L'happycratie: le bonheur jusqu'à la nausée (02/11/2019)
Dernièrement, je recevais un email d'un lecteur qui me proposait de parler de cet article: "Happycratie : Le bonheur, ad nauseam ?"
"Méfions-nous des apôtres du bonheur car l'industrie de la psychologie positive a pris le contrôle de nos vies", écrit Eva Illouz dans son livre.
D'après cette sociologue, le bonheur serait une sorte de marchandise émotionnelle qui appartiendrait au néo-libéralisme dans lequel il faudrait toujours réussir pour exister et donc, être une autre forme de manipulation.
La semaine dernière, le VIF m'a apporté des idées à ajouter qui allaient compléter ce billet.
Mon dernier article "La vérité, si je le veux ou si je le peux" répondait déjà partiellement et le titre que j'adoptais pour la vérité peut tout aussi bien être utilisé "Si je le veux ou si je le peux" pour le bonheur.
Le bonheur, on ne pourra jamais le forcer chez quelqu'un d'autre et quelqu'un d'autre ne pourra jamais l'introduire en soi.
On ne pourra jamais modéliser l'Homo dans sa globalité.
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Elle passait aussi sur le 28' de ARTE qui la présentait mieux et montrait le danger des émotions sans la protection de la raison.
Extraits des commentaires au sujet de son livre vont dans des sens divers :
- il faut déceler le « nœud », le « point de rupture » entre le sens généralement acceptable des concepts et le moment de leur détournement idéologique.
- les hommes se sont toujours préoccupés de vivre moins malheureux et plus heureux
- un défaut majeur de l'ouvrage est que la psychologie positive est présentée comme une doctrine unifiée.
- critique féroce du règne de l'individualisme à outrance, de ces pseudo-scientifiques grassement payés pour convaincre que chacun est responsable de son propre bonheur ou de ses malheurs, qui ne sont que des questions de décision personnelle, que l'organisation sociale délirante et exclusivement centrée sur les bénéfices des grandes sociétés n'est en rien coupable de l'appauvrissement humain, du repli sur soi, du délitement des solidarités.[...] Le livre se veut militant et n'est que pauvrement propagandiste.
J'ai suivi des cours de management dans lesquels ce sophisme de pensée se transporte d'un échelon de la hiérarchie sur l'autre.
Entre le marteau et l'enclume, il s'agit de garder le "team spirit" en motivant ses collaborateurs pour garder une bonne ambiance de travail. Cela passe parfois par le filtre des informations donc des mensonges par omission, par donner l'impression de leur donner une participation dans les décisions, par demander ce que les membres du "team" veulent entreprendre dans un avenir rapproché, par envoyer suivre des cours et des conférences pour se mettre à la page des nouvelles technologies... et j'en passe probablement d'autres étapes que l'on retrouve dans les jeux de rôles pour démêler des situations délicates dans ces cours de management.
Oui, tout cela j'ai connu au bénéfice de l'ode à la méritocratie et à l'esprit de la compétition.
Tout est bon à dire et à penser pour que le business fonctionne le mieux possible.
Je lisais la semaine dernière un article de Neuroland qui confirme parfaitement cette philosophie de l'happycratie--->>>...
... et cela m'a rappelé quelques souvenirs épineux...
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Chapitres de l'article de la sociologue Eve Illouz
1. Le bonheur comme seule raison d’être: devenu un enjeu majeur pour les entreprises et qu’il est au cœur des préoccupations politiques, économiques et sociales
2. Le bonheur, parce que je le veux bien: puisqu'il ne dépendrait pas tant de ce qu’on vit mais de la façon dont on perçoit et réagit à ce qu’on vit en tant que responsable.
3. Une pseudo-science aux faiblesses patentes: se basent sur des généralisations abusives, d’incertitudes, d’incohérences et de faiblesses méthodologiques.
4. Une discipline au service de l’idéologie néo-libérale: de leurs propres intérêts bien sûr, mais aussi de ceux des gouvernements, des institutions et des entreprises
5. Une aubaine aussi, pour l’entreprise: puisqu'un salarié heureux est plus performant, plus productif, plus engagé, plus autonome et plus flexible.
6. Le malheur du bonheur: c'est son sentiment de maîtrise, de contrôle de la vie dans une conjoncture plutôt morose et incertaine
7. Critique: Le modèle souffre d’amalgames et de raccourcis criants en confondant psychologie positive et pensée positive.
Comme commentaire critique personnel à l'article de cette sociologue, j'ajouterais qu'elle ne voit le bonheur qu'au niveau sociétal sans s'intéresser au niveau psychologique de l'individu.
Je pourrais être considéré en effet comme un vendeur de psychologie positive si elle ne faisait pas partie de moi à l'origine dès la naissance.
L'Homo publicus quand il devient social, ne voit plus la possibilité de l'Homo privata vita, l'autre face d'une même pièce, qui tend vers son confort individuel.
Ces deux versions de l'Homo sapiens peuvent être vécu totalement différemment quand la passion existe sur les deux faces.
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Psychologiquement vôtre
A tout voir de manière globale comme le fait la sociologue, c'est oublié de jeter un coup d'œil sur les psychologies des individus qui forment cette globalité dans le détail.
Commençons par être bancal en disant: "il vaut mieux être beau, riche, bien portant et être aimé qu'être laid, pauvre, malade et être détesté".
Le bonheur est, alors, plus à chercher dans la catégorie "Psychologie" que dans celle de la "Philosophie" .
