Point mort (02/11/2007)

43c7122e2a6a146006095b20cfaf7b5f.jpgUne fois n'est pas coutume, je me lance dans le "morbide". Non, ne me quittez pas.  Le magazine "Science et vie" du mois d'août 2006 a initié ma réflexion à l'époque. Alors, pardonnez-moi, car je n'ai pas péché et la balade ne sera pas nécessairement triste. 
N
ous avons eu comme d'habitude en cascade Halloween, la Toussaint et le jour des morts. N'était-ce pas le moment de faire sortir ce papier ?
J
acques Brel chantait à son époque : "Mourir cela n'est rien. Mourir la belle affaire. Mais, vieillir".

eacc5c25593d143636fc5a307d2485b2.jpgEtudier la mort comme se le proposait "Sciences et vie", n'est pas chose aisée. On sait d'où on vient, mais alors savoir où l'on va ? Personne n'en est revenu vraiment de cet espace-temps sans rémission. Le magazine se proposait de contourner le problème sous l'angle de la vie dans son entrée en matière. 
C
ela me rappelle, l'interview d'une dame d'un âge certain très perspicace et pleine d'humour, qui répondait à la constatation d'un journaliste :
-
 "Vous êtes apparemment en pleine forme, chère Madame"
-
 "Peut-être, mais je suis tout de même plus près de grand trou, que du petit d'où je suis sorti". 
Q
ue veut dire ce passage d'un état plein de mouvement à celui du calme plat ?
L
a religion n'a pas manqué d'y apporter "sa" vérité et "son" pourquoi. Et pourtant.

vieLa fête de la Toussaint, 1er novembre, vient de s'échapper en nous le rappelant par les visites aux cimetières même si les morts, eux-mêmes, auraient peut-être le lendemain pour être célébrés. 
C
hacun à son tour comme à confesse, est confronté avec le problème de prononcer l'"au revoir" final. Le jeune n'y pense pas malgré que plane toujours l'épée de Damoclès de la maladie ou de l'accident malheureux au-dessus de sa tête. L'aîné, au plus il avance en âge se posera des questions plus précises devant ce mur qui se rapproche à trop grands pas. 
L
e dernier souffle, le néant fascinent et font peur à celui qui n'a pas de foi et de convictions transcendantales. 
C
éder la place au suivant avec un héritage en "récompense" à l'avantage de celui-ci pousse la justice et la science à en définir les frontières de manière la plus précise possible. 
M
ais, qu'entend-on au niveau scientifique par mort cérébrale puisque le cœur n'est plus de rigueur pour affirmer le "passage" ? 
Q
uels sont les critères qui permettent de "fermer le couvercle" ? 
L
es points de "non-retour" que la Science se permet d'avancer pour délimiter le "vital" sont la respiration, le sang qui voyage dans les veines, purgé et oxygéné par le cœur, le cerveau qui donne son avis sans discussion après ses observations.

