SJTN, une commune des extrêmes d’entrée de jeu (10/11/2018)

0.JPGSamedi dernier, à bord de mon vélo, j'ai eu l'envie de jeter un coup d’œil sur une des dix-neuf communes de la Région de Bruxelles-Capitale, sa plus petit commune: Saint-Josse-ten-Noode.

Comment la fusion de communes belges a-t-elle laissé un tel "confetti"?

Question que je me suis posée à la vue d'une série de planches affichées devant la Maison Communale de la commune.

Aujourd'hui, avec une présence musulmane majoritaire marocaine et turque de 49,3 %, la commune devient l'endroit où l'on compte le plus grand nombre de musulmans en Belgique. Pourcentage qui dépasse celui de Molenbeek-Saint-Jean dont le nom a dépassé les frontières à la suite des affaires de terrorisme.

 
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Son histoire

0.JPGLe village de Ten-Noode apparaît au XIIIe siècle, comme Ixelles, entre les paroisses d'Uccle, d'Etterbeek et Sainte-Gudule à Bruxelles.

À cette époque, à l'exception de la vallée du Maelbeek et du Schaerbeek, on n'y rencontrait que des champs à peine cultivés à cause de la mauvaise qualité du sol trop sablonneux.

De là le nom Nude, Noede, Oede, qui signifie « besoin » (« nood » en néerlandais moderne), et par extension, « misère ».

La première trace de l'existence de cette localité apparaît dans une convention faite entre le chapitre de Saint-Gudule et le Coudenberg, à Bruxelles, en 1254.

Cent ans plus tard, un faubourg s’y était formé, principalement le long du chemin conduisant de Bruxelles à Louvain.

En 1465, Philippe le Bon, y fait ériger le château des ducs de Brabant et y fait planter des vignobles réputés ce qui explique la présence d’une grappe de raisin sur les armoiries de la commune.

La vallée du Maelbeek devient, avec ses hauteurs couronnées par le bois de Linthout, avec ses grands étangs et ses chemins pittoresques transformés en rues, le lieu de la vie champêtre à quelques pas de la capitale, du palais du souverain. Au XVe siècle, les ducs de Bourgogne y ont un hôtel ; au XVIe siècle, les Nassau, le cardinal Granvelle, le poète Houwaert, la famille Marnix et les Croÿ y habitent des villas, qu’ils se plaisent à embellir, mais celle-ci furent négligées lorsque les Pays-Bas furent privés de la présence de la cour.

0.JPGLa commune est créée en 1795 après la dissolution de la Cuve de Bruxelles dont elle faisait partie, nommée en l'honneur du prince breton Joss qui avait préféré la vie d'ermite à la couronne paternelle et auquel on lui avait ajouté le préfixe de "Saint".

Sous le régime hollandais, de toutes les communes situées le long du «pentagone», Saint-Josse est celle qui connaît le développement le plus précoce et le plus rapide, dès la démolition des remparts de la ville et l’aménagement des boulevards de ceinture. A partir des axes reliant les faubourgs à la capitale se lotissent, en une vingtaine d’années, des quartiers neufs, industrieux ou résidentiels.
A la fin du XIXème siècle, des hôtels de maître et une fourmilière de rues industrielles avec une population ouvrière dense grimpent de la Senne aux hauteurs de la rue Royale et descendent vers le Maelbeek par les rues Traversière et du Moulin.

1.JPGBien des artistes et célébrités y sont nés, y ont habité ou y ont eu leur atelier ou fréquentèrent les foyers d’art des Salons de l’Astronome Quételet, la maison Van Cutsem-Charlier et les Établissements Mommen, Georges Muller dont la machine hydraulique installée à Saint-Josse acheminait, en 1600, l’eau du Maelbeek à Bruxelles, Karl Marx, Friedrich Engels, Charles Rogier, Metternich, Charles de Bériot, Jean-Baptiste Houwaert sont quelques personnages illustres qui ont résidé dans la commune.

C’est un brassage culturel extrêmement important, avec, qui plus est, une population jeune qui caractérise la commune.

