Les métamorphoses de la modernité (06/05/2022)
Sous-titre: "L'âme faustienne à la conquête de l'infini".
C'est ainsi que je recevais un email de Clément Gustin que je ne connaissais pas. Je partage quelques idées sur la modernité et il me semble intéressant d'en parler.
L'adresse de son site "Chronique du parc humain".
Dans le dernier article "En thérapie" , j'avais initié ce débat par la voie de la psychologie. La métamorphose intervient déjà chez Ovide et comme résultat de la solitude.
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1. Comprendre la modernité
Pour comprendre cette modernité en tant que derniers héritiers en date, d’où elle provient et de quoi elle est la manifestation profonde, il faut remonter à sa source, bien avant qu’elle ne devienne ce qu’elle est aujourd’hui à nos yeux, à savoir, notre environnement naturel : une réalité quotidienne nous entourant partout à la façon d’un horizon indépassable.
Chaque nouvelle ère historique voit le jour à la suite d’événements exceptionnels, catalyseurs, de transformations spectaculaires (catastrophes, révolutions politiques, techniques ou idéologiques, chutes de régimes, innovations, nouvelles religions, guerres, etc). De tels événements créent, quand ils apparaissent, comme une bifurcation dans le cours de l’histoire, un précédent dont ils marquent le terme et une mutation dont ils sont les premiers signes distingués clairement par un avant et un après.
La découverte du continent américain en 1492 par Christophe Colomb et les conquistadors a créé une gigantesque collusion, si pas collision, de deux mondes clos s’ignorant jusqu’alors superbement l’un l’autre comme un de ces événements fondateurs. Dans le domaine politique, une collusion parallèle se produisit lors de la chute de Constantinople en 1453 avec le domaine de la technique avec l’invention de l’imprimerie par Gutenberg. Ces trois événements marquants font débuter l’époque moderne par une nouvelle catégorie historique dont la Renaissance est le premier moment. Pour éviter tout malentendu, cette catégorie ne recoupe pas le concept de modernité en tant que tel, mais correspond plutôt au long processus historique l’ayant initié. L’époque moderne, s’étale de la fin du XIVe aux derniers soubresauts du XVIIIe, dans un prélude de la modernité, comme un germe, en s’y laissant de plus en plus deviner comme événements spectaculaires qui ont bouleversé le monde.
La découverte du Nouveau Monde pose les tout premiers jalons d’une mondialisation du commerce. L’imprimerie accélère la diffusion des savoirs par l'accessibilité aux textes sans commune mesure avec ce qui la précédait. La chute de l’Empire byzantin, via ses exilés, fait redécouvrir en partie aux Chrétiens les auteurs Grecs de l’Antiquité.
D’autres événements d’un déploiement plus discret et plus souterrains, sont tout autant bouleversants par l'accroissement significatif de la démographie européenne avec une tendance latente des pouvoirs monarchiques à la centralisation et du développement relatif des économies de marché. Il est indéniable que l’économie de marché est en progrès en reliant suffisamment de bourgs et de villes pour commencer à organiser la production, à orienter et commander la consommation (1). »
L’Europe, considérée comme la plus développée, est trouée de zones en participant peu à la vie générale. Dans son isolement, elle s’obstine à mener sa propre existence, presque entièrement fermée sur elle-même2 ». Des siècles d’Ancien Régime voient néanmoins grandir de plus en plus les foires, les marchés, les Bourses avec le rôle des négociants, des artisans, des boutiquiers. Tout au long de cette transformation du commerce, le visage d’une nouvelle classe sociale se laisse découvrir en filigrane. Dans un futur proche, la bourgeoisie d’affaires amène à jouer un rôle politique de plus en plus important. Des économies-mondes localisées se succèdent, transforment les villes en pôles économiques, passant d’une région à une autre en passant successivement par Venise, Anvers, Gênes, Amsterdam, et à la fin de l’époque moderne, Londres, destinée à devenir plus tard la première capitale de la modernité.
Mais vouloir saisir la spécificité d’une époque à travers ses évolutions matérielles, le plus souvent, nous perd. Comment choisir, parmi cette multiplicité de phénomènes, dont les changements sont une cause, pour les uns et une conséquence pour les autres ? N’y a-t-il pas quelque chose qui puisse relier tout à la fois les innovations techniques comme l’artillerie, le télescope, la caravelle, à l’expansion en économie ou l’art de la fugue en musique ? Existe-t-il quelque chose capable de donner un sens métaphorique profond à ces transformations touchant tous les domaines, comme si ces manifestations diverses étaient le fruit d’une même idée ?
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2. L'esprit
Dans le domaine de l’esprit, les époques historiques sont déterminées par leur propre sémiosphère constituée d'un ensemble complexe de références façonnant une culture. Alimentée par ce que Jacques Derrida appelle des signifiés transcendantaux, elle est une matrice cohérente, dotée d’un sentiment personnel face à la vie, d’une expérience du monde sensible qui lui est propre, avec ses présupposés, sa cosmogonie, ses symboles spécifiques. Le sens du monde et son mystère avec l’image que les hommes s’en font, sont imbriqués dans un imaginaire collectif singulier qui en délimite l’horizon d’attente ainsi que ses réalisations.
Si l’époque moderne marque une bifurcation historique dont les réalisations changent la face du monde, elle doit aussi être, nécessairement, le moment d’une profonde mutation dans le domaine de l’esprit. Pour Oswald Spengler, l’Occident moderne n’aurait pas pu naître sans qu’il soit habité par un symbole originel qui le démarque et à partir duquel tous les autres peuvent être déchiffrés.
Dans une innovation artistique à première vue anecdotique tout en étant révolutionnaire pour l’époque, que Spengler retrouve le symbole originel de la culture occidentale. De l’apparition de la perspective en peinture, Léon Battista Alberti en codifie théoriquement les principes en 1435 avec son traité "De pictura". La perspective est le signe, selon lui, d’un nouveau regard que l’homme porte sur le monde, et donc d’un nouveau sentiment qu’il a face à la vie en métaphore d’un état d’esprit particulier, d’une mentalité neuve, proprement européenne, qu’il appelle l’âme faustienne.
L’âme faustienne est donc pour Spengler une mentalité propre à l’Occident, sans laquelle l’avènement de la modernité telle qu’elle finira par émerger au XVIIIe n’est pas possible. L’âme faustienne, dont la perspective est une des manifestations dans le domaine artistique, porte en elle une ambition métaphysique spécifique, une représentation de l’espace et du macrocosme qui la distinguent de toutes les mentalités l’ayant précédée avec l’idée de l’infini à conquérir. Dans un espace infini révélé inconsciemment et promis par le lointain de la perspective et par la profondeur qu’elle couve, git peut-être la vérité d’un arrière-monde. Vérité qui dès lors n’est plus immanente ni donnée dans l’évidence de l’univers sensible et borné, mais dont il faut élucider le sens caché selon une méthode et un calcul nécessaire au point de fuite dans un tableau dont la perspective se veut avant tout exacte.
Pour tenter de mieux cerner l’esprit faustien de l’homme occidental, mis en rapport avec l’âme apollinienne, est à comparer avec la mentalité propre aux Grecs de l’Antiquité selon Spengler. Les Grecs anciens, en excellents navigateurs et mathématiciens, si curieux qu’ils aient pu être, furent toujours restreints par le pressentiment d’un danger devant la démesure. Leur sémiosphère était avant tout dictée par la proportion, le juste équilibre d’un monde statique représenté en sculptures dans une des manifestations artistiques les plus hautes. Leur crainte de l’hubris les fit se détourner de l’idée de l’infini. Ils n’allèrent jamais explorer au-delà des colonnes d’Hercule qu'on appelle le détroit de Gibraltar. La méditerranée fut tout leur monde. Ils restèrent également inquiets des nombres irrationnels ne pouvant être décrits par l’opération d’une fraction harmonieuse dans un rapport d’équilibre comme symbole de cohésion à la limite psychologique de leur représentation du cosmos. A ce propos, un de leur mythe tardif révèle que le savant ayant divulgué le secret de l’irrationnel pérît dans un naufrage, « parce qu’il fallait que l’ineffable et l’invisible restassent cachés ».
A la lumière de cet espace infini que l’âme faustienne découvre par la recherche d'une domination méthodique, l’introduction d’armes créant une distance de plus en plus étendue dans l’art de la guerre, apporte une signification limpide à la fabrication de caravelles capables de partir à la conquête de l’autre bout du monde, de l’invention du télescope pour sonder des pans de l’espace céleste fermés à l’œil nu. En vérité, l’infini se retrouve ainsi tout au long de l’époque moderne comme une obsession. Telle une nouvelle dimension ouverte à l’esprit, l’inaccessible le hante et reconfigure l’ordre hiérarchique du cosmos.
Depuis l’héliocentrisme de Nicolas Copernic et de Galilée, la Terre n’est plus au centre d’un univers limité, mais s’étend à perte de vue. Notre planète erre désormais parmi une « quantité innombrable d’astres et de mondes identiques au nôtre » tel que l’affirmera Giordano Bruno. Depuis le voyage de Magellan en 1522, sur ce « globe détraqué (4) » traversé de part en part dont se lamente le Hamlet de Shakespeare et dont s’inquiètera Pascal, l’homme infime, seul dans le « silence éternel de ces espaces infinis » commence à douter de sa grandeur.
Né de cette immensité quasiment démente, il doute de lui dans un doute fondamental qui s’ouvre devant lui, pour devenir paradoxalement sa nouvelle force et sa nouvelle ivresse dans une méthode, un outil spéculatif élargissant son champ d’action. L’inaccessible devant l’homme a deux versants. D’un côté, il le rejette et l’écrase par son étendue sans fin. De l’autre, il le pousse à s’avancer vers l’illimité pour le connaître, à agir pour en prendre possession. Qu’y a-t-il à découvrir de plus ?
