Molenbeek-St-Jean, le ruisseau du moulin (20/04/2014)

0.jpg"Petit village à l'activité essentiellement agricole, Molenbeek, blotti autour de son église Saint-Jean, a vu son village se modifier lors du creusement du canal de Willebroek au XVIème siècle. Mais, c'est au XIXème siècle avec le percement du canal Bruxelles-Charleroi que la localité allait complètement changer et devenir une commune industrielle. Aujourd'hui, l'endroit comporte une très forte population immigrée et la désaffection des lieux industriels ne concourt pas à lui donner une image riante". Voilà comment un guide pourrait présenter cette commune. Alors, examinons de plus près.   Un nouveau recensement indiquait qu'au 1er janvier 2014, la commune comptait 94.800 Molenbeekois, alors que le 1er mai 2010, il y avait 90.490 habitants toujours sur une superficie de 5,89 km2.

Dire que la commune est densément peuplée est un euphémisme. Avec plus de 16.000 habitants/km2, elle dépasse le double de la moyenne bruxelloise. 

La Fédération Wallonie-Bruxelles conjointement cette année avec la COCOF (Commission communautaire française), Molenbeek a décerné le titre de Métropole de la Culture de 2014 pour mettre à l’honneur la vitalité culturelle de la commune. Le "Meulebeik" comme on l'appelle avec l'accent bruxellois, le mérite sans aucun doute, pour ses différentes culturelles en provenance du monde entier avec une prédominance nord-affricaine. 

0.PNGPour planter le décor historique, Wikipédia en dit : "Dès les années 1800, la commune de Molenbeek-Saint-Jean accueille ses premiers migrants : des Belges flamands et francophones, mais aussi des personnes considérées comme des agitateurs politiques français, qui viennent s'y établir. Au siècle suivant viennent s'installer des communautés d'Italiens, d'Espagnols, de Portugais, suivies plus tard par des Arméniens, Marocains, Turcs, Pakistanais, Africains, des populations des pays de l'Est (Pologne, Roumanie, Serbie)".

Personnellement, je connaissais cette commune dans un passé assez lointain, par suite de relations familiales qui y avaient habité, mais il s'agissait du quartier du Karreveld. 

Alors, plus récemment, je m'y suis rendu par deux fois à vélo, des dimanches au matin, pour m'imprégner de l'ambiance actuelle.

Un jeune immigré de nom de Ben Ali, dont les parents étaient arrivés en 1954, en parlait dans un guide-promenade au travers des rues de la commune, guide qu'il avait construit sous forme d'enregistrement mp3. Faire connaitre sa commune, son "Molen", dans laquelle il fallait se perdre et oublier les clichés classiques, comme il le disait avec un certain enthousiasme et une vitalité, partagés par des interlocuteurs qui le croisaient et faisaient partie de sa balade sonore. 

0.jpgPremière remarque, il y a deux sortes de vitalités et donc de vérités, dans cette commune, comme nous allons le voir. Il ne parlait que du carré entre le Léopold II, la chaussée de Gand et le canal de Charleroi. L'autre Molenbeek, il n'en parle pas comme s'il n'existait pas. 

Pas à dire, dans le premier, il faut avoir une certaine dose et de goût de l'exotisme, de la multiculturalité, sinon, il vaut mieux passer son chemin. 

Une autre chose qui m'a étonné, c'est de constater que la chaussée de Gand, la plus longue artère qui traverse la commune de part en part, et où passaient des diligences dans l'ancien temps, n'est que vaguement évoquée. Peut-être est-ce parce qu'elle traverse justement les deux parties de la commune et s'évade dans l'autre partie dont il ne voulait pas parler.

Comme j'aime l'exotisme et que je ne suis pas adversaire à priori, mon sentiment de la découverte se devait de rester éveillée et de perdre mes préjugés passagers.

