Laïc, c'est le hic (10/02/2007)
Un monde qui sans le dire ouvertement mais qui se retrouve dans les faits et les statistiques, de moins en moins laïc, sera-t-il toujours aussi ouvert et prêt à accepter l'autre qui ne pense pas comme tout le monde, qui met les compteurs à zéro et qui refuse de laisser penser les autres à sa place ? Comment cette laïcité pourra-t-telle survivre ?
Dernièrement, une affiche placardée sur un kiosque prônait la réconciliation entre les religions et appelait les fidèles à un meeting organisé dans le but louable d'exprimer la solidarité et la tolérance entre tous les mouvements de pensées.
Le laïc est une "passoire". Il accepte tout et rien. C'est un peu comme le "bon démocrate", qui se veut conciliant à en risquer d'en attraper les boutons de sa propre éjection de la scène publique et politique.
Le quartier multiculturel dans lequel je me trouvais, nécessite très certainement une telle initiative d'apaisement dans les temps troublés que nous connaissions du côté idéologique.
Mon article "A fleur de peau" exprimait déjà cette tendance de manque de communion.
Où était donc le « lézard », cette fois ?
Les instances religieuses de toutes confessions étaient invitées à se rencontrer, mais, en dernière position, en plus petits caractères et comme si l'on se demandait si c'était nécessaire, dans la liste des invités, on trouvait, en fin de liste, un appel destiné aux laïcs, très discrètement, en se rappelant in extremis qu'il y avait "autre chose". Le chrétien a une église et un Pape et une ville, Rome. Le juif, une synagogue et une ville, Jérusalem. Le musulman, une mosquée, et quelques villes dont La Mecque.
Celui qui n'appartient a aucune confession, qu'a-t-il?
Reflet exact de ce que représente aujourd'hui la laïcité dans nos pays démocratiques d'Occident. En France, pays laïc dans l'âme de la République l'est pourtant en surface également. Les idées défendent bien sûr cette volonté de neutralité, mais il n'en demeure pas moins vrai que les églises ne désemplissent pas le dimanche.
Je n'irais pas jusqu'à chercher une situation de parallèle ailleurs. Je n'aime pas être déçu.
Dans le passé encore, avec "Le ciel pour horizon", j'avais eu le plaisir de faire part en trois parties de mon rapport avec les cultes et la religion catholique en particulier que je connais le mieux.
L'ouverture d'esprit et la tolérance ne s'inventent pas, elles se construisent par la réflexion et la raison. On n'aime pas, par défaut, être contré dans son idéologie et on est prêt à s'offusquer à la moindre poussée de neutralité avouée.
Il n'y a pas si longtemps, Hugo Chavès, devant le parterre de l'ONU, n'a pas hésité à débuter son discours par un signe de croix remarqué et ostensible comme s'il était normal d'afficher son appartenance à une religion aux yeux de tous les pays de la terre.
Régulièrement, Georges Bush annonce fièrement la "couleur" à chaque incident de parcours de son mandat de président en priant celui qui apporterait, selon lui, secours et assistance dans ses décisions en lui donnant force et courage.
Le 26 janvier dernier, l'Abbé Pierre, paix à son âme, a été pleuré et honoré par des funérailles nationales à Paris. Il le mérite. Sa vie a été exemplaire. Il était devenu l'icône rassemblant riches et pauvres, religieux et laïcs. Mais, c'est néanmoins sous le "chapeau" de l'église, que cet événement a pu prendre une telle ampleur. En serait-il de même pour tout autre volontaire laïque de faire le bien autour de lui ? Aurait-il eu les honneurs dont il a réellement joui et qu'il aimait visiblement en dehors de la protection de l'église ? Réflexion iconoclaste ou réflexion morale ? A chacun de mettre le veto qu'il veut. L'historien Gilles Dal rappelait que si on l'applaudit, on en oublie beaucoup d'autres bienfaiteurs plus discrets qui sont parvenus à des résultats moins éclatants mais aussi sensibles. (Il cite Pierre Laroque, fondateur de la Sécurité Sociale française). Les médias ont donné le commentaire selon lequel, "Il" aurait été content d'avoir tout ce monde autour de lui. Je dirais que je ne suis pas si sûr. Son humilité lui aurait empêché de penser ainsi.
Cette semaine, revoilà les caricatures qui reviennent à l'actualité avec un procès contre le journal "Charlie Hebdo" qui avait continué la publication. Oui, il y a eu une dérive et oui, une réaction était normale.
Est-ce qu'il fallait aboutir à de telles extrémités ? Ce débat n'a pas encore trouvé son épilogue ou, du moins, n'a pas été conclu par un calumet de la paix. Indiens d'Amérique, je vous aime !
Le fait de prendre du recul et l'acceptation de l'autodétermination sont, dit-on, des preuves de sagesse.
La laïcité, au milieu de toutes ces manifestations de ferveur, n'a pas vraiment droit de parole. Il se doit d'essayer de maintenir l'église au milieu du village.
Son pire défaut est de ne pas montrer de couleur bien définie. Comment la définir ? Une liberté de conscience ne subventionnant aucun culte ? Un respect des croyances mais sans donner la sienne.
En Belgique, la laïcité reste un réel combat pour exiger sa reconnaissance.
