13/08/2016
Et si tout était différent
- Salut l'ami, tu dors?
- Oui, mais, vas-y, raconte, mon subconscient va te répondre.
- Ça tombe bien, je vais te parler de l'autre côté du miroir, dans un monde ou tout est différent. Pour l'été, La Première belge diffuse une série de sketchs qui commencent tous par "Et si..." mêlant l'humour au sérieux. Ecoute-les....
- Je les écoute et je reviens.
- Ok.
- Belle entrée en matière. C'est du sérieux délire parfaitement déjanté. Je n'ai pas tout compris, faut dire que c'est parfois un peu trop belge, une fois.
- Tu as raison. Comme je t'ai déjà dit souvent, nous aimons le surréalisme qui fait partie des mystères du monde et l'autodérision. Et si nous prenions ensemble encore un peu plus de recul, en imaginant que tout était différent? Les séquences continueront à sortir dès la semaine prochaine, je t'en donnerai la suite.
- Nous sommes déjà tous différents. C'est déjà un total melting pot et tu voudrais que tout serait différent. On ne reconnaîtrait plus ses jeunes et ses vieux. Alors si tout ce qui nous entoure était différent, ce serait le désordre complet. Tu deviens fous, dis? T'as pété un câble?
- Peut-être bien ou peut-être pas. Le cosmos est en expansion. Ce n'est pas vraiment le chaos, mais pour certains cela y ressemble déjà. Tout s'accélère. L'actualité passe l'espace d'un instant. Dès qu'on a le dos tourné, qu'on regarde dans le rétroviseur du temps, il a disparu pour se convertir en passé. Et s'il se convertissait en futur? Tu ne penserais pas qu'il y aurait de l'idée pour un génial dieu concepteur du monde? Nous avons pris l'habitude de tout synchroniser avec l'heure. De nous dire que quand nous avons un rendez-vous, qu'avant l'heure, ce n'est pas l'heure et qu'après l'heure, ce n'est plus l'heure et que le rendez-vous risque de tomber à l'eau. Les gens disent qu'ils veulent gagner du temps parce que le temps, c'est de l'argent. Le temps semble s'écouler d'un moment à l'autre toujours dans le même sens vers le futur alors qu'aucune loi de la physique ne dit que cela doit aller toujours dans ce même sens. Qui sait, le temps ne s'écoule peut-être pas du tout. Tout s'arrêterait sur image comme si l'appareil de projection du film s'arrêtait sur elle. Le passé n'aurait pas disparu et notre futur existerait peut-être déjà. Notre perception du temps nous fait penser que parfois, le temps accélère ou ralentit et que certains événements se déroule à l'envers de nos espérances. Tu te rends compte de la différence et de ce qu'on pourrait en tirer comme avantages ou comme inconvénients?
- Nos actes n'auraient donc ni début, ni fin?
- C'est ça. Plus de stress. Du temps sur mesure. Le temps et donc les décisions que nous prenons en fonction de lui, pourraient n'être qu'une illusion. C'est comme si sur internet, tu recherchais ce que tu ne trouveras jamais ou tu trouverais ce que tu ne cherchais pas. Je suis sûr que tu as déjà ressenti ce phénomène tellement, il y a d'informations sur Internet que tu peux y chercher et trouver.
- C'est un fameux bordel, Internet, ça c'est sûr. Cela voudrait dire que nos sens ou ce qu'on interprète avec eux, nous tromperaient, peut-être...
- "Croire et ne pas être" écrivais-je, il y a près d'un an. C'est déjà un bon début de penser un peu plus et être critique avec nous-mêmes, non?
- Tu as raison la nature s'en fout des hommes et de leur humanisme. Elle ne sait pas ce qui est bon ou mal. Elle ne pense qu'à elle-même. Elle fait vivre les être vivants en générations successives et en testant toutes les situations qu'elle imaginerait dans la diversité. Elle disjoncte parfois. Elle crée des inondations, elle gèle l'atmosphère et parfois, elle crée des incendies en brûlant tout sur son passage en faisant varier les degrés du thermomètre.
- Ouais. Ce qui est sûr, c'est qu'elle ne sirote pas de vin de messe. Elle en a rien à foutre de tout cela. Elle obéit à ses propres lois de l'évolution. Elle teste les meilleures et les pires des situations pour trouver des solutions. Et quand elle se goure, elle élimine tout ce qui ne tient pas la route dans la longueur, après beaucoup de temps, tandis que nous le faisons avec beaucoup d'hésitations et très vite. Alors on va prendre quelques exemples et imaginer des différences majeures qui auraient un impact majeur sur notre existence d'être humain.
- Ok. Voyons l'interprétation du temps puisque Le Vif parlait la semaine dernière, des "récentistes".
- Pétris de complotisme, ils imaginent qu'après un cataclysme d'origine cosmique, la civilisation se serait créée, il y a seulement mille ans.
Mille ans, rien de plus... Voila les historiens qui vont avoir le hoquet ou se foutre à rire sous leur cape de velours.
Ces "récentistes" alignent ensuite les événements de l'Histoire avec ce "genre d'élucubration".
- Philippe Delorme, "Théories folles de l'Histoire" parle de cela dans son livre.
En 1991, Michael Jackson s'était inspiré de l’Égypte antique pour le clip de "Remember the Time".
La théorie du russe Anatoli Fomenko et de son livre "History: Fictions or Science?", sonnerait-elle le glas du temps ? Cette distorsion du temps n'aurait été rien de moins qu'une machination de l'Eglise catholique à partir du calendrier de Grégoire XIII de 1582. La Rome antique? Pas si antique que ça. Le "premier empire" aurait émergé au XIe siècle. Avant? Il n'y avait rien. Les historiens se sont tout simplement trompés...
- Loufoque, cette idée qui a pourtant trouvé de l'écho. Fruits de l'imagination fertile de complotistes acharnés, ces thèses partent du même principe: la vérité est ailleurs, on nous la cache.
- Après la constatation que "Une proposition est vraie, parce que rien ne prouve qu'elle est fausse.", on arrive à toutes les conclusions possibles et imaginables. Il y a une vidéo de pub pour le livre qui l'expliquerait...
... et un cours de l'auteur lui-même traduit du russe en anglais qui disait que le vérité peut être calculée.
- C'est pour cela que Andreï Anatolyevitch Zalizniak a catégorisé sa thèse comme une pseudo-science et l'a contré en disant qu'il faisait des erreurs de multiplication. D'autres théoriciens comme François de Sarre, partagent pourtant cette vision démoniaque.
- C'est de l'uchronie, non?
- Un peu, oui. De l'uchronie qui réordonnerait l'Histoire par une compression des événements dans une période de temps de mille ans. Une manière de faire le buzz pour ouvrir l'imagination fébrile d'un écrivain, mais l'histoire ne se construit pas de fictions et de romans avec l'imagination même si cela peut faire rêver. Elle ne se construit pas exclusivement de dates non plus d'ailleurs. La fuite du temps doit être compatible avec le niveau de connaissances d'une époque donnée. Tout dépend de l'expérience et des compétences que l'on peut y reconnaître. Que la bataille de Marignan se soit déroulée en 1515, n'est pas nécessairement important pour les élèves du cours d'histoire. Ce sont les déroulements de l'histoire et les suites qui le sont.
Je possède le tableau d'Histoire de plusieurs pays siècle par siècle de A. Wouters. Il la présente celle-ci en parallèle. C'est bien plus fonctionnel qu'une date sans autre référence parallèle dans plusieurs environnements. Aujourd'hui, le temps est calculé avec une précision du milliardième de seconde grâce au césium. Lorsque que l'atome de césium est bombardé d'énergie, il vibre avec une fréquence fixée en émettant neuf milliards de pulsions de lumières par seconde.
