Chienne de guerre (10/11/2009)

0.jpg"Si tu veux la paix, prépare la guerre", pour expliquer l'armée. Mais, après la guerre, que reste-t-il. La paix? Les souvenirs? Un musée de la guerre? Ça, c'est presque sûr. Des expositions qui se suivent et se ressemblent pour faire comprendre du genre de connerie, la guerre. La dernière exposition "Chienne de guerre" rappelait que les animaux sont utilisés en temps de guerre.

Les budgets de la Défense ont toujours été hors normes dans toute l'histoire des nations. Comme signataires de l'Europe, nous avons plus de 60 ans de paix derrière nous. On oublie vite les acquis apporté par cette signature. Depuis, lors, les générations se sont suivies. La guerre a été dite "froide", économique. La mémoire de la guerre est pourtant rafraichie par la représentation quotidienne derrière la petite lucarne. Le documentaire télévisé, avec des images d'archives, colorisées pour réactualiser avec nos habitudes, "L'apocalypse" a fait revivre la 2ème guerre mondiale.

La mémoire, c'est, aussi, les expositions spécialisées, les anniversaires  et les jours de fêtes nationales permettent de ressortir toute ses armes lors de défilés prestigieux. Rien que le mois de juillet compte 20 fêtes nationales dont les plus connues chronologiquement, le Canada, les États-Unis, la France et notre petite Belgique. Les défilés militaires pendant les fêtes nationales sont là pour impressionner. Ils sont les vitrines de notre style de vie et de défense.

Le Cinquantenaire a, dans son sein, une annexe suffisamment importante pour abriter le musée de l'armée. Il pris forme à la fin du XIXème siècle. Léopold II voulait rivaliser avec Paris. Une arcade monumentale s'éleva, dès lors, au milieu d'un parc.En 1923, sous le nom de "Musée Royal de l'Armée et d'Histoire Militaire", le musée fut créé. Armes, uniformes, médailles, chars, tableaux et statues d'époque vont y trouver place pour rappeler des moments de gloires. L'évolution technique commence avec les brillantes armures du Moyen Age, véritables œuvres d'art pour arriver aux solutions plus modernes au travers des 2 guerres mondiales, après les Pays-Bas autrichiens et l'époque napoléonienne. Visite qui se prolonge par l'aviation militaire et civile dans un hall à la mesure de ces machines volantes.

Actuellement, une exposition "Chienne de guerre" présente la guerre de 1914-18 avec le rôle joué par les animaux pour soutenir les efforts guerriers des humains. Parfois, pour le meilleur; souvent, pour le pire.

Ce sont, donc, les animaux qui sont à l'honneur comme accompagnateurs de l'homme dans beaucoup de fonctions. Il aurait mieux valu pour eux qu'ils ne nous obéissent pas trop et ne nous fassent pas confiance au vu du tribu qu'ils ont laissé à notre gloire.

Lorsque la Première Guerre Mondiale éclate en 1914, l'animal est une force de travail dans sa relation avec l'homme. Le conflit va lui faire prendre un rôle bien plus important. Les chevaux d'abord, les chiens et les pigeons, ensuite. L'uniforme du soldat, lui-même, est équipé de matière d'origine animale: cuir pour les chaussures et ceinturons, drap de laine pour l'uniforme, plumes et crin de cheval pour le couvre-chef. Le coton remplacera le cuir et la laine en temps de pénurie comme substitut. Prendre soin de son chien et de son cheval devient crucial pour exécuter les opérations de guerre. Chiens mitrailleurs, jouissant d'une ouïe fine et d'un flair, ils sont devenus un auxiliaire de premier ordre comme sentinelle et comme garde. Les pigeons, pour les transmissions. Entre temps, un cinquième de la population civile va se retrouver sur les routes pour fuir la Belgique à bord de charrettes tirées par des chevaux, par le bétail et les chiens et se retrouver sous le feu nourri des avions ennemis. La pénurie de nourriture oblige à devenir écologique avant l'heure. On reconnaît et on se protège contre les petits ennemis acariens et autres. Les réquisitions massives des chevaux se multiplient. Dans les milieux colombophiles, l'autorité occupante oblige à déclarer les pigeons, à les enfermer et interdit de les vendre. Les chiens de plus de 40 cms au garrot sont réquisitionnés.

Des souvenirs, donc, à ne plus savoir comment les oublier. On aime se souvenir mais les générations successives usent le souvenir.

