Secrets d'écriture (21/03/2024)

Capture d'écran 2024-03-19 122811.pngDernièrement, j'ajoutais le billet, signé Clément Paulin, "Festina lente" à mon billet "L'Art de la guerre russe".

En mai 2022, je lui avais réservé un billet, en invité "Les métamorphoses de la modernité".

Ce lundi, un autre billet de sa part sans titre à part une date du 14 mars 2024.  

J'ai ressenti qu'il désirait se lancer dans l'écriture.

Voici son nouveau texte auquel je répondrai par mes "Réflexions du Miroir" et après celles de onze écrivains et romanciers. 

Enfin, c'est vrai et ses faux. La version impulsive a été envoyée sur ce site, mais n'existe plus depuis. Elle se trouve encore en préversion sur agoravox.fr de "Secrets d'écriture". J'avais prévu de le faire ainsi pour différencier un premier jet et une version retravaillée.

...

Préambule

J'ai toujours plus ou moins eu du mal à m’endormir, du moins depuis mon adolescence, me retournant dans le lit pendant parfois plusieurs heures, et il est rare que le sommeil me gagne avant au moins trente ou quarante minutes de ce genre de rêvasserie plus ou moins agréable. Mais je ne sais pas si, ayant la possibilité d’accéder à ce type d’ensommeillement facile et quasi immédiat que certains connaissent, je ne regretterais pas au fond ces espèces de monologues intérieurs ou de dérives mentales qui ont cours en moi quand je peine à gagner le sommeil.  
B
eaucoup de phrases me viennent dans ces moments-là. Des bribes de phrases, des idées, des bribes d’idées, des vers, des bribes de vers… C’est peut-être même le moment de la journée où ils me viennent le plus facilement. Et je comprends que certains écrivains comme Thompson, Lovecraft ou Dantec, aient par la force des choses choisi d’écrire principalement de nuit. Dantec a d’ailleurs dit une chose intrigante à ce propos dans un entretien : "que les écrivains ont ça en commun avec les criminels d’opérer souvent quand tout le monde dort".  
P
our autant qu’elle ne soit pas illégale, l’écriture demeure une activité assez anti-sociale par nature, du simple fait qu’il est à peu près impossible de l’exercer en présence de quelqu’un. Qu’une seule personne se trouve à côté de vous dans une pièce, et très souvent, la disposition d’esprit qui vous ouvrirait les portes de l’introspection se voit passablement obstruée. La tâche est solitaire dans sa pratique même. L'écrivain est face à son imaginaire, seul, à la manière d’un étrange torero qui aurait pour toute arène son propre crâne, et qui tournerait autour d’un taureau indomptable, un taureau certes puissant, mais aussi malhabile, nommé langage.  
U
n autre versant anti-social de l’écriture qui dépasse le simple aspect pratique de la chose, tient à l’attitude mentale qu’elle peut favoriser. Le penchant de l’homme, du moins sa façon de penser « par défaut », de par sa nature grégaire, est de mouler le fond de son esprit et d’en fixer les limites en fonction de ce que pensent les autres. Il n’y a rien là que de très banal.  
L
’homme pour subsister doit s’agréger à un groupe, et pour être accepté en son sein, doit soumettre une partie de sa pensée à la pensée du groupe. Je crois que l’écriture peut agir ici comme un court-circuit, ou comme une anfractuosité secrète de l’esprit, par laquelle l’individu peut s’extirper s’il veut de ce réseau mental coercitif.  
P
ar l’écriture, l’individu peut tenter de tenir à distance, aussi momentanément soit-il, le filet de cet « esprit-du-groupe ». Il peut chercher à se fier à « l’Autre en soi-même », celui qui parle en lui, et que Socrate appelait son daïmon.  
A
 quoi je pense ? Qu’est-ce je pense ? Qu’est-ce que je pense moi ? 

...

Anfractuosité secrète ?

On se ménage un abri intérieur et un espace de réflexion désengagé du groupe en prenant le temps de sonder sa pensée à l’écart, par soi-même et pour soi-même.

Court-circuit ?