Une découpe du temps pourrait paraître tout à fait artificielle. Dater les événements, c'est toujours une affaire de cycles et de points de départ à définir. Déterminer la place qu'auront les événements dans le temps, est une convention utilitaire.
- Le temps, un concept que l'on ne peut définir de manière définitive par la physique. Notre année se détermine par un cycle autour du soleil, mais sans départ si ce n'est celui qu'on pense avoir trouvé en fonction de la durée de vie de notre système solaire ou de notre présence en tant qu'homme sur notre planète Terre. Dans la "version Fomenko", le départ est défini artificiellement mais un cycle annuel identique. Le calendrier chinois est luni-solaire. Le premier jour de chaque mois est la nouvelle lune et que le 15e jour est la pleine lune. Puisque dans une année solaire, il y a douze mois lunaires et plus d'une dizaine de jours, on ajoute sept mois intercalaires (闰月, rùnyuè) au cours de dix-neuf ans, pour que l'année reste dans l'ensemble une année solaire.
- Le calendrier maya est encore plus complexe. Leur "Compte Long" commençait à l'an "un", très précisément le 13 août de l'an -3114 AC. Le temps était divisé en jour (kin), en uinal (=20 x kin), en tun (=360 x kin), en katum (=20 x tun), en baktun (=20 x katum). (ex: 2.3.4.8.1 c'est-à-dire 2ème baktun, 3ème katun, 4ème tun, 8ème uinal et 1er jour). L'ère Maya allait donc de 0.0.0.0.0 (soit 13/8/3114 avant JC) à 12.19.19.17.19 (12 baktun, 19 listun, 19 tun, 17 uinal, 19 kin= jours) qui correspondait au 21 décembre 2012. Ce jour-là, si tu t'en souviens, avait généré une certaine peur de fin du monde alors que le lendemain, le 13ème baktun (13.0.0.0.0), un autre cycle commençait.
- Le "temps zéro" prête toujours à confusion, tout comme l'échelle pour calculer ce temps.
- Et si on avait positionné ce temps zéro lors de l'apparition de l'homme?
- Ce serait déjà problématique. Quel homme prendre en considération? L'Homo erectus, l'Homo sapiens?
- Si on réduisait se temps sur une année, la plus ancienne version de l'homme n'existerait que depuis moins de 14 heures. Composer une "uchronie" est une manière de sortir de l'enchaînement historique.
- L'uchronie est une utopie, un non-temps, un temps qui n'existe pas, une alternative à ce que nous vivons qui se déroulerait dans un autre espace-temps et qu'on ne parviendrait plus à dater correctement.
- En 2007, j'y avais joué dans trois articles de 1945 à 1962 (période de troubles), de 1963 à 1989 (période de l'espoir) et de 1990 à 2005 (période du doute).
- Là, tu m'en bouches un fameux coin. T'en as d'autres du même type?
- Oui, ne quitte pas. Dans le monde de l'absurdie, il y a plusieurs versions et peu de points d'attaches. Par l'interprétation des événements historiques, tu ne vas pas vite sortir de l'auberge espagnole. S'il y a le temps, il y a aussi l'espace.
- Si tu veux, mais parfois, il y a de quoi s'étonner et se retrouver ailleurs qu'on l'est en réalité.
- Tu a découvert la machine à explorer l'espace et le temps?
- Je pourrais le penser. Voilà Google Analytics qui me dit que je suis à Hamont-Achel.
- Hamont-Achel, un petit village du Limbourg flamand?
- Oui, alors que je suis à Bruxelles... Je n'ai pourtant pas inventé la téléportation. Cela doit être mon double. Fais comme moi, n'essaye pas de comprendre et instruis-toi sur ce village, comme je l'ai fait. Dans le même ordre d'idées, Philippe Delorme, dans le Vif, continue cette semaine avec les statues de l'île de Pacques qui seraient venues de Vénus, puisqu'on ne s'explique pas d'où les moais pourraient venir. Après ce sera le retour des Atlantes, qui auraient été engloutis avec l'empire de Poséidon et ses richesses suivant le mythe de le Platon. Les Illuminati qui nous gouvernent et qui revenaient sur ARTE dans les documentaires de "Sociétés secrètes" et que Dan Brown remettait en scène dans "Anges et démons"
- La pyramide de Khéops aurait des secrets et des mesures sacrées et fantasmagoriques.
- Par le voie religieuse et des croyances, on va recevoir quelques coups de massue.
- Comme tu dis.
- L'hypothèse ou la thèse de Roger Caillois dans son livre "Ponce Pilate" est à prendre en considération.
Sa question "Et si Pilate ne s'était pas lavé les mains, laissant Jésus poursuivre sa prédication jusqu'à un âge avancé" mérite une
- Qu'est-ce que cela aurait changé?
- Peut-être toute notre datation. Il n'y aurait plus un avant JC ou un après JC.
- Qu'est-ce qui lui a permis de penser cela?
- Tu sais, Jésus jouissait d'une grande réputation de sainteté à cause de son courage. Au tribunal, devant une foule houleuse, Ponce Pilate, pas con sur les résultats de son jugement, aurait proclamé l'innocence de Jésus. Il l'aurait élargi et lui aurait assuré la protection des légionnaires aussi longtemps qu'il serait utile.
- Et alors, tout le monde aurait été content.
- Pas vraiment. Caïphe se serait plaint à Vitellius qui aurait destitué Pilate en 788 de Rome. Pilate aurait perdu son procès et aurait été exilé à Vienne des Gaules où il se serait suicidé, entraîné par la logique de son système comme stoïcien libre de renoncer à la vie. Contre toute attente, il n'y aurait pas eu de christianisme et nous ne serions pas peut-être pas en 2016.
- Ce "non geste" aurait ainsi bousculé l'histoire.
- Oui. Sacré blasphémateur, ce Roger Callois, pourrait-on dire, et pourtant... à y réfléchir, pourquoi pas? Mais on aurait peut-être manqué quelque chose aussi. Le sociologue spécialiste de l'influence des cultures sur les organisations, Philippe d'Iribarne, était interrogé dans le dernier Vif. Il disait que "la modernité avait plus de facilités à se développer dans l'univers chrétien que dans le monde musulman. C'est peut-être pour cela qu'elle ne crée pas autant de polémiques. Sa tendance actuelle de l'ouverture à la pluralité qu'impose le droit aux minorités. Elle entre ainsi en compétition avec la société de l'idéal commun. Les bonnes institutions gouvernementales comme le pensait Kant, ne marchent pas. Mais quelque part, l'idéologie chrétienne peut parfois faire mieux les choses".
- C'est un coup de force, une prise de décision qui a tout changé.
- Un tour de force, presque un putsch, qu'il ne faut pas béatifier quand on connait la suite. Une idéologie qui rassemblerait tous les peuples derrière une pensée universelle, solidaire et tolérante est une utopie de plus et dans l'histoire, avec le Jugement de Dieu, n'a pas été la panacée de justice. Dans l'idéologie chrétienne, on ne lance pas de fatwa. C'est déjà ça. Dans le Coran, toutes les personnes sont catégorisées et les mécréants sont parmi les pires à mettre sous la férule de la charia. Le Pape, lui, comme descendant de la chrétienté, parle de famille, d'enfants, de petits-enfants dans ses prêches alors qu'il n'en aura jamais. Donc, il est bien forcé d'interpréter. Il chercherait ainsi le bien dans la famille qu'il ne trouvera jamais et trouverait le mal qu'il ne cherchera pas ailleurs. Mais, comme tous jésuites de formation, c'est un séducteur qui s'intéresse aux personnes et moins à la doctrine. Dignité et rigorisme finissent toujours par se convertir en radicalité. Pourtant quand on gratte un peu les dires du Pape et que l'on reste critique, on peut y trouver des propos consternants jusqu'aux propos qui relativisent le terrorisme par des comparaisons absurdes. Tu te rappelles de l'histoire américaine?