Premières constatations générales pour le visiteur d'une telle exposition: beaucoup de visiteurs et ce n'est pas la gratuité seule qui attire. On y vient en famille. Papa, maman et les gosses. C'est le papa qui montre, avec de nombreux gestes aux gosses, le maniement des armes, qui pointe du doigt, avec un certain enthousiasme, les décorations et autres ex-voto. Récompenses des guerres. Quand on pense à ce qu'est une guerre, ce qu'elle rappelle dans la réalité, je reste perplexe par cet enthousiasme. Je me demande incrédule, quel est le but de la manœuvre?

Faire peur? Si c'est le cas, c'est raté. Toutes ouïes, le gamin, cela n'a pas l'air de le faire trembler. Le gamin pense, au contraire, à faire son marché, au nouveau revolver qu'il va pouvoir demander à Saint Nicolas. Est-ce une vue plus pratique  du papa qui se rappelle les difficultés pour trouver de l'emploi, aujourd'hui? Pense-t-il faire un militaire, de son gamin, plus tard? Oui, c'est vrai, il y a quelques bonnes places à prendre dans un futur assez problématique. La propagande militaire "Engagez-vous" pousserait à le croire. Si les quelques galons et décorations, c'est, peut-être, plus gênant à porter sur la poitrine, cela fait briller l'ensemble. Il fut, un jour, où j'avais même rapproché, dans un article, l'esprit du scoutisme avec l'esprit militaire à la vue de la présence mixée et partagée dans une idéologie commune et que l'on pourrait retrouver à l'occasion des jamboree.

Il y avait aussi des militaires d'un âge certain parmi les visiteurs. Eux, ce n'était pas, visiblement, avec une nostalgie contenue, que leur visite se déroulait. Pas d'exubérance, une exploration qui faisait défiler des images contenues au fin fond de leur mémoire.

Plus tard, lors de la visite, je me trouve devant un avion. Un groupe de Japonais s'approche. L'un d'entre eux s'écarte du groupe pour venir se placer devant un avion de la dernière guerre. Associant un grand salut militaire à un sourire plein de dents, il s'attend à ce que ses copains le prennent en photo avec patience et fixité. Clic clac, dans la boîte à souvenirs. Je ne peux m'empêcher de lui faire remarquer en un anglais parfaitement compréhensible "the war is not as simple as a smile and a military salute with the hand" (la guerre n'est pas aussi simple qu'un sourire et qu'un salut militaire). Il continue son sourire et rejoint ses amis sans rien ajouter. Je n'ai pas chercher plus tard à savoir s'il avait compris et s'il était d'accord avec ma réflexion trop philosophique pour un lieu de tant de prestiges.

N'est-ce pas normal de vouloir par idéal défendre l'endroit où l'on est né, "sa" patrie? N'est-il pas normal de montrer à l'autre que notre culture est plus avancée, plus technologique? Vision souvent faussée car qui prendrait l'habitude d'aller en délégation voir cet autre avant de le déclarer comme ennemi? La bonne vie a pris heureusement plus de valeurs. Le temps a effacé les envies belliqueuses. Plus question dans nos pays occidentaux de se lancer dans une aventure sans lendemain.

C'est presque un lieu commun que de le dire. L'armement a toujours été la préoccupation première des hommes pour défendre leur intégrité, leurs idéologies, leurs frontières. Après, on construit, dès lors, des murs. On vient de fêter le vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin. Celui d'Israël, celui de la Ligne verte, à Nicosie, tomberont, aussi, un jour. La question reste, à quel prix? Mais tous les murs ne peuvent disparaître sans la compréhension que vivre ensemble est la meilleure manière de vivre. Cela imposera une éthique toute particulière dans un monde qui grandit et qui aura de plus en plus de différences de conceptions. Éthique qui ne permettra plus des distorsions trop importantes.

Aujourd'hui, les murs passent, parfois, par plus de virtualité mais restent présents en esprit. A Berlin, ce n'est pas de la nostalgie, on parle d'ostalgie. Passer du zoo à la jungle n'est pas une sinécure.0.jpg

Un homme politique disait avant la chute, "j'aime tellement l'Allemagne, que j'en veux deux".

Dans des phases défensives alternées avec des phases offensives et de plus en plus techniques, la peur de l'autre subsiste même si, cette fois, elle devient indéfinissable et moins marquée par deux blocs idéologiques. Moins agressive, mais tout aussi efficace dans leur volonté de détruire les opposants de sa propre idéologie ou pour répondre à une agression. Autre histoire de l'œuf et de la poule probablement. Le fautif est toujours l'agresseur de l'autre camp.