Quand j'ai parlé de mon projet à un ancien habitant de la commune, un grand globe-trotter, il m'a tout de suite mis au parfum : "Jamais nulle part personne n'a voulu me voler mon vélo ...sauf deux fois à Molenbeek où des camarades m'ont sauté dessus pour se l'accaparer. Une commune par essence duale. Le bas, devenu ingérable parce qu'occupé par une seule communauté qui a décidé, avec la complicité du PS, d'en faire son territoire. Le haut, sociologiquement très différent avec le Boulevard Edmond Machtens et les grands immeubles du Boulevard Mettewie. Je me suis souvent demandé pourquoi le tout petit Koekelberg et l'immense Molenbeek n'ont jamais fusionné. Cela donne des bizarreries du genre un stade de foot pour chacun.". 

1.jpgA lire cela, cela commençait mal. C'est vrai, cela me rappelait qu'il avait écrit quelques lignes assez "rouges" ou "vertes" de rage, au sujet du bourgmestre socialiste de la commune indéboulonnable de trop nombreuses années. J'avais dû à l'époque lui mettre une muselière, c'est tout dire.

Mais bon... parlons-en de ce ruisseau et de ce moulin.

Mais parler de cela ferait partie d'un passé révolu selon Ben Ali et, s'il y a, parfois, ébullition entre cultures différentes, ce n'est que la répétition de ce qu'on voit ailleurs. D'accord, mais, ici, peut-être, c'est en plus accentué. Ben Ali nous invite à une promenade :
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Belle entrée en matière qu'il faut écouter en 6 épisodes, pour parler du centre historique de Molenbeek, une commune-village avec une origine plus ancienne que Bruxelles-Ville.

Une remarque tout de même qui ne se veut aucunement raciste : pourquoi quelqu'un qui vient manifestement d'une communauté étrangère en parle et pas des Molenbeekois qui le sont depuis plus longtemps ?

La réponse est dans la question ou presque. Ces anciens se sont vus repoussés pour la plupart dans la périphérie de la commune. Problème de mixe de cultures parfois très ou trop différentes. Les populations marocaines qui y habitent, sont pour la plupart orientées vers le commerce de biens de consommation avec une belle devanture mais où il vaut mieux ne pas élever les yeux au-dessus de leurs magasins. Les anciennes maisons qui avaient encore un cachet historique n'ont pas été entretenues. Le patrimoine et l'humour bon-enfant bruxellois y ont disparu. 

Pour moi, la situation molenbeekoise était-ce une répétition de l'histoire de Bruxelles-ville ?

Pas vraiment.

Une répétition de Schaarbeek, la ville sans facilité que je décrivais une autre fois, alors ?

Un peu plus, mais pas complètement.

Plutôt un moyen d'ouvrir un bal des gens bien ou de gens que l'on veut voir comme tel d'un côté et de gens qui ont d'autres attraits et de visions de la vie de l'autre.

Aucune contestation au sujet de la qualité de cet enregistrement de l'itinéraire décrit par Ben Ali.

0.jpgLe départ de son itinéraire est fixé près de la Place Sainctelette, dans la rue de l'Atelier, à ce qu'il appelle "le Foyer" pour jeunes où il rendait ses bons offices.

Déambuler dans des rues donne toujours l'esprit du village et de cet esprit de temps anciens par son côté industriel, dès la rue Courtois, appelé la "petite Manchester" du début du 20ème siècle.

L'église Saint Jean Baptiste, une rareté de l'Art déco du pays, construite en 1931 manque une affectation culturelle. 

La rue du Ruisseau (Beekstraat) où passait le ruisseau du moulin qui rejoignait Dilbeek à la Senne, se trouvait au milieu de marécages aujourd'hui disparus.

La rue du Pèlerinage et celle des Chœurs organiseraient-elles le mélange des races pour en faire une richesse, même si cela friserait l'absolutisme qui ne laisse plus de place à ceux qui de majorité deviennent des minorités ?

Le melting-pot de Marocains, d'Asiatiques, de gens de l'est de l'Europe, comme il le disait, se retrouve dans la marmite comme un bouillon de cultures. Le tout, c'est de reconnaître si la marmite fournit un bon bouillon. 

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Accolée à l'Académie de dessin et de modelage, la "Maison des Cultures et de la Cohésion sociale", des mots qui expriment le but de la manœuvre.  

