"Westalgie", un péril en rose et bleu (25/03/2011)

0.jpgDans les années 70, on parlait de péril jaune. Dans les années 80, on passa au "péril bleu" en partant par l'Ouest. Il revient sous forme "rose et bleu" par un transit par l'extrême Est.

Le 4 mars dernier, c'était la grève générale en Belgique.

Le 24 mars, nouvelle manifestation "monstre", cette fois, au niveau européen.

Dans le même temps, le gouvernement portugais jetait l'éponge après un énième programme d'austérité.

L'austérité déboussole de part et d'autre.

Qui a tort ? Qui a raison ?

L'austérité suite, et pas fin, à des crises à répétition et multiples, est de plus en plus mal digérée par les manifestants européens et peut-être aussi par ses non-manifestants. 1.jpg

Cela ne date pas d'hier.

"Le décoût de la vie", écrivais-je, il y a 5 ans. On se perd en conjectures

1.jpgLes sociétés belges gâtent leurs actionnaires.

En 2010, 103 sociétés ont réalisé un bénéfice global de 13.749 milliards d'euros. Une hausse de 65% par rapport à 2009. Les dividendes s'élèvent à 5.665 milliards d'euros en progrès de 46%. Fluxis, ABInbev et Bekaert sont dans les tops 3.

Quant aux bonus, la tentation sera bien là de récompenser les "généreux" donateurs de leur bon service de l'économie capitaliste.

Vu que la reprise économique est là, se voir imposer de nouvelles restrictions et ne pas recevoir les retours sur investissements des efforts, ne passe pas.

Accords interprofessionnels du 19 janvier, obtenus à l'arraché, entre syndicat et patrons, mais non suivi par la base. Insatisfaisant, il était recalé par la base en février. Cela veut dire que le malaise était plus grand que prévu. 

Le gouvernement en affaires courantes avait repris le flambeau avec de nouvelles propositions en dégraissant sa propre cagnotte. On s'attend à la suite du ping-pong. Maudite balance !

Huilé l'accord sur les bords, sans résoudre le problème de fond, ne suffit pas. Il faut réactualiser le passé, changer les règles en fonction de la concurrence étrangère, pour résoudre le problème.

0.jpgConsolider les acquis ne serait-il pas une approche plus adéquate comme bases des discussions ? Faire partie du droit aux fruits du travail de la base, ensuite.

Oui, il y a l'Europe qui impose de la rigueur, mais, elle a trop souvent scié la branche sur laquelle, elle se trouvait. "We are concerned", entend-on dans les hautes sphères. Dépendance d'une Europe, en fond de teint, avec des grands acteurs favorables à plus de serrement de vis.

2.jpgLa protection sociale contre les licenciements fait partie des revendications de la base. Ne plus être assis en permanence sur un siège éjectable ou mis sur une voie de garage, rejeté par une société qui ne reconnait plus les siens, serait un bon départ. Marre de se faire leurrer quand le panier de la ménagère atteint des records. Les produits énergétiques et des matières premières, des produits alimentaires, a été de + 15% en Belgique.

L'index dépasse tous les placements sur les comptes bancaire et cela malgré toutes les publicités d'un placement avantageux dont les banques se targuent. Une facturation plus transparente est demandée puisqu'il il y a des secteurs où les marges n'existent pas. Rendre la confiance aux partenaires sociaux pour négocier librement.

Dans les grandes entreprises, de la hiérarchie, entre le marteau et l'enclume, il ne faut pas trop espérer. Trop impliquée, trop occupée à garder ses propres prérogatives, elle tait les problèmes en faisant office de paratonnerre sapant toute initiative constructive dans l’œuf.

1.jpgLa période des années 80, Reagan et Thatcher ont changé la donne en réussissant à casser les grèves et en réduisant d'autant, les acquis sociaux. L'époque renaît de plus belle. Pour assurer, on s'attire toujours les jeunes loups, en les bernant avec des rêves de grandeurs par un capitalisme chauffé à blanc.

