Le Syndrome de Eriofne (03/02/2018)

0.JPGPour ceux qui l'ignorent encore, "Eriofne" est "enfoiré" en verlan.  Une anagramme, quoi...
C
hercher le mot de "enfoiré" sur Google m'a toujours fait sourire.
L
e mot "Eriofne" reste lui par contre, inconnu.
C
'est presque déjà un point dans la loi de Godwin.
C
ette loi qui, d'après sa définition, s'appuie sur l'hypothèse selon laquelle une discussion qui dure peut amener à remplacer des arguments par des analogies extrêmes.
C
'est exactement à cette loi que je prétends m'atteler depuis 13 ans sur ce blog avec un certain surréalisme mêlé d'humour. 

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Pourquoi Syndrome ?

- Bonjour Eriofne. Pourquoi le mot "syndrome" dans le titre de ce billet ?1.JPG

- Syndrome est à prendre dans des circonstances d'écart à la norme qui ne sont pas nécessairement pathologiques. Étymologiquement, ce terme signifie "conjonction" ou réunion d'éléments distincts.
L
e livre "Syndrome de Garcin" de Jérome Garcin, m'avait inspiré ce titre. Jérôme Garcin considérait sa lignée de médecins comme des "gens biens". Non médecin, lui-même, il faisait exception dans la lignée. Écrire, c'était pour lui prolonger des vies d'une dynastie médicale.
-
As-tu une dynastie familiale ?
-
 Aucune dynastie ni médicale ni familiale à mettre chez moi en exergue... Un simple challenge de sortir des sentiers trop battus...

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Pourquoi Eriofne?

- Avant la signature était "L'enfoiré" et depuis deux ans, "Eriofne" ?
-
 Tu connais Janus. Le dieu romain des commencements et des fins, le dieux des choix, du passage et des portes, une face tournée vers le passé et une autre vers l'avenir. Il oppose deux idées en écho l'une de l'autre. Si les articles sont signés "Eriofne", les commentaires que j'y ajoute, restent signés "L'enfoiré". Ce qui permet parfois une possibilité d'y apporter un complément opposé ou antagoniste.
-
Cela veut dire que tu es sans conviction et en finale une girouette ?
-
Cela veut dire beaucoup d'autres choses. Que je suis généraliste. Que ma devise est "Tout est dans tout et réciproquement" qui mène à l'éclectisme des sujets traités. Que je reste ouvert comme un scientifique qui sait que rien n'est immuable. Que je suis autant "new-wave" que "vintage". Que je suis un fana de la théorie des ensembles et qu'il faut comme la "transformée de Joseph Fourrier", dont on parlait ce matin podcast, trouver la substantifique moelle parmi les points des dits ensembles. Qu'il y a des jours avec et des jours sans. Que si plusieurs billets rappellent mon passé, ce n'est pas pour l’encenser. Que je revendique de faire des erreurs de jugements ou d'appréciations...
T
u vois que cela peut être paradoxal mais c'est étudié pour le devenir, mais il ne faut pas y chercher une bipolarité. Ce serait manquer tellement de nuances entre L'enfoiré et Eriofne. 

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La  pérennité du blog 

1.JPG- Pourquoi et comment ce blog existe-il encore après 13 ans, alors que la plupart sont disparus ?