En allant au bout du doute, en l’épuisant et en le surmontant, Descartes (5) donne à la pensée occidentale un point d’ancrage décisif, une arme inébranlable amenée à diriger les futures réalisations de l’esprit faustien par la raison. L’infini peut être dompté par le cogito, nous dit Descartes, la nature divine elle-même peut être élucidée si l’on s’en tient à une méthode rigoureuse. Ainsi l’homme retrouve-t-il une place essentielle dans le macrocosme. Quelle meilleure preuve de son élection divine que cette faculté de percer à jour le secret de la nature à l’aide de la raison ? Galilée disait déjà que les mathématiques étaient le langage de Dieu. Leibniz, plus tard, pensait le cerner dans leur « exactitude impressionnante ».
À partir du philosophe français, Descartes, l’homme se fait sujet autonome. Cherchant à prouver la nature divine de l’infini et l’existence de Dieu par des axiomes logiques dans ses Méditations métaphysiques, il vient sans le savoir d’émanciper l’individu de la tutelle de l’Église, en le dotant grâce à sa méthode du doute hyperbolique, d’un nouvel esprit critique bientôt prêt à s’attaquer à toutes les fondations culturelles et idéologiques.
Par l’action de son cogito sur les objets qui l’entourent, l’homme peut désormais exercer un pouvoir de clarification sur l’intégralité du vivant. Clarification qui deviendra, après la théologie. L’ambition de la science et l’histoire occidentale prendra alors l’aspect d’une quête jamais assouvie « d’une recherche tâtonnante, parmi les étoiles, de réponses définitives, d’une errance dans l’infinitésimal vers l’infiniment général et un pèlerinage de plus en plus lointain vers l’inconnu6. »
Ainsi l’âme faustienne partit seule à la conquête de l’infini.
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Réflexions du Miroir
La forme
Wiki ajoute : "L'âme apollinienne, qui répugne à l'illimité et s'attache à ce qui est clairement circonscrit, s'exprime dans la géométrie euclidienne, la statuaire, la tragédie, la Cité-État. L'âme faustienne, au contraire, s'épanouit dans les espaces illimités et les visées sans fin".
J'ai trouvé intéressant l'article de Clément. J'ai appris à connaître certains noms historiques. J'ai seulement effectué une coupe au rasoir de tous les épis qu'un coiffeur aurait à faire pour égaliser la coupe.
Sur son site, j'ai trouvé d'autres billets "L'avènement de l'idéologie catastrophiste" (même raisonnement que "Les utopies idéologiques").
Deux "Brèves du nouveau monde" dont le panorama global est dit charmant et "Une brève histoire de la propagande de masse", dont les informations ne sont pas des entités volatiles et neutres dénuées de pouvoir. C'est pourquoi elles sont devenues le théâtre d'opération d'une guerre psychologique permanente.
Il est mentionné à la fin de l'article actuel de Clément "Si cet article vous a plu, vous pouvez me laisser un pourboire en cliquant sur Laisser un pourboire".
Personnellement, je n'aurais jamais osé ajouter cette mention.
Ce blog-journal "Réflexions du Miroir" existe depuis 2005 sans demander de pourboire.
Dernièrement, j'envoyais un email en réponse à une invitation à une présentation à laquelle, pour y assister, il fallait payer une somme non négligeable jusque à son accès via Internet.
- Alexandre Jollien sera présent à Bruxelles le 5 mai pour une conférence et le 7 mai pour un atelier.
- Christophe Massin fera quant à lui un passage express chez nous le 16 mai pour une conférence.
Avant d'acheter un livre ou une publication, je le compulse en magasin.
Les idées se partagent mais ne se vendent pas comme une savonnette. Elles se discutent...
Mon journal a été construit dans un but de partage d'informations au cours du temps pour me permettre d'y retourner longtemps après les publications pour constater que cela tient encore la route ou non.
Mon "A propos" est détaillé jusque dans ses moindre recoins.
L'article de Iephénix "Homo confort, à un clic de la sortie d'écran" contrebalance celui-ci.
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Le fond
C'est clair, je fais partie des progressistes toujours à la recherche de plus d'automatisme.
En étant conservateur, je dénigrerais complètement une vie de 40 ans en exercice à la manœuvre du progressisme.
Je ne suis pas croyant, mais pratiquant.
Je ne site que deux billets qui parlent du progrès (mais il y en a d'autres):
- "L'absence de progrès peut nuire gravement à la vie" dans lequel j'ai établi un dialogue assez énergique à sens inversé.
-
"Comment convertir un conservateur en progressiste?"
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Et, la politique dans tout ça?
Je ne pensais pas que le "Matin Première" de ce vendredi allait y répondre de manières très diverses.
- Dossier de la rédaction
- L'œil de l'Europe qui par deux fois dans l'œil du cyclone d'après l'émission radio "Coulisses de L'Europe" présentée chaque vendredi
- Mais aussi sa schizophrénie à la recherche d'une échappatoire dans son problème d'approvisionnement d'énergie qui est resté non diversifié
- L'incontournable avec Albertine Oberti
- Les Coulisses du pouvoir
Le brouillon de GuiHome plutôt pessimiste
le sera-t-il moins en 2025 avec la plume visionnaire de Thomas Gunzig?
Pas sûr...
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7/5/2022: Ce weekend, c'est à la fois, la fête de l'Iris, la fête de l'Europe et par cette dernière la fête du pain de tous les pays d'Europe.
J'ai déjà eu l'occasion d'en parler en 2016 avec d'autres fêtes qui jalonnent le mois de mai dans "Sprout to be Brusselers" avec ses photos
Aujourd'hui, je me suis arrêté à cette matinée 2022 avec la fête du pain
Adresse de la fête du pain en un clic
9/5/2022 : L'œil dans le rétro de Pierre Marlet
Nina Bachkatov parle de la Russie qui fête aujourd'hui la victoire contre le nazisme
10/5/2022: Charles Michel est à Odessa et le cactus raconte
12/5/2022:
La deuxième finale de l'Eurovision a lieu ce soir...
La politique est entrée plusieurs fois dans cette compétition et cette année, la polémique risque d'empirer
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13/5/2022 : Le cactus en parle
Commentaires
Le philosophe et sociologue Edgar Morin estime que, tandis que le but des États-Unis est d’affaiblir la Russie, l'intérêt de l'Ukraine, lui, va vers une paix rapide. Laquelle n'est possible qu'avec une paix de compromis, qui passe par la neutralité de ce pays.
La guerre d’Ukraine s’est progressivement internationalisée.
À l’aide humanitaire puis alimentaire aux populations ukrainiennes victimes de l’agression russe a succédé une aide militaire en armes, dont la qualité et la quantité s’accroissent principalement par l’apport massif des États-Unis, accompagnés de ceux de la plupart pays de l’Union européenne.
Au moment où j’écris la lutte est acharnée et incertaine : l’offensive russe est très puissante, mais l’armée ukrainienne, au cours de sa guerre depuis 2014 contre les séparatistes russophiles, a établi des fortifications en profondeur et échelonnées, qui jusqu’à présent freinent considérablement les avancées russes encore peu décisives.
Escalade
Ce qui semble désormais probable, sauf coup d’État au Kremlin ou coup militaire fatal ou encore coup de théâtre diplomatique (compromis de paix), c’est une guerre qui devrait durer et s’intensifier avec l’apport de plus en plus abondant des armes occidentales et les rétorsions de plus en plus amples de la Russie.
Nous sommes en pleine escalade, entretenue par de nouveaux bombardements, de nouvelles accusations mutuelles, de nouvelles sanctions et contre-sanctions, de nouvelles vagues de criminalisation réciproque. La guerre indirecte inclue dans la guerre d’Ukraine, peut à tout instant s’élargir par des bombardements accidentels ou non, en territoire russe ou européen.
Biden a déclaré que le but des États-Unis est d’affaiblir la Russie, sans plus de précision. Poutine a repris son annonce d’une riposte « rapide et foudroyante » si un certain seuil d’hostilité, également non précisé, menaçait la Russie, faisant état d’une arme décisive, inconnue de tout autre pays.
Possible accidentalité
Cette menace n’est pas prise au sérieux par les États-Unis et leurs alliés, en vertu d’un argument apparemment rationnel, bien connu depuis la guerre froide. Si la Russie veut nous anéantir, une riposte immédiate l’anéantirait à son tour. Cet argument rationnel ne tient pas compte d’une possible accidentalité et d’une possible irrationalité. La possible accidentalité serait le lancement involontaire d’un engin nucléaire sur l’ennemi potentiel, lequel déclencherait une réponse nucléaire immédiate. La possible irrationalité est celle d’un dictateur plein de rage ou sombrant dans le délire.
De toute façon, il est actuellement probable (sachant aussi que l’improbable peut advenir) que de dérapages en dérapages, la guerre s’élargisse sur les territoires européens, et s’amplifie. Pour conduire à une troisième guerre mondiale, d’un type nouveau, utilisant des armes nucléaires tactiques à portée limitée, des drones, de la cyberguerre de destruction des systèmes de communication qui entretiennent la vie des sociétés.
L’escalade du simplisme et la dégringolade de la complexité
Ajoutons un constat important : la guerre introduite dans les pays en conflit les contrôles, les surveillent, élimine toute opinion déviante de la ligne officielle et draine le déchaînement d’une propagande de justification permanente de ses actes et de la criminalisation ontologique de l’ennemi.
Nous sommes dans l’escalade de l’inhumanité et la dégringolade de l’humanité, l’escalade du simplisme et la dégringolade de la complexité. Mais surtout l’escalade vers la guerre mondialisée est la dégringolade de l’humanité vers l’abîme.
Pourrait-on échapper à cette logique infernale ?
La seule possibilité serait une paix de compromis qui instaurerait et garantirait une neutralité de l’Ukraine. Le statut des régions russophones du Donbass pourrait être traité par référendums. Celui de la Crimée, région tatare en partie russifiée mériterait un statut spécial. Bref les conditions d’un compromis, si difficile soit-il à établir, sont claires. Mais la radicalisation et l’amplification de la guerre en reculent les possibilités de façon indéfinie. La situation géopolitique de l’Ukraine et sa richesse économique en blé, acier, charbon, métaux rares en font une proie pour les grands prédateurs que sont les deux superpuissances.
