Cop21, non peut-être (28/11/2015)

0.jpgParis, une nouvelle fois au centre du monde, mérite plus qu'une messe. La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques était maintenue malgré les événements de terrorisme qui ont eu lieu le 13 novembre à Paris.

Hier, Paris a rendu les hommages à ces jeunes tués dans l'attentat, il y a deux semaines.

Je m'associe à cette douleur, mais la vie de la planète doit continuer.
La COP21 était programmée à Paris.

Les représentants de 195 pays dont 150 chefs d’État sont attendus lundi pour la conférence sur le climat, dans ce «contexte dramatique» et l’état d’urgence qui a été déclaré en France pour trois mois. 

40.000 personnes dont 10.000 délégués de 195 pays, 14.000 représentants de la société civile et experts, 3.000 journalistes et des milliers de visiteurs.

Un sérieux défi sécuritaire et logistique en perspective

0.jpgTraditionnellement, la Belgique jouit d’une réputation flatteuse dans les discussions climatiques, cette fois, des indicateurs sont médiocres. Pour ne rien arranger, fédéral et Régions ne sont toujours pas parvenus à s’accorder sur la répartition des objectifs belges. Vendredi soir, les négociations entre entités fédérées étaient toujours en cours. Le discours de la délégation belge est prévu pour le 7 décembre. Pour ne pas déshonorer le pays, peut-être y aura-t-il un dernier baroud d'honneur inattendu. 

ARTE avait présenté le documentaire "Pour quelques degrés de moins".

"Le dessous des cartes" consacrait deux numéros pour expliquer ce qu'ont été les 20 COP (abréviation de COnférence des Parties) précédentes. 

Les versions successives ont donc été nombreuses: Berlin (1995), Genève (1996), Kyoto (1997), Buenos Aires (1998), Bonn (1999), La Haie (2000), Marrakech (2001), New Delhi (2002), Milan (2003), Buenos Aires (2004), Montréal (2005), Sydney (2006), Bali (2007), Poznan (2008), Copenhague (2009), Cancun (2010), Durban (2011), Doha (2012), Varsovie (2013), Lima (2014).

Décidément, les conférenciers aiment les voyages et les réunions pendant lesquelles ils se retrouvent ensembles à écouter de grandes démonstrations trop souvent théoriques...  

Mais, à la fin de chacune d'elle, il y a eu un sentiment de trop peu qui en ressortait avec un certain nombre de difficultés qui limitaient la portée de succès de façade.

Les raisons?

D'abord, les écarts considérables de développement limitent l'influence des pays les plus pauvres. Les pays pauvres furent laissés de coté lors du débat sur les dits "pertes et dommages" envisagés pour les indemniser des coûts environnementaux qu'ils supportent.

Ensuite, l'opacité des discussions et leur manque de démocratie ont amené les ONG les plus importantes à quitter en groupe la COP19 pour protester contre son blocage. L'histoire raconte que rien n'a été complètement oublié pour rectifier le tir.

En 1971, à Stockholm, 30 scientifiques avaient lancé une alerte concernant le changement climatique...

En 1972, sortait déjà une étude dont le titre était "Halte à la croissance".

En 1974, le secrétaire d'Etat Henry Kissinger était chargé du problème lors d'une session de l'assemblée générale des Nations Unies.
En 1976, les météorologues Nord-Américains et Russes s'unissaient dans leurs recherches.
En 1978, le terme "effet de serre" voyait le jour dans un télégramme alarmiste du représentant nord-américain aux Nations Unies qui révélait l'impact négatif des énergies fossiles et conseillait le passage aux énergies renouvelables et solaires.

En 1979, le monde était enfin prévenu du réchauffement, lors d'une conférence sur le climat à laquelle participaient 138 états. Le "rapport Charney" ordonné par Carter prévient Washington de l'inéluctabilité des changements dus aux taux de CO2....

0.jpgEn 2009, à Copenhague, les pays avaient affirmé leur volonté de limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici 2100.

Pour atteindre cet objectif, les experts climatiques du GIEC estiment que les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent être réduites de 40 % à 70 % d’ici à 2050 et que la neutralité carbone doit être atteinte au plus tard à la fin du siècle.

Est-ce que l'Occident était-il aveugle et restait sans réagir?

Dans les années 80, la politique de Margreth Thatcher s'était opposé aux effets de serre en supplantant l'exploitation du charbon par l'utilisation du gaz.

Le problème c'est qu'en même temps, les pays émergents comme la Chine, l'Inde et le Brésil, renversaient la diminution en augmentation par leur volonté de rejoindre la croissance de pays capitalistes.