 - La fougue des blogs est passée. "Autocritique des blogs et des intellos" l'expliquait. Ce blog est écrit comme un journal personnel, en passeur d'idées peut-être mais sans ambition de révolutionner quoi que ce soit. Ce n'est pas du "speed dating". Mais c'est une façon de vivre en souplesse en connaissance de cause avec le moins de stress possible.
"Personnel" signifie que quand on travaille pour soi, on prend un soin particulier à le faire bien, que l'on n'en attend rien d'autre.
Qu'on y vienne lire, j'en suis fort aise. Qu'on n'y vienne pas, je n'en serais pas fourbu d'émotions pour autant.
Cela peut être pris pour de l'égotisme et de l'individualisme.
"Le regard des autres n'aide pas à grandir sa vie", disait le psychanalyste jugien, Guy Corneau qui est mort il y a un an.
"Souvenirs d’égotisme" est une œuvre autobiographique de Stendhal, restée inachevée et qui a été publiée à titre posthume bien après sa mort.
0.JPGLe magazine "Psychologies" contient quelques articles en relations avec ce qui se dit dans ce billet. 
1er sujet: "Nous ne sommes pas assez narcissiques". Nous n'utilisons pas assez le "JE" pour affirmer nos convictions en prenant des risques". La légende de Narcisse explique la nécessité de se rencontrer et de s'accepter".
Fabrice Midal l'écrit dans son livre "Sauvez votre peau. Devenez narcissique
Rien à voir donc avec la perversion narcissique basée sur la séduction et l'ego.

Dans ce but, depuis octobre dernier, l'email de news mensuelles que quelques personnes recevaient, n'est plus envoyé et est remplacé par une inscription volontaire des lecteurs qui le désirent.

2ème sujet "Tenir un journal" en tête à tête quotidien avec soi comme un carnet de bord pour se découvrir, se révéler et y coucher ses émotions positives ou négatives. Écrire fait du bien dans un roman à portée existentielle pour mettre de l'ordre dans ses pensées sans avoir un objectif de Prix Goncourt pour autant. Un journal intime est comme un sismographe de l'âme, libérateur avec une porte ouverte nécessitant un travail d'élaboration de la pensée. Il fait son chemin de l'introspection à la réflexion. 
J'écris pour moi donc je suis. Par l'exercice d'un entraînement mental au "bien-être".
Fin de citations. Ce que je peux conclure, c'est que le temps est passé à une allure insoupçonnée avec ce journal.
1.JPG- La plupart des rédacteurs forumeurs ou blogueurs espèrent un retour sur leur investissement personnel en suivant l'actualité.
- C'est vrai. Ils veulent se créer une plume. Quand la notoriété ne vient pas, qu'ils ne voient personne derrière la lucarne pour lire leur bijou d'écriture, alors déçus, ils disparaissent des radars ou changent de crèmerie.
Je ne suis pas uniquement l'actualité, je tente de la précéder en fonction des mouvements qui se trament derrière des idées préconçues.
- Un tel esprit, c'est risquer ne pas être toujours bien vu,
- D'accord, mais il apporte la liberté presque totale qui sans devoir plaire, donne l'opportunité d'aller à contre-courant podcast. C'est "être "space" comme on dit et parfois jouer à l'avocat du diable à tester l'objectivité par la subjectivité. Le talent est d'appliquer l'esprit critique à ses propres œuvres. Le génie pour les autres est d'oublier leur sens critique primaire.
- Le 31 décembre, j'ai reçu un email de bilan de ta part. Je suppose que je n'étais pas le seul. Je n'étais pas impliqué mais, j'ai trouvé l'initiative intéressante.
- Ce bilan a été envoyé à quelques personnes impliquées ou non. Ma retraite a sonné depuis dix ans. Depuis, il me faut entretenir la tête et les jambes. Je n'ai pas cessé de jogger et de produire des billets hebdomadaires. La partie active de ma vie rémunérée est passée. Cette fois, j'écris à titre gratuit. Un titre de journal récent disait "la moitié des 55+ travaillent en Belgique, mais ce quotient reste en-deçà des Allemands et des Néerlandais". C'est dire qu'il faut pousser l'effort d'un cran supplémentaire par l'imagination pour occuper son temps. Mon hyperréalisme de hier peut très bien se marier au surréalisme d’aujourd’hui. 
Comme le dessine Nicolas Vadot, c'est la saison des breloques artistiques mais je ne les ai plus à rechercher. Les Awards de hier n'existent plus. Je n'ai plus rien à prouver.

0.JPG

- "J'ai oublié de vivre" chantait Halliday. Vivre sa retraite, c'est rêver, se relaxer, voyager et que sais-je. Écris-tu alors pour le show ?
- Écrire, c'est aussi un passage d'expérience dans la course relais de la vie comme un autobiographie maquillée.
Mais c'est vrai, parfois, ce qui est considéré comme du show peut correspondre aussi à un arrière-plan positif comme pour les Enfoirés qui font le show tous les ans.

