Paisible assurance

"Tout peut s'assurer" disent les assurances. Mais est-on en droit de s'assurer impunément de choses qui relèvent de sa seule responsabilité morale ou sentimentale?

Oh, douce assurance! Toi, qui va me permettre de m'ouvrir, de m'éclater, de m'assurer sur les défauts de la vie et de ses aléas qui se trouvent inscrits dans une destinée trop imparfaite.

Et, oui, délier un peu sa bourse pour obtenir cette sécurité si chère à tous est la volonté de chacun et parfois même une obligation quand le particulier "s'oublie" dans sa vie de citoyen responsable.   

Dans ce domaine particulier, tout est possible et quand je dis tout, c'est tout ou presque.

L'assurance incendie avec les dégâts des eaux est avec l'assurance pour l'auto des exemples les plus connus.

Mais il en existe une foule d'autres occasions pour faire appel à l'une des sociétés en place ayant ce seul objectif ou chez d'autres sociétés qui ont ajouté cette activité dans la panoplie d'autres. Car, le business est bien présent et les montants engagés frisent des sommets dans... 

• L'assurance solde restant dû
• L'assurance vie
• L'assurance obsèques
• L'assurance droit de succession
• L'assurance décès
• L'assurance compte bancaire 

Dans notre monde moderne, il est de bon ton de s'assurer au mieux dans toutes les actions que l'on entreprend: la belle auto, pour revenir à elle doit pouvoir prendre en charge les dégâts occasionnés à la voiture du voisin et de sa personne, avec toutes ses annexes contre le vol, protection corporelle et juridique comprise, la prévision d'une perte totale ou simplement d'une bêtise à plusieurs volets...  

Tout est possible. Les assurances les plus diverses sont disponibles sans beaucoup chercher.

Si pour et à l'entour de son habitation, l'assurance incendie est obligatoire, beaucoup d'autres sécurités sont recherchées pour pallier les dégâts, au vol de ses biens, au bris de vitres... Dans nos déplacements, se prémunir contre les accidents que l'on encourait ou les risques que l'on ferait encourir à autrui est soit une obligation, soit une manière de se sentir plus rassuré contre l'adversité. 

S'assurer soi-même est un plus mais assurer autrui est encore mieux.

Le président Bush voit l'objectif de sécurité comme le point majeur de son mandat d'après ses déclarations fracassantes contre le "méchant" terrorisme. La vigilance engendrée par les attentats du 11 septembre, entre autres, a redoré les blasons des compagnies d'assurance et ... le sien.

Alors, vous vous assurez pour vous mettre en ordre avec la législation.

Une fois, le contrat signé, vous vous sentez parfaitement rassuré et prêt à pousser un 'ouf' de soulagement face au devoir accompli. Plus rien de dramatique ne peut vous arriver. Vous avez passé le flambeau de votre responsabilité à un organisme dont c'est justement la fonction. 

Et bien, pourtant, ce n'est pas tout à fait dans la poche. Contrairement à ce qu'on écrit, tout n'est pas assurable et cela même à un prix élevé.

François Mauriac disait: "On ne connaît bien que ce dont on est dépouillé". La belle couverture n'est pas toujours aussi chaude que prévu.

Les pertes au patrimoine ne sont pas minces et les prendre à la légère relève de l'insouciance ou d'une pure imbécilité.

Les dégâts dus au réveil de la nature ne sont pas des moindres maux. L'imprévisible est souvent de la partie et pourtant comme le disait Alain Bombard "Il n'y a que l'impossible qui arrive toujours". Les catastrophes naturelles ne se limitent pas au national et, cette fois, la mondialisation n'est pas une vue de l'esprit banale et contestable dans ce domaine.

Le principe de précaution invoqué souvent par souci du point d'interrogation qui se pose à nous dans l'utilisation de produits de haute technologie comme les OGM n'est pas un leurre pour gens frileux. La mutation génétique organisée n'entraînerait-elle pas une mutation plus générale et moins contrôlée? L'invention technologique joue les apprentis sorciers. Mieux vaut en être averti et prendre les devants devant de tels bouleversements.

