En 2006, dans un triptyque "Le ciel pour horizon", le sujet "Pourquoi on croit en Dieu", m'avait demandé recherches et interviews de croyants pour tenter d'expliquer leur foi.
"Après quinze siècles de recherches menées par les penseurs, les mathématiques et l'informatique disent que selon les règles de la logique, l’existence de Dieu est nécessaire pour des raisons anthropologiques, neurologiques et culturelles" dit le S&V et cela me semblait étonnant. Cartésien, serais-je passé à côté de cette explication ?
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Résumé du dossier de S&V
La démarche n'est pas portée par la foi et n'affirme pas que Dieu existe, mais qu'il est irrationnel de dire qu'il n'existe pas. Alors que l'on pourrait penser que les croyances sont fixées dans un esprit qui ne doute pas, les Sciences persistent à maintenir le doute immuable sur leurs recherches de réponses à ce qu'elles ne comprennent pas, cette enquête, menée par Christoph Benzmüller, prouverait le contraire avec l'approche ontologique de Gödel... Quel que soit le nom qui est donné à Dieu ou aux Dieux, les croyants en parlent avec ferveur, les athées avec conviction et les agnostiques avec distance. Dieu, dans sa définition la plus répandue en métaphysique, existe nécessairement. On ne peut penser un monde dans lequel il n'existerait pas à cause de l'assurance tirée des mathématiques et de la logique qui valident sans erreur possible les démonstrations. Le logiciel métaphysique Leo-II de Christoph Benzmuller vérifie la justesse de l'argument ontologique selon lequel l'existence de Dieu est nécessaire à tout système de pensée logique. La proposition 'L'énoncé 'Dieu existe'" répond vraie au sens logique et mathématique. Cela n'a pas pour but de servir une religion, mais pour investiguer la cohérence du concept 'Dieu' et d'en apprendre plus sur les croyances qui y sont rattachées pour prouver la démonstration de l'existence logico-mathématique d'une entité abstraite présentant certaines propriétés sans lien avec l'amour ou le fanatisme. Ce ne serait pas un hasard si aucune civilisation dans n'importe quelle époque n'ait été marquée par une forme de foi religieuse puisque l'esprit humain est conçu pour vivre en symbiose avec l'idée de Dieu qui déclenche les passions. Comparer, soupeser, critiquer, expliquer rationnellement, cet élément culturel d'une telle puissance serait 'sacrilège' au vu des bénéfices du 'prosélytisme' puisque "La foi en un Dieu tout-puissant favorise le comportement social et stimule l'expansion des civilisations pour influencer la foi en Dieu. Sépultures, offrandes funéraires et peinture rupestres sont les manifestations d'un esprit symbolique et mystique dans notre lignée avant même l'émergence de l'espèce Homo sapiens, il y a 300.000 ans dans des pratiques spirituelles, tournant autour d'êtres surnaturels à cause de notre instinctive capacité à se projeter à la place d'autrui, à chercher du sens dans tous comportements et phénomènes inexplicables par l'intermédiaire d'un agent doué d'intention en tant que concept adapté à la manière d'un être vivant ou d'un parasite. A la fin du VIe millénaire avant notre ère, en Mésopotamie, un panthéon est dominé par Enlil comme roi des dieux, dans la vallée de l'Indus, ce dieu est qualifié de "proto-Shiva", puis par d'autres déités où les humains changent leurs petites sociétés tribales en civilisations qui alliées forment de grandes sociétés. La mémétique répond à des énigmes anthropologiques comme l'athéisme qui est aussi un mène rendu plus efficace qui sort du cadre vital d'un passé évolutif.
La foi dope le cerveau en mobilisant de nombreux réseaux neuronaux chez le croyant qui effectue ainsi des actes conscients par la prière et de façon inconsciente avec des effets souvent bénéfiques. Le fait de prospérer la foi par la ferveur religieuse est vérifiable grâce aux techniques d'imagerie cérébrale. En pensant à Dieu, un individu recrute des réseaux cérébraux utilisés dans la vie de tous les jours en s'activant de façon plus intense selon des schémas originaux, ce qui peut donner l'impression que quelque chose de spécifique, de mystique, est véritablement en train de se produire. Par la prière, un croyant active le cortex préfrontal spécialisé dans la théorie de l'esprit comme si Dieu était présent et pouvait lui répondre. Dans l'esprit des croyants, les religions se reproduisent et survivent dans la mémétique, où la sélection naturelle est appliquée aux pratiques et concepts de l'esprit par des éléments culturels, dit "mèmes", transmis entre individus par l'imitation et par la contagion. Leurs copies subissent seulement des mutations de structure conceptuelle parfois délétères qui expliquent la diminution du taux de propagation. Cette dynamique de l'évolution sélectionne les mêmes les plus efficaces qui se répandent facilement tout en restant le plus conforme possible voir nécessaire. Gottlib Frege formalise un raisonnement philosophique religieux comme il le fait dans un calcul arithmétique. Kurt Gödel y ajoute le concept ontologique de "perfection". Christoph Benzmüller utilise son logiciel Leo-II pour soutenir le rêve de Leibnitz. Celui-ci tentait de fusionner le monde philosophique à celui des mathématiques et de la logique en proposant une explication holistique et systémique du monde en suivant sa théorie de la monade. Pour structurer la pensée, les neurosciences stimulent le cerveau pour y retrouver plus de preuves singulières. La foi favorise la survie et encourage la reproduction dans un réseau basé sur la récompense et l'introspection. Descartes, Hegel, Leibniz, Pascal, Kant, Spinoza et Gödel ont mené leurs pensées philosophiques pour conclure que "Dieu existe puisqu'il a toutes les perfections quand l'existence est une perfection. Voltaire n'a pas manqué de railler l'optimisme angélique qui dit qu'un monde imparfait existe dans une infinité de mondes possibles en choisissant la meilleure des options.".
Quand j'ai lu ce S&V du mois d'août et que les maths étaient impliquées, je me suis replongé dans l'article relativement récent "Puisque les maths expliquent le monde". J'ai revu la vidéo "Le grand mystère des Mathématiques" qui dit que la réalité n'est que mathématiques dans un rêve d'éthique et que la philosophie allait avoir beaucoup à dire et à redire en plusieurs phases de compréhension de questions existentielles.
Il y est dit que le langage de l'univers relié au Cosmos se construit par la recherche de schémas récurrents et de symétries retrouvés dans la nature, reconnus dans la suite de Fibonacci ou de l'utilisation de nombres mythiques tout aussi célèbres.
De maître à élève, on assiste à une évolution de la philosophie grecque. De Socrate à Platon. De Platon à Aristote. Le monde idéal opposé au monde réel de Platon, catégorisées en taxonomies s'oppose à l'empirisme de Aristote validé par l'expérience et la logique. Galilée dit qu'Aristote s'est trompé en pensant que les objets tombent différemment sur le sol en fonction de leur poids respectifs. A son tour, le paradoxe de Bertrand Russel a rendu la philosophie de Aristote inutile en utilisant la théorie des ensembles dans une unification de manière intrinsèque mathématiques et logique avant d'être lui-même mit en échec par Kurt Gödel par l'affirmation que le vrai et le vérifiable resteraient toujours distincts.
Si l’essor des philosophies grecques laissait apercevoir un avenir prometteur, la réalité quotidienne des peuples était plus concernée par les épidémies et famines, poussant les hommes à se réfugier dans la superstition et la croyance en Dieu. Au Moyen-Âge, cette situation a généré un trou dans l'histoire des philosophies jusqu'à une renaissance progressive vers le 15ème siècle.