La rue de Ribaucourt serait donc à comparer à la rue Neuve de Bruxelles-ville mais en plus dangereuse. Elle ferait toujours penser à un village à la rue Jardinière et avec ses métiers, de la rue Mommarts, s'il n'y avait la rue de Presbytère en droite ligne avec le Parvis de Saint Baptiste où les marchés marocains du jeudi et du dimanche se découvrent avec une impression de se retrouver à Rabbat, comme il était dit dans le commentaire. 

Pas à dire, j'avais l'impression d'être un touriste, perdu comme un étranger qui prend des photos d'une place de marché, loin de chez moi, alors que je n'avais pas, pour autant, les yeux bleus et les cheveux nordiques.

Je faisais tache avec mon ciré jaune de cycliste.

La rue de l'Ecole, le Parc de Bonnevie, la rue du Facteur avec son bureau de Police qui ne serait plus que des planqués avec une délinquance remisée au passé, si l'on en croit Ben Ali, n'est pas nécessairement une manière d'effacer le passé et certaines vérités.

0.jpgLa rue du Comte de Flandre n'y retrouverait pas ses jeunes à la place Communale, avec son Hôtel de ville néoclassique qui, un peu incongru, se retrouve face à une grande place en plein travaux avec pavés rassemblés en son centre.

La kermesse héroïque de ce parking a, de ce seul fait, été vidée de ses voitures.

Traversée, de là, on arrive à la rue piétonnière du Prado, à ses magasins qui permettraient toujours de marchander.

Moi qui aime les prix fixes, je ne risquerais pas. Courte, elle s'efface vite en tombant dans la longue chaussée de Gand. Celle-ci, à l'origine, comptait beaucoup de cinémas, de marchands de chaussures. Aujourd'hui, elle retrouve plus de magasins de Djellabas, de bijoux ou de boutiques à un euro au petit bonheur la chance.

Pas à dire, pourtant, on y aime ce qui est doré, ce qui brille mais qui n'est peut-être pas de l'or et, ce n'est pas parce qu'on porte du noir de la tête au pied qu'on n'aime pas la modernité. Le téléphone main-libre n'a, peut-être pas, été inventé par les bonnes personnes. Ici, le voile sur la tête en fait parfaitement office.

Les logements sociaux de la rue Brunfaut avec sa brasserie Allemans ne font plus recette avec les paraboles, toutes dirigées vers le sud, sur la plupart des balcons.  A la rue Fin, comme son nom prématuré l'indique, il ne reste que les souvenirs de temps périmés.

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Rue Ransfort, à l'ancienne fonderie de la Compagnie des Bronzes, installée dès 1859, envoyait ses œuvres d'art et de statues jusqu'à New York. Suite à la faillite en 1977, la fonderie est devenue un musée dédié au seul patrimoine. 

Dans la rue de Manchester, la raffinerie Graeffe, a approvisionné la population en sucre et en cassonade, pendant 50 ans. Désormais, à l'abandon avec une esthétique des paquebots avec des poutres en fer soutenues par des colonnes en fonte et renforcées de poutrelles métalliques, seule la nostalgie peut subsister.

L'impasse 'Cail et Halot' mène à la rue de l’Éléphant au travers d'un parc désert à mon arrivée.

La mosquée Al Khalil, je ne l'ai pas vu malgré mes recherches. Une mosquée, ce n'est pas aussi apparent qu'une église chrétienne.

De retour sur la chaussée de Gand, le restaurant "Les uns et les autres" mélange stoemp et couscous et on y mange bien, est-il dit. Qui en douterait? 

0.jpgPuis, il y a les quais du canal qui mérite un nouveau retour dans l'histoire.  

En 1832, le canal de Charleroi était inauguré par Barthelemy Théodore, comte de Theux de Meyland. Avec sa jonction à la place Sainctelette, il constituait le chaînon manquant qui apporta le prolongement au canal de Willebroek vers le sud. Dès l'inauguration, on comptait déjà septante tonnes de charbon en provenance de Charnoy, la futur Charleroi. Il devait, en principe, éviter les barrières douanières, mais qui en retrouvait d'autres naturelles par ses 55 écluses à cause du dénivelé.