En fait, le bonheur pourrait se définir simplement par pouvoir faire ce qu'on a envie de faire au moment où on le veut, mais ce n'est pas ou plus tout à fait vrai en fonction de différents paramètres personnels ou liés à l'environnement immédiat et aux liens sociaux que l'on connaît sur le Web.
La liberté à un prix. Même si elle n'est jamais totale, elle augmente ses chances dans un pays démocratique et diminue dans un régime autoritaire.
Entre être un état libertaire et liberticide, rien n'est pareil.
A la fin de l'article "Où se cache le bonheur?", il était question de principes de base et prônés par Emergence qui vient de sortir son nouveau livre "Prend soin de la vie" avec les recommandations "Prendre soin de soi, des autres et de la Terre ne sont pas des actions séparées. Puisque nous sommes liées les unes aux autres et que nous faisons partie de la nature, protéger l'une de ses dimensions c'est agir pour les autres. [..] Avec l'écopsychologie, ce champ d’investigation et d’action au carrefour de l’écologie et de la psychologie, questionne les relations entre les humains et leur environnement et vise à les rendre plus harmonieuses"
Gandhi disait "Le bonheur, c'est quand les paroles sont en accord avec les actes".
Mais tout cela joue dans la philosophie avec les cartes de la théorie.
Le bonheur au singulier se décline par son côté physique, la maladie en premier.
Récemment, la Belge Marieke Vervoort, championne paralympique d’athlétisme, cumulait courage, humour et abnégation alors qu'elle était atteinte d’une maladie dégénérative paralysant son corps avec douleur continuelle, est morte après avoir été euthanasiée et l'avoir annoncé sa difficile décision en 2016.
Le côté psychologique d'un individu importe parfois plus et peut détériorer un esprit sain dans un corps sain.
Dans la soirée de mercredi, deux émissions montraient bien la différence de situation et de réactions contradictoires vis-à-vis des événements, de l'adversité et des contrariétés de la vie.
Lors du 28' de ARTE était invité Salim Ejnaïni, le premier cavalier non-voyant à concourir à des événements équestres de haut niveau : il saute par-dessus les obstacles de la vie avec une force de caractère, enthousiasmante pour accepter le mauvais sort par un humour qu'il utilise dans son livre : "L’impossible est un bon début" :
La .2 présentait le film récent "États d'urgence" suivi d'un débat sur ce qu'endurent, ces derniers temps, les agents de police et leurs conjoints qui sont soit adulés lors des attentats terroristes, soit vilipendés en devenant des cibles et des bouc-émissaires du mécontentement lors des manifestations des Gilets jaunes.
La police est chargée de veiller aux concitoyens d'un pays mais est aussi aux ordres (mal)payés des autorités élues démocratiquement ou non.
Toujours à la recherche d'un équilibre difficile entre la vie professionnelle et la vie privé, ils en arrivent à connaître la détresse, la dépression qui parfois atteint son paroxysme dans le suicide dont le nombre s'élève en France à 53 depuis le début de l'année. Arrivé à ce stade, même l'esprit de corps, le sentiment de solidarité entre collègues qui y règne, ne suffit pas et le policier n'y recourt plus.
Trois articles dans ce blog ont le mot "bonheur" dans leur titre.
... et d'autres font partie de la catégorie "Psychologies" et sont là pour l'expliciter ou le compléter.
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Le bonheur par la pratique.
"Déploie tes ailes et sois heureuse" disait récemment le Roi Philippe à sa fille qui avait atteint l'âge de 18 ans pour prendre la charge de Reine.
Rien d'anormal à ce niveau-là. Hors jeu. Quoique quand on y regarde le protocole de plus près, autour de l'abdication de l'Empereur du Japon, et de sa cage dorée...
La psychologie nous apprend que le bonheur est bien plus complexe qu'on le penserait.
Il existe des personnalités complexes qui suivent une sorte de Loi de Murphy et qui pensent que tout ne leur réussira jamais par nature ou par une vue pessimiste des choses.
Benoit Poelvoorde est un cas particulier du gars rigolard qui tourne dans des films autour du bonheur ou du malheur.
"Du jour au lendemain" est l'un d'entre eux.
"Les émotifs anonymes", un autre.
Question: Puisque tout doit pouvoir se mesurer, faut-il faire l'inventaire de ses réussites et de ses échecs pour se sentir bien dans sa peau quand la balance penche du côté des "réussites" ou mal dans le cas contraire?
Souvent bipolaires, certaines personnes que j'ai connues, peuvent commencer la journée plein d'enthousiasme et dès que quelque chose les choque, se rendre des plus moroses.
Les adages de la loi de Murphy sont "Tout ce qui est susceptible d'aller mal, ira mal" et "S'il existe au moins deux façons de faire quelque chose et qu'au moins l'une de ces façons peut entraîner une catastrophe, il se trouvera forcément quelqu'un quelque part pour emprunter cette voie".
Le pessimisme, élevé au rang de principe fondamental de l'univers à dire que « le pire est toujours certain » deviendra vrai ou probable dans des manœuvres stupides prises sans réfléchir.
Le conception de sûreté préconisant de planifier et d'éliminer d'emblée les possibilités de mauvaise utilisation, se pratique à l'aide de détrompeurs pour éviter son extrapolation de la « loi de l’emmerdement maximum » (LEM)..
De toutes manières, « La catastrophe qui finit par arriver n'est jamais celle à laquelle on s'est préparé. », comme l'écrivait Mark Twain.
Se préparer au pire est un must pour répondre au principe de précaution, mais comme on dit que "le risque 0 n'existe pas", il faudra garder de la place au hasard sans s'accrocher à un destin prévu d'avance en dehors du "Point mort" final.