Le basculement de l’Ukraine vers l’Ouest après Maïdan a suscité l’agression russe et l’agression russe a suscité non seulement le soutien à une nation victime d’invasion, mais la volonté de l’intégrer à l’ouest, ce qui correspondait au vœu d’une majorité d’Ukrainiens. L’Ukraine est martyre non seulement de la Russie mais de l’aggravation des relations conflictuelles entre États-Unis et Russie avec évidemment la question de l’élargissement de l’Otan, lui-même inséparable des inquiétudes suscitées par la guerre russe en Tchétchénie et son intervention militaire en Géorgie.
Se libérer de l’antagonisme entre la Russie et les États-Unis
Le salut de l’Ukraine n’est pas seulement de se libérer de l’invasion russe, mais aussi de se libérer de l’antagonisme entre la Russie et les États-Unis. Cette double libération permettrait aux nations de l’Union européenne de s’affranchir de ce conflit et de lier sécurité et autonomie.
Les sanctions contre la Russie tout en frappant durement non seulement le régime poutinien, mais aussi le peuple russe, on ne peut savoir jusqu’à quel point, frappent aussi les sanctionneurs en se retournant partiellement sur eux en menaçant, avec l’inflation accrue et les restrictions, leur économie et toute leur vie sociale. Une crise économique est toujours génératrice de régressions autoritaires et installation durable de sociétés de soumission.
La Russie poutinienne est un abominable régime autoritaire. Mais elle n’est pas assimilable à l’Allemagne hitlérienne ; son hégémonisme panslave n’est pas comme le fut l’hitlérien, la volonté de coloniser l’Europe et d’esclavagiser les peuples racialement inférieurs. Toute hitlérisation de Poutine est excessive.
Nous sommes dans un monde dominé par les antagonismes entre superpuissances et livré aux délires religieux ethniques, nationalistes, racistes. Si répugnantes que soient les superpuissances à titres divers, l’apaisement de leurs conflits est une condition sine qua non pour éviter un désastre généralisé. Aussi devons-nous aspirer à un compromis. L’humanité ne serait pas pour autant sauvée ; elle gagnerait un sursis, et peut-être un espoir.
Écrit par : Etienne | 06/05/2022
"Les métamorphoses de la modernité, II"
Du cogito cartésien au Siècle des Lumières
Extrait de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert
1. Continuons notre exploration de la modernité. Nous nous étions arrêtés à l’investigation de Descartes. Avec son cogito, Descartes inaugure la modernité philosophique en faisant de la raison l’outil d’élucidation par excellence de la réalité. Il donne une méthode — inspirée des mathématiques et de la géométrie — à la connaissance, stipulant que toute idée se voulant exacte doit être le résultat de raisonnements logiques évidents. Clarté et distinction deviennent les deux impératifs nécessaires à toute recherche de la vérité, car « l’erreur en tant que telle, nous dit-il, n’est pas quelque chose de réel qui dépend de Dieu, mais seulement un défaut », défaut provenant de l’imagination et des sens, qui peuvent être trompeurs. S’ensuit que rien n’est irrémédiablement insondable ou inaccessible à l’entendement humain : si les hommes échouent à percer les secrets de la nature, c’est avant tout car ils manquent de rigueur, s’en remettent à des jugements obscurs et confus dérivés de leurs sensations. Dieu, en un sens, ne cache rien volontairement : la nature divine est écrite en des lois qui sont déchiffrables. Il ne tient qu’à l’individu rationnel de triompher de l’erreur en s’appuyant sur les facultés logiques de son esprit.
Je disais précédemment que l’investigation de Descartes était profondément religieuse. Toute la philosophie occidentale l’était, comme la science, dont elle n’était qu’une branche. Il faut donc comprendre la révolution scientifique qui commence à voir le jour au XVIIe siècle comme étant le résultat d’une aspiration en premier lieu religieuse : il s’agissait de saisir l’essence divine en découvrant les lois universelles du monde physique, qui, pour les philosophes de l’époque, en étaient des manifestations. Ainsi Newton — théologien amateur, pieux et fervent — pensait voir se dessiner l’image de Dieu en découvrant la gravitation céleste.
« On pense parfois, écrit Jaynes, et l’on se plaît à le faire, que les deux grandes forces qui ont influencé l’humanité, la religion et la science, ont toujours été des ennemis historiques, nous entraînant dans des directions opposées. Cependant, cet effort d’identification précise est une erreur grossière. Ce n’est pas la religion mais l’Église et la science qui étaient hostiles l’une à l’autre. D’ailleurs il s’agissait d’une rivalité, pas d’une transgression. Toutes deux étaient religieuses. C’était deux géants se livrant un combat acharné pour la même terre : chacun déclarait être la seule voie menant à la révélation divine¹. »
L’hostilité qui ne cessera de croître entre la science et l’Église était donc surtout une question de moyens. La voie empruntée par la science, avec le temps, devait nécessairement entrer en contradiction avec celle de l’Église, puisqu’en faisant de l’expérience individuelle et de l’exercice de la raison une autorité à part entière — capable de parvenir à ses propres vérités —, elle se passait de tout intermédiaire hiérarchique et venait s’arroger un pouvoir dont seul le clergé détenait jusqu’à présent la légitimité : celui d’interpréter le macrocosme.
2. Comme on le voit, c’est paradoxalement une ambition de nature religieuse qui est à l’origine du plus puissant des corrosifs intellectuels ayant ruiné l’institution garante de cette même religion. On l’a souvent dit, le christianisme aura joué, comme malgré lui, un rôle fondamental dans l’émergence de la modernité. Beaucoup des catégories conceptuelles proprement modernes découlent en cela d’un processus de sécularisation d’idées auparavant chrétiennes. L’individu, l’égalité, l’universalisme, comme l’a montré Louis Dumont, trouvent leur source dans l’enseignement du Christ : « L’âme individuelle reçoit valeur éternelle de sa relation filiale à Dieu, et dans cette relation se fonde également la fraternité humaine : les chrétiens se rejoignent dans le Christ dont ils sont les membres² ». La foi dans le progrès qui animera bientôt le XVIIIe siècle est elle-même une déformation de l’eschatologie chrétienne, une transposition dans l’ordre matériel de l’espérance mystique, des promesses du royaume des Cieux. Max Weber, de son côté, a explicité les liens profonds unissant l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme. Pour résumer d’un mot en empruntant une formule de Marcel Gauchet : le christianisme fut la religion de la sortie de la religion.
Ici il faut sentir, si l’on revient un instant sur cette volonté d’approcher Dieu par les facultés rationnelles de l’esprit, à quel point la religion chrétienne — dans sa vitalité symbolique ineffable, collective, tenant comme un centre gravitationnel toute la sémiosphère occidentale — n’est déjà plus vécue avec la naïveté instinctive du mythe fondateur, dans l’évidence d’un fait social et culturel totalisant, organique, qu’on n’explique pas mais qu’on vit, mais plutôt comme une recherche intellectuelle abstraite, une soif de connaissance qui, tout en voulant éclaircir le mystère divin, en dénature et en épuise tout le pouvoir à force de clarifications. Il faut mesurer tout ce qui sépare le credo quia absurdum³ des premiers siècles chrétiens du très pragmatique pari de Pascal. Pour un fidèle dont la religion s’éveillerait à peine, dont l’obscure énergie serait riche encore de toute son enfance, pleine d’épouvante et de magie, quel besoin d’argumenter, au juste ? Quel besoin de vouloir prouver qu’on ne s’expose à aucun risque à croire en Dieu — et même qu’on en tire, s’il existe, un grand bénéfice ? Mais quel martyre fiévreux, priant secrètement dans des cryptes insalubres, pourrait seulement comprendre un tel langage ?
Ainsi cette entreprise intellectuelle — quand bien même elle émane et demeure imprégnée du christianisme — est déjà plus animée par le besoin de comprendre, d’analyser, que de ressentir ou croire. Le déisme du XVIIIe siècle approche à grands pas : religion raisonnable, elle, débarrassée de toute histoire exubérante ou de tout interdit absurde. Le mythe, en se propulsant si loin dans le ciel des idées, tel un arbre ses branches sous le soleil brûlant de la raison, s’est trop révélé à lui-même. Il a épuisé son mystère en voulant le résoudre : c’était son apogée.
Alors le fond ténébreux du mythe reflue — mais l’excès d’abstraction demeure, qui gagne les consciences, dont elles ne pourront bientôt plus se passer tant son pouvoir explicatif sur le monde est plus enivrant que tous les cultes réunis. Les critères de jugement, d’exactitude et de véracité, tels des excitants pour l’intellect, s’immiscent dans les esprits et les obsèdent toujours plus. Jugement, exactitude, véracité, « clarté » et « distinction », dont on ne limite plus l’emploi — comme le voulait Descartes, qui avait dû pressentir le danger inhérent à une telle extension de sa méthode — à la connaissance pure, mais qu’on applique désormais à tous les domaines de la société, de la pensée — et à la religion elle-même.
Descartes, écrit Pierre Chaunu, avait laissé volontairement en dehors de la nouvelle méthodologie le domaine de la politique et de la religion, la relation à Dieu et la relation à l'homme dans la cité. Prudence suivant les uns, juste conscience, je le crois, des étapes, des limites, de la complexité. Descartes laissait donc subsister deux secteurs réservés : celui de la Révélation, celui de la transmission traditionnelle de la hiérarchie sociale et du pouvoir. Spinoza excepté, le partage n'a pas été mis en cause par la première génération des philosophes mécanistes. À la hauteur des années 1680, une barrière cède. Brusquement, les méthodes de l'exploration mécaniste de la nature pénètrent dans les domaines réservés. 1680-1715, voici la religion naturelle [le déisme], la première affirmation d'une science sociale, et au-delà la revendication d'une action rationnelle a priori sur la politique⁴.
