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03/06/2006

Pique et pique et collez gramme

Tellement fragiles et tellement ravageurs chez tous les mammifères, les oiseaux et même les reptiles, les moustiques se font oublier en hiver et se réveillent avec la belle saison. Qui dit réchauffement de climat, dit aussi changement d'attitude à adopter.  

Les beaux jours et la chaleur reviennent, les moustiques aussi.

Il y a en Belgique une trentaine d'espèces recensées, mais certains chercheurs estiment que cet état des lieux ne correspond plus à la réalité.


De nouvelles espèces sont arrivées, de la famille Culicidé et du genre des AEDES Albopictus, vecteurs de parasites et de maladie. Plusieurs chercheurs et professeurs demandent qu'un nouvel inventaire soit effectué. Une démangeaison, une rougeur sous cutanée, voilà les seuls inconvénients que cet insecte nous fait subir sous nos latitudes. Le moustique, inoffensif en lui-même, est cependant un vecteur de maladies. Après avoir piqué un animal infecté, il en pique un autre ou un humain et, par là, propage l'infection en injectant virus et bactéries. Si le fameux chikungunya n'avait pas pointé le bout de son dard dès novembre 2005, nous ne nous serions jamais penchés sur cette petite bestiole bien fragile en somme mais qui, dès début mars 2006, a fait 260.000 victimes (225 morts) dans l'hémisphère Sud. En régression actuellement (pic en février 2006) . Les spécialistes osent lancer un pourcentage de 80% de la population qui pourrait être touchée. Ce qui représenterait, cette fois, le demi million de personnes. 

Difficile à prononcer ce mot de "chikungunya", qui se traduirait par "Homme courbé", et surtout de le retenir et, pourtant, tout le monde même jusqu'ici en Europe, connait désormais son existence. Bien qu'"involontairement", ce moustique tigre (Chigunguny) peut arriver sous nos latitudes et on s'en inquiète à juste titre. D'autres moustiques "exotiques tigrés" sont le principal vecteur de la fièvre jaune et de la dengue. La dénomination "tigrée" vient des taches blanches qui se trouvent sur ses pattes. La prolifération des moustiques se fait par l'intermédiaire de la moindre flaque d'eau à la belle saison. En moyenne, trois fois par an, une centaine de larves y sont déposées par la femelle. Tous les moustiques ne se déplacent que de quelques centaines de mètres de leur environnement immédiat pendant toute sa vie d'insecte. Voilà pourquoi il est intéressant de se rappeler de l'endroit où la victime a été piquée et en informer les autorités pour détecter les zones infectées. Les moustiques piquent pour se nourrir en respectant un temps minimum entre chaque piqure pour reconstituer ses glandes salivaires et transmettre les virus de victime à victime par la même occasion. 

A la Réunion, la démoustification s'est faite très lentement, trop lentement et d'après certains, une réelle épidémie s'est produite. La désinformation a régné au début. Après une incubation de 4 à 7 jours, des fortes fièvres alliées à des douleurs articulaires, vomissements, diarrhées résultent de la piqûre, mais, on ne voulait pas y voir quelque chose d'anormal ni d'épidémiologique. Ces symptômes restent malheureusement invalidants pendant de longs mois. Une hyperthermie peut également survenir et causer des dégâts au cerveau et au système neurologique. Pour contrer l'épidémie, au départ, l'aspersion de produit tel le Fenithrotion et le Temephos ont été utilisés pour éradiquer ce moustique. Ils apportent cependant des effets nuisibles pour la santé des hommes et pour d'autres insectes dits "utiles". Exit, donc, ces produits trop dommageables. Voilà la Deltamethrine, classée, elle aussi comme toxique aigue. Il ne faudrait pas dire qu'en définitive les autorités sont restées inactives devant l'ampleur de la prolifération. Trop soucieuses de conserver les devises en provenance de l'exploitation du tourisme, on veut y apporter remède. C'est vital pour l'économie de l'île. Le problème majeur, c'est que la bataille en saison humide n'est du tout du même tabac qu'en saison sèche. 600.000 euros ont été engagés dès janvier en toute hâte et plus de 3000 hommes ont été assignés à la tâche sur le terrain. Le WWF s'est inquiété a de nombreuses reprises des initiatives prises pour l'éradication et surtout de savoir si les méthodes d'utilisation lourdes de précautions à prendre pour l'utilisation de ces produits nocifs ont été suivies à la lettre. Un séquençage complet du virus a été établi par les scientifiques. Retracer son histoire et son évolution a prouvé qu'il a évolué et qu'il a acquis la capacité de se multiplier plus rapidement que précédemment. Une véritable mutation reliée à la vitamine E1 en est peut-être responsable

Thierry ANSE, professeur à l'UCL, dirige un groupe de recherche en Entomologie appliquée expliquait les raisons d'un nouveau recensement qui a été demandé en Belgique.