En France, la commission Machelon met de côté la laïcité en ne réunissant que les relations des cultes avec les pouvoirs publics. Sous des idées d'impartialité, d'égalité citoyenne, on ne parle pas de moyens juridiques ou économiques clairement identifiés pour la partie laïque de la population. La présentation du projet semble pourtant porter la laïcité républicaine comme principale intéressée. L'Etat assure ou devrait le faire en garantie par souci d'intégration dans des frontières entre "public" et "privé". L'esprit républicain devrait protéger une égalité de pouvoir en recherchant la pacification, la solidarité en rejetant toutes traces de fanatisme, d'intégrisme, de dogmatisme, d'obscurantisme ou de fondamentalisme.
Peut-on vivre sans religion, sans Dieu ?
La réponse est personnalisée à chacun.
La Chine en est un exemple flagrant d'absence. On ne croit pas en Dieu et depuis 5000 ans d'histoire. Confucius n'est pas un Dieu, c'est une école de sagesse, pas une religion.
Agnostiques, athées, philosophes du concret plus terre à terre doivent se cacher.
L'athée serait celui qui voterait "non" à l'existence d'un Dieu et l'agnostique, sans opinion, qui s'abstiendrait de voter.
Le Nihilisme n'est pas à suivre car il ne veut rien de moins que de tout abolir, de tout casser sans aucune morale.
Une vue à la Spinoza est certes plus productrice d'un progrès pour l'humanité, pourrait-on dire.
Des mystères de notre existence et de la vie sont reconnus de tous. Pas d'explication avant très longtemps si jamais on y arrive.
Pourquoi faut-il absolument y accrocher un autre nom et lui afficher l'étiquette "Dieu, propriété privée" comme on le verrait dans le Judaïsme ?
Le "parler neutre" n'est pas trop apprécié. On ne brûle plus les gens exempts de foi religieuse, on les ignore.
Certains scientifiques, n'ayant pas trouvé les raisons ultimes à toutes leurs découvertes apportées par le raisonnement et les études, se réfugient même dans la philosophie religieuse comme Stephen Hawkin. Pas de contre indication. Bien sûr. Le néo athéisme arrive plutôt avec Richard Dawkins ("Pour en finir avec Dieu"). Pour ce dernier, la religion serait plutôt dans l'axe du mal. "There's probably no God. Now stop worrying and enjoy your life" affichait-il sur les bus en Espagne en affichant son esprit sain, équilibré, moral et intellectuellement accompli. D'après lui, l'altruisme ne serait pas un produit de la religion, mais de l'évolution elle-même et de l'instinct de conservation qui lui est juxtaposé. L'anthropomorphisme vis-à-vis des animaux cache trop de volonté d'être différents et d'accepter la vie et la mort comme une seule volonté de progresser vers des générations encore mieux adaptées.
Peut-être, vaut-il d'ailleurs toujours mieux avoir plusieurs clés à son trousseau. De flèches pour son arc, pas vraiment.
En point d'orgue et de ralliement, la tolérance devrait être la mère de la sagesse. La refuser, s'est se tromper amèrement à cause de l'amertume qui ne manquerait pas de se générer en silence.
Pour raison d'équité, l'espoir de sortir de cet anonymat ne serait, pour les laïcs, que justice.
En plus, ils ne prennent pas trop de place, ces oiseaux rares sans foi et ils ne sont pas chers : pas d'églises, ni de mosquées, ni de temples à édifier et à entretenir. Une école avec cours de moral intégral, c'est à peu près tout.
En odeur de "sainteté" pour ce microcosme, la nature dans toute sa splendeur a des titres de noblesse et de vénération. Sans être écologiste pour autant, un ciel bleu, une mer irisée dans la tourmente, un paysage de verdure, un soleil en feu, un arc en ciel, voilà leurs couleurs, leurs drapeaux. Heureux d'y être, d'être vivant dans un décor de fêtes perpétuelles, ce sont ses désirs intimes, très simplistes mais non simplets de celui qui s'est greffé dans le cerveau cette étincelle de morale laïque.
Ils sont simplement contents que l'esprit humain ait pu se développer à la force de la volonté de l'homme, pour en apprécier, en finale, le résultat tout en beauté de notre planète bleue. Le respect de celle-ci est bien sûr partagé avec d'autres, mais son culte est plus platonique, plus précieux aussi, car il constitue son credo unique et les raisons de ses prêches.
Certains osent aller plus loin et parle de “combat politique”. En France, 27 associations (nationales et régionales) de défense et de promotion de la laïcité ont décidé de réunir leurs forces pour rallier plus de monde et apporter un meilleur écho. Une loi de 1905 ouvrait déjà la voie vers un schisme entre politique et religion en apportant la liberté de conscience, d'expression, de critique et poussant le délit de blasphème dans l'obsolète. La séparation de l'État et de l'Église n'est pourtant pas totale et n'a pas encore gravi la moindre marche au niveau national et international. L'affrontement arrive souvent entre les communautés d'obédience différente. La domination du plus fort, du "parti" le mieux implanté dans les consciences prend ensuite la suprématie et s'organise pour s'attirer le plus de couverture sur les pieds. Dogmes et injonctions mono culturelles, monobloc surgissent de cette congrégation. Une échéance électorale est souvent le meilleur moment pour s'affirmer et remettre en cause l'existence d'une autre pensée. Certains religieux ne cachent pas leur prosélytisme. Ils considèrent les laïcs comme des ennemis » avec la promotion du radicalisme.
