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03/06/2008

Europe, cinquante bougies enflammées

0.jpgQue représente l'Europe, aujourd'hui, pour ses citoyens ? L'Europe fête, le 7 juin, à Bruxelles, un nouveau cinquantenaire, l'EESC.

Un référendum parmi ses citoyens pourrait s'avérer d'utilité publique. Nous sommes à la veille d'un cinquantième anniversaire qui sera fêté à Bruxelles le 7 juin. Ce sera journée porte ouverte pour l'occasion.

La première réponse du citoyen sera probablement, différente en fonction de l'endroit d'où il vient. Les uns y voyant une perte de souveraineté, les autres, une occasion de rentrer dans le sommet des grandes nations.

La réponse commune devrait être la constatation que la paix règne depuis son lancement. Une zone de libres échanges ou privilégiés, aussi, très certainement.


Beaucoup d'espérances, enfin. Trop, peut-être, pour se réaliser dans les temps nécessaire pour changer les mentalités. La finance a été le premier cheval de bataille de la CE. Cela a arrangé les sociétés internationales qui étaient les premières intéressées et qui ont assumé, de bonne grâce, le prix de la conversion de leurs livres comptables pour se conformer à l'Euro.

En janvier 2002, l'Euro se trouva dans les poches des citoyens européens fondateurs. Les autres suivront à leur tour. Les facteurs de conversion ont été choisis pour correspondre au mieux à ce que chaque état pensait de sa valeur. L'euro a été désigné, par la suite, comme le bouc émissaire de l'inflation. Question d'arrondis? Non, probablement, un levier qui a dû être le même dans les mains d'un américain qui ne pensait plus qu'il y ait encore de la monnaie sous forme de centimes.

En France, Monsieur Le Ministre des Finances a déclaré :"Toute somme équivalente à 100.000 francs français sera changée sans en demander la provenance". Cela l'a été, même si certains matelas et autres coffres ont pleuré sous les coups de rasoirs apportés pour changer un acquit que certains ne voulaient point étaler sur la place publique. Rapatrier les sous avant qu'ils ne s'échappent définitivement a été une préoccupations du gouvernement belge dans son « one shot » de la DLU. Cela a arrondi une fin d'année comptable et c'était déjà cela de pris.

Avant d'aborder des sujets qui tiennent plus à cœur au quotidien, un peu d'histoire ne serait pas inutile.

Il ne faut surtout pas avoir l'ombre d'un regret sur l'existence de l'Europe de demain. 

  • Avril 1951: création de la CECA. Ce fut Robert Schuman, Paul Henri Spaak et d'autres qui avaient senti que la guerre devait finir une fois pour toute.

  • 25 Mars 1957: naissance de la C.E.E. CEEA ou Euratom. Le Traité de Rome posait l'acte officiel de la naissance de ce qui allait devenir l'Union européenne.

  • Janvier 1962: mise en place de la PAC

  • Juillet 1967: fusion CECA C.E.E. CEA

  • Janvier 1973: de 6 pays, on passe à 9

  • Février 1975: à Lomé (Togo), la C.E.E accepte 46 pays d'Afrique plus ACP

  • Décembre 1978: instauration du SME valeur 1er janvier 1979, naissance de L'ECU

  • Mai 1979: la Grèce apporte une étoile de plus au drapeau effet janvier 1981

  • Juin 1979: élection du parlement Européen au suffrage universel. Réitérée en 1984 et 1989 et ainsi de suite tous les 5 ans. Que de belles campagnes !

  • Décembre 1985: adoption de l'Acte Unique, accord ratifié par les douze en 1986 et 1987. Mise en action en juillet 1987. Le français, Jacques Delors, européen convaincu prenait les rennes du « grand machin » jusqu'en 1995. Son livre blanc fit sensation à sa sortie.

  • Janvier 1986: l'Espagne et le Portugal entrent dans l'Europe

  • Février 1992: Traité sur l'Union Européenne à Maastricht* (Pays -Bas)

  • 1995: le luxembourgeois, Jacques Santer reprenait le flambeau jusqu'en 1999. Un problème de corruption enraya la « belle » machine.

  • 1999: Romano Prodi allait montrer ce qu'un Italien pensait de la CE.

  • 2004: Jose Manuel Barroso succéda à ce poste pour un nouveau mandat de 4 ans. D'autres pays étaient entrés en attendant dans la « grande boutique ».

  • 2006: Élargissement à de nouveaux pays. La CE comptent 27 pays.