En 1973, le choc pétrolier a fait que le "tout nucléaire" a pris tant d'importance en France.  

Le nucléaire était-il une fausse solution?

Bien sûr, mais c'était une étape comme une autre avant d'atteindre un mieux.

En 1975, les émissions de CO2 à effets de serre étaient devenues deux fois plus importantes qu'en 1940.

Aujourd'hui, la Chine imagine de créer des "écocités" dans les campagnes, des nouvelles cités vertes...

Le malheur, c'est qu'elles restent vides d'entreprises et d'habitants. On ne bouleverse pas facilement les habitudes de vie.   

Aujourd'hui, le secteur des services a le vent en poupe.

Alors, qu'en dire de plus qui n'aie pas été dit et qui expliquerait ce qui lieraient les évènements de terrorisme que nous vivons aujourd'hui à la suite de cette question? 

0.jpgLa première: Qu'avons-nous laissé aux nouvelles générations?

Le 12 octobre, Daniel Cohen était interviewé à la radio belge pour parler de son livre "Le monde est clos et le désir infini"

Il donnait quelques indices d'explications : podcastpodcast

Que dit-il en substance? 

Que l'idéal des Lumières et du progrès ont changé la donne et ont créé une société d'émancipation mais aussi d'obéissance.

Le monde post-industriel ne voulait plus d'une société gérée verticalement avec un certain paternalisme du sommet. La société veut se "manger" elle-même par l'intermédiaire d'injonctions de créativité personnelle et une démocratie directe, participative et non plus déléguée à des représentants qui seraient désignés par des votes démocratiques. 

1.jpgPour cela, elle a dû apprendre à gérer ses inconvénients et reconnaître qu'elle n'y trouvait plus le plaisir. Elle prenait en charge la maîtrise de sa santé jusqu'à espérer l'immortalité. Elle aimait communiquer via Internet mais, à y réfléchir, Internet n'était souvent devenu qu'un minitel évolué en parlant avec ses homologues et pas pour apprendre ce qui se passait dans le monde.

Dire que la croissance ne devrait pas être un but n'est pas encore entré dans les mentalités actuelles qui désabusées, mènent au stress et à la dépression.

La quantité a supplanté la qualité dans le rêve de consommation.

Fin de l'exposé qui se terminait par un renvoi à son livre pour en apprendre plus. 

Le choix de Paris, la ville Lumière,  pour exercer du terrorisme était donc symbolique.

 

Au sujet du climat, tout semble aller dans le même bon sens.

0.jpgLes climato-sceptiques qui souvent se retrouvaient parmi les grands producteurs capitalistes et conservateurs, font partie des 5% de l'arrière-garde alors qu'il y a peu, ils dépassaient allègrement la barre des 50%.

Le 15 novembre, Nicolas Hulot était l'invité de Michel Drucker pour parler de COP21. (morceaux choisis).

Une mention disait que l'enregistrement de l'émission avait été fait avant les attentats de Paris.

Nicolas Hulot en disait "Il y a une crise culturelle avant une crise environnementale. Nous avons été incapable de nous fixer des limites à nos développements. Mais il n'est pas trop tard de comprendre que l'on va tous en prendre pour notre grade si on ne fait rien et que si on se met ensemble dans la famille humaine au pied du mur peut-être serons-nous capable d'avoir une intelligence collective suffisante pour changer".

Avec les politiques, il avait tenté le coup sans y parvenir comme il l'écrivait dans son livre "Une vie plus haute que mes rêves". 

"Osons", son nouveau fascicule donnait ses idées et des recommandations pour les politiques et, en plus, pour les populations du monde dans une sorte de POC21.

Le message global était "Vivons à l'économie tout en vivant mieux sans revenir à l'âge de pierre parce qu'il y a un essoufflement du système dans lequel on vit". 

Depuis cette émission, il y a eu l'attentat à Paris.

Échec d'intégration?  Bien sûr. 

Que désirent les Salafiste Wahhabites sinon détruire le monde démocratique avec le progrès qu'il emphase?

Tout casser à Paris et ailleurs par la terreur. En ricochet, toutes les activités à Bruxelles avaient été arrêtées pendant cinq jours après une menace montée au niveau 4: sérieux et imminent.

Les terroristes avaient gagné une manche contre ce monde dans lequel ils ne se retrouvaient pas.

Au 15ème siècle, Jérôme Savonarole avait eu le même esprit en voulant briser le modernisme voulu par les Médicis en lançant la Renaissance italienne.  

Début 2015, dans "Des idées plein la tête" du type New Wave, j'avais repris un petit article deJacques Attali qui avait une idée assez surprenante: "les valeurs écologistes et évangélistes se rejoindraient dans un "Double vert" par une alliance cyniquement utilitaire".