« L'art de la guerre, c'est de soumettre l'ennemi sans combat. », disait le grand guerrier Sun Tzu.

Le patriotisme est-ce la clé du succès et de la vie sereine? Symbole des symboles, le drapeau national et ses couleurs spécifiques. Prestige de combattre pour lui avec des médailles en récompense des loyaux services à la patrie.

0.jpgEt si les frontières disparaissaient? Arte s'était posé la question dans le Théma du 22 janvier 2008. A l'échelle mondiale, l'ONU tente d'abolir les frontières entraînant la possibilité de s'établir où l'on veut. Fausse sortie, souvent. Il faut en avoir les moyens de cette politique. L'Europe, tente la même opération de rapprochement à l'échelle du continent. Schengen avait élargi le cercle des "amis". Mais, les souverainetés sont toujours présentes pour freiner le mouvement de communion des peuples. L'influence, l'impact de ces décisions de recherche d'identité est énorme. Si les marchandises transitent sans plus beaucoup de documents, l'immigration des hommes n’apparaît toujours pas ringarde pour l'accepter de bonne grâce dans un visage que l'on donne de l'humanité. L'extrême droite en fait son leitmotiv.

Le 26 novembre, la RTBF se posait vraiment la Question à la Une, du "quoi faire" avec une armée? Cela remettait quelques idées préconçues à leur juste niveau.

Humanitaire ou militaire? C'est un peu le choix aujourd'hui en dehors des points réellement chauds de la planète comme l'Irak et l'Afghanistan.

Les objectifs de l'armée, maintenir la paix. L'ennemi a changé de visage. Plus de confrontation entre deux blocs Est et Ouest. Le communisme s'est mis en veilleuse avec la chute du Mur de Berlin. Le service militaire des jeunes a été supprimé dans beaucoup de pays. Les troupes stationnées en Allemagne en sont sorties. Il s'agit de soutenir l'ONU. Depuis le 11 septembre 2001, l'ennemi se cache derrière le terrorisme qui n'a, lui, plus de frontières. La sophistication ne se retrouve plus nécessairement dans le matériel ad hoc. On cherche à vendre le matériel obsolète. 1500 véhicules de l'armée sont ainsi vendu par an en Belgique, ce qui représente quelques 300 millions d'euros depuis quelques années. Il faut que les nouvelles armes remplacent les anciennes. L'OTAN, trop américain, ne fait pas confiance.

Nous sommes, désormais, à l'ère de la guerre des étoiles et des informations: guerre de tranchée derrière celle des claviers. Ce qui change la donne. Les civiles sont, aussi, devenus plus exposés que les militaires.

La présence militaire en Afghanistan fait débats. Obama se cherche encore dans une question de "stop ou encore". En Belgique, 30 millions d'euros par an et 5 millions pour raison humanitaire. Se spécialiser dans les objectifs devient obligatoire en période de crise.

Les missions à l'étranger sont devenues les raisons principales de l'armée. Au Kosovo, la KFOR après 10 ans sur place, continue à établir des contacts avec la population locale en tenant écartés serbes et Albanais. Le rôle de sociologue apparaît là-bas. A Kandahar ou à Kaboul, c'est plutôt rester sur le qui-vive en attendant que cela passe. Échec en Irak, échec en Afghanistan de la pacification sous la forme uniquement militaire.

Pour recruter de nouveaux jeunes militaires de métier, il faut présenter l'aspect sécuritaire du rôle de l'armée. La sécurité d'emploi en poussant la motivation du côté social. Pourtant, on n'aime pas trop garder les anciens, trop âgés, de plus de 40 ou 50 ans. Retrouver une place dans le civil reste une possibilité, mais c'est un autre monde avec une guerre commerciale comme seule similitude. Tout dépend de l'occupation sous les drapeaux. Pilotes, informaticiens, on aimera peut-être, mais tireur d'élite? Ce n'est pas gagné.

0.jpgLa sophistication des outils technologique dépasse les anciens outils. Tanks et jeeps, même si ils ont évolué ne trouvent plus vraiment preneur dans la préparation du guerre moderne. Le Président Sarkosy a d'ailleurs réassigné les budgets militaires pour les orienter vers l'espionnage par satellite et la tendance "guerre des étoiles". Les dernières poussées de nationalisme, d'identité nationale ont aussi des relents de trop de déboires à leur actif et ne génèrent pas uniquement les bravos.

