23/09/2009
Robinson cambré cherche Vendredi
Le 27 aout, le "Journal des vacances" de la RTBF l'annonçait aux actualités: le Chalet Robinson est reconstruit. L'envie pour jouer à Robinson sans quitter Bruxelles, tous les Bruxellois le connaissaient au cœur du Bois de la Cambre sur l'île du même nom. Souvenirs d'enfance et histoire déjà longue de ce bois de la Cambre créé sur une petite partie de l'espace de la Forêt de Soignes.
Fait divers local, par excellence? Pas vraiment.
Pour le Bruxellois, le Bois de la Cambre représente beaucoup de moments de relaxations dominicaux, de souvenirs et de rêveries en toutes saisons et à toutes les époques.
Le Bois de la Cambre, créé de toute pièce entre la ville et la Forêt de Soignes, a toute une histoire. 124 ha de la Forêt lui sont consacré en 1860. C'est à l'architecte-paysagiste allemand Edouard Keilig a qui l'on confie l'aménagement du Bois en 1861. Son projet avec une île est le seul retenu. Ce fut l'île Robinson, avec son chalet au centre, dès 1877.
En 1870, sous Léopold II, l'avenue Louise percée et débouche sur le Bois de la Cambre inauguré, lui-même, artificiel, et le lac creusé pour en faire rebondir l'île Robinson. L'aristocratie, la nouvelle bourgeoisie et le peuple s'y rencontraient.
Problème ardu, l'eau s'évaporait ou passait dans la nappe phréatique. Il a fallu quelques temps pour le résoudre.
L'été, c'était le canotage, l'hiver, le patinage sur la glace. Fréquenté les après-midi des weekend, ce fut un succès complet jusqu'à l'automne 91, avec son enseigne "Café-Tea Room".
"Au XIXe siècle, le bois était un lieu incontournable de la capitale. Guinguettes et kiosques y assuraient une ambiance bon enfant et l'endroit était très fréquenté", explique l'échevin en charge des Propriétés communales, Mohamed Ouriaghli.
Le Bois de la Cambre est aménagé comme un havre de paix et aussi pour la beauté des yeux. Beaucoup de points de vue très connus des Bruxellois qui aiment se promener les après-midi d'été dans ses chemins boisés pour se retrouver au centre face à son lac creusé et son île Robinson artificielle.
Il a inspiré également beaucoup de peintres.
Commencé en 1863, peut-être, un vendredi, la première version de ce chalet a connu les beaux jours de ses visiteurs venus déguster glaces et crêpes sucrées. Véritable but de promenades, les beaux jours des weekends.
En 1896, première catastrophe, il était parti en fumée, mais c'est lors l'incendie de 1991, qu'il ne resta rien.
Perdu corps et âme ce beau chalet faute d'interventions immédiates. D'accès difficile, les pompiers devaient traverser le lac en pédalos pour éteindre le feu. Réduit en cendres, il faisait pauvre figure. Plus rien pendant près de vingt ans. On commençait à désespérer qu'il renaisse un jour. Le bac qui le traversait, resta inoccupé et ne traversa plus le lac pour atteindre l'île artificielle en face. Perché sur l'île du lac, son absence faisait tache sur l'horizon dans la désolation.
Dix-huit ans d'attente, jusqu'à fin de mai dernier, voici, le renouveau, le chantier de reconstruction ouvrait ses portes. Didier Thiry comme initiateur du projet de reconstruction.
Des accords avec les autorités de la ville allaient, enfin, changer cette désolation à la vue de tous. Reproduction presque à l'identique de la version de 1877 et de style très tendance, le chalet doit garder son côté convivial et chaleureux de l'époque, est-il dit. Les visites doivent reprendre comme par le passé.
La reconstruction a eu ses détracteurs. Havre de paix pour les oiseaux ou partagé avec les hommes?
En béton dans la version précédente, cette fois, c'est vraiment en bois. Bois ignifugé, on l'espère. Deux incendies sans son histoire, cela commence à faire beaucoup. Il faut dire qu'il n'est pas le seul à avoir subi le même sort. Véritable hécatombe. La Laiterie qui s'envole en fumée en 1973 et jamais reconstruite. Trois autres pavillons, en parties classés, renaissent de leurs cendres dans le Bois de la Cambre. Le Chalet du Gymnase, connu par sa Patinoire à roulettes l'été, à glace l'hiver, le Chalet Rossignol qui loge les "Jeux d'Hiver" après un incendie criminel en 2005 et le Pavillon des Chasses. Tout pour redonner le lustre d'antan au Bois de la Cambre.
En plus de ces rénovations, une ASBL intégrant la Ville, les amis du Bois et les différents concessionnaires va ainsi être mise sur pied. "L'objectif est de faire connaître les différentes activités qui ont lieu au bois de la Cambre, explique Serge Van der Heyden, membre de l'ASBL. Différentes cartes thématiques, concernant la flore, la faune, mais aussi l'écologie, le patrimoine et l'histoire seront distribuées aux promeneurs".
Autour du lac, ce sera tout se qui roule, ce qui court ou ce qui marche. Mais pas de moteur le weekend depuis 2002. Avec, successivement, des sentiers aux noms évocateurs: Sentier des nénuphars, de l'Iris, des canotiers...
En son centre, dernier de la série, le Chalet Robinson, a, donc, réouvert.
Préparez les pédalos pour cet automne ensoleillé, tirez le bac qui le relie à la berge sans en avoir le mal de mer et huilez ses treuils électriques.