En Belgique, il existe aussi un « Centre de l’action laïc ». Le financement des cultes n’est pas étranger aux projets qui ont été présentés par les candidats à l’élection de mars dernier à la recherche de valeurs communes libres-exaministes. D’après le message diffusé de ce côté-là, voiles et représentations religieuses n’auraient pas leur place dans l’espace public en même temps que le créationnisme. Le « cahier des charges des écoles » avec son enseignement doit être mis en relation avec le financement réactualisé avec la mission de service public citoyen. L’évangélisation des grandes villes lancée l’année dernière par l’église catholique peut être interprétée comme une étape dans la marche inverse.
En Algérie, celui qui ferait une publicité contraire à l’Islam se verrait condamné d’après la loi.
Aux États-Unis, seulement 2% se disent athées, 4% agnostiques d'après des statistiques qui datent de juin 2005. "The church of the Non Believers" ne fait pas beaucoup recette et difficile de se reconnaître dans la marée adverse.
Les laïcs en réseaux, par leurs actions, revendiquent un espace-temps de liberté le plus large possible.
Pour le laïc, n'appartenir à personne, se retourner contre soi-même pour toute erreur de parcours sont ses libertés, assumées avec précaution et plénitude sans aucune vocation, mais comme seul choix de vie. La nature ou l’homme avec un grand « H » sont des visions comme les autres qu’il ne faut pas sous-estimer.
Alors, conclusion : le dialogue pur et dur avec les croyants laïcs, mais toujours pacifique avec des compromis bien promis. Cela pourrait ne sera plus être le « hic » ensuite.
Pour finir cet article et pour faire tout "à l'envers", si on incluait un commentaire d'une lectrice bien dans la note de l'article avec le sel et le poivre nécessaire. Je lui avais promis une suite à ce ciel pour horizon. L'humilité naturelle qui la caractérise m'empêcherait de la dévoiler. Mais elle avait, néanmoins, sa place ici.
Alors, voilà sa réaction à chaud, épidermique, avant l'heure :
"J’ai l’impression que le « vrai » laïc aujourd’hui n’existe plus ! Il y a autant de croyance en ce domaine, qu’il y a d’êtres humains pour les interpréter à la manière qui leur convient le mieux à un moment donné et sur un sujet précis !
Finalement qui détient LA VERITE ? Ceux qui pensent que de laisser certains choix aux communs des mortels sont meilleurs, que de décider pour eux ? Ceux qui estiment que chacun est libre de penser et d’interpréter sa manière de penser ? Celui qui se dit non-croyant, mais qui doit jurer sur la bible, dans un tribunal, est-ce un exemple d’une justice laïque ?
N’appartenir à aucuns « mouvements » de pensées nous « cantonne » la plupart du temps, a paraître comme des marginaux, des originaux, pour des chrétiens ou des infidèles pour des islamistes !
« Pour l’amour du ciel, reviens ici ! » « Pour l’amour de dieu, ne faites pas cela ! » Des phrases pas très laïques ! « Nom de Dieu ! »
La tolérance ? Ce mot me dérange ! Car malheureusement « être toléré » c’est déjà être dans un certain déni pour quelqu’un ! Cela fait un peu : Vous pouvez rester ici, mais nous vous prions de vous taire ! Surtout, ne pas déranger !
Je crois que celui qui revendique la laïcité, dérange les passionnés, les fous de Dieu !
On nous balance, en direct, des funérailles télévisuelles quand elles sont chrétiennes mais pour les autres ? La télévision, est-elle laïque ?
Sujet très intéressant, brûlant même et comme d’habitude, tu as déjà sorti les points essentiels, le décor est planté, les acteurs présentés, alors laisses les langues se délier…”.
L’enfoiré,
Un coup de semonce à donner sur Agoravox, peut-être,
Pas encore convaincu ? En voilà encore d'autres
Citations :
- "L'église ne reconnaît qu'une sorte de laïcs : les siens.", Carl Dubuc
- "La chance est la forme laïque du miracle", Paul Guth
- "La bonne foi est une vertu essentiellement laïque, que remplace la foi tout court.", André Gide
- "Ce qui manque le plus à l'instruction laïque, c'est qu'elle n'enseigne pas à mourir.", Remy de Gourmont
9/12/2020 : Mercredi 9 décembre 2020, jour d’anniversaire de la loi de 1905, est présenté en Conseil des ministres le projet de loi sur le séparatisme, récemment renommé "loi confortant les principes républicains". Ainsi ce texte cherche à renforcer le principe de laïcité au sein des associations, des services publics et de l'enseignement à domicile. N’y a-t-il pas de risques que cette loi se heurte au principe de liberté de culte et d’association ?
| Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : religion | Imprimer
Commentaires
Que pourrais-je ajouter de plus, si ce n'est que répéter ce qui a déjà été dis... !
Je pourrai, si j'étais " pratiquante" m'exclamer : "Bon Dieu, il l'a fait "!
Mais alors ,que dire quand on ne l'est pas ?
Si formuler "bon Dieu" en prônant "le bon, le bien" nous semblent évident, qui serait assez "mal saint" pour s'exclamer " Sale Dieu "!!! Dieu est il forcément bon? Bon, pour tout le monde? Sale? Mauvais? Chez les grecs et les romains, ils avaient plusieurs dieux et déesses à prier et à adorer et visiblement, tout ce petits monde s'en "sortait" pas trop mal, voir même pas pire qu'aujourd'hui!
