Flore et faune
Au printemps , les cerisiers japonais ou Sakura (桜) sont symbole fort dans la culture japonaise et les 225 arbres présents, la fierté de ce jardin japonais . Chaque année, le jardin organise un festival d'observation des fleurs de cerisier ou O-hana-mi (お花見). Les fleurs de cerisier symbolisent les nuages quand les fleurs de cerisier s'épanouissent en symbole de la nature éphémère de la vie et de l'importance consciente d'une existence courte mais belle et honorable. Une seule fleur de cerisier n'a pas de sens, mais fusionnée avec toutes les autres formes dans un seul et même grand bouquet, comme une personne n'a pas de sens mais, en travaillant avec d'autres, elle peut atteindre une plus grande existence. Ce symbolisme avait été déformé auparavant par les guerriers samouraïs et les pilotes de kamikaze.
Désormais, Irezumi, il entre dans la culture pop contemporaine, telles que les mangas, les dessins animés et dans l'art du tatouage traditionnel en symbole de beauté, d’élégance, de mortalité et de l’acceptation du destin.
Les arbres d'abricot, Ume (梅) fleurissent déjà au printemps et, tout comme le cerisier, ont de belles fleurs blanches mentionnées dans la poésie japonaise comme symbole du printemps comme je l'avais mentionné dans "Dites-le avec des fleurs".
Dans la tradition japonaise, il joue le rôle d'agent de protection contre les mauvais esprits en étant plantés dans le nord-est d'un jardin japonais.
Les pins Matsu (松) symbolisent une longue vie, une éternité en combinaison avec le bambou, l’arbre symbolisant le Nouvel An.
Taillés et façonnés par l'art niwaki est limité à une courte liste d'arbres. Là où la tradition des jardins occidentaux est axée sur la variation, l’artiste japonais se préoccupe davantage au perfectionnement de certains arbres et à la valeur qu’ils ont dans l’ambiance souhaitée d'un jardin, taillés et façonnés à la manière de la nature dans les endroits très venteux, sur la côte ou sur les pentes d'une montagne.
L'érable, connu sous le nom kaede (楓), se traduit par «mains de grenouilles» ou celui de momiji (紅葉), interprété comme «feuilles rouges changeantes» ou «mains de bébé».
Le kaede est une plante avec une belle coloration d'automne en passant du jaune doré au rouge intense ou au violet foncé. La décoloration automnale est plus intense en raison de la grande différence de température entre le jour et la nuit.
Comme élément décoratif, l'érable japonais sert aussi lors de la cérémonie du thé sous forme de bonbons.
Le pin, le bambou et la prune d'Ume forment ensemble une trinité fixe dans les jardins japonais dans une combinaison, représentée sur des peintures et des panneaux, appelée Sho-chiku-bai.
En tant que plante à feuilles persistantes, il symbolise l'immutabilité et l'immortalité avec le bambou revenant même après les pires chutes de neige ou de pluie par sa flexibilité.
La prune, première plante à fleurs de l'année, ressuscite après une période froide et meurtrière.
Le bambou, comme plante solitaire, très stable par rapport à son faible poids, forme des haies, des litières, des ustensiles et des décorations alors que l'humidité y a peu d'influence par un contraction réduite au minimum. Ses différentes couleurs et ses "motifs de bâton" lui confèrent une très grande popularité pour des applications esthétiques dans la construction.
Les Ayames (菖蒲), iris à fleurs bleu clair, poussent dans l'eau et les agriculteurs japonais comptaient sur eux pour fleurir les champs lorsqu'ils plantent du riz. Cultivés depuis environ 500 ans, ses formes simples étaient considérées comme un bon présage.
Dans la version japonaise de la première communion et pendant le festival 'Tango-no-sekku' (端午の節句) , les feuilles d'iris sont utilisées dans la décoration car elles ressemblent à des épées et dans l'eau du bain des garçons, pour remuer leur esprit martial ou être planté dans des étangs à la mémoire d'un ami parti ou décédé.
Durant la période agitée de Kamakura (1192-1333), le camélia Tsubaki (椿), était admiré par les samouraïs, les nobles et la famille impériale symbolisant l'amitié, l'élégance et la beauté lors de la cérémonie du thé.
La fragile glycine Fuji (藤) pouvant atteindre 30 mètres de long, devenue symbole du clan Fujiwara au siècle Heian (794–1192) dans les costumes de la noblesse grâce à sa couleur pourpre associée à la famille impériale au Japon et son symbole de la longévité et d'immortalité, peut dépasser 100 ans a donné l'inspiration à l'une des danses les plus connues du kabuki (forme de théâtre japonais) appelée "Fuji Musume" (la fille de la glycine), où la plante est un symbole de l'amour éternel.