Différence, tout de même. A l'époque, un chef d'entreprise ne gagnait pas plus de 20 à 40 fois le salaire de sa secrétaire, norme fixée par des figures du capitalisme comme Henry Ford ou JP Morgan qui estimaient jusqu'à 40 l'écart maximal admissible. 1.jpgLe versement d'un bonus de 600.000 euros au CEO de Dexia est indécent. Quand on sait qu'il s'ajoute à un salaire d'1 million d'euros et à des primes de 200.000, cela ne fait qu'ajouter à l'iniquité. Et dire, conclut l'éditorialiste, Pierre-Henri Thomas, que c'est Jean-Luc Dehaene qui a avalisé cela en tant que président du Conseil d'administration. Jean-Luc Dehaene, cet ex-premier ministre qui nous a donné tant de leçons d'austérité...

La prise de conscience se produit dans la répétition des événements. Une étincelle rompt le silence comme on a pu le constater dans les pays arabes.

Jean-Claude Trichet raccroche et il parle. Selon lui, les Etats de la zone euro n'ont pas respecté les règles.

La crise actuelle serait pire que celle de 2008. A la crise des liquidités, s'est ajouté celle de la solvabilité. Scinder les activités bancaires et réduire la taille des banques. Mais, c'est bien sûr. Il n'y a qu'à... Il y a peu, pour garder une chance d'exister dans la longueur du temps, il fallait être plus gros que le concurrent et donc, acheter d'autres entreprises ou fusionner avec elles pour résister aux cavaliers noirs ou alors diminuer les coûts, c'est-à-dire, diminuer les effectifs, pour rester compétitif.  

En France, une morosité moralisatrice, revendicatrice s'est construite sur les forums d'Internet. 

La Belgique a, il est vrai, quelques protections dans ses tablettes gagnées de dures luttes.

Au niveau préavis et par l'indexation automatique des salaires, par exemple. Des parachutes en temps de crises. Plus troublant, plus grave, les créateurs d'acquis se mélangent les pinceaux. Ils se rongent les ongles, une fois, sortis de leur propre implication.

Préavis: son inventeur veut la fin de la "grille Claeys" (Belga, 15 Janvier 2011)

1.jpgThierry Claeys, avocat à la retraite avait créé, en 1974, ce que employeurs et employés appelaient la "Grille Claeys". Elle permet d'évaluer les indemnités de préavis. Son auteur souhaitait en janvier, de voir sa formule disparaître.

Il expliquait, pour cela, que la législation actuelle entourant les licenciements était devenue "absurde" et que c'était à la loi, et pas aux tribunaux, de déterminer les préavis.  Il plaidait pour un préavis d'un mois par année d'ancienneté avec un minimum de trois mois et un maximum de 24. Il demande la suspension de l'indemnité de rupture si la personne licenciée retrouvait un travail. "Cette indemnité ne serait pas perdue, elle serait mise en réserve et gérée soit par l'ONSS soit par un fonds ad hoc. Le travailleur concerné pourrait puiser dans cette réserve pour compléter son préavis en cas de licenciement ultérieur. Dans le cas contraire, l'indemnité pourrait être reversée en tout ou en partie à l'employeur", expliquait-il. (CYA). D'après lui, c'était une perte de temps et d'argent de se défendre en justice pour trouver un accord à l'arraché entre parties devant un tribunal du travail. Un an de perdu en tergiversations, précisa-t-il.

Cela se tient en dehors d'une période de crise, telle que nous la vivons. Mais, retrouver un emploi similaire, plus on avance en âge, est devenu presque impossible.

La Grille Claeys restait une référence pour les juges et pour n'importe quel travailleur. Si une grille n'est pas une prison, cela reste un garde-fou qu'il ne faudrait pas remplacer par un flou artistique. Pourquoi inventer des références si c'est les renier ensuite, une fois, sorti du circuit des "impliqués" ?