0.jpgLa CE avait trouvé pas mal de lacunes à surmonter à sa naissance. Le Traité de la Constitution européen complet, imaginé sous la prédience par Valery Giscard d'Estaing, devait gérer cette communauté avec ses implications a généré l'incompréhensions et un rejet par référendum en 2005. Le « non » français et néerlandais allaient mettre l'Europe en panne sèche pendant 2 ans. Londres, avec le soutien de Varsovie, voulait en janvier 2007 lui donner le coup de grâce. Un mini traité vient de voir le jour. Longue vie à ce bébé toujours en formation.

Alors, que lui reproche-t-on à cet ensemble hétéroclites de citoyens?

Probablement, cette disparité d'opinions qui renverse les habitudes des mieux nantis, premiers porteurs du drapeau européen et qui ont été, souvent, les plus récalcitrants. L'Angleterre a aussi joué un rôle négatif. Le « I want my money back » de Margareth Thatcher est passé par là. Mais, les portes et les frontières tombaient.

L'espace Schengen s'était élargit, une nouvelle fois, fin 2007. Cet espace est sensé régler les problèmes avec l'extérieur de la CE mais ne règle rien à l'intérieur. Faire tomber des frontières n'est pas une mince affaire avec de telle disparité de cultures, de religions, de potentiels financiers à plusieurs vitesses. Le travailleur polonais, tout les pays occidentaux, les plus nantis, en ont fait un stéréotype. Tous comme les Italiens dans les années d'après guerre, les Polonais ont été voulus pour combler une demande et pour faire baisser des prix. Ils ont malheureusement créé une distorsion insoutenable chez les travailleurs locaux qui se voyaient remplacés à coup de marchandages. A qui le crime a-t-il profité? Ne chercher pas docteur, c'est à la tête. Aujourd'hui, la Pologne est tombée en pénurie de main d'oeuvre et rappelle ses autochtones à domicile.

Pourquoi ne pas former dans le cadre du sport une Bourse européenne qui permettrait à tout Européen de défendre les couleurs de l'Europe en même temps que celles de son pays? Le respect des traditions et du futur en commun. Ensemble, il faut construire une Europe qui réponde aux besoins sur énormément de plans et non uniquement sur le seul coin obscur financier que l'on nous laisse entrevoir depuis un demi siècle.

Certains auraient souhaité créer une Europe sous forme de république confédérale, leurs ambitions étaient peut-être justifiées, mais elles ont chaviré dans l'incompréhension.

La conversion des monnaies en Euros ne s'est pas faite dans la simplicité. Pour la France, 1 euro = 6,56974 francs anciens. Quand on sait que les anciens comptaient encore en anciens de francs, cela n'était pas gagné d'avance. D'autres pays ont été plus chanceux dans le moyen d'effectuer la conversion mentalement. La stabilité de l'Euro peut jouer le rôle du béton armé et il commence, au vu de la chute du dollar, à être reconnu dans le monde. Mais, si ce passage à une monnaie unique a aidé dans la stabilité, il ne l'a pas réalisé dans la stabilité des prix pour tous les domaines. La situation qui se dégrade dans le pouvoir d'achat, est la represéntation flagrante de son échec partiel. Le 13 avril, à Washington, les ministres du Développement du monde se réunissaient pour réclamer une action urgente pour enrayer la flambée des prix des denrées de base. Des manifestations se sont produites dans les pays les plus pauvres. Le riz est la base de l'alimentation et il a augmenté de 75% en 2 mois. Le blé a doublé en un an. L'Europe a son rôle à jouer.

Dans la formation de l'Europe, ce qui a été une caricature de l'idée de mettre la charrue avant les bœufs, c'est principalement l'usage d'une langue qui aurait pu être commune à un 2ème niveau. La langue européenne, qu'elle est-elle, en fait?

L'anglais, diront la majorité. C'est, en effet, la pratique de l'économie. Pourtant, l'allemand et le français revendiquent chacun sa propre langue comme bastion des échanges de la communication. L'anglais, n'est-ce pas utilisé en Angleterre, pays qui ne fait pas encore partie de cette Europe unie ?  L'esperanto n'a malheureusement pas la force de la langue vivante et parlée malgré les facilités incontestables de son enseignement. Donc, ce chapitre devra se décider de manière définitive. Une seconde langue commune et obligatoire, apprise dans les écoles de cette Europe comme lien pourrait être la solution. La première restant la langue maternelle. Nous aurions deux drapeaux, pourquoi pas deux langues ?

« En manque d'europlanisme », c'est toujours le cas.

