19/02/2022
Walt Disney, l'homme qui voulait sublimer le monde
Depuis plusieurs générations, des millions d'enfants et leurs parents voient en partie le monde à travers le regard que Walt Disney portait lui-même sur la nature, sur la famille, sur l'amitié ou le courage, sur la méchanceté ou la mort.
Mais pourquoi et comment Walt Disney a-t-il acquis un tel pouvoir ? Et qui était exactement en homme qui ne voulait pas seulement amuser le monde, voire l'émerveiller, mais le transformer radicalement.
"Walt Disney - L'homme qui voulait changer le monde" a emmené le téléspectateur dans l'envers du décor d'un homme qu'on croit connaître parce qu'il s'est souvent montré, voire mis en scène, mais dont il faut parcourir les méandres de l'histoire comme de l'inconscient, pour avoir une chance de l'entrevoir dans sa réalité comme il a été représenté dans ce documentaire dont je vais reprendre quelques passages.
Etait-il un créateur d'avenir ou faisait-il, au contraire, preuve de conservatisme parce qu'il a repris des histoires qui n'étaient pas des contes pour enfants ?
...
Walter Elias Disney dit Walt Disney ou encore Oncle Walt pour les intimes, est un producteur, réalisateur, scénariste et animateur américain, né le à Chicago et mort le à Burbank. Il est l'un des pionniers de l'animation et est une icône du dessin animé du xxe siècle.
Cinq décennies après sa mort, avec un total de 22 récompenses pour 59 nominations, il est l’artiste individuel ayant remporté le plus d’Oscars.
Pourtant tous les contes ne sont pas ce que l'on pense...
Documentaire sur la vie de Walt Disney
Dès son adolescence, il veut fuir les contraintes et la rudesse familiale et découvrir le monde.
La France en guerre, Paris, Strasbourg font partie de ses premiers fantasmes.
Le dessin publicitaire lui fait sentir que le cinéma lui permettrait de traverser le miroir du temps entre l'imaginaire et le réel. C'est un premier échec qu'il pense d'abord comme son père pour qui l'échec est une seconde nature.
Il va devenir l'antithèse car il n'accepte pas la défaite. Il rebondit en associant sa créativité visionnaire au côté financier gestionnaire de son frère.
L'ascension commence. Elle ne s'arrêtera plus dans le studio Walt Disney. Il s'associe avec le fidèle dessinateur Hubb avec qui il échange ses idées. La musique et le bruitage comme accompagnateurs, il crée la souris Mickey dans "Steamboat Willie" qui s'oppose par son intelligence à la force du chat et qui, par là, ressemble à une personnalité de la classe ouvrière dans la même idée du Kid de Chaplin.
19 septembre 1928 : première apparition de Mickey Mouse dans le dessin animé sonore "Steamboat Willie"
Le petit Mickey, toujours rebondissant avec optimisme devant d'adversité, devient ainsi le remède à la crise financière de 1929, considéré comme un trésor national avec la fascination des intellectuels et qui, pour lui, se sentant comme un intellectuel refoulé est surtout une revanche à son enfance. Tout va s'enchaîner pour le confirmer.
Les Studio Disney deviennent une entreprise pour créer la meilleure équipe possible, comme un chef de clan des meilleurs dans toutes les disciplines dans une mixité d'opinions parfois excentriques, reliant communisme et capitalisme, dans la création un bouillonnement artistique mais toujours en suivant sa propre lignée obsessionnelle autoritaire en butinant comme la reine abeille, dans tous les départements de son entreprise sans plus rien faire d'autre que de manager et de dédicacer ses personnages de dessin sans honte de pousser ses meilleurs collaborateurs avant lui.
Les "Silly Symphony" en nait.
Une première dépression survient à la suite à un déception familiale et quand la production de Mickey s'effondre victime de son succès.
En 1933 et 1936, les Trois Petits cochons
Les Trois Petits Cochons sont un conte mais ils ont une véritable histoire
Son doute et sa dépression lui font réfléchir et font naître le 21 décembre 1937, "Blanche neige" dans un long métrage avec les Sept Nains qui rassemblent tous les sentiments humains avec leurs mythes quand la frontière entre l'imaginaire et le réel est encore poreuse.
Les budgets de réalisations explosent mais le film est un succès total couronné par des récompenses après avoir fait pleurer les spectateurs lors de la mort de Blanche Neige.
Walt pourtant se sent comme Donald Duck qui ne connaît aucune limite dans une logique toute particulière qui, colérique et menteur, veut tout casser opposé à Mickey.
En période des années 40, c'est la discipline qu'il pense en servant la patrie en rendant le monde plus heureux représenté en miniature dans son studio clos, contrôlé et parfois terrifiant dans son concept.
Une césure idéologique complète survient à l'intérieur de son entreprise : la syndicalisation et la grève de ses collaborateurs qui remarquent que ce n'est que le patron qui est payé correctement...
En 1941, une deuxième dépression survient dans l'esprit de Walt quitte à devenir anti-communiste, en ressentant une trahison de son personnel.
Il a seulement oublié de s'identifier à autre chose qu'à lui-même.
Mais l'engouement de Walt des débuts a disparu.
Pour l'oublier, il entreprend un travail d'arrache pied pour sortir coup sur coup 4 films.
En 1941 : Dumbo
Fantasia avec personnages dessinés et orchestrés par de la musique classique.
En 1942 : Bambi
En 1946 : Pinocchio
C'est de ce conte dont l'auteur que j'j'avais rencontré en 2008 dans "Bons sens ne sauraient mentir".
Des films en derniers témoins de l'âge d'or de Walt.
En patriote, il devient porte-parole des Etats-Unis en Amérique du sud et implique ses personnages dans des films de propagande dans l'effort de guerre contre les Nazis.
En mélangeant de vrais acteurs et des personnages animés, "Mélodie du Sud" est une première ligne rouge aux yeux du public dans une représentation idyllique entre blancs et noirs en glamourisant l'esclavage.
En plein Maccarthysme, il se range comme un agent du FBI dans une vengeance contre ceux qui l'avaient lâché.
Une période noire commence pour Oncle Walt à la rencontre de sa propre vie privée à contrer son image publique faussée comme acteur de son entreprise.
Walt ne s'intéresse plus vraiment à ses productions suivantes.
En 1950 : Cendrillon
Le conte de Cendrillon et sa vraie histoire
En 1951 : Alice au Pays des merveilles.
Le conte de Alice au Pays des merveilles et son histoire
En 1953 : Peter Pan
Le conte de Peter Pan et sa véritable histoire
1967 : le Livre de la jungle
Le Livre de la jungle est un conte qui a aussi son histoire
Troisième dépression psychologique de Walt qui trouve son répondant dans objet transitionnel en s'offrant un train miniature à vapeur qu'il avait rêvé dans son enfance.
Sa vie est ainsi bouclée comme une bulle qui revenait au point de départ.
Il invente un monde clos et idéalisé à Disneyland comme un village antimoderne et utopique.
Dès le début des années 1960, l'idée d'un second parc Disney sur la côte est des États-Unis a émergé. Des terrains sont achetés afin de tester le public.
En 1964-65, la société Disney participe à la Foire internationale de New York. La très grande superficie de terrain achetée par Disney a permis d'aller plus loin dans la conception de cette ville futuriste.
En octobre 1966, il réalise le film nommé EPCOT dans lequel il explique sa vision future.
Dans ce film, il apparaît une dernière fois. Il ne sort qu'en 1967, après sa mort, avec le projet pour EPCOT acronyme de Experimental Prototype Community Of Tomorrow (en français : prototype expérimental d'une communauté du futur).
Mais en décembre 1966, alors que la construction du Magic Kingdom vient juste de commencer, Walt meurt d'un cancer.
Il ne désirait pas transformer ses visiteurs en esclaves du modernisme.
Il voulait au contraire, les protéger du réel avec une vue sur le 21ème siècle dans une mixité idéale où tous se sentent heureux.
EPCOT, une ville futuriste, modèle, technologique, familiale, piétonne avec des véhicules en sous-sol à l'écart de tous les problèmes sociologiques de l'extérieur.
Une cité utopique du bonheur, sous cloche, sortie de son imagination, remplie de travailleurs productifs et disciplinés, protégées de la violence et de la méchanceté, comme symbole de la société américaine.
Depuis, après de nombreux changements, le parc à thèmes EPCOT s'est ouvert en 1982 avec des zones séparées l'une de l'autre soit pour travailler, soit pour se divertir.
Cent vingt ans après, en fuyant les réalités, cet esprit EPCOT perdure dans ses effets dans les rêves américains jusqu'à penser les implanter dans d'autres parties du monde.
Les productions de la même veine signées "Disney" continuent.
En 1989 : "La Petite Sirène"
Le conte de la Petite Sirène et sa vraie histoire
En 1991 : "La Belle et la Bête"
1992 : Aladdin
En 1994: "Le Roi Lion"
En 1995 : Pocahontas
En 2000 : Nouvelle version de Fantasia
Avec le nouveau nom "Disney Picture", viendront des remakes en version numérique avec acteurs.
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Réflexions du Miroir
Comment définir Walt Disney en peu de mots?
Un travailleur acharné, qui avait le goût du risque, qui n'avait pas compris que le monde changeait et s'autorégule en espérant gagner au moins quelques retombées financières même si cela pouvait ressembler à des cacahuètes pour le conservateur, Walt.
Pour se protéger du réel, Walt Disney a poussé son esprit progressiste vers l'extérieur et contenu dans son conservatisme intérieur dans un monde de travail sans liberté.
Comme tous les enfants, j'ai été voir quelques films de Disney dans ma prime jeunesse.
En mai 1981, pour la première fois, je prenais un vol pour la Floride.
Pas au courant des pratiques, je me suis lancé tête baissée dans les dédales des pensées américaines dont je connaissais déjà des relents à distance respectable par les communications orales ou écrites.
Dans un tour de Floride, je visitais Walt Disney World Resort près de Orlando
...
La Floride et le parc de Disney World
Après Disney Land, ici, c'est sa copie conforme, Disney World que j'ai visité.
EPCOT était alors en construction.
Définir la Floride, c'est relativement simple.
C'est un luna park voué aux loisirs où les personnes âgées viennent passer leurs derniers jours au soleil de Miami.
Des parcs en tous les types permettent de passer le temps agréablement.
Etats de Floride pour retraités qui sont très dépendants de leurs réserves investies dans des actions boursières.
La débandade des cours de Bourse en 2008 et suivants a eu des répercussions pour ces retraités qui voyaient fondre leurs économies principalement concentrées dans la Bourse.
J'ai retrouvé quelques constatations et différences importantes avec l'esprit européen dans mes billets: "En Floride, où les retraités se rencontrent en grand nombre, rien d'étonnant à cet Etat d'être en ballotage entre républicains et démocrates. Tant que la Bourse dans laquelle, ils ont leurs épargnes et actions fonctionne bien, tout va bien. Sinon, ils doivent retourner en service comme garçon de café".
Lors des élections américaines, la Floride est un Etat très important qui, en finale, est souvent en ballotage dans les sondages. La Floride a fait capoté l'espoir de Al Gore lors de l'élection de 2000. En 2020, Trump a visité plusieurs fois la Floride pour rallier des partisans à sa cause.
Mon eBook "Le syndrome du Saumon", suivi successivement de "Sous le voile du secret" et de "La déchirure des secrets" se déroulent en Floride en retournant dans mes souvenirs que j'ai consignés dans le billet "Le rêve américain vit-il encore?". Les commentaires avaient été tellement négatifs, influencés par des impressions radicales et distantes, que j'ai ajouté un billet titré "Entracte et anecdotes".