- Oui, mais que veux-tu dire par là?
- G.W.Bush avait lancé sa guerre contre l'Irak et disait qu'il fallait choisir entre l'axe du bien et l'axe du mal alors qu'il y aurait une multitude de faux biens et de maux cachés derrière des non-dits de chaque côté. Ce qu'il voulait, c'était d'implanter la diplomatie "versus americana" en Irak.
- Oui, bon, de tout cela, on s'en fout. Les Américains sont chez eux, et nous chez nous. Toi quand on te pointe le doigt sur le mal, tu regardes le doigt.
- Peut-être, mais la mondialisation a changé tout cela. Le monde est devenu un village comme le rappelait un des "si" que tu viens d'écouter. Tu es croyant, je n'essayerai pas à te changer, n'aie crainte. C'est impossible. J'essaye seulement de te faire réfléchir.
- Pas de problèmes. Comme disait Gabin dans le film "Le Pacha" que je viens de revoir, "Les Bastos, c'est plus facile de les donner que de les recevoir".
- Audiard a des formules qui nous manquent. Pour te prouver ma bonne foi, un mot que tu apprécies, j'espère, saches que le 27 juillet, le lendemain de l'attentat du curé français, Gabriel Ringlet, dont j'aime l'ouverture d'esprit, était invité pour parler de ce prêtre assassiné:.
- Oui, on pourrait penser qu'il fait un pas dans chaque sens, lui.
- Puisque tu es de bonne composition, une autre question: "Et si le Pape, en vacances à Castel Gondolfo avec les doigts de pieds en éventail, pensait exclusivement à ce qu'il voit, à ce qu'il ressent du temps qui passe. à ce qu'il touche et pas à ce qu'il retouche.
- Le pape pourrait-il n'être qu'un rêveur, d'après toi? Aurait-il des suppositions différentes et des doutes à son retour?
- Il rêverait ou il cauchemarderait. Mais, il se réveillerait avec d'autres idées, avec des projets utopiques pour l'avenir pour rester connecté aux réalités du quotidien en dehors du Vatican quitte à devenir critique avec lui-même et sa religion.
- Il a la Bible comme outil de travail et...
- Je te rappelle que ni la Bible, ni le Coran, ni la Thora n'ont été incréées avec la parole littérale de leur Dieu respectif. Tous ces livres ont tous été écrits par des interprètes et peuvent donc être taxés d'apostasie.
- Qui sait, le Pape penserait peut-être à la surpopulation qui n'aurait plus rien à voir avec sa foi.
- Tu as raison. Au sujet de la vie dans son ensemble, il s'ouvrirait complètement à elle, avec plus de créativité à la recherche des raisons de la colère et de la violence d'aujourd'hui sans références au passé mais plus avec les références aux potentiels de demain. Ce serait, alors vraiment, un Pape futuriste, plus qu'en jouant avec la virtualité d'Internet.
- (rire) Il attraperait peut-être une allergie vis-à-vis du bien et du mal qui ne sont que des visions manichéennes sans nuances que l'on rencontre à l'extrême chez les bipolaires ou dans les technologies des machines qui parlent en binaire.
- (sourire) Tu l'as dit. Il penserait que promotionner le bien pour quelqu'un, c'est peut-être aussi faire le mal en laissant quelqu'un d'autre sur le carreau. Alors, si on allait plus loin? Si on posait une autre question: Et si l'homme n'avait pas inventé les Dieux?
- Tu déconnes, Dieu a créé l'homme à son image.
- Et si c'était l'inverse, l'homme n'aurait pas à aller en pénitence en priant les genoux en terre sur un chemin de croix ou à se s'aplatir au sol dans des mouvements rituels. Je te rappelle que le mot "Dieu" a d'abord été conjugué au pluriel, avec les polythéistes. Les Égyptiens antiques vénéraient une série de Dieux souvent sous forme d'animaux avec chacun sa fonctionnalité propre et un but de vénération spécifique.
- Mais en vénérer plusieurs devaient coûter trop cher en cérémonies et en prêtres pour les Pharaons...
- Exact. Akhenaton a été le premier à tenter le diable en unifiant tout cela avec le Dieu soleil. Solution qui à sa mort, a très vite été oubliée pour revenir à la version précédente. Le monothéisme est revenu bien plus tard, mais dans des versions assez différentes tout de même. Dans la religion islamique, on ne peut donner aucune image de Dieu ou de son prophète. L'homme à l'image de Dieu, alors qu'il est un être vivant, non fini et toujours en évolution voir en permutations par ses interprétations successives. Il a peut-être bien raison de le cacher.
- Tu as vraiment des questions bêtes et méchantes dignes de feu le journal de l'Hara-Kiri...
- Ce qui devrait te rester à l'esprit, c'est qu'il n'y a pas de mal à se faire du bien, comme je l'écrivais dans un autre dialogue humoristique en 2007. Il est peut-être encore plus vrai aujourd'hui en période de crises latentes tout azimut. J'ai posé la question sur le forum Agoravox à la suite d'un article qui avait pour titre "Un dieu farceur".. Il y a eu une réponse par un certain sls0 qui m'a plu sous forme de métaphore: "Si une personne à envie de péter, même si je pète à sa place, il y a peu de chance que ça le soulage. Il y a des choses qui ne peuvent être que personnelles, ne dit-on pas que c’est les pets des autres qui puent et non les nôtres ? Et oui, il y a de la spiritualité dans les pets comme dans des saintes écritures, bel exemple d’équanimité".
- La vie humaine est un bien à partager qui impose des dogmes avec une rigueur drastique.
- Ouais. Mais pas trop tout de même, sinon on ne rigole plus. "Vous avez dit complot?", dans le dernier S&V, Un dossier t'explique de manière rationnelle le pourquoi de nos propensions à croire des histoires qui ne sont pas raisonnables. Une théorie du complot ou un complot idéologique?, me demandais-je, il y a quelques temps.
Le S&V disait 'le cerveau serait-il programmé pour croire au complot et par la même à croire tout ce qui se passerait sans esprit critique? Un détail, un lapsus, une coïncidence peut devenir une hypothèse, puis une thèse et en finale, une théorie qui ne nécessite plus de démonstration puisque d'après cette étude, les différentes parties du cortex jonglent avec des causalités, avec des méfiances et biaisent nos conclusions. Notre système frontal joue aux probabilités, perçoit les intentions et sensibilise aux anxiogènes. C'est la panoplie complète des croyances qui se présente.
- Faisons la part des choses, puisqu'il y a une impossibilité de prouver qu'une croyance est fausse.
- D'accord. Le mois précédent, S&V donnait les raisons qu'à des pourquoi et des si, il n'y aura pas toujours de réponses et on ne pourra pas mettre Paris en bouteille en disant "Pourquoi, on ne saura jamais...".
- Les animaux ne s'en trouveraient pas désemparés pour autant?
- Tout juste. Ils n'ont pas de dieux. Ils désigne un chef de groupe ou c'est l'un de ses éléments qui se désigne lui-même. Les autres font confiance en leur leader temporaire. C'est un peu ce que les Égyptiens antiques espéraient trouver dans leur Pharaon, sans être dupe.
- Critiquer tout, même de soi-même, de ce qu'on fait et de ce qu'on penserait faire, est peut-être la meilleure manière de vivre.
- Pourquoi avons-nous l'apparence d'un homme et pas une consistance matérielle dans l'infiniment petit? Saint Thomas qui ne croyait que ce qu'il voyait, était-il un précurseur, un renégat, un crédule, un sceptique ou un agnostique bon teint? J'aime le savoir empirique se base sur les expériences personnelles. Les interprétations de ce qui se dit et se répète, ne demandent pas d'expériences personnelles. La représentation d'un Dieu sous forme d'un homme magnifique permet d'éviter de penser, de ne pas se sentir responsable par l'intermédiaire d'une tierce personne au dessus de soi qui excuse ou juge toutes les actions en son nom.