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 Aujourd'hui

0.JPGAujourd’hui, la commune est la plus petite avec ses 1,14 km². Le 1er janvier 2018, la population s'élevait à 27.032 habitants. Auparavant, la commune s'étendait avec 250 ha de plus qu'aujourd'hui qui ont été annexé à Bruxelles ville pour faire partie du quartier européen.

Les superlatifs se multiplient: la plus allochtone, la plus forte densité de population avec ses 23.665 habitants par km², avec une moyenne d’âge la plus basse de Belgique, le plus haut taux de cohabitation de nationalités différentes, l’indice le plus bas de contribution de la population aux recettes communales, les plus anciens gratte-ciels bruxellois… la commune la plus pauvre de Belgique...

Comme bourgmestre qui a marqué son histoire parfois rocambolesque: Guy Cudell. Le , il est enlevé par un de ses administrés, qui réclame une rançon de 40 millions de francs belges (un million d'euros). Cet épisode ne sera jamais complètement éclairci puisqu'il aurait réussi à se défaire des menottes qui l'attachaient à un radiateur, pour prendre la fuite

Depuis 2000, c'est Emir Kir, le bourgmestre fils d'émigré turc, qui est entré dans l'administration de la commune sans plus la quitter. En tant que secrétaire d'État chargé des monuments et sites, il lance en 2008 la première édition de « Patrimoine en fête ! », un événement festif et participatif, pour tous en disant: « Je souhaitais créer un événement de grande envergure qui s'adresse à tous, où les familles puissent apprendre, tout en se divertissant ensemble ».

La liste du Bourgmestre sortant Emir Kir consolide sa majorité absolue: 17 sièges sur 29 au conseil communal, malgré la spectaculaire progression de la liste Ecolo qui obtient 9 sièges  (+ 4).  Le MR (3ème parti) n'a plus que deux sièges (-1). Le CDH enregistre une chute spectaculaire (il passe de 5 à 1 siège).

0.JPGDans ce maillage social dense avec une centaine d’associations, il s'agit de prouver son efficacité et avec du travail dont la population serait bénéficiaire dans un village planétaire.

1.JPGDes dizaines de commerces encore épargnés par la vague uniformisante de la mondialisation, confèrent à ce km² 'tennoodois' une ambiance colorée, un visage humain.
De 27.000 habitants le soir, on passe, en journée, la barre des 100.000 personnes de 153 nationalités avec où se côtoient 60 langues, de fonctionnaires européens, de cadres supérieurs, de « bobos », d'artistes, de sans-papiers, de sans-abris, de « belgo-belges », de jeunes installés, enracinés pour leur vie professionnelle, de nouveaux venus du monde entier qui se disent aimer l'ambiance de la commune.

Bénabar a habité la commune à la rue des Moissons pendant quinze ans. Il a été fait citoyen d'honneur en 2009.

Marc Grauwels, flûtiste de réputation internationale, s’y est installé, s’y est marié. Selon lui, il est naturel que Saint-Josse attire les artistes… “tout le monde se connaît”.

Saint-Josse, une bombe à retardement due au taux de non-emploi et une population très hétérogène et globalement moins formée que la moyenne?
Pour que la bombe n’explose pas, il faut assurer la cohésion sociale en cultivant les différences comme une richesse.

Plus facile à dire qu’à faire et à aborder cette question du « vivre ensemble » à chaque fois de manière différente à éradiquer les phénomènes de déviance ou de non-intégration.

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Points d'intérêts de SJTN

6.JPGLa Maison communale est l'ancienne résidence de la cantatrice 'La Malibran' et de son mari le violoniste, Charles-Auguste de Bériot. Elle se situe à côté d'un énorme gratte-ciel entourée par les Tours Madou (1963) et Astro reconnues comme les plus anciens gratte-ciels bruxellois,

L'église de style néo-baroque

Le Jardin botanique avec ses jardins et sculptures dans un ensemble architectural de style Art déco et topiaire.

L'Ancien observatoire royal où officia Jean-Charles Houzeau de Lehaie révolutionnaires lors de la révolution de 1830.

La gare intérieur de style néo-Renaissance flamande, vouée à être intégrée à une extension du métro régional, Hôtel Boël, Tour Rogier, Covent Garden, Quartier Nord, Maison Mayeres, immeuble de style Art nouveau géométrique...

La commune de Schaerbeek, jouxte SJTN.