Les Américains sont cloisonnés pas des idées liées religieusement au dollar avec une fierté non dissimulée d'en posséder le plus possible.
L'esprit français et l'esprit américain s'entrechoquent ainsi dans deux démocraties qui se définissent chacune comme la meilleure représentante des "Droits de l'Homme".
Pour comprendre ces démocraties, il faut y vivre pendant des années pour pouvoir comparer avec une référence précédente d'un ailleurs.
Walt Disney a commencé a rêvé une première fois en France comme les Européens peuvent le faire de l'Amérique.
Quelques photos de Disney Worlds en 1981 (clic)
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La société Disney d'aujourd'hui
Ne jouons pas sur les mots, l'entreprise Disney est, aujourd'hui, un véritable empire financier dont il est question avec des très hauts et des très bas.
Chantal Goya en a fait ses spectacles sous la direction de son époux Jean-Jacques Debout.
Puisque le dollar est la base des raisonnements américains, il faut parler de l'action Disney qui est surtout conjoncturelle et liée au saisons.
La société Disney a subi des pertes avec ses parcs lors du Covid et l'action Disney a baissé mais elle a lancé sa plateforme Disney+ avec Marvel, Pixar .
Les attractions de divertissement en régime maigre se redressent actuellement parce que les gens aiment se distraire avec leurs enfants dès que c'est possible.
Disney a toujours voulu que ses parcs soient destinés pour réunir parents et enfants dans un amusement en commun.
J'ai donc visité Disney World en Floride quand j'avais 34 ans et je dois dire qu'il a réussi même si tous les décors sont faux, factices que l'on remarque en tapotant sur le tronc d'un arbre.
"The Magic Kingdom" construit selon des modèles de châteaux européens.
La maison hantée dans laquelle, on se sent descendre au sous-sol de la Terre vous reçoit avec une voix sinistre qui dit "You are the Host of the Ghost".
Tandis qu'on progresse ensuite à bord d'une barque dans la maison des poupées avec une musique enchanteresse de "It's a small world".
En 2022, les pubs de Disneyland Resort, de Disney World, de Disneyland Paris, de Disneyland Tokyo rivalisent d'ingéniosité pour faire revenir les visiteurs.
Disney Paris va fêter son 30ème anniversaire
Grosso modo, chaque parc Disney dans le monde se ressemble avec Main street, Frontierland, Adventureland, Fantasyland et Discoveryland.
Les hôtels permettent de se reposer après des journées harassantes à des prix qui sont loin d'être modestes ou qui brisent carrément des altitudes vertigineuses dans le luxe, le calme et la volupté.
Visiter le parc avec le temps chaud et humide de Floride ne s'apprécie pas de la même manière sous le temps relativement plus pluvieux de Paris.
Tant qu'on garde une âme d'enfant, rien d'impossible...
Le rêve de Gorbatchev qu'il n'a jamais réalise: visiter Disneyland.
Mais comme le dessine Nicolas Vadot, tout est affaire de proximité en présentiel.
Allusions
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Walt Disney a dû avoir des "nightmares"
mais il n'a jamais dû avoir pensé à ajouter un "d" au mot.
Tandis qu'en français????
20/2/2022: le philosophe Matthieu Pelletier pose la question: d'où vient nos opinions
22/4/2022: Le 30ème anniversaire de Disney Paris
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Commentaires
Vous vous demandez si nightmare signifie littéralement « jument de la nuit » ? Vous ne savez jamais si cauchemar prend un « d » à la fin ? L’étymologie peut vous aider. Toutes les réponses sont dans cet article !
Aviez-vous remarqué que dans « cauchemar », il y a « -mar », et que dans nightmare, il y a « -mare » ? Une telle similitude pourrait bien cacher une étymologie commune… non ? Le Détective des Mots s’est penché sur le sujet.
La grande question du jour est : quel est le rapport entre un cauchemar, des sorcières et la Hollande ?
Etymologie de cauchemar et nigthmare
L’étymologie des mots français remonte souvent du côté du latin et du grec, et celle des mots anglais a en plus des sources germaniques et vikings.
Ce n’est pas le cas des mots cauchemar et nightmare. Ces deux-là sont des oiseaux rares qui viennent du… néerlandais. Et leur racine néerlandaise est une sacrée surprise.
En effet, en moyen néerlandais (l’ancêtre du néerlandais parlé entre le XIIe-XVIe siècle), le mot mare désignait un fantôme. Plus précisément un « fantôme qui provoque le cauchemar ». En effet, on pensait autrefois que les cauchemars étaient provoqués par des esprits malfaisants, des démons, voire des sorcières !L’idée a été reprise dans d’autres langues et le mot mare a été emprunté en Anglo-saxon et en Ancien français (les ancêtres respectifs de l’anglais et du français) pour former les mots cauchemars et nightmare. Le sens de gobelin nocturne, incube s’était même ajouté aux autres sens du mot anglais mare, qui désigne aujourd’hui principalement une jument (etymonline).
Nightmare ne signifie donc pas « jument nocturne », mais gobelin nocturne qui provoque des chauchemars » (littéralement « démon nocturne nocturne » ?) !
Pour ce qui est de « cauche- » au début du mot cauchemar, il vient de l’ancien français « cauchier » (pas très élégant) qui signifiait fouler, presser. Ce genre de rêves donne en effet l’impression de suffoquer.
https://detectivedesmots.wordpress.com/2017/10/16/letymologie-de-nightmare-un-vrai-cauchemar/
Écrit par : Allusion | 20/02/2022
Répondre à ce commentaireWalt Disney. Un dessin fait en classe ressemblant à du Walt Disney me valu les yeux rouges de la prof. Une communiste... Tu vaux mieux que cela.... Alors je me suis inspirée des tableaux d'un juif.. (les peintres juifs sont rares...). Chagall bien sûr... J'ai dessiné une femme dans une chaise qui tend sa main à un homme dans l'air, les pieds vers le ciel. Ouf, j'eu 10 sur 10... Saint-on que Pluto a inspiré le découvreur de la planète Pluton... Enfant, je préférais les Pieds Nickelés-Louis Forton (déjà Goscinny). De nombreuses choses furent dites sur Walt Disney. Les sept nains seraient les 7 phases d'une prise de coke...M"énervait déjà petite: PICSOU... Qui était vraiment Walt: agent double. J'avoue que déjà petite, les histoire à l'eau de rose passait à côté des mes intérêt... Bon! mais revenons à Bettelheim et son interprétations des Contes de fée. Walt Disney n'a rien inventé. Tout fut piqué de Perrault ou Andersen... (la Reine des neiges qui m'a le plus marqué). Le meilleurs Conte reste: le rossignol et l'empereur de Chine. Etrange que Walt n'ai jamais repris se contes. S'y retrouvait-il: un copieur.... Bon bref. Je préfère mille fois TEX AVERY... là on s'éclate. Bambi, c'a fait chialer les marmots. Si l'on devait définir le style Avery, on pourrait dire qu'il est le contraire de celui de Walt Disney, référence du genre à l'époque. combien de jeunes fille furent embobinée par: un jour mon Prince viendra... C'est un peu con parfois les filles... pas certaine que je me tape un Walt Disney ce soir.. Par contre j'adorais Shirley TEMPLE... Si merveilleuse dans le Conte: l'oiseau bleu.
Écrit par : Mélusine 888 | 20/02/2022
Répondre à ce commentaireQu'est ce que me suis poilée quand Sarkozy emmena Carla en voyage de noce à Disneyland. Mon compagnon parisien sculpteur pour gagner sa croûte avait participé à la fondation. Mais préférait de loin Dame Tartine. Mirapolis est un ancien parc à thèmes français situé à Courdimanche, dans la ville nouvelle ... alors qu'il s'agit de Dame Tartine. Mais ensemble en coeur avec Adeline on chantait: la maman des poissons, elle a l'oeil tout rond....
Écrit par : Mélusine 888 | 20/02/2022
Répondre à ce commentaireMerci.
En 1935, Tex Avery contacte Leon Schlesinger, patron des studios d'animation de la Warner Bros. Ce dernier l'engage pour diriger la troisième unité des studios. Son équipe d’animateurs est constituée de Chuck Jones, Bob Clampett, Bob Cannon, Virgil Ross et de Sidney Sutherland. L’équipe développait son propre style, à l’opposé des conventions imposées par Disney
Si l'on devait définir le style Avery, on pourrait dire qu'il est le contraire de celui de Walt Disney, référence du genre à l'époque. Pour Avery, il s'agit d'utiliser les possibilités du dessin animé pour enfreindre les contraintes propres au genre, donnant à son style une tournure corrosive absolument non conventionnelle.
La croissance des distributeurs de réseaux de programmation vidéo multicanaux et des réseaux câblés a accru la pression concurrentielle pour Disney. Les contrats sont renégociés à certains moments de ces marchés, et la montée de la concurrence rend plus difficile pour Disney de renouveler les contrats à des conditions aussi favorables que par le passé.
Sur le marché des parcs à thème, les principaux rivaux de Disney sont Six Flags Entertainment (SIX), Cedar Fair (FUN), Universal Studios et Comcast. Cette concurrence s’est intensifiée ces derniers temps, notamment en raison de l’encaissement d’Universal sur la popularité des livres et des films Harry Potter. Universal Orlando a ouvert un terrain sur le thème de Harry Potter à Orlando et à Hollywood, ce qui a fait grimper le nombre de spectateurs.
https://thepressfree.com/qui-sont-les-principaux-concurrents-de-walt-disney/
Écrit par : Allusion | 20/02/2022
Répondre à ce commentairePour le 30ème anniversaire de Disneyland Paris qui a atteint les 375 millions de visiteurs, il y a beaucoup de transformations, le Château de la Belle au Bois Dormant est rénové et accueille un nouveau spectacle. Des événements inédits et des drones assurent le show. L'Avengers Campus est une nouvelle thématique du Walt Disney Studios Park. et on y rencontre les superhéros de l'univers Marvel
www.disneylandparis.com/fr-be
Écrit par : Allusion | 23/03/2022
Répondre à ce commentaireMickey Mouse pourrait bientôt quitter Disney
Selon le Guardian, Mickey Mouse pourrait bientôt quitter Disney à l'approche de l'expiration de ses 95 ans de droits d'auteur. Il tombera dans le domaine public en 2024, conformément aux lois américaines sur le droit d'auteur qui stipulent que la propriété intellectuelle sur les œuvres artistiques expire au bout de 95 ans. Une fois le droit d'auteur expiré, toute personne souhaitant utiliser des personnages ou des concepts du rongeur préféré de tous ne devra pas demander d'autorisation ni payer de droits d'auteur.
Le personnage a été créé en 1928 et le dessin animé est largement considéré comme un pionnier de l'animation, relate le Daily Mail.
Lorsque Mickey Mouse est apparu pour la première fois en 1928, le droit d'auteur de Disney était protégé pendant 56 ans, mais comme le personnage de dessin animé bien-aimé approchait de la fin de son droit d'auteur, Disney a fait pression avec succès pour obtenir la loi sur le droit d'auteur de 1976, qui a étendu la protection à 75 ans.
Puis, en 1998, Disney a fait pression pour obtenir une nouvelle prolongation, ce qui lui a permis d'être protégé pendant 95 ans.