Qui peut prétendre du fond du coeur et en toute conscience, que ces dieux de la Mythologie, grecque ou romaine par exemple, comme Zeus, Jupiter, Vénus ( une divinité féminine, oui, oui!!!) et Mars étaient forcément moins bien que le "Dieu" des chrétiens? Mars était le dieu de la guerre et la guerre n'est pas à proprement parler "bonne"! Cela-dit "certains" à notre époque, se situant sur le soi-disant "Axe du bien" sont également capable de lancer dans une guerre "illégale" en demandant à "Dieu" de les bénir et de bénir tous ce qui est entrepris pour cette cause, même l'intolérable... quant aux autres, en face, aller se battre pour Allah, nous semble forcément et légitimement être intolérable! Mais finalement , Allah, Dieu, c'est qui?C'est quoi? Bon Dieu de M....!
Miss canthus
Écrit par : Miss Canthus | 10/02/2007
Bien vu que tout cela. Je suis resté dans le présent et ton flash back dans l'histoire n'apporte pas plus "de bon goût". Dans la semaine, j'ai vu le beau film à gros budget "Troie". Cela m'a rappelé ma fascination que j'avais (et que j'ai encore) pour l'histoire avec un grand "H" et celle plus proche des gens. "Troie" avec son cheval, dieu de traîtrise. Les lieux du "drame", ceux découvert par Schliemann, je ne les ai pas vu. Mycènes, j'y suis allé 2 fois. Ok. Revenons, à nos "bons vieux" dieux. Cette volonté de ce retourner vers un "autre" qui aurait par définition plus de force, ne date pas d'hier. Pas de problème, quand cela ne passe pas comme on a prié, le fautif est désigné. C'est déjà ça de gagner. Achille avec sa seule faille, son talon lui permet de redevenir "homme" en finale. N'est-ce pas une bonne manière de revenir sur terre?
Écrit par : L'enfoiré | 10/02/2007
C'est la notion même de la laïcité qui me semble un peu confuse. C'est un concept beaucoup plus présent et discuté en France que dans d'autres pays, et l'interpretation n'est pas la même dans chaque pays. Le Français n'est pas ma langue maternelle, mais si je ne me trompe pas la laïcité veut dire la séparation des pouvoirs spirituel et temporel - la séparation de l'Eglise et l'Etat. Le mot (et le concept) ne signifie nullement l'athéisme. Le concept concerne le pouvoir et non pas la religion. Quand on dit "je suis laïc" (phrase d'ailleurs intraduisible dans une autre langue car seul un Etat peut être laïc non pas une personne!) ça ne peut vouloir dire que "je suis en faveur de la laïcité", et non pas que je suis athée. Un catholique dévot peut très bien être "laïc", c'est à dire en faveur de la laïcité. Laïque ne veut pas dire irreligieux et une discussion sur la laïcité n'est pas une discussion sur la religion. Ce sont deux sujets liés mais distincts.
Quand à la religion il me semble que l'athéisme est un, peu prétentieux, car il prétend savoir l'inconnaissable. C'est comme affirmer catégoriquement qu'il n'y a pas de vie sur une autre galaxie. Affirmation invérifiable et donc prétentieuse. On peut croire qu'il n'y a pas de Dieu, mais c'est une croyance comme une autre. La seul position raison-nable est l'agnosticisme. Et l'agnosticisme n'est pas du tout catégorique, mais laisse la question ouverte et s'accommode façilement d'un lueur de croyance quelquepart dans son for intérieur. Il respecte aussi les religions (sauf l'Islam qui n'est pas respect-able! - mais ça c'est un autre débat). Mise à part les Musulmans la vaste majorité de l'humanité est en faveur de la laïcité, que d'ailleurs n'est pas un concept inventé en France mais déjà à l'aube de notre ère - déjà dans la Bible le Christ recommand de "donner à César ce qui est à César". La version française est bien entendu plus stricte et ne toçlère aucun écart comme, par exemple, jurer sur la Bible devant le tribunal, practique courrante dans pas mal de pays.
Voilà, c'est tout ce que je voulais dire: signaler la confusion courrante sur le concept de la laïcité.
Écrit par : Frank | 21/05/2007
Bonjour,
Je suis tout à fait d'accord avec votre interprétation du mot "laïc" et surtout de la compréhension qui en est faite ailleurs.
En France, la laïcité est une volonté de s'astreindre à rester en dehors des religions pour décider des affaires de l'Etat.
La séparation des pouvoirs spirituel et temporel, comme tu le dit. Une manière de prendre en charge les 3 autres pouvoirs.
Nous associons les deux avec l'idée de qui fait le plus fait le moins. L'athée, l'agnostique ne jugera jamais de la même manière une affaire où l'église entre en jeu.
Sa "religion", car il en a une aussi, le poussera à trouve des alternatives qui ne font aucunes ingérences sur son esprit. Libre de toutes contraintes en dehors du respect de l'Homme sans dieu comme intermédiaire, voilà sa manière de voir.
Un Etat et... une personne... peuvent dont être parfaitement laïcs. "Je suis en faveur de la laïcité, et non pas que je suis athée". Oui, c'est sûr.
Un catholique dévot peut très bien être "laïc", c'est à dire en faveur de la laïcité. Oui, aussi.
Mais un "athée" et un "agnostique" ne pourraient voter pour un parti laïc qui aurait dans ses statuts une connotation ou des principes religieux.
L'athée et à fortiori l'agnostique, dans ma conception n'est jamais prétentieux, car justement il ne prétendra jamais savoir l'inconnaissable. De la vie sur une autre galaxie, j'en suis sûr. Statistiquement, c'est impossible.
Les religions qui conteste l'évolution sont parfaitement inconscientes et de plus volontairement, ce qui est pire.