Une maison peut très bien se trouver sur une commune et à son côté, sur l'autre, de manière totalement arbitraire et sans raison apparente d'avoir constitué une frontière.

Alors, il me vient une idée amusante: une entrée dans le "Patrimoine mondial de l'hominidé"

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Les photos de ma promenade

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Aucun lien avec ce qui suit qui a trait à tout autre chose dans ce journal...

Armistice du 11 novembre 1918.

0.JPGSigné ce jour-là à h 15, il marque la fin des combats de la Première Guerre mondiale (1914-1918), la victoire des Alliés et la défaite totale de l'Allemagne, mais il ne s'agit pas d'une capitulation au sens propre. Les généraux allemands et alliés se réunissent dans un wagon-restaurant aménagé provenant du train d'État-Major du maréchal Foch, dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne.

La fin des combats? Pas à l'Est de l'Europe, où la guerre continuera jusqu'à 1923.

1.JPG"14-18, Un autre centenaire", un billet qui dit en préambule: "Beaucoup de commémorations, chansons, illuminations, redites, doublons, autosatisfactions personnelles, c'est la fête, quoi ! Mais un oubli majeur: donner directement la parole aux témoins de cette époque ! Quoi ? depuis toutes ces années pas une prise de son, de vidéo ? Où si peu, quelques minutes à la va vite... et puis taisez-vous ! Un siècle que la douleur doit se taire !".

Un autre "La Grande Guerre, cent ans plus tard",  qui commence par la phrase de Clémenceau « Grâce à eux, la France, hier soldat de Dieu, aujourd’hui soldat de l’Humanité, sera toujours le soldat de l’idéal. ».

et le dernier "Les leçons de la clairière de Rethondes" qui parle "du wagon 2419D de la Compagnie Internationale des Wagons-Lits disposait d'un salon-restaurant aux murs d'acajou transformé en bureau itinérant pour le maréchal Foch et stationnait dans la forêt de Compiègne où huit hommes français, allemands et britanniques ont passé une nuit à étudier les conditions de paix préparées par la France. Foch avait refusé de négocier. Pour lui, les Allemands avaient le choix entre signer l'armistice proposé ou partir. À 5 h 02, le politicien allemand Matthias Erzberger a signé, puis a déclaré : « Un pays de 70 millions de personnes souffre mais ne meurt pas. »".

Il y a quatre ans, j'avais parlé de début de cette guerre 14-18  "Et la guerre 14 arriva" avec une période "Au cœur de la tourmente" qui avait suivi..

A l'armistice, une volées de cloches et de sonneries de clairons annonçaient la fin d'une guerre qui a fait pour l'ensemble des belligérants plus de 18,6 millions de morts, d'invalides et de mutilés, dont 8 millions de civils.

0.JPGCe n'est que le , à Versailles, qu'est signé le traité de paix, qui met réellement fin à l'état de guerre.

Le drapeau rouge est exhibé au Palais de la Nation.

Dans la commune, aucun monument aux morts de la guerre 14-18 en mémoire des fils tombés, si ce n'est celui situé à Schaerbeek où l'on retrouve la tombe de la résistante Gabrielle Petit.

Après la guerre, certains ont dû oublié cette époque en rattrapant leur jeunesse perdue à coup de boisson et de danse dans les cafés pendant les années folles, les "roaring twenties". 0.JPG

Les socialistes perçaient déjà grâce au suffrage universel dans un climat révolutionnaire et anarchiste et en entraînant l'art dans son sillage comme le fauvisme et le dadaïsme jusqu'en 1928.

Il faut oublier les boches, les "Urkatastrophes" au plus vite avec le slogan "plus jamais ça" et avec le Pacte Briand-Kellogg de 1928, apporter l'enthousiasme pour que les affaires reprennent.

L'historien Bruno Dewever était interrogé ce vendredi: podcast

0.JPGEn 1918, Saint-Joss-ten-Noode comptait 31.850 habitants, c'est-à-dire une population plus importante qu'aujourd'hui.

Les gueules-cassées se sont aussi cachés derrière des masques en revenant de la guerre. 