Samedi dernier, le documentaire "Le cosmos selon Kepler" de ARTE parlait de Johannes Kepler qui a remplacé la thèse du géocentrisme par celle de l’héliocentrisme dans une nouvelle représentation du cosmos en découvrant que Dieu était un mathématicien. Il a seulement poursuivi l'idée de Nicolas Copernic dans une course de fondateurs de la science moderne. Dans l'histoire des philosophies, tout s'enchaîne et s'emballe parfois en étapes successives qui se contredisent avec l'intention de confirmer que les idées évoluent. Les propositions philosophiques acquièrent-elles en finale un savoir mathématique comme seul savoir certain ?
Et bien, non. Quand les Mathématiques associées à la logique échouent sur des vérités non démontrables. Elles les contournent temporairement par des raisonnements par l'absurde consistant à démontrer la vérité d'une proposition en prouvant l'absurdité de sa complémentaire dont on déduira logiquement des conséquences absurdes. Exactement la même méthode et conclusion qui est faite dans l'analyse du S&V. Mais, contrairement à la croyance en Dieu, ces raisonnements mathématiques évoluent et s'affinent par une logique modale de règles du système K.Benoit Mandelbrot a mis en évidence les fractales pour signifier que rien n'est immuable, qu'il y a des impondérables et que la Bourse ne montait pas au ciel.
Les nombres réels y côtoient les nombres imaginaires et y retrouvent les formes de la nature par le traitement de milliards d'itérations des nombres imaginaires (i).
Si les axiomes et les postulats ne sont pas aimés dans les sciences humaines, les points d'interrogation non plus. S'ils n'existent quasiment plus dans les sciences numériques basé sur la binarité du "0" et du "1" pour créer l'informatique, avec l'idée du courant passe ou non dans un circuit, l'insécurité d'esprit demeure à la recherche d'une dé-complexification de l'Univers et du Cosmos.
Dans le monde du vivant, les hommes sont les seuls à chercher des réponses aux questions existentielles et cela peut le rendre fou avec les montants par l'étalement des chiffres en série.
Que la vie des autres êtres vivants doit être simple... Pas besoin d'envisager sa vieillesse avec le temps comme notion dont ils profitent en cycles naturels qui dit qu'après une saison froide viendra une autre plus chaude et qu'au besoin, si ce n'est pas le cas de pouvoir prendre des chemins de l'exode et de la migration, si le changement de saison n'arrive pas comme prévu dans les temps. Aucun stress à part la prévision de temps plus difficiles et des risques provoqués par les prédateurs. Pas de guerre. Pas de folie meurtrière, d'hypocrisie avec des formes adaptées au milieu naturel pour communiquer.
Dans une meute, un leader alternatif se désigne comme guide pour moins fatiguer le groupe dans un concept de communauté tout en évaluant la loi des nombres les plus élevés comme repère d'excellence.
Est-ce le même concept logique lors d'une perte de confiance en soi-même vu la complexité grandissante de se retrouver croyant en un Dieu ou plusieurs ? "
Bien sûr, "Chaque individu est unique avec un potentiel particulier qui reste à découvrir", écrivais-je en 2005, mais pour cela, il faut posséder une dose de force de cartésianisme importante.
Un billet de Paul Jorion rendait hommage àBernard Stiegler, platoniste: " tout en disant que « Tout se vaut ! Pour toute chose, il y a un million de lectures possibles qui sont toutes équivalentes d’une certaine manière ». Mais, non, ce n’est pas comme ça qu’on s’en tirera ! Ça, c’est du côté de Heidegger, de la crainte de Dieu pour ne pas vouloir empiéter sur le pouvoir de Dieu à chercher de tout savoir. Pour moi, ça, ce n’est pas une bonne chose". Je n'ai qu'à ajouter qu'une chose, pour être efficace, s'il ne faut pas de crainte de Dieu.
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Le conservatisme des religions
Qui oserait encore refaire le sketch humoristique des Monty Python "always look on the bright side of life" ?
... le film "Deux heures moins quart avant Jésus Christ" ?
Dans la même idée, la BD "21 jours avant la fin du monde" pourrait être amusante au sujet de la fin du monde avec la verve nécessaire.
Mais on ne badine plus avec les religions à part dans des papiers du style de "Charlie Hebdo".
Dieu, ce cher être surnaturel, répond à tous les problèmes humains, à toutes les questions, par la prière. Il rassure, apaise l'esprit de manière ontologique. Après une confession, l'ouaille reçoit la bénédiction pour sanctionner ses erreurs et une repentance représentées quelques prières répétées supplémentaires.
Comment la vie peut-elle être plus simple ?
Dans son roman "Soif", Amélie Nothomb s'est glissée dans la tête de Jésus-Christ depuis son procès jusqu'à la résurrection, en racontant à la première personne les réflexions du Christ sur son Père, le corps, l'amour, la jouissance, l'ingratitude humaine, la souffrance avec un certain bonheur apparent.
Cette année 2020, nous sommes en crise sanitaire dont il faudrait trouver "scientifiquement" la sortie et cela crée l'angoisse, parce que comme toujours les scientifiques se contredisent, les politiques qui les écoutent s'embourbent et les citoyens finissent par se révolter devant un manque de clarté dans les communications et parfois de logique.
Pas étonnant que les vaccins ont créé une résistance parmi les gens qui disent que la nature fait bien les choses sans les sciences. Les masques font penser à une mascarade de manifestations festives au caractère satirique rassemblant des personnes masquées et déguisées.
La méfiance grandit en fonction des ressentis de la perte de pied. "BigPharma/Gouv : La clique mériterait des claques !" résumé par la première phrase : "D’un côté, ceux qui ont intérêt à ce que big-big pharma gagne par milliards, de l’autre, ceux qui pensent d’abord aux patients".
Pas étonnant aussi que les fans des réseaux sociaux se sortent de l'engrenage que la modernité leur impose comme le raconte Marie Pelletier dans l'émergence des minorités, une "cancel culture" pour s'attaquer aux dominants et aux privilégiés
. Dit autrement : "On a un esprit scientifique progressiste et on reste avec ses problèmes ou on a un esprit conservateur de croyances et on les cède à qui de droit, avec une opposition qui apporte une assise plus stabilisée pour réagir".
Le monde post-Covid reviendrait-il au monde de bien longtemps avant
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Vu le gouffre qui s'est élargi entre les deux extrêmes de la connaissance du monde, les craintes du futur de plus en plus exacerbées, s'élargissent.
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Les mathématiciens sont-ils chiants ?
J'ose répondre : "OUI, ils peuvent l'être à la suite de leurs calculs de statistiques en manipulant les chiffres. Ils le sont par leur cartésianisme de bon aloi mais de mauvaises habitudes voulues par ce qu'on appelle la volonté de "progrès de la science".
Qui de l'œuf ou de la poule est apparu en premier ?
Mathématiques, logique et philosophies fonctionnent très souvent de concert se contredisant tour à tour pour évoluer avec l'idée d'apporter des compléments l'une à l'autre. C'est peut-être cet esprit d'instabilité constante, de sables mouvants de l'esprit qui effraient les croyants et ceux qui n'ont plus confiance en la science qui doute en permanence avec des questions qui obligatoirement doivent créer des réponses qui imaginent de nouvelles questions dans un cercle vicieux.
L'accélération des connaissances font perdre pied et créent une opposition de plus en plus forte.
Que dire qui n'ait déjà été dit dans le livre de Michel Onfray "Traité d'athéologie" qui y voyait la défense de l'hédonisme en opposition au concept freudien de la pulsion de mort ?
Qu'il y ait peut-être trop à faire pour gagner son paradis dans un "après" alors qu'il n'existe nulle part de manière formelle puisque personne n'en est revenu même avec la prière, pour chacun l'idée de ce paradis est différente mais que vivre à genoux n'est probablement pas la meilleure position pour exprimer son envie de sourire, voir de rire et que ce serait donc que c'est plutôt par contrainte que les religions aident plus à mourir qu'à vivre.