Les derniers recensements des espèces, nous dit-il, remontent à 1915 et les seules dernières données autour des années 50. Les changements de climat, l'augmentation du réchauffement de la terre et la mondialisation des transports font qu'il y a des risques que de nouveaux moustiques arrivent chez nous et vont transmettre des maladies comme c'est déjà le cas dans d'autres pays européens.  Le chikungunya a pu donc infecter des gens qui sont rentrés en Europe. Ils peuvent être soignés sans problème mais s'ils transmettent la maladie à d'autres personnes, on peut se retrouver avec la maladie sans avoir jamais été en déplacement à la Réunion. Cette espèce n'est pourtant partie de rien. Elle existe depuis bien longtemps. Elle a été inventoriée depuis 1953 à Entebbe, après avoir effectué des tests sanguins sur un homme présentant fièvre et arthralgie. Une action préventive de démoustication était organisée tous les ans pendant la saison sèche pour éradiquer le problème au mieux. La maladie transmise par le chikungunya, cousine du paludisme africain sévit sous une forme voisine dans les Antilles. Il n'existe aucun agent antiviral connu à ce jour. Repos et anti-inflammatoires sont les seuls remèdes. Les moustiques qui transmettent des maladies graves tels que la malaria sont des espèces tropicales qui ne subsistent normalement pas chez nous, mais à cause du réchauffement climatique et l'adoucissement de nos hivers, le phénomène risque d'accélérer et de nouveaux moustiques s'implanter chez nous. La malaria a le taux de mortalité le plus élevé au monde avec quelques 2 millions de personnes tuées chaque année. Actuellement, pas de danger dans nos pays mais une surveillance n'est pas superflue pour prévenir une présence future. Les larves sont le plus grand danger. La larve du chikungunya, pour en revenir à elle, a été détectée dans une eau stagnante à côté d'un dépôt de pneus usagés importés du Japon.  Le recensement des moustiques n'est pas facile et nécessite des capitaux pour la recherche en laboratoire. Des pièges à moustiques les attirent de même que le corps de l'homme et permettent ce recensement.

Le moustique vit partout dans le monde. Il n'y a que la femelle qui pique pour se gaver de sang et d'acides aminés nécessaires au développement des oeufs. Elles sont donc seules aptes à transmettre les maladies. Le mâle se nourrit, lui, de nectar de fleur. Le cycle de vie aquatique dure six semaines. Après, se reproduire va être son seul but et cela pendant quelques mois. Le Sida, heureusement, ne peut passer par cet intermédiaire. Une petite quantité d'eau stagnante suffit à sa prolifération. La détection de cet ennemi de l'homme peut se faire par celui du CO2 et par les infrarouges. Les odeurs, la couleur bleue et la chaleur attirent l'insecte. L'utilisation de bactéries pourrait se révéler efficace dans un temps très limité pour éradiquer le moustique. Les moustiquaires sont évidemment très utiles dans l'intérieur des maisons. La citronnelle, comme répulsif, est utilisée pour se protéger des piqûres mais l'effet protection ne dure que 2 bonnes heures.

Pourtant, le 29 mai, une entomologiste de Montpellier, Madame Weil,  nous incitait à la radio à être plus tolérants vis-à-vis des moustiques. En effet, la résistance de ceux-ci par rapport aux insecticides les plus puissants s'est amoindrie très fortement pour devenir quasiment nulle dans certains endroits touristiques où il est de bon ton d'éradiquer au maximum cette nuisance. Arrêter les traitements ou changer de produits à réinventer est devenu une obligation d'efficacité. Tel que les antibiotiques, ils sont devenus dangereusement inefficaces à force d'utilisations non judicieuses.

Les Peaux Rouges d'Amérique avaient compris ce qu'ils pouvaient en retirer comme avantage en s'enduisant la peau de l'ocre appliqué pour le côté également répulsif. Assainir les marais au DDT a été efficace mais le produit est interdit depuis 1986.

A Tokyo existe un musée du moustique.

A Singapour, il existe une police gérant les problèmes liés aux moustiques. Elle perquisitionne chez les habitants pour déceler toutes infractions qui pourraient engendrer la prolifération. Des inspections systématiques des gouttières après les pluies restent un moyen efficace de combattre ce qu'on peut appeler un "fléau".

Alors, quand je titrais mon article d'une parole d'enfant, il ne faudra pas me prendre à la lettre car contrairement à la grippe aviaire que l'on pourrait surnommée de "Bug de l'an 2006", le problème n'est pas anodin.

Dans ce cas-ci, même s'il est actuellement impossible de soigner efficacement, il n'en reste pas moins vrai que la prévention, elle, existe bel et bien. 

Il s'agit d'une nouvelle bataille de David contre Goliath, mais cette fois, nous jouons le rôle de Goliath. 

 

L'enfoiré, 

Citations: 

  • "Moustique : plus dangereux que n'importe quelle bête féroce.", Gustave Flaubert
  • "Il est plus utile de tuer des moustiques que de faire l'amour.", Mao Tsé-Toung
  • "Avec patience et crachat on fait entrer un pépin de calebasse dans le derrière d'un moustique", Proverbe créole
  • "Le moustique n'a pas pitié d'un homme maigre", Proverbe mongol
  • "A force de limiter la vitesse, il n'y aura bientôt plus aucun pare-brise disponible pour le suicide des moustiques dépressifs", Patrick Sébastien

 

Situation datant du 5 juillet qui a pour titre "Chikungunya de retour?

Mise à jour du 3 mai 2007: un nouvel inventaire des mousiques vivant en Belgique est demandé pour suivre les suites du réchauffement climatique.

Commentaires

Bonjour,
Moustique qui pique à la belle saison/ ondes ultra son du moins dans la maison.


"Devant le miroir, l’on aperçoit l’autre, celui que l’on préfère ne pas voir et qu’en général on ne voit pas. L’autre soi, face à face avec un bout de soi."

Bien à vous...

Écrit par : Ambroise | 10/06/2006

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