L'invérifiable n'est jamais prétentieux.
Ne pas croire est aussi croire. Mais croire un peu plus en soi et aux possibilités de l'Homme. Croire n'est pas uniquement passer par un intermédiaire. Ce qui rend irresponsable. Le salut et sa planche....
La seul position raisonnable est l'agnosticisme. C'est vrai.
Il respecte aussi les religions avec l'Islam qui est pas respectable aussi, si la conviction ne force pas l'autre à se plier à ses dogmes. La vaste majorité de l'humanité est en faveur de la laïcité, mais oublie très vite les principes.
Le Christ recommande de "donner à César ce qui est à César". Voilà une bon dogme.
"Jurer sur la Bible devant le tribunal, pratique courante dans pas mal de pays.". Voilà bien une chose à abolir.
La confusion courante sur le concept de la laïcité est tout à fait normale. Mais je crois que cette fois, c'est plus clair.
Je te conseille d’aller lire mes 3 articles « Le ciel pour horizon ». (URL)
Écrit par : L'enfoiré | 21/05/2007
Rien à ajouter, la messe est dite ...
Des milliers d'année d'imposture : "Dieu c'est qui, personne ne l'a jamais vu ce type là ! La terre promise, par qui ? Dieu ? une escroquerie qui dure depuis 2000 ans"
Dieu est le seul père qui peut regarder ses enfants souffrir sans lever le petit doigt ...
C'est provocateur mais si quelqu'un peut me présenter Dieu j'en serai ravi .
Même l'Abbé Pierre n'étais pas en bon terme avec ...
Je n'ai jamais vu une église ni une secte faire faillite :
Écrit par : liberty | 08/05/2008
Liberty,
Mon 1er article "Le ciel pour horizon (1)" http://vanrinsg.hautetfort.com/archive/2005/09/01/le-ciel-pour-horizon.html
avec l'aide de Sciences et Vie, essayait de définir le moment de la création la religiosité chez l'homme.
Je parlais de 120.000 ans. A l'âge de l'homme préhistorique.
Comment le préciser? Par la découverte de l'enterrement de ses semblables. Ce n'est qu'à partir, de 10000 ans avant notre ère, que des chamanes se sont rendus compte de l'intérêt qu'ils pouvaient en tirer par un pouvoir sur l'autre.
L' église de scientologie, en Belgique, a pignon sur rue à Bxl mais est constamment sur les bancs des accusés.
La dernière est suite à une fausse offre d'emploi dans les journaux. On profite de la pénurie de l'offre. Du bénévolat était le fin mot.
Écrit par : L'enfoiré | 08/05/2008
En fait, la religion a été inventée pour combler le vide abyssal de notre insignifiance ...
Nous ne sommes rien et même si cela ne nous plaît pas il ne restera rien de notre passage !
Certain espèrent laisser une trace d'eux-même dans l'au delà, libre à eux j'aimerais avoir tors et les y rencontrer .
Nous nous réincarnons mais pas en ce que nous croyons : Nos molécules se dispersent et nourrissent plantes et bactéries, c'est ça la vie après la mort !
Écrit par : liberty | 09/05/2008
Liberty,
C'est tout le "drame" de la vie. En parodiant Lavoisier "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se déplace". L'humilité voudrait que l'on passe la main au suivant dans un développement normal de la vie. La différence avec l'animal, c'est que l'homme sait qu'il a une fin. A de rares exceptions près, il n'en connait même pas le moment.
Alors, il y a l'oeuvre qui reste. Les uns écrivent, les autres laissent leur noms dans un dictionnaire pour laisser une trace avec des prérogatives. Ceux qui suivent aiment bien les références. La boucle est bouclée.
Écrit par : L'enfoiré | 09/05/2008
Les athées recrutent
Face au « retour du religieux », les athées du Royaume s'organisent. Deux nouvelles associations ont vu le jour, en Belgique. Et des états généraux de l'athéisme sont annoncés pour avril 2013.
Les athées recrutent
L'Association belge des athées (ABA) est née. Objectif : « Rassembler tous les athées belges francophones » et porter, dans le débat public, les arguments « contre toute croyance en un ou plusieurs dieux, contre toutes les religions », mais « dans le respect des personnes ». Voici quelques mois, une autre organisation voyait le jour : les Athées Humanistes de Belgique (AHB), qui organisent deux journées de l'athéisme, le 14 et 15 juin prochains, à la Maison de la Laïcité d'Angleur… Un avant-goût des états généraux de l'athéisme, qu'annonce l'ABA, pour le mois d'avril 2013.
Concurrence en vue pour le Centre d'Action laïque (CAL), qui représente officiellement le mouvement laïque, auprès des autorités publiques ? « Pas le moins du monde, nous confie Patrice Dartevelle, membre fondateur de l'ABA et ancien vice-président du CAL : Alors que la plupart des associations existantes, comme le CAL ou le Rappel, s'inscrivent dans la défense de la laïcité politique, nous nous posons avant tout comme des défenseurs de la laïcité philosophique et de l'athéisme en particulier ».
« Si le Royaume enregistre une érosion constante du nombre de catholiques, commente Patrice Dartevelle, une large fraction de l'opinion a toutefois tendance à se réfugier dans un spiritualisme que nous jugeons inutile. L'ABA luttera contre la complaisance générale à l'égard de ce mysticisme, qui gagne même l'art contemporain et ses artistes divinisés ». Davantage que dans les sphères politiques, c'est sur le terrain de la culture, des sciences et des enjeux de société que l'ABA compte porter les valeurs de l'athéisme.