- Le pouvoir de penser, de critiquer, c'est justement ce que dans l'évolution, nous avons été gratifié en nous accordant un peu plus de neurones que les autres êtres vivants.
- La Libre publiait six articles sur le sujet de "être catholique" dans le monde:
En Inde: Les catholiques indiens sont la cible des ultranationalistes hindous
Selon le Vatican, 1,25 milliard de personnes ont été baptisées dans l’Eglise catholique. Le catholicisme est présent sur quasiment toute la surface du globe, mais il n’est pas la foi majoritaire dans tous les pays où il est pratiqué. "La Libre" s’est penchée sur la façon dont il est perçu, et vécu, là où il n’est qu’une religion parmi d’autres, où sa prééminence est remise en cause par l’influence croissante d’autres religions, ainsi qu’à ces catholiques qui représentent une minorité, plus ou moins tolérée.
Aujourd’hui : l’Inde abrite l’une des plus anciennes communautés chrétiennes du monde. Celle-ci demeure la cible d’attaques des fondamentalistes hindous.
En Russie: dans l’ombre de l’église orthodoxe russe
La paroisse Saint-Louis-des-Français de Moscou se trouve à deux pas du Kremlin, tout près du siège imposant du Service fédéral de sécurité. Il s’agit de la première église catholique construite à Moscou vers la fin du XVIIIe siècle. Pendant le XIXe siècle, deux autres églises ont été construites à Moscou mais après la révolution d’Octobre elles ont été fermées comme la plupart des églises orthodoxes.
Gleb Enson, 30 ans, un des membres de cette paroisse, nous a avoué que son choix de religion n’est pas lié à la tradition familiale ni à une préférence personnelle. "Mon père qui était officier de marine nationale à Kamtchatka a pris sa retraite en 1990, explique-t-il. Nous nous sommes installés à Vinnitsa en Ukraine. Papa a créé une petite entreprise de matériaux de construction et c’est ça qui a déterminé son choix religieux. Un jour il a fait la connaissance d’un prêtre catholique polonais venu en Ukraine pour restaurer l’église catholique de Gnivan. Ils se sont liés d’amitié et c’est grâce au père Yatsek que mon père, élevé dans l’esprit ‘d’athéisme scientifique’, a découvert les vertus de la religion catholique. Deux ans après, j’ai été baptisé, avec toute notre famille, à l’âge de 7 ans."
Au Japon: la délicate démarche de se convertir au Japon
Les raisons expliquant la faible percée du christianisme au Japon sont à la fois historiques et culturelles. L’archipel a été forgé pendant de nombreux siècles par ses deux religions dominantes : le shintoïsme, qui prend de nos jours une place particulièrement importante dans les cérémonies liées aux étapes de la vie telles que les naissances ou un mariage, et le bouddhisme, à partir duquel la plupart des rites funéraires sont organisés.
Aux États-Unis: des Américains aux plus hautes fonctions
On l’ignore généralement, mais les catholiques forment la plus importante communauté religieuse des États-Unis, si l’on considère bien sûr les protestants non dans leur ensemble, mais séparément, en fonction de leurs différentes dénominations. Avec près de 82 millions d’adeptes, la foi romaine a conquis 25 % de la population américaine, tandis que les baptistes du Sud, réunis dans la première des Églises protestantes, ne sont guère plus de 15 millions.
Certes, comme ailleurs, le catholicisme est en crise aux Etats-Unis, mais une crise relative. Les pratiques religieuses y sont ainsi en net recul. Si trois quarts des catholiques déclaraient assister à la messe chaque dimanche en 1965, ils sont moins de 20 % désormais. Un tiers des Américains nés dans la foi catholique assurent ne plus s’identifier à l’Eglise. Il y a trois fois moins de prêtres à présent qu’en 1965 et leur moyenne d’âge est de 59 ans (40 % d’entre eux ont plus de 65 ans), si bien qu’un cinquième des 17 337 églises du pays n’ont plus de prêtre en résidence. Les scandales de pédophilie ont par ailleurs terni l’image du clergé catholique, et depuis plus longtemps qu’en Europe
A Rio: les pauvres cherchent la bonne Eglise
Sur le parvis de l’église de Nossa Senhora da Penha, les fidèles se bousculent pour se faire prendre en photo. En ce dimanche de juillet, une dizaine de parents accompagnés de leurs proches sont venus de tout Rio pour faire baptiser leurs rejetons. Érigée en 1870 à la place d’une première chapelle, au sommet d’une colline de plus de 100 mètres, l’église da Penha - aujourd’hui élevée au rang de basilique, a donné son nom aux trois quartiers populaires et à l’ensemble de favelas qui s’étendent en contrebas.
Bien moins touristique que le Christ Rédempteur, visible au loin, le sanctuaire n’en reste pas moins un lieu de pèlerinage incontournable pour les catholiques en visite dans la "Cité merveilleuse". Et un endroit hautement symbolique pour les fidèles cariocas. "Nous habitons tout près d’ici. En général, nous allons prier dans une autre église, en bas. Mais nous voulions venir baptiser mon fils ici", explique Jessica, accompagnée de sa sœur et de sa mère. Toute l’année, une séance de baptêmes est ouverte chaque dimanche matin, sans inscription. Seuls quelques documents sont demandés.
Au royaume de Luther: les cathos font de la résistance
Trois jours après l’attentat sanglant de Nice, une messe était célébrée dimanche 17 juillet, plus de 2 000 km au nord, à la cathédrale Saint-Ansgar à Copenhague. La communauté catholique de la capitale danoise pleurait les victimes du 14 juillet au sud de la France. Bernard d’Angleys, catholique pratiquant, est ému. "C’est dans les terribles épreuves que nous avons besoin plus que jamais de nous serrer les coudes, de nous unir contre l’adversité."
Cet octogénaire, arrivé depuis soixante-deux ans au royaume évangélique-luthérien du Danemark, défend haut et fort les valeurs du catholicisme. "Nous sommes si peu nombreux, environ 55.000 à 60.000" (1 % de la population à grande majorité protestante). "Il faut tenir, dit-il, surtout en cette période où les églises et les paroisses catholiques commencent à disparaître." Allant à l’église, "au moins une fois par semaine", Bertrand, qui côtoie depuis des décennies les Danois luthériens, constate qu’ils "ne sont pas agressifs, heureusement". "On arrive à s’entendre, sans trop de problèmes ni de heurts, la liberté de religion étant inscrite dans la Constitution, assure-t-il. Mais les protestants sont loin d’être pratiquants. Nous le sommes plus. Nous essayons de montrer le bon exemple en pratiquant avec ferveur notre foi", affirme-t-il. Tout au long de son séjour danois, il a remarqué que "les protestants reprochent aux catholiques leur rigidité et leur manque de tolérance".
- Aurait-on "Des fragments de lucidité" alors que la foi serait une conviction profonde et rarissime, comme l'écrit JLSS dans son livre?
- Je ne l'ai pas lu, mais je reprends les commentaires qui disent que: "Nous fuyons tous, en quelque sorte, la clairvoyance et préférons les illusions à la réalité parce que nous sommes tous humains et imparfaits. On se prend trop au sérieux et n'avons pas assez de dérision avec une petite pointe d'humour. Les redresseurs de tort, les miracles, sans se voiler la face pour fuir la réalité des choses et pour être heureux".
En cette période de vacances, l'optimisme devrait être de mise, à fuir les problèmes et considérer que la joie de vivre est un devoir.
Pourquoi pas avoir les mêmes sentiments en dehors des vacances quand on revient, pendant les onze mois sur douze qui restent?
