Guerre et paix des intelligences (1-2) (06/04/2019)

0.JPGAprès la lecture de "La guerre des Intelligences - Intelligence Artificielle versus Intelligence Humaine" du Dr Laurent Alexandre que j'avais rencontré lors de la Foire du livre où j'avais enregistré son interview, je me devais d'en faire un résumé.

Sa vision sur notre futur interpelle.

C'est le moins qu'on puisse dire...

Rien à voir entre la guerre entre le cerveau crânien et celui du microbiote.

Houellebeck risque d'en perdre ce qui lui reste d'espoir et de sérotonine.

Je n'aime pas le mot "guerre". Après la guerre, il faut trouver la paix, j'ai donc changé le titre.

Ci-après la première partie jusqu'au chapitre 6.

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Un résumé bien fait par Vincent

Quelques phrases types du livre ont déjà été citées dans la vidéo.

Quelques autres que je livre ci-dessous de la 1ère et de la 2ème phases.

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Introduction:

L'intelligence est le moyen dont l'humanité a été pourvue par l'évolution darwinienne pour survivre dans un environnement sauvage.

Les diplômes eux-mêmes sont moins la sanction du travail fourni qu'un signal de performance intellectuelle, quel que soit l'effort accompli pour l'atteindre.

L'intelligence, la chose au monde la moins bien partagée, est l'inégalité que la société corrige le moins bien aujourd'hui.

Au pied du mur, nous sommes dans un monde inégalitaire où l'Homme subirait son futur où seuls les meilleurs sortiraient vainqueurs, laissant la multitude à la merci d'une neurodictature.

Nous devenons des barbares où nos coutumes et notre savoir deviennent obsolètes, dépassés par une civilisation qui va plus vite que nous et qui nous fait comprendre que nous sommes devenus gênants dans un monde qui n'attend plus.

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Le printemps de l'IA

Le cerveau est un ordinateur très complexe d'une nature différente des circuits intégrés mais capable d'appréhender des situations inconnues, d'inventer, de réagir et de se reprogrammer en permanence.

La morale est une science inexacte, pleine de contradictions et d'à-peu-près contraire au calcul informatique et à une équation.

L'IA, la robotique et les neurosciences sont les trois composantes de cognitique qui vont transformer le concept de l'école.

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Le nouvel évangile transhumaniste apôtre de l'IA

L'information est la matière première quasi infinie qui vient de nous-mêmes et qui croît de manière exponentielle en fonction de ses utilisateurs.

Nous dépendons de l'IA car le monde créé par elle n'est lisible et contrôlable que par elle.

Comme il est impossible à un cerveau humain de différencier le vrai du faux, c'est l'IA qui nous protégera contre les manipulations.

La crainte de la télépathie 2.0 est de conduire à la pensée unique parce que la pensée sera orientée, prédéfinie, calibrée par les ordinateurs.

Si le développement de l'IA conduit à développer des implants cérébraux pour mettre à la hauteur, cela changera radicalement la politique et notre humanité.

Explosives, les technologies NBIC justifieraient une réinvention du rôle régulateur de l’État par le "philanthro-capitalisme". Sans cela, l'impuissance politique conduira inéluctablement à une demande croissante d'autoritarisme ou se diriger vers une oligopole d'une dizaine de sociétés américaines et chinoises contrôlant l'IA, grâce à la maîtrise simultanée de bases de données et de microprocesseurs propriétaires.

L'effet James Flynn montre que les individus ont bénéficié d'un environnement intellectuellement plus stimulant avec l'allongement des études, l'égalité homme-femme et une grande attention parentale, mais le QI moyen en Occident a baissé de 4 points entre 1990 et 2009. On néglige d'autres formes d'intelligence corrélée à la capacité de résoudre les problèmes abstraits du langages ou des mathématiques

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La guerre des cerveaux a déjà commencé

Le neurone biologique ou artificiel est le nouveau pétrole.

L'objet de toutes les convoitises est devenu le moteur de la société numérique par la surabondance de l'information et l'évolution extrêmement rapide des technologies reposant sur un besoin constant d'innovation.

Depuis 2001, en Chine, la politique volontariste de développement de l'enseignement supérieur et de sa recherche scientifique a fait augmenter ses dépenses de 300% et a poussé le pays à devenir un leader mondial pour le nombre de brevets déposés. Confucius n'a pas les états d'âme de nos humanistes occidentaux.

