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29/07/2008

Onde de Magnitude Capitale

L'OMC (l'Organisation Mondiale du Commerce) a, pourrait-on dire, une "banane de discorde" dans les discussions à Genève. Mais, si cela n'était que cela...

onde-de-magnitude-caitale_00.jpgLes négociations de l'OMC à Genève se déroulent dans un climat tendu. Pierre Defraigne, Directeur de la Fondation Madariaga (pour la prévention des conflits) était invité à la radio ce 28 juillet. Le clivage entre pays riches et pays émergents était le point d'accrochage, d'ancrage entre des blocs mouvants dans le temps. J'en avais déjà eu un article sur le sujet "On Me Cochone l'OMC".


Le groupe de pays constitué par l'ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) menaçait de bloquer l'ensemble des négociations. Véritable entonnoir avec les droits de douane comme nerfs de la guerre. Par rapport à 2006, très peu d'altermondialistes et d'ONG à proximité pour contester, cette fois. Pas de manifestations type "Seatle 1999" ou "G8 de Gênes". Le lac Léman pacifie-t-il le climat? On est là pour pacifier en esquissant les grandes lignes d'un contrat de bonne conduite suite à huit années de négociations acharnées sur la libéralisation des échanges internationaux. Les priorités ont changé. L'énergie, les changements climatiques, la crise alimentaire changent le ton et mène une autre danse dans la subtilité.

Le cycle de Doha tournait en boucle depuis Cancun en 2003. Des préaccords entre les sept grands de vendredi 25 juillet n'ont pu résoudre le fait que la couverture devient de plus en plus étroite. Notre planète n'est plus extensible. On ne commence qu'à s'en apercevoir. Libéraliser les échanges entre les acteurs pour éviter une concurrence injuste, voilà le rôle de l'OMC. Les dérives sont pourtant de plus en plus incompréhensible au vu des problèmes qui dépassent les hommes. J'avais une question lors de l'interview:

"D'où vient nos problèmes?
De la compétition qui subsiste à tous les niveaux. Du niveau le plus bas au plus haut: sociétés commerciales, pays, continents, blocs d'influence. On n'a pas encore compris que, bientôt, ce ne sera plus une bataille entre les hommes, mais une guerre de la survie contre ou avec la nature comme adversaire ou collaborateur de choix.
Le défit se fera par la recherche de la survie de la présence de l'homme sur notre planète.
Et si on travaillait ensemble, pour changer
?"

Bataille politique avec les citoyens comme acteurs de leur propre destin. L'Europe pourrait jouer un rôle de médiateur bien plus important qu'il ne semblerait, répondait-il.

A son avis, les problèmes n'étaient pas au niveau de l'OMC mais des pays qui composent l'organisation.

Dans le passé nous avons des guerres pour la possession des richesses. La Guerre de Sécession aux USA n'en est qu'un exemple. Le Nord jaloux des richesses du Sud. L'esclavage n'était qu'un prétexte. En ce temps, l'agriculture du Sud rapportait plus que la richesse industrielle du Nord.

Plus petits problèmes et plus récents, la Belgique ne parvient plus à trouver son chemin en commun. A la base, une revanche du Nord, de la Flandre, sur le Sud, qui jouissait, dans le passé, des industries productrices de richesses.

En sommes-nous toujours là, aujourd'hui, quand la couverture se rétrécit de plus en plus.

onde-de-magnitude-caitale_20.jpgLe problème des sans-papiers, l'immigration pour raisons économiques ou climatiques ne sont que des phénomènes les plus visibles de ce qui se produit devant nos yeux. Le problème de l'OMC est de devoir répartir les richesses du monde entre des mains qui ne tâtent que le nombril.

La solidarité ne semble qu'un leurre pour enfants sages. La compétition, elle, est réservée aux grands et elle est souvent acharnée.

Et si on se posait la question d'où naît de cette compétition et de la raison pour laquelle on s'y casse les dents?

Le monde n'est pas égal à lui-même. On ne peut pas faire la même activité près des pôles et près de l'équateur. Tout est possible mais pas nécessairement tout au même endroit. C'est du casse gueule assuré que de vouloir concurrencer tous les commerces sans distinction. Certains pourront produire des bananes, d'autres de l'industrie à bon marché.