Alors parfois, on se dope l'esprit pour que cela fasse plus vrai.
L'éditorialiste humoriste, Thomas Gunzig était interrogé au sujet de son livre "La stratégie de l'hors-jeu" comme invité de l'émission "L’Été bien frappé".
Ce serait une pièce de théâtre, dans laquelle il définit des règles de vie sans honte:
- avec la logique implacable de cette phrase "Pour un méchant la compagnie d'un con, ça a souvent quelque chose d'agréable, le méchant et le con sont complémentaires en quelques sortes, la méchanceté du premier fait rire la connerie du second".
- avec un côté terriblement pratique, insoluble dans cette autre phrase "c'est incroyable comme cela calme de penser à son enterrement".
- ou encore à dire "On croit toujours qu'on dit des choses intelligentes et on dit autre chose"
- et finir par "Décrire l'humour bizarre de la vie quand on est au fond du trou à croire que cela y était alors qu'on n'y était pas du tout".
Toutes des théories de vie que j'avoue ne pas appliquer et uniquement utiliser l'improvisation car arriver avec des recettes préconçues, c'est le meilleur moyen pour se casser la figure. Etre tendre et noir me ressemble.
Le monde ne se ressent pas comme étant très bien.
Mais, plus dur est le monde, plus j'essaye d'être agréable avec les gens qui m'entourent, mais je suis sûr que je n'y arrive pas parce que c'est chiant...".
Fin de citations.
Une philosophie de béton, non?
- Rien à ajouter? Un autre "Et si...".
- Et si on créait, tous les jours, une nouvelle star comme un nouveau prophète, un peu messie de surcroît qui nous indiquerait le chemin à suivre parce qu'on le vaut bien d'après la pub?
- Là, ce ne serait pas mal. Encore une autre?
- Une dernière question alors: "Et si on était hermaphrodite comme l'escargot ou le mérou. Pas de genre, pas de sexe ou alors si on détenait les deux sexes ou qu'on serait asexué puisque le sexe féminin reste un tabou, d'après le dossier de l'Obs. Plus de problème...
- (rire) Sans sexe, ils devraient s'emmerder grave sur Terre ces hermaphrodites. DSK serait au chômage. Il regarderait son autre avec des yeux lubriques en oubliant la raison. Pour nous, au paradis avec des anges qui nous chatouillent les oreilles avec des musiques de harpes, ce serait lassants. Et pour nos alter egos qui auraient des vierges inexpérimentées à se farcir, c'est pas sûr qu'ils tiendraient bien longtemps.
- (sourire) Là, tu interprètes aussi les choses. Est-ce grave docteur représentant?
- C'est même une maladie incurable digne du blasphème que je pourrais lui avouer.
- C'était une dernière pour la route qui te fera penser à nos contemporains animaux qui n'ont pas à croire en eux. Ce qui s'est passé, il y a exactement vingt ans aujourd'hui, l'affaire Dutroux, n'aurait probablement pas eu lieu. Une affaire qui a mené de l'euphorie à l'horreur et qui a mis fin à l'insouciance. Plus rien n'était plus comme avant.
Encore une chose, si tout cela n'existait pas.
Fallait-il l'imaginer autre chose et qui sait l'interpréter même si c'est pas sûr que ce serait mieux ou plus amusant. Dans le même le Paris Match belge se rappelait du passé à sa naissance il y a 30 ans. Il écrit: le France n'est pas encore un cloaque. Chacun se demandait qui est juif, qui est arabe, qui est français et qui ne l'est pas. La vie n'est déjà plus un long fleuve tranquille, mais on rembobinait les cassettes pour son magnétophone et son walkman. Ce monde de l'époque appairait étrange, lisible, accueillant et vivable. Aujourd'hui, c'est aussi l'anniversaire de Fidel Castro, il a 90 ans.
- Celui-là, toujours là. Il n'en manque pas une. Tu n'as pas d'autres choses à dire ou à lire?
- Si. Hier, j'écoute une rediffusion de l'interview de l'auteur de "Voyages en Autistan", Joseph Schovanec que j'avais déjà podcasté.
Joseph a été partout dans le monde, il est considéré comme tout différent, il a un humour à briser tous les emmerdes.
Et puis ce serait un excellent lien avec le billet de la semaine dernière qui parlait des vacances, de voyages et de sports.
Bonnes vacances, encore et réveille-toi surtout en douceur... Cool... Ton subconscient a assez travaillé.
- Merci, Eriofne. Tu m'as tout à fait réveillé. Il est 3 heures du mat', je vais aller voir les étoiles filantes. Cela doit filer du tonnerre en ce moment.
Eriofne,
14 août 2016: Un film à ne pas rater ARTE:
La vie de Brian
En l'an 0, en terre de Galilée, Mandy et son bébé Brian reçoivent la visite des Rois mages
L’Évangile revu et corrigé à la sauce de Monty Python
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Commentaires
Ton article est déroutant !
On en sort comme après les montagnes russes , la tête à l’envers et une sensation de ne plus avoir d’équilibre.
C’est terrible tous ces « si »
On peut en faire des sketches plein d’humour mais en même temps çà glace le sang !
Les situations qui dépendent toutes d’ une chose bien précise à un moment défini ….çà m’a toujours impressionnée.
Comment le monde est ce qu’il est alors que on aurait pu déjà ne plus exister.
Il y a plein de notions qui ont toujours été un grand mystère pour moi.
Le destin , l’univers , le ciel ……….
Les mathématiques ont tout chiffré mais çà repose sur des décisions arbitraires au départ .
Pourquoi 1+1=2 On aurait pu dire 10 ou 0 ou l’infini.
Et tout aurait été différent.
Le pire dans ces notions abstraites c’est le temps .
C’est pas statique , çà ne s’arrête jamais , le présent est déjà le passé et le futur n’est pas encore conçu.
Pourquoi a-t ’on eu besoin de diviser ce temps et pourquoi ne peut-on pas y entrer et y voyager ?
C’est une dimension comme une autre.
Finalement ton article suscite un casse tête dans le cerveau et tu te rends compte que finalement on ne maitrise pas grand-chose.
Écrit par : Leopoldine | 15/08/2016
Répondre à ce commentaireTu as tout compris du but de l'article au contraire.
Il fait partie de la catégorie "humour et parodies"
Je parle à un gars qui dit répondre avec son subconscient.
La première version de l'article n'était pas un dialogue.
Je l'ai changée ainsi pour le rendre plus énigmatique.
J'ai hésité à l'écrire comme le fait Stephan De Groodt.
Lui s'amuse avec les mots, moi, je préfère jongler avec les idées.
Pourtant tout ce qui y est dit, est vrai. Il n'y a rien de faux, mais pris séparément, c'est ça l'astuce.
Les podcasts des "Et si..." ne sont pas encore terminés le matin sur la Première.
Ils jouaient avec les mêmes techniques.
Je continuerai à les podcaster.
Pour ce qui est du temps, tout est dans ce lien:
https://www.youtube.com/watch?v=lVJd3VfdRps
Écrit par : L'enfoiré | 15/08/2016
Carine Russo, 20 ans après la mort de Mélissa: «Avec ce livre, je me sens plus légère»
Mon bout de chou, ma rose, ma tendresse, ma promesse de bonheur, Méli » : c’est par ces petits mots que Carine Russo s’adresse à sa fille Mélissa, de décembre 1995 au 17 août 1996, jour où la Belgique assiste médusée, à la découverte des corps des deux « petites » chez Marc Dutroux, il y a 20 ans. Durant les longs mois de la disparition de Mélissa, sa maman lui a en effet écrit chaque soir dans cette petite chambre qui n’attend qu’elle. Pour tenir le coup, pour ne pas lâcher le lien, mais surtout, pour ne pas mourir et lâcher prise.
