Un pays inachevé ou à achever? (02/12/2009)

0.PNGIl y a quelques temps, une émission de télé "Un pays inachevé" essayait d'expliquer comment on arrivait à la situation que nous connaissons aujourd'hui en Belgique. Un titre à double sens. Est-ce dire qu'il faut l'achever dans les sens de le compléter ou celui de le tuer?

Les Français ne s'intéressaient pas à leurs voisins du Nord, si ce n'est pour en faire des clichés qui a fait le fond de commerce de Coluche et d'autres humoristes. Ces Belges sont tellement incompréhensibles. Avec la crise politique de l'année 2007, ce fut le regain d'intérêt. La Belgique intrigue en externe et excite en interne. Remettons une couche d'explication ou à l'incompréhension.

Oui, j'ai déjà parlé de l'histoire de la Belgique dans "Une petite histoire pour autre chose". J'avais passé des heures à scanner les opinions orales, à visionner quelques vidéos et à lire plusieurs opinions aussi bien d'un côté que de l'autre de cette dites frontière linguistique et culturelle.

Expliquer avec quelques détails, serait-ce une entreprise impossible ? Pas sûr mais pas de panique. La télévision belge a essayé, récemment, de le faire comprendre dans un documentaire en 4 épisodes : "Un pays inachevé".

Mais, l'histoire n'est jamais finie.0.PNG
Elle se construit par à coups dans la douceur ou la dureté des tremblements d'une Terre qui semble pourtant très calme.

Depuis, c'est vrai la crise a brouillé toutes les cartes. On a pu déterminer le prix des plombs. On a pu  même les décharger, ces fameux plombs.

Des gouvernements de toutes les tendances politiques, élus à la proportionnelles, se sont succédés pour temporiser les problèmes communautaires trop épineux. Les couleurs de gouvernement à l'arc-en ciel n'ont été qu'une étape. L'orange bleue, elle, n'est déjà plus qu'un lointain souvenir. Après des "conciliateurs", des "facilitateurs", un "plombier", un "explorateur" devenu "pompier", Herman Van Rompuy, surnommé le "Sphinx", avait accepté, du bout des lèvres, la fonction de Premier Ministre. Après un an, il se retrouve, cette fois, à l'étage supérieur de l'Europe. Fédéraliste mais pas fondamentaliste. En plus, il parle de moteur du climat...

Cela a étonné, si pas frustré, plus d'un pays parmi les autres européens. VRP laisse sceptique dans la presse en tant que Président du Conseil européen. On y lit "un Président pour la déco", "qui ne dérange personne", "terne et de bas profil"...

Sachant qu'il risquerait une nouvelle crise, il a fallu le pousser par deux fois pour qu'il accepte cette nouvelle position. Ses collègues, les autres ministres, ne paraissaient pas se démentir en parlant de lui comme un boss avec qui il était agréable de travailler. VRP connait la politique belge avec ses problèmes inextricables, ses compromis, depuis plus de trente ans. Peu connu, pas de blabla, pas de shows médiatiques.

0.PNGC'est vrai, VRP plaisait par son côté anti-bling-bling, par son mutisme calculé et tranquille, sa malice, ses bouts de phrases non versifiés...

En Belgique, depuis un an, au Nord et au Sud, cela semblait R.A.S. L'équipe ministérielle l'aurait bien caché pour garder cette zénitude accordée à la belgitude. "Il faudra faire du Van Rompuy, sans Van Rompuy", lançait, avec humour, Madame Onkelinx.

Dans la population belges, sa candidature, sa sélection à l'Europe, furent des surprises. Il avait traîné les pieds pour prendre la place de Premier, un article disait même qu'il commençait à s'y plaire. Cette fois, il allait prendre ce nouveau poste avec un détachement non dissimulé.