Mickey Mouse est apparu pour la première fois dans le dessin animé en noir et blanc Steamboat Willie. Ce dessin animé a été un pionnier de l'animation pour son utilisation du son synchronisé - où les mouvements à l'écran correspondent à la musique et aux effets sonores, lançant l'une des images les plus reconnaissables du cinéma et de la télévision.
https://www.msn.com/fr-be/divertissement/actualite/mickey-mouse-pourrait-bient%C3%B4t-quitter-disney/ar-AAZb4i0?ocid=msedgdhp&pc=U531&cvid=253e70344b9246bfb87d952fa8b5ff55
Écrit par : Allusion | 04/07/2022
Répondre à ce commentaireDisneyland Paris va-t-il définitivement fermer ses portes en 2023?
Pourquoi la rumeur prend de l’ampleur ?
« Disneyland Paris ferme définitivement ses portes le 7 janvier 2023 », peut-on lire ça et là sur les réseaux sociaux ces derniers jours. En témoigne la capture d’écran d’un article publié sur Yahoo le 13 août 2022 qui a pour titre : « Disneyland Paris a annoncé la fermeture définitive de ce lieu pour le 7 janvier 2023 »
Et si les utilisateurs s’affolent dans les commentaires, ils peuvent se rassurer. Après deux ans de galère due à la Covid-19 pour le parc d’attractions, il serait dommage de ne plus pouvoir profiter de ce lieu féérique. Cette annonce est en fait un immense quiproquo, puisque la seule chose qui va fermer, c’est le « Planet Hollywood », emblématique restaurant de Disneyland.
Ce qui va effectivement fermer
« Le campus de Disneyland Paris s’apprête à opérer un changement majeur, en fermant l’un des lieux les plus importants dans Disney Village, pour lancer un chantier de rénovation complète au cœur de Disney Village. Il s’agit de la fin du très célèbre ‘Planet Hollywood’, au profit d’un autre restaurant », peut-on en fait lire dans l’article.
Et c’est effectivement la fin d’une ère, puisque l’établissement a ouvert ses portes en 1996. Celui-ci a depuis régalé les visiteurs avec ses décors de films mythiques comme Star Wars et Terminator. Certains clients ont d’ores et déjà fait part de leur déception, et une collection commémorative a été lancée. Le « Wild West Show » et le « café Mickey » vont également fermer leurs portes.
https://www.msn.com/fr-be/actualite/other/disneyland-paris-va-t-il-d%C3%A9finitivement-fermer-ses-portes-en-2023/ar-AA12ok9H?ocid=msedgntp&cvid=314e09ef98db4edf8e10124f13bb4814
Écrit par : Allusion | 29/09/2022
Répondre à ce commentaireUn portrait foisonnant et très documenté du père de Mickey, tout à la fois créateur visionnaire et figure autoritaire rêvant à un monde idéalisé, qui marqua durablement l’imaginaire occidental. Premier volet : au début des années 1920, le jeune dessinateur publicitaire Walter Elias Disney veut être le meilleur en cinéma d'animation...
Au début des années 1920, le jeune dessinateur publicitaire Walter Elias Disney est animé par deux ambitions : devenir l'exact opposé de son père, qui a collectionné les échecs professionnels, et pouvoir faire mieux que tout ce qu'il voit sur les écrans en matière de cinéma d'animation, alors émergent. À 20 ans, il fonde sa première société de production, et après quelques fortunes diverses, son équipe et lui décrochent la timbale en 1928 avec Steamboat Willie, marquant la naissance officielle de Mickey Mouse. Le personnage de cette souris futée et batailleuse, en qui beaucoup voient l'alter ego de Disney, rencontre un immense succès auprès de la jeunesse et génère de lucratifs produits dérivés. La fortune des studios est assurée mais leur patron, obsessionnel et aventureux, voit déjà plus grand avec, pour la première fois sur les écrans, un long métrage d'animation, Blanche-Neige et les sept nains.
Société idéale
Mort en décembre 1966 d'un cancer, le grand fumeur Walt Disney n'aura pas eu le temps de faire aboutir Epcot, son projet de cité idéale située en Floride. Une société planifiée selon ses propres valeurs – à la fois conservatrices (la famille avant tout) et tournées vers le futur –, qui devait constituer le point d'orgue de l'irrésistible expansion de son empire. À travers de multiples archives et entretiens avec ses proches, ce film détaille brillamment les étapes essentielles du parcours de Disney. Il brosse le portrait définitif de celui qui fut l'un des premiers à mesurer le pouvoir des images (cinéma, publicité, télévision) et à penser une société des loisirs. À la fois génie créatif et visionnaire, ainsi que figure autoritaire, Walt Disney aura marqué l'imaginaire occidental comme nul autre, au prix de quelques arrangements avec la réalité de l'Amérique, notamment la ségrégation raciale.
https://www.arte.tv/fr/videos/057380-001-A/walt-disney-1-2/
https://www.arte.tv/fr/videos/057380-002-A/walt-disney-2-2/
Écrit par : Allusion | 22/12/2022
Répondre à ce commentaireMauvaise nouvelle pour les fans de Disney: il va fermer ses portes
Vous vous en souvenez peut-être, en mars dernier, le parc Disney World avait ouvert le « Star Wars : Galactic Starcruiser », un hôtel sur le thème de la plus célèbre des sagas dans l’espace. La promesse était belle, puisqu’il s’agissait d’une expérience immersive dans l’univers de la franchise. Néanmoins, le succès n’a pas réellement été au rendez-vous.
La décision est donc tombée, l’hôtel va fermer ses portes. Et si les amateurs de Star Wars auront validé le concept, c’est le prix excessif des chambres qui a été pointé du doigt par les clients. En effet, une chambre pour deux coûtait 4.400 euros, pour trois adultes et un enfant 5.500 €, et une expérience premium à près de 18.500 €… On peut comprendre que ça refroidisse certains d’entre nous, surtout dans le contexte économique actuel.
Des adieux en bonne et due forme
« Star Wars : Galactic Starcruiser est l’un de nos projets les plus créatifs à ce jour et a été salué par nos invités et reconnu pour avoir établi une nouvelle barre en matière d’innovation et de divertissement immersif. Cette expérience de boutique haut de gamme nous a donné l’opportunité d’essayer de nouvelles choses sur une plus petite échelle de 100 chambres, et alors que nous nous préparons pour son dernier voyage, nous utiliserons ce que nous avons appris pour créer de futures expériences qui peuvent atteindre plus de nos clients et les supporters », a indiqué Disney World dans un communiqué. Pourtant, le parc n’avait cessé de proposer des promotions à ses clients, en vain.
https://www.msn.com/fr-be/actualite/other/mauvaise-nouvelle-pour-les-fans-de-disney-il-va-fermer-ses-portes/ar-AA1btCp0?ocid=msedgdhp&pc=U531&cvid=ae099fe388a34ab2865b933f3c8afcf0&ei=10
Écrit par : Allusion | 21/05/2023
Répondre à ce commentaireBlanche-neige et les sept nains : L’Œdipe de la petite fille et la rivalité avec la mère
Walt Disney expliqué aux adultes
par Christophe BORMANS
BLANCHE-NEIGE ET LES SEPT NAINS
L’Œdipe de la petite fille et la rivalité avec la mère
Blanche-Neige et les Sept Nains est le premier dessin animé produit par le studio d’animation Walt Disney Pictures en format long-métrage (classique d’animation). Sorti le 21 décembre 1937 aux États-Unis, le film connaît un impact médiatique considérable aussi bien sur le sol américain qu’à l’étranger, au niveau international. En Europe, le film sort six mois plus tard et reçoit dès 1938 un prix à la Mostra de Venise. En 1939, Blanche-Neige et les Sept Nains reçoit un Oscar d’honneur à Hollywood pour avoir charmé des millions de spectateurs et, surtout, pour avoir su faire émerger le dessin animé comme nouveau genre cinématographique et comme un grand domaine du divertissement artistique. Un Academy Award et sept petites statuettes remises en mains propres à Walt Disney par Shirley Temple, viennent, cette année-là, couronner son importante innovation et consacrer son travail pionnier.
Du point de vue du scénario, le film est l’adaptation d’un conte allemand publié pour la première fois en 1812 en Allemagne dans le livre pour enfants des deux frères Jacob et Wilhelm Grimm, sous le titre Schneewittchen. La traduction française la plus connue demeure aujourd’hui encore celle de Félix Frank et E. Alsleben publiée en 1869 dans les Contes allemands du temps passé [1].
Du point de vue du motif psychanalytique, le thème de la rivalité œdipienne avec la mère est largement exploité et nous permet de mettre en évidence les temps logiques fondamentaux et toutes les subtilités de l’émergence du complexe d’Œdipe de la petite fille.
L’Histoire et les personnages
Nous semblons tous connaître par cœur le début de cette histoire que l’on a maintes fois entendu raconter. « Il était une fois… » une belle princesse nommée Blanche-Neige : sa mère est morte et son père est désormais remarié avec une femme, fière et hautaine, qui lui jalouse sa grande beauté. Cette belle-mère, la cruelle et méchante reine, craignant qu’un jour la beauté de Blanche-Neige ne dépasse la sienne, force la petite princesse à s’habiller en haillons et à travailler comme une souillon. Chaque jour, cependant, la reine vient consulter son miroir magique : « Miroir magique au mur, qui a beauté parfaite et pure ? » Aussi longtemps que le miroir répondait que la beauté de la reine était la plus célébrée, Blanche-Neige était à l’abri de la jalousie cruelle de la reine… Mais le début du conte laisse présager qu’un jour arrivera, où un avenir encore plus sombre menacera de s’abattre sur le destin de la jeune princesse.
C’est précisément à ce jour, que commence le scénario du dessin animé de Disney. Dans une pièce dérobée d’un magnifique château, une reine consulte son miroir magique pour savoir si elle est toujours et encore la plus belle de son royaume. Louant sa beauté majestueuse, celui-ci lui renvoie pourtant qu’« une jeune fille en loques, dont les haillons ne peuvent dissimuler la grâce » est encore plus belle qu’elle. Sur la demande de la reine, le miroir renvoie une description flatteuse de la belle enfant : lèvres rouges comme la rose, cheveux noirs comme l’ébène, teint blanc comme la neige. Dans cette fidèle description, la reine reconnait sa fille adoptive : Blanche-neige.
Blanche-neige vaque le plus souvent de son temps à des tâches ménagères, rêvant qu’un prince charmant vienne l’emmener loin de cet ennuyeux quotidien. Celui-ci existe bel et bien : il l’adore et la courtise en chanson, mais timide, Blanche-neige se dérobe à ses yeux et se refuse encore à lui.
La reine charge son fidèle et loyal serviteur de conduire Blanche-neige en un lieu isolé de la forêt et, sans autre procès, de la tuer. La reine demande en outre à son serviteur de lui rapporter le cœur de Blanche-neige dans un écrin, afin qu’elle soit assurée du bon déroulement et de la réussite totale de sa funeste entreprise.
Le serviteur s’exécute, mais au beau milieu de la forêt, au moment fatidique, il défaille et ne peut se résoudre à plonger son couteau dans le cœur de la belle enfant. Lui révélant la teneur du complot et le commanditaire, le chasseur lui intime l’ordre de partir, de courir se cacher dans les bois et de ne jamais revenir au château.
Au bout de sa course, avalée par les branchages de l’épaisse et noire forêt, Blanche-neige tombe épuisée et se réveille dans une clairière, sous les yeux ébahis des lapins, écureuils, biches, petits oiseaux et autres animaux de la forêt.