783b637292d0ad574e2679d11aab8501.jpgTrois minutes suffisent après l'arrêt cardiaque pour que le cerveau, qui décline cette fin de non-recevoir, se détruit de manière irréversible par manque d'oxygène. 
P
rocessus bien connu, maîtrisé au mieux des possibilités de la médecine. Enrayer le déroulement inéluctable et l'interrompre au plus vite a toujours été l'objectif de la médecine. Les moyens techniques de repérage et de correction du phénomène existent depuis un demi-siècle. 
L
e respirateur artificiel a apporté son soutien pour contrer le fil du temps et sa contribution surtout pour ne pas le briser. 
L
e pouls, le coup de dents dans le pied du croque-mort, la condensation de la respiration sur le miroir n'ont plus "le charme d'antan" pour déclarer la fin de l'homme sur la civière. 
L
'état du cerveau et les détériorations irréversibles qu'il a subit sont plus dans l'air du temps pour affirmer la cadavérisation du sujet. L'électro Cardio est de plus en plus remplacé par son homologue électro Encephalo. 
L
e coma n'est pas non plus le point final. Les comateux ont, de multiples fois, présenté une réactivité notoire. 
L
a complexité est bien plus grande qu'il n'y parait. 
C
hacun est toujours surpris que l'autre passe de vie à trépas. Personne ne veut croire à l'inexorable mort. Alors pour soi ?
E
tre sauvé in extremis n'est pas rarissime. Ce purgatoire peut très bien redescendre le "mal" heureux sur une terre bien ferme et cela après de longs mois, voire des années (Sharon en Israël n'en est qu'un exemple récent) après maladies ou sévices subis par ce corps victime des aléas de la vie. 
C
omme on ne sait rien de l'après, s'attacher à l'avant et à son changement progressif donne une approche sensée. 
L
'acharnement thérapeutique est la limite à ne pas franchir. Le reste est permis sinon obligatoire pour suivre les principes de l'ordre médical. Un état végétatif est pourtant déclaré comme insoutenable moralement. Après trois mois et au pire un an après un traumatisme, cet état de non conscience n'est plus facilement justifiable. Les diagnostiques ne sont pas exempts d'erreur mais il faut raison garder. 
L
es règles qui déterminent le moment fatidique est dépendant du pays et des législations en vigueur. 
M
ais dans la pratique, il y a beaucoup d'éléments à prendre en considération. Les suites de la mort sont parfois troublantes dans le monde resté vivant. N'avez-vous jamais remarqué qu'il y ait beaucoup moins de déclarations de décès pendant le week-end ou en fin de mois ? De plus, il y a un intérêt à connaître l'heure précise de cet abandon de la vie. Pour en trouver la raison, on touche un domaine sensible de l'héritage. Les banques sont fermées pendant le week-end, non ? De plus, un mois de pension en plus, ça compte... Savoir, qui a pris le premier ticket de sortie est d'une importance capitale pour les "toujours en place". 
Trop peu "populaire", la taxe sur la mort par les droits de succession semble aller dans la voie d'une réduction. Les pays anglo-saxons sont les initiateurs. La Belgique est un peu à la traîne ou à vitesses variables dues aux compétences régionales. 
"
Un quart d'heure avant sa mort, il vivait encore" déclarait, innocemment, Bernard de la Monnoye en parlant de La Palisse.

9f349e3b23f098a0604cf031e0799081.jpgNon, vraiment, ce n'est pas de la petite bière, la mise en bière, après la mort ! 
U
ne régénération des fonctions vitales n'est pas de la science-fiction. C'est seulement d'une résurrection dans le langage des gens de foi dont on parle alors. 
L
a transition vers l'"autre horizon" est en effet une mise entre parenthèses le temps nécessaire à la "régénération" pour ceux qui y croient. 
M
ais, pourquoi mourir ?
On pourrait dire sans trop se tromper que c'est inscrit dans les gènes et l'évolution. 
"
Un bébé n'est-il pas un condamné à mort ? " remarquait cyniquement ou placidement quelqu'un. 
L
es cellules sont programmées pour céder la place à d'autres et respecter un équilibre naturel entre ce qui doit être ou ne plus être. La mort n'est pas réellement programmée dans nos cellules mais est présente et intégrée en potentialité. 
L
'apoptose, la nécrose, l'autophagie, les télomères en dégénérescence sont les arguments, les catalyseurs, acteurs de la mort. La conception est suivie d'un suicide collectif des cellules après un temps normal nécessaire pour permettre la reproduction et la succession de l'espèce. L'apoptose, la dégénérescence naturelle des cellules pose le concept représentant les cellules qui en se divisant précipitent leur fin. 
L
'ADN subit des changements en neutralisant des enzymes de maintien à un rythme automatique. 
L
a sénescence est le côté négatif du processus d'annihilation. La gériatrie, la méthodologie médicale pour contrer une perte de mobilité et de l'esprit. Les radicaux libres jouent également un rôle important de trouble-fête dans cette mutation par l'usure de l'ensemble. 
L
a mort est là seulement pour sauver la vie et ne pas nuire à la reproduction. L'évolution sera son véhicule. C'est tout le prix à payer. 
C
eux qui ont frôlé la mort et qui en réchappent en se souvenant de ce moment, y voit le plus souvent comme un long tunnel avec une lumière au fond qui aveugle. Le NDE (en anglais : "Near Death Experience") ou l'EMI (en français Expérience de Mort Imminente) est étudié très sérieusement scientifiquement et semble être expliqué par un passage du rêve à la réalité, une conscience modifiée et d'une persistance rétinienne, énigmatique, captée par le cortex cérébral. 
L
e livre "L'après-vie existe" du Dr Jean-Jacques Charbonnier, en témoin éclairé, en parle de cet étonnant voyage dans l'au-delà. Anesthésiste, loin d'être farfelu, de la région de Toulouse, il raconte ce qu'il a vécu. Lors de ces expériences, toujours la même séquence événementielle, indépendamment de la culture, de la religion et de la philosophie de la personne : la sortie du corps, une impression de bien-être extraordinaire, le tunnel et la lumière au bout. Le roman de Marc Levy y touche avec originalité "Et si c'était vrai". A cette extrémité, des effets paranormaux se produisent: la précognition (deviner le futur proche) et la rétro cognition (vision de la vie passée en accéléré) en parfaite télépathie avec son entourage. 
A
u retour, une fois le point de non-retour franchi, des pensées arrivent très claires à ces voyageurs de l'impossible. Le comble est que l'état comateux est tellement confortable que l'envie d'en revenir n'est pas automatique et demande une motivation. Le paranormal perdra peut-être sa particule "para" dans le futur. Sans ajouter une "couche religieuse", rien ne prouve que la "vie" s'arrêterait après la mort. La "carrosserie" de notre corps serait-elle dissociable du reste dans la longueur de vie ? Ambitieuse rêverie qui ne fait pourtant plus rire les autres médecins. 
A
ux enfants, on explique ce passage par le fait que cet homme étendu sur le lit aurait oublié de respirer. 
D
es romans de science-fiction n'ont pas manqué pour inspirer une vision de ce qui se passerait si notre monde s'épaississait de couches de plus en plus nombreuses de population dont l'âge ne progresserait plus mais qui continueraient toujours à procréer. 
L
'eau de jouvence ne permettra jamais rien de plus que de mettre un baume ou un masque filtrant (ce qu'elle fait très bien, photos à l'appui) sur les affres des heures, des jours et des années. 
M
ais, c'est une des plus grandes différences aussi entre l'animal et l'homme. L'animal se protège et se défend pour conserver la vie par instinct de conservation, il n'en connaît pas les limites. L'homme, lui, se prépare très vite au grand voyage tout au long de sa vie en parfaite connaissance de cause. Les assurances vies ne sont qu'un exemple du tableau "sombre" mais bien "réel" qui témoignent de cette reconnaissance. 
N
'est-ce pas une chance qui nous est offerte ?
N
e pas perdre son temps en balivernes, en mauvaises appréciations de ce qui est important. Voilà une réflexion sensée.

