Multiplier les emplois de qualité au 21ème siècle? C’est possible! (24/02/2016)

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Le 20 février 2016, j'assistais au Colloque Emploi de la  Fédération bruxelloise du Parti Socialiste avec ce titre très attractif. Les Intervenants principaux étaient: Bruno COLMANT, Paul JORION, VAN MUYLDER, DE CALLATAYE. Pour ne rien perdre, j'ai enregistré le colloque et ses intervenants presque dans leur entièreté. 

Il y a exactement trois ans j'écrivais "Travailler en 2020".

Le colloque pouvait m'intéresser pour voir s'il y avait une évolution par des idées plus positives ou plus négatives vers des solutions qui permettraient de multiplier les emplois dits "de qualité". 

Laurette ONKELINX précisait le but du colloque: le thème de l'emploi. Comment diminuer le taux de chômage lié à la croissance économique et au modèle de la "distinction" dans une version qui accélérerait l'innovation. La transformation de la notion de l'emploi par la valorisation du travail avait été testée dans la région de la Seine-Saint-Denis. 

Mais ce fait a été occulté par les événements d'attentats qui s'y sont déroulés en novembre podcastétait-il dit.

Ok. Très bien. Voyons la suite... pour voir si le ramage se rapporte au plumage.

...

Débat thème 1 :

 L’Automatisation comme facteur d’augmentation des Inégalités ?

Bruno Colmant parlait du rôle important de l'Etat et de l'absorption de la dette publique:podcast, du ratio des besoins qui ont eu une géométrie variable que l'on retrouve, dans la virtualité du Web et de Google:

podcast

La relation entre le PIB et la technologie élaborerait une civilisation du loisir:podcastà laquelle il n'y croit pas.

Paul Jorion parlait du passé, de Keynes, du manque de relation entre les besoins réels et la formation qui serait résolu par une allocation universelle, par la méthode de l’inter-mitant du spectacle ou par l'intermédiaire de l'Etat dans la récursivité des processus:  podcast 

Le ludisme du passé est dépassé par l'IA et le robot Baxter qui peut tout faire à moindre coût, pour arriver à une rétrocession des gains de leur productivité: podcastet le temps qui resterait pour implémenter un nouveau paradigme en changeant nos comportements:podcast

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Débat Thème 2 :

Vers une réduction collective de notre temps de travail 

Van Muylder tentait d'expliquer qu'il y avait une autre alternative et que rien n'était inexorable dans la relation de front en transférant le travail vers les clients et dans une relation de réduction collective du temps de travail pour mieux le répartir: podcast

La relation entre la diminution du temps de travail dans le passé et de la productivité mais que la technologie et la révolution numérique obligent à la performance créant une augmentation de temps et de disponibilité du travail:

podcast... tandis que les gouvernements ne gouvernent plus.

...

Débat thème 3 :

Bruxelles : l’emploi et demain ?

De Callatai parlait de la situation globale à Bruxelles qui n'était pas rose pour cause de manque de moyens financiers qui avec le ralentissement de la croissance ne permettrait pas de répondre aux propositions qui ont été faites précédemment. Etait dans le "mauvais" coup, la situation de l'Europe. Mais, pour lui, la ville et l'école restent les meilleures opportunités pour toutes entreprises humaines. Alors que la politique est biaisée. Des besoins de politiques monétaires, budgétaires, de réformes et d'une approche globale et intégrée n'existent actuellement pas. Seul le moteur budgétaire existe: podcast.  

Le moment de crise qui pensait que cela irait mieux demain, à l'époque, a été résolu par une relance keynésienne, ne correspond plus aux réalités d'aujourd'hui.

Paul Jorion rappelait que la population ne réagit pas par la cohésion et la solidarité naturellement. Le plein emploi n'est plus un but puisque les machines remplaceront presque tous les travaux des hommes. Renverser la répartition de l'offre et de la demande s'imposerait: podcast

...