D'après la balade sonore de Ben Ali, le creusement du métro n'aurait pas rendu les meilleurs offices et aurait plus bénéficié à l'autre rive. 

Sur le canal, une autre Brasserie, celle de Bellevue produisait de la bière avec une fermentation naturelle sans levure, mais dans l'air du temps, elle n'est plus qu'un reflet de l'histoire.

Le long du canal, les petites éoliennes en plastics de couleurs ne devaient rester qu'une courte période. Considérées comme un plus dans le décor, elles n'ont pas quitté en ajoutant au "Chien Vert", avec tissus de toutes les couleurs, le charme que la caserne du Petit Château n'a plus. Depuis 1986, celui-ci ne sert plus à la sélection de futurs miliciens, mais accueille les émigrants qui sur le trottoir, font tapisserie en attente d'une embauche éventuelle. En face, une maison du Pasteur Pandy de sinistre réputation.

0.jpgAu retour à la case départ, on rencontre d'autres rues en espérant que celle de L'Avenir et celle de la Prospérité fassent bon ménage. 

Que dire en conclusion, sinon que ce qui est convivial, solidaire, cosmopolite rime avec respect et exclusion de la vulgarité et d'autres communautés.

C'est souvent le cas. Mais, une impression de quartier sinistré, déshérité qui ne colle pas à l'image sonore (et qui sera expliquée dans une des photos qui suivront). 

Même le RDWM, le club de foot qui en a avalé 6 autres à Bruxelles, est appelé à disparaître.

Non, aucun risque de trouver la commune dans les candidats pour entrer dans le "Patrimoine de l'Humanité" comme le permet l'UNESCO. Pas d"Art Déco" ou "Art Nouveau" comme il existe à Schaerbeek pour en faire sa fierté.

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Mais je disais d’emblée qu'il manquait des parties de la commune dans le périple de Ben Ali. Des parties dont il ne parle pas et qu'il occulte volontairement parce que pour lui, Molenbeek s'arrête à ce qu'il a décrit.

Sa visite du centre historique ne parlait pourtant que du dixième de sa superficie. La commune est une des communes les plus importantes en superficie de la région bruxelloise.

Ne pas en parler dans cette visite est symptomatique de la ghettoïsation de la commune. 

Alors allons-y dans ce reste. Là, nous sommes sur une autre planète. 

Vers le Scheutbos, (le "bois de pousses"), un coin de rêve de six hectares en friche, au milieu des "cages à poules" du Boulevard Mettewie, tout en hauteur, avec à son sommet le panorama sur la ville mais qui a permis au Maréchal de Villeroy de pilonner Bruxelles-ville avec ses canons.

Classé pour sa grande biodiversité, le parc pourrait vraiment représenter la commune puisqu'il accueille la "Maison de la Culture" et qu'un centre gériatrique y a trouvé refuge.

0.jpgLa ferme-château du Karreveld, entourée de son parc, existe aussi dans la commune et semble faire partie d'un autre monde. Elle remonte au XIIIème siècle et le mot "Karreveld" tire son nom d'une briqueterie que la famille Villegas exploitait sous le label "Laiterie du Vélodrome". Vendue à la commune en 1930, la ferme ne sera restaurée que 25 ans après, avec une architecture brabançonne construite de briques rouges et de pierres blanches. Ce fut sous la forme de château qu'il se mire désormais dans un étang et abrite des manifestations culturelles. 

Le 5 avril, "Radio Modern" avait eu lieu au château du Karreveld. 

Le quartier de Koekelberg est imbriqué à se demander quel est le magicien qui a eu l'idée de fixer les limites de la commune. Le contraste face à la Communauté française et son environnement est total. Tous les plans visent à rénover l'avenue du Port dont les terrains lui appartiennent pour en faire une future zone d'immeubles de bureaux et de logements grand luxe à l'exemple des anciens docks de Londres. 

