois de mai, dans les grands espaces de l'Ouest américain. Un transit entre  Phénix, avec une température de 40°C et une escapade dans la neige au Séquoia Park qui suivait.

Contraste saisissant, aussi, entre mon petit pays avec une population concentrée sur peu d'espaces et la rencontre obligatoire avec une ville ou un village à seulement quelques kilomètres de distance l'un de l'autre.

Le 31 octobre, on fête Halloween au Québec.

Hallo Weem ou Hallo Wim, dirait-on plutôt, par ici, avec un accent flamand plus guttural.

Je le croyais du moins. Quelle ne fut pas ma surprise de rencontrer cette sorcière d'Halloween, perdue dans cette nature de l'Arboretum. Elle voulait rester incognito, mais à force de persévérance, elle a accepté de sourire pour se faire photographier. Je vous réserve la photo dans le lien en fin de billet. 

A chacun sa manière de voir et d'exorciser ses peurs. Petits ou grands.

Le matin du 1er novembre, coïncidence, ma radio, LaPremiere, parlait du Québec avec emphase dans son "Journal de l'évasion". On y décrivait le Mont Tremblant, le Massif de Charlevoix... avec de nombreuses précisions. Là, je croyais avoir entendu le nom de notre ville belge "Charleroi" avant de comprendre qu'il s'agissait d'une station de ski,  avec une vue imprenable sur le Saint Laurent. A donner envie.

Reparti pour une nouvelle chasse aux images au même endroit. Le soleil était revenu, avec un peu de brume. Qui sait, peut-être, y trouverais-je une cabane à glace et du sirop d'érable dont on parlait, au matin. Si, je n'en trouve pas, il me faudra les goûter, un jour, à Montréal. Ne brûlons pas les étapes.

Pierre aime les chansons ce jeudi. Moi, aussi.

Florent Pagny terminait sa nouvelle chanson avec une certaine ambition:


Rien n'est ordinaire en un seul exemplaire pour celui qui reste conscient des beautés de la nature et cela n'importe où.

De toutes manières, ce sera à consommer sans modération et Pierre n'en dira rien.

Je le connais, il aime partager... :-)

J'ignore si je suis arrivé à donner l'illusion d'un été indien.

C'était pourtant le but de mes photos de ces jours-là entre "Sol y Sombra". 

 

L'enfoiré,

 

Citations:

 

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