Parce qu'ils trimballent trop de chiffres alors qu'à la base il y avait seulement "0" et "1" et qu'ainsi ils se perdent avec des statistiques pour refaire le monde. Parce que perdu dans la masse, il y a le Plus Petit Commun Dénominateur et le Plus Grand Commun Multiple à l'aide de l'algorithme d'Euclide. J'imagine que mes constatations vont dans le sens de diviser pour régner, mais quand on ne maîtrise plus rien, que l'on confond valeurs absolues avec valeurs relatives, les maths nous écartent progressivement de la logique. Ne dit-on pas "Qui trop embrasse, mal étreint"?
On apprenait que les criquets pèlerins envahissaient la corne d'Afrique en détruisant tout sur leur passage. Les hommes sont aussi sociaux et deviennent grégaires par ne font-ils pas par leur nombre croissant, la même opération menant à l’apocalypse ? La promiscuité que les virus adorent pour parasiter ses hôtes, n'équivaut pas à "être social".
Etre solitaire sans être ermite comme nombre d'or de ce blog. Les scientistes tentent d'apaiser les questionnements de la science expérimentale comme seule source fiable de savoir sur le monde en opposition aux révélations religieuses, aux superstitions, aux traditions, et aux coutumes mais également à toute autre forme scientifique pure au savoir trop complexe. Ernest Renan pense organiser scientifiquement l'humanité avec la seule question "Pourquoi sommes-nous sur Terre". Une métaphysique computationnelle, sans libre-arbitre à espérer assurer une existence cohérente dans la laïcité avec des arguments sur l'existence de Dieu mentionnés comme sauveur ou vengeur. Dans une période de crises comme celle que nous connaissons actuellement, liée au Covid. C'est tof, quand le nouveau Pochvid-20, plus virulent encore, se manifeste.
Le paradis, c'est peut-être l'invincible étoile que chante Jacques Brel, dans le Don Quichotte à la triste armure parti en chasse contre les moulins à vent sans les potentiels requis par la révolution qu'il voudrait lancer.
L'argent c'est sur Terre. Dieu c'est dans les cieux.
Cette semaine, j'ai lu un billet qui m'avait intéressé et qui suivait le même cheminement de pensée : "La mythologie du COVID".
Le commentateur chantecler disait avec justesse "le rationnel est minoritaire par rapport à la subjectivité chez les individus".
La machine numérique que nous utilisons majoritairement, dépasse les limites du calcul humain. Il lui faut encore des paramètres à ajuster par des réponses par OUI ou NON et pour bannir la fatalité des analogies.
Voilà que le sauveur Messie des maths arrive doucettement. On l'appelle "numérique quantique" qui va faire le lien ultime entre l'homme et la machine en réunissant toutes les essences positives et négatives en notions cohérentes aux deux mondes mais aussi sera prêt à remplacer ses créateurs comme je l'écrivais dans "Quand la pensée humaine s'intègre dans la machine". Le chat de Schrödinger met peut-être en évidence les lacunes de l'interprétation de la physique quantique à cause d'un problème de mesure qui s'y retrouve, mais les "cantiques du quantique" risquent de nous éjecter complètement de la scène du vivant.
En occultant cela, c'est la logique qui en prend un coup s'il n'est pas accompagné d'un certain humour parodique.
Dans le ciel des divinités ou sur terre, des créateurs, des vendeurs et des clients ont contribué à trouver des règles de vie en comptant chacun sur son alter-ego pour exister.
Lors de la mort d'un des membres de ces trois types, des retournements d’opinions s’opèrent dans les deux sens suite à des déceptions via l'animisme, l'au-delà, le chamanisme, le culte des ancêtres et les dieux suite à la peur de vivre en manque de sécurité dans la lutte pour la survie régulée par des sentences faussement divines. Heureusement, au final, seul l'humain décide d'avoir une vision psychologique ou sociologique, positive ou négative du monde.
Mais tout cela s'est emballé avec les montants et les nombres qui dépassent les limites de l'entendement. On parle de milliards, de milliers de milliards sans plus savoir à quoi cela correspond en nombre de "0" derrière un chiffre significatif.
Parler en sautant du sein à l'amitié serait-il nécessaire réuni dans ce podcast.
La séduction et le fruit défendu ont toujours attiré les esprits des hommes.
Le doute revendiqué par les sciences est aussi son talon d’Achille.
Quand tout bouge autour de soi dans une sorte de tremblement de terre intime de l'information multiple en provenance des médias et des réseaux sociaux, il faut prendre un fameux recul jusqu'à en devenir mécréant global, à en proscrire les mots "croire", "foi" et "conviction" de son vocabulaire pour les remplacer respectivement par "penser", "rechercher" et "douter" surtout en période de pandémie que nous connaissons pendant laquelle tout se dit à partir d'experts qui se contredisent, les politiques qui pédalent dans la semoule et les réseaux sociaux qui en mettent de nouvelles couches par-dessus. Un équilibre est à (re)trouver.
Serais-je animiste quand j'ai écrit en 2006 dans le triptyque "Le ciel pour horizon" : "Moi, sur un chemin parallèle, un soir, attablé devant des mets délicieux, je contemplerai la mer, le ciel et Toi, Soleil, Toi qui, majestueux, descends rougeoyant de tous tes feux. Le frémissement de la bise comme cantique. Je saurai que Tu m'auras invité dans Ta Cène et, alors, Ta messe recommencera. Je T'aurai rencontré une fois de plus à mes côtés. Alors, je prendrai photos sur photos, tout excité. Que je serai fier de Te montrer à mes amis ! Je n'aurai plus jamais peur, car je saurai que le lendemain, au même endroit, à la même heure, Tu seras là, fidèle au rendez-vous, solennel jusqu'à la fin des temps" ?
Tintin dans le "Temple du Soleil" a attendu l'éclipse pour trouver la solution à ses problèmes....
L'argent a été souvent considéré comme antagonisme au catholicisme. D'un côté un goût pour le faste que l'on voit dans la richesse de la décoration et de l'architecture des églises et cathédrales, d'un autre, une gêne à considérer l'argent de façon positive. Le schisme du protestantisme est né de cet antagonisme.
En octobre 1995, la chanteuse Ophélie Winter publiait un single intitulé Dieu m'a donné la foi qui lui apporte succès, le titre devenant no 1 du Top 50 français et un disque d'or suivi par d'autres singles "Le feu qui m'attise", une nouvelle version de "Shame on U", "Rien que pour lui" et "Keep it on the red light" toujours dans les Tops 50.
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Le , le magazine Public annonçait que ruinée, divorcée depuis deux ans, elle serait sans domicile fixe, errant dans les rues de Paris et dormant dans sa voiture. Ses biens se résument désormais à « quelques sacs entassés dans sa citadine, des bijoux fantaisie et de larges lunettes de soleil ».
Dans ce cas, doit-on parler de mathématiques, de logique, d'intelligence ou de Dieu qui est parfois ingrat envers ses ouailles et ses fans ?
Crise de la Covid-19: la tyrannie du risque zéro
On connaît bien la vie d’Howard Hughes. Il fut tour à tour aviateur intrépide, puissant producteur à Hollywood, milliardaire à la tête de la Trans World Airlines. On dit qu’il chuchotait à l’oreille de John F. Kennedy comme de Richard Nixon, tandis qu’il se baladait au bras de Katharine Hepburn, Jane Russell, Ava Gardner ou Rita Hayworth. On connaît moins la triste fin de sa vie, par contre.