En mettant à plat toute pensée et en lui donnant la forme d’un « arrêt-sur-image », l’écriture favorise son examen critique.  
E
lle décontextualise la pensée, court-circuite son flux tendu, nous permettant d’observer à distance tel ou tel fragment, pour ce qu’ils sont tels quels et ce qu’ils disent tel quel.  
P
laton est une figure fascinante à cet égard, car il arrive au moment charnière où l’écriture devient un medium culturel de plus en plus répandu, mais où la société est encore majoritairement imprégnée de culture orale, et toujours codifiée par elle avant tout.  
A
insi, il reste assez dubitatif face à la démocratisation de l'écriture. Il perçoit bien qu’elle comporte un aspect froid, impersonnel, « décontextualisant ».

"Personne n’incarne un texte", fait-il dire à Socrate.

"Un texte est une chose morte : il ne répond pas aux objections qu’on lui porte et se répète à l’infini. La parole seule est vivante. La parole seule est attachée à l’homme, puisqu’elle part toujours de lui et y revient par le dialogue. La parole est toujours présente.  
M
ais en même temps, sa critique des poètes est déjà celle d’un homme qui comprend tout ce que la simple transmission orale a de suranné et de protocolaire. Le monde ancien d’Homère est déjà derrière lui, avec son stock de formules toutes faites telles que « l’aube aux doigts roses », « Athéna aux yeux pers », « La mer couleur de vin », etc. Le monde ancien d’Homère n’est pas celui de la philosophie qui est plutôt une entreprise d’élucidation critique avant tout. Il ne se développe donc véritablement qu’à partir du moment où un nouvel outil, l’écriture, entre en jeu, prend le pas sur la culture orale, et introduit dans l’univers mental des hommes une formidable technologie d’abstraction.  
L
a pensée est portée, par sa nature même, à la dissipation et la fugue, qu’elle se raccroche aussi fréquemment à tout ce qui est déjà là pour la diriger  comme le grégaire, l’habitude, le cliché, la rumination, la pression sociale, le « prêt-à-penser ». Il est étrange, paradoxal, de réaliser que nous pensons si souvent aux mêmes choses, quand pourtant la « matière » de la pensée à condition qu'on peut la dire comme telle, n’a a priori rien d’une chose fixe ou sclérosée. Alors, pourquoi le devient-elle ?

Songeant à cette idée d’anfractuosité, avoir deux figures de la littérature, un dissident et un criminel, ça ne s’invente pas, qui puisent dans une anfractuosité tout ce qu’il y a de plus concrète une ressource miraculeuse, qui tient du hasard ou de la providence et donc, soit dit en passant, de la ficelle narrative.  
C’est Winston Smith dans "1984", qui ne doit de pouvoir tenir son journal intime et de commencer à penser par lui-même que car dans son petit appartement se trouve un recoin qui échappe à la vue du télécran. C’est Raskolnikov dans "Crime et châtiment" qui échappe de justesse à un témoin le jour de son forfait, du seul fait de trouver « par chance » dans l’immeuble où habite la prêteuse sur gage pareil recoin où se tenir caché.

« Dans la chambre de ton esprit, croyant te faire des serviteurs, c’est toi probablement qui de plus en plus te fais serviteur. De qui ? De quoi ? Eh bien, cherche. Cherche. », Henri Michaux dans "Poteaux d’angle".

...

Secret d'écriture

Le titre de ce billet est relié à ce petit livre d'avis de onze écrivains dont voici les conseils  de Grégoire Delacourt. 

Capture d'écran 2024-03-22 105852.png

Capture d'écran 2024-03-22 105943.png

Capture d'écran 2024-03-22 110035.png

Capture d'écran 2024-03-22 110121.png

Capture d'écran 2024-03-22 110322.png

 

Capture d'écran 2024-03-22 110521.png

Citations :

...