- La méthode de L'enfoiré, cela fonctionne comment ?
-
 Par analgammes...
-
Tu veux dire d'amalgames ?
-
Non, d'analgammes. De gammes qui proviennent d'où on ne les espère plus, de haut en bas. J'explique.
D
ans l'email bilan des "Réflexions du Miroir", surréalisme et allusions s'y cachaient à tous les coins de phrases pour mettre en lumières les différences de manières de penser et de réagir à des situations particulières.
D
ans un forum français, le rédacteur d'un "nartic" peut être à la base un jeu de dupe à poker menteur suivi de commentaires qui ne l'est pas moins. Pour réagir à une situation typiquement française, c'est chercher une solution une fois sur un pied et puis sur l'autre sans jamais se sentir à l'aise.
A
lors, avec humour, les "Droits de l'Homme" deviennent des "Droits de l'Ohm" (unité de résistance).
P
uis, tout à coup, un billet qui hésite entre pamphlet, billet d'humeur et d'humour..
-
Tes textes sont longs et on n'a plus trop de temps de lire.
-
S'il faut du temps pour lire, il en faut peut-être bien plus pour l'écrire. La forme du tweet ne m'intéresse pas. Mes analyses sont pour certains des logorrhées. J'aime les logorrhées appuyées sur plusieurs sources et médias, lus, écoutés ou vus. Mes "logorrhées" peuvent être lues en quelques minutes ou quelques heures selon le temps dont on dispose. Elles peuvent être enrichissantes en dehors du texte lui-même.
Q
uand on est à la retraite sans enfants et ainsi, sans petits-enfants, on n'a pas l'esprit de famille et on comble les trous d'air par tellement d'autres choses comme un travail solitaire de l'écriture. L'écart de temps devenu ainsi disponible est abyssal comme les expériences.
Deux billets d'autres magazine "Psychologies" parlaient du choix d'une vie avec enfants ou d'une autre à ne pas en avoir.
I
l ne faut surtout pas y rechercher des vérités dans ce choix. Il n'y en a pas sinon de dire que le moule est cassé. Ce n'est pas mon suivant qui endurera ce que notre génération a produit d'environnements dégradés. Pas de transhumanisme à coups de singularité.
Q
ue de correspondances n'ai-je pas eu à ce sujet ?
U
n autre billet du dernier magazine Psychologie parle de la visite d'une Brigitte chez un psychiatre : "Je ne parviens pas à avoir d'enfants à cause de mauvaises relations avec ma mère. Cela me donne une impression que mon cerveau a pris le contrôle de son corps pour le dérégler".
Q
ue répondre à cela ? Le cerveau n'a rien à y faire. Si ce n'est que si un enfant ne vient pas, pourquoi ne pas procéder à une adoption ?   

..

La polémique

- Souvent tu recherches les oppositions musclées, voire la polémique.
-
La polémique du grec πολεμικός, polêmikôs « disposé à la guerre », désigne surtout une discussion, un débat, une controverse qui traduit de façon passionnée, des opinions contraires sur toutes espèces de sujets.
L
e mot "cynique" a été utilisé dernièrement à la suite des maximes de Philippe Bouvard. La question s'est posée si le blog était humoristique ou sarcastique. A laquelle, j'ai répondu "peut-être les deux" en fonction de la susceptibilité de chacun.
-
Ouais, mais n'y a-t-il pas d'autres solutions ?
-
Y a-t-il, aujourd'hui, une autre façon d'être critique de manière salutaire sans passer par la polémique pour faire réagir les gens ? Exorciser les démons en nous, c'est de la polémique. Elle a toujours existé, mais elle fait l'objet d'emplois multiples. En politique et sur les réseaux sociaux, tout peut le devenir. Le 21ème siècle est le siècle d'Internet, de la virtualité des idées et de la sortie d'une série de coups bas sous cette forme. Faire exploser la maxime "ceux qui se ressemblent, s'assemblent" n'est pas rare. L'électricité démontre que quand un "+" rencontre un autre "+", les pôles se repoussent. Même chose avec les rencontres entre deux personnes trop semblables. Quand elles n'apprennent rien l'une de l'autre, elles cherchent une échappatoire.
-
Ne faisons pas de physique chez les humains. Ne serait-il pas mieux de se parler que de s'écrire ou de se parler en s'envoyant des mots d'oiseaux ?
-
 (rire) Tu as raison. Si avant, on se parlait autour d'une table de conversation même si cela créait parfois de la bave au comptoir comme pour le bébé, c'était aussi prendre des risques de propager la rage. Dans la virtualité, c'est plus sécure. Ce sketch sur la bave de la série des "Tu mourras moins bête, mais tu mourras quand même" que j'aime, n'est pas innocent.