Howard Hughes, qui fut un pionnier de l’aviation et réchappa à plusieurs accidents d’avion, avait pourtant une peur démesurée et irrationnelle des virus et des microbes. Il passa les dix dernières années de sa vie confiné dans des palaces qu’il avait achetés. D’abord dans le penthouse du 9e étage du Desert Inn de Las Vegas, puis au Xanadu Resort de Grand Bahamas, et enfin au Fairmont Princess Hotel d’Acapulco, où il agonisa. Durant ces dix dernières années, il vécut complètement confiné, en ermite, dans l’obscurité. Il ne vit plus personne, ne fit plus aucune apparition en public, et plus aucune photo de lui ne fut prise. Il se faisait livrer tout ce qu’il mangeait – surtout de la crème glacée. Il conservait son urine dans des bouteilles. Il vivait nu, allongé toute la journée. Les employés du Desert Inn furent stupéfaits de découvrir qu’il n’avait pas ouvert les tentures des fenêtres de son penthouse pendant toutes les années qu’il avait passées dans l’hôtel, et que celles-ci avaient pourri sur place. Répugnant à tout contact humain, sous sédatifs en permanence, affecté du syndrome de Diogène, il ne se coupait plus les cheveux ni les ongles. Méconnaissable, il ne pesait plus que 41 kilos quand il mourut dans l’avion qui l’emmenait à l’hôpital, à Houston. Seules ses empreintes digitales permirent l’identification formelle du cadavre.
Logique sanitariste
A y regarder d’un peu plus loin, la fin de vie d’Howard Hughes risque bien d’être la pente douce vers laquelle nous mènerait une stratégie hygiéniste qui voudrait faire disparaître de nos vies virus, bactéries et champignons. Le risque zéro peut-il, doit-il être un objectif de santé publique ? Depuis le début de la crise pandémique, cette logique sanitariste a été amplifiée : on a privilégié un rapport au corps physique individuel comme corps vulnérable, au détriment de l’entretien d’un corps social activateur de liens. Ainsi pour préserver la société, c’est-à-dire en fait le corps social, on demande aux citoyens de confiner leurs corps physiques, de les écarter loin des autres, et si possible de les enfermer. Un corps biologique cloisonné, des bulles de cinq personnes, une mobilité contrainte, avec contrôle jusque dans l’intimité de nos vies, mais jusqu’à quand ? Peut-on vraiment se donner pour objectif d’éteindre définitivement l’épidémie, d’éliminer le virus de la société ? Nous sommes d’avis que les coûts sociaux de cette entreprise sont infiniment supérieurs aux bénéfices sanitaires que nous pourrions en escompter. Nous sommes d’avis que le risque zéro est une chimère destructrice, et qu’il faut nous résoudre à accepter que le virus continue à circuler dans la société, de façon minime et calculée.
Vivre en société comporte des risques
Qu’on nous comprenne bien : le confinement était nécessaire pour éviter la saturation des hôpitaux, et les gestes barrière s’imposaient. Il ne s’agit pas de remettre cela en question. Mais vient un moment où la vie doit reprendre, où nous devons pouvoir reformuler des projets. Où le politique doit ouvrir des perspectives en termes positifs.
La question du risque ne peut se résumer au seul point de vue des virus. Vivre en société implique l’acceptation tacite d’un certain nombre de risques. Nous abstraire des virus et des bactéries, impliquerait de nous abstraire également de la société, comme Howard Hughes.
Or nous prenons tous les jours des risques, souvent à notre insu. Conduire en voiture, c’est accepter le risque de l’accident – en 2019, il y a eu en Belgique près de 38 000 accidents de la route, qui ont causé 3 600 blessés graves et 646 décès. Vivre en ville, c’est accepter le risque lié à la pollution atmosphérique, qui cause environ 10.000 décès prématurés chaque année en Belgique, selon l’Agence européenne de l’environnement. Ne pas interdire la cigarette, c’est réduire de deux ans l’espérance de vie moyenne des Belges (https ://www.sciensano.be/fr/coin-presse/dans-un-monde-sans-tabac-lesperance-de-vie-augmenterait-de-2-ans). Faire le choix de l’énergie nucléaire, c’est accepter le risque d’un accident nucléaire – deux accidents nucléaires majeurs jusqu’ici, pour 447 réacteurs nucléaires civils en activité dans le monde au début de l’année 2020, dont près de 70 % ont plus de 30 ans.
Pourtant, la situation actuelle nous fait courir un autre risque : celui d’un effondrement sociétal à plus long terme, faute de fondement ou de sens. Sans perspective politique ni consensus social qui guident les choix, cette société du risque zéro est concomitante de cette aseptisation biologique ou sociale qui se déploie dans la gestion de la Covid-19. Ne plus risquer, c’est une illusion du consensus. On pourrait se réjouir de l’importance nouvelle de la parole d’experts dans la prise de décision publique, même si cette parole se réduit à une expertise virologico-épidémiologique. Ils ne couvrent en effet que le risque sanitaire et pas du tout le risque social et humain. En outre, cette parole « experte » ne saurait servir de paravent à l’absence de consensus sur le niveau de risque que nous serions prêts à accepter. Car en Belgique, les politiques préfèrent manifestement contrôler, culpabiliser et pénaliser plutôt que de vraiment informer, éduquer et faire confiance. Cette situation est très clairement le produit de la rupture du lien de confiance entre les représentants des citoyens et les citoyens eux-mêmes. Face à̀ une idéologie de la maîtrise qui perd pied faute de visibilité́ sur l’ennemi viral, le Conseil national de sécurité́ applique une idéologie d’hyperconfinement : il faut enfermer, cloisonner, bref sécuriser les citoyens à défaut de produire un consensus social sur le niveau de risque acceptable. Chacun n’est plus lié́ aux objectifs communs que par les injonctions fortes du pouvoir sanitaire : « faire société » est devenu obsolète.
Hors du risque de mort, point d’humanité
Dans une société matérialiste où l’objectif ultime se révèle de plus en plus pour certains la lutte effrénée contre la mort, on en arrive vite à se couper de tous les autres pour sauver nos petits pénates existentiels. Car pour sauver les corps physiques en les barricadant, nos gouvernants fragilisent le corps social. Ils délitent les liens en les virtualisant, ils imposent des distances qui créent de la vulnérabilité collective. L’intime, selon cette vision, c’est un mètre et demi. Cela entraîne évidemment une perte majeure de repères sociaux – qui vient s’ajouter à toute une série d’autres risques, y compris sanitaires. Saura-t-on un jour quelle surmortalité a été entraînée par la récession, par les faillites, ou tout simplement par la perte de repères sociaux ?
Bref, une des conséquences de ces pertes de repères profondément « incorporés » pourrait être que la distanciation physique entraîne d’une certaine manière une distanciation et une fragilisation sociales, que les échanges numériques et les réseaux sociaux ne parviendront jamais à compenser. Cette situation nous apparaît comme l’ultime étape d’un désenchantement absolu du monde. Le numérique est un bien piètre opium du peuple, incapable de faire ressentir les doux effluves sensoriels de l’original pavot. Et ce placebo numérique peut cacher les outils de contrôle de ceux qui le consomment.
Car à pousser à son paroxysme cette rhétorique du « risque zéro », cette hypertrophie hygiéniste, on réduit certes le risque de mort biologique, virale, mais on court le risque mortel d’une inhumanité en devenir. En effet, hors du risque de mort, point d’humanité : c’est celui-ci qui nous confère notre liberté et conditionne l’exercice de notre libre arbitre. Mais cette mort peut autant être biologique que sociale, individuelle que communautaire. Ne pas percevoir cette dialectique, ce serait en quelque sorte bâtir un second déni, le déni de l’humain comme être intrinsèquement collectif, d’être ne trouvant à exister et à se déployer qu’en société.
Ce qu’on attend des dirigeants en démocratie, ce n’est pas de céder à l’hystérie du risque zéro, qui s’apparente à l’univers carcéral mortifère d’Howard Hughes, mais de nous proposer à large discussion démocratique quel risque est acceptable, et sous quelles modalités ? Le risque ne disparaîtra jamais : il s’agit à présent de vivre avec, de l’accepter et de le défier, avant que lui-même ne se joue de nous.