Ces carnets bleus font la trame de Quatorze mois, le livre que Carine Russo s’est finalement résolue à écrire et qui paraît ce mercredi aux éditions la Renaissance du Livre. Un livre de ressenti, un livre « mise au point », nous précise-t-elle dans l’interview exclusive qu’elle nous accorde aujourd’hui « Quand il a été terminé, j’espérais qu’on comprendrait un peu plus qui nous sommes. J’ai souvent eu le sentiment d’un malentendu, certaines personnes nous ont interpellés pour ce qu’on n’était pas. » Carine Russo explique avoir beaucoup hésité avant d’accepter cette proposition d’éditeur qui lui avait été faite des dizaines de fois. Son déclic final est venu de la peur de la banalisation de l’affaire et de voir d’autres s’emparer de leur histoire, à Gino et elle.
Il n’y a pas de révélation, ni de polémique dans ce livre tiré 10.000 exemplaires en français et 4.000 en néerlandais. Mais c’est un livre événement car il fait tanguer le lecteur, plongé soudain dans l’intimité et le quotidien de parents qui, jamais, ne vont se résigner, continuant à chercher leur fille envers et contre tout, et quasi tous, n’hésite-elle pas à rappeler. Un livre qui porte aussi un témoignage clé sur cette période qui a fait tanguer un pays, sa population et ses institutions. « Ces quatorze mois, ce sont les fondations de la suite », comme nous le dit Gino Russo. On y découvre la très belle écriture de cette maman qui n’aura jamais cessé de fasciner et qui confie aujourd’hui le sentiment d’apaisement que cet exercice qui lui est en fait familier lui a procuré.
Quelques morceaux choisis du livre de Carine Russo :
► L’attente. 7 janvier 1996
« Je passe embrasser ton frère endormi, comme toujours, comme chaque soir depuis sa naissance. Comme je le faisais aussi avec toi, ma chérie. C’est si dur de ne pas te retrouver dans ton petit lit, endormie comme d’habitude, pour te donner mon dernier bisou du soir. Je contemple ce petit lit où tu n’es pas, ce petit lit désespérément vide. Mon humeur est sombre. Je m’étais pourtant répété hier que je ne devais plus m’attarder que sur le positif. Si je fais un petit bilan du jour, que puis-je noter de positif ? Michel et Cécile sont toujours à nos côtés ; la maman de Laurence, l’amie de Nico, nous a proposé de faire jouer une représentation de la pièce de Bertolt Brecht, La règle et l’exception, et qu’elle vous soit dédiée.
J’ai aussi revu la maman de Nicolas, un chaleureux moment. Mais quoi d’autre ? Pas grand-chose aujourd’hui. J’ai vraiment mal au cœur. On se sent tellement coincés. Une chose est sûre : demain, il est hors de question de retourner au travail. Je n’en veux plus, n’en peux plus. J’ai trop besoin de toi. Ici, rien ne peut détourner mon attention. Ici, à la maison, il reste des traces de toi partout, photos, vêtements, jouets, cahiers, qui me permettent de te sentir plus proche. Tant pis pour le travail, tant pis pour le salaire, tant pis pour l’argent, tant pis pour les droits associés au travail. Travailler, oui. Mais pas à n’importe quel prix, pas dans n’importe quelles conditions. Travailler dans un tel contexte d’attente et d’angoisse est insupportable. Je ne suis pas un animal ni une machine. J’ai un cœur, une tête. Et si mon cœur et ma tête sont en train de voler en éclats parce qu’on m’a volé mon enfant, je ne peux pas travailler. Je ne suis pas un animal. Je ne suis pas une machine. Je veux que l’on me rende ma fille d’abord.
Après, je ferai tout ce que l’on voudra, tout ce qui s’imposera, tout ce qu’on m’imposera, je marcherai dans les rangs. Promis, juré. Mais d’abord, ma fille. Je veux ma fille avant tout . »
► L’enfer : 13 mars 1996
« On devient fous ! Plus moyen de mettre deux idées l’une à la suite de l’autre. Et dans ces conditions, plus moyen non plus d’en mettre une seule en route. On ne fait plus qu’attendre. Péniblement. On attend. Tout et n’importe quoi. Mes nuits se peuplent de cauchemars. Mes journées sont encore des cauchemars.
Je te vois tout à coup. Tu es devant moi, tu me parles. Puis, plus rien. Le vide. À nouveau le vide de ton absence. Je deviens folle.
José est passé à la maison, hier. Il a prononcé peu de mots. Nous aussi. Il nous conseille de nous reposer.
Victor a appelé. Toujours aucune nouvelle du Palais de justice. L’entrevue demandée avec le substitut H. a été refusée par le procureur général. Rien. Il n’y a jamais rien à attendre de ce côté. Je m’emporte au téléphone. Ma patience est à bout. Victor poursuit la discussion avec une infinie patience. Je pleure. Je crie. Je râle. Je trépigne. Et finalement, je suffoque. Je tente de me calmer. Peine perdue. Il me semble que ma tête est devenue une prison et ma vie une peine à perpétuité.
Et le lendemain, je recommence. Je m’emporte pour tout et pour rien. J’entreprends dix choses à la fois et je ne termine rien. Édith. Daniel. Tony. Ghislain. Chacun est là pourtant, avec son cœur, sa rage, son idée derrière la tête. Ils ont la volonté de faire quelque chose et ne sont pas les seuls. Ils nous sollicitent en nous demandant quoi faire. Mais nous sommes si las, à présent, si fatigués, si brûlés, si mal, avec cette peur qui ne cesse de s’intensifier, cette peur immense que nous tentons de refouler mais qui nous mine, nous mange, nous détruit petit à petit.
Ma chérie, cette situation est déjà tellement éprouvante pour nous : alors, qu’en est-il pour toi ?
Faites que nos petites soient préservées… Faites que nos petites soient préservées… »
► Un an, et rien : 27 juin 1996
« C’est la débandade. Je perds tout, j’oublie tout, je ne sais plus où je suis, je dis n’importe quoi, j’ai peur de réfléchir. Alors j’essaie au moins de faire comprendre ça autour de moi. Mais on dirait qu’il est trop tard.
Une certaine image, une représentation de vous est en train de prendre forme. Vous n’êtes plus perçues comme des petites filles en chair et en os à rechercher. Vous commencez à être perçues comme des symboles, des icônes. Symboles de l’enfance méprisée, symboles de l’injustice faite aux plus fragiles. Et nous, vos parents, sommes en passe de devenir les symboles de cette lutte contre l’injustice. Que tout cela est effrayant ! Je ne suis pas ce que l’on voit, ce que l’on croit, ce que l’on donne à penser de nous ; je ne suis pas forte, ni courageuse, ni guerrière. Non, je suis tout le contraire : fragile, perdue, triste, fatiguée, impuissante.
Je ne vois plus l’issue du tunnel. J’en suis à désirer ardemment que l’on nous oublie. Je rêve de te retrouver pour moi seule. Dans le plus grand des secrets. Je rêve de retrouver ce merveilleux anonymat d’avant. Une mécanique, un processus a été lancé qui ne s’arrête plus. Me voilà prise dans un engrenage que nous avons contribué à mettre en route. Mais qu’aurions-nous pu faire d’autre ? Comment aurions-nous pu nous y prendre autrement qu’en sacrifiant notre vie privée ? Avoir un enfant victime d’un enlèvement, un enfant disparu que l’on ne parvient pas à retrouver, est une terrible malédiction. Mais, non, je ne crois pas à la malédiction. Il y a quelqu’un quelque part qui est responsable de tout ce gâchis ! »
► Seuls : 1 juillet 1996
« Juillet. Mois d’éclatement de la lumière, mois qu’entre tous, j’ai toujours préféré.