- De quoi pouvons-nous parler encore sans créer de polémiques ?
-
 Aujourd'hui, parle du temps qu'il fait. C'est cool, cela ne change rien, mais cela fait passer le temps. Nos polémiques "à la belge", je les ai parfois appelées des histoires bilingues entre "Pol et Mieke". Oser lancer des pavés dans la marre est une question de caractère pour comparer les pensées et ne pas se faire bouffer par elles. Elles permettent de briser les certitudes par les controverses. Il y a autant de vérités que d'humains sur Terre suivant l'inné et l'acquis de chacun. Quoiqu'on puisse dire ou faire, on est toujours l'enfoiré de quelqu'un. 

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L'insulte

0.JPG- Du moment qu'un contact reste courtois, pas trop de problèmes.
-
Détrompe-toi, cela peut virer à l'insulte sur les réseaux que l'on dit sociaux.
D
ernièrement, un rédacteur mathématicien signalait un gars qui à toutes les idées différentes des siennes, insultait ceux qui les proféraient.
D
ans ce cas, la réponse adéquate est de toujours de garder la tête froide et de répondre par l'absurde pour déstabiliser l'adversaire.
C
e n'est pas l'insulte qui est le plus important, mais la manière la plus adaptée pour y répondre.
I
l a exercé son droit de réponse et je répondais à son droit de réponse (lien).
D
égouté, l'auteur du billet dénonciateur du départ s'est sabordé, a supprimé son compte et abandonné Agoravox.fr. Disparu, corps et biens.
Q
ui a perdu ?
L
a démocratie. Quand je disais que la polémique agit à tort et à travers, l'insulte n'est jamais la bonne réponse.
-
 L'insulte, fait-elle toujours partie du jeu ?
-
Ben parfois, que veux-tu ? C'est du machisme à l'état pur. L'insulte est puissante et universelle. Tu te rends compte, si la polémique existe jusque dans les paroles du rap de Damso qui est choisi pour représenter les Diables rouges au Mondial, c'est qu'il s'y cache un peu d'insultes pour quelqu'un. Mais le bouclier de la liberté d'expression est là pour l'accepter. Dans la semaine, le réalisateur Ziad Doueiri est passé sur ARTE. Il perdit le contrôle dans une dispute avec un Palestinien auquel il a dit « Ariel Sharon aurait dû vous exterminer »..
I
l le raconte dans son livre "Insulte" qui est devenu un film.