Les carrières dans une entreprise sont de plus en plus courtes. Les tentatives de maintenir le personnel y sont de plus en plus molles, l'ancienneté n'est plus valorisée. Dans la pratique, il a raison de dire qu'il faut éviter la spéculation, le cumul de préavis avec un job est retrouvé, par miracle, dans un temps plus court que le préavis. Mais, est-ce dire que le nouveau job donnera l'assurance de la stabilité, d'un bonheur au nouveau travail ? Se voir repousser avec des indemnités de préavis au mois le mois, comme le propose Claeys, est, donc, une option juste "acceptable".

Claeys plaidait, également, pour un statut commun aux travailleurs, alors qu'employeurs et syndicats négocient actuellement une harmonisation du statut entre ouvriers et employé. La discrimination entre les traitements des ouvriers et des employés, il reconnaît qu'elle devrait être abolie, mais c'est par un nivellement par le bas. Remonter le statut d'un ouvrier à celui d'un employé, était impossible à ses yeux.

2.jpgL'indexation automatique des salaires est aussi remis en question. Le prix des choses est fixé par beaucoup de paramètres. Il y a les salaires de la main d'œuvre, les matières premières et l'évolution des devises. Une réévaluation des prix coûtant demande toujours un rééquilibrage de la balance commerciale et du pouvoir d'achat. Dans le cas contraire, plus besoin de balance, plus d'acheteurs et plus de fournisseurs. 0.jpg

Thomas Leysen, ex-président de la Fédération des Entreprises Belges, voyait les défauts suivant à l'indexation :

Les idées de geler tous les prix de tous les biens de consommation, de contrôler les prix, il en était un adversaire farouche comme incompatibilité avec l'économie de marché. Le cliquet inversé sur l'énergie du pétrole serait donner un mauvais signal au consommateur, à ses yeux.

Son successeur, Alain De Smet, voudrait l'orthodoxie budgétaire, l'harmonisation d'une politique sociale et économique.

Détricoter une partie de l’économie, en ajustant les comptes en pertes et profits ou augmenter la force globale de tous les acteurs dans la diversité et par le bonheur du consommateur ?

La compétitivité et l'obligation d'harmoniser peuvent s'abaisser avec les règles du PPCM ou remonter à celles du PGCD.

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L'Allemagne fait tout bien et est un modèle. Peut-être.

"La relance de la compétitivité exigée par elle, sera imposée de manière inégale, mettant les pays débiteurs dans une situation intenable. Divergence chronique avec pays excédentaire, en plein essor et pays déficitaires alourdis par le poids s accumulé de leurs dettes", résumait Soros.

1.jpgAttali, lui, surenchérissait, dans une interview, en disant que le G20 était une mascarade, une réunion d'alcooliques anonymes avec la présidence française qui organisait les photos.

Réinventer, en mieux, dans une telle ambiance, n'est décidément pas à l'ordre du jour.

Il proposait de fusionner le Conseil de Sécurité, le Comité monétaire et financier, le FMI et le G20.

1.jpgUne taxe du style de celle de Tobin rapporterait 300 milliards d'euros par an et pourrait servir, entre autres, à financer l'opération de réunification. Il disait de Van Rompuy qu'il gérait bien la crise qui aurait pu exploser. Ouf..

Les acquis du genre humain et étayer celui-ci par de nouveaux acquis fondamentaux, non plus.0.jpg

"Reconstruire n'est pas constructif", écrivait l'économiste en chef d'Itinera, Ivan Van de Cloot en parlant de la catastrophe économique du Japon. Pas souhaitable, sous peine d'encourager le vandalisme. "L'essentiel est de comprendre qu'on aurait pu dépenser l'argent de la reconstruction à quelque chose de bien plus utile". Symptôme du réflexe de Pavlov, comme forme apparente de l'économie.

Au niveau Europe, on parle de s'attaquer au tabou belge. Les ultra-libéraux voudraient arriver à un coût salarial moyen, le plus bas possible.

1.jpgLe Pacte de Stabilité n'a pas donné les résultats escomptés, alors on se lance dans une nouvelle phase, le Pacte de Compétitivité.

Se retrouve sur les tablettes : Supprimer l'indexation automatique des salaires. Limiter les prépensions. Augmenter l'âge du départ à la retraite.