Autre sujet à caution, la chance, présentée comme atout de réussite, trouvé dans une loterie.
La chance n'est pas qu'une loterie, puisqu'il faut toujours quelque part la créer, la formaliser, la créer, la fomenter...
Le confort matériel, le pouvoir d'achat par l'argent ne fait pas le bonheur même s'il peut y contribuer, ne promet pas d'office le bien-être.
L'article "Un bout de chance ou de malchance?" prouve que c'est loin d'être clair au sujet de son efficacité mentale et psychologique.
Rentabiliser son bonheur ou sa chance n'est certes pas non plus garanti sur facture.
Une phrase avec deux mots volontairement tendancieux.
Je dis souvent "tant que j'ai la tête et les jambes, pour le reste, je m'en occupe". Les jambes, on peut toujours les remplacer par des roulettes, mais la tête....
La solidarité peut apporter du réconfort pour beaucoup de personnes seules.
La solitude pèse et a fait le succès de Facebook par les webophiles qui se tuent à répondre à tout ce qui passe sur leur smartphone entre les deux pouces.
Le côté négatif extrême de la solidarité, c'est peut-être parce qu'il apporte un sentiment de force en communauté de citoyens ordinaires, mais qui naïfs par cette communion d'idées et d'habitudes en arrivent à suivre n'importe quel beau parleur charismatique nationaliste au patriotisme mal compris. Les dérives de "Monsieur propre" qui devient dirigeant autoritaire jusqu'à prêcher une moralisation à outrance de la politique.
Les gens que l'on dit pompeusement cultivés et intellectuels présentés comme une élite et qui réfléchissent au sujet des relations humaines, peuvent accepter des échanges d'idées mêlées de bons ou de mauvais procédés tant que l'esprit critique reste aux commandes et que ces idées ne font pas partie d'une solidarité pétrie de radotages et de discours rassurants.
Oui, il faudra s'y faire, nous sommes dans une époque clownesque.
Bien sûr, Nicolas... mais, je reprends une vieille vidéo de la "Dérive des continents"....
Dans l'article "Ça craint chez les humains", j'écrivais : "pour vaincre la peur, il faudrait assumer ses réussites et ses échecs. Oser en étant conscient du risque que l'on prend sans pour cela, faire preuve d'héroïsme et finalement, recevoir une récompense pour ses actes à titre posthume".
On ne peut jouer avec le feu et le faire peut apporter des surprises désagréables.
Les cascadeurs ont choisi un métier qu'ils savent dangereux.
Métier où il faut calculer et concrétiser les risques sans jamais se lancer tête baissée dans une impulsion regrettable.
A l'happycratie peut-être faudrait-il opposer la réaction spontanée à la désillusion devant la gestion effective de l’État qui, s'il ne peut rien, c’est à l'initiative citoyenne de s’organiser pour être directement acteurs du changement attendu.
(Sup)porter les autres et soi-même n'est non plus pas garanti sur facture.
La série "Living with yourself" devrait pouvoir donner des idées.
La recherche de plus de confort est naturelle pour les individus mais elle ne se vit pas de la même façon partout.
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Retour à la sociologique avec la situation belge
L’idée fondamentale du citoyennisme est d’atteindre la masse critique nécessaire pour engager un basculement des comportements de l’ensemble des individus d’une société. Cette philosophie renvoie la responsabilité à l'individu, au point de départ de ce que serait pour celui-ci, le bonheur ou le malheur psychologique.
La semaine dernière, le Vif présentait un dossier.
"Comment faire de la Belgique le pays le plus heureux du monde"
J'avais déjà fait cet exercice de recherche dans cet article "Les pays les plus heureux"
Donc, d'après l'article, les Belges ne sont pas mal lotis mais leur satisfaction est mitigée depuis quelques années alors que l’État ne va pas si mal.
La Belgique occupe la 18ème place sur 156 pays d'après l'OCDE et une moyenne entre 6,55 et 7,42 points sur 10 et accuse l'insécurité au travail, le coût du logement, la confiance dans l'administration.
"La Constitution ne garantit pas le bonheur, il faut le poursuivre par soi-même" disait Benjamin Franklin et c'est ce qu'a redit J.F. Kennedy lors de son investiture: « Vous qui, comme moi, êtes Américains, ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. Vous qui, comme moi, êtes citoyens du monde, ne vous demandez pas ce que les États-Unis peuvent faire pour le monde, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour le monde. ».
Dans les pays développés, une fracture entre croissance et augmentation du bien-être à la mode s'est produite dans le développement durable via un équilibre dans la lutte contre la pauvreté, la sécurité alimentaire, l'égalité des sexes, l'accès à l'éducation et aux soins de santé, un travail décent, la qualité de l'environnement, la gouvernance, la suppression de la corruption... Cela me rappelle bizarrement le billet "Et si tout était différent"...
Une foule de conditions très subjectives et personnelles entrave le bonheur.
En Belgique, une légère croissance économique, un niveau de chômage qui diminue mais une satisfaction moyenne reculée. Le modèle "job, job, job" a du plomb dans l'aile dans le domaine "bien-être".
Cette fois, c'est une première, une Première à la barre en pleine affaires courantes...
Quand les citoyens sont inquiets, ils optent pour le vote populiste et dénonce cette happycratie à rendre l'économie plus performante en instrumentalisant le bonheur:
1. Des gens mieux dans leur peau s'engagent davantage dans le travail et les entreprises les retiennent plus longtemps.
2. Satisfait de la vie a un impact sur la santé publique et le comportement en devenant plus sociable, plus enclin au bénévolat et aux donations.