Conclusions et remarques personnelles:

0.jpgDeux questions : le colloque a-t-il répondu à son titre qui disait possible, la multiplication des de emplois de qualité?

Est-ce que cela va donner en vie de continuer à chercher un emploi de qualité?

A mon avis, deux fois, non.

Même Paul Jorion sur son blog remarquait le malentendu: "On entendit d’abord Bruno Colmant et moi parler de l’impact sur l’emploi de la robotisation et de la logicielisation. Notre message était le même : l’emploi disparaît, peut-être même entièrement, et à une vitesse bien plus rapide sans doute que ce qu’affirment les rapports paraissant à ce sujet aujourd’hui. Pourquoi une disparition plus complète et plus rapide ? Parce que les prévisions faites ne sont que de simples projections : elles ne tiennent pas compte du fait que des progrès seront encore accomplis dans ces domaines, elles reposent trop sur le sentiment intuitif des chercheurs qui les rédigent quant à ce qui est informatisable et ce qui ne l’est pas... Ensuite, de Callataÿ et moi avons insisté sur l’urgence née de l’effondrement de l’emploi, d’une remise à plat de la question en tant que telle du travail et de l’emploi.... Le malentendu était total : dans la vision des organisateurs du colloque, la semaine de quatre jours constituait une nouvelle victoire historique du socialisme, après la journée de huit heures et la semaine de cinq jours, alors que dans la perspective développée par Colmant et moi, et de de Callataÿ dans une moindre mesure, la réduction du temps de travail dans les années à venir n’apparaîtrait pas comme une victoire du socialisme mais comme la gestion dans un cadre de misère croissante, d’une réduction inéluctable de l’emploi : la journée de huit heures avait été obtenue de haute lutte, la semaine de cinq jours, à la suite d’un âpre combat, alors que la semaine de quatre jours n’était plus elle que le partage de miettes en quantités de plus en plus chiches, abandonnées par des entreprises auxquelles la question de l’emploi était devenue indifférente, la robotisation et la logicielisation faisant qu’elles en avaient perdu l’usage.".

Il utilisait "logicilisation". Je suppose qu'il s'agissait d'une erreur de transcription et je l'ai remplacé par "logicielisation" qui pourrait être complété par "numérisation" plus connue... Mais là, n'est pas le problème. 

Cela a été commenté l'après-midi par Michel Leis qui n'a pas participé au colloque et qui préconise un partage du temps de travail.

Article intéressant dans lequel il parle de la différence entre complexité des processus technologique et variabilité des outputs demandés.

Là, je suis parfaitement en ligne avec ces idées puisque j'ai fait partie de ces processus.

Il faudrait seulement y ajouter que pour générer un output convenable et utilisable, il faut que l'input soit conséquent et c'est cela qui crée un "overhead" bien connu dans le métier.

Sinon, c'est "shit in and shit out". De plus, le partage des tâches, s'il peut s'organiser facilement dans beaucoup de professions, ce n'est plus le cas de manière aussi facile pour les professions qui demandent une élaboration studieuse d'un projet. J'ai des souvenirs très précis, de fastidieuses recherches de backup dans des tâches pourtant bien documentées.  

Et l'input, il ne faut pas l'oublier, c'est l'homme qui le fournit d'entrée de jeu.

Sa conclusion me parait bonne: "La qualité de vie doit se mesurer autrement qu’en seule référence au travail".

C'est d'ailleurs ce qui se passe en Belgique.

Le crédit-temps, on en raffole.

En 2015, il y a eu une augmentation de 6,5% de son utilisation.

Avec les interruptions de carrière et les congés parentaux, il y a eu 272.000 travailleurs qui ont levé le pied en 2015.  

Aucune information donnée qui rassurait en disant que le chômage est en baisse à Bruxelles de 7%.

Le moins que l'on puisse dire, ce colloque n'était pas vraiment un débat qui aurait pu redonner des ailes aux jeunes avec la rengaine: "demain, cela ira de plus en plus mal pour l'emploi".