0.JPGLe roi Albert 1er était entré dans Bruxelles le 22 novembre 1918 en clamant "Je vous apporte le salut de l'armée. Nous venons de l'Yser à travers villes et villages libérés" avec le premier ministre, Léon Delacroix pour le recevoir.

Partis catholique, libéral, socialiste, POB qui impose le suffrage universel pur et dur, se partagèrent le pouvoir dans une Union nationale

Par la suite, la Belgique devenait un pays de transit qui passait d'une occupation allemande dont les civils allemands avaient quitté Bruxelles le 10 novembre à une autre multiculturelle, parfois en attente de rapatriement de réfugiés qui ne s'est pas achevé et la population s'est reconstruite sur de nouvelles bases plus européennes en espérant la fin des Empires.

Un antimilitarisme naissait.

Le site de la RTBF rappelle tous ces événements de 14-18.

 

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Retour aux sources (extrait de Apocalypse: La paix impossible)

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Samedi dernier, donc, je me trouvais à bord de mon vélo, en sillonnant les rues en pentes qui donneraient une raison physique à ce que peut être une cuve, j'ai eu l'impression de me retrouver sur une montagne russe qui demandait des efforts pour les mollets aux montées et descentes que j'ai effectuées pour l'occasion.

Je suis retourné dans la rue Georges  Pètre où une de mes grande-tantes que j'ai connu seule jusque dans les années 1970, habitait. Bizarre, à l'époque, je n'ai jamais tenté de savoir, ce qui était arrivé à mon grand-oncle, son époux. Leur fille unique sans enfants a vécu encore plusieurs années. Cette branche de la famille s'est éteinte

Georges Pètre, un avocat et municipaliste libéral belge, franc-maçon, né à Saint-Josse-ten-Noode en

Mon grand-père, je n'ai pas connu.

Il avait inhalé des gaz pendant la guerre et en a souffert jusqu'à son décès en 1926.

Un souvenir de lui est resté longtemps sur une armoire: une douille avec le prénom de ma mère.

Ce que j'en ai appris, c'est qu'il était revenu totalement antimilitariste et aussi athée en revenant de la guerre que quand il était parti en 1914 avec la foi et le patriotisme:podcastpodcast

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Le wagon qui, à Compiègne, avait servi pour signer l'armistice était importé à Berlin par Hitler, détruit en 45 et le sosie de ce wagon se trouve toujours comme souvenir à Compiègne. 

Vingt ans seulement après l'armistice de la "Der des der", symboliquement fixée le 11 du 11 à 11h, comme s'il s'agissait seulement d'un transit dans le temps, cette guerre avait régénéré une autre guerre mondiale plus sanglante...

Allons-y, une dernière fois, avec la chanson du style "humour noir" de Georges Brassens

"Mais mon Colon, la guerre que je préfère, c'est la guerre de 14-18" ...

 

 

Eriofne,

 

10/11/2018:Edition spécial du JTpodcast

 

11/11/2018 à 11:00: Jogging. Temps Gris, crachin et un vent fort.

Traversée de SJTN, Place Madou, rue du Congrès.

Arrivée devant la colonne du Congrès.

Pas de carte de presse, pas d'accréditation.

Une tribune cache complètement les manifestations devant le Soldat inconnu.

Plusieurs skippers sur les toits et sur les balcons.

Pas d'excentriques royalistes, moins de monde, pas d'écran géant.

Il y a quatre ans, le 11 novembre 2013, tout y était.

Un ou deux discours dont celui de Philippe 1er parviennent aux oreilles pour effacer le silence.

La cérémonie se termine.

L'hymne européenne de la 9ème symphonie de Beethoven retenti avant la musique de la Brabançonne.

Sur la tribune, le garde-à-vous de quelques militaires est de rigueur avec le salut en prime.

Les cavaliers de la garde se mettent en mouvement.

21 coups de canon retentissent à une minutes d'intervalle.

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La télé Bruxelles BX1 commence ses interview.

Je suis parti en continuant mon jogging....

Arrivé dans le parc de Bruxelles, le canon qui avait servi était nettoyé et avec son fût parfaitement astiqué.

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Rien à voir avec le faste qui se déroule à Paris au même moment, avec Macron qui a invité Poutine et Trump.

Macron critique implicitement la politique de Donald Trump dans son discours (vidéo)

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