Tout cela pour rendre la zone monétaire optimale !

D'où est parti le mal ? Si mal, il y a, bien entendu.1.jpg

Eric Laurent, dans son livre récent "Le scandale des délocalisations" en citait, au moins, un et était très critique. L'Europe a capitulé, disait-il. Elle implose. Elle favorise les délocalisations et le dumping social. Elle favorise les grandes sociétés et laisse les PME végéter alors que ce sont ces dernières qui constituent 60% des emplois en France. La R&D, à part les pays scandinaves, ne se passe pas à la bonne vitesse.

La concurrence se construit sur des pieds d'argile entre les pays européens. Sans solidarité, sans concertation, cela veut dire que chacun d'eux cherche tirer a lui la dernière couverture en réduisant ses propres prix. La réaction ne tardera pas, par les mêmes voies et repartir pour un tour dans un autre cycle.

0.jpgLa confiance s'effrite dans nos sociétés occidentales contemporaines. La situation de la croissance semblait donner un peu plus d'air et replonge très vite dans les affres antan. En Europe, tous les systèmes de protection social convergent vers un modèle libéral avec des précédents différents. 

La confiance a pour bases naturelles, la fidélité, la stabilité et la solidarité. Aucun président d’association sociale, syndicale, religieuse, politique, sportive ne peut se permettre le temps de former une organisation sans que la stratégie soit bien comprise par tous ses membres. La présidence d'un pays, du PDG pourrait faire confiance. En dehors du coup, sans même comprendre la situation, les actionnaires peuvent, désormais, balayer le PDG, aux risques de faire capoter une société.

Le but recherché n'est pas le maintien d'une société mais d'installer ses propres pions ou pour toutes autres raisons, encore moins honorables. Les bonzes, les suiveurs, ne se privent pas de faire tomber n'importe quelle tête qui ne ferait pas perte d'intérêts très intimes. Népotismes et copinages sont les deux mamelles du déclin et de la corruption.

Une des raisons pour expliquer les déroutes, il faut, peut-être, la chercher dans nos volontés rognées. On délègue tout de nos jours. Contraints ou, au contraire, par manque d'imagination. On râle tout bas. On le fait parfois dans l'humour, mais ça ne marche que si, derrière les experts, la complexité des processus ne cache pas une sorte de "job protection" et que l'on découvre, encore, ce qui reste absurde.

Nous constatons que la classe moyenne disparaît. La connaissance "moyenne" apprise par l'expérience suit le même chemin de la déperdition. Le "self made man" n'a plus aucune carte en mains, par sa seule expérience. Il est ridiculisé.

Tout fout le camp, même l'honneur du travail bien fait qui n'est plus ni la tasse de thé, ni le sucre au fond de la tasse.

Comme l'écrivait, Umberto Eco, on va "À reculons, comme une écrevisse".

On se dessine un avenir avec plein « overhead » en sautant d'autant l'essentiel, avec pour objectif une proie pour l'ombre, un avenir devenu imprécis, avec des vues à très courtes échéances. Plus de consolidations. Le temps, c'était, c'est et sera toujours plus d'argent, dans ces conditions.

0.jpgDans une mare aux vipères qui se protègent mutuellement, les accords entre base et sommet n'en resteront jamais que fictifs. On ne se comprend plus. On ne se voit plus que dans la virtualité des rapports. Dans un monde de compétition, les spécialistes se foutent éperdument de ceux qui ne les comprennent pas.

La démocratie est en perdition. Le citoyen vote démocratiquement (enfin, on l'espère), c’est-à-dire qu'il donne sa voix à une personne sur une liste d’un parti. Une fois, sa voix donnée, il n’a plus rien à dire ou à faire. Les bonzes du parti, dès lors, ne recherchent plus nécessairement le bien d'un pays, mais un intérêt dépendant des circonstances extérieures avec l'échéance des élections comme seules sanctions. Ils mettent sur leur liste des capteurs de voix, et en tête de liste les personnes les plus fiables à la politique du parti, les plus proches du politiquement correct, au lieu de travailler ensemble à la réalisation d’une gouvernance forte et en pleine connaissance des dossiers.0.jpg

L'élitisme, porté par les experts du sommet, a effacé les autres citoyens. Se rendre indispensable dans l'organigramme de la société, est devenu la seule manière d'assurer ses arrières. Devenir un bon consommateur servile incité par la seule publicité.