Le risque de se trouver démuni plus tard n'est pas moins une vue de l'esprit. Le surendettement chronique et de plus en plus intensif dans notre vie moderne portée par la publicité et le manque de sécurité d'emploi en parallèle poussent à plus de précautions encore.

L'Etat s'assure de sa pérennité bien ou pas assez selon certains. Il s'inquiète de l'approvisionnement de ses citoyens et s'acquitte de l'aboutissement au mieux des liquidités dont il dispose par notre délégation. Mais la règle du jeu se concrétise aussi au niveau des pièces de l'échiquier. Chacune d'elles doit être consciente du niveau du risque particulier qui est loin de représenter une base homogène. Pas d'égalité naturelle, pas de gènes communs face à la maladie et à la chance de naître dans l'environnement adéquat et les "étincelles" qui font la différence. L'Etat, encore lui, va aider pour s'assurer de l'avenir s'il est consulté et participer dans le prix du bouclier contre l'adversité par des incitants fiscaux. 

Le Belge s'assure pour plus de 3.980 dollars par an et monte sur la 4ème marche du podium avec 3426 milliards de dollars de prime. L'assurance vie avec 76% occupe la première place. Pour les autres assurances qualifiées de "non obligatoires" et de "non vie", un ralentissement de croissance s'est opéré d'après les dernières statistiques de 2005.  

Plus platoniquement, si votre responsabilité légale est derrière vous, votre responsabilité au niveau financier sera partiellement partagée, la responsabilité morale, elle, reste entière dans vos mains (et surtout dans la tête). Cette responsabilité ne peut être mise à l'argus. La conscience ne s'assure pas. Les sinistres intentionnels relèvent d'une autre psychose.  

La vie en communauté, l'idée de civisme n'ont plus le même poids et ne semblent plus comporter la même contrainte de respect qu'il faudrait pour assurer une harmonie adéquate.

Une valeur "sentimentale" ne s'évalue pas aussi facilement non plus. Evaluer les dégâts aux choses que l'on aime sans aucune autre raison est affaire strictement personnelle. Une fois le constat de la perte ou du vol, les "détails" sortent vite de leur statut de valeur vénale ou "sans grande valeur" et comptent plus sérieusement que prévu. La reconstitution du patrimoine n'est pas nécessairement possible à cause du degré de rareté et du domaine de l'insolite. Une expertise des biens assurables est judicieuse mais n'assure qu'un recouvrement financier et non de la pièce en perdition.  

La plupart des couvertures d'assurances classiques tiennent compte de ces "babioles" dans les limites d'un forfait ou de plafonds d'indemnisation relativement bas. Sortir des normes demande des précautions plus spécifiques.

Quand il s'agit de la personne chère qui "passe", l'argent n'a plus du tout la valeur attribuée au départ.

Assurer la maison d’autrui peut donner des surprises.

Non vraiment, le sentiment, ça ne s'assure pas avec une signature au bas d'un parchemin.

Quand, en plus, les mathématiques s'en mêlent sous forme d'actuaires pour calculer les modèles de vie sans se préoccuper des exceptions et des particularités, il y a des soucis à se faire.

L'homme est tellement à l'opposé aux mathématiques.

Mais, vive la vie tout de même et qu'elle soit longue pour nos "protecteurs" bien rémunérés mais obligés aussi par notre monde dit "moderne".

 

L'enfoiré, 

 

Citations: 

• "Le bien ne suffit pas à assurer le bonheur, mais le mal suffit à assurer le malheur.", Aristote
• "Mieux vaut un mal douteux qu'un tourment assuré", Jean Bertaut
• "Moins on mérite un bien qu'on nous fait espérer, Plus notre âme a de peine à pouvoir s'assurer", Molière
• "Peut-on assurer le bonheur de tous au détriment de chacun ?", André Gide