Dans l'excitation, l'insulte apporte la preuve d'un manque d'argumentation.
L
es excuses sont des réflexes tardifs. Le pardon sera-t-il sincère ou un nouvel outil de communication ? Question bête et méchante.
-
Charlie Hebdo avait choisi le sexe comme base principale de ses caricatures.
-
Et tu sais qu'aujourd'hui, on est redevenu très prude et le sexisme ne fait plus rire.
A
lors, il faut trouver autre chose de moins banal en prenant des risques calculés pour ne pas se retrouver dans une voie de garage sans issue.
- Je préfère lire un bon livre que de me fourvoyer sur un forum.
-
Bonne idée. Excellente, même. Un livre papier même écrit sur Internet, c'est aussi un forum entre son écrivain et moi-même. Avec un livre, tout comme Facebook, l'écrivain jette une bouteille à la mer qui n'arrivera peut-être jamais à quai. Ce sont les vibrations apportées par les lecteurs et leurs critiques que l'écrivain se dit qu'il a pris la bonne voie ou non.
-
Cela ne te dérange pas l'esprit. En pensées, je reste à 180° des polémiques et des insultes et souvent aux tiennes, d'ailleurs.
- On peut se retrouver sur une voie opposée à ces 180° de celle d'un interlocuteur, mais, à mon avis, il faut garder un respect mutuel et rester soi. Sinon la relation se ternit si elle reste insultante.
L
e rédacteur Pierre se posait la question si les nouvelles sont truquées en « Fake News » ou en informations dérangeantes « Disturbing Information » ?".

- Les 'fake news' sont à la m0.JPGode.
-
 Et, pour contrer cette mode, il faut remonter à leurs sources, les contrebalancer, les laisser décanter pour les désintoxiquer. Cela demande du temps et beaucoup de jus de chaussettes, un peu analgammées. Les retours de flammes sont prévisibles et à assumer.
Être harcelé est devenu très courant dans l'environnement médiatique qui intime des convictions propagandistes. Les médias officiels, eux, fournissent le bout de la pelote de laine qu'il faudra débobiner pour décider si on reste en accord avec le choix et la couleur de la pelote. En manque d'humour, cela peut dériver dans des phases d'indigestions.
-
Est-ce toujours une indigestion ?
-
Non, mais, tout dépend de la susceptibilité de l'interlocuteur car une remarque banale suffit pour faire dévier une entente cordiale.
U
n jour, une de mes remarques fut considérée comme une "provocation personnelle et gratuite". Le billet "Le rituel est bien moins étendu dans le virtuel" fut ma réponse contenant l'objet de la discorde dans son entièreté. Un copain, aujourd'hui, disparu, au pseudo de Sun Tsu, m'y avait défendu...
-
 Waww.. Quel bel hommage de Sun Tsu pour l'enfoiré à relire en période de dépression  Tu as probablement complété avec ton humour obsessionnel avec une sortie ironique, sous forme de vanne..
-
 Oui, un peu de ça . Il faut se rappeler que les mots compliquent plus la pensée qu'ils ne la simplifient. Expliquer, commenter, justifier peut être difficile comme l'essayait JCVD dans son interview. C'est dire qu'il faut apprendre de ses erreurs, de ses oppositions idéologiques et ... de ses ennemis.
L
e conditionnement pavlovien par les stimuli différencie les réactions automatiques du conditionnement opérant.
-
Ton "email bilan" ne parlait pas que de ça...
-
 Je le commençais par citer les différentes techniques dans un commentaire "comment l'humour peut se pratiquer". Tous les ressentiments pourraient se guérir par l'humour compris comme tel. .
-
Ce n’est pas de l’humour çà? C’est jeter en pâture des personnes en souffrance ! La population est friande de ces déballages car ça leur permet de se persuader qu'eux-mêmes ne sont pas malheureux. Le "panem et circenses" de la plèbe romaine n’est rien à côté de ce déballage. Je trouve que c’est bien plus perfide.
- D'accord pour la perfidie. Mais le "joke" fait rire le public, donc c'est, quelque part, gagné. Dans un de tes exposés, essaye d'en accrocher un 'joke' en finale, ce sera lui que ton auditoire retiendra pour sûr. Accepter la dérision et surtout l'autodérision sont des armes de maturation massive. L'intelligence n'est-elle pas de comprendre que les contradictions sont profitables et de ne pas se sentir heureux en étant applaudi ? 
-
Dans ce bilan, il y avait plusieurs autres points.
-
Quelques banalités de l'histoire rassemblées au hasard de rencontres qui disaient : Que la politique est une grande sauterie qui se partage entre une gauche toujours trop gauche et une droite maladroite. Que monter sur un podium peut être grisant, mais devient beaucoup plus difficile dans la durée. Que les regrets sont une perte de temps infinie mais nécessaire pour ajuster un tir imparfait. Que des sketchs du style de la bave qui précède peut faire redescendre la température et les folies vengeresses de leur piédestal. Que le savoir apporte indéniablement le pouvoir.
J'ajouterais que le savoir le plus intéressant est celui qui n'existe pas encore.