En France, le dédain affiché par la classe politique pour les nouvelles technologies trahit une grave erreur de jugement puisque les technologies ne fonctionnent pas par cycle mais par cliquet. Mais, selon les Droits de l'Homme, "tous les hommes naissent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune". 

Un bas QI augmente les malchances d'avoir un revenu faible et les chances de marginalisation sociale.

Quand une nouvelle technologie apparaît, les Américains en font un business, les Chinois la copient et les Européens la régule.

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L'école est déjà obsolète

L'école est chargée d'enseigner les savoirs de base, lire, écrire, compter, mathématique, histoire, littérature, langues...tandis que l'intelligence est traduite par la capacité à acquérir, retenir, utilise et marier ces savoirs.

L'école est incapable de réduire les inégalités. Elle arrive trop tard à l'âge de six ans des enfants puisque l'on naît intelligent grâce à des caractères innés établi pour 50% dans notre ADN plus qu'on ne le devient par des caractères acquis.

Le QI est encore le grand absent des politiques. Les différences d'intelligences, et leur lourdes conséquences, sont une réalité indicible pour les pouvoirs publics et silencieux dans les discours publics..

il est plus facile d'expliquer aux catégories sociales les moins favorisées que leur situation est due à des causes extérieures malignes et qu'elles n'en sont que les victimes alors qu'en théorie rien ne devrait les empêcher de réussir aussi bien que les autres. C'est sur de telles explications que prospèrent les discours anti-capitalistes pour qui les hiérarchies de classes ne sont que la conséquence d'une mondialisation ultra-libérale où certains, parce qu'ils sont plus chanceux ou plus malhonnêtes, dominent les autres.
Les discours conservateurs, diamétralement opposés, n'acceptent pas non plus l'explication du déterminisme génétique puisque il est plus commode de penser par les différences sociales, le reflet du mérite des gens dans l'absolu par leur réussite dans la vie.
Explication confortable mais stérile rendant les premiers dédouanés de leur responsabilité revendiquant des compensations face à l'injustice sociale et les seconds rendant les plus pauvres responsables de leur situation.
Dans quelques années, une intelligence supérieure ne sera pas le fruit du hasard réservée à une aristocratie mais un kit de survie minimum comme prérequis.

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Dans l'économie de demain, l'intelligence n'est plus une option.

La hausse de la productivité a été compensée par la hausse de la demande de biens et par la montée en compétence des travailleurs qui trouvaient ainsi de nouveaux emplois.

L'ère NBIC ressemble de moins en moins à une révolution classique avec des effets sur l'emploi moins idylliques.

Les NBIC vont détruire plus d'emplois qu'ils n'en détruit et porte la possibilité d'un déséquilibre rapide de tout notre système économique et social face aux géants quasi monopolistiques, propriétaire de milliards de milliards de données laissant peu de place aux acteurs marginaux et créant le syndrome du 'Winner takes all' à cause de l'écart dans la qualité de l'IA que l'on éduque.

La plupart des milliardaires du numérique défendent le revenu universel parce qu'ils anticipent des destructions massives d'emplois du fait des robots intelligents et parce qu'ils ne croient pas que l'ajustement schumpetérien va fonctionner lors du remplacement rapide des anciens emplois par les nouvelles activités. Le revenu universel n'est nécessaire que temporairement pour mieux s'adapter à l'IA tandis que permanent, il serait suicidaire face à l'IA.  

En 2030, il y aura un million de fois plus de données dans un dossier médical qu'aujourd'hui comme fruit du développement parallèle de la génomique, des neurosciences et des objets connectés dans une mutation radicale et douloureuse du pouvoir du médecin, outsourcé dans le "cloud computing" et subordonné aux algorithmes comme l'est aujourd'hui l'infirmière.

Les emplois de demain nécessiteront une très grande flexibilité, une forte complémentarité avec l'IA et une transversalité intellectuelle dans une dualité opposant les élites à des masses de travailleurs hyper précarisés ou inemployés par la manipulation de l'abstraction.

En 1970, le futurologue Alvin Toffler prédisait déjà que les illettrés du 21ème siècle ne seront pas ceux qui ne savent pas lire ou écrire, mais ceux qui ne savent pas apprendre, désapprendre et réapprendre.

L'école est une impasse en ne représentant qu'une part très faible des mécanismes générateurs de l'agilité cognitive.