En utilisant 0,647276325 qui est le log / ln de la terre et - 39,59159085 qui est le logarithme népérien du rayon du trou noir de Schwarzschild du soleil, je trouve en utilisant pi ( 3,14159265358 ), e exposant 1
( 2,718281828 ) et le nombre d’or ( 1,618033989 )
0,647276325 x 3,14159265358 exposant 2 = 6,388361266
logarithme de logarithme de logarithme 6,388361266 = - 0,4819092
- 0,4819092 x ( - 39,59159085 exposant 3 ) = 29907,08434
29907,08434 x ( e exposant 1 ) x 3,14159265358 = 255398,5516 (A)
1,618033989 / 1,618033989 exposant 2 = 0,618033989
0,618033989 x 3,14159265358 = 1,94161104
logarithme décimal de ( 3,14159265358 exposant 2 ) = 0,994299745
0,994299745 exposant 1,94161104 = 0,988962028
255398,5516 (A) / 0,988962028 = 258249,0979
255398,5516 (A) / 3,14159265358 x 2 =162591,7678
162591,7678 exposant 0,2 = 11,02096722
258249,0979 - 11,02096722 = 258238,0769 (B)
Kabbale YHWH (dieu) avec le rang des lettres dans l’alphabet 258238
peu différent de 258235,0769(B)
La science se démarque d’autres discours de connaissance, comme la religion ou la politique, pour lesquels traquer et résorber les possibilités d’être dans le faux n'est pas pas une préoccupation constante.
Par Olivier Sartenaer, professeur en philosophie des sciences, Université de Namur
Ce qu’est exactement la science est loin de faire l’unanimité. Si l’on se donnait la peine de poser la question « Qu’est-ce que la science ? » à un panel de scientifiques, il est à parier que seraient collectées des réponses diverses et parfois même inconciliables. Une telle situation ne devrait pas tant nous émouvoir qu’attirer notre attention sur le fait qu’elle est la conséquence d’une réalité qu’il est utile de garder à l’esprit, à savoir que la science est une entreprise aux contours tout sauf nets ou bien définis.
Une telle réalité se manifeste à au moins deux niveaux. D’une part "disciplinaire" : à un moment donné de son histoire, la science se décline en mille et une variétés aux normes, méthodes et enjeux différents, partant de la physique des particules à la sociologie en passant par la biologie de l’évolution ou la géologie. D’autre part historique : pour une discipline donnée, la science se révèle dynamique et changeante. La mécanique actuelle n’est certes pas celle de Newton, qui ne fut pas non plus celle d’Aristote.
Le besoin (néanmoins) d’une définition
Face à cette situation, ne pourrait-on d’emblée qualifier de vain le projet même de définir la science ? De manière moins radicale, ne pourrait-on tenter de la saisir, si ce n’est par le biais d’une définition précise, a minima par l’entremise d’une « ressemblance de famille » à l’aune de laquelle nous considérerions comme scientifiques toutes ces activités qui se ressemblent un peu, mais sans jamais toutefois pouvoir être considérées comme ressemblant à une science archétypique commune ?
Arpenter de tels chemins « déflationnistes » n’est pas sans conséquence, surtout à l’ère des infodémies. Tout comme dans une fête sans restriction d’entrée n’importe qui peut s’incruster – ou dans toute photo de famille un imposteur peut s’immiscer –, se refuser à mettre le doigt sur un concept de science autorise à ce que soient comptés comme « sciences » des entreprises qu’on serait réticents à considérer comme telles. Se refuser à définir la science, c’est créer un contexte hospitalier aux déclinaisons délétères de l’anti-science.
Trouver le plus petit commun dénominateur
Afin de délimiter le champ de la science et d’ainsi en écarter les éléments indésirables, une stratégie serait de mettre le doigt sur le plus petit commun dénominateur entre ces activités qu’on considérerait intuitivement comme scientifiques. À cet égard, on pourrait s’accorder à reconnaître que l’astronomie antique, la théorie darwinienne de l’évolution, la bioclimatologie et la gravitation quantique partagent toutes, sous leurs différences évidentes, une ambition commune, à savoir celle de générer des connaissances.
Laissant de côté les épineuses questions relatives à la méthode scientifique (considérée ici comme tout ce qui conduit à générer des connaissances), la finalité de la science (qui se réduit à tout ce à quoi peut servir la génération de connaissances, telles la représentation, l’explication ou la manipulation des faits), ainsi enfin que les limites de la connaissance scientifique (ici restreintes à la dimension « factuelle » du monde, excluant donc d’emblée d’autres dimensions qui ne s’y réduiraient pas), cette approche minimaliste est somme toute assez vide. Loin d’aboutir à une véritable définition de la science, elle renvoie plutôt à la nouvelle question : « Qu’est-ce que la connaissance scientifique ? »
Une approche classique
À cette question, on serait tenté de répondre de façon classique en précisant qu’une connaissance scientifique est une sous-variété des croyances vraies et justifiées, en particulier ces croyances vraies qui s’avèrent justifiées par une méthode de type scientifique.
Une telle approche est toutefois problématique. La littérature regorge en effet de célèbres contre-exemples prenant la forme de situations mettant en scène des croyances vraies et justifiées qui ne sont pas des connaissances. Imaginez-vous posséder un billet de tombola issu d’un ensemble de 10000 dont un seul sera gagnant. Une fois le tirage ayant eu lieu à votre insu, à l’occasion duquel votre ticket a été reconnu perdant, pouvez-vous affirmer savoir que votre ticket est perdant ? Bien sûr que non, car en dépit du fait que vous y croyez, que cela est vrai et que vous êtes justifié d’y croire (par un simple jugement probabiliste), il demeure la possibilité pour vous, certes infime, d’avoir le bon ticket. Maintenant, reproduisez cette expérience de pensée en faisant tendre le nombre de tickets vers l’infini (ce qui a pour effet de vous rendre de plus en plus justifié à croire que vous avez perdu), vous ne serez jamais en position de savoir que vous avez perdu. La morale de ce raisonnement est simple : pour une croyance donnée, il n’existe pas de degré de justification assez élevé pour garantir que celle-ci soit vraie, et qu’elle constitue donc une connaissance.
Au-delà du fait qu’elle a été chez de nombreux philosophes une raison de se détourner de l'approche classique, cette observation pointe vers un problème plus directement pertinent pour l’entreprise de définir la science (en y excluant l’anti-science). Car si la vérité figure à titre de condition nécessaire pour la connaissance scientifique, tout ce qui est connu par les scientifiques est nécessairement vrai, c’est-à-dire à jamais à l’abri d’être montré comme faux. Mais n’est-ce pas là précisément le marchepied argumentatif qui donne au scepticisme radical d’un "rien ne peut être connu" sa substance même ? Car si la connaissance scientifique implique l’impossibilité du faux, l’histoire des sciences ne nous a-t-elle pas appris – et plus largement nos limitations cognitives, instrumentales ou computationnelles ne nous ont-elles pas révélé – qu’une connaissance ainsi conçue est en réalité inaccessible ? Faites tendre le degré de justification de la communauté scientifique vers l’infini, il n’y aura jamais d’état de science suffisamment avancé pour mettre la communauté à l’abri de la possibilité – certes infime, peut-être même paranoïaque ou complotiste – d’avoir tort, ce que la définition classique proscrit.
Une approche plus adaptée
Afin donc de ne pas tendre à l’anti-science le bâton pour se faire battre, il incombe d’abandonner l’idée qu’est scientifique tout ce qui génère des croyances vraies et justifiées d’un certain genre.