3.L’Église catholique était sortie du XVIe siècle passablement ébranlée par son schisme avec le protestantisme, dont la diffusion, insupportable à ses yeux, faisait plonger l’Europe dans des guerres civiles sanglantes. Parallèlement, les récits des voyageurs partis découvrir le monde nourrissaient dans les villes une curiosité insatiable pour les coutumes exotiques, les religions étrangères, l’organisation de sociétés radicalement différentes, encore inconnues il y a peu. D’un côté, la Réforme opposait donc frontalement une pratique religieuse débarrassée des dogmes à la rigueur du catholicisme traditionnel ; de l’autre, l’exploration de pays lointains offrait à la vue de tous la preuve éclatante d’un relativisme des croyances et des mœurs.
Deux siècles plus tard, la superstition et les doctrines catholiques heurtent de plein fouet l’esprit rationnel des philosophes, qui les examinent scrupuleusement, et ce faisant en deviennent les ennemis mortels. Les Écritures se contredisent-elles ? Jésus est-il un personnage historiquement vérifiable ? Comment la Vierge a-t-elle pu enfanter ? Qu’est-ce que cette Trinité qui ne fait qu’Un ? C’est le temps des encyclopédistes, qui, faustiens comme ces explorateurs à la conquête de terres inconnues, cartographient eux aussi — mais le territoire des connaissances humaines, qu’ils classifient, dissèquent, analysent, comparent. Ils défrichent et soumettent au génie de leur intelligence caustique l’ensemble du monde des idées, qu’elles soient profanes ou sacrées. Ainsi rien n’enthousiasmait plus Voltaire — sans même parler de Sade ou du baron d’Holbach — que d’étaler au grand jour l’absurdité manifeste des dogmes. Ouvrons donc, pour donner la mesure de la lutte qui s’engage alors entre l’esprit critique des Lumières et l’Église catholique, son Dictionnaire philosophique, à la page « Transsubstantiation » :
« Les protestants, et surtout les philosophes protestants, regardent la transsubstantiation comme le dernier terme de l’impudence des moines, et de l’imbécilité des laïques. Ils ne gardent aucune mesure sur cette croyance qu’ils appellent monstrueuse ; ils ne pensent même pas qu’il y ait un seul homme de bon sens qui, après y avoir réfléchi, ait pu l’embrasser sérieusement. Elle est, disent-ils, si absurde, si contraire à toutes les lois de la physique, si contradictoire que Dieu même ne pourrait faire cette opération : parce que c’est en effet anéantir Dieu que de supposer qu’il fait les contradictoires. Non seulement un dieu dans un pain, mais un dieu à la place du pain ; cent mille miettes de pain devenues en un instant autant de dieux, cette foule innombrable de dieux ne faisait qu’un seul dieu ; de la blancheur sans un corps blanc ; de la rondeur sans un corps rond ; du vin changé en sang, et qui a le goût du vin ; du pain qui est changé en chair et en fibres, et qui a le goût du pain : tout cela inspire tant d’horreur et de mépris aux ennemis de la religion catholique, apostolique et romaine, que cet excès d’horreur et de mépris s’est quelquefois changé en fureur. »
Le propos vous semble un peu audacieux pour l’époque ? Lisons la suite :
« Leur horreur augmente, quand on leur dit qu’on voit tous les jours, dans les pays catholiques, des prêtres, des moines qui, sortant d’un lit incestueux, et n’ayant pas encore lavé leurs mains souillées d’impuretés, vont faire des dieux par centaines, mangent et boivent leur dieu, chient et pissent leur dieu. Mais quand ils réfléchissent que cette superstition, cent fois plus absurde et plus sacrilège que toutes celles des Égyptiens, a valu à un prêtre italien [le pape] quinze à vingt millions de rente, et la domination d’un pays de cent milles d’étendue en long et en large, ils voudraient tous aller, à main armée, chasser ce prêtre qui s’est emparé du palais des Césars. Je ne sais si je serai du voyage, car j’aime la paix ; mais quand ils seront établis à Rome, j’irai sûrement leur rendre visite⁵. »
Du « palais des Césars » à celui des Bourbons, il n’y avait qu’un pas. Quand la première édition du Dictionnaire philosophique fut publiée en 1764, Descartes était mort depuis une centaine d’années ; la Révolution française éclatait vingt-cinq ans plus tard.
1.La naissance de la conscience dans l’effondrement de l’esprit bicaméral, 1976.
2.Essais sur l’individualisme. Une perspective anthropologique sur l'idéologie moderne, 1983.
3.« Je crois parce que c’est absurde », formule attribuée à Tertullien.
4.La civilisation de l’Europe des Lumières, 1971.
5.Voltaire préféra par prudence (on s’en doute) signer l’article « Transsubstantiation » d’un pseudonyme : M. Guillaume, ministre protestant.
Écrit par : Clément Gustin | 07/05/2022
Ces stars ont fini leur vie complètement ruinée.
https://www.msn.com/fr-be/divertissement/other/ces-stars-qui-sont-mortes-totalement-ruin%C3%A9es/ss-AAWYxN3?ocid=msedgntp&cvid=20b4b978aecb43b09c6dd7a10d31bce6
Écrit par : Allusion | 07/05/2022
Merci Guy pour cet article très intelligent. Il a créé en moi un déclic dans ma recherche de vérité philosophique.
Les commentaires sont aussi d'excellente tenue.
Écrit par : Taverne | 07/05/2022
Bonjour Paul,
C'est à Clément qu'il faut dire merci.
Je n'ai apporté que mes modestes idées complémentaires.
Tiens, un mot "complémentaire" qui va revenir la semaine prochaine par une autre porte: un anniversaire.
Écrit par : Allusion | 08/05/2022
Cher Guy,
J'ai bien reçu ta question. Je vais faire des recherches. Par contre, il m'est très difficile d'écrire sur des gmail. En effet, je peux envoyer quelques mails (5 ou 6) puis il me bloque pendant une semaine. Voilà pourquoi, tu as reçu mon "malgré que" et pas le & que j'ai fait ce samedi. C'est une histoire de fou. Naturellement, dès que j'aurai construit une réponse plausible (ce n'est pas évident), je te l'enverrai. Mais si tu pouvais m'envoyer un autre mail...
Écrit par : Fripiat | 07/05/2022
Cher Bernard,
Le email, une terrible bête qu'il faut manipuler avec grâce et prière pour qu'il arrive à destination.
Ne faudrait-il pas changer de fournisseur?
Gmail, Hotmail et beaucoup d'autres jouent aux bons offices
Écrit par : Allusion | 08/05/2022
A nouveau bloqué ! Le sketch est prévu. J'enregistre lundi et les mets début juin.
Écrit par : Fripiat | 09/05/2022
Ce matin, le monde entier a suivi les cérémonies russes qui commémoraient, comme chaque année le 9 mai, la victoire de la Russie sur les troupes nazies en 1945. Avec la guerre en Ukraine en cours, ces célébrations avaient une tonalité particulière. Juste avant ce défile, Vladimir Poutine a pris la parole. Le président russe a déclaré tout faire pour éviter une troisième guerre mondiale.
Pour analyser ce défilé et ce discours, Nicolas Gosset, chercheur à l'Institut royal de défense, était invité sur le plateau du RTL INFO 13h.
Tout le monde se demandait notamment si Vladimir Poutine allait enfin utiliser le mot "guerre" plutôt qu’"opération spéciale" de la Russie en Ukraine. Mais cela n’a pas été le cas.
"Non seulement, on reste dans le registre de l’opération militaire spéciale, donc pas de mobilisation générale, mais en plus le mot même "Ukraine" n’a pas été mentionné dans son discours. On a eu droit en substance à un discours qui, par rapport aux années précédentes, était plus ancré dans le présent, dans le futur et moins de références à la grande guerre patriotique si ce n’est la continuation de la lutte contre le nazisme en 41-15 et la guerre en Ukraine. Surtout c’était un exercice de justification de l’approche du conflit par le Kremlin", analyse Nicolas Gosset.
Écrit par : Allusion | 10/05/2022
Peut-être qu'avant l'apocalypse,, nous serons aspirés par le fameux trou noir appelé sagittarius. Pourquoi sagittaire. Parce que le centre galactique se trouve dans le signe du sagittaire. Notre restant" de civilisation étant tombé tellement bas, que le ciel passera la terre au laser. Estimant que celle-ci est devenue sans intérêt.... Même le fameux Bitcoin dégringole. Le nouvel Ordre Mondial rêvé par des Ursula von der Leyen et Klaus Schawb est en train de s'effondrer.. Si si..... Le Nouvelo Ordre Mondial n'aura pas lieu. OUF.
https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/trou-noir-supermassif-event-horizon-telescope-t-il-filme-trou-noir-supermassif-voie-lactee-sgr-a-21109/
Écrit par : Mélusine 888 | 12/05/2022
Tout dépend de quel ordre mondial, on parle.
Il y a trois versions de cet ordre mondial: américains, russe ou chinois.
http://vanrinsg.hautetfort.com/archive/2011/09/16/histoire-des-grands-empires-economiques-2.html#ancre1
Écrit par : Allusion | 12/05/2022
Lire La Bible n'est pas sans intérêt. IL est bien dit: tu ne mettras pas de vin neuf dans une vieille outre. Mais tu changeras d'outre. Ils ont cru innover avec leur nouvelle monnaie (Bitcoin), les transmutations sexuelles et génétique, le transhumanisme et j'en passe et des meilleurs. Constat, ben ça ne marche pas. L'outre était déjà trop vieille. Et tout s'effondre... Pour qu'il y ait renaissance, il faut une mort.... Tout le long de l'histoire humaine, ce fut ainsi.... La Russi et l'Ukrane est ce passage: GOG et MAGOG. Toujours dans la Bible: Gog et Magog (en hébreu מגוג, en grec Μαγώγ) sont deux noms propres figurant dans le livre d'Ézéchiel, chap. 38 et 39 : « Fils de l'homme, tourne ta face vers Gog, au pays de Magog » (38:1-2), « Voici, j'en veux à toi, Gog, prince de Rosch, de Méschec et de Tubal ! Je t'entraînerai, et je mettrai une boucle à tes mâchoires » (38:3), « J'enverrai le feu dans Magog » (39:6), « Je donnerai à Gog un lieu qui lui servira de sépulcre en Israël » (39:11). Gog est un nom de personne, Magog un nom de lieu. Ils apparaîssent 5 fois dans la Bible et 2 fois dans le Coran. L'origine du terme n'est pas claire, ce nom désigne soit une personne, soit une peuplade, soit une réalité géographique (pays ou ville)., mais les noms semblent liés à une bataille contre les Juifs qui annoncera la venue du Messie2[source insuffisante]. Dans le livre d'Ézéchiel, les peuplades païennes Magog vivent « au nord du Monde », et représentent métaphoriquement les forces du Mal, ce qui l'associe aux traditions apocalyptiques. Et Rosh, c'est la Russie. En fait l'UKRAINE et La Russie sont des frères ennemis. Ce passage par Gog et MAgog est nécessaire. Autant s'y préparer....