Le kaki (柿) est le symbole de l'énergie de l'amour universel pour eux dont les fruits sont sacrifiés dans les sanctuaires shintos, sur l'autel familial, lors de la fête des âmes et dans les cimetières, avec du riz cuit.
Le Diospyros kaki de Nagasaki ayant miraculeusement survécu à la bombe atomique, est considéré comme un fossile vivant de la famille des Ginkgoaceae connu chez nous comme le noisetier ou noyer japonais. Le noyer japonais symbolise l'immuabilité, l'espoir, l'amour, la magie, l'intemporalité et la longévité. Comme arbre officiel de la ville de Tokyo, il n’en compte pas moins de 65.000 arbres dans ses rues.
Le chêne, le nara (楢) "vit" parmi les arbres, les plantes, les rochers. Même si un chêne meurt, il ne peut disparaître pour avoir le temps de choisir un nouveau lieu de résidence et être simplement abattu si à son côté que le Kami se déplace vers un nouvel arbre au fil du temps. Le tronc d'un chêne mort reste à la hauteur de la pergola à côté d'un nouvel arbre Ambre planté.
Les lieux où les Kami seraient présents sont souvent décorés d'une corde sacrée torsadée en paille de riz.
La mousse du koke (苔) souligne le naturel et le caractère (dit) ancien et rayonnant.
Je jardine en vidéo avec la douceur du son et des images...
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Le shinto
Le shinto (神道, shintō , « la voie du divin ») est un ensemble de croyances datant de l'histoire ancienne du Japon. Parfois reconnues comme la plus ancienne religion connue du Japon, ces croyances se construisent dans un mélange des éléments polythéistes et animistes, liées à sa mythologie. Ses pratiquants seraient aujourd'hui plus de 90 millions au Japon.
Au lendemain de la guerre, la plupart des Japonais pensaient que la prétention démesurée de l’Empire l'avait mené à sa chute. La convoitise de territoires étrangers aveugla ses chefs qui délaissèrent la mère patrie.
Le shintoïsme a persisté en passant sous silence ses références à la mythologie ou au mandat divin de la famille impériale. Au contraire, les sanctuaires se concentrent sur les gens ordinaires en les aidant à maintenir de bonnes relations avec leurs ancêtres et les kami. La façon de penser shinto constitue toujours une part importante de la mentalité japonaise, bien que le nombre de personnes qui se disent animées d’un sentiment religieux ait fortement décru.
La plupart des Japonais ont une vision neutre de la religion et en pratiquent plusieurs dans leur vie. En 2015, on comptabilise 85 millions de shintoïstes (67 % de la population). Une même personne peut aller prier au sanctuaire shinto au Nouvel An japonais pour une bonne année et avant les examens d'entrée à l'école pour implorer son succès, puis plus tard avoir un mariage chrétien dans une église plutôt qu'un mariage shinto, et enfin des funérailles dans un temple bouddhiste.
Issus de l'Unité cosmique, les flux fondant la vie s'incarnent en une multitude de kami. les kami sont partout, se cachant sous les formes les plus diverses, aux endroits les plus inattendus. Il convient donc de se montrer à leur égard d’une prudence extrême, d’autant que les plus petits sont parfois les plus susceptibles. Etre frappé d’un tatari (祟り) aussi archaïque sans doute que le concept même de kami, c'est avoir une valeur morale en faisant un châtiment, une malédiction, infligés par le dieu à l'auteur d'une faute tsumi.
Pour échapper aux conséquences d’un tatari imprudemment encouru, il convient de « purifier » son entourage (祓う, harau) ou soi-même (清む, kiyomu). Ces deux termes sont employés aussi bien pour traduire des actions banales comme « balayer, nettoyer, laver », et, de fait, il s’agit essentiellement, à l’origine, de nettoyages symboliques et d’ablutions rituelles.
Le "kami", un mot utilisé plusieurs fois dans ce billet.
Le shintoïsme est une croyance en la nature mais avec une myriade de 800 divinités contrairement aux trois religions monothéistes.
Le Shinto vénère les forces de la nature dans une croyance animiste et chamanique qui se fonde sur le respect de celles-ci, appelées Kami
Le fait que le Japon est resté une île qu'il n'a jamais été favorable à l'immigration de populations étrangères. L'intégrité et l'indépendance du Japon conservées complètement. A part dans les grandes villes comme Tokyo, il a permis d'échapper à la pandémie du Covid et de se faire oublier par les religions au dieu unique. 1,5% de la population est chrétien. Un certain nombre de nouvelles religions ou sectes, dont la Sōka Gakkai et ses six millions de membres, se sont établies juste avant ou à la suite de la Seconde Guerre mondiale et occupent une place importante au Japon. Bourreaux du travail, le Japon est devenu expert dans la robotique. La justice japonaise a une procédure totalement inversée à celle de l'Occident et l'affaire de Carlos Ghosn nous en a éclairé les arcanes.