Le terrorisme écologique intégriste a aussi existé.

A lire "Alerte mondiale sur les voyages et vols aériens due à une hausse de la menace terroriste", c'est comme si ces terroristes étaient payés par les écologistes pour ne plus utiliser les moyens de transport. Humour que cette pensée-là, mais...

0.jpgIl faut changer de paradigme, entend-on souvent.

Il y a une autre voie qui correspond avec l'idée de services: le rationalisme concrétisé par le numérique.

Pour cela, il doit être compris autrement que comme un mangeur de jobs et être dirigé dans un sens d'une productivité intelligente.

Cette révolution des mentalités est en pleine actualité dans les grands groupes de la Silicon Valley. Rendre le travail agréable dans une économie dans une austérité calculée au plus juste à abolir ce qui n'est pas judicieux, fait partie du changement pour rendre les gens au travail moins stressés dans un cadre agréable. 

D'après le rapport de "Digital density 2015", la Belgique n'est pas du tout la Silicon Valley. Les entreprises belges seraient moins digitales qu'elles le pensent.

"Yearly marketing survey 2015", rapportait que les entreprises restaient réticentes, ne pensaient pas devoir changer de stratégie et pouvaient garder une couche numérique superficielle alors que tout est à repenser et réinventer.

Le digital n'est pas, ou plus, une affaire de geeks mais atteindre le niveau décisionnel.

Il en ressortait que ceux qui ne s'y adapteraient pas de manière holistique, mouraient par le tsunami digital.

Aujourd'hui, c'est le savoir numérique qui donne le pouvoir et plus l'inverse même si ce nouveau paradigme peut faire frémir de terreur de perdre ses acquis.

Ce changement de mentalité est tout autant drastique même s'il ne prend pas les armes pour s'imposer. La guerre économique est en marche.

Fermons la parenthèse pour la ré-ouvrir par après.... 

0.jpgIl faut manifestement plus du concret actuel dans une transition parfois longue et trop exigeante pour rectifier cet excès de réchauffement climatique lié aux activités des hommes.

Donc, le réchauffement supérieur à 2°C est devenu la limite à ne pas dépasser.

Il entraînerait des conséquences graves dont la multiplication des événements climatiques extrêmes ne seraient qu'une des faces.

Taxer ce qui dépasse les nécessités essentielles pour freiner la consommation, n'est qu'une solution très partielle puisque son bénéfice est dévoyé, on ne sait où.

Science & Vie consacrait un dossier de 80 pages sur tout ce qui devrait changer en France si cette augmentation de température globale continuait:

des canicules plus longues, des sécheresses avec pénuries d'eau alternées avec des intempéries violentes de style mousson, moins de gelées, une érosion des monuments du patrimoine plus rapide, des villes invivables sous la pollution et la chaleur, des transports ferroviaires altérés occasionnant des accidents, la disparition des glaciers et des sports d'hiver, le cycle pour la création de vins avec plus de degrés à la véraison, le maïs remplacé par du sorgho...  

Le VIF-Express donnaient des idées version "belges" dites géniales pour vaincre le réchauffement:0.jpg

vaisselle mangeable, eau solidifiée, le bétail nourrit aux scarabées, la permaculture, le remplacement ses engrais chimiques par le travail des bactéries, la conversion de déchets, les excréments et des eaux usées en énergie biomasses, les champignons Pestalotiopsis et les algues mangeuses de plastics, la suppression des emballages, la réactivation des moulins à eau, les revêtements routiers photovoltaïques, pédaler pour recharger les batteries, la fusion nucléaire par la méthode Lyman Spitzer, les piles à combustibles à la maison, la récupération du CO2 dans les nano-fibres, la gestion des nuages...

Il parait que nous avons besoin d'énergie...

En une heure, le soleil donne l'énergie à la Terre consommée pendant un an par toute l'humanité. 

Cultiver le Dieu soleil est donc pour demain ou après-demain.

S'accommoder avec le trop d'eau à certains endroits de la Terre, trop peu ailleurs, c'est une affaire de tous comme le disait déjà et encore le documentaire "Home" qui date de 2009. 

Domestiquer la nature en bouchonnant les volcans...

Tout y était dit ou presque et était compensé carbone par actioncarbon.org .

0.jpgJ'ai déjà écrit plusieurs articles plus ou moins alarmistes qui ont un lien avec l'écologie:

Les principaux parlaient de:

"La vérité qui dérange" de Al Gorre parce qu'il faut des politiques qui se réveillent. 

 "Le bâton et plus beaucoup de carottes" pour rappeler ce qui nous attendrait si rien n'était fait.

