Un bout de chance ou de malchance?

Pour "Changer tout", le sujet du billet précédent, il faut en avoir les moyens physiques et financiers. Le 12 août, sur ARTE, sortait le documentaire "Au secours, j'ai gagné au loto". Il prouvait que dépenser ses gros gains grâce à la chance, crée de nouveaux problèmes non moins ardus à surmonter. 

Reprenons ce qui était dit pour présenter ce documentaire:

"Devenir millionnaire ne s’improvise pas. Et les très enviés gagnants du Loto ont toutes les peines du monde à incarner leur rôle de nouveaux riches du jour au lendemain. Un trop-plein d’émotions qui les plonge dans une vraie solitude. Garder le secret ou pas, affronter le regard des autres et en particulier celui de ses proches, dépenser ou gérer sa fortune : autant de questions difficiles à partager, sinon au sein même de la "communauté des gagnants". "C’est un peu comme si on était des bébés, dit l’un d’eux. Comment fait-on pour marcher ?" C'est la raison pour laquelle le Service relations gagnants de la Française des jeux a été créé. Il aide ses "clients" à s’approprier cette étrange identité ne relevant d’aucune catégorie sociale.

Il y a un prix payer à la chance.

D’ateliers en conférences en passant par des initiations à l’opéra et à la gastronomie, la FDJ accompagne, souvent pendant des années, ces vainqueurs du Loto assommés par leur pluie de millions. Face caméra, le visage parfois masqué, les uns et les autres évoquent leur joie mêlée de doutes et de pertes de repères. Avec, toujours, l’impossibilité de se plaindre, ils suivent des parcours avec empathie, immergés dans un monde d’ordinaire cantonné (ou condamné) à l’anonymat".

En 2009, j'écrivais "Créateur de chance" au sujet de la Loterie nationale belge qui fêtait son anniversaire. Son histoire y était contée avec les différences d'approche entre les pays anglo-saxons et nos pays latins. 

Quand un joueur gagne plus d'un million d'euros, la Française des Jeux met à sa disposition un service d'accompagnement.

La plupart des grands gagnants préfèrent rester cachés.  Ce qui n'est pas le cas, outre-Manche où la fierté dépasse les craintes du "qu'en dira-t-on".

En France, tous les ans, une réunion d'anciens gagnants est organisée pendant laquelle ceux-ci se racontent leurs aventures au moment de la prise de conscience d'avoir gagné jusqu'à la révélation de ce qu'ils ont fait de leurs gains. Une période de crises identitaires s'insère dans ce processus "anormalité" et d'amoralité.

Comment l'extérioriser? Comment la vivre? Comment briser les rumeurs de leur entourage?

Le temps et l'espace de l'un ne correspondent pas à ceux de l'autre.

Les gagnants se retrouvent dans un mélodrame dans lequel l'envie, la jalousie et la convoitise ferment toutes relations avec les autres.

La gestion de patrimoine n'est que le sommet de l'iceberg et pourrait être risible vu que l’État se gratifie, dès l'année suivante, par l'Impôt Sur la Fortune et lors de la succession en ramassant les résidus d'une fortune quasi inépuisable au cours d'une vie d'individu surtout quand celui-ci décide de ne rien changer à sa vie et refuse les signes extérieures de richesses. Moins on a d'argent, plus on en parle. Plus on en a, plus on garde le silence. 

Le billet "Créateur de chance" rappelait ce qu'en avait dit Paul Herman, journaliste à la radio RTBF, au sujet des mots "Scandaleusement riche" de notre publicité belge, lors d'un premier gros lot gagné de 75 millions. Cela se passait le 21 septembre 2005.

Aujourd'hui, 75 millions représente une paille, si on passe au Méga Million.

Toutes Loteries sont basées sur les probabilités. Plus l'échelle des gains est élevée, plus, elle attire les joueurs et plus les gains de la Loterie augmentent.

Il faut se rappeler que la Loterie est toujours gagnante. Les joueurs misent le plus souvent à perte par leurs mises participatives à la loterie. 

Les sommes deviennent astronomiques.

Comment les utiliser, les faire fructifier pour soi plus que pour enrichir les comptes en banque?

Réussir sa vie, sans même parler de bonheur, ce serait de faire ce qu'on a envie au moment où on a cette envie, mais pas nécessairement dans l'opulence immédiate.

Répondre aux projets que l'on peut réaliser par son travail n'a rien à voir avec le pactole qui tomberait sur la tête par hasard.

La loterie joue à l'aveuglette et c'est ce qu'on peut lui reprocher.

Le hasard ne fait pas bien les choses quand on n'y est pas préparé.

La Loterie, elle, s'en fout et distribue.

Un repère serait de faire un calcul très simple en règle de trois, entre le gain et les années qui restent normalement à vivre au gagnant.

Pour se disculper, elle aide en accompagnant le le gagnant d'une fortune, dès le premier million d'euros de gain en tant qu'intermédiaire.

Rentabiliser le gagnant comme première réaction.