Pour avancer une alternative, revenons au cas de la tombola. Si ce n’est un plus haut degré de justification, qu’est-ce qui pourrait convertir en connaissance la croyance que votre ticket est perdant ? Sans équivoque : l’élimination de la possibilité que le ticket soit gagnant au départ de certaines données probantes, par exemple celle qui consisterait à observer le tirage. Bien que la résorption d’une telle possibilité ne soit pas gage de vérité – rien ne l’est, en témoigne le fait que le tirage pourrait être fantasmé ou mis en scène par d’éventuels comploteurs –, c’est assurément un pas dans la bonne direction. L’enjeu ici n’est en effet pas tant de vous conforter à la perfection dans le fait que votre ticket est perdant (en augmentant indéfiniment la probabilité qu’il le soit) que de vous conforter imparfaitement dans le fait qu’il ne soit pas gagnant.
Dans une telle perspective, nous pourrions avancer que connaître consiste à exploiter les données probantes à notre disposition pour résorber au mieux les possibilités d’erreurs. Dans un esprit proche de celui du philosophe des sciences Karl Popper, il n’incombe ainsi pas tant aux scientifiques de chercher à toucher la vérité que de s’approcher d’elle en se détournant progressivement de la fausseté. Dans cette optique, une définition de la science serait ainsi la suivante :
Toute entreprise qui génère des connaissances (via une certaine méthode, en vue d’une certaine fin et dans certaines limites), c’est-à-dire toute entreprise dont la vocation est l’identification et l’élimination des possibilités de se tromper.
Ainsi comprise, la science se démarque d’autres discours (à prétention) de connaissance, par exemple la religion ou la politique, pour lesquels ce n’est certes pas une préoccupation constante de traquer – et de résorber – les possibilités d’être dans le faux. Elle se distingue également – sinon en qualité, au moins en degré – de la génération de connaissances de sens commun pour lesquelles des possibilités d’erreur grossière peuvent, étant donné le contexte, être légitimement ignorées.
Retour sur le défi sceptique
L’approche proposée est-elle à la hauteur de l’enjeu de maintenir hors du giron de la science ces approches qu’on serait enclin à qualifier d’anti-science ? Pas tout à fait, mais en fait assez bien. Il est sans doute vain de chercher à mettre définitivement au tapis toute forme de scepticisme radical à l’égard de la possibilité d’authentiques connaissances (scientifiques), prenant ici la forme particulière de la reconnaissance de l’impossibilité d’éliminer toutes et absolument toutes les possibilités d’erreur.
Mais la définition réussit toutefois à endiguer certaines formes assez crues d’anti-science, et en cela est peut constituer un guide utile. Elle autorise en effet à ne pas compter comme sciences ces entreprises qui négligent de s’engager avec des possibilités d’erreur que l’entreprise scientifique elle-même a patiemment mises à jour et étudiées (biais cognitifs, communautaires ou statistiques, erreurs de mesure ou de calibrages, défauts d’instrumentation, etc.). À ce dernier égard, la définition proposée a aussi l’avantage de faire la part belle à la dimension dynamique et historique de la science, dont l’évolution témoigne de la croissance continuelle et progressive, au cours du temps, du nombre de stratégies mises en place par les scientifiques pour minimiser les chances qu’ils se trompent.
Commentaires
Crise de la Covid-19: la tyrannie du risque zéro
On connaît bien la vie d’Howard Hughes. Il fut tour à tour aviateur intrépide, puissant producteur à Hollywood, milliardaire à la tête de la Trans World Airlines. On dit qu’il chuchotait à l’oreille de John F. Kennedy comme de Richard Nixon, tandis qu’il se baladait au bras de Katharine Hepburn, Jane Russell, Ava Gardner ou Rita Hayworth. On connaît moins la triste fin de sa vie, par contre.
Howard Hughes, qui fut un pionnier de l’aviation et réchappa à plusieurs accidents d’avion, avait pourtant une peur démesurée et irrationnelle des virus et des microbes. Il passa les dix dernières années de sa vie confiné dans des palaces qu’il avait achetés. D’abord dans le penthouse du 9e étage du Desert Inn de Las Vegas, puis au Xanadu Resort de Grand Bahamas, et enfin au Fairmont Princess Hotel d’Acapulco, où il agonisa. Durant ces dix dernières années, il vécut complètement confiné, en ermite, dans l’obscurité. Il ne vit plus personne, ne fit plus aucune apparition en public, et plus aucune photo de lui ne fut prise. Il se faisait livrer tout ce qu’il mangeait – surtout de la crème glacée. Il conservait son urine dans des bouteilles. Il vivait nu, allongé toute la journée. Les employés du Desert Inn furent stupéfaits de découvrir qu’il n’avait pas ouvert les tentures des fenêtres de son penthouse pendant toutes les années qu’il avait passées dans l’hôtel, et que celles-ci avaient pourri sur place. Répugnant à tout contact humain, sous sédatifs en permanence, affecté du syndrome de Diogène, il ne se coupait plus les cheveux ni les ongles. Méconnaissable, il ne pesait plus que 41 kilos quand il mourut dans l’avion qui l’emmenait à l’hôpital, à Houston. Seules ses empreintes digitales permirent l’identification formelle du cadavre.
Logique sanitariste
A y regarder d’un peu plus loin, la fin de vie d’Howard Hughes risque bien d’être la pente douce vers laquelle nous mènerait une stratégie hygiéniste qui voudrait faire disparaître de nos vies virus, bactéries et champignons. Le risque zéro peut-il, doit-il être un objectif de santé publique ? Depuis le début de la crise pandémique, cette logique sanitariste a été amplifiée : on a privilégié un rapport au corps physique individuel comme corps vulnérable, au détriment de l’entretien d’un corps social activateur de liens. Ainsi pour préserver la société, c’est-à-dire en fait le corps social, on demande aux citoyens de confiner leurs corps physiques, de les écarter loin des autres, et si possible de les enfermer. Un corps biologique cloisonné, des bulles de cinq personnes, une mobilité contrainte, avec contrôle jusque dans l’intimité de nos vies, mais jusqu’à quand ? Peut-on vraiment se donner pour objectif d’éteindre définitivement l’épidémie, d’éliminer le virus de la société ? Nous sommes d’avis que les coûts sociaux de cette entreprise sont infiniment supérieurs aux bénéfices sanitaires que nous pourrions en escompter. Nous sommes d’avis que le risque zéro est une chimère destructrice, et qu’il faut nous résoudre à accepter que le virus continue à circuler dans la société, de façon minime et calculée.
Vivre en société comporte des risques
Qu’on nous comprenne bien : le confinement était nécessaire pour éviter la saturation des hôpitaux, et les gestes barrière s’imposaient. Il ne s’agit pas de remettre cela en question. Mais vient un moment où la vie doit reprendre, où nous devons pouvoir reformuler des projets. Où le politique doit ouvrir des perspectives en termes positifs.
La question du risque ne peut se résumer au seul point de vue des virus. Vivre en société implique l’acceptation tacite d’un certain nombre de risques. Nous abstraire des virus et des bactéries, impliquerait de nous abstraire également de la société, comme Howard Hughes.
Or nous prenons tous les jours des risques, souvent à notre insu. Conduire en voiture, c’est accepter le risque de l’accident – en 2019, il y a eu en Belgique près de 38 000 accidents de la route, qui ont causé 3 600 blessés graves et 646 décès. Vivre en ville, c’est accepter le risque lié à la pollution atmosphérique, qui cause environ 10.000 décès prématurés chaque année en Belgique, selon l’Agence européenne de l’environnement. Ne pas interdire la cigarette, c’est réduire de deux ans l’espérance de vie moyenne des Belges (https ://www.sciensano.be/fr/coin-presse/dans-un-monde-sans-tabac-lesperance-de-vie-augmenterait-de-2-ans). Faire le choix de l’énergie nucléaire, c’est accepter le risque d’un accident nucléaire – deux accidents nucléaires majeurs jusqu’ici, pour 447 réacteurs nucléaires civils en activité dans le monde au début de l’année 2020, dont près de 70 % ont plus de 30 ans.