Écrit par : Mélusine 888 | 12/05/2022
Autant s'y préparer....
En faisant quoi?
En quittant la Terre pour chercher une exoplanète qui nous accepterait?
Écrit par : Allusion | 12/05/2022
Couper définitivement les liens énergétiques avec la Russie coûtera 195 milliards : l’UE veut 45 % d’énergies renouvelables d’ici 2030, ce qui implique la suppression de procédures environnementales strictes
L’Union européenne devra une fois de plus ouvrir la planche à billets, par pure nécessité. Mercredi prochain, la Commission européenne présentera son plan énergétique. L’objectif est de devenir totalement indépendant de la Russie sur le plan énergétique d’ici 2027. Cela coûtera près de 200 milliards d’euros, selon les projets qui ont fait l’objet de fuites. Les investissements doivent être réalisés très rapidement, d’ici à 2027, et s’ajoutent au « Green Deal », le plan de l’UE, doté d’un budget de plusieurs milliards de dollars, visant à réduire les émissions de CO2. Il convient de noter que l’Union européenne porte l’objectif en matière d’énergies renouvelables de 40 à 45 % d’ici à 2030. Pour cela, la législation environnementale doit être modifiée. Dans le même temps, le jeu géostratégique bat son plein : ce matin, la Finlande a annoncé sa demande d’adhésion à l’OTAN, un moment historique et un coup dur pour Vladimir Poutine. La Suède suivra.
Couper définitivement les liens énergétiques avec la Russie coûtera 195 milliards : l’UE veut 45 % d’énergies renouvelables d’ici 2030, ce qui implique la suppression de procédures environnementales strictes
D’un seul coup, la Russie gagnera bientôt 1.340 kilomètres de frontière avec l’OTAN lorsque la Finlande rejoindra l’alliance militaire. Le gouvernement finlandais a donné son feu vert, et ce week-end, tous les partenaires de la coalition au Parlement finlandais feront probablement de même. La demande officielle pourrait être reçue dès la semaine prochaine.
Le revirement finlandais est sans précédent : il y a un an à peine, l’adhésion à l’OTAN n’était absolument pas soutenue dans le pays. Mais les récents sondages d’opinion indiquent un soutien de 76 %, avec seulement 12 % d’opinions défavorables. La raison très compliquée à trouver : l’invasion russe en Ukraine.
Il est tout aussi logique que la Suède suive dans les prochaines semaines : les Finlandais et les Suédois sont militairement très proches et sont les deux seuls pays scandinaves neutres. La Norvège et le Danemark sont membres de l’OTAN depuis des décennies. Pendant la guerre froide, la Finlande et la Suède ont essayé d’être à cheval entre les Soviétiques et l’Occident. Mais en même temps, ils sont déjà politiquement très ancrés dans l’Europe, avec l’adhésion à l’UE.
Vladimir Poutine, le dictateur russe, voit son cauchemar absolu se réaliser : il est désormais « écrasé » par l’OTAN. Car jusqu’à présent, il n’avait vraiment de frontière avec cette alliance militaire qu’à travers les États baltes et l’enclave russe de Kaliningrad. L’OTAN y mène depuis des années des « opérations de dissuasion », notamment en faisant surveiller l’espace aérien de la Baltique par des avions de chasse de l’Alliance.
Mais les Finlandais, dont beaucoup se battent également comme volontaires en Ukraine, sont peut-être un petit pays de 5,5 millions d’habitants, mais leur armée ne doit pas être sous-estimée : ils ont mené une guerre d’hiver acharnée contre les Russes en 1939, et ont maintenu leur défense à jour depuis lors.
Le fait que l’ensemble de la Scandinavie devienne désormais un territoire de l’OTAN est donc un nouveau coup dur pour Poutine, qui avait estimé le conflit en Ukraine de manière bien différente. Poutine a déjà menacé la Finlande et la Suède de conséquences militaires et diplomatiques si elles rejoignaient l’OTAN. L’évaluation est qu’il s’agit principalement d’un bluff : ouvrir un nouveau front serait tout simplement une folie pour les Russes.
Dans le même temps: un mouvement tout aussi révolutionnaire sur le plan géopolitique – l’indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie – coûtera de l’argent.
En fait, plus important encore que la Suède et la Finlande : l’Europe est en train de couper ses liens énergétiques avec la Russie. Cela signifie que les discussions avec Poutine, ou tout autre régime de Moscou qui serait bientôt au pouvoir, seront complètement différentes du point de vue de l’UE. Plus de menaces de fermeture du robinet de gaz, ni de transfert de quelque 800 millions d’euros par jour vers la Russie.
À court terme, un sixième train de sanctions attend toujours l’approbation des États membres. Il s’agit notamment d’un embargo sur le pétrole en provenance de Russie, qui devait être supprimé progressivement cette année. Mais des pays comme la Hongrie et la Slovaquie ont demandé une exemption : ils dépendent fortement du pétrole russe. En ce qui concerne le gaz russe, que l’UE veut déjà réduire de deux tiers cette année, un arrêt total des importations n’est pas encore en vue. Le point d’achoppement concerne les mois d’hiver : l’UE pourra-t-elle traverser 2023 sans l’énergie russe ? Probablement pas.
Dans le même temps, la Commission européenne travaille à plus long terme pour « accélérer la réduction de la dépendance énergétique, en accélérant l’élimination progressive des combustibles fossiles et en construisant une « Union de l’énergie », écrit-elle dans un projet de « plan RePowerEU », qui sera présenté mercredi 18 mai. Mais des fuites, entre autres dans Bloomberg et le Financial Times, révèlent jusqu’où les 27 veulent aller pour faire oublier l’énergie à la Russie à moyen terme. L’ensemble semble très ambitieux et coûteux.
La Commission table sur un coût de 195 milliards d’euros, à la charge des États membres, de l’industrie, mais probablement aussi de l’UE elle-même, qui apportera un soutien financier important. En échange de ces investissements, des objectifs très ambitieux deviendront réalistes.
Le plus frappant : la production d’électricité verte propre à l’UE doit encore augmenter. Les objectifs, pour 2030 déjà, étaient très nets, à 40 %. Mais l’UE vient de faire passer ce cap pour aller vers 45 %. Dans le même temps, la consommation totale d’énergie doit être réduite de pas moins de 13 % d’ici à 2030, au lieu de 9 % dans les plans précédents de l’UE. Il faudra donc ajouter beaucoup d’isolation.
- Ce qui est sur la table : toute une série d’investissements et une industrie de panneaux solaires pour l’UE.
Pour commencer, il y a les investissements classiques dans une meilleure infrastructure énergétique :
Les lignes à haute tension dans toute l’Europe doivent être renforcées afin que l’énergie verte puisse être transportée plus facilement entre les pays. Cette seule mesure coûtera 29 milliards d’euros.
- En outre, de nouveaux terminaux GNL doivent être construits et des gazoducs doivent être posés pour acheminer le gaz du reste du monde. Des contrats à long terme sont déjà en cours de négociation avec les États-Unis et le Qatar pour remplacer la Russie.
L’UE envisage aussi de stimuler l’hydrogène vert. L’objectif est de produire 20 millions de tonnes d’hydrogène vert d’ici à 2030, dont la moitié sera importée. Il y a quelques mois, le ministre de l’Energie Tinne Van der Straeten (Verts) a pris des contacts à Oman pour importer cet hydrogène du Moyen-Orient.
- Bien qu’il reste beaucoup plus simple et plus efficace de produire l’hydrogène à Anvers, par exemple, en utilisant l’énergie nucléaire comme source d’énergie. À Berlin, lors d’une visite aux Allemands, le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) a une nouvelle fois plaidé en faveur de la construction d’installations nucléaires « zéro déchet », de dernière génération, en Europe.
- Le plus intéressant est de savoir comment l’UE veut organiser cette transition verte, pour atteindre 45 % de production d’énergie verte dans l’UE d’ici à 2030. Cela signifie que la capacité « verte » actuelle de 511 gigawatts doit être portée à 1 236 gigawatts d’ici huit ans.
En outre, d’ici 2028, le nombre de panneaux solaires ajoutés chaque jour devrait doubler. La Commission souhaite augmenter de manière significative la production propre de l’UE de panneaux, qui sont aujourd’hui en grande partie fabriqués en Chine.
- Le Premier ministre De Croo a d’ailleurs plaidé à Berlin en faveur d’un renforcement de l’UE en matière d’énergies renouvelables, d’investissements massifs dans l’hydrogène vert et surtout de « projets plus transnationaux » : La Belgique ne dispose pas du territoire nécessaire pour produire à elle seule 45 % d’électricité verte. Les projets énergétiques menés en collaboration avec d’autres pays de l’UE, qui permettent d’exporter de l’électricité vers la Belgique, deviennent donc cruciaux.
D’ailleurs, l’UE reste silencieuse sur le plafonnement des prix du gaz. Le gouvernement Vivaldi en avait fait un cheval de bataille, le libéral De Croo déclarant à plusieurs reprises qu’il ne croyait plus à un marché de l’énergie fonctionnant correctement sans régulations. Pour la Belgique, il fallait que le prix soit plafonné, dans l’UE. Mais cela ne semble pas réalisable, trop d’États membres sont opposés à une intervention sur le marché.