L'association est présidée par Johannes Robyn, vice-président de Bruxelles-Laïque. On y retrouve également le professeur Serge Deruette, spécialiste du curé Meslier, ou encore Caroline Sägesser, collaboratrice scientifique au Centre interdisciplinaire d'étude des religions et de la laïcité (CIERL), à l'ULB.
Les Athées Humanistes de Belgique sont présidés, eux, par Thomas Hanson, permanent de la Maison de la Laïcité d'Angleur et relais liégeois du Rappel. Parmi les membres actifs des AHB : Jean-François Jacobs, responsable du site www.dieunexistepas.com
Source: http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2012-06-05/les-athees-recrutent-919901.php
Écrit par : L'enfoiré | 05/06/2012
En 2012, le SPF Justice, qui a la tutelle en la matière, a versé 88,3 millions d’euros pour l’ensemble des prêtres catholiques, orthodoxes, anglicans, protestants ainsi que pour les rabbins de Belgique. Les imams ont reçu 3 millions d’euros, soit quatre fois moins que les tenants de la laïcité (12,1 millions d’euros), écrit Sudpresse.
Outre les dépenses de personnel, le SPF Justice donne aussi des subventions, qui s’élevaient en 2012 à 2,1 millions d’euros pour la laïcité, 459.000 euros pour le culte islamique et 221.000 euros pour le bouddhisme. Soit un total de 2,8 millions d’euros.
L’enseignement de la religion, porté pour sa part par la Fédération Wallonie-Bruxelles à travers l’organisation de l’enseignement obligatoire, a aussi un coût : au 1er décembre, les cours philosophiques occupaient 3.717 équivalents temps plein (ETP). Le coût total des salaires n’est pas connu mais il tournerait autour des 66 millions d’euros.
Les pouvoirs locaux interviennent eux pour les bâtiments religieux.
Les communes sont compétentes pour les cultes catholique, protestant, israélite et anglican, tandis que les provinces le sont pour les cultes islamique, orthodoxe et la laïcité organisée. Selon les derniers chiffres disponibles du cabinet du ministre Paul Furlan, les dépenses ordinaires nettes (principalement l’entretien des bâtiments) s’élevaient, en 2011, à 40 millions d’euros. Les dépenses extraordinaires (rénovation, construction…) ont, dans le même temps, englouti 40 autres millions d’euros.
http://www.lesoir.be/149686/article/actualite/belgique/2013-01-07/religion-et-la%C3%AFcit%C3%A9-co%C3%BBtent-1034-millions-par-an
Écrit par : L'enfoiré | 07/01/2013
Article sur la question du laïc, laïque
La question se pose toujours.
http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/une-morale-laique-est-elle-134949
Écrit par : L'enfoiré | 29/04/2013
La tragédie arabe, ou comment une civilisation qui a mené le monde autrefois est tombée en lambeaux
Il fut un temps ou les mots ‘Islam’ et ‘progrès’ étaient presque synonymes, rappelle The Economist. Les Califats arabes qui se sont rapidement répandus dans la quasi-totalité de l'Eurasie étaient les superpuissances les plus progressistes, tolérantes et commerciales du monde. Mais la gloire d’antan a fait place à la guerre et au despotisme. Pourquoi, et que faire pour y remédier? Le journal économique britannique tente d’apporter une réponse à ces questions.
L'espoir qui a surgi dans le monde arabe sous l’impulsion du « printemps arabe » dans les régimes dictatoriaux de la Tunisie, de l’Egypte, de la Libye et du Yémen s'est évanoui, et à part en Tunisie, ce sont la guerre et l’autocratie qui lui ont succédé.
Des djihadistes viennent de fonder un nouveau califat en Syrie et en Irak, et ils affirment vouloir étendre leurs conquêtes à une grande partie du monde. L'Egypte est passée sous le contrôle d’un ancien général, quant à la Libye, elle est livrée à des milices. Le Yémen est a bord de la guerre civile. L’Israël et la Palestine renouent avec la violence et même des Etats comme l'Arabie saoudite et l'Algérie, qui peuvent compter sur le pétrole pour leur apporter de la richesse, sont plus vulnérables qu’ils ne le paraissent.
La démocratie, le bien-être et la prospérité restent donc hors de portée de la plupart des 350 millions d'habitants de la région, hormis pour les quelques qui profitent de l’exploitation pétrolière. Ces conditions font le lit des autocrates et les fanatiques, et n’augurent rien de bon pour la stabilité du monde.
Suivant The Economist, l'extrémisme religieux dans les réinterprétations modernes de l'enseignement islamique est au cœur des plus grands maux du monde arabe. Cette conception de la foi promeut l’association entre la religion et l’État, éludant le développement d’institutions politiques indépendantes.
Mais cet extrémisme religieux n’est qu’un canal pour la misère du monde arabe, et non sa cause fondamentale. Dans les démocraties musulmanes comme l'Indonésie, la situation est bien meilleure. The Economist explique que les pays arabes font les frais de leur manque d'expérience avec les institutions démocratiques. Dans la plupart de ces pays, l’influence – quand ce n’était pas le contrôle - coloniale des Français et des Britanniques s’est fait sentir bien après leur accès à l'indépendance dans les années 1960. Les pays arabes n’ont pas encore réussi à mettre en place les éléments indispensables à toute démocratie : le débat parlementaire, la presse libre, des tribunaux indépendants, des universités, des syndicats, et des principes tels que la protection des droits de l'homme, et l’émancipation des femmes.