3. Consacrer de l'argent à la santé mentale donne un impact positif qui couvre deux fois le coût de l'investissement
4. De fait, une attitude qui renforce le modèle capitaliste comme on a pu le constater dans "La vérité si je veux ou si je peux"
5. Dès le niveau de développement moyen atteint, réfléchir à le rendre durable, qualitatif et inclusif pour traduire la croissance en davantage de bien-être.
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Volets proposés pour être plus content de la vie
1. Transmettre la confiance dès l'école: faire reculer le redoublement, évaluer autrement les élèves, coopérer dès 6 ans, développer des compétences non cognitives
2. Affronter les problèmes de santé mentale. Renforcer les équipes, anticiper les problèmes de santé mentale, assurer la continuité des soins, limiter la consommation des médicaments, impliquer les patients
3. Rendre la ville désirable: opter pour le design collectif, logements en espaces communs attractifs, consommer moins de ressources, faire des interventions ciblées, repenser la dimension des logements
4. Lutter contre la pauvreté: relever les allocations sociales, opter pour l'individualisation des droits, plus d'habitats d'utilité publique
5. Garantir l'épanouissement au travail: autonomie du travailleur, confiance dans la direction, exercer le job qui fait sens, augmenter la satisfaction
6. Réinstaurer la confiance dans les institutions: lutter contre les inégalités trop flagrantes, revigorer les valeurs communes, enseigner la citoyenneté, promouvoir l'éthique via la transparence.
Cette semaine, c'était aussi aux médias par le "journalisme constructif" de donner quelques solutions.
Les manifestations de Gilets jaunes qui se sont réveillés en Europe, ne correspondent ni aux manifestations de Santiago du Chili ni à celles de Beyrouth au Liban et encore moins à celles à Hong Kong.
On vient de déplacer la dépouille de Franco de son mausolée qui a gardé ses partisans, celle de Mussolini à Predappio a aussi ses fans nostalgiques
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"Friedrich Nietzsche. L'éternel retour"
... le titre d'un Hors-série de Le Monde.
Selon Zarathoustra "Le courage de la lucidité du surhomme ne recommanderait au fond rien d'autre que le bonheur sans illusion.
L'illusionniste, poète, avouait renoncer à la lucidité et succombera à la tentation de l'ombre de l'illusion.
L'aphorisme serait de dire que l'homme est une créature qui, aimerait tant souffrir"
La phrase célèbre "Dieu est mort" apparaît dans son livre "Gai savoir".
Cela m'a donné l'envie de réécouter "Also sprach Zarathustra" de Richard Strauss qui est le titre original de l'œuvre philosophique de Friedrich Nietzsche
Pour Nietzsche, en devenant presque trop humain. L'homme en perd son latin, son énergie vitale, foisonnante, dionysiaque qui le soulevait à l’époque grecque, quand il se laissait posséder par le désir et la danse, acceptait son destin comme le tragique de toute vie. Depuis, ça craint chez les humains, l’homme a pris peur et a préféré l’asservissement de l’idéal et du bien-être, croire en un dieu abstrait salvateur et en un État salvateur en laissant l’argent corrompre jusqu’à la Terre. Pour échapper à cette course folle vers le nihilisme et la morbidité en retrouvant la joie, la créativité et le respect de la « Vie », il faudra que ce genre d'homme inverse toutes ses valeurs, se réinventer, se surmonter et dire « oui » à la vie.
Alors, comme tous médecins ou psys diraient après l'auscultation que quand il y a un problème de santé qui n'est pas dû ni à son patient ni à son environnement, c'est qu'il doit y résider un autre problème plus insidieux au niveau de la perception devenue phobique d'une situation et que la théorie du chaos et du grand effondrement perturbent sa vision émotive...
Le Vif avait aussi un entretien avec le cycliste de profession belge, Philippe Gilbert.
Le titre "La vie en peloton, c'est un peu comme la migration des gnous".
La politique l'a approché, mais, il a répondu "le but de sa vie n'était pas de faire des interviews même si je suis politisé. Il n'y a plus vraiment de gauche et de droite mais je donne toujours priorité aux gens qui travaillent. Avec les schémas existants, on dira que je suis plus un homme de droite. Une forme de sélection naturelle existe dans la méritocratie qui ne peut s'adapter à la vie de tous les jours. Vivre à Monaco et profiter des avantages fiscaux qui en découlent. L'argent ne peut pas nuire. J'ai eu de la chance de pouvoir m'y installer il y a dix ans où j'y ai ouvert un magasin de cycles à vivre dans un certain milieu avec mes propres valeurs. Il faudrait être stupide de vivre à Nice."
En ce jour des morts, c'est le moment de faire le bilan.
On peut commencer par de la philosophie ou par l'apport d'une visite au cimetière même si pour certains ce ne serait pas très écolo.
Aujourd'hui, non, c'est aussi avec une météo au top pour regarder des films et des séries...--->
<<---...ou de lire un livre, un poème pour trouver la vie rêvée ou n'importe quoi d'autre.
Je ne suis jamais allé vivre ni à Nice ni à Monaco, j'ai fait ce que je voulais quand je le voulais parfois même dans la turbulence.
J'espère avoir pu apporter à quelqu'un le bonheur, le plaisir naturels par le rire et la (auto)dérision sans aucune nausée.
Contributeur pendant la partie active de ma vie, je ne pense pas avoir influencé quelque chose ou quelqu'un.