Les Balkans ont été le cadre de quelques hésitations de la pacification de l'Europe. La violence dans la fédération de Yougoslavie, assez factice, il est vrai, a été dépecée. La Russie, elle-même, se retrouve seule dans l'ancienne URSS.

En 2007, l'Estonie avait subit une attaque en règle qui avait bloqué tous les réseaux informatiques. La guerre technologique avait commencé. La Russie avait été désignée comme coupable potentiel. Les ordinateurs zombies ont générés paniques et pagailles. Nouvelle stratégie: les Armes d'Informatisations Massives ou de Armes de Désorganisation Massive La bande passante bloquée, les informations et les états ont été obligés de déclarer forfait. Couper les lignes et relancer. Bugs et virus sont les armes de demain pour déstabiliser et il ne faut pas nécessairement une armée pour y arriver. Le piratage et la guerre télécommandée. Des kits de pirate existent dans le commerce. La Société Kaspersky découvre 500 nouveaux virus par jour et évalue à 10.000 internautes capables d'être des cyber-criminels. Le commerce de l'antivirus est évalué à un budget de 100 milliards de dollars. Certains hackers sont contactés et engagés dans les rangs de l'armée de l'ombre. Un pacte de non-agression ne semble se créer que dans la logique. Hacker, une profession à part entière pour demain?

Daniel Cohen sortait récemment un livre qui raconte par le menu cette histoire au travers des siècles avec le titre "La prospérité du vice". Une introduction (inquiète) à l'économie? Pas seulement. L'équilibre des puissances par l'intermédiaire des guerres, parfois religieuses, poussées par le pouvoir et les richesses. "L'Europe pour lui devra apprendre à conjuguer l'idée de l'Empire universel, présente à travers la foi chrétienne, notamment, et le génie singulier de chaque nation", écrit-il.

"Enrôlez-vous", qu'ils disaient. Il est vrai qu'aujourd'hui, vous serez peut-être plus à l'abri à l'intérieur de l'armée qu'à l'extérieur comme civil. Quant à la sécurité d'emploi, elle n'est plus une raison d'assurance dans la longueur, car le carriérisme n'est pas plus prisé qu'ailleurs.

0.jpgL'Europe, quoi qu'on en dise, a contribué à la paix que nous connaissons. Ceux qui n'en font pas partie rêvent d'y entrer, ceux qui n'y sont pas, rêvent d'en sortir. Paradoxe de notre temps qui cherche son origine dans des raisons économiques et sociales trop peu agencées avec succès. Une vue raccourcie par des pensées d'être à la botte des USA, quelque part, aussi. Et pourtant... La paix reste toujours fragile et dépendante de beaucoup de paramètres de confiance et de compréhension mutuelle. Elle restera toujours dans les mains des populations concernées d'évaluer les risques de ne pas trouver les concessions nécessaires. La Turquie, à cheval sur deux continents, on peut comprendre la difficulté à faire partie du "club" des européens. La Russie, elle, fait partie physiquement du territoire de l'Europe.

Cynisme complet, on avait même entendu "Mieux vaut profiter de la guerre. La paix sera pire". Les armements nouveaux, même avec le prix de la technologie qui diminue, resteront très gloutons en énergie et en monnaie. (USA 500 milliards de dollars, un quart du budget fédéral. L'Europe, le cinquième). Surveiller les amis de nos ennemis dans une hyper-surveillance?

Canaliser, les instincts, les idées et les idéologies deviendra de plus en plus difficile à l'ère d'Internet.0.jpg

Ce sera s'armer toujours d'avantage ou s'allier comme seule autre solution. Supprimer les casernes et les militaires, ce n'est pas le premier point dans la "check list" d'installation de la paix durable.

Alors, l'armée au musée ou pour construire la paix? A nous de choisir.

Et si on demandait leur avis à nos animaux de compagnie? Pas sûr de la réponse.

Pour les images de tout cela, c'est ici.

 

L'enfoiré,

 

"A quoi sert l'armée" se posait la question un rédacteur français.

Sur Agoravox, pas de guerre mais des opinions?

  

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Citations:

 

Mise à jour du 13/11/2009 : Voici que l'actualité bouscule l'article ou le complète de manière inattendue:Le service militaire réapparait mais il est volontaire. Les inscriptions commencent.

 

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