Les Cassandre se rencontraient et ne se confrontaient pas par leurs conclusions avec une bouée de sauvetage pour celui qui nage entre deux eaux pour en ressortir la tête avant de s'y noyer.

Proposer de nouvelles voies royales de la qualité des emplois, cela aurait demandé plus de recherches dans le temps présent.

C'est un peu cela qui était à reprocher avec un tel meeting qui se plonge dans le passé pour chercher un secours à la recherche d'une situation bénéfique à reproduire.  

A l'entracte, j’avais transmis mon texte "Travailler en 2020" à Paul Jorion qui l'a accepté avec un certain dédain comme je m’en doutais. 

Je dois avouer que cela m'a rappelé cette chanson: "On est foutu on mange trop" ... 

Pourtant, juste avant de m'éclipser, une dame assez énergique parmi les spectateurs a remis les choses à plat et à leur place dans le temps.

Elle disait, haut et fort, qu'elle se foutait totalement d'apprendre que dans l'histoire, il y a eu des solutions drastiques du type keynésienne, mais qui sont complètement dépassées par tellement de différences dans tous les domaines technologiques.

Oui, chère madame, vous aviez raison.

C'est peut-être cela le problème majeur des philosophes et économistes de tous poils d'aujourd'hui.

Aujourd'hui, nous avons besoin d'autre chose d'idées neuves, plus actuelles et plus constructives.

Les idées neuves, ce sont-elles qui font avancer le monde, le fameux "schmilblick" et pas en prenant son rétroviseur temporel. 

En d'autres mots, nous avons besoin d'un nouveau paradigme et très vite.

Ce ne serait plus du capitalisme par où le scandale est arrivé mais, aussi, plus par le socialisme  qui n'a plus les moyens de sa politique que l’on caractérise souvent par l’État providence.

Quant au communisme, si cela pouvait se concevoir dans un territoire très uniforme formés avec les mêmes racines, aujourd'hui, vu la mondialisation qui s'est incorporée dans les mœurs de tous les jours, il n'y a plus rien de commun à chercher. De plus, tout les pays dits "communistes", le sont restés par la force et rarement par la concertation.

L'individualisme est aussi rarement effacé par l'instinct de conservation qui prime celui de l'humanisme. 

Une "situation à la carte" en fonction de la personnalité serait-elle la solution avec des emplois sur mesure en mixant les bons points et en dissolvant les mauvais ?

L'homme n'est pas là pour "travailler" puisque la nature lui a apporté quelques neurones de plus et les moyens de les utiliser pour communiquer.

Il y avait plus de réponses dans un vieil article que j'avais titré "Le bluzz du philosophe et du scientologue".

Encore une fois, je répète, le jour où le savoir dépassera le pouvoir, nous aurons fait un grand pas en avant. 

Quoi qu'on fasse ou dise, ce n’est pas l’homme qui fait le travail mais le travail qui fait l’homme en perdant le lien étymologique du mot. 

Ce serait le moment d'entraîner son cerveau à la manière d’un athlète pour passer de la souffrance au plaisir de travailler.

On ne fait vraiment bien que ce qu’on aime de faire.

Si le travail peut devenir un hobby, c’est "la" solution idéale.

Mais, malheureusement, très peu de travailleurs se permettent de le réaliser. 

Communautariser le travail, c’est un peu la formule préconisée par le parti socialiste.

Même en singularisant par secteur ou par entités plus petites, ne serait pas nécessairement la solution pour tous.

Individualiser le travail par la recherche de personnalités compétentes est la formule proposée par les entreprises qui sont souvent à la recherche de collaborateurs en adéquation avec elles et leurs propres besoins.

Le bureau du Plan pourrait orienter les jeunes vers des emplois porteurs d'avenir. 

Certains métiers sont plus pénibles et demandent de prendre une retraite tandis que d’autres n’ont pas de limites d’âge et demandent seulement un peu plus d'ouvertures vers d'autres horizons.