Réflexions du Miroir

Capture d'écran 2024-04-22 165814.pngJ'ai déjà partiellement répondu à mes lecteurs au sujet de ma méthode d'écriture. Je n'y reviens pas. Je dirais dès le départ : "je ne me considère pas comme écrivain" ou s'il le faut de "écrit_vain". J'écris depuis depuis 19 ans pour le plaisir. Mais c'est un travail qui commence parfois depuis des semaines avant sa publication sous forme de travail fini en beaucoup d'étapes intermédiaires. Les idées de ces écrivains de professions me semblent excellentes. Ils ne parlent pas de leurs étapes intermédiaires. Ils ne parlent pas du moment de leur passage à l'écriture si c'est de nuit ou de jour. J'ai parfois des rêves éveillés avec des envies de les écrire mais je ne le fais pas. La nuit, je dors.  J'ai besoin de 7 heures de sommeil minimum et ces heures je ne les passent pas à faire autre chose.  La nuit est propice à l'écriture par son silence. Elle permet de mettre au clair son imagination et son intuition nécessaire à l'écriture mais elle s'écarterait de l'actualité si elle n'était pas précédée par des jours en pleine lumière. Je n'ai jamais écris devant une feuille blanche. Toutes mes idées proviennent par bribes à des moments du hasard, propices à l'intuition en faisant une foule d'activités comme le jogging ou même en selle sur mon vélo et en observant mon entourage.

En période du Covid, j'ai écrit "Quand les livres délivrent". Une période qui incitait à combler son temps de repos forcé. 
Ce billet donne déjà quelques méthodes traditionnelles d'écriture. Ecrire au sujet de n'importe quoi, pour n'importe quo et n'importe qui et sans but, ne sert à rien. Il faut que cela "vous" plaise en tant qu'écrivain en herbe comme j'ai voulu l'être et le rester depuis le début dès 2005. Souvent, en tant que solitaire, quand je me sens prêt, je rassemble de petites feuilles de mon petit carnet de manière aléatoire. Une fois, rassemblées, je commence la construire la colonne vertébrale en les structurant. Tout cela en vase clos "Ne pas déranger SVP". Si des commentateurs viennent en réponse à de billets précédents, c'est bien. Mais je n'y répondrai pas immédiatement. S'ils ne reviennent pas, c'est qu'ils n'ont rien de plus à dire. Je n'ai jamais recherché des bravos. Comme j'aime les contradictions, les complémentarités et les oppositions, puisque c'est avec elles que l'on apprend le plus, je tente d'y répondre le mieux possible en restant à leur hauteur en espérant y ajouter une touche d'humour.  
Avant d'écrire quoi que ce soit, il faut beaucoup lire. La lecture permet de constater où l'on se situe dans le "jeu de quilles" dès le départ. Faire fausse route, n'est pas un drame mais une leçon toujours intéressante. Cela permet de se repositionner avec d'autres repaires. Tous mes billets depuis 19 ans sont concaténés en un seul fichier. Ce fichier me sert dans le même but et me permet de voir si je ne me suis pas fourvoyer dans le passé par rapport à l'actualité. Avant de publier un billet; il est lu et relus des dizaines de fois. Tout peut changer en permanence, être restructuré et même réécrit. Je plains ceux qui écrivent leurs livres sans utiliser un traitement de texte. Pour moi, ce site est devenu un journal personnel. Trouver les liens entre les pages d'un journal, je m'en charge par des interfaces quand plusieurs sujets s'y retrouvent et se superposent.

Capture d'écran 2024-03-20 090339.pngDans le cas de trop plein, je repêche des idées d'un billet ancien avec de nouvelles additions correctives. L'idée de "Faire du neuf avec du vieux" a fait partie des deux années de Covid à patauger dans une même semoule et en essayant m'en sortir. Il faut garder à l'esprit que l'on écrit pour soi, pour se faire plaisir et pas pour le plaisir de quelqu'un d'autre. Ecrire ce n'est pas se fixer des limites en fonction de ce que pensent les autres. C'est utiliser le "JE" quand cela s'impose.