Il ne faut pas se leurrer, les chefs d’Etats, de Gouvernements, etc. ne peuvent tout faire, tout résoudre sans l'assentiment des partenaires. En tant que citoyen, donner son point de vue et de préparer le terrain de l'action en étant présent sur ce champ de bataille pour différentes raisons est devenu un « must ».

En 2008, nous nous trouvons probablement à un année charnière, année de tous les dangers, aussi, comme l'a été l'année 1968 dans beaucoup de pays européens et ailleurs. Champ de bataille qui n'aura pas seulement une obligation de manière interne mais dans le concert des nations du monde entier avec son budget fixé. Quoi qu'ils fassent ou ne fassent pas, les dirigeants d'Etats européens orienteront les peuples du continent pour des décennies sur un modèle socio-éconmoque.

Dans la majorité des cas, les hommes d'Etats ont crée une Europe monétaire en faisant abstraction de toute condition humaine. Schuman a lancé cette Europe sur les rails, il faudra en trouver les sillons qui apporteront un bien être pour ses citoyens du présent et du futur.

Par où fallait-il commencer ?

  • En régularisant les dettes du tiers monde.

  • En donnant un sens à la vie à tous les sans papiers qui circulent envers et contre tous aux niveau européen dans un but d’éradiquer la misère à nos propres portes.

  • En essayant de faire comprendre que les problèmes se solutionnent lorsque l'on veut bien les aborder avec objectivité, compétence à la recherche du ciment indispensable à la fonction de chacun.

  • Avant d'être politique, accepter une intense circulation des personnes et des biens en toute liberté. 

Mais, l'Europe construite comme un puzzle ne peut avancer de manière constructive, si l'on fait abstraction du "social". Dans tous les cas, la réponse sera humaniste ou ne le sera pas. Le cadre d'une civilisation mondialisée est réel et parfaitement contrôlable. Agir dans les domaines sociaux, éducatifs, culturels et médicaux en donnant les moyens à ceux qui seront motivés et compétents. Donner les moyens de sa politique et avoir la politique de ses moyens.

Après avoir préciser ce que le citoyen veut voir insérer avec les termes de « réformes » ou « réformettes », peut-être faudra-t-il enlever ses « pantoufles » locales, et élargir son horizon en prenant les chaussures correspondantes.

« These Boots Are made for Walking », chantait Nancy Sinatra, il y a bien longtemps.

Que ce soit de droite ou de gauche, les politiques des Etats ne sont plus à mène d'assumer leurs promesses électorales. Les Etats ne vivent plus en autarcies. Se mettre à la hauteur de ses ambitions, maintenir ses acquis, il fallait trouver d'autres limites, d'autres frontières, une parade pour faire face à ce qu'on peut appeler aujourd'hui une invasion de produits qui n'obéissent pas toujours aux mêmes règles de production. L'Europe est une dimension qui correspondrait. Même les 35 heures de travail, à la française, auraient pu fonctionner si elles avaient trouvé un écho dans les pays voisins ou limitrophes. Seul dans le concert des nations, ce l'était beaucoup moins. Espérer pouvoir maintenir le capital à bord d'un pays en créant une distorsion vis-à-vis des partenaires les plus proches ne serait pas la meilleur des décisions. Il y a, de visu, un déficit majeur de la pensée sociale-démocrate en Europe. Seul le boulevesrement au niveau de la globalisation, de la montée en puissance de la Chine, de l'Inde ont prouvé que nous n'avions pas de réponse au problème de délocalisation et d'offshore. L'EUR-IFRI peut prendre en compte les effets de dislocations sociales d'aujourd'hui. 

Le capital qu'on le veuille ou non, actuellement, fait bouillir la marmite. Les partis régionaux ou étatiques, les associations syndicales ou patronales remontés à ce niveau sont seuls respectés. Les multinationales l'ont compris et déplacent leurs avoirs en fonction de leur élargissement international propre.

Nous n'avons pas tous les pouvoirs et il faut respecter la conception des autres et leurs idées, mais refuser d'en parler d'une façon simple et que tout un chacun puisse comprendre, est essentiel. Evitons de créer des classes d'élites pour servir les forteresses des Etats souverains. Des milliards de gens meurent, crèvent de manque de pain et de lait tout simplement, sans parler de l'eau potable qui fait défaut dans beaucoup de pays déshérités. Oserions-nous rendre public les déchets de nourriture qui sont brûlés, détruits pendant que, dans certains pays, les gens meurent de faim, alors que dans d'autres la luxure est presque une insulte au droit d'exister dans une conception occidentale?