On arrive à l'idée du troc mondialisé. Troc des marchandises, des hommes, des idées dans une collaboration dans laquelle tout le monde y trouverait son compte. L'éducation et l'esprit critique en citoyen responsable comme moteur du progrès. Quand la nature ne peut plus donner ce qu'elle donnait après l'épuisement, cherchons ensemble à trouver les solutions en nous.

Le problème des OGM ramené au niveau citoyen et non plus dans les mains du seul privé et commercial. Le plus souvent, les idées des écologistes ne voient plus que leur assiette en oubliant que l'assiette se réduit ailleurs. Avoir une carotte quand elle existe, bien pure, bien naturelle, cela peut paraître un peu maigre d'un des côtés de la table.

L'agronomie est une science de l'expérience. Elle compte dans ses rangs des gens qui regardent plus loin. Ce ne sont pas tous des doux dingues.

Les problèmes sont profonds et plus étendus que ceux qui apparaissent à l'horizon. Le pluralisme d'idées dans des discussions animées en fonctions des connaissances et expériences sur le terrain, pourra seul trouver la voie médiane, la voie de la sagesse.

Les hommes peuvent en fonction de motivations et qualifications passer d'un environnement à un autre. Les marchandises le font déjà. Les exceptions de pouvoir d'achat sont devenues non seulement un problème que l'on retrouve dans son assiette, mais sont devenu mondiaux. Encore une fois, cette couverture, une peau de chagrin. Vouloir faire tout et n'importe quoi, partout, n'est ce pas un leurre? L'homme s'est installé partout dans le monde, parfois en dépis du bon sens. Les déserts, les glaces ne font pas partie de son environnement de prédilection. Et pourtant...

Un travail d'équipe à l'échelle mondial avec des qualifications proportionnelles à ses dons naturels, ne serait-ce pas le fin du fin pour un futur de solidarité ?

N'oubliez pas d'écouter ou de lire la transcription ci-dessous de l'interview.

Elle explique beaucoup de choses.

Trop, car ce 29 juillet, c'est l'échec 

L'enfoiré,

Autres idées sur le même plantage 

Citations:

  • « La parole est dans le commerce des pensées ce que l'argent est dans le commerce des marchandises, expression réelle des valeurs, parce qu'elle est valeur elle-même. », Louis de Bonald

  • « Le commerce unit les hommes, tout ce qui les unit les coalise, le commerce est donc essentiellement nuisible à l'autorité. », Napoléon Bonaparte

  • « Les gens généreux font de mauvais commerçants », Honoré de Balzac

Transcription de l'interview de Pierre Defraigne: (BP=Journaliste de la RTBF)

BP : Alors, un air un peu suspendu, comme ces négociations qui le sont, pour le moment, à l'OMC, l'Organisation Mondiale du Commerce à Genève. Où est-ce que ça coince ce matin, alors qu'on sait qu'on discute depuis des années maintenant ?

- Bien sûr ! Mais on arrive au début de l'entonnoir, c'est-à-dire à cette phase cruciale des négociations où des engagements politiques qui ont été pris, de rétablir un équilibre entre le Nord et le Sud, en matière d'agriculture, en matière de produits manufacturés et aussi entre le Sud et le Sud où ça coince beaucoup plus qu'on ne l'imagine et où les enjeux pour le Sud sont peut-être plus importants encore que dans la relation Nord-Sud. Mais alors, il s'agit de transformer ces engagements politiques en chiffres. C'est ce qu'on appelle l'exercice des modalités. C'est l'avant-dernière étape, mais elle est cruciale. C'est là que ça passe ou ça craque et nous devrons alors, en fin d'année, accumuler la transposition de tous ces chiffres globaux, en chiffres détaillés, par Etat… C'est-à-dire des dizaines de milliers de pages de tarifs, que les 153 membres de l'OMC devront faire parvenir à Genève et alors le round pourra se terminer.

BP : L'idée c'est quoi… c'est de libéraliser le commerce mondial. Certains diront : dérégulariser ?

- Alors, ce n'est pas du tout la même chose et je crois qu'il y a là une grande confusion. Libéraliser… ça veut dire : réduire les obstacles aux échanges. Quels sont-ils ? Traditionnellement, les tarifs. Mais dans la réalité, nos pays, par exemple, les pays industrialisés… ont une moyenne de tarif qui est de l'ordre de 4%. Donc, le tarif n'est plus la vraie difficulté. Elle le reste dans les pays émergents. Je pense notamment à l'Inde…

BP : 4%, c'est le droit d'imposition…

- Tarif moyen…

BP : …taux fixe pour les produits agricoles qui viennent du Sud, par exemple ?