Cette absence d'un État démocratique et libéral s’est combinée avec l'absence d'une économie libérale au Moyen-Orient. La planification centrale (souvent inspirée par l'ex-Union soviétique) a été de mise, et dans certains pays comme l'Egypte, où le socialisme postcolonial n'était pas dominant, c’est le capitalisme de connivence qui s’est installé. Presque aucun marché n’était libre, quasiment aucune multinationale n’a pu prendre pied dans ces pays, et ceux qui nourrissaient de grandes ambitions professionnelles devaient émigrer en Amérique ou en Europe.
La stagnation économique résultante a apporté l’insatisfaction, et conduit les monarques et les autocrates à mettre sur pied des polices secrètes pour se défendre. La mosquée est devenue le refuge des populations radicalisées qui ont retourné leur colère contre leurs dirigeants et l’Occident qui les soutient.
Pour The Economist, les choses ne pourront évoluer favorablement que sous certaines conditions:
La prospérité et la démocratie ne peuvent être imposées de l’extérieur, comme l'invasion et l'occupation de l'Irak l’a montré. Il faudra du temps pour remédier à ces problèmes.
Seuls les peuples arabes eux-mêmes peuvent inverser leur déclin, mais actuellement, il est peu probable que cela se produise. Les monarques financés par l'Occident et les militaires qui ont pris le pouvoir veulent imposer la « stabilité ». Mais la répression et la stagnation ne sont pas la solution, estime le journal ; non seulement elles n’ont pas fonctionné par le passé, mais elles sont aussi à la source des problèmes actuels. Les dirigeants actuels doivent comprendre que la stabilité passe par des réformes.
Il appartient aux musulmans arabes modérés et laïques, qui composent la majorité du monde arabe, de faire entendre leur voix, et de se réclamer des valeurs qui ont assuré la grandeur de leur région autrefois : le pluralisme, l'éducation et l’ouverture des marchés.
Source: http://www.express.be/business/?action=view&cat=economy&item=la-tragedie-arabe-ou-comment-une-civilisation-qui-a-mene-le-monde-autrefois-est-tombe-en-lambeaux&language=fr&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=
Écrit par : L'enfoiré | 10/07/2014
Le religieux doit être l’allié de la laïcité
Débats sur l’opportunité du maintien des cours de religion dans l’enseignement officiel, volonté d’inscrire la laïcité ou la neutralité dans la Constitution, suppression par Proximus de la chaîne de télévision catholique KTO, quelles sont les bases idéologiques qui sous-tendent ces initiatives, sont-elles reliées entre elles, sommes-nous face à une exacerbation de l’antireligieux en réponse à une crainte d’une emprise nouvelle du religieux sur la vie publique ?
Séparation entre Etat et religion
Les différentes strates de l’histoire de l’Europe ont permis d’accéder non sans violences au concept d’Etat laïc, et les religions chrétiennes, historiquement les plus présentes sur ce continent, ont su évoluer pour vivre en harmonie dans ce contexte de séparation entre l’Etat et les religions, et pour soutenir les valeurs qui fondent nos démocraties.
Chaque religion a ses fondements spirituels propres ainsi que son histoire forgée en interaction avec celle des pays où elles sont implantées. Le monde musulman, c’est plus d’1,6 milliard de personnes, dont une trentaine de millions en Europe.
De nombreux pays à majorité musulmane sont des organisations étatiques qui ne connaissent pas la séparation entre l’Etat et la religion, il y a entre ces pays et nos traditions politiques occidentales des différences fondamentales quant à la conception de l’Etat et du vivre ensemble. La question que beaucoup se posent est de savoir si ces différences sont issues d’une idéologie religieuse radicalement incompatible avec nos démocraties ou d’événements historiques qui n’ont pas permis à ce stade l’émancipation politique et l’avènement des libertés. L’émergence de l’islamisme radical n’a fait qu’ajouter à cette confusion, pour certains c’est une dérive sans lien avec la religion musulmane, pour d’autres c’est un dérivé dévoyé de cette religion et de ses traditions politiques.
La question du religieux est donc revenue brutalement dans nos sociétés occidentales, la religion musulmane et sa culture politique menacent-elles nos démocraties, faut-il renforcer l’arsenal juridique pour protéger la laïcité de l’Etat, faut-il évacuer le religieux de la vie publique ? Ces questions se mêlent à celles relatives au consensus historique de ces quarante dernières années quant à l’équilibre trouvé entre laïcité et libertés religieuses, notamment via le pacte scolaire et la loi sur les cultes, consensus apaisant mais pas totalement apaisé.
Dénominateur commun
Pour certains, le communautarisme et le religieux sont les principales menaces pour nos démocraties, et seul un modèle construit sur l’idée d’un dénominateur commun "laïc" qui fait fi de toute référence communautaire et religieuse, peut assurer les bases des démocraties apaisées. Dans cette perspective, un réseau unique d’écoles publiques serait le mieux adapté pour donner cette éducation du "vivre ensemble", quant au religieux, il faudrait le cantonner dans la sphère exclusivement privée. Pour d’autres, la violence est un phénomène beaucoup plus complexe que la seule éducation dite laïque ou que l’organisation d’une société qui vivrait une sorte de théorie de la neutralité. La violence est dans le totalitarisme ou le refus de la différence, il existe des idéologies religieuses totalitaires, comme il existe des idéologies laïques totalitaires qui ont fait des dizaines de millions de morts, les révolutions bolchevique et culturelle et le nazisme en étant des exemples dramatiques.