Associer les mots "Molenbeek" et "Saint-Jean", sous le même nom ferait imaginer à un lieu de sainteté d'obédience catholique. Il n'en est rien ou plus vraiment grand-chose, du moins dans le centre dont on a fait la visite avec Ben Ali. Avoir la plus grande mosquée de Bruxelles, ce serait peut-être aller trop loin dans l'amalgame. Saint-Jean n'y retrouverait pas ses jeunes, tout comme les anciens habitants s'y perdent un peu.

Nous sommes passés, sans transition, du Meulebeek près du ruisseau du moulin, au Moulin du Ruisseau, toujours en lettres majuscules pour refléter les différences de hauteurs des immeubles à habitation. 

Trêve d'idéalisme de n'importe quel endroit, il provienne. C'est le contraste qui interpelle.

Toute la région bruxelloise est en continuelle mutation. Allochtones devraient se confondre aux autochtones pour réaliser une intégration parfaite. Mais, nous n'y sommes pas arrivés.

Où se trouve les différences ? Est-ce la couleur de peau qui creuse un fossé entre les communautés ? 

Pas vraiment. Si c'était cela, les "echte brusseleers" de retour de vacances se confondraient. 

Cela se ressent au niveau du choc de cultures, des odeurs étrangères de nourriture, des fêtes à des dates qui ne correspondent pas, des heures de veilles, du mois de Ramadan, des événements qui peuvent créer des oppositions culturelles.

- Salâm Aaleykoum.

- Aaleykoum salâm.

- Bonjour...

Je l'ai dit, j'aime l'exotisme, je ne suis pas contraire à l'immigration et aux mélanges de couleurs café crème ou cafés noirs. Je ne suis ni adversaire à la diversité, ni à la mixité. J'aime faire du tourisme à proximité de chez moi. Mais, je n'y habite pas en permanence.  

Les habitants, des commerçants qui ont le sens de l'hospitalité mais qui ne sont pas des conservateurs de patrimoine. Entretenir des immeubles anciens coûte très cher et sans l'intervention de la gérance de la ville, nous entrons vraiment dans un autre monde. 

Parmi les anecdotes amusantes, c'était d'apercevoir une voiture qui, arrêtée au milieu d'un carrefour, déchargeait son coffre sans s'inquiéter de la circulation. Plus loin, un garage qui avait la mention écrite "Ceci est un garage" et d'y voir une voiture stationner devant lui, sans aucune autre forme de procès. Des événements qui ne semblaient pas avoir effrayé personne comme faisant partie de la vie banale de tous les jours.

Cool, on se veut cool comme règle de conduite. Ben Ali le présentait et le souhaitait et il avait raison, cela marchait.

Construire, rénover et restaurer sont les évolutions les plus visibles dans toute la ville de Bruxelles. Molenbeek ne fait pas exception, mais, en dehors de cette enceinte d'un temps révolu. 

Croire que luxe et volupté se passent comme un pet sur une toile cirée, comme sur des roulettes bien huilée, même avec des séquences orales choisies qui le prouvent, ne serait pas tout à fait exact, cher Ben Ali. 

Dans le Vif-Express de début avril, le psychologue, Pascal de Sutter, sans penser à Molenbeek, avait écrit une "Pensée incorrecte" : "Quand une petite minorité de gens immigrent quelque part, tout se passe bien. Par contre, quand les nouveaux venus se multiplient à grande échelle, les autochtones se sentent en danger d'extinction. Ce n'est pas du racisme, c'est de l'instinct de survie. L'immigration est une excellente chose et contribue à la vitalité du pays, mais il semble urgent de l'aborder d'une façon proactive et sans tabou, en multipliant les services d'accueil pour immigrés. Dès le début, clairement et sans détour, il faudrait leur exprimer qu'en Belgique, on vit à la belge et développer des mesures incitatives à l'intégration. Oser établir des quotas d'immigration par nationalité et par religion. Les regroupements massifs de même culture forment des ghettos".

Le lien à faire était, certainement, avec Molenbeek. 

La Belgique, le pays où l'immigration est la plus mal perçue ?