- Une émission de la télé flamande poussait même le bouchon au fond de la bouteillepodcast. Des banalités qui ne le sont pas nécessairement à ranger parmi les objets trouvés. Quelle est ta position vis-à-vis de la solidarité ?
-
 Toutes compétitions commencent avec soi-même avant de s'opposer aux autres. Cela veut dire que mon intime conviction est que pour être efficace dans la solidarité, il faut avoir un caractère fort pour soi-même.

- Comment répondre à une situation oppressante d'oppositions ?

0.JPG- En s'adaptant au mieux à elle, en s'acclimatant à toutes situations par une immunologie caractérielle.
-
Difficile, cela. Je suis fataliste et sensible.
-
 J'aime le hasard mais pas la fatalité. Probablement une déformation professionnelle en souvenir d'une époque parmi les "Company men" et qui s'est introduit en moi comme un virus. Elle m'avait toujours obligé à tout tester pour comparer et correspondre à un cahier des charges fixé du départ à la fin du projet. Tout devait être prévu pour ne pas devoir assumer des erreurs après coup. Écrire et coder, c'est ce qui prenait le moins de temps dans un projet.
-
Le virus s'est propagé mais je ne pourrais pas résister à cela, je reste généreux.
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 La générosité, c'est peut-être bien socialisant. Mais comme disait Lao Tseu "Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toute sa vie". Aujourd'hui, il faut entrer dans une danse de Saint Guy qui dit qu'après avoir été contaminé par un germe, cela développe un rhumatisme articulaire.
-
Comment apprendre à pêcher et quel poisson pêcher ?
-
 En s'armant de patience, en testant les situations les plus improbables, une par une, pour trouver "la" bonne solution. Tester permettait de débusquer les erreurs de "design" par jeux d'essais modélisés.
L
es reconstitutions d'un meurtre se font après celui-ci. La proactivité se fait avant que le meurtre se produise.
-
 Dans ton "à propos", tu dis être un buvard de l'info...

0.JPG- C'est vrai mais le buvard devient vite une éponge qu'il faut presser pour éliminer les idées préconçues et trop fixées. C'est dire qu'il faut être mécréant de tout sans prendre tout pour argent comptant. Les expériences se construisent par des succès et des échecs.
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Tout cela me donne du stress...
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Au départ le stress existe peut-être, mais, ensuite, le stress s’estompe quand tout est bien défini, structuré et parait viable du début à la fin.
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Mais, tout n'est pas prévisible.
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 Bien sûr, mais tout peut être envisagé pour éviter les dérapages incontrôlés. Quand tout est prévu de manière la plus complète possible, plus besoin de thérapie antistress pour trouver la zénitude et supprimer le mal-être d'un échec ou l'enthousiasme d'un succès en "clé sur porte".
-
Il faut aussi de la mémoire, je suppose pour retenir les deux et éviter les récidives.
-
Évidement. Il faut surtout connaitre la force de son cerveau et le réactualiser en permanence. Cela même en perdant un peu la mémoire au passage. La mémoire devient morte bien plus rapidement qu'auparavant. Seules les anecdotes referont surface comme souvenirs de joies et d'échecs.
L
a mémoire, ce sont les machines qui par le big data, s'en occupent beaucoup mieux que l'on ne pourra jamais le faire.
I
driss Aberkane a écrit "Libérez la mémoire". 

..