Corporatisme, sinon rien. L'individu passe après le groupe. L'individu qui est soumis à une attaque, est un dégât collatéral que l'on retrouve dans des statistiques spécifiques. Le groupe qui est touché, est un accident qui pourrait faire sauter la "banque".

L'ouverture sur le monde par Internet a raté partiellement son coup. Il le déconstruit sans trouver les ingrédients pour les introduire dans une meilleure "soupe". Le futur s'échappe dans un temps de conjugaison de "futur simple" qui prendrait pour nom "présent cassé".

Notre vote majoritaire en Belgique se pratique à la proportionnelle avec une sorte de vote à deux tours. Le premier se faisant par l'intermédiaire des urnes. Le second au travers des élus qui doivent se choisir un gouvernement viable dans la durée. Cette "technique" peut se voir comme une facilité pour celui qui n'a pas trop envie de s'en mêler.

"Alerte rouge" écrivait l'Humanité, au sujet du Pacte de l'Euro.

L'autorégulation des marchés a engendré une récupération, en catastrophe, avec effet retard mais incomplète ou mal plafonnée. Cela s'est traduit par des tentatives de normalisations, de moralisation et de régulations imparfaites dont le "système" avait perdu jusqu'à la méthode. Les marchés ont repris du poil de la bête, ressourcé par l'histoire de ses économistes alors que les situations ne sont jamais totalement pareilles. La recherche de solutions pour diminuer les inégalités chroniques devient insoutenable.

Grâce à un populisme intégré, bien ciblé dans la "sensibilité du portefeuille", l'extrême droite s'est engouffrée dans la brèche du mécontentement généralisé.

Certains seraient, en effet, prêt à perdre un peu de liberté et de démocratie dans la bataille. Mauvais calcul de dépits car ce serait un retour en arrière drastique et une reconquête à prévoir. Plus de démocratie était justement ce que les pays arabes cherchaient à trouver.

L'opposition sans fin entre capitalisme, mondialisé et socialisme, localisé, ne fait plus recette si elle n'apporte pas de mieux en finale.

Mondialisé, veut dire qu'aucun pays ne peut plus vivre en autarcie sous peine de se mettre au ban de la société humaine. Avec des intérêts imbriqués, il faut composer au mieux avec ses contemporains sans protectionnisme mais avec discernement dans leur fusion.

L'Est a son ostalgie sociale. L'Ouest, la sienne avec ses propres revendications qui se résument à pouvoir payer les prix qui y sont pratiqués et qui se sont éloignés de ceux de l'Est.

Nos pays de l'Ouest restent, artificiellement, sous le chapeau de pays dits "riches" et "capitalistes". Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas veiller au grain.

Pas de révolutions à l'horizon. Pas de casseroles qui déborde sous la chaleur. Un malaise, un mal-être rédhibitoire qui se concrétise par une révolte contre des épouvantails, des dysfonctionnements, mais en laissant les problèmes majeurs entre riches et pauvres en sommeil.

1.jpgL'inégalité est-elle la carte joker de la décennie, comme je le lisais sous la plume de Kenneth Rogoff avec ces mots : "Nous sommes à l'ère où la globalisation développe un marché pour des individus ultra-talentueux, mais qui tire vers le bas le revenu des emplois ordinaires". Inégalité de richesses et d'opportunités manquée en Europe, en Amérique et en Asie avec une part de gâteau qui fond pour les travailleurs. Les crises n'ont rien changé même après l'universalité d'Internet. Les multinationales refont de gros bénéfices. La population se retourne toujours vers un intérêt de proximité en oubliant que la Terre ne tourne pas à des vitesses constantes pour tous. Internet a accentué le problème en supprimant les intermédiaires et les moins qualifiés ont plongé d'autant. Les inquiétudes sur l'impact de ces inégalités se reflètent dans les politiques budgétaires et monétaires.