Même l’argent à partir d’un certain montant, n’a plus la même importance et l’envie de continuer à travailler peut prendre le dessus à certains moments. Quand on sait que la retraite sort le travailleur du circuit naturel de la société considéré comme un coût et donc, non rentable, c'est une manière d'envoyer toutes les expériences acquises au cours d'une vie à la casse.

Une question reste à se poser: ce qui est produit, c'est à dire "l'output", a-t-il été utile à la communauté et suffisamment important pour rester en relation avec l'importance de l'investissement.  

Des carrières plus intellectuelles ou artistiques en font partie et dédaignent l’indemnité proposée de rupture. Les seniors présentateurs de la télé française victime du jeunisme ne sont qu’un exemple parmi d'autres.

L’écriture peut devenir un palliatif intéressant une fois que la retraite a sonné. 

Si le burnout touche 10% de la population active, son opposé, le boreout s’élève à 30% d'après ce que le Vif Express. 

Ce que nous faisons dans la société, on veut que cela apporte une amélioration dans ce que nous feront demain.

Etre payé pour ne rien faire de productif dans le futur est quasi une provocation.

Donc, il faut chercher les perles dans les huîtres qui se distinguent des autres. 

Copier les gens qui ont réussi dans une idéologie de la compétition quand la règle du "first in first out" prévaut,  impose une sorte de mécanique de la mafia, croire en "x" et passer à "y" par opportunisme comme l'écrit Péter THIEL dans "De 0 à 1".

Il faut se rappeler que l’on est reconnu que par ses actes exceptionnels et pas par les travaux pour lesquels on a été engagé. 

Modéliser une population entière n’est certes pas ce qu’il faut recommander pour que la créativité puisse s’exercer. 

Si les nouvelles technologies ont apporté des problèmes pour l'emploi, elles ont aussi apporté des bénéfices substantielles dans la médecine et l'éducation.

Demain, les carrières pourraient être divisées en périodes de jachères pour se ressourcer. Le MOOC permettra de la faire au niveau éducation. Les NEET pourraient ressortir de leur œuf.   

La Ministre Onckelinks parlait de la série "Trepalium" sur ARTE. dont le sujet "Travail, famille et survie" pour élaborer un futur possible.

Dans ce futur proche, les sociétés démocratiques ont été balayées par des décennies de crise et un mur gigantesque sépare deux catégories de personnes. 

D'un côté, ceux de la Ville "Aquaville" qui est considérée comme un lieu d'abondance à la technologie très avancée mais qui est régie par des règles dictatoriales de multinationales toutes-puissantes où chaque salarié est pressurisé à l'extrême, devant tout faire pour garder son travail, quitte à offrir son corps à des cadres salaces et mégalomanes. "Zone" miteuse et anarchique où la population est privée de tout, surtout d'eau potable, mais qui a un emploi (20 % de la population).

De l'autre côté, ceux qui n'ont rien et qui survivent dans des bidonvilles où le rationnement fait office de norme...

... même scénario dans "Elysium" qui, lui, se déroule en 2154 et où les très riches vivent sur une parfaite station spatiale crée par les hommes appelée Elysium et d'autres vivent sur la Terre devenue surpeuplée et ruinée dans laquelle la population tente désespérément d’échapper aux crimes et à la pauvreté qui ne cessent de se propager.


Alors il y a un espoir qui se cache ailleurs...

Dans un film documentaire "Demain" par exemple...


Un Manifeste de Cyril Dion et Mélanie Laurent

Une utopie citoyenne "Feel good movie"

Démocratie sauvage participative

opposée à délibérative et représentative

sans laver plus blanc que blanc

Sans être modélisé à outrance... 

Le lendemain, dimanche, je suis allé à la Foire du Livre.

Là, j'ai peut-être trouvé si pas une réponse, mais un espoir.

Mais je vous y invite à reprendre le fil le samedi suivant.

 

Eriofne, 

 

Citations:

...

25 avril 2016: Connaissez-vous le "Human Stock Exchange"podcast

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