Dans le même temps, l’idée d’achats collectifs pour l’UE, comme dans le cas des vaccins corona, semble également rester lettre morte. Car chaque pays de l’UE est déjà occupé à régler ses propres affaires. Par exemple, les Italiens, comme l’Allemagne, étaient un adversaire particulièrement farouche de la coupure des liens avec la Russie et de son approvisionnement en gaz. Jusqu’à ce qu’ils signent des contrats avec l’Algérie et soient assurés d’avoir un nouveau fournisseur : l’Allemagne avait soudainement un allié de moins, au sein de l’UE, avec sa ligne de conduite « plus douce » envers la Russie.
Le plus frappant : la « paperasserie » pour les éoliennes sera-t-elle radicalement réduite ?
L’UE se rend compte que tous ces chiffres follement ambitieux nécessitent de grands travaux d’infrastructure, alors qu’elle s’enlise de plus en plus dans un marasme de législations environnementales et une pluie de plaintes à leur sujet. C’est pourquoi l’UE souhaite alléger les formalités administratives liées à l’énergie verte : elle évoque les « procédures administratives longues et complexes » qui rendent la mise en place d’éoliennes, par exemple, trop lente.
Selon l’UE, la solution consiste à ce que tous les États membres désignent des zones où la construction est autorisée plus rapidement, où les règles environnementales s’appliqueraient moins strictement et, surtout, où les procédures seraient accélérées : les permis pourraient y être finalisés en un an. Ce serait révolutionnaire. Et l’UE ne pense pas seulement à des zones gigantesques en mer : elle envisage aussi des zones « proches du rail ou de la route », ou des « zones industrielles », ou encore « parkings et des toits ».
En même temps, un point de contact unique s’occuperait de toute la procédure d’autorisation. Et surtout : l’UE abandonnerait ses propres règles en matière d’évaluation des incidences sur l’environnement pour ces zones. Il peut être parfois nécessaire de prendre des mesures pour protéger les oiseaux et réduire les nuisances.
Mais dans l’ensemble, c’est un choix assez radical : tout le monde sur le pont pour accélérer la transition. Car même en dehors de ces zones spéciales, la Commission veut réduire drastiquement le délai des procédures de permis d’énergie verte : il ne devrait pas prendre plus de deux ans, avec une extension de trois mois. Actuellement, la construction d’une éolienne en Flandre prend environ 10 ans en moyenne, en raison d’un flot de procédures et très souvent de protestations locales.
Si l’UE fait passer ses projets, cela aura des conséquences importantes pour le niveau fédéral et surtout flamand, où les permis sont délivrés, et où le vent souffle en Belgique. Elle devra alors réorganiser l’ensemble de son système, ce qui pourrait donner un coup de fouet spectaculaire à la construction d’éoliennes
https://www.msn.com/fr-be/actualite/politique/couper-d%C3%A9finitivement-les-liens-%C3%A9nerg%C3%A9tiques-avec-la-russie-co%C3%BBtera-195-milliards-l-ue-veut-45-d-%C3%A9nergies-renouvelables-d-ici-2030-ce-qui-implique-la-suppression-de-proc%C3%A9dures-environnementales-strictes/ar-AAXc2Wj?ocid=msedgntp&cvid=3be48039500346c0af15d18e69bdd124
Écrit par : Allusion | 12/05/2022
«Poutine est atteint d’un cancer du sang», assure un oligarque russe dans un enregistrement secret
Le business man milliardaire, dont l’anonymat a été préservé pour des raisons de sécurité, fait partie des 200 plus grosses fortunes du pays. Selon New Lines Magazine, qui a eu accès à l’enregistrement, il fait partie des oligarques dont Poutine était particulièrement proche au moment de l’annexion de la Crimée, en 2014. Il réside aujourd’hui à l’étranger.
L’enregistrement secret de la conversation remonte à mi-mars. Selon le magazine, l’oligarque s’entretenait avec un investisseur. Il cherchait à savoir comment protéger ses avoirs et investissements des sanctions occidentales. « Poutine a complètement ruiné l’économie russe, l’économie ukrainienne et de nombreuses autres économies. Il les a complètement ruinés. Le problème est dans sa tête… Un seul homme fou peut mettre le monde sens dessus dessous. » », aurait-il déclaré.
Il poursuit en critiquant Poutine pour son prétexte à l’invasion de l’Ukraine, celui de débarrasser le pays « de tous les nazis et les fascistes. Nous espérons tous qu’il mourra de son cancer ou d’un coup d’État en interne. »
Les spéculations vont bon train
À l’époque de l’enregistrement, les services secrets russes auraient fait circuler une note destinée aux responsables régionaux, leur ordonnant d’ignorer les rumeurs sur la santé de Poutine.
Si aucun rapport sur l’état de santé du président russe n’a pu être vérifié indépendamment, celui-ci fait l’objet de nombreuses spéculations. La rumeur selon laquelle le leader russe serait malade se fait d’ailleurs de plus en plus forte, d’autant qu’il limite ses apparitions publiques. Et à en croire les médias russes indépendants, Poutine serait en permanence, et où qu’il aille, accompagné par une équipe de médecins. Cancer ? Parkinson ? Les hypothèses divergent. Mais des images récentes de lui, le montrant affaibli ou tremblant, n’ont cessé de renforcer la rumeur ces dernières semaines.
https://www.msn.com/fr-be/actualite/other/poutine-est-atteint-d-un-cancer-du-sang-assure-un-oligarque-russe-dans-un-enregistrement-secret/ar-AAXepgm?ocid=msedgntp&cvid=a6c937eadaa6468aadc1da17e6c39c16
Écrit par : Allusion | 13/05/2022
Ce fut une nouvelle semaine boursière très nerveuse. Les investisseurs restent prudents face à la stagflation, un scénario dans lequel l'économie se refroidit en même temps que les prix augmentent. Aux États-Unis, l'inflation était de 8,3% en avril. Une légère baisse par rapport à mars, mais plus que ce que les économistes avaient précédemment estimé. La hausse des prix à la production s'est même quelque peu accélérée. Après un nouveau coup, les cours ont quelque peu rebondi en fin de semaine. Allons-nous bientôt rechercher à nouveau des planchers plus bas? La tempête boursière semble s’être calmée pour le moment.
L’agitation des marchés boursiers était faible par rapport à ce qui se passait sur le front des cryptomonnaies. Les soi-disant 'stablecoins' ont vacillé. Ces monnaies digitales sont ainsi nommées parce que leur valeur est liée à une devise ou à un panier de devise, généralement le dollar. Le TerraUSD s'est détaché de sa valeur en dollars et a chuté. D'autres cryptomonnaies et actions associées ont été entraînées dans le déluge.
Ceux qui pensaient que nous ne parlerions pas d'Elon Musk cette semaine se trompent. Vendredi, l'homme le plus riche du monde a annoncé avec désinvolture qu'il suspendait le rachat de Twitter. Il aimerait plus d'informations, notamment sur le vrai nombre d'utilisateurs. Il semblerait qu'il essaie de sortir de l’accord grâce à cette excuse.
Écrit par : Allusion | 15/05/2022
L'Ukraine gagne l'Eurovision: "Notre musique conquiert l'Europe", dit Zelensky
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est félicité de la victoire de son pays à l'Eurovision samedi en faisant le lien avec l'invasion russe, avec cette phrase écrite sur sa page Facebook: "Notre courage impressionne le monde, notre musique conquiert l'Europe".
"Pour la troisième fois de son histoire. Et, je crois, pas la dernière. Nous ferons de notre mieux pour accueillir un jour les participants et les invités de l'Eurovision dans la ville ukrainienne de Marioupol. Libre, pacifique, reconstruite !", a-t-il ajouté à propos de cette ville portuaire du sud du pays occupée par les troupes russes et presque entièrement détruite.
"Je remercie Kalush Orchestra pour sa victoire, et tous ceux qui ont voté pour nous ! Je suis sûr que notre choeur victorieux dans la bataille contre l'ennemi n'est pas loin. Gloire à l'Ukraine !", a encore écrit le chef d'Etat.
Le groupe ukrainien Kalush Orchestra, dont la chanson "Stefania" mêle hip-hop et musique traditionnelle, a recueilli 631 points, devant le Britannique Sam Ryder et son titre "Space Man" (466 points) et la chanteuse espagnole Chanel avec "Slo Mo" (459 points), lors de la soirée organisée à Turin, en Italie.
https://www.msn.com/fr-be/actualite/other/l-ukraine-gagne-l-eurovision-notre-musique-conquiert-l-europe-dit-zelensky/ar-AAXhAaH?ocid=msedgntp&cvid=80774f5ee0e34b0d92063be5e814871a
Écrit par : Allusion | 15/05/2022
Bill Gates: « Le développement d’ordinateurs intelligents est bien plus important que le métavers ou le Web3 »
Dans une longue interview accordée à Wired, Bill Gates, très sarcastique, est revenu sur la pandémie et ses conséquences sur un éventuel recul de la science et de la raison dans le débat. Il a conclu l’interview sur un tout autre sujet en donnant son avis sur la technologie qui influencera réellement notre futur.
Bill Gates est assez fan du métavers, qu’il trouve « plutôt cool ». Cette technologie peut rendre des réunions à distance, plus concrètes, « en face à face avec une immersion 3D ». Mais ça n’ira pas beaucoup plus loin selon lui: « Ce qui compte, c’est que les ordinateurs deviennent plus intelligents. C’est plus important que l’immersion 3D ou des lunettes virtuelles ».
« Aujourd’hui, l’ordinateur n’est pas encore très intelligent. Il ne connaît pas vos activités, vos priorités. Vous ne lui feriez même pas confiance pour trier vos mails et vos messages en fonction de vos préférences. Donc, la chose la plus importante qui va se produire dans le logiciel est d’avoir des agents vraiment intelligents. C’est bien plus important que le métavers, bien plus important que le Web3 ».