Prenant Blanche-neige par la main, les animaux la conduisent jusqu’à une adorable petite maison où la charmante enfant semble pouvoir se réfugier et passer la nuit à l’abri. Découvrant la maison vide, Blanche-neige s’étonne que tout le mobilier s’y présente en miniature et par sept. Pensant tout d’abord que la maison est habitée par sept enfants, Blanche-neige constate également que son intérieur est couvert de poussière, que le moindre recoin est assailli de toiles d’araignées et que des piles d’assiettes sales et de la vaisselle restent pêle-mêle éparpillés sur la table. Blanche-neige en conclut d’abord que les enfants n’ont pas de mère pour faire leur ménage et laver leurs vêtements sales qui trainent partout ; bref, qu’ils doivent être orphelins. Sur leurs lits, sont cependant gravés leurs surnoms : Prof, Joyeux, Atchoum, Simplet, Grincheux, Timide et Dormeur.
Blanche-neige entreprend alors de nettoyer l’intérieur de fond en comble et de mettre un peu d’ordre dans la maison avec l’aide féérique des animaux de la forêt ; elle anticipe qu’à leur retour, les propriétaires des lieux seront d’autant plus enclins à l’accueillir dans leur foyer.
Pendant ce temps, sept nains travailleurs, à grands coups de pioches, cherchent infatigablement des pierres précieuses, diamants et rubis, au fond d’une mine abandonnée dans la montagne. Rentrant de cet harassant « boulot » ils découvrent que la lumière brille dans leur maison, que la porte est ouverte et que la cheminée fume. Croyant d’abord à un fantôme ou autre farfadet, ils découvrent finalement l’adorable princesse, allongée en travers de trois de leurs petits lits mis côte à côte, endormie et lasse de son épuisant travail ménager. Elle est en train de s’étirer et de doucement s’éveiller.
Se présentant, Blanche-neige, découvre que les propriétaires des lieux sont finalement des petits-hommes : sept nains qui, tôt le matin partent à la mine, loin dans les montagnes, et n’en reviennent que tard le soir. Elle devine aisément les surnoms de chacun en fonction de leurs mimiques et caractères propres.
Les présentations terminées, les nains acceptent de garder la princesse pour la protéger de la maléfique belle-mère, la reine. En échange, Blanche-neige se propose de faire la lessive, la couture, le ménage et la cuisine. Alléchés par la promesse de belles tartes aux prunes, les sept nains acceptent à la quasi-unanimité des votes… à l’exception de celui de Grincheux !
L’harmonie règne dans l’adorable maisonnée, même si Blanche-neige exige de la part des sept nains, une rude discipline en matière de propreté et de toilette quotidienne.
La journée, Blanche-neige reste cependant seule, en proie à l’inquiétant isolement de la forêt.
Pendant ce temps, de l’autre côté de la forêt, la méchante belle-mère, la reine, apprend avec surprise par la divination de son miroir magique, que Blanche-neige est toujours en vie et plus belle que jamais. Elle demeure « au pied des sept collines des joyaux, par de-là la septième chute, dans le logis des sept nains », lui précise le maléfique miroir. Pour preuve, le miroir lui apprend que son fidèle serviteur l’a trahi et lui a apporté le cœur d’une biche en lieu et place de celui de Blanche-neige.
La maléfique reine décide alors de se rendre au logis des nains et d’accomplir elle-même la sale besogne. Saisissant son grimoire, elle se met à la recherche d’une formule magique qui transforme sa beauté en laideur et ses habits de souveraine en haillons. Déguisant sa voie et vieillissant ses traits, elle se rend à la maison des sept nains en vielle marchande de pommes. Au préalable, la méchante sorcière a bien pris soin d’empoisonner la plus belle, la plus rouge et la plus croquante de ses pommes : celle qu’elle destine secrètement à Blanche-neige. Plongée dans le chaudron de la mort, le poison est censé à son tour plonger celle qui la croque dans un profond et éternel sommeil, à moins qu’un premier baiser d’amour ne vienne la réveiller, ce qui statistiquement paraît peu probable s’agissant de l’innocente Blanche-neige.
Alors que Blanche-neige rêve naïvement en chanson à son prince charmant, qui un jour d’un lointain printemps viendra peut-être pour l’emmener, la sorcière, elle, accoure à grands pas jusqu’à la cabane des sept nains.
Malgré la mise en garde des nains de ne pas ouvrir aux inconnus, Blanche-neige se laisse séduire par la vieille marchande de pommes qui paraît inoffensive et qui prétexte un malaise cardiaque pour entrer se reposer un instant dans la maison. Blanche-neige ne semble pas se méfier et lui propose un verre d’eau, tandis que la vielle marchande lui met sous les yeux de belles pommes pour les tartes qu’elle est en train de préparer pour les nains. Pour mieux la convaincre et la séduire, la marchande lui propose de lui faire goûter la plus belle et la plus rouge de ses pommes.
La sorcière affirme que cette pomme est censée exaucer les vœux les plus chers de celle qui la croque. Blanche-neige tombe dans le piège et croque la pomme fatale : sa respiration s’arrête, son sang se glace et Blanche-neige tombe finalement à terre, la pomme roulant jusqu’à la vieille sorcière qui éclate alors en un rire sardonique, jubilant d’être désormais et sans conteste la plus belle femme sur terre.
Prévenus du danger imminent par les animaux de la forêt, les nains se lancent à la poursuite de la sorcière sous les éclairs de la foudre qui s’abat, à la nuit tombée, sur l’épaisse forêt noire. Tentant de se débarrasser de ses poursuivants, la sorcière parvient par un chemin escarpé jusqu’à un rocher haut perché, mais touché par la foudre, celui-ci cède et projette la méchante reine au bas de la falaise dans une chute qui s’avère mortelle.
De retour dans leur maison, les sept nains ne peuvent rien faire d’autre que de constater le sommeil de mort de la belle et jolie princesse ; ils dressent alors une chapelle ardente pour lui rendre un dernier hommage et veiller sur son corps. Aussi belle à la vie que dans la mort, Blanche-neige est mis dans un cercueil de verre où les nains peuvent continuer de l’adorer.
Lorsqu’un jour, le prince charmant, parti à la poursuite de sa bien-aimée, arrive enfin à la terre des sept nains. Le prince se penche sur le corps de la belle princesse endormie et lui donne spontanément sur ses lèvres encore rouges un premier baiser d’amour. Les yeux de Blanche-neige s’animent et voilà que la belle enfant s’étire à nouveau : elle se réveille enfin de son sommeil de mort, enlace son prince et quitte la maison des sept nains sur le cheval blanc du son jeune et bel amant pour s’éloigner enfin vers son destin royal.
I. — LA RIVALITÉ ET LE MOTIF DE LA MÈRE PRÉ-ŒDIPIENNE MORTE
Nous avons commencé par exposer le complexe d’Œdipe du petit garçon [2], car celui de la petite fille « recèle un problème de plus » [3], comme le souligne Freud, que celui du petit garçon.
Ce que l’on est en droit d’appeler le complexe d’Œdipe de la petite fille est structurellement différent de celui du petit garçon. Pour le comprendre, il est d’abord nécessaire d’avoir en tête les deux similitudes premières du développement de la sexualité et des recherches sexuelles dans l’un et l’autre cas : premièrement, tout comme le petit garçon, la petite fille a pour premier objet d’amour la mère ; deuxièmement, tout comme le petit garçon, elle atteint un même stade d’organisation de la sexualité que l’on peut qualifier de génital, et plus précisément de phallique. Quant à la différence, mais elle est radicale, elle intervient à l’apogée de ce stade phallique : là où, sous la menace de castration, le petit garçon va devoir abandonner l’investissement libidinal pour sa mère pour sauver l’organe phallique avec lequel il a découvert la volupté sexuelle (le pénis), la question ne se résout pas aussi facilement pour la petite fille pour les motifs que l’on comprend aisément. Si le clitoris remplit de manière voluptueuse la sexualité naissante de la petite fille, la question que l’on est en droit de se poser dans le cas de la petite fille est la suivante : n’ayant rien à perdre, qu’est-ce qui amène la petite fille à renoncer à la mère comme objet libidinal et à finalement opter pour un nouveau choix d’objet, celui du père ?
C’est toute la difficulté de la résolution du complexe d’Œdipe pour la petite fille et c’est toute cette difficulté que le dessin animé de Walt Disney met particulièrement bien en scène dans Blanche-neige et les sept nains : là où le constat de la différence des sexes a pour effet premier de rendre réelle la menace de castration et ainsi de mettre fin au complexe d’Œdipe pour le petit garçon, le constat de cette différence des sexes constitue pour la petite fille une porte d’entrée dans le complexe qui l’amènera à la sexuation.
Reprenons cette question de la différence des sexes au moment où le spectateur rencontre Blanche-neige : le moment de la scène autour du puits.
Le puits et la différence des sexes
Dans le dessin animé, la première rencontre entre le spectateur et le personnage principal du film, Blanche-neige, s’effectue lorsque la jeune princesse, habillées de haillons, quitte les marches du perron qu’elle était en train de laver pour aller au puits. Elle va y puiser l’eau pour ses tâches ménagères et, juste à ce moment, quelques colombes se posent sur le rebord du puits. Blanche-neige s’adresse aux oiseaux et leur apprend qu’un pouvoir magique est dans ce puits. Lorsque l’on y fait un vœu, si l’écho du puits vous répond, le vœu est exaucé :
Faire un vœu désire-t-on,
Au puits il faut le dire.
Si l’écho sans tarder répond,
On a ce qu’on désire.
Le spectateur rompu avec le langage de l’inconscient aura tout de suite compris que le motif du puits est ici celui du trou, du creux, bref de l’absence de pénis. En d’autres termes, nous rencontrons Blanche-neige au moment de la découverte de la différence des sexes.
Ce moment ne se négocie pas de la même manière chez la petite fille que chez le petit garçon. Là où nous avons vu que le petit garçon, mis en face de la différence des sexes, présentait une tendance à ne pas en tenir compte, à en rire, voire à la dénier jusqu’à ce que la menace de castration prenne le relais de cette amère constatation, la petite fille n’a généralement pas besoin de tergiverser. « D’emblée elle a jugé et décidé », nous dit Freud : « Elle a vu cela, sait qu’elle n’en a pas et veut l’avoir » [4]. En d’autres termes, il ne s’agit pas pour la petite fille d’un complexe de castration, mais à proprement parler, d’un complexe de masculinité. La petite fille se sent tout d’abord diminuée, un sentiment d’infériorité s’installe dans le psychisme de la jeune princesse.
La différence des sexes et le sentiment d’infériorité
C’est ce sentiment d’infériorité de la petite fille qui est particulièrement bien mis en évidence dans le dessin animé de Walt Disney, Blanche-neige et les sept nains. Devant l’amère constat de la différence des sexes et l’absence de pénis, ici symbolisé par le trou du puits, la petite fille se sent diminuée, à la fois dans l’image inconsciente de son corps, et à la fois dans le destin qui est le sien : Blanche-neige est mal habillée, en haillons, elle est assignée à de basses besognes et à des tâches basses et dégradantes. Dans son inconscient, la petite fille se considère comme dégradée, diminuée par cette absence de pénis. Blessée narcissiquement, elle se rêve à l’inverse : d’une grande beauté et d’être muni de phallus.
