La Méditerranée en danger (16/08/2019)

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La semaine dernière, il était question de la mondialisation. Cette semaine en voilà une autre qui même pacifique et rentable pour certains l'est beaucoup moins pour d'autres : le tourisme de masse.

ARTE (re)passait le 9 juillet la vidéo "La Méditerranée va-t-elle passer l'été?".

La Méditerranée va-t-elle bientôt devenir la plus grande mer morte du monde ? Alors qu'elle abrite 10 % de la biodiversité de la planète, de nombreux signaux attestent que cette mer semi-fermée se trouve au bord de l'épuisement. Cette enquête accablante recense les dommages engendrés par la course au profit sur l’écosystème de la Méditerranée.

La pression démographique accrue, le tourisme de masse et l’intensification du trafic des paquebots de croisière, le bétonnage et les installations industrielles affectent la qualité des eaux de la Méditerranée. Les riverains accumulent les maladies et les conséquences sociales se révèlent aussi dramatiques : tandis que promoteurs, agents touristiques ou édiles s'enrichissent en exploitant ses ressources ou en s'emparant du littoral, d'autres s'appauvrissent, à l'instar des artisans pêcheurs confrontés à une baisse inquiétante de leur activité. Quant à la faune marine, elle disparaît peu à peu des côtes et certaines espèces souffrent plus que d'autres, comme les sardines.

0.JPG"À l’échelle de la planète, la Méditerranée n’est qu’un confetti sur lequel les grandes pages de l’Histoire universelle se sont écrites. Passerelle entre l’Orient et l’Occident, la Grande Bleue fut une mer d’aventure, celle des marins et pirates grecs, des phéniciens, des étrusques, des conquérants romains et musulmans… Elle a vu s’affronter des empires, connu les bouleversements coloniaux. Elle reste au cœur de l’actualité avec les drames des migrations du Sud vers le Nord. Dans "L'Histoire de la Méditerranée", les meilleurs spécialistes vous embarquent dans une extraordinaire odyssée méditerranéenne, avec des cartes originales et des documents exceptionnels", est le préambule du Hors-Série de Le Monde.

Son histoire a toujours été mouvementée aussi loin qu'on la décrit dans le passé avec ses peuples qui l'ont parcouru dans tous les sens en conquérants d'un peuple sur l'autre.

Les chapitres passent tour à tour à l’Égypte contre Canaan, la Crète minoenne entre mythe et histoire, les affaires phéniciennes, Ulysse qui a fait un beau voyage très humain raconté par Homère, la référence de la culture grecque, l'hégémonie étrusque, la conquête romaine privée de la "Mare nostrum", la destruction de Carthage, l’évangélisation chrétienne attirée par Jérusalem, le philosophe Averroès, les Ottomans, les Italiens d'Amalfi, de Pise, de Gène et de Venise, la colonisation terminée par l'indépendance de l'Algérie suivi du retour des Pieds Noirs, la Turquie, la Libye, l'espérance d'un retour du Printemps et...  finalement, rien d'anormal, le tourisme qui devient envahissant dans une mondialisation pacifique.

Tout cela pour dire que tout y attire et que ce qui va suivre est influencé et est dépendant de son histoire engendré par l'affluence d'événements historiques.

L’afflux et l'intérêt des touristes d'aujourd'hui, dépendent le plus souvent de son histoire commune que les touristes retrouvent dans la Méditerranée.

Cette mer est la mère des continents et des époques que Fernand Baudel a décrit avec amour dans lequel il est question de la part du milieu, les destins collectifs dans un mouvement d'ensemble.