La fiction et l'imagination

- Ok. Est-ce toujours la seule alternative dans l'écriture ?
-
 Non, bien sûr. Il y a aussi la fiction dans laquelle les machines ont encore du mal à s'imprégner. S'absorber dans la peau de personnages d'un roman avec l'imagination en porte-bagage, permet déjà de trouver la zénitude. La fiction permet de faire des écarts à la vérité nue et de contrer l'imparable par une indépendance imaginative.
L
a fiction peut avoir le goût de l'humour salé, sucré et poivré sans être caricaturale par l'imagination.
C
ette semaine, ARTE présentait Regis Joffret et son livre "Microfictions 2018" qui parlait de 500 histoires sombres du quotidien, toutes autres vies que la sienne avec une imagination fébrile.

Régis Jauffret proposait la lecture d'une microfiction par jour et quand le lecteur serait arrivé à la fin après 500 jours, de recommencer un nouveau cycle au début du livre.
5
00 fictions de toutes les vies à la fois, me paraissait bonne.
D
es histoires courtes d'un peu plus d'une page, classées par ordre alphabétique, sont presque dans l'air du temps. Pas trop de personnages à retenir, aucune suite entre eux. Rien à retenir de chapitre en chapitre.
C
ela se lit en vitesse par exemple, en attendant dans une salle d'attente de votre médecin s'il manque un Reader Digest ou un magazine people sur la table.
"
Une forte imagination produit l'événement" disait Michel de Montaigne. "L'imagination est plus importante que le savoir", précisait Einstein.
"
Just my Imagination" un hommage à Dolores O'Riardan, décédée récemment à l'âge de 46 ans

 

1.jpg - Tu aimes les critiques et tu dis être solitaire mais pas ermite. N'est-ce pas paradoxal ?
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Non. C'est un désir d'indépendance mais mettre en copie quelqu'un dont je parlerais dans un dialogue, est une forme de politesse pour que ce quelqu'un ait son droit de réponse. Il reste tout aussi nécessaire pour les deux interlocuteurs initiaux pour ne pas se construire des idées fausses.
-
Ce n'est pas ce qui se passe généralement dans les contacts en privés.
-
 J'en conviens. Les apartés entre "copains" font partie du décorum. Vouloir sa solitude face à toutes les sollicitations des réseaux sociaux. Un livre est une rencontre avec la jubilation d'être soi comme d'une bénédiction qu'apporte le jogging, la marche en solitaire. C'est une cure pour s'échapper du tumulte, pour effacer la tyrannie de l'excès de communications. Un jogging en pleine nature et pas sous forme de fitness sur tapis roulant avec le mur comme avant-plan ni en groupe dans des parcours fléchés, c'est garder un œil intéressé sur ce qui se passe autour de soi, en prendre des notes au vol. Notes qu'il faudra ensuite, mettre au net dans la solitude de l'écriture.

0.JPG- La séduction dans les rapports à la recherche d'amis, n'est-ce pas ce que recherchent les réseaux sociaux ?
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 Oui. La séduction est un jeu. Je reçois presque tous les jours des invitations sur les réseaux sociaux. Je n'y réponds pas puisque je ne suis pas sûr que ce soit l'auteur qui l'envoie. Quant à la séduction virtuelle, elle est un leurre sanctionné par un compteur imaginaire du désespoir. Elle n'apporte aucune compensation dans la longueur du temps. Le "paraître pour être" s'embourbe dans des obligations avec la polémique en poil à gratter. Comme des enfants, les Facebookers y ajoutent une couche indélébile dans l'immédiateté de la com obsessionnelle pour entrer en principe dans un "club de gens biens".
-
Tu n'aimes pas ce qu'on appelle le "politiquement correct".
-
 J'ai la passion de l'absence de tout cela. Même sans prétention, elle peut mener à une mauvaise e-réputation.
Écrire parfois des choses que je ne pense pas vraiment, c'est pour moi, pousser la balle de test de résistance d'un interlocuteur.
C
omme dit PE: "Être dans l'opposition, c'est le 4ème pire métier du monde"podcast.