La tension est là. Sans foire d'empoigne pour éprouver sa force. Le besoin se résumait à garder ses acquis et, peut-être, un peu de meilleur demain qui n'existe même plus dans les sondages sur la question.

Crise de civilisation et pas seulement économique, comme l'écrivait Hessel dans son tract "Indignez-vous".

Sera-ce l'aube d'un choc de cultures, d'idéologies entre déception vis-à-vis d'un rêve qui a échoué à "l'américaine" et dans un présent, dont on ne voit plus de futur ou celle d'un regret du passé qui n'était pourtant pas dénué de tares ?

"Une société sans pensée utopique est inconcevable. Utopie au sens de désir d'un mieux.", disait encore Jean-Claude Carrière.

Le travail peut devenir un esclavage quand sa disponibilité se raréfie. Le travail qui ne trouverait pas son extension dans la participation responsable avec une responsabilité partagée dans les projets, du début à la fin des processus, dans un esprit de corps, reste un projet inachevé. Occuper le temps des gens, tout en leur assurant des moyens de subsistance, c'est plus qu'un programme. Alors parfois, certains arrivent au burn-out avec des symptômes caractéristiques de trop plein.

La peur du lendemain, le manque de sécurité, les emplois précarisés, le sentiment de non-aboutissement, induit par un manque de solidarité, est probablement voulu pour mieux contrôler la docilité des citoyens comme par le passé.

Karl Marx écrivait dans "La lutte des classes en France" : "Du fait que l'aristocratie financière dictait des lois, dirigeait la gestion de l'État, disposait de tous les pouvoirs publics constitués, dominait l'opinion publique dans les faits et par la presse, se reproduisaient dans toutes les sphères, depuis la cour jusqu'au café borgne, la même prostitution, la même tromperie éhontée, la même soif de s'enrichir, non point par la production, mais par l'escamotage de la richesse d'autrui".

Non, il ne fait pas partie du 21ème siècle comme on pourrait le croire.

Solidarité professionnelle gérées par les employeurs et les salariés en commission paritaire contribuent pour obtenir une allocation de chômage et la pension de retraite dans un système du type belge, français, allemand et luxembourgeois.

Le système anglo-saxon, minimaliste, ne couvre que les besoins de base, financé par l'impôt avec des assurances privées et une assistance pour les plus pauvres.

Le modèle scandinave, maximaliste, prend tout en charge, financé par l'impôt, avec une redistribution égalitaire.

Le modèle latin est basé sur l'entraide familiale, religieuse et minimal de l'État.

Les pays de l'ex-communisme reposait sur des services beaucoup plus larges historiquement, mais se retrouve en déclin d'assurance collectiviste.

"1.jpgLa zone euro peaufine sa réponse à la crise" ? Ne serait-ce pas une manière d'avouer avoir la peau fine ?

Aux États-Unis, vu la reprise assez molle, certains Gouverneurs républicains tentent de se débarrasser d'organisations qui s'opposent à eux. Le Gouverneur Walker du Wisconsin a lancé une loi qui prive les organisations syndicales de négociations collectives et se réfugie derrière sa réponse à la menace qu'il avait lancé contre les fonctionnaires. 100.000 manifestants se sont alertés de ce serrement de visse. L'âge d'or des syndicats a été celle de la Grande Récession et pendant la 2ème guerre mondiale. Après ils n'ont fait que perdre du terrain. Le Reaganisme a sapé les dernières énergies. 7% de syndiqués dans le secteur privé et 40% dans le secteur public.1.jpg

Harmonisation européenne pour le moins larvaire bien loin du traité de Lisbonne. Le Traité de Maastricht dispose d'une base juridique pour faire respecter uniformément la santé publique. CDD et intérim ne favorisent pas l'assurance dans la durée. Il faudra hiérarchiser les priorités avec un statut de mutualisation pour s'opposer aux sociétés de capitaux.

"Le triomphe de la cupidité", comme l'écrivait Stiglitz.