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Scandales et collusions
De Palma de Majorque au Liban en passant par la Grèce, la Tunisie et le Monténégro, Alexis Marant met en perspective les enjeux écologiques et les batailles économiques que se livrent entrepreneurs, experts, élus, populations locales et ONG, notamment WWF France et son directeur général d'alors, Pascal Canfin dans le film documentaire réalisé en 2017 "La Méditerranée en danger" qui suit. Son enquête dénonce autant la dangerosité potentielle d'un commerce maritime mondialisé que la collusion des politiques et des hommes d'affaires en quête de nouveaux eldorados. Marche forcée vers le tourisme de croisière à Majorque de bas et de moyennes gammes qui ne rapporte presque rien aux autochtones et de côtes paradisiaques vendues au plus offrant, se couvrant de marinas dans la baie de Kotor au Monténégro qui destinées aux tourisme de luxe ne leur rapportent pas assez de taxes mais qui graissent les mains des investisseurs et des groupes mafieux, supportés par clientélisme et corruption en se dégageant après des décharges, de déchets enfouis sur les berges surpeuplées à Beyrouth, dans une pollutions qui se répercutent sur la santé...

Autant de scandales qui augurent d'un avenir sombre au risque  que le "berceau de l'humanité" deviendrait un tombeau.

12.JPGLa Méditerranée et certains endroits qui la bordent, je connais relativement bien.

J'en ai probablement touché quelques mots dans certains articles sur ce site en parlant de la Catalogne et de l'Espagne, de Venise, de Majorque, de Malte, des côtes de la France, de l'Italie, de l'ex-Yougoslavie, de la Grèce avec ses nombreuses îles, de Turquie, de l’Égypte, d'Israël, du Maroc...

13.JPGMais cela s'est réalisé en plusieurs années pendant une quinzaine de jours minimum et m'a permis de voir une évolution trop lourde et trop concentrée sur des lieux dits et trop connus qui permettent de dire à certains "J'ai fait l'Italie, je suis passé en Espagne et je suis remonté en visitant la France en ayant seulement réuni deux ponts de congés annuels".

Protéger ce patrimoine de l'humanité est devenu plus qu'une priorité en prenant soin de ses écosystèmes méditerranéens, de la préservation de son mode de fonctionnement et de la posidonie endémique comme il est dit dans le documentaire.

Les documentaires "La Planète bleue" ont été récemment rediffusés sur France3.


 

La Corse montre un peu le sens dans lequel il faut aller...14.JPG

Mais il existe une nouvelle xénophobie anti-tourisme plus générale.

Des affiches "Tourists go home" apparaissent dasn des goulots d'étranglements "bocalisés" à certains endroits qui sont proposés par les agences de voyage.

"Dès qu'une société rejoints des standards de mode de la vie occidentale, elle produit des touristes", écrit Rodolphe Christin dans son opuscule "L'usure du monde: critique de la déraison touristique" dont voici quelques idées maîtresses.

Une rupture de la transition d’une époque où la mobilité était l’exception à la période contemporaine « dromomaniaque » dans l’incessante mobilité des individus.

Le déplacement touristique constitue une sorte de soupape d’oxygène pour les individus qui vivent dans un quotidien saturé de stress et de fatigue. Dans un choix délibéré ou imposé à l’origine d’une homogénéisation croissante du monde où les singularités des individus, des lieux, des cultures sont en voie de disparition liés à  des non-lieux sans qualité que sont les aéroports, les autoroutes, les gares, les hypermarchés.

0.JPG« L’usure du monde » par le tourisme sexuel, par l’industrie touristique dans lequel plus rien n'est naturel ou original dans cette époque anthropocène devenue objet entre les mains de l’homme que celui-ci modifie à sa guise dans une perspective économiste et capitaliste opposée à une écologie volontaire mais mal comprise où s'affrontent les promoteurs touristiques, les milieux financiers, l'État pour défendre un point de vue de patrimoine par la valorisation d’un site tout en le rendant moins naturel et en perdant sa valeur intrinsèque dans un désir d’altérité dans une brève bouffée d’oxygène dans un quotidien suffocant. 0.PNGLe voyage lent et long, assimilé à une attention à autrui, c’est en bourlinguant de part et d’autre du globe dans des « lieux d’initiatives populaires » malheureusement limités par les contraintes éditoriales, de travail, de famille et l’essor du système low-cost qui réduisent drastiquement la taille du monde tout en démocratisant anormalement ce tourisme de masse et en annihilant le goût du voyage avant une réduction drastique de la mobilité pour des causes écologiques qui s'annoncent dans un avenir proche.