vie

Faut-il avoir peur de mourir, même si c'est intuitif et d'instinct naturel ?
I
l faut se rappeler que ce passage est là parce que tout a une fin, tout simplement. 
S
i l'on rappelle ce que nous farcissent les religions, de ce qu'en leur nom, certains en poussent d'autres à faire le pas décisif, pour constater lors de cette fin, qu'il n'y aurait rien, on pourrait penser que ce serait une fameuse arnaque. 
M
ais, enfoiré, je ne pouvais vous laisser sur une note aussi paisible et si peu originale. 
A
lors, allons-y, changeons de registre. Devant le bout de chemin, encore une fois, pourquoi trembler ? Ne serait-ce pas peine et temps perdus quand on pense aux Mayas, ces grands astronomes, ces grands mathématiciens avant l'heure. Je parlais d'eux dans "Mailles à partir avec les Mayas". Dans leurs calculs d'extrapolation savante, les Mayas, grands sages, avaient calculé la fin du monde le 21 décembre 2012 représentant la fin d'un cycle de 26.000 ans et l'arrivée d'une grande Transition vers l'âge Itza. 
S
i cela était vrai ? Pas trop de peur à avoir. Ils connaissaient les cycles et un cycle en cache toujours un autre. Quand, on reconnaît enfin que l'homme a fait "quelques" erreurs de jugement dans son environnement et ses manières très autodestructrices...

vie

Il faudrait diablement se dépêcher d'en profiter un fameux brin car cette date, ce n'est vraiment pas très loin. Non?
E
t puis, encore "non", il faudra surtout penser à contrecarrer cette prédilection. 
Halloween, Hallo Ween, es-tu encore là ? Peux-tu revenir encore quelques temps et nous faire peur comme tu sais si bien le faire pour s'éclater de rire ensuite ? 
L
es parents sont couchés. 
Mourir de rire ? Au moins, ce ne serait pas mourir pour rien.

 

L'enfoiré,

 

Un article d'un collègue blogueur:  'Vivre avec la mort". et un autre

 

Citations: 

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