Pour rester lucide et pas présomptueux, ma réponse ne peut être que négative...
Merci à celui qui m'a fait réfléchir à l'happycratie et au Vif pour plusieurs articles dont j'ai repris les idées de départ.
Eriofne,
3 novembre 2019: Décès de Marie Laforet... Hommages
5/11/2019: "Raoul Taburin" nouveau film de Poelvoorde
21/1/2020: Boris Cyrulnik était invité pour expliquer que si on cherche le bonheur, forcément on ne le trouve pas.
Commentaires
La politique belge coincée : le possible gouvernement violet-jaune pressé à mort, violet-vert mort-né
Qu’est-ce qui se passe exactement? Le roi Philippe et son chef de cabinet, Vincent Houssiau, ont « pris en considération » la démission des préformateurs Geert Bourgeois (N-VA) et Rudy Demotte (PS). Le palais procède actuellement à une série de consultations avec les présidents des partis. Aujourd’hui, c’est Sophie Wilmès (MR), Premier ministre, qui sera reçue, mais aussi les présidents du MR, du sp.a, d’Open Vld et du CD & V. Pour les démocrates chrétiens, ce n’est pas le duo intérimaire Griet Smaers et Cindy Franssen, mais le vice-Premier ministre Koen Geens qui est autorisé à s’y rendre : il est le négociateur fédéral. On ne sait pas encore si les présidents verts seront également invités plus tard.
La mort de la coalition violette-jaune : La question est de savoir si les présidents des partis pourront en dire long sur le fait que le roi et son chef de cabinet eux-mêmes ne le savent pas depuis longtemps. La situation semble très sombre. Le violet-jaune semble avoir été complètement écrasé, à la suite des déclarations d’hier. Le film du jour :
La N-VA a envoyé son leader Ben Weyts dans la matinée aux studios de radio pour répéter les arguments de départ des nationalistes flamands: un gouvernement de centre-droite ou un gouvernement de gauche, mais avec une réforme communautaire vers le confédéralisme. Donc, l’un ou l’autre : un présage révélateur de ce que l’on avait vu venir, une réaction du PS.
Le roi a fait preuve de prudence, « prenant en considération » la démission du PS et de la N-VA.
Le PS a applaudi via le président Paul Magnette, puis a lui-même claqué la porte de la N-VA le soir, sur presque toutes les chaînes francophones et néerlandophones: « Il y a d’autres formules possibles, la N-VA n’est pas incontournable. » Magnette a ensuite brûlé un possible gouvernement violet-jaune.
De cette façon, Magnette a nié qu’il pourrait être question d’une réforme de l’État. C’est pourtant exactement ce que le PS a fait avec la N-VA ces dernières semaines: « On a constaté que la N-VA ne veut pas parler de social et revient avec l’institutionnel, ils veulent scinder toutes les fonctions fédérales. Nous n’allons pas discuter avec la N-VA sur ces sujets. » Et encore: « Si la N-VA pense que l’institutionnel est la priorité, qu’ils essayent de former une majorité ».
La grande question? Le violet-jaune est-il maintenant « éliminé correctement » ? Cette question est cruciale pour passer à l’étape suivante : un scénario de gouvernement violet-vert. La réponse :
Open Vld et CD & V, qui sont nécessaires pour former un gouvernement sans la N-VA mais avec le PS, ne peuvent le faire que si la N-VA a eu de très nombreuses possibilités de participation au niveau fédéral. Les deux plus petits partis flamands, qui sont également partenaires de la coalition de la N-VA au sein du gouvernement flamand, ne peuvent se permettre de laisser tomber leur grand partenaire, à moins que cet « adieu » à la N-VA obéisse à une chorégraphie parfaite.
Il n’en est rien aujourd’hui : le PS a été attaqué sur le flanc communautaire par le MR, qui renonce à toute forme de réforme de l’État. Les libéraux francophones ont été avertis que la N-VA et le PS travaillaient sur une réforme de l’Etat : exactement ce que le Premier ministre Charles Michel (MR) avait « arrêté » avec la coalition suédoise.
La chorégraphie que Paul Magnette a faite au cours des dernières 24 heures est une réponse à la N-VA, mais elle était également censée bloquer le MR en Belgique francophone. Ce n’est pas la première fois que le PS communique principalement avec la Belgique francophone et ne prête pas beaucoup d’attention à la Flandre.
Le résultat est qu’aucune condition cruciale pour que le CD & V et Open Vld puissent dialoguer avec le PS n’est remplie : le PS a mis la N-VA à la porte, de sorte que Bart De Wever et ses collègues disposent désormais d’un boulevard communicatif pour exprimer leur indignation.
Dans De Ochtend, le vice-président de la N-VA, Lorin Parys, en a déjà donné un avant– goût : « Alors que De Wever était encore assis avec le roi, Magnette faisait déjà de grandes déclarations dans les studios de télévision. » Et aussi : « Selon ses explications, nous avons soudainement été exclus avec le communautaire. Le communautaire a toujours été sur la table : c’est un peu comme blâmer le pape d’être catholique. »
Pression sur le CD & V et sur Open Vld : Open Vld et CD & V voient bien ce que l’avenir leur réserve : il y aura une pression pour aller dans le sens du violet-vert. Mais le contexte n’est pas là. Dans De Ochtend, l’homme fort Hilde Crevits (CD & V) a immédiatement réfuté cette possibilité : « Il est logique que les deux grands groupes se regardent dans les yeux et prennent la responsabilité de diriger le pays ensemble. De préférence avec une majorité des deux côtés ». Les chances que l’un des deux petits partis flamands morde à l’appât après les déclarations de guerre de Magnette sont très faibles.