La cause de son écriture a-t-elle été justifiée les moyens que l'on s'apprête à décrire ?   
Vaste question. Vaste réponse qui demanderait encore plus de temps. Je n'ai pas une formation de littéraire mais de s
cientifique en science chimique que je n'ai jamais exercé en métier puisqu'il a été détourné par le numérique qui était encore dans les limbes. Une obligation de remonter à la source d'une idée suivie par une ou plusieurs questions du genre "What if ?" m'a toujours été implicite dans le processus d'écriture   
D
ernièrement j'expliquais qu'il y avait un lien entre les deux disciplines par ces mots : "Le lien entre la chimie n'est pas évident à trouver, mais il existe" et j'en donnais les raisons.   
Capture d'écran 2024-03-20 090302.pngQuoi qu'on dise et pense, o
n bâtit toujours du nouveau avec du vieux par la déduction de lois générales qui s'incrémente d'intuitions, mais jamais par des directives imposées. Les événements du passé ajoutés à ceux de l'actualité peuvent être extrapolés dans le futur, construites par des logiques successives. Celles-ci ne peuvent se concrétiser que par des résultats probants avec leurs sources dans une relation de causes à effets. Effets qui, à leur tour, génèrent d'autres causes dans une boucle sans fin. Si les effets se réalisent ensuite, c'est qu'il n'y avait rien de prophétique puisqu'ils obéissent à des statistiques mathématiques sans aucun idéalisme. Avant de publier un billet, il faut se mettre à la place de son lecteur, Si j'en souris ou même en rie, c'est qu'il n'est pas trop mauvais pour suivre son chemin dans la catégorie que je préfère "Parodie ou humour" ou dans la catégorie "Intimisme". J'ai quelques eBooks à mon actif. Ceux-ci demandent beaucoup plus de temps. Thomas Gunzig et Michel Bussi dont j'ai parlé récemment ne sortent leur livre qu'une fois par an. Je viens de terminer le livre de JR. Dos Santos "Spinoza. L'homme qui a tué Dieu". Dans la file, en le rapportant à la bibliothèque, des jeunes filles tenaient en main, plusieurs livres et je leur ai adressé la parole en leur disant que j'étais content que l'on lit encore des livres en oubliant le Smartphone.  Je suis un fan des livres de de JR Dos Santos.  Une phrase de son livre "Lorsque la raison et l'expérience montrent qui la Loi divine dépend des dirigeants séculiers, ceux-ci en sont les interprètes appropriés et l'Etat tout entier spirituel et séculier tombe en ruine. Il faut séparer la religion de l'Etat et séparer la philosophie de la théologie" (p420). Aujourd'hui, les écrivains et les dessinateurs se sentent plus libres mais une autocensure est souvent pratiquée par eux pour éviter les ennuis. JR. Dos Santos explique son livre, mieux que je ne le pourrais.

Il existe des principes généralistes d'écriture. Mais, en déroger est souvent préférable pour rester original.  Nous sommes tous des empruntes digitales ambulantes. Contenter tout le monde est un leurre. "Ce serait comme faire parie d'un jeu d'échec avec 100x100 cases dans lesquelles on commencerait le jeu dans un coin, dont les pièces évolueraient au gré de leurs fantaisies pour rejoindre d'autres coins avec un arbitre qui aurait bu un coup de trop", 

Ce mercredi, le billet "Chronique" de Thomas Gunzig parle des Belges comme les premiers. Les premiers de quoi ? C'est dans la réponse que cela devient amusant en parlant de la politique avec l'aide de l'autodérision

podcast.

Si cette vision particulière par l'intermédiaire de l'humour peut aider pour écrire...

Si je peux lui avoir apporter un coup de pouce à Clément Paulin, j'en serai heureux.

Sans en faire de la pub pour autant, il existe le logiciel "Antidote" qui offre une bonne aide à l'écriture.

Allusion

...

Capture d'écran 2024-03-20 131856.pngSanté mentale, schizophrénie et bien être, un sujet de psychiatre qu'il serait intéressant d'écrire dans un roman par ceux qui la subissent 
podcast

L'exorcisme encore souvent existante en Flandre. Raconté par Joyce Azar
podcast

Débat sur la question "Faut-il rationner l'usage d'internet"
podcast

20/9/2024 : Pour l'occasion, j'ajoute un article paru dans le Vif de la semaine

Capture d'écran 2024-09-26 125924.png

Capture d'écran 2024-09-26 130327.png

Capture d'écran 2024-09-26 130043.png

Capture d'écran 2024-09-26 130126.png

Capture d'écran 2024-09-26 130206.png

Capture d'écran 2024-09-26 130251.png

| Lien permanent | Commentaires (2) |  Imprimer