Éliminer la responsabilité dans la tête du gagnant qui pourrait survenir à penser que c'est l'argent de son voisin qui est entré dans sa poche.  

Il faut du temps, un an, disent les gagnants, pour s'habituer à l'anormalité du gain qui dépasse toutes les prévisions...

La question de savoir pourquoi le gagnant jouait, pourrait être bien plus modeste.

Ne plus avoir obligatoirement à gagner sa "croûte", vivre de ses rentes, profiter exclusivement de la civilisation des loisirs ne suffisent pas à remplir une vie dans le long terme sans motivation.

Le don d'une partie de gains aux autres vient à l'esprit, mais c'est déplacer le problème.

L'envie de voyager, aller voir ce qui se passe dans le monde, cela marche pendant un temps, mais cela se tarit très vite puisqu'il n'y a pas eu de construction de cette envie.

Ne pas en parler à son entourage devient un problème quand il faut garder des contacts qui ne sont plus dans la norme des "équivalents".

Le sort du hasard est un si mauvais conseilleur surtout quand on voit comment "Les Tuches" l'ont assumé...

 

Caricaturale leur aventure? Pas si sûr...

Sur le net, la blague habituelle du couple qui joue au Loto ne brigue pas des sommets:

-Lui: Chérie, si je te disais que j'ai gagné au Loto que ferais-tu?

- Elle: Si tu gagnais au Loto? Tu n'as jamais gagné... Mais si tu gagnais, puisque nous sommes mariés à partager des biens, je prends la moitié et je me casse.  

- Lui: 8...4...24. J'ai déjà gagné 100 euros. Alors, voici, 50 euros et casse-toi.

 <<<

 Pas vraiment de quoi fouetter un chat et se remuer les zygomatiques, surtout que le "Lui" peut devenir "Elle" et vice-versa...

Le jeu dans son ensemble a toujours animé les esprits fumeux.

Les Sciences du jeu se posait la question "Que peut-on s’acheter avec l’argent gagné au jeu ? Les réponses du Joueur de Dostoïevski, des Voyageurs de l’impériale d’Aragon et de Jours de chance de Philippe Adam".

Je concluais le billet sur "L'art du jeu" par:

"La tombola n'est pas mon truc. Les Lotos qui fleurissent de temps en temps, n'ont vraiment pas eu l'art d'attirer mon attention. J'ai, même, du mal à définir les règles du jeu qui alimentent toutes les cases de ces petits billets qui permettront en principe à l'un des joueurs de sortir gagnant de sa condition à bon compte, si l'on en croit les annonces de la publicité.

Selon les statistiques, seulement 2% des visiteurs de Las Vegas ne touchent à aucune machine à sous pendant leur séjour. Je me retrouvais, sans le savoir, dans cette minorité.

Oui, bien sûr, le jeu ne sert pas qu'à jouer pour gagner. Il sert à se faire plaisir, à faire passer le temps agréablement. Mais, en finale, il pervertit toujours son utilisateur qui veut aller plus loin.

Jouer, deviendrait  dans ce cas, une perte de liberté et des gains pour quelques uns intéressés par cette perversion devenue addiction".

Le loto, un rituel moderne? Un opium du peuple qui fait oublier un instant les problèmes quotidiens?

Une métaphysique qui s'attache à étudier les problèmes de la connaissance, la nature de la réalité, de la vérité et de la liberté.

Désolé, je n'aime pas perdre...

Je ne suis pas fan des jeux et encore moins de ceux qui sont basés sur le seul hasard. Perdre quand je n'ai pas toutes les pièces à ma disposition et que je ne verrais pas quel serait l'aboutissement de mes gains sensés changer ma vie, très peu pour moi...

La loterie, un petit coup de chance ou de malchance?

C'est du "Lotos-Sapiens"

"La roue de la fortune" avec le titre "A la une" chanté par Ferrat;

 

L'enfoiré,

 

Citations:

• "Le dernier nettoyage de la mitre du pape a révélé qu’elle contenait une bible de poche, des restes de pizza, un chapelet, un billet de loto et un couteau suisse.", Marc Escayrol
• "Le jour où vos chiffres sortiront au loto, ce sera la seule fois où vous ne les aurez pas joués", Loi de Murphy
• "Le loto, c'est un impôt sur les gens qui ne comprennent pas les statistiques.", Anonyme

 

Pas besoin d'un bout de chance pour voir le "FlowerTime"?

Seulement, un peu de patience et, cette fois, ne pas craindre la pluie dans la fille.

En un clic pour se retrouver en "Flower Time" à l'Hotel de ville de Bruxelles

 

...

5 juin 2019: gros lot du loto gagné à Namur en Belgique et il y a en a eu d'autres. A Bruxelles, jusqu'au vendeur de ce billet gagnant a dû fermer son commerce pour cause de harcèlement. 

23 août 2020: Séquence des Carnets du Bourlingueur.

Différence énorme d'approche avec les mœurs européens.