La réforme sera imposée de l'extérieur par les neurotechnologies américaines ou chinoises qui vont faire un hold-up sur l'éducation.

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Premières remarques

Concurrencer avec la machine serait périmé quand on sait que le superordinateur Aurora accomplira 1.000.000.000.000.000.000 opérations à la seconde devient difficile vu ce que j'écrivais déjà en 2014 dans "Presque humain" et en 2016, dans "Quand la pensée humaine s'intègre dans la machine" quantique qui allie les bénéfices du numérique à ceux de l'analogique de l'homme.

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Donc, il faut trouver autre chose et remettre les pendules à l'heure pour s'adapter à cette situation souvent décrite comme apocalyptique.

Quelques billets font réfléchir:

  • Mark Zuckerbeg, patron de Facebook & Co, veut plus de réglementations gouvernementale et régulatrice. Il a lancé son bébé sans se rendre compte  qu'il pouvait être dépassé par les événements de son 'core business'. De plus, le Big Data pourrait signer l'arrêt de mort de la publicité devenue inutile alors que la publicité est actuellement la vache à lait de Facebook.
  • La Chine emprunte désormais plus d'argent qu'elle n'en prête augmentant son déficit courant. Pendant près de 25 ans, la Chine a exporté plus qu’elle n’importait. Le solde du compte courant du pays  représentant le différentiel entre les exportations à l’étranger et les importations émanant d’étrangers, a toujours été positif. Ce n'est plus le cas. Investir dans le futur coûte de plus en plus cher.
  • Si le billet "Un quart des Européens préféreraient être gouvernés par l’IA"  est exact et que l'état d'esprit envers les nouvelles technologies engendre un sentiment d’insécurité et d’incertitude à cause de la méfiance des citoyens augmente à l’égard des gouvernements et des hommes politiques en remettant en question le modèle européen de démocratie représentative, c'est inquiétant. Il est évident qu'il n'y a pas de corruption ni de gains personnel ni des croyances dans la "communauté des robots". Ce n'est pas des machines qu'il faut avoir peur, mais de ceux qui les programmes. Céder ses pouvoirs de décision à la machine, n'est-ce pas plus risqué encore sans s'instruire au contenu des algorithmes qui manipulent ce Big Data?
  • Le dossier "Qui tire les cordons de l'info?" rappelle que les machines ne rétribuent pas ceux qu'elles ont éliminés de la course dans les médias. "Les journalistes n'ont pas besoin d'un milliardaire pour défendre l'ordre établi". Les cost-killers créent des galériens de l'info avant que les machines elles-mêmes ne créent l'info sans interventions humaines.(cf "Cannibalisés par le Web")
  • Les bénéfices que les machines apportent ne rendent pas la société plus juste, plus solidaire, plus responsable.
  • Un article du Vif parle de l'obsession de la compétition en philanthropie:
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  • 0.JPGLes inégalités étaient le sujet de débat du 3 avril au 28' de ARTEpodcast. Ce que confirme le documentaire de cet autre type de vie à partir de "San Francisco, capitale du monde 3.0". Là où les plus grandes fortunes ont créé les plus grandes inégalités. Le cas "Carlos Ghosn" était discuté vendredi matin à "Parti-pris"podcast

  • 0.JPGLa Belgique serait donc un des pays les plus égalitaires.
  • Cette semaine en Belgique, le Pacte d'Excellence de l'éducation était lancé avec comme pièce maîtresse et "tronc commun" podcastdont les "Coulisses du Pouvoir"podcastrapellait les prémisses.
D'après le Dr Alexandre, ce ne serait pas encore la bonne solution pour résoudre les problèmes d'éducation de demain puisque pour lui, l'école est déjà obsolète.. 

Des futurs possibles de l'éducation, il en sera question la semaine prochaine dans la suite du réel feuilleton de la guerre des intelligences, par l'intermédiaire de quelques autres phrases types du livre.

 

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Eriofne,

Suite dans le prochain numéro la semaine prochaine.

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Compléments:

Vidéo résumé et commentaires

Nos enfants irons dans une école eugéniste

Le recul de la mort

L'intelligence artificielle

 

8/4/2019: Le salaires des enseignantspodcast

18/4/2019: Rappel de l'ordinateur quantique

 

14/8/2019: Le JT parle de ce qui est dit dans ce billet:podcast

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