La concurrence, la compétition font, il est vrai, partie de cette base et trouve une racine dans l'instinct de conservation.

Nous sommes devenus les mercenaires d'idéaux destructeurs qui nous bouffent et nous dépassent. Peu importe l'échelon où cela se passe dans la société. 1.jpg

La croissance et le productivisme ne sont pas une finalité dans la durée si elle ne s'appuie pas sur une compréhension globale.

Les automatismes, l'intelligence artificielle, vont faire table rase de beaucoup d'idées reçues aujourd'hui, ce qui nécessitera de fait une réorganisation. La journée du citoyen pourrait un jour se diviser de manière totalement différente, révolutionnaire.

Le capitalisme de George Soros voit la fin de l'ère de l’État-providence qui prétend éviter tout malheur à ses citoyens. Les États faux-monnayeurs ou surendettés vont faire faillite. La doctrine keynésienne, à ses yeux, a vécu. La dette publique n'achète pas la croissance. "On ne ramasse pas un couteau qui tombe" s'empresse-t-on d'ajouter quand on n'a plus d'idée autre que le défaitisme.  

Des mots qui font sourire, s'il n'y avait pas des enjeux qui les dépassent.

Ce n'est plus compter sur la providence qui importe mais obtenir un juste retour sur investissement de son travail.

1.jpg"L’euro-consommateur compte avant tout sur lui-même". Pas con, il s'est adapté, vaille que vaille, en perdant son âme dans le blues.

Cet Euro-consommateur est devenu un "expert" sur Internet. Comme un détective, il est à la recherche du meilleur prix. Il se retrouve face à lui-même et sans filets. Il n'aime plus le vendeur, qui a perdu sa confiance, trop perverti, trop commercialisé Alors, il « tweet », il recherche avec tous les moteurs nécessaires. 

Il se fout des frontières pour ses achats, mais se réfugie derrière celles-ci dès qu'elles lui donnent un retour sur investissement. Il ne pense même plus participer en contribuant à son propre avenir embué. Le prix est son alpha et son oméga de la consommation. Payer au prix juste, ne veut plus rien dire pour lui. 70% des consommateurs ne voient plus de différences dans les marques. Pour faire son choix, il se fait appâter par la seule image du produit plutôt que par le contenu. Pour le vendeur, la seule chance qui lui reste, est devenue l'empathie.

Ressortons la vieille maxime latine "In medio stat virtus", à la recherche d'un nouvel équilibre plus stable. Léon Walras en avait, déjà, décrit ses contours en 1879.

"Une politique d'austérité est une politique qui a pour objectif de diminuer les dépenses publiques et de faire face au creusement du budget de l'État", dit Wikipédia.

Il y a, peut-être, une autre méthode, plus difficile mais, plus rentable pour tous : augmenter les recettes et leurs potentiels.

Les nostalgies sont de tous les types, de la plus riche à la plus pauvre.

0.jpgCette fois, j'ai eu un problème pour ajouter l'humour à ce billet. J'ai hésité à parler de Schtroumpfs, de gagne-petit, alors que, récemment, j'annonçais fièrement que les salaires étaient en augmentation. Mais, c'était dans un "ailleurs" impalpable, intouchable, psychique.

J'étais entré, là, dans une philosophie greffée sur la psychologie, sur la sociologie, avec des personnes qui en ont vu beaucoup d'autres en rose et bleu.

 

L'enfoiré,

 

Citations:

 

 

1.jpgMise à jour 06/04/2011Tempo Team annonce que quatre travailleurs sur cinq sont satisfait de leur job. Après la peur de perdre son job, ils sont plus sereins. La confiance revient. Ils accordent plus d'importance à leur bien-être personnel et à l'ambiance de travail. La volonté de faire des efforts personnels, la santé de l'entreprise, la vision de l'entreprise sont en baisse. Ils sont aussi moins mobiles, moins flexibles, moins soumis aux pressions que les pays voisins. Ls Baby Boomers qui vont quitter l'entreprise sont les plus motivés. 

 

 

 

 

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