Le rôle crucial du roi : le palais peut jouer un rôle intéressant ici. Le roi et son chef de cabinet ont ces options:
vont-ils continuer à faire pression sur le PS et la N-VA en les sollicitant presque en permanence ? Cela signifie en réalité « plus de la même chose », avec des semaines d’embrouilles, car il n’y aura pas d’accord entre les deux. Les chances sont grandes, car il n’y a pas de véritable autre option. « Tout d’abord, il faut que la situation pourrisse un peu plus avant de pouvoir avancer », telle est la conclusion des initiés depuis des mois.
Ou le palais donne-t-il l’initiative au MR ? Sous l’ancien Premier ministre Charles Michel, on se dirigeait depuis des semaines vers un scénario avec un gouvernement d’urgence, il serait étrange que l’actuelle Première ministre Sophie Wilmès ait autre chose en tête. De plus, le MR a très fortement fermé la porte du communautaire : ils peuvent maintenant essayer de tout faire coller. Et un tel gouvernement d’urgence peut mener à un gouvernement violet-vert, exactement comme le souhaite le PS.
Ou bien le palais ira-t-il encore plus loin : permettront-ils à l’Open Vld et/ou au CD & V d’entrer en scène ? Ils ont déjà mis beaucoup de pression pour créer une coalition violet-vert. Des noms comme Patrick Dewael (Open Vld), ou, plus extrême encore, Guy Verhofstadt (Open Vld) ne seraient pas illogiques si un gouvernement violet-vert devait être formé, mais le palais irait loin dans la logique de Magnette. Cela semble illogique pour le moment, étant donné tout ce qui précède : la chorégraphie n’est pas bonne pour l’Open Vld et/ou le CD & V.
Le principal : le violet-jaune n’est plus possible car le PS y a complètement mis fin. Mais pour le violet-vert, il est trop tôt : poussez-le maintenant, et vous en ferez immédiatement un mort-né.
En coulisses : le scénario d’élections anticipées continue de circuler et sonne certainement de plus en plus fort en Belgique francophone. Le PS en fait une jaunisse, la presse prend le relais. Seulement, ce qui s’applique au communautaire s’applique également aux élections anticipées : le PS ne recherche alors qu’une majorité à la chambre. Des élections anticipées ne sont pas possibles sans l’approbation de plus de 75 des 150 députés. Et personne ne veut retourner aux urnes, à l’exception du Vlaams Belang.
https://fr.express.live/gouvernement-belge-coalition-violet-jaune/
Écrit par : L'enfoiré | 05/11/2019
Michel Onfray: "La crétinisation progressive du peuple représente un vrai problème"
Dans son ouvrage "Théorie de la dictature", Michel Onfray présente l’œuvre de George Orwell comme une grande préfiguration du monde contemporain. Le philosophe, qui ne craint pas la polémique, décrit ici la nouvelle forme de dictature à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés… Entretien.
- George Orwell est, selon vous, un immense penseur politique. Il a fait le portrait des totalitarismes du vingtième siècle et a anticipé notre temps. En quoi notre époque porte-t-elle la marque du totalitarisme? N’est-ce pas un peu exagéré? Sommes-nous vraiment entrés dans une nouvelle forme de dictature?
- Non, ce n’est pas exagéré, car je ne dis pas que nous sommes revenus au nazisme ou au stalinisme. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas comment fonctionnait le totalitarisme auparavant, mais comment il fonctionne à l’heure d’internet, des data et des téléphones portables. Ce totalitarisme contemporain n’est pas casqué ou botté. En revanche, nous vivons dans une société de contrôle: le fait que l’on puisse être écouté en permanence, le fait qu’on accumule des données sur nous, etc. Cette société de contrôle est à un point d’incandescence jamais atteint.
- Les nouvelles technologies ne possèdent donc aucun avantage à vos yeux?
- Ces gens sur la côte ouest américaine ont un projet de domination du monde ainsi qu’un projet transhumaniste. "
Nous sommes dans une espèce de servitude volontaire vis-à-vis des nouvelles technologies. Mais parfois, c’est extrêmement pervers. Par exemple, pour assurer la confidentialité, on vous demande d’accepter certaines choses… Mais, en acceptant, on donne certaines informations aux Gafa. On peut accepter le dispositif de contrôle, mais on peut aussi le refuser. En même temps, si vous le refusez, vous ne pouvez plus vous déplacer en train, en avion, etc.
- C’est ça qu’Orwell a bien anticipé?
- Orwell pense avec l’aide d’un roman. Il utilise la fiction. Mais sa science-fiction a cessé d’être fictive; elle est devenue science. Ce télé-écran qui nous surveille en permanence existe aujourd’hui. Nous y sommes. Orwell a inventé des choses au sujet du contrôle et de l’invisibilité des pouvoirs. Ce qui distingue le totalitarisme ancien et le totalitarisme nouveau, c’est précisément cela. Avant, le pouvoir avait un visage identifiable. Aujourd’hui, qui décide? Où sont les gens qui rendent cela possible? À mon sens, ces gens sur la côte ouest américaine ont un projet de domination du monde ainsi qu’un projet transhumaniste.
- Le capitalisme débridé est-il aussi responsable de cette situation?