Les rencontres sont parfois cérébrales et parfois sentimentales, c'est selon l'interlocuteur et les idées qu'il lance... Mais je le préviens toujours... J'affiche dans un coin de la lunette arrière de ma voiture, une mention "ERIOFNE".
-
 Une personne "cérébrale" appréhende le monde par l'intellect - de façon abstraite et théorique et a toujours besoin de comprendre le pourquoi du comment des choses pour être convaincue. Constater que "c'est comme ça" ne lui suffit pas. Elle a besoin d'aller plus loin et a tendance à tout remettre perpétuellement en question. Elle est dans la réflexion.
U
ne personne tant "émotionnelle" que "sensuelle", est plus concrète et plus pratique dans son approche. Le "quoi" et le "c'est comme ça" leur suffisent. Le "pourquoi" et le "comment" l'indiffère. Seul compte éventuellement le "que faire" à partir du "quoi". La personne émotionnelle est dans la contemplation. La personne sensuelle est dans l'action.
-
 En partie, d'accord, si ce n'est que l'action dans l'émotion n'est pas sûre d'aboutir au bonheur. Le bonheur arrive dans la sérénité d'esprit et pas suite à des palpitations du cœur. Le rendement de celui-ci est très mauvais et sa pompe s'use très vite. 0.JPG.
Dans ses livres, Jean d'Ormesson,  avec des yeux pétillants, exprimait toujours le "politiquement correct" soutenu par son Dieu..
I
l finissait son dernier livre post mortem "Et moi, je vis toujours" par ces mots : "Ne me jugez pas trop sévèrement. Je vaux mieux que ces souvenirs lacunaires et aléatoires qui, non contents de s'emparer de ma voix, ne constituent, en dépit de mon ambition, qu'un livre de plus parmi d'autres". Je terminerai par le Café serré de Thomas Gunzig de mercredi qui proposait de nettoyer la radio des journalistes qui ont des opinions et qui avaient eux "l'audace" de l'exprimer en sortant de leur rôle d'objectivité et de neutralité journalistique:  podcast

Jean ne connaissait pas l'appli "Replika" qui aurait pu prendre sa place à sa mort. 

0.JPG

Le livre de Philippe Bouvard était plus mordant.
C
ar en finale, écrire pour écrire dans l'unique béatitude, cela ne fait pas avancer le schmilblick.
D
estiné à un public en détresse, ce logiciel écrit en IA joue la carte de l'empathie. Mais, a-t-on vraiment besoin de discussions purement consensuelles pour être "heureux" ?
U
ne question ouverte en fonction des affinités de chacun.
Qu'en déduis-tu ?
-
 Méfie-toi




 - Tout à fait d'accord avec cette vidéo.
"
J'ai peur de beaucoup de choses invisibles et je défie tout le reste. Pas de limites", disait Charlotte Rampling interrogée pour son film "Hannah".
E
n 1956, Tolkien expliquait ne pas être démocrate « uniquement parce que « l’humilité et l’égalité » sont des principes spirituels corrompus par la tentative de les mécaniser et de les formaliser, ce qui a pour conséquence de nous donner, non pas modestie et humilité universelles, mais grandeur et orgueil universels".
S
on livre "Secret Vices" est une bonne entrée en matière.
M
erci pour cet interview...

 

Eriofne,

..

1.JPG3/2/2018:  8ème cérémonie des Magritte du cinéma. Les nominés des films sont "Chez nous", "Dode hoek", "InSyriated", "Noces", "Paris pieds nus" en font partie.

Ce serait une occasion de constater si on plane ou si on a atterri quelque part.

And the winner is: "InSyriated".

Mais les Magritte, dits par le Cactus cela devientpodcast

 

 6/2/2018: "Ni juge ni soumise" de la juge belge d'instruction et accessoirement de Strip Tease

"DANS L’INTIMITÉ D’UNE JUGE HORS DU COMMUN" La juge d’instruction ,Anne Gruwez au, cours d’enquêtes criminelles et d’auditions.

 13/2/2018 : PE parle de la polémique et du bonheur en visant un JT en 2015.

 07/11/2018 : Thomas Gunzig dit que tout est une question d'étiquette: podcast

29/10/2021 : Le crime de lèse majesté est remis en question
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