Car, après les gaufres et les glaces, on se prépare au Chalet à plus grand encore. Il faudra être encore plus rentable après cet investissement. Réceptions, dîner de galas, mariages, tout y sera prévu. On pourrait même y chercher son Vendredi, bien cambré.
Le Brussels Club y organisa sa rentré lors du Gala d'Ouverture.
"Une île entre le ciel et l'eau" comme le chantait Lama ou "Au large de l'espoir" de Jacques Brel en pensant des Marquises du Pacifique. En plein cœur de Bruxelles, bien loin des eaux bleues du Pacifique, on aime aussi jouer au Robinson.
2009, l'année où la Cambre sortira définitivement du bois et les gens y rentreront?
Après les images d'hier, cliquer pour voir les images d'aujourd'hui
L'enfoiré,
Sur Agoravox, des Robinsons ou des Vendredi?
Citations:
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« Chaque étincelle est à elle seule tout l'incendie ; elle le porte, l'augmente, le diffuse », Jean Marcel
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« Si vous voulez aller sur la mer, sans aucun risque de chavirer, alors, n'achetez pas un bateau : achetez une île ! », Marcel Pagnol
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Commentaires
L'enfoiré
Belle histoire. D'un drame, au point de départ, voilà que l'histoire se termine par une reconstruction heureuse. Ce qui est intéressant est l'utilisation du bois pour le chalet Robinson. Québec injecte 11 M$ d’argent neuf dans le secteur du bois, afin de servir à la promotion, au développement et à l’innovation dans les secteurs utilisant ce matériau. Louis Poliquin, de Cecobois, considère que le bois est un matériau écologique et économique.
Nonobstant ces considérations techniques, il est heureux qu'un édifice patrimonial, qui porte sa part d'histoire, ait été reconstruit et que la population en ait trouvé le plus grand intérêt. Bravo.
Pierre R. Chantelois
Écrit par : Pierre R. Chantelois | 23/09/2009
Pierre,
J'ai lu quelque part ce qu'avait coûté la reconstruction du Chalet, mais je ne m'en rappelle pas exactement, donc je n'en ai pas fait mention. Depuis mes dernières photos, il y a plus de 3 semaines, je n'y suis pas retourné encore.
Le bois, c'est du cèdre, de l'afzelia et du pin Douglas. Je ne suis pas assez spécialiste pour dire si c'est du matériau écologique et économique. Il doit être ignifugié, pour sûr.
Quant aux prix pratiqués, on les trouve dans cet article http://www.leguidedesconnaisseurs.be/article2818.html
Pas trop chers, donc. Sympathique et chaleureux, est-il dit.
Tout est pour le mieux pour commencer. Espérons que l'usure du temps ne détériore pas l'ambiance.
J'ai l'habitude de chercher s'il y a eu des opposants au projet. Je l'ai indiqué, pour être complet, certains auraient voulu qu'il ne soit pas reconstruit pour laisser l'île aux oiseaux.
J'aurais pu être d'accord, seulement si l'épave brûlée n'était pas restée en état pendant 18 ans.
Le même sort existe au Parc de Tervuren. Une buvette sur le lac qui a brûlé et qui ne retrouve pas son état.
Une question d'assurance, probablement.
Écrit par : L'enfoiré | 23/09/2009
Joli cet endroit...!
C'est toujours dommage que de "voir" ces merveilleux endroits chargés d'histoires, qui disparaissent en fumée...Quel gâchis et souvent, quel massacre! Pour moi, il y a rarement de fumée sans feux volontairement...
J'ai pas grand chose à raconter aujourd'hui...mais c'est pas grave...je suis juste passé pour te lire et je saluer du haut de mes ....heuuuuuuuu pffff au moins ...:-)))
A bientôt...
Écrit par : Miss Canthus | 24/09/2009
Bonjour Miss,
Merci pour ton passage. Et si tu apportais tes pinceaux lors d'une visite prochaine?
Evidemment, le site est valloné mais n'a pas de cîmes d'où tu sembles me saluer.
Au sujet de l'incendie, exact. Je n'ai pas lancé le pavé en dénonçant le problème.
Il reste pourtant suspect cet incendie de 1991. Ce Chalet-là n'était pas en bois, mais en bien plus dur.
Écrit par : L'enfoiré | 24/09/2009
Apporter mes pinceaux avec moi? C'est comme prendre du boulot en vacances :-)))))
Non non, pas pour moi, ce genre de " barbouillage" là!
Et puis, tu sais, à 5 dans une voiture, avec les bagages, c'est un peu juste au niveau place!
Sinon, c'est pas une question de hauteur de cîmes enneigées, mais de la marche en plus qui vient tout juste de s'ajouter sur les escaliers de mon âge élevé...:-)
A+
Écrit par : Miss Canthus | 24/09/2009
Ah, je croyais que peindre, c'était prendre des vacances.
Tes peintures, à l'époque, je les ai vendues comme autre chose que des barbouillages, non? Un texte sur l'originalité... à côté de Dali, en plus, dont j'ai été voir son chateau, il y a une semaine...
La marche, je compatis. Je suis passé par là. ... Ce sont des sortes de condoléances. Donc... snif
:-)
Écrit par : L'enfoiré | 24/09/2009
La Une de la RTBF donne un conseil d'y aller voir de plus près comme lieu de rendez-vous
https://www.rtbf.be/auvio/detail_jt-19h30?id=2244721
(33:10-37:00)
Écrit par : L'enfoiré | 17/08/2017
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