Sans blague, une fois...

Fermer les portes à l'immigration : un bon calcul économique ?

Un débat sur antenne de La Première se posait la question.

Rien à voir, donc, avec cet Anglais, Paul Weston qui se disait raciste. Seulement, une impression de trop plein à certains endroits qui n'aide pas à l'intégration. De plus, le nivellement par le bas se faisait sentir chez les anciens propriétaires qui voyaient leurs biens se dévaloriser et l'abandonnaient.

Le sujet est sensible quand on voit les débats sur le communautarisme qui se présentent en France ou ailleurs en défiant l'ordre établi.

Sur Facebook, on pouvait sentir un besoin de remettre "l'église de la propreté au milieu du village" au sujet de Molenbeek:

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 Le site Internet de la commune est éloquent à plus d'un titre.  

0.jpgMolenbeek vit, c'est évident. Le multiculturalisme est bien présent peut-être trop peu mixé et intégré. Peut-être trop pour certains anciens. Sur une maison, je lisais "Le silence tue".

Pas d'angélisme. Les événements dépassent parfois la fiction comme ce fut le cas le weekend dernier avec des tirs à la kalachnikov dans les beaux quartiers, ce qui prouve encore que la confrontation entre deux mondes existe bel et bien.

 Le PS était depuis 1939 à la tête de Molenbeek. Une seule exception pendant 6 ans.

La nouvelle bourgmestre, Françoise Schepmans (MR), qui veut remettre de l'ordre est probablement moins appréciée par la population allochtone que Philippe Moureaux (PS). Depuis plus d'un an, installée sur son fauteuil de maïeure, elle lançait dans un journal : "Fini le laxisme" 

1.jpgDu laxisme et des délires de son prophète qui avait avant voulu faire planter des séquoias et des cèdres du Liban en son château du Karreveld contre l'avis des jardiniers et autres architectes paysagistes desquels " il " n'a évidemment pas voulu tenir compte et qui ont fini par crever pour rien, vraiment pour rien... 

Françoise Schepmans a toujours habité Molenbeek. Elle occupait un poste comme échevine sous le majorat de Philippe Moureaux.

 Elle énumère ses reproches de l'administration précédente : 

Elle voulait changer :

J'aurais aimé avoir à réaliser une autre visite guidée de Molenbeek. Une visite qui présenterait l'autre Molenbeek, le plus riche ou, je ne sais pas... le "plus belge". Nous n'aurions peut-être pas eu les mêmes conclusions ni un langage aussi élogieux ou même dithyrambique de la situation que ceux qu'exposait Ben Ali.0.jpg

Ce samedi 19, de 13:00 à 18:00, Pâque oblige, la commune était en fête: "La danse et Molenbeek, une histoire d'amour". Une danse de "macédoine de fruits" qui fonctionne quand tout le monde est prêt à y participer, anciens et nouveaux. 

Au XVIème siècle, une procession dansée, immortalisée par Breughel, s'y produisait.

Oui, encore une fois, on a dansé au centre de Molenbeek, uniquement, avec toutes les musiques. Pas sûr que Breughel y trouverait ses jeunes avec la zwanse de la zinneke parade.

Danser est à prendre au propre comme au figuré.

Danser, c'est exprimer la nostalgie du passé et espérer que le futur soit encore meilleur. 

Visiter un endroit, ne peut se terminer que par des images des deux parties distinctes de la commune, alors pour expliquer tout cela ...

les photos de la commune 'en un clic'.

Quant à la chanson qui correspondrait le mieux au vieux Meulebeik, aux ancêtres, ce serait plutôt celle-ci :


 

L'enfoiré,

 

0.jpgCitations:

Les photos du 19 avril sur Facebook de "I like Molenbeek" >>> (une remarque d'un des commentateurs: "Très belle initiative, dommage de ne pas avoir fait une percée dans le "Haut Molenbeek""

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 16 novembre 2015: 

Les attentats à Paris éclairent la situation:
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0.jpg24/6/2022Nouvelle série "Molenbeek" et le Cactus en parle
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