Pourtant, la situation actuelle nous fait courir un autre risque : celui d’un effondrement sociétal à plus long terme, faute de fondement ou de sens. Sans perspective politique ni consensus social qui guident les choix, cette société du risque zéro est concomitante de cette aseptisation biologique ou sociale qui se déploie dans la gestion de la Covid-19. Ne plus risquer, c’est une illusion du consensus. On pourrait se réjouir de l’importance nouvelle de la parole d’experts dans la prise de décision publique, même si cette parole se réduit à une expertise virologico-épidémiologique. Ils ne couvrent en effet que le risque sanitaire et pas du tout le risque social et humain. En outre, cette parole « experte » ne saurait servir de paravent à l’absence de consensus sur le niveau de risque que nous serions prêts à accepter. Car en Belgique, les politiques préfèrent manifestement contrôler, culpabiliser et pénaliser plutôt que de vraiment informer, éduquer et faire confiance. Cette situation est très clairement le produit de la rupture du lien de confiance entre les représentants des citoyens et les citoyens eux-mêmes. Face à̀ une idéologie de la maîtrise qui perd pied faute de visibilité́ sur l’ennemi viral, le Conseil national de sécurité́ applique une idéologie d’hyperconfinement : il faut enfermer, cloisonner, bref sécuriser les citoyens à défaut de produire un consensus social sur le niveau de risque acceptable. Chacun n’est plus lié́ aux objectifs communs que par les injonctions fortes du pouvoir sanitaire : « faire société » est devenu obsolète.
Hors du risque de mort, point d’humanité
Dans une société matérialiste où l’objectif ultime se révèle de plus en plus pour certains la lutte effrénée contre la mort, on en arrive vite à se couper de tous les autres pour sauver nos petits pénates existentiels. Car pour sauver les corps physiques en les barricadant, nos gouvernants fragilisent le corps social. Ils délitent les liens en les virtualisant, ils imposent des distances qui créent de la vulnérabilité collective. L’intime, selon cette vision, c’est un mètre et demi. Cela entraîne évidemment une perte majeure de repères sociaux – qui vient s’ajouter à toute une série d’autres risques, y compris sanitaires. Saura-t-on un jour quelle surmortalité a été entraînée par la récession, par les faillites, ou tout simplement par la perte de repères sociaux ?
Bref, une des conséquences de ces pertes de repères profondément « incorporés » pourrait être que la distanciation physique entraîne d’une certaine manière une distanciation et une fragilisation sociales, que les échanges numériques et les réseaux sociaux ne parviendront jamais à compenser. Cette situation nous apparaît comme l’ultime étape d’un désenchantement absolu du monde. Le numérique est un bien piètre opium du peuple, incapable de faire ressentir les doux effluves sensoriels de l’original pavot. Et ce placebo numérique peut cacher les outils de contrôle de ceux qui le consomment.
Car à pousser à son paroxysme cette rhétorique du « risque zéro », cette hypertrophie hygiéniste, on réduit certes le risque de mort biologique, virale, mais on court le risque mortel d’une inhumanité en devenir. En effet, hors du risque de mort, point d’humanité : c’est celui-ci qui nous confère notre liberté et conditionne l’exercice de notre libre arbitre. Mais cette mort peut autant être biologique que sociale, individuelle que communautaire. Ne pas percevoir cette dialectique, ce serait en quelque sorte bâtir un second déni, le déni de l’humain comme être intrinsèquement collectif, d’être ne trouvant à exister et à se déployer qu’en société.
Ce qu’on attend des dirigeants en démocratie, ce n’est pas de céder à l’hystérie du risque zéro, qui s’apparente à l’univers carcéral mortifère d’Howard Hughes, mais de nous proposer à large discussion démocratique quel risque est acceptable, et sous quelles modalités ? Le risque ne disparaîtra jamais : il s’agit à présent de vivre avec, de l’accepter et de le défier, avant que lui-même ne se joue de nous.
https://plus.lesoir.be/318833/article/2020-08-15/crise-de-la-covid-19-la-tyrannie-du-risque-zero
Écrit par : Allusion | 15/08/2020
La démonstration présentée par un lecteur:
En utilisant 0,647276325 qui est le log / ln de la terre et - 39,59159085 qui est le logarithme népérien du rayon du trou noir de Schwarzschild du soleil, je trouve en utilisant pi ( 3,14159265358 ), e exposant 1
( 2,718281828 ) et le nombre d’or ( 1,618033989 )
0,647276325 x 3,14159265358 exposant 2 = 6,388361266
logarithme de logarithme de logarithme 6,388361266 = - 0,4819092
- 0,4819092 x ( - 39,59159085 exposant 3 ) = 29907,08434
29907,08434 x ( e exposant 1 ) x 3,14159265358 = 255398,5516 (A)
1,618033989 / 1,618033989 exposant 2 = 0,618033989
0,618033989 x 3,14159265358 = 1,94161104
logarithme décimal de ( 3,14159265358 exposant 2 ) = 0,994299745
0,994299745 exposant 1,94161104 = 0,988962028
255398,5516 (A) / 0,988962028 = 258249,0979
255398,5516 (A) / 3,14159265358 x 2 =162591,7678
162591,7678 exposant 0,2 = 11,02096722
258249,0979 - 11,02096722 = 258238,0769 (B)
Kabbale YHWH (dieu) avec le rang des lettres dans l’alphabet 258238
peu différent de 258235,0769(B)
Écrit par : Allusion | 01/09/2020
Que font les mathématiciens
https://www.youtube.com/watch?v=wH0N8dNAD2o
Écrit par : Allusion | 19/04/2021
Michel-Yves Bolloré a écrit "Dieu, la Science et les preuves'"
Interview:
https://www.ln24.be/index.php/2022-03-15/les-visiteurs-du-soir-michel-yves-bollore-et-melanie-andrieu
Écrit par : Allusion | 16/03/2022
Qu’est-ce que la science ?
La science se démarque d’autres discours de connaissance, comme la religion ou la politique, pour lesquels traquer et résorber les possibilités d’être dans le faux n'est pas pas une préoccupation constante.
Par Olivier Sartenaer, professeur en philosophie des sciences, Université de Namur
Ce qu’est exactement la science est loin de faire l’unanimité. Si l’on se donnait la peine de poser la question « Qu’est-ce que la science ? » à un panel de scientifiques, il est à parier que seraient collectées des réponses diverses et parfois même inconciliables. Une telle situation ne devrait pas tant nous émouvoir qu’attirer notre attention sur le fait qu’elle est la conséquence d’une réalité qu’il est utile de garder à l’esprit, à savoir que la science est une entreprise aux contours tout sauf nets ou bien définis.
Une telle réalité se manifeste à au moins deux niveaux. D’une part "disciplinaire" : à un moment donné de son histoire, la science se décline en mille et une variétés aux normes, méthodes et enjeux différents, partant de la physique des particules à la sociologie en passant par la biologie de l’évolution ou la géologie. D’autre part historique : pour une discipline donnée, la science se révèle dynamique et changeante. La mécanique actuelle n’est certes pas celle de Newton, qui ne fut pas non plus celle d’Aristote.
Le besoin (néanmoins) d’une définition
Face à cette situation, ne pourrait-on d’emblée qualifier de vain le projet même de définir la science ? De manière moins radicale, ne pourrait-on tenter de la saisir, si ce n’est par le biais d’une définition précise, a minima par l’entremise d’une « ressemblance de famille » à l’aune de laquelle nous considérerions comme scientifiques toutes ces activités qui se ressemblent un peu, mais sans jamais toutefois pouvoir être considérées comme ressemblant à une science archétypique commune ?