Il gardera son passe-temps, les Haïkus, dans la salle d'attente pour préparer ce rendez-vous avec l'histoire d'un continent dans la plus gr_r_rande discr_r_rection... si l'on suit sa manière de le prononcer.0.PNG

Le charisme n'est pas toujours celui qui est le plus évident et qui éclate à la vue de tous.

Les Belges prennent du galon à l'étranger et stagnent à l'intérieur. Un commissaire est nommés chez Barroso à partir de ce petit pays multiculturel. Le pays et surtout Bruxelles sont souvent considérés comme des laboratoires de l'Europe, avec le choc des cultures. Les langues ne sont plus seulement bilingues, elles se rencontrent dans un exotisme mondial. Voyager dans les cultures devient possible tout en restant à l'intérieur de la capitale. Il suffit de se promener dans la rue Neuve du centre ville pour s'en apercevoir et voyager en esprit. Et cela marche, en général, pas trop mal.

0.PNGLa scission de BHV (Bruxelles, Halle, Vilvoorde) , le vieux problème, mis au frigo, revient comme le monstre du Loch Ness.

La crise était passée par là pour temporiser les instincts identitaires. Renversement de situations, le Nord du pays perdaient, avec la crise, plus d'emplois que dans le Sud. Les problèmes communautaires n'étaient plus "la" priorité.

Mais on savait que le calme n'était pourtant que temporaire. Il faut crever l'abcès pointé par l'Europe.

Pour rappel, les trois acteurs de BHV sont la région Bruxelles Capitale, que l'on la considère souvent comme la moelle épinière du pays avec un million d'habitants, les villes de Vilvoorde et de Halle qui ont, toutes deux, moins de 40.000 habitants.

0.PNGOn a mis les petits plats dans les grands ou peut-être les pieds dans le grand plat.

Des sages, de "vieux crocodiles", diront certains ont été rappelés de leur douce retraite pour relancer la "machine".

Wilfried Martens, d'abord, pour passer le flambeau et ensuite Jean-Luc Dehaene, surnommé "le taureau," pour le seconder dans le travail. Un éléphant dans un magasin de porcelaine?0.PNG

Après un sondage rapide et direct sur un forum avec l'ancien Premier Ministre Gaston Eyskens, on comptait 86% de "Wait and see".

Personne ne considérait que c'était pour le meilleur. Flippant...

Leterme II va devoir jouer le Terminator. Après 2 gouvernements, 2 fonctions de formateur, qu'il a porté des fonts baptismaux aux... fonds baptismaux. Considéré comme un travailleur mais comme gaffeur de première, la confiance s'est réduite malgré les 800.000 voix, des électeurs en majorité de Flandre. Sacré malédiction que ces 800.000 voix.
0.PNGAura-t-il le costume qui correspond à sa fonction de réconciliateur?

Pour le printemps, une solution devrait être trouvée. Autant prendre le maximum de tuteurs et de "trucs" pour résoudre le problème.

"L'atmosphère est positive, les gens ont mûri, tout le monde veut négocier", dit son premier tuteur.

Le jeune ministre de l'énergie, Paul Magnette, ancien professeur en science politique et spécialiste des théories de la démocratie, passé du gouvernement régional au fédéral, était questionné à Répondez@la question. Même volonté de jouer le jeu, affichée. Il reconnaissait que l'ambiance était loin d'être aussi détendue à l'échelon fédéral qu'à celui du régional wallon qu'il avait quitté. La langue a décidément des agents liants pour comparer, au mieux, ses instincts politiques.  Le MR francophone qui se dit le plus grand parti du pays, disait-il, pas demander la place de Premier ministre. On n'en apprendra pas plus sur ce qui était son intime conviction.

Espérons que la crise gardera un arrière goût qui laissera des traces.

Mais, rappel de l'ancien ministre, hors jeu, plein d'expériences, Monsieur Eyskens, que disait-il, lui?

fédérale?, proposait-il".

0.PNGLe Vif L'Express laissait, dans la semaine, la parole aux nationalistes et séparatistes flamands.