Bill Gates a toutefois une relation à la fois fascinée et inquiète vis-à-vis de l’intelligence artificielle. Voici ce qu’en disait le co-fondateur dans un chat sur le site Reddit, en 2015: « Je suis dans le camp de ceux qui s’inquiètent du développement d’une super intelligence. D’abord, les machines réaliseront pour nous de nombreuses tâches sans être très intelligentes. Cela devrait s’avérer positif si nous les gérons bien. Mais, quelques décennies plus tard, leur intelligence sera suffisamment développée pour devenir un sujet d’inquiétude. Je rejoins Elon Musk et quelques autres et ne comprend pas pourquoi certaines personnes ne semblent pas s’en inquiéter. »
Mais d’un autre côté, Bill Gates investit largement dans l’intelligence artificielle: « Les progrès seront plus nombreux dans les 30 prochaines années que jamais. Même dans les dix prochaines années, des problèmes comme la vision, la compréhension de la parole et la traduction seront très bonnes. Les tâches mécaniques des robots, comme la cueillette des fruits ou le déplacement d’un patient dans un hôpital, seront résolues. Lorsque les ordinateurs et les robots auront atteint un niveau de capacité tel qu’il leur sera facile de voir et de se déplacer, ils seront très largement utilisés. »
« Tu es naïf »
Dans l’entretien accordé à Wired, à l’occasion de la sortie de son livre Comment prévenir la prochaine pandémie, Bill Gates est interpellé par le journaliste. Ce dernier lui fait remarquer à quel point la science et la raison ont été attaquées de front durant la pandémie. Les explications des épidémiologistes ont divisé la population, c’est vrai en Europe comme aux États-Unis. Bill Gates, qui avait largement prédit notre impréparation à l’arrivée d’une telle pandémie dans une conférence TED de 2015, a lui-même été largement pris à parti, faisant l’objet de nombreuses théories conspirationnistes farfelues comme de menaces de mort. « Assiste-t-on à une marche arrière de la science », demande le journaliste ?
« Je pense que tu es une personne naïve. Quelle était la popularité de la théorie de l’évolution avant la pandémie ? Moins de 50% », lui répond Gates. L’université du Michigan a estimé que l’acceptation de la théorie de l’évolution est devenue l’opinion majoritaire en 2016 aux États-Unis. Bill Gates n’est donc pas très loin de la vérité.
« Mais les gens ne descendaient pas dans la rue pour contester des biologistes », lui rétorque le journaliste. Gates répond laconiquement : « Nous ne sommes pas une société du débat scientifique ».
Plus largement, Bill Gates n’est pas de ceux qui pensent « que c’était mieux avant », une sorte d’âge d’or de tous les possibles, dans lequel le co-fondateur de Miscrosoft et baby-boomer a d’ailleurs fait largement sa grande fortune.
« Auriez-vous voulu être gay il y a 40 ans ? Préférez-vous être une femme à l’époque ou maintenant ? »
« L’idée selon laquelle on vit un retour en arrière, que les années 50 étaient peut-être mieux, c’est une perte totale de perspective. »
« Les rois se sont toujours bien débrouillés. Les ducs aussi. Alors peut-être, récemment, pour les comtes, c’est devenu un peu difficile. »
Bill Gates est toutefois bien conscient que ce qui a changé, c’est la défiance vis-à-vis de l’autorité et des institutions. La plus grande menace actuelle, selon lui, qui est largement imputable aux réseaux sociaux, expliquait-il dans ses réflexions de fin d’année.
https://www.msn.com/fr-be/actualite/technologie-et-sciences/bill-gates-le-d%C3%A9veloppement-d-ordinateurs-intelligents-est-bien-plus-important-que-le-m%C3%A9tavers-ou-le-web3/ar-AAXg8jD?ocid=msedgntp&cvid=929a640feb9a4dc8afde3fe27ee502f3
Écrit par : Allusion | 15/05/2022
De la Révolution française au Palais de cristal
Le Palais de cristal, Londres
1.
Avec la Révolution française, nous rentrons de plain pied dans la modernité. Elle est l’événement de rupture qui en ouvre les portes avec fracas. Nous avons vu que la montée en puissance de la raison comme outil critique d’émancipation engageait, après avoir trouvé son autonomie propre et élargi son champ d’application, une lutte contre tout ce qui lui paraissait irrationnel : les dogmes de la religion catholique en premier lieu, mais aussi — et surtout — l’arbitraire de son pouvoir, et partant, celui de la monarchie de droit divin également, qui puisait sa légitimité dans l’arbitraire religieux.
Les essais théoriques ainsi que les fictions s’interrogeant sur un renouvellement des formes politiques ne manquent donc pas au XVIIIe siècle, comme on le sait. Ils foisonnent et même échauffent les esprits sous le regard étonnement peu méfiant du pouvoir royal. La critique de l’absolutisme et la nécessité de réformer (voire de mettre à bas) les institutions sont au cœur de toutes les discussions de salons, de cafés, dans les articles de journaux ou d’encyclopédies, dans les contes philosophiques ou les romans. Montesquieu dans son Esprit des lois (1748) passe encore prudemment en revue les différents types de gouvernement possibles, les lois qui en découlent, les libertés qu’elles permettent, les mœurs qui les maintiennent en vie comme la corruption qui les guette. En 1770, Louis-Sébastien Mercier1, futur auteur du Tableau de Paris, imagine dans L’an 2440. Rêve s’il en fut jamais — premier exemple en date d’une œuvre de science-fiction — un Paris complètement métamorphosé où règnent Philosophie et Justice, où les rois et les peuples n’obéissent plus qu’à l’équité et la raison, où la Bastille est transformée en temple de la Clémence, et où Versailles n’est plus qu’un tas de ruines… Entre les deux est passé Rousseau, qui pose dans son Contrat social (1762) la souveraineté populaire comme seul principe pouvant réellement légitimer l’autorité politique. Mais à vrai dire, dès 1694, on pouvait trouver dans une lettre de Fénelon — envoyée anonymement à Louis XIV, qui ne l’a évidemment jamais lue — un avertissement préfigurant cette remise en question généralisée du pouvoir monarchique, qui devait s’attirer avec le temps de plus en plus de contempteurs. « Depuis trente ans, peut-on y lire, vos principaux ministres ont ébranlé toutes les anciennes maximes de l’État, pour faire monter jusqu’au comble votre autorité qui était devenue la leur puisqu’elle était dans leurs mains. On n’a plus parlé de l’État ni des règles ; on n’a parlé que du Roi et de son bon plaisir. »
Aux abords de la Révolution, c’est désormais l’inverse. On ne parle plus que de l’État et de ses règles, et le bon plaisir du roi, quant à lui, est « soumis à la question ». C’est ironiquement au moment où on l’accuse partout de tyrannie que le pouvoir manque le plus d’assurance. Il faut dire que nous ne sommes plus au temps de l’intransigeant Louis XIV ; c’est l’indécis Louis XVI qui navigue à vue sur le rafiot du royaume de France, en pleine dérive. Les caisses de l’État sont absolument vides. Les clubs et autres sociétés de pensées plus ou moins secrètes pullulent et font salle comble. Le Parlement défie sans ciller l’autorité royale à coup de remontrances. Le prix instable du pain menace toujours le peuple de famine. Le duc d’Orléans, cousin du roi, fait siéger au Palais-Royal (dit « l’anti-Versailles ») tous les ennemis de la cour. Enfin la presse et les pamphlets, chaque jour plus nombreux, font pleuvoir des torrents d’insultes et de caricatures ciblant régulièrement les privilèges, la noblesse, et notamment Marie-Antoinette — surtout depuis l’affaire des colliers de la Reine. Bref, toutes les conditions sont réunies pour créer une situation explosive. Pourtant, nous dit Tocqueville au début de L’Ancien Régime et la Révolution : « Il n’y a rien de plus propre à rappeler les philosophes et les hommes d’État à la modestie que l’histoire de notre Révolution ; car il n’y eut jamais d’événements plus grands, conduits de plus loin, mieux préparés et moins prévus. »
Ce qui ne fut pas prévu, à n’en pas douter, c’est l’onde de choc que produirait dans toute l’Europe la Révolution, et la vitesse à laquelle s’effondrerait la monarchie. Non plus que l’ampleur des transformations auxquelles elle devait aboutir, et la violence inouïe des moyens qu’elle emploierait pour les mettre en œuvre. Ce qu’on ne pouvait pas se figurer, en somme, c’était son déroulé, sa forme, sa force — car son fond, ainsi que toutes les idées à même de la faire naître, étaient partout dans l’air. Après tout, un siècle auparavant l’Angleterre faisait la sienne, de révolution, que tous les philosophes des Lumières avaient à l’esprit. En 1776, à l’autre bout du monde, les États-Unis déclaraient leur indépendance avec le secours des troupes françaises. Qu’il faille en France réformer d’une manière ou d’une autre les institutions politiques, tous les hommes proches du pouvoir et suffisamment avertis en étaient parfaitement conscients. Encore fallait-il une direction, une main ferme capable de conduire de tels changements sans trembler — et Louis XVI, malheureusement pour lui, n’eut jamais le courage ou la force de conviction nécessaires à une telle tâche. À chaque fois qu’une opposition venue de la noblesse ou bien des parlements se dressait devant lui, il reculait, par peur d’envenimer les choses et d’en perdre le contrôle. Et c’est précisément parce qu’il recula sans cesse que la situation devint, au fil du temps, irrémédiable. Ainsi, lorsqu’il renvoya Turgot en 1776, cédant une nouvelle fois devant l’hostilité que soulevaient les réformes de son ministre, celui-ci lui écrivit plus tard ces paroles prophétiques : « N’oubliez jamais, Sire, que c’est la faiblesse qui a mis la tête de Charles Ier sur le billot. »
À l’été 1789, la situation politique est sans issue et un bouleversement majeur paraît inévitable. Ici je ne résiste pas à l’envie de citer longuement le saisissant témoignage d’Arthur Young, agronome anglais alors en voyage en France, et qui décrivit au jour le jour l’incroyable effervescence qui gagnait Paris quelques semaines avant que la Révolution n’éclate. Le 8 juin, il écrit2 :