- Le capitalisme ne disparaîtra pas: il est consubstantiel à l’homme. Aujourd’hui, il n’a plus aucun ennemi en face de lui. Avec la chute du bloc soviétique, le capitalisme a estimé qu’il pouvait triompher. Certains, comme Fukuyama, ont même affirmé que c’était la fin de l’histoire, la victoire intégrale du néolibéralisme. Cependant, le monde n’est pas fait uniquement de capitalistes et de communistes. Il y a aussi des puissances spirituelles, comme l’Islam. On l’a vu lors du 11 Septembre 2001.
- La démocratie représentative est-elle morte, selon vous?
- Oui. Le peuple et les représentants ne coïncident plus du tout. Dans les assemblées et les Parlements, il y a une surreprésentation des professions libérales, comme les avocats, les enseignants, etc. On y trouve peu de bergers, de chauffeurs de taxi ou d’étudiants. Ce qui signifie qu’il y a une partie de la société qui n’est tout simplement pas représentée. En outre, pour espérer être élu, il faut avoir de l’argent, se fondre dans un dispositif, passer par le moule d’un parti. Cette démocratie représentative a fait son temps. Le référendum au sujet du traité de Maastricht a été une parfaite incarnation de sa limite: les élus votent contre le peuple.
- Comment définissez-vous le populisme que l’on craint tant aujourd’hui, vous qui faites confiance au peuple pour relancer la démocratie?
- Je n’ai aucun mal à me définir comme populiste. Cependant, je fais une différence entre les populistes et les "populicides". C’est là que réside le problème; et non, comme on nous le fait croire, entre les populistes et les démocrates. Macron, Chirac, et Mitterrand avant lui, sont des "populicides". Ces gens ne veulent pas gouverner pour le peuple. Le référendum d’initiative citoyenne est une idée très intéressante. L’idée qu’il y ait des élus qui soient révocables est une bonne chose. Évidemment, dans le contexte actuel, la crétinisation progressive du peuple représente un vrai problème. Et là, je vais vous surprendre par rapport à ce que j’ai dit auparavant: le grand avantage d’internet, c’est que le peuple peut aller chercher des informations alternatives. C’est formidable, un peuple qui décide de se prendre en main. Qu’un texte de loi puisse être pensé et critiqué par le peuple représente une très belle idée.
- Que pensez-vous des mouvements de désobéissance civile qu’on voit apparaître?
- Quand Thoreau parlait de désobéissance civile, il parlait de la guerre contre le Mexique. Quand Martin Luther King s’en empare, c’était pour lutter contre le racisme. Même chose pour Ghandi, lorsqu’il veut l’indépendance de l’Inde. Aujourd’hui, tout le monde pense que la désobéissance civile doit marcher tout le temps. La question qui se pose à travers tous ces mouvements est celle-ci: quelle est la grande cause qui est défendue? Force est de constater qu’il s’agit souvent de soi. Par exemple, un enseignant va refuser de faire une dictée ou de faire passer un examen parce qu’il n’est pas d’accord avec une loi du ministre de l’éducation… Refuser de faire une dictée ne vous transforme pas en Jean Moulin. J’ai une haute idée de la Résistance. La désobéissance civile doit être réservée aux grandes causes communes.
- Comme l’urgence climatique?
- Non, la grande cause commune, ce serait le triomphe des gilets jaunes. L’urgence climatique est le faux nez du capitalisme. Par exemple, les voitures électriques qu’on nous présente comme écologiques ne le sont pas. On veut nous refourguer un capitalisme vert, soi disant "éco-responsable". Aujourd’hui, lorsqu’on veut nous faire acheter un produit, on vous dit qu’il est "bio". L’écologie véritable, à laquelle j’aspire, est prise en otage par cette écologie urbaine qui est entre les mains des publicitaires. On joue avec le réchauffement climatique, qui est indéniable, en méprisant ses causes véritablement scientifiques.
Greta Thunberg, à propos de laquelle vous avez consacré un texte très polémique, est aussi selon vous une figure de ce capitalisme vert?
- Cette jeune fille est aux mains du capitalisme vert qui utilise l’écologie comme un bon argument de vente. À son âge, aussi intelligente soit-elle, je ne peux pas imaginer qu’elle puisse disposer des arguments nécessaires lui permettant de maîtriser l’ensemble des enjeux scientifiques derrière la question écologique.
- Comment analysez-vous les différents mouvements sociaux aux quatre coins de la planète? Y a-t-il quelque chose qui, hormis les différences, les rassemble?
- Aujourd’hui, ce n’est plus possible d’envoyer les militaires dans la rue, car tout le monde vous tombe dessus grâce, là aussi, à la circulation de l’information. Cependant, j’ai peur que tous ces mouvements ne soient qu’une espèce de grand frisson démocratique. Un dictateur s’en va et un autre le remplace... Et on pense que ça change tout. Ce n’est pas parce qu’on mettrait Macron à la porte et qu’on placerait Muriel Penicaud à sa place qu’il s’agirait d’une grande révolution démocratique. Tous ces mouvements sont le signe d’un ras-le-bol des peuples. Ils n’en peuvent plus de voir qu’il y a des fortunes insolentes et qu’il y a des gens qui font des guerres dans le seul but de s’enrichir. Comme Trump qui, avec un cynisme incroyable, déclare, après avoir tué Baghdadi, qu’il a fait ça pour sécuriser le pétrole… Aujourd’hui, grâce aux réseaux, les gens sont capables de descendre dans la rue très rapidement. Ce soulèvement des peuples me réjouit et, en même temps, je crains qu’il soit récupéré par les démagogues qui sont toujours là en embuscade. Les gilets jaunes ont été récupérés par Mélenchon, par la violence des casseurs et des Black blocs, etc. En quelque sorte, c’est la leçon de l’histoire: les peuples souffrent toujours de cette récupération.