Après notre fulgurante réapparition dans tous les journaux du pays au lendemain du 24 juin dernier, la justice liégeoise joue au mort. Son silence est plus que jamais glacial. Un silence qui sent mauvais. Le commissaire L. est effectivement en congé pour tout le mois. Plus personne, semble-t-il, ne travaille à vous chercher. Et nos premières questions sont restées sans réponse. Au point qu’il m’apparaît déjà vain de poser toutes celles qui attendent encore. Victor ne sait plus que faire ni que dire. Nous nous sentons complètement seuls, complètement abandonnés face à leur silence hostile et persistant, alors que nous n’avions espéré qu’une chose : qu’ils finiraient par comprendre. Il faut se rendre à l’évidence : il est vain de vouloir communiquer avec une machine. Et le judiciaire n’est que cela, une machine. Comme l’administration. Comme l’armée. Ses rouages ont beau être des êtres humains, dès qu’ils se retrouvent au sein de cette mécanique ils ne sont plus que des rouages. Rien d’autre que des pièces sans âme d’une grande machine. Il faut faire ce constat : notre dur combat se solde par un échec. Il semble que, dans mon pays, on préfère ne pas savoir qu’il y a des gens qui souffrent, encore moins quand il s’agit d’enfants. « Le Roi, la Loi, la Liberté », dit l’hymne national. Mais quelle Loi ? Quelle Liberté ? Il me semble, moi, que la première loi des Belges, c’est la loi du silence. Et nous l’aurons appris durement, à nos dépens. »
► Ceci n’est pas un fait divers
« Voilà pourquoi et comment le fait divers « Julie et Mélissa » se mua en fait de société : nos questions simples, évidentes, légitimes s’opposaient aux réponses alambiquées, techniques, obscures, peu lisibles et souvent infatuées des représentants institutionnels. Nous parlions une langue de « parents » que toute famille pouvait comprendre. « Eux » parlaient dans leur langage abscons, défendant des règles de droit dont on percevait immédiatement l’inadéquation par rapport à un crime aussi perturbant que celui d’un enlèvement d’enfant. Les « experts » et autres « docteurs en droit » eurent d’ailleurs fort à faire, cette année-là, pour tenter de convaincre – jusqu’aux plus intimes des membres de leurs propres familles – de la pertinence de leur science. Une science qu’ils considéraient comme une science exacte, tout comme les économistes orthodoxes de l’Europe de l’argent considèrent encore aujourd’hui leurs dogmes comme une vérité inaliénable. La mort de Julie et Mélissa, cette démonstration éclatante que les règles de l’État de droit ne pouvaient être figées au point d’en devenir mortifères, avait permis ce doute énorme, cette faille, cette rupture entre les citoyens belges et leurs institutions. Les jours qui suivirent les enterrements des enfants jusqu’à ceux qui précédèrent la Marche blanche, nous avons été inondés d’appels téléphoniques témoignant de ce que j’affirme ici. Les familles, les citoyens de Belgique avaient compris. Ils s’étaient sentis trahis en même temps que nous ; ils se sentaient en deuil des « petites » comme si elles avaient été les leurs et, partant, se sentaient en deuil aussi de leur insouciance passée, de leur confiance envers les autorités, ces garants de l’État et de la justice. C’est sur cette base qu’ils se sont retrouvés, unis tel un seul homme, donnant corps à la devise du pays comme jamais auparavant. »
► La Marche blanche
« Comment oublier Bruxelles en ce dimanche d’automne ? Bruxelles, envahie par une foule lumineuse et tranquille en ce superbe après-midi d’été indien. Bruxelles embellie de milliers de « marcheurs blancs ». Bruxelles-la-Blanche, plus étonnante que jamais. Un moment unique où toutes les barrières, toutes les divisions, toutes les rancœurs et les humiliations semblaient abolies. Des milliers et des milliers de familles, réunies en une seule, marchaient silencieusement au nom de petits enfants injustement, scandaleusement abîmés, abandonnés, torturés. Des milliers de familles manifestaient leur pleine indignation, leur sentiment d’injustice et leur compassion. Le message silencieux, déterminé, solidaire était : « Les enfants d’abord ! » Et c’était en cela que cette foule s’adressait à l’État en marchant ce dimanche-là. Rien, à leurs yeux comme aux nôtres, ne pouvait justifier que nos institutions publiques laissent mourir des enfants sans faire le nécessaire, sous quelque prétexte que ce soit : dysfonctionnements, guerre des polices, délitement de l’appareil judiciaire ou manque de moyens.
Il me semblait que l’on ne pourrait pas effacer aisément un tel moment de communion. On n’efface pas un vécu d’une telle ampleur. On peut tenter de réinventer la réalité, lui donner un autre sens, l’affaiblir, la réduire, l’abîmer pour en réduire l’impact, mais ce moment avait existé et avait été vécu par des centaines de milliers de personnes et l’on ne peut effacer des mémoires ce qui a été vécu à un tel niveau d’intensité. Aussi, malgré la longue entreprise de destruction mémorielle des pouvoirs, soucieux de restaurer au plus vite l’ordre en place, je n’ai jamais douté que le déferlement de la Marche blanche d’octobre 1996 reste à jamais dans l’inconscient collectif. »
http://www.lesoir.be/1293020/article/actualite/belgique/2016-08-16/carine-russo-20-ans-apres-mort-melissa-avec-ce-livre-je-me-sens-plus-legere
http://plus.lesoir.be/55033/article/2016-08-17/20-ans-apres-laffaire-dutroux-le-message-despoir-de-carine-russo#_ga=1.58567020.7323096.1435586188
Écrit par : L'enfoiré | 17/08/2016
Répondre à ce commentaireLes volontaires occidentaux se bousculent pour combattre l'EI
Certains portaient il y a peu l'uniforme d'une armée régulière quelque part en Occident. Maintenant, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir venir en Irak pour se battre contre le groupe Etat islamique (EI).
Les données précises sont rares, mais les témoignages recueillis auprès de leurs camarades déjà au front semblent montrer que ces volontaires sont pressés d'en découdre, convaincus que l'EI pourrait bientôt être défait en Irak et en Syrie.
De fait, l'EI a perdu du terrain et quelque 45.000 combattants depuis deux ans, selon les Etats-Unis, qui estiment que ces jihadistes extrémistes comptent entre 15 et 30.000 hommes et que l'EI a de plus en plus de mal à étoffer ses rangs et à remplacer ses morts.
En face, les volontaires sont pressés d'intégrer les forces anti-EI même si les autorités de leur pays respectif les en découragent fortement voire même leur interdisent de s'enrôler.
La fin est proche
Louis Park, 26 ans et originaire du Texas vient de s'engager pour la deuxième fois en juin dans une milice chrétienne d'Irak. Il a indiqué à l'AFP qu'il avait noté une forte hausse des demandes de la part de possibles volontaires occidentaux.
"Les gens savent que la fin est proche et ils essayent de se joindre au combat tant qu'il est encore temps", affirme l'ancien Marine, qui s'est battu en Afghanistan.
Park, un chrétien, est enrôlé dans les rangs de la Dwehk Nawsha, une milice de chrétiens assyriens qui collabore avec les peshmergas kurdes, soutenus par les Américains. La milice a en charge la protection de villages à une trentaine de kilomètres au nord de Mossoul.
"Je reçois des demandes de renseignement du monde entier -- 60 ou 70 depuis que je suis revenu", explique-t-il à l'AFP dans un entretien par téléphone, qu'il mène non loin de la ligne de front.
Selon une récente étude publiée par un centre de réflexion basé à Londres, l'Institute for Strategic Dialogue, sur les 300 combattants étrangers anti-EI qu'il a suivis sur les réseaux sociaux, plus d'un tiers sont américains.