C’est l’image du beau et pur visage que le puits lui renvoie lorsqu’elle s’y mire. Quant à la multiplication des colombes, ne doutons pas qu’elle représente ici le pénis manquant. L’on sait en effet que dans la symbolique des rêves et de l’inconscient, les animaux qui se glissent dans les trous, ou ceux qui s’envolent, sont généralement les représentants des organes génitaux masculins : ne dit-on pas d’ailleurs à un petit garçon que « le petit oiseau va sortir », lorsque l’on veut faire allusion au fait que sa braguette est ouverte ? En outre, si l’on se rappelle que c’est le souffle de l’Esprit saint (généralement représenté par une colombe dans la symbolique chrétienne), qui vient mettre la vierge Marie enceinte du Père du Christ, on ne doutera plus que la Colombe est tout particulièrement un excellent représentant de l’organe masculin.
Ce temps logique de la découverte de la différence des sexes (le puits et la Colombe) est fondamental, car si l’on suit Freud à la lettre, c’est à partir de cette découverte que la petite fille va s’orienter vers son propre complexe d’Œdipe. Sur cette voie, trois possibilités s’offrent à elle : d’abord, tenant la mère comme responsable de son infériorité constitutionnelle (comme responsable de l’avoir faite femme), la petite fille s’en détourne afin de prendre le père ou un de ses substituts comme objet d’amour ; ensuite, elle se détourne de la sexualité en général et de son onanisme en particulier ; enfin, elle s’oriente lentement, et parfois de manière sinueuse, vers sa féminité future dans l’espoir d’accueillir un jour pleinement l’objet phallique tant convoité. Voyons successivement ces trois temps fondamentaux du complexe d’Œdipe de la petite fille avec la présentation que nous en fait Walt Disney dans son dessin animé Blanche-neige et les sept nains.
Le miroir de la féminité
Blanche-neige se mire au fond du puits. Cette scène fait bien sûr écho à la scène première du dessin animé : celle où la reine vient, comme chaque jour, contempler son miroir magique au mur. L’on comprend maintenant que la jalousie de la belle-mère est ici une mise en scène qui masque en même temps qu’elle découvre le motif sous-jacent : le motif œdipien de la petite fille.
Le miroir est d’ailleurs le symbole de l’inversion : dans la réalité psychique, c’est bien la petite fille qui, devant l’amère constat de la différence des sexes, se retourne contre sa mère, la tient comme responsable de son infériorité organique et l’abandonne finalement comme objet d’amour.
Si le motif de la mère morte est si répandu dans les contes d’enfant, c’est parce que c’est d’abord dans l’inconscient que la mère meurt comme premier objet d’amour. Blanche-neige, La Belle et la Bête, Bambi, etc. : la liste est longue et nous tenterons d’y revenir tout au long de ce travail. Une fois morte (comme objet d’amour), la mère devient très vite une rivale pour la petite fille qui part immédiatement à l’assaut du père pour tenter de gagner son amour : c’est-là le motif premier de la jalousie, qui condensé avec celui de l’infériorité organique projeté par l’image inconsciente du corps, donne finalement à cette rivalité féminine ce caractère ravageur qu’il prend s’agissant de la beauté respective de la mère et de la fille et qui est particulièrement bien mis en évidence dans le conte de Blanche-neige.
En résumé, après avoir constaté l’insupportable différence des sexes et son absence constitutive de pénis, la petite fille va tenir la mère comme responsable de cette infériorité et s’en détourner : « cette mère qui a lancé l’enfant dans la vie avec un équipement aussi insuffisant » [5] dit Freud. La petite fille en veut terriblement à sa mère de l’avoir fait manquante, s’en détourne pour finir par la jalouser de recevoir l’objet du père et pas elle.
Soulignons cependant quelque chose de fondamental pour comprendre le complexe d’Œdipe de la petite fille : c’est que dans l’inconscient, les choses et les temps ne sont pas chronologiques, mais bien logiques. En d’autres termes, il faut comprendre qu’avant sa propre fille, la mère est d’abord elle-même une petite fille ; en ce sens, elle véhicule elle-même son propre complexe d’Œdipe, c’est-à-dire son propre complexe de masculinité qu’elle transmet de manière souvent inconsciente et brute à sa fille. C’est en ce sens chronologique, que le thème de la méchante belle-mère qui jalouse la beauté de Blanche-neige est tout à fait recevable. D’un point de vue logique cependant, c’est bien la différence des sexes et sa découverte qui est la cause première de l’abandon de la mère comme objet d’amour et du détournement de la sexualité.
Le détournement de la sexualité (première rencontre avec le prince)
Lorsque la petite fille constate au miroir de la rencontre avec le pénis du petit garçon sa propre infériorité, non seulement elle en veut à sa mère dans un premier temps et s’en détourne dans un second, mais surtout, déçue, elle abandonne toute recherche sexuelle et toute volupté dans le domaine de la sexualité.
Ce détournement est particulièrement bien mis en évidence dans la scène de la première rencontre avec le prince. Après la constatation de la différence des sexes, la petite fille se détourne de la mère comme objet d’amour afin de prendre un substitut du père : elle se met à désirer voir un jour venir celui qu’elle aime. C’est la chanson que chante Blanche-neige aux colombes assemblées autour du puits :
Cependant, si Blanche-neige rêve au prince charmant, au moment précis où celui-ci escalade le mur pour la rejoindre auprès du puits, elle prend peur et s’enfuit : pourquoi ? Si, comme on l’a déjà souligné, l’escalade est le symbole, dans l’inconscient, de l’acte sexuel, l’on a ici la confirmation que la petite fille qu’est Blanche-neige n’est pas prête : la déception de sa féminité la détourne dans un premier temps de toute sexualité et la conduit à rêver d’une manière lascive et, en quelque sorte, passive.
Elle se cache derrière les rideaux rouges, rougit elle-même, est plongée dans une étrange volupté, mais celle-ci est totalement désexualisée. Elle semble avoir abandonné toute sexualité. En a-t-elle d’ailleurs jamais eu une ? Après tout, devant autant de pudeur, est-on véritablement en droit d’affirmer que, tout comme le petit garçon, la petite fille a connu auparavant un développement de sa recherche sexuelle et d’une activité onaniste ?
La cueillette des fleurs et la masturbation infantile de la petite fille
D’un point de vue psychanalytique, l’on est effectivement en droit d’affirmer que, tout comme le petit garçon, la petite fille connaît généralement, au moment culminant de sa phase phallique, une intense activité onaniste. C’est avec son propre organe, le clitoris, que la petite fille atteint au plaisir masturbatoire durant cette période. Le clitoris se comporte à cet égard comme le pénis et la petite fille ne manque d’ailleurs pas de rivaliser avec le petit garçon dans cette période masturbatoire. Est-ce par cette voie et par comparaison qu’elle en vient à percevoir son propre organe comme inférieur et entrer ainsi dans son propre complexe de masculinité ? C’est, à n’en pas douter, une piste à retenir, d’autant qu’une telle déception par comparaison faciliterait sans aucun doute l’abandon de la sexualité et l’inhibition de l’onanisme. Car la masturbation existe bien chez la petite fille et le dessin animé de Blanche-neige et les sept nains ne manque pas d’en évoquer les contenus inconscients.
Souvenons-nous que dans le dessin animé de Walt Disney, le première fois que nous rencontrons Blanche-neige, c’est lorsqu’elle est train de laver des marches. Or, si l’on sait que monter ou descendre des marches ou escaliers est dans l’inconscient, le symbole certain du coït et de l’acte sexuel [6], il n’est pas permis de douter que les frotter est le symbole de la masturbation.
Rappelons-nous ensuite la manière dont la méchante belle-mère ordonne à son serviteur d’exposer Blanche-neige. Elle ordonne de conduire Blanche-neige dans la forêt, dans un lieu isolé où elle cueillera des fleurs sauvages. Si les fleurs sont le représentant symbolique du sexe féminin, souvent butinées, le côté sauvage entérine le côté caché et voluptueux de l’activité ici symbolisée. L’endroit isolé, bien entendu, prépare à l’activité que l’on fait en cachette. Enfin, la cueillette se situe dans la droite lignée symbolique des activités de l’arrachage et du détachement, dont l’expérience psychanalytique montre qu’elle symbolise ouvertement la masturbation [7].
Mieux, le fantasme masturbatoire de la petite fille est ici dévoilé dans la scène avec le fidèle serviteur de la mère.
Le cœur arraché et le fantasme de l’inceste avec père
Que viendrait représenter ici ce fidèle serviteur de la mère, si ce n’est le père lui-même ? Nous avons ici le motif du fameux fantasme que Freud expose dans son célèbre article : « On bat un enfant » [8]. Rencontrant avec une étonnante fréquence chez ses patients et patientes, le souvenir de voire ou de croire avoir déjà vu une scène où un enfant est battu, Freud en déduit qu’un tel souvenir est celui d’un scénario avant tout fantasmatique servant de base à une activité masturbatoire fortement investie libidinalement. Toujours présent avec une étonnante vivacité, ce scénario fantasmatique, bien qu’il prenne ses racines dans des stades d’organisation de la sexualité antérieurs et notamment sadiques, connaît son point de culminance avec la montée en puissance de l’organisation génitale phallique.
Pour la petite fille, derrière ces fantasmes de fustigation, se cache le désir incestueux d’avoir des relations sexuelles et d’obtenir un enfant du père. Si l’on admet que le fidèle serviteur de la mère est le substitut parfait du père, l’on ne peut que reconnaître que le motif de l’arrachage du cœur symbolise celui de la prise de la virginité. Lorsque l’on sait que tout objet oblongue et a fortiori toutes armes allongées ou tranchantes telles les couteaux ou poignards représentent, dans l’inconscient, le membre masculin en érection [9], il n’est plus permit d’avoir aucun doute sur le symbolisme de l’instrument brandi par le chasseur, au moment même où son ombre s’avance sur l’innocente héroïne.
Finalement, on ne peut que reconnaître dans la scène de la cueillette des fleurs dans la forêt, le fantasme primordial qui guide l’activité masturbatoire de la petite fille en sa phase phallique « On bat un enfant ». Comme le résume Freud :
« L’enfant qui est alors battu-caressé peut n’être au fond rien d’autre que le clitoris, si bien que cette déclaration, dans ce qu’elle a de plus profond, contient l’aveu de la masturbation qui, dès le début, dans la phase phallique, jusqu’à une époque tardive est attachée au contenu de cette formule » [10].
De fait, ce fantasme, « résidu de la période phallique de la petite fille » [11], en signant sa résurgence contient également la preuve de l’activité masturbatoire intense de la petite fille à l’époque de sa phase phallique.
Cependant, à la suite de la découverte de la différence des sexes et de son infériorité constitutionnelle présumée, la petite fille présente une tendance très marquée à se révolter contre la masturbation. Là où le garçon pourra continuer à obtenir satisfaction par cette voie nonobstant l’éventuel sentiment de culpabilité associé à cette activité, la petite fille, profondément blessée dans son narcissisme, aura tendance à associer la masturbation, fut-elle clitoridienne, à une activité typiquement masculine, et à vouloir s’en détourner définitivement afin d’accéder à une sexualité différente et typiquement féminine.
C’est là le motif du refoulement de la sexualité mis en scène par le motif de la fuite au travers de la forêt.
Ce refoulement de la sexualité, initié par la découverte de la différence des sexes, semble désormais redoublé par la crainte de l’inceste. Dans la scène de la cueillette des fleurs, la petite fille qu’est Blanche-neige semble également faire de la castration la conséquence d’une punition de l’activité masturbatoire et semble attribuer cette punition au père [12].