 Les autochtones qui en connaissent bien plus sur leur vie locale que ce qui est raconté dans les guides et par les gestionnaires des hôtels, ont perdu leur sens de l'hospitalité proverbiale.

Sujet de discussion au club 28' du 9 aout en se répercutant sur les réseaux sociaux. Podcast: podcast.

Ce 15 août 2019, l'eau de la Méditerranée a atteint la température record de 26,6°C.

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0.JPGLe "Tout touristiquement vôtre" a encore beaucoup de beaux jours devant lui même s'il demande de se rappeler "Pourquoi partons-nous en voyage?" et ce n'est pas pour s'emmerder à se faire dorer la pilule à l'hôtel en juillet et en août.

Le magazine GEO sortait dans son n°355 de septembre 2008, un "Spécial Méditerranée" avec le sous-titre "Richesses et enjeux d'une mer unique" de 35 pages.

Au début, je pouvais dire "Heureux qui comme Ulysse pouvait réellement se dépayser en prenant son temps pour le faire", ce n'est plus le cas.

Faudra peut-être le chercher à nouveau chez les dieux grecs.

Manif pour tous? Faut pas charrier... Un débat éthique bien sûr...podcast

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Les actions politiques

Le 13 juillet 2008, lors du Sommet de Paris pour la Méditerranée, était fondé l'Union pour la Méditerranée (UpM) comme une organisation intergouvernementale rassemblant 43 pays d’Europe et du bassin méditerranéen avec l'objectif de renforcer le Partenariat euro-méditerranéen (Euromed) mis en place en 1995 sous le nom de Processus de Barcelone..

Étaient impliqués les 28 États membres de l’Union européenne, 15 pays méditerranéens partenaires d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d’Europe du Sud-Est avec son secrétariat général se situe à Barcelone.

Le but était de promouvoir la stabilité et l’intégration à travers la région méditerranéenne avec un forum permettant de débattre des questions stratégiques régionales et s'appuyant sur les principes de la co-appropriation, de la codécision et de la coresponsabilité partagée entre les deux rives de la Méditerranée.

Augmenter l’intégration Nord-Sud et Sud-Sud dans la région méditerranéenne afin de soutenir le développement socio-économique des pays et d’assurer la stabilité dans la région par le biais de ses actions, l’institution se concentre sur deux piliers fondamentaux : favoriser le développement humain et promouvoir le développement durable.

Ces projets et initiatives sont axés sur six secteurs d’activité mandatés par les États membres de l’UpM : « Développement des entreprises », « Enseignement supérieur et recherche », « Affaires civiles et sociales », « Énergie et action pour le climat », « Transport et développement urbain », « Eau et environnement ».

Aujourd'hui, on n'en entend plus parler alors que les problèmes de la mer elle-même devait faire partie des préoccupations.

Nous étions prévenus de ce phénomène en queue de poisson par cette phrase: "Les projets soutenus par l’UpM obéissent au principe de la géométrie variable qui permet à chaque pays, en fonction de ses priorités, de prendre part, lorsqu’il le souhaite, aux projets labellisés susceptibles de le concerner"

Alors mets plutôt de l'huile...

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En 2019,il est question "D'une Union pour la Méditerranée à une Union de la Méditerranée? "Pas pour tout de suite" selon Nasser Kamel dans un dialogue qui s'est tenu le 22-23 mai à Barcelone, en marge du Sommet des Deux Rives, exercice inédit de consultation de la société civile méditerranéenne, avec l'ambition de relancer la dynamique de coopération en Méditerranée occidentale par la mise en œuvre de projets concrets en faveur du développement humain, économique et durable dans la région et plusieurs projets qui seront appuyés par l’UpM, envoyés aux 11 et 12 juin lors du Forum de Tunis.

Beaucoup de blabla et peu de réelles concrétisations des objectifs.

Le problème écologique de la Méditerranée n'est d'ailleurs pas étranger à celui des mers et des océans et Daniel Pauly en parlait récemment dans un 28' de ARTE

Podcastpodcast.