A la base d’une société démocratique et pacifiée, il y a les libertés d’expression, de pensée, de croyance et d’organisation. Une idéologie fondée sur ces libertés est la meilleure façon d’intégrer les différentes communautés, l’enjeu n’étant pas de nier les spécificités communautaires, mais de les inscrire dans une dynamique de projet commun, de respect et de dialogue interculturel.
Pour les religions chrétienne et juive, qui sont historiquement implantées en Europe et qui ont contribué à ce qu’est la culture européenne, leur modèle s’inscrit naturellement dans le projet commun, pour la religion musulmane, dans la mesure où elle est pratiquée par des populations immigrées qui ont quitté des pays dont le projet commun peut être différent, l’enjeu des chocs entre modèles est réel. Ce qui compte, c’est la volonté de chacune des religions et des communautés de supporter le projet commun et d’y contribuer. Si l’une des communautés était en rupture avec ce modèle commun, elle générerait une contre-culture et s’enfermerait dans un communautarisme getthoïsant. Par exemple, de nombreuses voix expriment le souhait d’encourager l’émancipation d’un islam plus en phase avec les valeurs européennes; un tel projet implique de la recherche universitaire, des programmes d’enseignement de qualité et des enseignants bien formés. Déconstruire l’enseignement religieux comme la Communauté française le fait va à contre-courant de cet objectif. Il faut vouloir mettre à la disposition de chaque courant religieux et philosophique un programme solide, qui intègre une formation à l’histoire et à la critique historique, aux questions philosophiques, aux réponses de sens apportées par son courant de pensée par comparaison aux autres, aux liens avec la société, et à la liberté de se former ses propres convictions.
Dans les médias, un cadre de référence
Dans le domaine des médias, se posent aussi ces questions idéologiques. En radio, la Communauté française a prévu des radios communautaires et le CSA a décidé d’attribuer des fréquences à la radio chrétienne RCF, à la radio juive Judaïca, et à la radio pour les populations arabes, berbères et musulmanes Arabel. En télévision c’est très différent, car ce sont les opérateurs du câble et de télécommunication qui choisissent les chaînes distribuées.
Un débat de fond vient d’être posé par Proximus à la suite de sa décision d’éjecter la chaîne catholique KTO de son bouquet. La CEO de Proximus a positionné cette décision notamment sur le plan idéologique : "Si ce critère (le pluralisme) était de mise, je devrais offrir toutes les chaînes liées à une confession religieuse, ce qui n’est pas possible. Le pluralisme impose au contraire que je respecte une certaine neutralité en ne privilégiant par une chaîne par rapport à d’autres." L’intérêt de cette déclaration est de constater que le raisonnement idéologique est présent dans ce genre de décision, et qu’il serait donc logique qu’un cadre de référence soit adopté par la Communauté française. Sur 180 chaînes, une chaîne de télévision catholique n’aurait pas sa place car sa simple présence risquerait de devoir accepter un jour une autre chaîne juive ou musulmane !
Ce qui fait le lit du communautarisme, ce sont les groupes sociaux qui regardent principalement des chaînes étrangères, et qui sont donc complètement déconnectés de la vie sociale et informationnelle belge. Quand vous ne regardez que les nouvelles d’Al Jazeera, vous voyez des représentations de la réalité et des interprétations très différentes de celles qui sont diffusées dans les médias belges. Tant sur le plan de la connaissance de la langue française que sur celui de la compréhension de la société dans laquelle vous vivez, ce type de situation procède exactement à l’inverse de l’intégration. Donc si demain, d’autres projets de chaînes de télévision à vocation religieuse ou communautaire en cohérence avec le projet commun de société venaient frapper à la porte de Proximus, ce serait plutôt une bonne nouvelle, dans la mesure où de tels projets créeraient un contexte culturel et linguistique favorable à l’intégration.
Que ce soit dans l’enseignement ou dans les médias, ce n’est pas en excluant le religieux que l’on progressera dans le vivre ensemble, c’est au contraire en l’incluant dans la scène publique et en le confrontant au débat des idées, que nos sociétés alimenteront une culture du progrès de la pensée.
http://www.lalibre.be/debats/opinions/le-religieux-doit-etre-l-allie-de-la-laicite-570bcbd635702a22d6475acd
Écrit par : L'enfoiré | 12/04/2016
Le substantif « laïc » est, à l’origine, un terme catholique remontant au XIIe siècle ; il désigne tout simplement l’homme qui n’est pas un clerc. Il vient du latin laïcus procédant lui-même du grec laikos signifiant homme du peuple. A l’origine, il portait une connotation péjorative car il sous-entendait bien souvent l’ignorance ou la grossièreté.
Son dérivé, « laïcité », désigne l’autorité exercée sans l’assentiment de l’Eglise. Le terme fut inventé en 1871, au début de la IIIe République, pour servir en quelque sorte d’étendard à l’anticléricalisme de la Franc-maçonnerie, qui s’est juré depuis sa fondation de faire disparaître l’Eglise catholique, et qui le clama haut et fort quand le pouvoir tomba enfin pleinement entre ses mains pour culminer dans la loi de 1905, qui spolia et persécuta l’Eglise (le cri de guerre « A bas la calotte ! » des anti-chevaliers maçons constituait en quelque sorte le contrepied du « Montjoie ! Saint-Denis ! » des chevaliers français).
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-laicite-bien-comprise-234767
Écrit par : Allusion | 29/07/2021