- Produits industrialisés… Ah non ! Les produits agricoles c'est tout autre chose. Nous sommes dans des moyennes de 20% et avec des points qui peuvent excéder 100% dans les produits sensibles. Mais donc, ce qu'il s'agit de faire, c'est libéraliser le marché des produits industriels. Ca je crois qu'il y a un consensus sur le fait que c'est la direction générale. Sur les produits agricoles, il s'agit d'éliminer les subventions qui faussent la concurrence et donc les Etats-Unis, l'Europe, le Japon, la Suisse, la Corée, sont les principaux responsables. Mais en plus, en plus… pour ces produits agricoles, permettre un accès à nos marchés. C'est-à-dire, réduire les droits de douane sur ces produits aussi. Et alors là nous entrons dans un jeu politique extrêmement compliqué, puisque nos paysans nous disent : vous ne pouvez pas à la fois réduire les subventions et baisser les tarifs. Vous allez nous étrangler. Et cet exercice est possible. Il est très difficile. Il y en a jamais assez pour des produits… des gens comme le Brésil, qui veulent vraiment utiliser tout leur potentiel de production, mais pour nous qui tenons à notre agriculture, à nos agriculteurs, à notre paysage, à la qualité de notre nourriture, et bien l'agriculture ce n'est pas un produit comme les autres et donc, là par exemple, nous n'irons jamais jusqu'à une libéralisation complète. C'est un cas particulier.

BP : Alors, ce qui est un peu particulier dans ces négociations, c'est qu'on a l'habitude de considérer que ces négociations opposent les pays du Nord, les pays riches, aux pays du Sud, qui sont en voie de développement. Or, c'est un peu plus compliqué que ça, finalement ?

- Vous avez raison ! Je pense que sur l'OMC, aujourd'hui, flotte, je dirais, la menace de la compétitivité chinoise dans tous les produits. Les Chinois sont aujourd'hui, par la combinaison de leurs bas coûts et de leur productivité élevée, capables de percer à peu près n'importe quelles frontières tarifaires et le Sud a peur de ça. Un pays comme l'Inde, clairement, qui est de loin plus protégé que la Chine … à peu près deux fois plus… est le pays qui se sent aussi le plus vulnérable aux importations en provenance de Chine. Et on peut dire la même en Afrique. L'Afrique qui aujourd'hui, connaît du fait de la Chine, un boom extraordinaire de ces exportations minières, pétrolières et agricoles, en même temps, doit subir la concurrence chinoise sur tout ce qui est la petite industrie, qui commençait à s'établir en Afrique. Donc, la concurrence Sud-Sud est un vrai problème et dans cette concurrence, je dois y insister… il n'y a pas que la Chine. Je prends la Chine parce qu'elle est emblématique. Mais un pays comme le Brésil a une capacité concurrentielle considérable.

BP : Dans ces problèmes Sud-Sud, il y a celui de la banane. Ca a l'air dérisoire… En fait, c'est vraiment essentiel, si je comprends bien ?

- Ecoutez… la banane est avec nous depuis les origines des temps, je dirais. Je crois que de mémoire de négociateurs, il n'y a pas eu un round où la banane n'a pas été la pierre d'achoppement.

BP : Mais quel est le problème avec la banane, finalement ?

- Le problème, il est simple. C'est que vous avez des producteurs très efficients, essentiellement des grandes firmes américaines, en Amérique latine, avec une exception, le Costa Rica, où se sont bien des producteurs locaux… ils sont très efficaces à cause des conditions climatiques et des conditions d'exploitations très mécanisées et un peu les conditions sociales, à la manière de… sauf au Costa Rica où il y a une vision sociale du développement. Vous avez alors les bananiers de chez nous… Les gens des Canaries ou les gens de propriétés françaises, dans l'Atlantique.

BP : Quand vous dites : chez nous… ce sont les pays européens ?