Le problème n'est pas qu'il y ait du tourisme. Le problème du tourisme, c'est qu'il se montre en masse, sort de son environnement pendant un temps très court de la période d'été avec l'idée de s'éclater sans respect pour les autochtones qui demande du tourisme sans se sentir envahi de toutes parts jusqu'à ne plus pouvoir trouver d'habitations à sa juste mesure.   

Toutes les mers fermées ont un problème plus épineux à surmonter.

Quand il s'agit de la dérive des continents, la question reste...

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Le dernier quart de de cet afflux touristique a commencé avec ce weekend du 15 aout.

Dernièrement, je lisais que contrairement à ce qu'on pourrait penser au sujet des avions low cost, les billets d'avions ont augmenté de 30% depuis 2010.

Analyse de l’Observatoire des prix : les tarifs aériens ont augmenté deux fois plus que l’inflation.

Les critères environnementaux ne les influencent pas donc vraiment.

Ce n'est plus le voyage qui est important mais le dépaysement rapide et soudain.

Toujours plus d'avions sont commandés, plus de navires de croisières sont construits de plus en plus énormes.

Contrairement à ce que j'avais écrit en 2008 dans "L'éconologie, rêve ou réalité?", en Méditerranée, c'est toujours un rêve.

L'économie passe toujours avant l'écologie.

La Méditerranée aura-t-elle encore une fois de plus passé l'été?

Très certainement, mais ce ne sera plus en accord avec les chansons rétros de Tino Rossi ou de Hervé Vilard.



 

A Bruxelles, est-ce que la ville est en danger à cause du tourisme?

A première vue, non.

Les prix des habitations sont encore raisonnables.

Rien à voir, avec ceux qui sont pratiqués dans des endroits super-touristiques.

Ce 15 août, j'y suis allé voir de plus près pour voir ce qui avait été fait pour "Brussels Summer Festival" et pour "Flowertime".

En voici quelques photos dans le cadre de "Vacances citadines"

La musique électronique se fait entendre1.JPG

Quelques touristes se reposent en écoutant 2.JPG

Le palais a ouvert ses portes3.JPG

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L'Albertine s'ouvre avec une arche faite de vélos

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Tout est encore endormi7.JPG

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Mais, la musique se prépare8.JPG

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La Galerie de la Reine se met à l'heure des fleurs

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On se photographie pour les souvenirs

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Puis on suit les guides improvisés

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La file des touristes s'étire devant Flowertime14.JPG

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Le nouveau Musée du chocolat...

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... s'entoure d'images exotiques

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Manneken Pis s'est habillé pour l'occasion

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Les selfies avec lui se multiplient

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Les petits hommes bleus sont aussi à la fête 

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Brel se fait photographier sous tous les angles

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Et comme il n'y a pas beaucoup d'humour dans ce billet...

le sketch du bruxellois Alex Vizorek en 2018 à Montreux vient à point... Podcastpodcast

   

Eriofne

 

16/8/2019: Peter Fonda est décédé...

"Easy rider" revient en mémoire

Road movie, devenu un emblème de la génération hippie des années 1960-1970, raconte le voyage de deux jeunes motards, Wyatt et Billy, qui, après avoir vendu une grosse quantité de drogue, décident de quitter Los Angeles et d'aller participer à la célébration du carnaval de La Nouvelle-Orléans avec l'argent gagné.

Durant leur traversée des États-Unis sur leurs motos de type choppers, les protagonistes rencontrent et découvrent le mode de vie d'une communauté hippie. Accusés à tort de participer illégalement à un défilé, ils sont jetés en prison. Là, ils sympathisent avec George Hanson, un avocat défenseur des droits civiques qui se joint à eux pour la suite du périple. Les trois compères se confrontent à l'Amérique profonde, raciste et conservatrice, qui refuse l'évolution des années 1960.

Hommage


17/8/2019: Le chapitre n°5 de mon eBook, apparaissant chronologiquement le lendemain

en cliquant sur ce lien

11/1/2019: Le feuilleton "Une île"

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