Le temps du pain blanc sera peut-être perdu. Il faudra partager le fruit du travail, sans créer des fossés tellement immenses que l'Europe y tombera toute entière sans avoir eu le temps de la voir, un jour, parfaitement aboutie en dehors d'un seul idéal de la pensée.

Supprimer les dettes du tiers monde rétablira l'équilibre les valeurs de la nature en limitant les expériences inutiles. Le chemin, il est vrai, est dur et long à parcourir, mais nous voulons une Europe qui ne construise pas des clans de riches et pauvres. A travail égal, salaire égal. Les dérives devront s'amenuiser.

Remettre sur les rails une société qui depuis 30 ans au moins a perdu le sens des véritables valeurs. La nature, elle, n'a rien oubliée. Elle a comptabilisé les erreurs et le fait payer très cher. Etre lucides et regarder dans la même direction pour construire une Europe qui déteigne sur les parties du monde, impropres à l'existence par la surconsommation. Tout est dans tout. La clé de la réussite pour apprendre à nouveau à vivre en continuant de donner les fruits de la vie. Nous allons, à l'occasion de cet anniversaire, éteindre une cinquantième bougie du grand gâteau. Avec la prise de conscience de chacun, gageons que l'on pourra penser que le gâteau restera sucré pour tous.

L'année passée, la CE avait réuni 27 pays à Bruxelles pour représenter les membres de l'union pour présenter le meilleur de la culture européenne passée, présente et à venir dans le cadre d'Europalia. On y disait, alors, de manière aritistique que "L'espace européen lui-même nous apparaît au cours des siècles comme un vaste atelier". Dernièrement, "Europe, entre rêve et réalité", on jouait à la caisse à savon lors de la fête de l'iris de Bruxelles. Cette fois, les images qui accompagnent cet article, sont les prémisses de la naissance du « European Economic and Social Comitee ». Tout un programme. Nous n'en sommes qu'à l'adolescence. Turbulente, comme toujours, cette adolescence. Sur la façade du Berlaymont à Bruxelles, défilent les projets qui viennent en discussion dans les meetings de l'Union (vous en verrez certains sur les photos en annexes).

Que faudra-t-il pour passer au stade de l'adulte? Main dans la main et pas pied dans pied, peut-être. Quand les autres continents sont là, ce sera probablement la seule solution pour résister et exister de manière durable.

Élargir encore? Ça, c'est une autre paire de manche. La Commission, elle-même, hésite et reconnait que l'Union est incapable de digérer une ambition comme celle-là. Les moyens financiers font manifestement défaut. Adapter les budgets pourraient, les prochaines années, rester du domaine de la quadrature du cercle entre la volonté de se renforcer et n'avoir rien à payer de plus ni recevoir moins.

L'Europe dans la mythologie grecque était une princesse phénicienne, enlevée par Zeus sur l'île de Crète pour donner naissance à Minos et au labyrinthe du Minotaure. C'est dire que dans ce labyrinthe, il y aura encore des surprises. 

Jürgen Habermas en touchait un mot quand il plaidait pour que « les institutions européennes puissent donner à l’intérieur d’elles-mêmes un espace au conflit sur la finalité de l’Union et permettent aux citoyens européens de donner de la voix ». La revendication du philosophe rejoint là tous ceux qui se sont exprimés pour une autre Europe à la fois plus solidaire, plus démocratique et plus forte.

L'Europe, un ancien monde? Non, un monde de demain.

Les photos sont là en direct de Bruxelles.

L'enfoiré,

Citations:

  • « La vieille Europe ; elle ne revivra jamais : La jeune Europe offre-t-elle plus de chances ? », François René de Chateaubriand

  • « L'Europe est un Etat composé de plusieurs provinces. », Montesquieu

  • « La Grande-Bretagne elle-même est une île flottante qui, selon les inflexions de sa politique, se rapproche ou s'éloigne de l'Europe. », Alfred Fabre-Luce

  • « Ce que Paris conseille, l'Europe le médite ; ce que Paris commence, l'Europe le continue. », Victor Hugo

  • « L'Europe serait presque faite si les Français restaient chaque jour une heure de moins au bistrot et les Allemands une heure de plus au lit. », Jean Mistler

  • « Les lois, les fiscalités, les coutumes, les langues sont différentes. L'Euro, c'est désormais le plus petit dénominateur commun de l'Europe. », Jacques Séguéla

  • « Les continents se réfèrent à des valeurs différentes : la pensée en Europe, la parole dans le monde Arabe, le geste en Inde, le signe en Chine et au Japon, le rythme en Afrique. », Anonyme

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