"Le Japon a un esprit conquérant", écrivais-je. Il en a fait la preuve sans son histoire en s'attaquant à plus grand que lui à la suite d'une forte ambition de ses dirigeants qui se transforma en guerre contre la Chine (1895), contre la Russie (1905), dans laquelle le Japon gagna la Corée, Taïwan et d'autres territoires. L'attaque de Pearl Harbor en 1941, visant à détruire une partie de la flotte de guerre américaine, déclencha la guerre du Pacifique. Le châtiment a été parfois terrible pour la population japonaise. Les yakusas sévissent encore jusqu'aux plus hautes sphères du pouvoir.
Cette semaine, on a commémoré le 75ème anniversaire de la bombe. "Little boy"est tombée sur Hiroshima le 6 août 1945 et 3 jours plus tard, Fatman sur Nagasaki le 9 août.
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Réflexions du Miroir sur le Japon
J'aime beaucoup la manière japonaise de mixer la tradition avec la modernité. Aimerais-je pour autant vivre au Japon? Pour répondre à cette question, une autre question me taraude : quel type d'humour existe-t-il au Japon ?
Selon ce billet, il s'agit d'un humour au 1er degré très simpliste. Si on peut parler 'presque' de tout, la culture générale de ce qui se passe ailleurs qu'au Japon est un peu limite pour déconner avec des blagues sans l'utilisation de dialectes des humoristes. Sauveraient-ils leur humour par la grivoiserie de la pub?
Et bien, non... Même pour rire, il faut rester sérieux.
L'ironie ne semble pas vraiment au top par ce lavage de cerveau sans auto-dérision quand la politesse régit tous les aspects de la société, que dans le fond, on n'aime pas perdre et que l'échec ne trouve une réponse que par un harakiri moral et intime. Amélie Nothomb a préféré vivre en Belgique au moins qu'il y a du folklore politique et des moyens d'en rire.
En 1995, interviewé Adamo disait qu'il se sentait toujours au Japon comme chez lui dans esprit d'union entre le Japon et la Belgique.
Commentaires
Le jardin japonais …..difficile pour un occidental de pouvoir en saisir toute sa richesse et sa complexité.
Je sais bien que nous sommes en démocratie mais j’ai difficile à accepter que le commun des mortels qui ne connait rien à la symbolique de ces jardins y rentre et y déambule sans aucun respect pour l’esprit des lieux.
J’en ai visité plusieurs en France plus petits que celui de Hasselt mais toujours avec beaucoup de plaisir et d’humilité face à la sérénité des lieux.
Ces espaces sont des œuvres d’art parfois très épurés dans leur conception.
Rien n’est laissé au hasard et tout est agencé suivant des règles bien précises.
Les pierres et les rochers abritent les esprits , l’eau est purifiante……
Je suis une amatrice de thé et comprends tellement bien son rituel.
C’est un moment , une pause , un plaisir , une réflexion…..
Pour répondre à ta question au sujet de l’humour japonais.
Je pense que nous n’avons pas les mêmes perceptions et donc impossible d’apprécier ou pas.
Comme leur théâtre qui est inaccessible pour les profanes.
Tout y est codifié , défini , joué avec énormément de lenteur.
Écrit par : Leopoldine | 08/08/2020
Répondre à ce commentaireTout à fait.
Un jardin magnifique, une douceur de vivre traditionnelle qui entre en compétition avec une modernité.
Il est très difficile de comprendre les paradoxes que l'on peut découvrir dans ce pays.
L'Occident et l'Orient n'ont pas les mêmes visions de la vie.
Un pays de conquérants, un pays où on travaille tellement qu'il n'est plus possible de l'imaginer chez nous.
J'ai trouvé amusant de passer par cette vidéo qui montre leurs visions de la pub,
Mon premier billet "Irrésistible printemps" avait apporté une approche.
Amélie Nothomb en faisait partie avec quelques vidéos qui tentent de l'expliquer avec ses livres sur le sujet.
Cette fois, j'entraîne Adamo dans cette opération de séduction et de contraste.
Écrit par : Allusion | 08/08/2020
L'art du jardin zen
https://www.arte.tv/fr/videos/086117-020-A/geo-reportage-japon-l-art-du-jardin-zen/
Écrit par : Allusion | 12/07/2021
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