- C'est ça ! On est chez nous. Et ceux-là on les protège avec un droit de 176 euros par tonne, contre les premiers, contre les Latino-Américains. Et puis arrivent les ACP…

BP : Afrique-Caraïbes-Pacifique… Ce sont les anciennes colonies…

- Les anciennes colonies, disons ça… Il y en a très peu qui font de la banane, mais ceux qui font de la banane les font dans un régime qui entre le coût assez élevé des bananes européennes et le coût très bas des bananes latino-américaines. Et on a choisi de leur donner un accès privilégié à notre marché. C'est-à-dire qu'elles ne payent pas ces fameux droits de douane. Alors, maintenant, Pascal Lamy, à la demande de toutes les parties…

BP : Pascal Lamy, qui est le Directeur de l'Organisation Mondiale du Commerce…

- Voilà ! …a mis sur la table, un accord qui vaut ce qui vaut, qui cherche à baisser les droits de 176, je crois, à 116. Donc, c'est une baisse sensible. Ce qui devrait être acceptable par les Latino-Américains et un engagement des Latino-Américains de ne pas contester ce régime, devant l'organe de règlement des différends… qui est le Tribunal de l'OMC. Les ACP ne sont pas contents. Ils le font savoir. En réalité, ceux qui croient comprendre un peu mieux ce qui se passe, voient qu'à l'intérieur des ACP vous avez des très performants et vous avez des pas performants du tout. Pourquoi ? Parce que dans les très performants, vous avez à nouveau des entreprises américaines qui sont venues s'établir chez les ACP et qui arrivent à des rendements comparables à ceux qu'ils ont en Amérique latine. D'où… voilà le problème de la banane. Mais je ne peux pas imaginer que le bananier va cacher la forêt de l'accord de Doha. C'est un problème qu'on règlera.

BP : Vous avez participé à beaucoup de ces négociations, est-ce que l'irruption de la Chine et son arrivée dans l'Organisation Mondiale du Commerce a bouleversé la donne ?

- Je pense que oui ! Je crois que nous sommes dans un nouvel équilibre. Voilà un pays qui a un potentiel de développement énorme, qui l'exploite admirablement, qui va dans tous les azimuts. Les Chinois sont efficaces à peu près en tout, dans les petites productions… intensité de main-d'œuvre… comme de plus en plus, dans les hautes technologies. Enfin, ce sont des gens qui sont capables, maintenant, de faire des médicaments ou des produits biogénétiques tout à fait de pointe et dès lors que c'est le cas et qu'ils ont une réserve de main-d'œuvre considérable, avec des gains de productivité que nous avons aidé à leur transmettre, parce que nous avons investi massivement en Chine, et bien ils sont capables de s'imposer partout et c'est vrai que toute libéralisation du commerce multilatérale, c'est-à-dire qui va se faire partout de la même façon, va profiter au pays qui est déjà le plus compétitif. Cela étant, il ne faut pas exagérer et en faire de la Chine, un mythe trop redoutable…

BP : On exagère, vous trouvez ?

- Je pense que comme toujours, les gens pensent que l'arbre va croître jusqu'au ciel. Si vous regardez aujourd'hui la situation chinoise. Qu'est-ce que vous voyez? Vous voyez: ils se heurtent au mur de l'environnement et c'est vraiment pour eux une contrainte terrible et ils la vivent très difficilement. Ils ont des problèmes de disponibilité de sol. C'est un pays qui a les terres arables à peu près du même ordre que les Etats-Unis, avec cinq fois plus de populations. Il n'y a rien à faire, c'est une difficulté énorme. Il y a une inflation qui gagne aujourd'hui la Chine, comme partout. Ce sont eux qui en partie provoquent la hausse des prix des matières premières. Par exemple, le minerai de fer, du pétrole, de la nourriture. Mais évidemment, ça se traduit dans un relèvement de leurs coûts et aujourd'hui, en Chine, ce qui est tout à fait remarquable, c'est que les salaires croissent beaucoup plus vite que la productivité. Autrement dit, ce qu'on commence à voir en Chine aujourd'hui, c'est un déplacement de la demande des exportations, vers la demande interne… la demande de consommation et d'investissement internes et la lutte contre le dégâts de l'environnement. Donc, je crois que le péril chinois, si on veux le voir comme un péril, est plutôt une promesse et que la Chine…

BP : Promesse de nouveaux marchés pour l'industrie européenne, par exemple ?

- Sûrement ! En tous les cas, pour nous, mais promesse aussi pour sa périphérie, promesse pour l'Afrique. Si l'Afrique sait tirer parti de ce formidable ballon d'oxygène que lui donne l'achat massif de la part de la Chine.