Leurs motivations pour rejoindre le front sont diverses, mais souvent liées au besoin de faire quelque chose et aussi à la frustration de ce qui leur paraît être une riposte insuffisante de la communauté internationale aux crimes commis par l'EI.
"Le principal reproche a trait aux atrocités commises contre les civils, bon nombre d'entre eux (les volontaires, NDLR) accusant les dirigeants mondiaux de faire la sourde oreille face à la souffrance de ceux qui sont victimes du conflit", souligne le rapport du centre de réflexion.
L'ex-Marine est parti en Irak parce que l'excitation du combat lui manquait et parce qu'il voulait servir la cause.
"Fauché et déçu"
Un autre engagé volontaire, qui s'est affublé du nom de guerre "Mike", affirme qu'il reçoit une douzaine de messages par jour de gens qui veulent rejoindre les rangs des combattants anti-EI. Il y a encore un an il aurait fallu une semaine pour en recevoir autant, affirme-t-il.
L'augmentation du nombre de volontaires étrangers qui se rendent dans le Kurdistan irakien pose problème aux autorités, qui se penchent de plus près sur ces hommes et leur équipement.
"Mon conseil à ces volontaires, c'est de ne pas venir ici", explique "Mike" -- ancien soldat norvégien d'origine kurde -- à l'AFP par courriel.
"Il est fort probable que vous ne serez pas autorisés à combattre et vous allez rentrer déçu et fauché", met en garde le volontaire, âgé de 31 ans.
Selon lui, le gouvernement kurde fait l'objet d'une énorme pression pour empêcher les volontaires occidentaux de rejoindre le front.
"Ils les mettent donc souvent sur des lignes de front où il ne se passe rien ou dans des camps, où ils sont en sécurité et peuvent poster des images d'eux-même bardés de leur équipement et armes au poing sur leur page Facebook", explique "Mike".
Les réseaux sociaux -- surtout Facebook et Instagram -- pullulent d'images de combattants volontaires qui montrent parfois des cadavres de jihadistes ou témoignent de la monotonie de la vie sur le front.
Park et "Mike" ont des dizaines de milliers d'abonnés à leur compte Instagram, "louis_tex" et "peshmerganor".
La plupart des demandes de renseignement viennent d'Américains, selon "Mike", mais il en a eu aussi de la part d'Européens, d'Australiens et même d'un Iranien.
"J'imagine que les gens se disent que l'EI est au bout du rouleau et ils veulent pouvoir dire à ceux qui sont restés au pays qu'ils l'ont combattu sur le champ de bataille", raconte "Mike".
Irak: 36 personnes pendues pour un massacre de recrues militaires imputé à l'EI
L'Irak a pendu dimanche 36 hommes reconnus coupables du massacre de centaines de recrues militaires commis en 2014 par le groupe Etat islamique (EI) et ses alliés près de Tikrit, au nord de Bagdad, ont annoncé des responsables. "L'exécution de 36 condamnés pour les crimes de 'Speicher' (nom de la base où les recrues avaient été kidnappées) a eu lieu ce matin dans la prison de Nassiriyah" dans le sud du pays, a déclaré à l'AFP un porte-parole du gouvernorat de Zi Qar, dont Nassiriyah est le chef-lieu.
"Le gouverneur de la province de Zi Qar, Yahya al-Nasseri et le ministre de la Justice Haidar al-Zamili étaient présents pour surveiller les exécutions", a poursuivi ce porte-parole, Abdelhassan Daoud. Le gouverneur de la province a confirmé à l'AFP que l'exécution s'était faite par pendaison.
Les condamnés avaient été transférés la semaine dernière à Nassiriyah après que le président irakien Fouad Massoum a approuvé leur mise à mort. Environ 400 des personnes tuées à la base de Speicher étaient originaires de la province à majorité chiite de Zi Qar, selon le porte-parole du gouverneur. Le groupe djihadiste sunnite EI considère les chiites comme des hérétiques.
Le massacre avait été commis aux premiers jours de l'offensive fulgurante de l'EI en Irak en juin 2014 qui leur avait permis de prendre notamment Mossoul, la deuxième ville du pays devenue depuis leur fief. Les djihadistes avaient exécuté les recrues une à une, selon des images de propagande diffusées par l'EI. De nombreux volontaires chiites s'étaient enrôlés dans des milices combattant les djihadistes après cette tuerie. Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a déclaré vouloir accélérer l'exécution des personnes condamnées à mort pour terrorisme après l'attentat à la bombe qui a tué plus de 300 personnes à Bagdad le mois dernier.
http://www.lalibre.be/actu/international/les-volontaires-occidentaux-se-bousculent-pour-combattre-l-ei-57b9872f35704fe6c1dd2218
Écrit par : L'enfoiré | 21/08/2016
Répondre à ce commentaireLe Roi du Maroc Mohammed VI : “Il n’y a pas de vierges au Paradis”
La semaine dernière, le Roi Mohammed VI du Maroc a tenu un discours remarquable sur le terrorisme et l’islamisme en Europe, à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance marocaine.
Le texte intégral de son discours traduit en anglais est récemment apparu sur le site du Middle East Media Research Institute (MEMRI).
“Nous croyons que le meurtre d’un moine est interdit par la charia, et que le tuer dans une église est un acte impardonnable de stupidité, parce qu’il est un être humain, et un religieux, même s’il n’est pas musulman. (…) Les terroristes qui opèrent au nom de l’islam ne sont pas musulmans”, a dit le roi, se référant à l’assassinat du prêtre catholique Jacques Hamel en France le 26 juillet dernier.
Il a demandé aux Marocains résidant à l’étranger d’adhérer aux valeurs de leur foi, et d’empêcher la montée de l’islamophobie et du racisme en protégeant leur bonne réputation.
Pas de vierges pour les djihadistes
Pour la première fois le monarque a également soulevé la question du djihad. Les kamikazes ne sont pas nécessairement motivés par des motifs religieux, mais la promesse de paradis est souvent un motif important. En effet, les musulmans qui se font exploser croient qu’ils acquièrent le statut de martyr, ce qui leur assure – à la différence des musulmans ordinaires – d’aller directement au paradis. Selon certaines interprétations du Coran, ils seraient alors récompensés par 72 houris, c’est à dire des jeunes femmes célestes vierges d’une très grande beauté.
Dans les bagages de Mohammed Atta, l’un des terroristes qui avaient détourné un avion pour le faire percuter dans les tours du WTC à Manhattan en 2001, on a trouvé un document contenant la note suivante : “Il faut que tu sois gai, heureux, ouvert, tranquille, car tu commets une action que Dieu aime et qui le satisfait et le jour viendra où tu seras avec les houris”)
Depuis quand le djihad consiste-t-il à tuer des innocents ?
Le roi a évoqué le groupe terroriste Etat islamique (EI), l’accusant d’exploiter le manque de connaissance de l’Islam et de la langue arabe des jeunes musulmans en Europe :
“Les terroristes qui opèrent au nom de l’islam ne sont pas musulmans. (…) Menés par leur ignorance, ils croient que ce qu’ils font est le djihad. Mais depuis quand le djihad consiste-t-il à tuer des innocents ? (…) Est ce qu’une personne saine d’esprit peut croire que des vierges au Paradis sont la récompense pour le djihad ? Est-il concevable que ceux qui écoutent de la musique seront avalés par la Terre ? Et il y d’autres mensonges de cette sorte. Les terroristes et les extrémistes utilisent tous les moyens possibles pour persuader les jeunes de se joindre à eux et de frapper des sociétés qui défendent les valeurs de liberté, d’ouverture et de tolérance. (…) Nous sommes tous visés. Celui qui croit en ce que j’ai dit est une cible pour le terrorisme”.
Source: https://fr.express.live/2016/08/29/le-roi-du-maroc-mohammed-vi-pas-de-vierges-au-paradis/
Écrit par : L'enfoiré | 29/08/2016
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