Autres discours. "La Belgique, une foutaise." Au sujet de Bruxelles, un langage qui frisait la révolte de ses habitants. "Bêtise d'agrandir Bruxelles" et tout de suite après: "Sonnez, faites comme chez vous, Bruxellois. Mais n'oubliez pas que vous êtes chez nous". Fin de citations.

Entouré, oui, mais dans une région à part entière qui accorde le droit au travail, aux navetteurs du Nord et du Sud comme aux autres.

0.PNGTout est dit. Y a plus qu'à. Que le meilleur gagne...

Leterme, deuxième du nom, a dit dès son entrée en "matière" qu'il avait "ses" priorités socio-économiques.

Tout est imbriqué en Belgique: les mentalités d'indépendance vis-à-vis d'autres acteurs externes au pays, l'esprit, l'économie et la dette publique. Plus de 175 ans de vie en commun laisse des traces, des habitudes.

La Belgique, un pays qui reste à mener à bonne fin, oui. Achever, dans le sens de donner le coup de grâce, serait, si l'on en croit certains chefs d'entreprises qui voient écartelés des filiales et des clients sur les deux territoires, tuer la poule aux œufs d'or.  "Made in Belgium" n'est pas une étiquette que l'on remplace aussi facilement.

Les multinationales, elles, ne connaissent pas les frontières et ne verraient aucune grande difficulté, pour quitter la Belgique. La Flandre est plus exposée aux exportations que la Wallonie. Le Nord a subit 20% de pertes d'emplois en un an. Après l'industrie, ce sont les services qui sont touchés. DHL a, peut-être, déjà choisi Bonn, Opel et Bayer s'éloignent. On l'a d'ailleurs remarqué dans le Nord.

La conclusion du documentaire "Pays inachevé" était "Les années 50, l'émotionnel était dans la rue, le calme chez les politiciens. Les années 2000, c'est l'inverse".

'Work in progress', un confédéralisme inédit ou la séparation qui a fait peur même aux hommes politiques d'expérience, même flamands, qui se disent incapables de gérer la séparation.

Alors, stop ou encore? Peut-êtes ben qu'oui, peut-êtes, ben que non.

Un thriller surréaliste à la belge, cela a du charme magritien.

J'ai déjà vu des pronostics, des référendums sur le web. Je ne connais pas la cote du "poulain", actuellement.

Voilà que les flamands plébiscitent leur "ennemi" de souche, que le maitre des lieux déçoit les syndicats.

0.PNGLes journalistes, les caricaturistes ont toujours le mot et l'image pour rire.

De toutes façon se sera toujours la suite sur l'écran noir de nos nuits blanches... vous savez-là où on se fait son cinéma, une fois, deux fois, dix fois....

Mais surtout, toujours avec l'humour belge... (un exemple?)

Sans humour, pas de politique. Sans politique, pas d'humour.0.PNG

En plus comme on est dans la semaine de la frite, c'est qu'on l'a...

SVP, un paquet pour Yves. Ensuite, reprenons en chœur, "Allons, enfants de la Patrie, le jour de gloire est arrivé...."

Tout est dit dans un journal: "Les Belges ont souvent un humour décalé. Car la Belgique, c'est déjà une vaste blague. surréaliste. Tout y est improbable, à commencer par le système politique. On est plus déjantés, plus libres, avec une incapacité salvatrice à se prendre au sérieux. Parce qu'on n'a pas les moyens de se prendre au sérieux, tout simplement. Et puis, il y a cette touche d'autodérision typiquement belge avec cette fausse naïveté qui fait notre force".

 

L'enfoiré,

 

Sur AV, des terminators ou des exterminators?

 

Citations:

 

0.PNG08 janvier 2012: l'idée du confédéralisme revient comme la chimère à deux têtes.

15 juillet 2015: un café serré d'après 14 juillet:podcast

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