La fuite dans la forêt : le refoulement de la masculinité et le motif de la mère morte
Devant l’horreur cumulée de la différence des sexes (scène du puits) et de l’inceste (scène dans la forêt avec le serviteur), la petite fille va se détourner de sa mère et refouler son activité sexuelle, notamment celle qu’elle associe à la masculinité. Encore une fois, c’est l’humiliation narcissique subie et son infériorité organique présumée lors de la découverte de la différence des sexes qui plonge la petite fille dans un tel désarroi. Puisqu’on ne peut pas, sur ce terrain, tenir tête aux garçons, mieux vaut s’abstenir de rivaliser et refouler toute sexualité, notamment masculine.
C’est ce refoulement dans les tréfonds de l’inconscient qui est ici représenté par la scène de la fuite dans la forêt. Cette fuite signe à la fois le détournement de la sexualité et l’abandon de la mère comme objet d’investissement libidinal.
Épargnée par le chasseur, Blanche-neige fuit dans l’épaisse forêt noire : la mère, tout comme Blanche-neige dans la forêt, est définitivement perdue. Le motif de la mère morte est ici redoublé.
Bien sûr, cette scène représente également les dangers de la régression. Blanche-neige risque d’être avalée par la forêt. Nous rencontrons une nouvelle fois ici le fantasme sadique-oral inversé : celui d’être dévorée par la mère nourricière.
À cette traversée du fantasme oral, se joint la traversée du fantasme scopique. On cache, on refoule, de peur d’être découvert : la forêt a des yeux, elle regarde fixement tout comme l’enfant a vu la différence des sexes et est fixé à la castration tant redoutée. Les troncs d’arbres se transforment en crocodiles, les feuilles mortes en chauves-souris, épuisée par sa lutte contre la castration fantasmée, Blanche-neige tombe inanimée au beau milieu de la forêt.
II. — LE DÉSIR D’ENFANT ET LE MOTIF DE LA SÉDUCTION
Ce refoulement semble réussir : « J’ai le cœur en fête à présent, je suis persuadée que tout ira bien et que les choses vont s’arranger d’une façon ou d’une autre » déclare Blanche-neige aux animaux de la forêt. L’on reconnaît-là encore une fois le motif des animaux secourables, lesquels conduisent Blanche-neige jusqu’à la maison des sept nains. Blanche-neige y entreprend le grand ménage psychique nécessaire à son évolution : saleté, toile d’araignée, poussières et désordre cèdent la place à la propreté, l’éclat de la brillance, à l’ordre et à l’organisation. Un grand coup de balai est passé dans le psychisme de la petite fille : activité masturbatoire et inceste semble oubliés. Fatiguée, Blanche-neige s’endort et se réveillera face à un nouveau désir.
Car à partir de ce refoulement réussi, la libido de la petite fille évolue. Selon la célèbre formule de Freud, la libido de la petite fille glisse alors le long de l’équation symbolique pénis = enfant. Ne pouvant posséder le pénis, la petite fille renonce à ce désir pour y substituer un nouveau : un désir d’enfant. Entrée en jalousie avec la mère, elle lui dispute désormais le désir d’avoir un enfant du père. Par ce biais, elle est déjà une petite femme. C’est ce double motif du désir d’enfant et de femme déjà accomplie que condense à merveille le thème de Blanche-neige et les sept nains.
Les nains et le désir de pénis de la petite fille
Tel le Rumpelstilzchen allemand, ce petit bonhomme farceur des contes [13], capable des plus extraordinaires prouesses, le nain est le lointain descendant du pénis longtemps convoité par la petite fille.
Dans les rêves, par exemple, les enfants ne signifient souvent rien d’autre que des organes génitaux. À cet égard, Freud nous rappelle que les hommes comme les femmes sont habitués à désigner d’une manière quelque peu coquine leur organe génital comme leur « petite chose » [14]. Stekel, quant à lui, rappelle dans son célèbre ouvrage sur La langue du rêve [15], que le « petit frère » doit s’entendre dans l’inconscient comme le représentant symbolique du pénis. Et Freud d’enfoncer le clou en déclarant que jouer avec des enfants, les chamailler ou les battre, est très fréquemment une présentation onirique de l’activité masturbatoire [16].
Devant être d’abord saisis comme les représentants du pénis (ou du clitoris), les sept nains du dessin animé de Walt Disney apportent un plaisir libidinal non dissimulé à la petite fille Blanche-neige.
Travailleurs infatigables comme le membre masculin idéal, ils piochent inlassablement dans la terre. Au fond de la mine et ses galeries, ils découvrent des pierres précieuses : diamants et rubis qui serviront à faire les plus beaux bijoux et parures féminines, constituant autant de trésors symbolisant la jouissance féminine qui découle de cette activité souterraine.
Que les sept nains apportent un plaisir libidinal à Blanche-neige, cela est flagrant dans La Tyrolienne des nains, où les sept, tour à tour, dansent, pirouettent et perdent l’équilibre. Enivrés de plaisir par la présence de la jeune princesse, Blanche-neige se joint à leurs chants et, flattée, danse allègrement dans la maisonnée en faisant la révérence. La contrebasse de Prof, la voix dansante d’Atchoum, la mandoline de Joyeux, l’accordéon de Timide, le piano de Grincheux, la flûte de Dormeur et la batterie de Simplet : autant d’instruments que les sept nains manient à merveille et dont ils se servent pour tenter de faire vibrer Blanche-neige jusqu’à l’orgasme. Simplet, tel l’enfant phallique, va jusqu’à se faire plus grand qu’il n’est et s’ériger sur les épaules d’Atchoum pour la ravir.
La technique du Yodel, technique de chant typique du Tyrol, symbolise merveilleusement la jouissance ici partagée par Blanche-neige et les sept nains. Passant en un éclair de la voix de corps à la voix de tête en faisant résonner les voyelles, telle Europe vocalisant sous les assauts de Zeus, Blanche-neige s’extasie de jouissance devant les prouesses des sept nains :
Après l’amour, Blanche-neige, épuisée, raconte son histoire. Elle chante ensuite la chanson du prince charmant, anticipant le passage de la jouissance infantile aux plaisirs partagés des adultes. Quant aux nains, en acceptant d’aller se coucher et en cédant leur lit à Blanche-neige, ils acceptent l’abstinence après la jouissance (choses toujours difficile pour les enfants en jeune âge).
Les nains = enfants de la petite femme
Les sept nains permettent également à Blanche-neige d’assumer son rôle de femme en devenir. Ils permettent à Blanche-neige d’endosser, si l’on peut dire de manière active, son rôle de future femme.
Comme le souligne Freud, dans le domaine de la libido comme dans tous les domaines de la vie inconsciente, toute stimulation éprouvée passivement fournit à l’enfant l’irrépressible désir de réagir en retour de manière active. L’enfant cherche toujours à répéter sur autrui ce qui a été opéré sur lui. « Travail de maitrise du monde extérieur », certes, ce travail sert également à l’enfant à atténuer l’agression du monde extérieur sur son monde intérieur.
Comme Freud le souligne :
« Quand le docteur a ouvert la bouche de l’enfant qui se rebelle pour voir sa gorge, dès que le médecin est parti l’enfant va jouer au docteur et répéter cette épreuve de force sur un frère ou une sœur plus petits que lui et qui sont autant sans défense à son égard qu’il l’a été lui‑même avec le médecin. On ne peut méconnaître ici une révolte contre la passivité et une préférence pour le rôle actif » [17].
C’est ce même scénario que l’on voit se développer dans la maison des sept nains. Si la mère allaite, nourrit, lave et habille l’enfant, tous ces soins qui sont associés à un intense plaisir libidinal, l’enfant va tenter de les répéter. Si le petit garçon joue au docteur, la petite fille joue avec sa poupée : elle l’habille, lui apprend la propreté et la nourrit.
Blanche-neige prend les nains pour ses enfants : elle leur fait la lessive, la couture, le ménage et la cuisine, leur promet massepains et tartes aux prunes comme ultimes douceurs et sucreries. La marmite ne manque pas de bouillir à gros bouillons et la soupe déborde : la jouissance est à son comble pour les sept nains.
Lorsque Blanche-neige s’érige en reine du petit logis, elle prend en charge de manière active sa féminité et se réconcilie ainsi avec la jalousie maternelle qui l’a fait quitter la demeure royale. En outre, Blanche-neige se prépare à assumer sa sexualité féminine future et son pouvoir de séduction, en se rendant compte que les nains sont également de « petits hommes ».
La pomme et le motif de la séduction primaire par la mère
Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes lorsque, soudain, des tréfonds de l’inconscient, le refoulé fait brusquement retour et se rappelle à la belle enfant.
Là où le complexe d’Œdipe de la petite fille semblait en bonne voie ; là où Blanche-neige semblait avoir fait le grand ménage psychique nécessaire à l’évolution de sa maturité ; là où la libido de la petite fille semblait lentement glisser le long de l’équation symbolique pénis = enfant ; là où la petite fille semblait avoir réussi à surmonter le motif de la jalousie avec la mère ; là où la petite fille était déjà une petite femme… Soudain : « Adieu veau, vache, cochon, couvée », comme le disait La Fontaine.
C’est ce que l’on appelle, en psychanalyse, le retour du refoulé. Et ce qui était refoulé, rappelons-nous, c’est l’ambivalence, la haine-jalouse pour la mère, qui fait suite à la déception due au constat de la différence des sexes. Ce qui était refoulé, en d’autres termes, c’est tout simplement l’amour premier pour la mère, c’est la mère comme premier objet d’amour.
La mère, on le sait, est le premier objet d’amour pour l’enfant. Qu’il soit fille ou garçon, c’est la mère qui introduit l’enfant à la volupté et aux premières sensations génitales par les toilettes et les soins corporels et qui introduit en quelque sorte l’enfant aux prémisses de sa phase phallique [18].
Pour la petite fille plus précisément, c’est sur la relation originaire à la mère que se construit la relation secondaire au père, puis plus tard, au mari. Comme le souligne Freud, « le report sur l’objet paternel des liens affectifs avec l’objet maternel forme bien le contenu principal du développement en femme » [19].
On comprend que pour la petite fille, le détournement de l’objet premier est plus ravageur : elle doit non seulement changer d’objet d’amour, mais doit en outre changer d’objet-sexué. Alors que le sexe de l’objet d’amour reste identique pour le petit garçon, la petite fille doit faire un effort supplémentaire pour porter sa libido vers l’homme, c’est-à-dire vers l’autre sexe : le sexe masculin.
Alors qu’à la sortie de l’Œdipe et de sa rivalité avec le père, lorsqu’il se détourne de la mère comme objet libidinal, le petit garçon peut néanmoins conserver cette dernière comme objet d’amour (et il ne s’en prive d’ailleurs pas), la petite fille, elle, au moment où elle se détourne de la mère comme objet libidinal, la perd également comme objet d’amour par le jeux de la rivalité œdipienne dans laquelle elle ne fait qu’entrer. La situation est déséquilibrée : la perte est double pour la petite fille qui se retrouve en quelque sorte en déshérence amoureuse. D’où peut-être ce narcissisme spécifique que l’homme-Freud croit déceler chez la femme. Ce narcissisme qui fait que la relation au miroir de sa féminité est, chez elle, le symptôme de la spécificité de son complexe d’Œdipe [20].
C’est devant le retour, au grand jour, de cette difficile déshérence et ce désarroi que Blanche-neige est placée au surgissement de la marchande de pomme. C’est le motif de l’horreur de cet arrachement à ce premier objet d’amour, à ce désir premier, qui réapparaît grimé sous les traits de la vilaine sorcière marchande de pomme.