 "Capitalisme naturel ou artificiel ?" parce que les deux doivent aller de pair dans une "éconologie". 

 "Sacré croissance" parce que l'imagination reste au pouvoir.

Notre modèle de croissance est manifestement remis en cause:podcast
 
0.jpgLe problème, c'est que tout arrive, tout passe, tout passe, tout casse et parfois à vitesse trop accélérée.

Il faut ralentir et consolider les acquis...

Certaines mutations peuvent être accélérées quand elles se justifient, mais pas pour une raison marketing et pour avoir la folie de faire tourner le commerce sans réflexion sur les conséquences.

"Faire plus avec moins" est périmé.0.jpg

"Faire moins en faisant mieux" et peut-être, en gagnant plus est devant nous puisque les machines sont là.

Manger moins de viande mais de la meilleure viande, disent les bouchers de la nouvelle génération. 

Le "Black friday" de vendredi ne peut devenir une "Black future".

Non, quoiqu'on dise, rien n'est vraiment gratuit.

La gratuité que semble apporter Internet, est payé par la pub qui crée une envie artificielle très vite obsolète des consommateurs.

Trop de gadgets, trop de facilités qui ne correspondent à aucun besoin réel, sont vendus avec une belle image dans un beau paquet en papier glacé, enrobé d'un beau nœud.

Les technique de pensée et de production sont à réétudier. Cela passe par la diminutions les "overheads", en simplifiant les règles et les normes qui s'opposent souvent.  

0.jpgLes vacances, une autre folie du voyage à bon marché.

Pourquoi partons-nous en voyage?

Qui aime encore le voyage en lui-même?

Il faut atteindre au plus vite la destination parce que le temps presse pour profiter de la semaine ou du weekend qu'on a prévu pour se "ressourcer". 

Augmenter la durée des voyages pour que ces vacances ne soient pas un nouveau stress pour suivre les prix des voyages qui font partie de la catégorie du "low-cost". 

Après les vacances, il faudra peut-être changer le discours avec les collègues et décomposera la phrase "Cette semaine, j'ai vu l'Afrique du Sud, j'ai été au Brésil...".

Une nouvelle pub que le collègue va prendre à son compte un peu plus tard pour ne pas paraître trop idiot. 

Retourner aux voyages scolaires d'antan qui ne s'écartaient pas plus des 100 kilomètres à la ronde.

Tout cela pourrait faire office de réadaptation aux situations que l'on connaît dans l'actualité. 

Réévaluer le prix des choses et l'heure de travail pour continuer à pouvoir les payer, fait partie de cette évolution.

Ce qui est rare reste cher puisque c'est beau, solide et considéré ainsi, cela fait partie de son propre patrimoine. 

0.jpgUne course vers le durable s'engagerait sans les effets de mode. 

L'éphémère consomme autant de matière première pour produire que le durable. 

Alors si c'est pour très vite disparaître dans les poubelles... 

Il faut se rappeler que nous sommes fliqués.

Non pas par les flics habituels, mais par la pub.


Demain, utiliser nos quelques neurones de plus que la nature nous a accordé dans son évolution, devront s'exercer efficacement.

Appeler à la rescousse les anthropologues ne serait pas inutile.

0.jpgL'anthropologue Geneviève Bell travaille pour la société Intel. Elle y est pour analyser toutes les idées géniales qui peuvent surgir des idées banales de candides.

Vendredi, un autre anthropologue, Paul Jorion, donnait une autre raison de ce que le genre humain, a perdu dans sa course en avant. Il faisait référence à un billet de Dominique Temple, "La violence nue" qui parle de réciprocité sans laquelle le dialogue est rompu.

0.jpg


Sortir le monde occidental de la lessiveuse en retirant le bouchon demande un changement de mentalité qui bouleverse les habitudes et qui parfois les font revenir à l'étape précédente puisque nous travaillons dans le "principe d'essais et d'erreurs".

De l'énergie à trouver c'est facile...

N'y en a-t-il pas dans cet ensemble qui suit et qui parcourt le monde?

 


 

Images de la Cop21 version européenne

  

L'enfoiré,

 

Citations:

 

0.jpgMise à jour 29/11/2015: Claudine Brasseur parle de ce qui se passe en Indonésiepodcast

Heureusement qu'il y a le rire:

Bruno Coppens, les chants les plus désespérés font les champs les plus bios: 
podcast

1.jpgLaurence Bibot aime les Fossiles podcast

Guillermo Guiz conseillait et vendait le faux pour obtenir le vrai puisque ça tweet plus: podcast

0.jpgAlex Vizorek est déjà prêt pour la COP22: podcast

| Lien permanent | Commentaires (25) |  Imprimer