Arpenter de tels chemins « déflationnistes » n’est pas sans conséquence, surtout à l’ère des infodémies. Tout comme dans une fête sans restriction d’entrée n’importe qui peut s’incruster – ou dans toute photo de famille un imposteur peut s’immiscer –, se refuser à mettre le doigt sur un concept de science autorise à ce que soient comptés comme « sciences » des entreprises qu’on serait réticents à considérer comme telles. Se refuser à définir la science, c’est créer un contexte hospitalier aux déclinaisons délétères de l’anti-science.
Trouver le plus petit commun dénominateur
Afin de délimiter le champ de la science et d’ainsi en écarter les éléments indésirables, une stratégie serait de mettre le doigt sur le plus petit commun dénominateur entre ces activités qu’on considérerait intuitivement comme scientifiques. À cet égard, on pourrait s’accorder à reconnaître que l’astronomie antique, la théorie darwinienne de l’évolution, la bioclimatologie et la gravitation quantique partagent toutes, sous leurs différences évidentes, une ambition commune, à savoir celle de générer des connaissances.
Laissant de côté les épineuses questions relatives à la méthode scientifique (considérée ici comme tout ce qui conduit à générer des connaissances), la finalité de la science (qui se réduit à tout ce à quoi peut servir la génération de connaissances, telles la représentation, l’explication ou la manipulation des faits), ainsi enfin que les limites de la connaissance scientifique (ici restreintes à la dimension « factuelle » du monde, excluant donc d’emblée d’autres dimensions qui ne s’y réduiraient pas), cette approche minimaliste est somme toute assez vide. Loin d’aboutir à une véritable définition de la science, elle renvoie plutôt à la nouvelle question : « Qu’est-ce que la connaissance scientifique ? »
Une approche classique
À cette question, on serait tenté de répondre de façon classique en précisant qu’une connaissance scientifique est une sous-variété des croyances vraies et justifiées, en particulier ces croyances vraies qui s’avèrent justifiées par une méthode de type scientifique.
Une telle approche est toutefois problématique. La littérature regorge en effet de célèbres contre-exemples prenant la forme de situations mettant en scène des croyances vraies et justifiées qui ne sont pas des connaissances. Imaginez-vous posséder un billet de tombola issu d’un ensemble de 10000 dont un seul sera gagnant. Une fois le tirage ayant eu lieu à votre insu, à l’occasion duquel votre ticket a été reconnu perdant, pouvez-vous affirmer savoir que votre ticket est perdant ? Bien sûr que non, car en dépit du fait que vous y croyez, que cela est vrai et que vous êtes justifié d’y croire (par un simple jugement probabiliste), il demeure la possibilité pour vous, certes infime, d’avoir le bon ticket. Maintenant, reproduisez cette expérience de pensée en faisant tendre le nombre de tickets vers l’infini (ce qui a pour effet de vous rendre de plus en plus justifié à croire que vous avez perdu), vous ne serez jamais en position de savoir que vous avez perdu. La morale de ce raisonnement est simple : pour une croyance donnée, il n’existe pas de degré de justification assez élevé pour garantir que celle-ci soit vraie, et qu’elle constitue donc une connaissance.
Au-delà du fait qu’elle a été chez de nombreux philosophes une raison de se détourner de l'approche classique, cette observation pointe vers un problème plus directement pertinent pour l’entreprise de définir la science (en y excluant l’anti-science). Car si la vérité figure à titre de condition nécessaire pour la connaissance scientifique, tout ce qui est connu par les scientifiques est nécessairement vrai, c’est-à-dire à jamais à l’abri d’être montré comme faux. Mais n’est-ce pas là précisément le marchepied argumentatif qui donne au scepticisme radical d’un "rien ne peut être connu" sa substance même ? Car si la connaissance scientifique implique l’impossibilité du faux, l’histoire des sciences ne nous a-t-elle pas appris – et plus largement nos limitations cognitives, instrumentales ou computationnelles ne nous ont-elles pas révélé – qu’une connaissance ainsi conçue est en réalité inaccessible ? Faites tendre le degré de justification de la communauté scientifique vers l’infini, il n’y aura jamais d’état de science suffisamment avancé pour mettre la communauté à l’abri de la possibilité – certes infime, peut-être même paranoïaque ou complotiste – d’avoir tort, ce que la définition classique proscrit.
Une approche plus adaptée
Afin donc de ne pas tendre à l’anti-science le bâton pour se faire battre, il incombe d’abandonner l’idée qu’est scientifique tout ce qui génère des croyances vraies et justifiées d’un certain genre.
Pour avancer une alternative, revenons au cas de la tombola. Si ce n’est un plus haut degré de justification, qu’est-ce qui pourrait convertir en connaissance la croyance que votre ticket est perdant ? Sans équivoque : l’élimination de la possibilité que le ticket soit gagnant au départ de certaines données probantes, par exemple celle qui consisterait à observer le tirage. Bien que la résorption d’une telle possibilité ne soit pas gage de vérité – rien ne l’est, en témoigne le fait que le tirage pourrait être fantasmé ou mis en scène par d’éventuels comploteurs –, c’est assurément un pas dans la bonne direction. L’enjeu ici n’est en effet pas tant de vous conforter à la perfection dans le fait que votre ticket est perdant (en augmentant indéfiniment la probabilité qu’il le soit) que de vous conforter imparfaitement dans le fait qu’il ne soit pas gagnant.
Dans une telle perspective, nous pourrions avancer que connaître consiste à exploiter les données probantes à notre disposition pour résorber au mieux les possibilités d’erreurs. Dans un esprit proche de celui du philosophe des sciences Karl Popper, il n’incombe ainsi pas tant aux scientifiques de chercher à toucher la vérité que de s’approcher d’elle en se détournant progressivement de la fausseté. Dans cette optique, une définition de la science serait ainsi la suivante :
Toute entreprise qui génère des connaissances (via une certaine méthode, en vue d’une certaine fin et dans certaines limites), c’est-à-dire toute entreprise dont la vocation est l’identification et l’élimination des possibilités de se tromper.
Ainsi comprise, la science se démarque d’autres discours (à prétention) de connaissance, par exemple la religion ou la politique, pour lesquels ce n’est certes pas une préoccupation constante de traquer – et de résorber – les possibilités d’être dans le faux. Elle se distingue également – sinon en qualité, au moins en degré – de la génération de connaissances de sens commun pour lesquelles des possibilités d’erreur grossière peuvent, étant donné le contexte, être légitimement ignorées.
Retour sur le défi sceptique
L’approche proposée est-elle à la hauteur de l’enjeu de maintenir hors du giron de la science ces approches qu’on serait enclin à qualifier d’anti-science ? Pas tout à fait, mais en fait assez bien. Il est sans doute vain de chercher à mettre définitivement au tapis toute forme de scepticisme radical à l’égard de la possibilité d’authentiques connaissances (scientifiques), prenant ici la forme particulière de la reconnaissance de l’impossibilité d’éliminer toutes et absolument toutes les possibilités d’erreur.
Mais la définition réussit toutefois à endiguer certaines formes assez crues d’anti-science, et en cela est peut constituer un guide utile. Elle autorise en effet à ne pas compter comme sciences ces entreprises qui négligent de s’engager avec des possibilités d’erreur que l’entreprise scientifique elle-même a patiemment mises à jour et étudiées (biais cognitifs, communautaires ou statistiques, erreurs de mesure ou de calibrages, défauts d’instrumentation, etc.). À ce dernier égard, la définition proposée a aussi l’avantage de faire la part belle à la dimension dynamique et historique de la science, dont l’évolution témoigne de la croissance continuelle et progressive, au cours du temps, du nombre de stratégies mises en place par les scientifiques pour minimiser les chances qu’ils se trompent.
https://www.lalibre.be/debats/opinions/2022/04/04/quest-ce-que-la-science-K3VYBI2KORGGPFGCIHIJPCOGLQ/
Écrit par : Allusion | 07/04/2022