Car cette marchande de pomme se présente d’abord comme bonne, « une vieille marchande inoffensive ». Son apparition dans l’encadrement de la fenêtre signe l’inquiétant du fantasme, mais les mots sont d’abord doux : « mon bijou », « chérie », sont les expressions employées par la vieille femme qui se montre aimante. Elle donne des conseils à Blanche-neige sur ce que les hommes préfèrent (des pommes). Son cœur est fatigué et elle demande asile à Blanche-neige comme une vieille mère aimante demande à sa fille de l’aider. Elle lui demande un peu d’eau, son dessein semble pur. Elle flatte Blanche-neige la remerciant d’être si gentille pour elle, pauvre vieille. Elle propose à Blanche-neige d’exaucer ses vœux, notamment les vœux qui font des jeunes filles des femmes.
Ce sont les thèmes du cœur, du désir, de l’amour profond qui est ici motivé par la vieille grand-mère qui connaît le cœur des jeunes filles. Au moment où Blanche-neige pense à son prince, l’on reconnaît d’où ce désir tient son élan premier : il le puise de son premier objet d’amour, de l’amour maternel.
La pomme est bien évidemment le symbole par excellence de la séduction. Elle est également le symbole de la fécondité et de la féminité [21]. C’est avec la pomme qu’Ève, la femme, séduit Adam et lui donne une progéniture. C’est toute la complexité de l’Œdipe féminin et de la féminité qui est ici condensé sous les traits de la sorcière.
On retrouve ici, comme le souligne Freud, « le fantasme si fréquent qui fait de la mère, de la nourrice ou de la bonne d’enfants la séductrice » [22], fantasme qui est à l’œuvre aussi bien chez le petit garçon que chez la petite fille.
La pomme, c’est bien sûr l’objet oral et la petite fille peut retrouver par-là les premiers motifs de sa déception maternelle : le sevrage. Le reproche de l’absence de pénis se renforce d’un autre reproche, antérieur, adressé à la mère : celui de n’avoir pas donné assez de lait.
La pomme, préalablement plongée dans le chaudron et imprégnée de poison, est désormais devenue rouge pour tenter Blanche-neige et lui donner envie de la croquer.
Réinterprétation de la prise de possession de la maison des sept nains
Une question demeure cependant à la lecture œdipienne du conte de Blanche-neige : pourquoi le motif de la mère revient-il hanter Blanche-neige alors même qu’un premier refoulement avait eu lieu avec le départ de la forêt ? Le premier départ dans la forêt n’avait en fait été qu’une fuite. Le retour du refoulé est identique au refoulé. La pomme condense le désir œdipien de Blanche-neige, mais celui-ci est déguisé.
Car une lecture psychanalytique du conte ne peut passer sous silence, que ce n’est pas tant la mère qui est déguisée en sorcière, même si la formule magique est subtile :
« Poussière de momie, pour me vieillir ; pour changer ma tenue, du noir de nuit ; pour vieillir ma voix, un caquet de vieille mégère ; pour blanchir mes cheveux, un hurlement d’effroi ; un vent de tempête attisera ma haine ; ajoutons encore la foudre au mélange final ».
Derrière son allure toute rapetissée et sa démarche ramassée, la sorcière évoque bien sûr la menace de castration et complexe de masculinité par le rabougrissement du pénis qu’elle matérialise par sa silhouette.
Cependant, encore une fois, dans la logique de l’inconscient et du cauchemar que va mettre en scène le dessin animé, ce qui est véritablement déguisé, ce n’est pas tant la mère que le désir œdipien de la petite fille Blanche-neige.
Si l’apparent bonheur de Blanche-neige dans la maison des sept nains tourne finalement au cauchemar, c’est que le désir œdipien qu’il sous-tendait était ignoré de Blanche-neige. D’un point de vue psychologique, tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes et la petite fille s’exerçait à devenir mère. C’était sans compter sur l’inconscient et sa logique œdipienne implacable. Au vu du cauchemar qui surgit, il nous est permis de réinterpréter la prise de possession de la maison des sept nains comme l’expression d’un violent désir œdipien à l’encontre de celle qui fait retour : la mère. Le retour de la mère déguisée, c’est, pour mieux dire, le retour d’un désir déguisé contre la mère.
En s’appuyant sur les brillantes découvertes de Mélanie Klein [23], il est possible de réinterpréter la prise de possession par Blanche-neige de la petite maison à l’orée du bois, comme la prise de possession, par la petite fille, du ventre de la mère et des enfants qui s’y trouvent. Si la maison à l’orée du bois représente le ventre de la mère [24], la forêt en représente l’aspect extérieur (autrement dit le ventre-sexe féminin) et la maison son intérieur.
Pour Mélanie Klein, si le petit garçon possède bien le pénis avec lequel il tente de rivaliser avec le père (comme nous l’avons vu dans Le Roi lion), la petite fille n’a elle qu’un désir insatisfait, celui de la maternité, pour matérialiser (mater-ialiser) la rivalité avec la mère. En d’autres termes, la petite fille manque d’un « support puissant » dans l’anticipation de la sexuation. Une pleine maternité étant encore improbable au sortir de l’enfance, la petite fille vit ce désir de maternité comme une tentative usurpatrice de s’emparer des enfants de la mère, c’est-à-dire des enfants potentiellement contenus dans son utérus. S’étayant sur des pulsions sadiques préœdipiennes dirigées contre le corps de la mère, le désir œdipien de la petite fille génère rapidement anxiété et sentiment de culpabilité, celle-ci s’attendant à la peine du talion lorsqu’elle tente de satisfaire ce désir de maternité.
Mélanie Klein y voit d’ailleurs la « racine » de l’intérêt « constant » et « souvent excessif » des femmes pour leur beauté personnelle, car elles craignent que leur corps ne soit détruit par leur mère en retour :
« Au fond du désir de se parer et de s’embellir, il y a toujours le motif de restaurer la beauté endommagée, et ceci a son origine dans l’anxiété et dans le sentiment de culpabilité » [25].
Alors que le garçon tire de la possession de son pénis un « support puissant » à la rivalité œdipienne et à l’acceptation de son sexe, la petite fille manque cruellement d’un support dans sa rivalité maternelle et est souvent contrainte de n’anticiper sa maternité qu’avec anxiété et sentiment de culpabilité vis-à-vis de sa mère. Cette anxiété de la femme au sujet de sa féminité et de sa fécondité peut être finalement saisie comme le pendant du complexe de castration du petit garçon.
Si ce complexe de castration et cette anxiété ne peuvent être mis à l’écart et refoulés, ils contribuent alors à mettre en échec les pulsions œdipiennes et, par conséquent, l’évolution vers l’assomption de son sexe et le développement d’une maturation de la fonction sexuelle.
En développant le scénario de la prise de possession du ventre maternel et des enfants qui s’y trouvent, le conte de Blanche-neige permet à la petite fille de se réconcilier avec ses pulsions œdipiennes inconscientes et, par conséquent, de symboliquement surmonter l’anxiété et le sentiment de culpabilité qu’elles génèrent. D’un point de vue purement scopique, la diminution du déplaisir qui découle de la mise en scène d’un tel scénario, met l’enfant en joie devant ce spectacle féérique [26].
Sommeil et coït
En croquant la pomme, symbole de fécondité et de féminité, Blanche-neige plonge dans le tréfonds de son désir œdipien inconscient. Or dans la symbolique des rêves et de l’inconscient, croquer la pomme c’est bien sûr et avant tout le symbole du coït.
Ce d’autant plus que l’enfant, dans l’effervescence de ses premières recherches sexuelles et l’élaboration de ses premières théories sexuelles infantiles, associe souvent les fonctions de nutrition et de sécrétion aux fonctions génitales : notamment du coït et de l’accouchement. Nous le verrons plus en détail plus tard avec les dessins animés de Pinocchio et d’Alice au pays des merveilles, mais l’une des théories sexuelles les plus abouties de l’enfant est que la conception se fait par l’absorption d’une petite graine que le Papa met dans la bouche de la Maman par l’intermédiaire d’un baiser d’amour.
L’on retrouve d’ailleurs ces théories sexuelles infantiles dans les symptômes névrotiques hystériques qui se concentrent très souvent sur la zone buccale et la pulsion orale. Les dégoûts alimentaires et vomissements hystériques, la gourmandise et l’absorption d’aliments indigestes, malsains ou attirants l’œil (tout ce qui est habituellement qualifié de « cochonneries ») trahissent le déplacement et la concentration des pulsions sexuelles refoulées et des pulsions orales sur la zone buccale. Sandor Ferenczi va même jusqu’à avancer que « les envies diverses et étranges des femmes enceintes que l’on peut également constater en dehors de la grossesse au moment des règles, peuvent s’expliquer par la répression d’une libido exacerbée par le processus biologique, c’est‑à‑dire par un état hystérique transitoire » [27].
En d’autres termes, le double motif oral du baiser d’amour du prince et de la pomme s’associent et se renforcent pour représenter, dans la symbolique inconsciente, le coït tant désiré que redouté par la jeune princesse Blanche-neige.
Mais pourquoi le sommeil de mort ? Que représente-t-il ? L’on connaît, bien sûr, l’effet d’endormissement et détendant du coït, mais il n’explique en rien pourquoi ce sommeil est ici associé à la mort. Pour le comprendre, il est nécessaire d’aller un peu plus loin dans l’élucidation des mystères des couches les plus profondes de la psyché inconsciente.
La mort, c’est bien sûr la rigidité (cadavérique), la froideur. Or si l’on associe le thème de la rigidité et de la froideur à l’acte du coït, nous débouchons logiquement et immédiatement sur le motif de la frigidité.
Freud a depuis longtemps mis en évidence que le premier rapport sexuel d’une femme est souvent synonyme de déception et d’insatisfaction. En d’autres termes, il existe chez les deux sexes mais peut-être de manière plus prononcée chez la femme, au début des relations, une « frigidité passagère » [28], qu’il faut un peu d’habitude et de temps, et surtout de répétition fréquente de l’acte, pour surmonter, avant que s’instaure une pleine satisfaction.
Au-delà de l’aspect purement physique, lié à ce que l’on pourrait ranger sous le thème de la douleur de la défloration, il existe un motif psychologique plus profond à cette « frigidité passagère ».
C’est que dans le premier rapport sexuel de la femme, la blessure narcissique première de la petite fille se trouve réactivée. Le sentiment d’infériorité hérité de son complexe de masculinité se trouve réactivé et l’envie de pénis, secondairement élaboré par la petite fille, se révèle et se transforme d’abord en une « amertume hostile » envers l’homme et son membre viril.
C’est ce que Freud qualifie de « réaction paradoxale de la femme à la défloration » [29]. Cette réaction paradoxale prend la forme d’un violent désir de châtrer le jeune amant et de conserver pour elle et en elle son pénis.
Partagée entre l’amour envers l’homme qui lui fait connaître le premier acte sexuel et sa réaction paradoxale à l’acte, le conflit inhibe et paralyse la jouissance de la jeune fille et l’empêche d’atteindre à la pleine satisfaction : c’est ce qui explique la frigidité passagère des débuts des relations sexuelles.
Le sommeil de mort, que l’on retrouve au cœur du conte de La Belle au bois dormant, en condensant le motif de la rigidité et de la froideur, représente donc, dans la symbolique des rêves et de l’inconscient, la défloration et la « frigidité passagère » de la jeune fille dans le premier coït. La jeune fille doit ainsi passer de l’autre côté de cette angoisse et de ce fantasme de défloration afin de s’épanouir dans une vie sexuelle adulte et accomplie. Voilà pourquoi le sommeil de mort peut être également perçu comme un rite initiatique, ou comme un rite de passage.