« Paris est à présent dans une telle fermentation, à propos des états généraux tenus à Versailles, que la conversation est absorbée par eux. On ne parle pas d'autre chose. Tout est considéré, et à juste titre, comme important, dans une telle phase de la destinée de vingt-cinq millions d'hommes. (…) Le roi, la cour, la noblesse, le clergé, l'armée et le parlement sont à peu près dans la même situation. Tous voient, avec une égale frayeur, les idées de liberté qui circulent aujourd'hui. Seul, le roi, pour des raisons très simples à qui connaît son caractère, se tourmente peu, même des circonstances qui touchent le plus intimement son pouvoir. »
Le 9 :
« Les boutiques où se débitent les brochures font des affaires incroyables. Je suis allé au Palais-Royal pour voir les nouvelles publications et m'en procurer un catalogue complet. Chaque heure en produit une. Il en a paru treize aujourd'hui, seize hier, et quatre-vingt douze la semaine dernière (…) Les 19/20es de ces productions sont en faveur de la liberté ; elles sont ordinairement très violentes contre les ordres privilégiés ; j'en ai retenu aujourd'hui beaucoup de cette espèce qui ont de la réputation ; mais lorsque je me suis enquis d'autres d'opinion contraire, j'ai trouvé, à mon grand étonnement, qu'il n'y en avait que deux ou trois d'assez de mérite pour être connues. N'est-il pas étonnant que, tandis que la presse répand à foison des principes excessivement niveleurs et même séditieux qui renverseraient la monarchie si on les appliquait, rien ne paraisse en réponse, et que la cour ne prenne aucune mesure contre la licence extrême de ces publications. Il est aisé de concevoir l'esprit que l'on éveille de la sorte chez le peuple. Mais les cafés du Palais-Royal présentent des scènes encore plus singulières et plus étonnantes : non seulement l'intérieur est comble, mais une foule patiente se presse aux portes et aux fenêtres, écoutant à gorge déployée certains orateurs qui, montés sur une table ou sur une chaise, haranguent chacun son petit auditoire. On ne se figure pas aisément l'avidité avec laquelle ils sont écoutés et le tonnerre d'applaudissements qu'ils reçoivent pour toute expression plus hardie ou plus violente contre le gouvernement. Je n'en reviens pas que les ministres souffrent de tels nids, de telles pépinières de sédition et de révolte, répandant à toute heure chez le peuple des principes qu'il leur faudra bientôt combattre avec vigueur, et dont il semble que ce soit une sorte de folie de permettre actuellement la propagation. »
Le 24 — trois semaines avant la prise de la Bastille :
« La fermentation à Paris passe toute conception ; toute la journée il y a eu dix mille personnes au Palais-Royal (…) À ma grande surprise les propositions du roi n'ont rencontré qu'un dégoût universel (…) Il est clair pour moi, d'après les conversations et les harangues dont j'ai été le témoin, que les réunions permanentes du Palais-Royal, qui arrivent à un degré de licence et à une furie de liberté à peine croyables, s'unissant aux innombrables publications incendiaires que chaque heure a vues naître, depuis l'assemblée des états, ont tellement enflammé les désirs du peuple, et lui ont donné l'idée de changements si radicaux, que rien ne le satisferait maintenant de ce que pourraient faire ou le roi ou la cour. »
2.
Si la Révolution française fait figure d’événement déclencheur de la modernité, c’est qu’avec elle se met en branle, à une échelle sans commune mesure avec tout ce qui l’avait précédée, un processus de réorganisation complet de l’ordre social selon des catégories conceptuelles qu’on veut avant tout fondées en raison. Autrefois la tradition primait, car sacrée du sceau surnaturel de Dieu et de l’héritage indiscuté des générations depuis le fond des temps. Désormais, on s’affranchit de toutes les anciennes normes : l’esprit rationnel en a fait la critique exhaustive en même temps qu’il en détruisait la substance. Comme on dit à l’époque, il est question de régénération de l’humanité — et il faut, ici, souligner que ce geste de rupture radicale et systématique avec le passé, ainsi que la foi inébranlable dans le bien-fondé des valeurs les plus neuves, est une des marques distinctives de la modernité.
Pour faire advenir concrètement les nouveaux concepts révolutionnaires — par nature abstraits3, puisqu’ils ne découlent plus de la coutume mais de la raison seule — tels que les Droits de l’Homme ou l’égalité, il faut reconstituer da capo une légitimité politique, et donc détruire la précédente et tous ses vestiges. Tout doit être renversé, simplifié, élagué, épuré au moyen du langage rationnel. C’est « le passage de toute la société à l’abstraction » (A.A Upinsky).
Projet de division territoriale du comité Sieyès-Thouret
Cette opération de purge commence par l’exécution du roi — la personne physique incarnant à elle seule l’héritage politique de l’Ancien Régime. À cette incarnation on substitue la représentation du nombre, c’est-à-dire, en théorie, tout le monde — mais physiquement : personne, d’où, là encore, abstraction. On intervertit souverain et peuple. On remplace Dieu par l’Être suprême. La hache sanglante du bourreau par la lame égalisatrice de la guillotine. Le calendrier grégorien par le républicain, pour qu’y disparaisse toute trace du passé chrétien : avec l’an I de la République, on repart ainsi littéralement à zéro. Dans l’armée révolutionnaire, « les appellations coutumières des régiments dispar[aissent] et [sont] remplacées par de simples numéros4 ». De même on supprime la variété chaotique des anciens poids et mesures, ancrés dans des réalités quotidiennes et locales (la lieue, le pied, la brasse, la barrique, etc.), au profit d’un nouveau système métrique universel. Un projet de réforme territoriale — la proposition du comité Sieyès-Thouret — entendait même, de son côté, découper le royaume en 80 départements de forme carrée, géométriques et égaux, de 70km2 chacun. Plus tard, le code civil de Napoléon et l’haussmannisation de Paris au Second Empire répéteront ce même procédé de transformation radicale et d’épuration rationnelle dans la loi et l’architecture.
Au travers de cette refonte généralisée où la société se fait elle-même, s’autonomise, où elle rentre en possession des moyens de sa transformation, l’État, selon Marcel Gauchet, vient peu à peu prendre la place vacante de ce qu’il nomme l’Un sacral — autrement dit, du signifié transcendantal perpétuant le sens de la collectivité par son autorité fondatrice. C’est pourquoi l’idée de Nation est si fondamentale dans l’imaginaire révolutionnaire : il faut trouver une nouvelle substance capable de nourrir et soutenir la fragile légitimité du pouvoir encore jeune. Dire que le peuple est souverain ne suffit pas : ce n’est que pur langage formel. Il en faut une représentation vivante et imagée — en un mot : quelque chose par lequel et pour lequel on puisse vivre et mourir. Une telle représentation prend toujours la forme d’un symbole archétypal autour duquel s’organisent et gravitent les sociétés, et qui porte avec lui ses propres corrélatifs et déterminants. De l’Un sacral chrétien dérivait le monde immuable, les hiérarchies figées, le salut de l’âme, le mythe du paradis céleste rejoint après la mort. De la Nation républicaine découle le monde historique, la mobilité sociale, le bonheur individuel, le mythe du progrès matériel réalisé dans la vie.
On passe donc de la proposition [Dieu — Roi — Sujets] à la proposition [Histoire — Nation — Individus]. Et cette irruption de l’histoire comme nouvelle catégorie transcendantale se répercute immédiatement dans le domaine des arts5, puisqu’ils sont toujours nourris, de façon consciente ou non, par le fonds métaphysique d’une époque, son impensé spécifique. Ainsi Balzac invente le roman réaliste en introduisant dans la fiction l’histoire la plus récente, quasi immédiate. Il brosse l’immense fresque d’une comédie humaine en train de se faire devant lui, où des individualités concurrentes et passagères, en quête de réussite personnelle, rentrent en collision. En peinture, on abandonne peu à peu les sujets mythologiques pour privilégier la vie prosaïque, ordinaire : c’est Le Déjeuner sur l’herbe ou L’Enterrement de Manet, ce sont les chevalets impressionnistes posés en extérieur, au pied des fleuves, des fêtes, des bois, des rues. De même, le poète avec Baudelaire se fait flâneur dans la ville en mouvement, chasseur de spleens croquant « Les petites vieilles », « Les yeux des pauvres », ou encore un crépuscule, un couchant, une chevelure, une charogne. Le référentiel change partout en même temps que le public : on délaisse le passé pour le contemporain, l’éternel pour le temporaire, le mythe pour le civil, l’aristocrate pour le bourgeois. Bref : nous sommes vraiment rentrés dans la modernité.
Une dernière allégorie pour nous éclairer à son propos. Au milieu des années 1850, la modernité entre alors dans son printemps, après avoir — sans pouvoir se réaliser concrètement — longuement hiverné dans les esprits tout au long du XVIIIe. En 1851, on élève à Londres, pour abriter la première Exposition universelle, un singulier bâtiment à l’architecture révolutionnaire. C’est le Crystal Palace : un immense palais de fonte et de verre dont les plus hautes nefs s’élèvent à près de 40 mètres. Avec ses parois translucides, ses dimensions incommensurables, ses pavillons, ses fontaines, son luxe et son confort, ce bâtiment d’une modernité absolue représente, selon Sloterdijk, la métaphore architecturale parfaite de l’idéologie triomphant à l’époque — à savoir le libéralisme bourgeois. Prouesse rendue possible par la révolution industrielle en marche, le Palais de cristal manifeste aux yeux du monde les réussites du progrès scientifique et matériel. Il semble contenir, dans son immensité transparente où l’air est climatisé, l’entièreté d’un monde maîtrisable. En déambulant le long de ses arcades, commerces et jets d’eaux, il invite chaque individu à imaginer la vie mercantile et parfaitement raisonnable de l’humanité future. Et si ce lieu où tout est rationnellement pensé fera dire à Marx que « la bourgeoisie du monde érige son Panthéon (…) où elle expose, avec une fière autosatisfaction, les dieux qu'elle s'est elle-même créés », Louis-Sébastien Mercier, de son côté, n’aurait sans doute pas rêvé mieux…
Écrit par : Clément Gustin | 25/05/2022