BP : Est-ce qu'on est sûr que l'ouverture des marchés s'accompagnent de la part de ceux auxquels nous ouvrons nos portes… des mêmes normes écologiques, sociales, sanitaires, que celles qui sont en vigueur, par exemple, dans l'Union européenne ?

- Je distinguerais tout cela. Les normes sanitaires, c'est nous qui les fixons et nous ne le fixons pas spécialement, vis-à-vis des produits importés. Nous avons chez nous, à la maison, pour notre propre consommation, les normes les plus exigeantes du monde et nous n'allons pas…

BP : Elles s'appliquent aussi aux produits importés ?

- Bien sûr ! Rigoureusement ! Et c'est d'ailleurs le principal obstacle aux exportations agricoles du Sud, par exemple.

BP : C'est ce que dénoncent les agriculteurs chez nous, par exemple. C'est le fait que certains produits qui arrivent chez nous ne sont pas aux normes, par rapport à ce qui est en vigueur dans l'Union européenne ?

- Ecoutez, là, franchement… je peux comprendre que les agriculteurs qui sont sous tension, disent parfois des choses comme ça. Mais c'est vraiment le reproche qui nous est fait en sens tout à fait contraire, en Afrique. Je vais vous donner un exemple que j'ai toujours trouvé assez aberrant : nous avons interdit il y a quelques années, des poissons venant d'un lac africain, parce qu'il contenait des métaux lourds. On s'est inquiété, on s'est dit : mais d'où viendrait cette pollution. Cette pollution venait d'Europe, elle était portée par les vents, ces métaux lourds se déposaient dans le lac, ces poissons ingéraient ces substances et quand ça arrivait chez nous, nous faisions l'analyse et nous disions : ils sont impropres à la consommation. Nous l'aurions fait pareillement pour nos poissons. Donc ce n'est pas la question. Mais la question est que voilà jusqu'où ça va, la sévérité de nos contrôles… est sans pareil… Maintenant, sur les questions d'environnement, c'est un peu plus flou. C'est vrai que nous n'avons pas encore des disciplines obligatoires suffisantes, par exemple sur les bois tropicaux extraits de manière non soutenable… et bientôt nous allons nous poser la question de la taxe carbone à savoir si des pays ne font pas un effort suffisant pour lutter contre le climat, qu'est-ce que nous faisons. Cette question n'est pas réglée, elle doit faire l'objet d'une négociation. Mais où nous échouons jusqu'ici, et je dirais même nous avons renoncé à agir, c'est sur le droit des travailleurs, parce que l'OMC où il y a 153 membres.

BP : Il n'y a pas de critères, là… pour les droits des travailleurs ?

- Il y en a une trentaine qui pensent comme nous, que les droits des travailleurs doivent être respectés et les autres ne disent pas qu'ils ne veulent pas respecter les droits des travailleurs… Ils disent : oui, nous le faisons, nous faisons des efforts, mais ce notre affaire, et le commerce n'a rien à voir là-dedans. Chose avec laquelle nous restons, nous Européens, en désaccord.

BP : En 30 secondes, Pierre Defraigne… Libéraliser les marchés, ça sert à qui, ça sert à quoi ?

- Je pense que ça sert vraiment à tout le monde. Si c'est fait sur le plan multilatéral. Et peut-être on peut y revenir la discussion… le danger aujourd'hui, c'est le bilatéralisme, c'est le faux régionalisme, c'est une forme d'unilatéralisme qui se développe en parallèle à l'OMC, qui court-circuite l'OMC.

BP : Les accords de pays à pays ?

- Voilà !

BP : Et en quoi c'est un danger ça ?

- Parce que là c'est vraiment un désaccord du fort au faible et où le fort impose sa règle, alors qu'à l'OMC, ceux qui dominent de très loin, ce sont les pays pauvres. Ca c'est en terme de pays. En terme de gagnant, au niveau des personnes et je crois que c'est le plus important. Finalement : qui gagne ? qui perd ? Parce qu'il y a des gagnants et des perdants. Ceux qui sont dans l'exportation, gagnent, ceux qui sont dans les productions exposées à l'importation, doivent se reconvertir. Faisons, nous, tout ce qui faut pour aider à la reconversion de ces travailleurs, chez nous ou dans les pays en voie de développement. Ca, à mon avis, c'est le vrai problème de la libéralisation commerciale aujourd'hui.

 

Après avoir lu la transcription, il y a eu l'enregistrement du "Questions publiques" qui a suivi.

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