Mort, refoulement et période de latence
En traversant ce fantasme et l’angoisse qui lui est liée, Blanche-neige passe par une porte incontournable : la porte de l’inconscient. Sur ce chemin elle n’est pas seule mais guidée. À cet égard, l’image de la sorcière descendant dans le fleuve souterrain pour se rendre auprès de Blanche-neige prend soudain une valeur nouvelle et toute autre. À l’instar de Charon, la sorcière-passeuse avance dans sa barque sur les flots de l’enfer. Renouvelant la coutume mortuaire grecque qui voulait que l’on glisse une pièce de monnaie dans la bouche des morts, la sorcière glisse sa pomme (obole symbolique) dans la bouche de Blanche-neige afin de la faire passer sur l’autre rive.
Cette autre rive, c’est bien sûr la rive adulte, celle de l’être sexué. Blanche-neige se réveillera par un baiser : après la période de latence, où la sexualité de Blanche-neige est comme gelée, mise entre les parenthèses du cercueil de verre, la jeune princesse s’éveillera à la puberté. Le baiser représente l’objet (le prince charmant, l’amant qui l’initie à la sexualité), que Blanche-neige accepte désormais pleinement. Là où le refoulement premier de la sexualité s’effectuait par la pudeur, là où la sexualité infantile était essentiellement masturbatoire et, partant, auto-érotique, le réveil à la sexualité se fait désormais en pleine acceptation de l’objet. À la puberté, comme dit Freud, « la pulsion sexuelle se met à présent au service de la fonction de reproduction ; elle devient pour ainsi dire altruiste » [30]. En d’autres termes — et selon la formule consacrée : ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants !
P.-S.
Ce texte fait partie d’un travail en cours d’élaboration sur la Psychanalyse des contes, des fables et des mythes. Christophe Bormans, « Blanche-neige et les sept nains : L’Œdipe de la petite fille et la rivalité avec la mère », Psychanalyse des contes et dessins animés (Walt Disney expliqué aux adultes), Psychanalyste-paris.com, Paris, février 2012.
Notes
[1] Jacob et Wilhelm Grimm, « Blanche-Neige », Contes allemands du temps passé, Extraits des recueils des frères Grimm et de Simrock, Bechstein, Franz Hoffmann, etc., traduit par Félix Frank et E. Alsleben, Éd. Didier et Cie, Paris, 1869, pp. 7-18.
[2] Cf. Christophe Bormans, « Le Roi lion : L’Œdipe du petit garçon et le meurtre du père », Psychanalyse des contes et dessins animés (Walt Disney expliqué aux adultes).
[3] Sigmund Freud, « Quelques conséquences psychiques de la différence anatomique entre les sexes » (1923), La Vie sexuelle, PUF, Bibliothèque de Psychanalyse, Paris, 1969, pp. 125-132.
[4] « D’emblée elle a jugé et décidé. Elle a vu cela, sait qu’elle ne l’a pas et veut l’avoir » (Sigmund Freud, « Quelques conséquences psychiques de la différence anatomique entre les sexes » (1923), La Vie sexuelle, PUF, Bibliothèque de Psychanalyse, Paris, 1969, pp. 125-132.
[5] Sigmund Freud, « Quelques conséquences psychiques de la différence anatomique entre les sexes » (1923), La Vie sexuelle, PUF, Bibliothèque de Psychanalyse, Paris, 1969, pp. 125-132.
[6] « Marches, échelles, escaliers, en l’occurrence le fait de s’y déplacer, et ce aussi bien vers le haut que vers le bas, sont des présentations symboliques de l’acte sexué. » Cf. Sigmund Freud, L’Interprétation du rêve, Œuvres complètes, Psychanalyse, volume IV : 1899-1900, PUF.
[7] « L’arrachage des poils (de l’herbe), qui prend ici la place de la souillure […], se trouve mentionné à côté de celle-ci dans le rêve suivant. L’expérience psychanalytique montre qu’il est issu du cercle symbolique de l’onanisme (arracher, détacher en arrachant) » (Sigmund Freud, « Rêves dans le folklore », Œuvres complètes, Psychanalyse, vol. XI (1911-1913), PUF, Paris, 1998, pp. 76).
[8] Sigmund Freud, « On bat un enfant », traduit de l’allemand par Henri Hoesli, in Revue Française de Psychanalyse, Tome VI, n° 3-4, Éd. Denoël et Steele, Paris 1933, p. 290.
[9] Cf. par exemple : Sigmund Freud, L’Interprétation du rêve, Œuvres complètes, Psychanalyse, volume IV : 1899-1900, PUF, pp. 395-453.
[10] Sigmund Freud, « Quelques conséquences psychiques de la différence anatomique entre les sexes » (1923), La Vie sexuelle, PUF, Bibliothèque de Psychanalyse, Paris, 1969, pp. 125-132.
[11] Sigmund Freud, « Quelques conséquences psychiques de la différence anatomique entre les sexes » (1923), La Vie sexuelle, PUF, Bibliothèque de Psychanalyse, Paris, 1969, pp. 125-132.
[12] Sigmund Freud, « Sur la sexualité féminine » (1931), La Vie sexuelle, PUF, Bibliothèque de Psychanalyse, Paris, 1969, pp. 139-154.
[13] Sigmund Freud, « Matériaux de contes dans les rêves », Œuvres complètes, Psychanalyse, volume XII : 1913-1914, PUF, Paris, 2005, pp. 26-33.
[14] Sigmund Freud, L’Interprétation du rêve, Œuvres complètes, Psychanalyse, volume IV : 1899-1900, PUF, pp. 395 sq.
[15] W. Stekel, Die Sprache des Traumes, Wiesbaden, J. F. Bergmann, 1911.
[16] Sigmund Freud, L’Interprétation du rêve, Œuvres complètes, Psychanalyse, volume IV : 1899-1900, PUF, pp. 395 sq.
[17] Sigmund Freud, « Sur la sexualité féminine » (1931), La Vie sexuelle, PUF, Bibliothèque de Psychanalyse, Paris, 1969, p. 150.
[18] Sigmund Freud, « Sur la sexualité féminine » (1931), La Vie sexuelle, PUF, Bibliothèque de Psychanalyse, Paris, 1969, p. 151.
[19] Sigmund Freud, « Sur la sexualité féminine » (1931), La Vie sexuelle, PUF, Bibliothèque de Psychanalyse, Paris, 1969, pp. 139-154. Et Freud de préciser que le mari ne fait finalement trop souvent qu’hériter de la relation première à la mère : « Par exemple, nous avons depuis longtemps remarqué que beaucoup de femmes qui ont choisi leur mari selon le prototype paternel, ou lui ont donné la place du père, répètent sur lui dans le mariage leur mauvaise relation avec leur mère ».
[20] Sigmund Freud, « Pour introduire le narcissisme » (1914), Œuvres complètes, Psychanalyse, volume XII : 1913-1914, PUF, Paris, 2005, pp. 217-245. (Nous reviendrons sur ce sujet au dernier chapitre).
[21] Cf. par exemple Karl Abraham, « Rêve et mythe. Contribution à l’étude de la psychologie collective » (1909), Œuvres complètes, tome 1 : 1907-1914, Payot, 1989, pp. 68-118.
[22] Sigmund Freud, « Sur la sexualité féminine » (1931), La Vie sexuelle, PUF, Bibliothèque de Psychanalyse, Paris, 1969, pp. 139-154.
[23] Mélanie Klein, « Les premiers stades du complexe d’Œdipe », dans la Revue Française de Psychanalyse, Tome IV, n° 4, Éd. G. Doin et Cie, 1930, pp. 634-649.
[24] Les rites d’initiation des primitifs confirment cette interprétation ancestrale. La cabane initiatique, dans laquelle l’initié (ou l’initiée) doit se préparer, représente le ventre de la mère et la régression qu’il doit y opérer avant la nouvelle naissance qui l’attend durant son initiation. (Cf. Mircea Eliade, Mythes, rêves et mystères, Paris, Gallimard, « Les Essais », 1957 ; rééd. « Idées », 1972.)
[25] Mélanie Klein, « Les premiers stades du complexe d’Œdipe », dans la Revue Française de Psychanalyse, Tome IV, n° 4, Éd. G. Doin et Cie, 1930, pp. 645. Mélanie Klein fait d’ailleurs de cette remarque une des principales causes de la prédisposition des femmes à l’hystérie de conversion : « II est probable que cette crainte profonde de la destruction des organes internes peut être la cause psychique de la susceptibilité plus grande des femmes, en comparaison de celle des hommes, à l’hystérie de conversion, et aux maladies organiques ».
[26] Une patiente me racontait comment enfant, elle s’imaginait évoluer et nager avec les dauphins comme dans le film de Luc Besson, Le grand bleu. Elle se réconciliait ainsi avec un fantasme sadique-anal fort qu’elle m’avait présenté quelques minutes auparavant, dans la même séance, en me racontant un rêve d’éventration. En libre association, le souvenir infantile suivant émerge : elle se souvient qu’un jour, furieuse contre sa mère, elle avait percé avec un stylo, un gros ballon gonflable sur lequel les enfants rebondissaient comme des kangourous : il n’en restait plus que des bouts de boyaux éparses.
– On sait que les premiers ballons étaient fabriqués avec des vessies de porc fraîches que l’on recouvraient d’une enveloppe de cuir, c’est-à-dire qu’ils étaient faits comme des ventres ; en outre, on reconnaît le kangourou pour ostensiblement porter ses enfants dans une poche, sur leur ventre ; enfin les boyaux rappellent bien entendu les intestins.
– Tout le rêve et les associations qui en découlent et tournent autour, nous présente clairement le fantasme sadique-anal de l’enfant qui souhaite éventrer la mère afin de prendre possession de celui-ci (désir préœdipien) et des enfants qui s’y trouvent. Comme la génitalité n’est pas installée, la théorie du cloaque prédomine et l’enfant est persuadé que les enfants sont fabriqués dans le ventre intestinal et sortent par l’anus (d’où le ballon, les boyaux et les vessies).
[27] Sandor Ferenczi, « Transfert et introjection », (1909), in Œuvres complètes, Psychanalyse I (1908-1912), Paris, Payot, 1968, p. 95.
[28] Sigmund Freud, « Le Tabou de la virginité » (1918), La Vie sexuelle, PUF, Bibliothèque de Psychanalyse, Paris, 1969, pp. 47-80.
[29] Sigmund Freud, « Le Tabou de la virginité » (1918), La Vie sexuelle, PUF, Bibliothèque de Psychanalyse, Paris, 1969, pp. 47-80.
[30] Sigmund Freud, « Les métamorphoses de la puberté », Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), Gallimard, Coll. « Folio-essais », Paris, 1987, p. 143
https://psychanalyste-paris.com/blanche-neige-et-les-sept-nains-l.html
Écrit par : Allusion | 21/08/2023
Répondre à ce commentaireDepuis que Disney a viré WOKE, la société a fait une chute vertigineuse. Les allemands étaient fous de Blanche-neige (rappelons que ce sont les frères GRIMM qui furent à l'origine du conte). Le film actuel va sortir en 2024. Je m'attends à d'intenses révoltes qui bénéficieront au camp républicain.
Écrit par : Mélusine ou la robe de saphir; | 21/08/2023
Répondre à ce commentaireOui, cela va être tendu pour le moins.... ;-)
Écrit par : Allusion | 24/08/2023
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