- Vous n’hésitez pas à être volontairement polémique. Est-ce bien le rôle du philosophe? L’intellectuel contemporain doit-il être nécessairement engagé?
- Oui, il faut des paroles d’intellectuel dans un monde où n’importe qui fait l’intellectuel. De nos jours, tout le monde donne son avis et nous dit comment le monde doit fonctionner. Je ne vois pas pourquoi on s’étonne que j’intervienne sur tous les sujets. Pourquoi serais-je moins légitime qu’un footballeur?
- Vous écrivez: "La langue est attaquée". Qu’entendez-vous par là?
- Mon père a été élevé par l’école républicaine. Il savait écrire sans faute. Il ne faisait pas d’erreurs de logique. Il avait appris quelques grands classiques de la littérature. La destruction de l’école a entraîné la destruction de l’intelligence. Il s’agit moins de former un citoyen qui pense que de créer un consommateur qui paye. On apprend de moins en moins de choses. Certains nous disent qu’il ne faut plus faire de dictées, de grammaire, etc. Or, le cerveau est un muscle: si on ne l’entretient pas, il entre en dégénérescence…
- À la fin de votre ouvrage, vous déclarez: "Je ne suis pas bien sûr de vouloir être progressiste". En quoi le progressisme peut-il incarner, selon vous, une forme de nihilisme?
- Je suis opposé au progressisme tel qu’il nous est présenté actuellement. Le progrès n’est pas un bien en soi. Il peut y avoir un progrès du mal, de la mort. Dire à une femme pauvre qu’on va louer son utérus pour avoir un enfant ne représente pas, à mes yeux, un progrès. En ce sens, je ne suis pas un progressiste. Je ne joue pas à ce jeu qui consiste à opposer systématiquement les méchants populistes et les gentils progressistes.
- Le socialiste libertaire et l’anarchiste que vous êtes peut donc être aussi conservateur?
- Bien sûr. La retraite a 60 ans, c’est très bien. Il faut la conserver. D’où vient cette drôle d’idée que parce que l’on vit plus longtemps, il faudrait nécessairement travailler plus longtemps? Bien au contraire, il faut réduire la pénibilité et c’est très bien que des ouvriers partent tôt à la retraite. Faire des enfants tout nu sous la couette, ça a marché pendant des siècles. Pourquoi aller au-devant de problèmes en voulant tout changer? Il faut conserver ce qui a fonctionné. Le changement à tout prix n’a aucun sens. Si on me donne la preuve que c’est mieux, je veux bien l’accepter, mais sinon… Aujourd’hui, on a l’impression que notre civilisation avance en aveugle.
https://www.lecho.be/opinions/general/michel-onfray-la-cretinisation-progressive-du-peuple-represente-un-vrai-probleme/10179117.html?rc_source=echo&rc_medium=unknown&rc_content=article-list
Écrit par : L'enfoiré | 06/11/2019
Je viens de lire cet interview de Michel Onfray et je suis d’accord sur presque tout.
La pierre angulaire étant l’enseignement et l’éducation. Si le but est de créer des consommateurs et des travailleurs obéissant aux règles édictées par les multinationales et le capitalisme financier alors c’est crétiniser les citoyens. Et cela se terminera en dictature.
Par contre si celui-ci est de développer son intelligence et sa capacité de libre arbitre alors il y a un espoir.
J’entendais une décision du gouvernement flamand dévaluer leur connaissance linguistique des enfants de 5 ans. Le but étant de déterminer si des remédiations sont à prévoir. L’absence d’esprit critique serait d’applaudir une décision qui irait dans un sens disons positif.
Par contre un esprit critique vous dirait, décider l’obligation d’aller à l’école dès l’âge de 3 ans et donner les moyens humains aux éducateurs de préparer les enfants à l’école primaire. C’est le seul moyen de réduire le risque d’inégalités linguistiques avant l’entrée à la grande école.
Alors la question serait : pourquoi ne le fait on pas ? Deux réponses : cela coûtera trop chère, on a pas (plus) d’argent pour cela. Et il est de loin préférable de créer des cretins incapable de jugement pour alimenter la société de consommateurs obéissants.
Je pense que mes commentaires rejoignent ceux de Michel Onfray au travers d’un exemple très pratique et fondamental.
Écrit par : Don Quichotte | 07/11/2019
Article qui rectifie le tir.
"Le monde ne va pas s’effondrer, mais où sont les sages ?" par Bernard Dugué
Non, le monde ne va pas s’effondrer, la planète ne va pas se venger, les océans ne vont pas déborder et le climat ne va pas nous déloger. Les causes du déclin ou de la fin des civilisations ne sont pas d’ordre économique ni politique ni climatique. Si effondrement il y eut par le passé, c’est un effondrement psychique, liée à la vie des âmes, et aux répercussions sur les sociétés, âmes déprimées, habitées par l’acédie, le nihilisme, le dégoût de vivre et les passions tristes, la vengeance. Nous n’en sommes pas encore là.
Suite:
https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/le-monde-ne-va-pas-s-effondrer-219235
Écrit par : L'enfoiré | 14/11/2019
Boris Cyrulnik était invité pour expliquer que si on cherche le bonheur, forcément on ne le trouve pas.
http://vanrinsg.hautetfort.com/media/00/01/2736550333.mp3
Écrit par : L'enfoiré | 21/01/2020