26/09/2005
La taxe pour s'envoyer en l'air ?
Discussion autour d'un désir de taxer les vols aériens.
Lettre ouverte à Monsieur Dominique de Villepin,
Vous vous êtes sans doute éveillé irrité avec un bruit d'avion qui survolait votre maison. Je ne vois d'ailleurs pas d'autres raisons pour laquelle vous vous êtes présenté ce 16 septembre à l'ONU à l'occasion du 60ème anniversaire avec l'idée de proposer une taxe sur les tickets d'avion pour apporter une aide aux pauvres du tiers monde et pallier l'insuffisance de l'aide publique au développement. Une taxe de cinq Euros par vol serait donc l'idée.
Bien que l'idée de trouver un moyen de soulager la misère de notre monde soit louable, d'après moi, ça ne colle pas vraiment. Pourquoi par cette entremise et pourquoi maintenant alors que cette inégalité Nord Sud perdure depuis si longtemps? Que cache cette subite envie de corriger cette situation par une taxe sur les tickets d'avions qui devrait être 'normalement' suivie dans la même veine par une autre sur les trains, les tramways, les bus et j'en passe... La voiture, la tarte à la crème, je n'en parle pas car on a déjà donné largement ...
Le Royaume Uni et le Chili se sont engagés à appliquer dès 2006 cette contribution de solidarité sur les billets d'avion. L'Espagne, le Brésil, l'Allemagne et l'Algérie, parrains du projet reportent cette volonté de recourir à cette déviation à plus tard. Trouverez-vous écho chez d'autres Onusiens? N'ont-ils pas eu un sourire par soucis d'estime eu égard à votre discours contraire à la veille de la guerre d'Irak et que j'ai beaucoup apprécié personnellement?
Autant je n'ai aucun problème avec le besoin de taxer les populations proportionnellement aux revenus de chacun d'une manière générale pour contribuer au bien commun, autant je ne vous rejoindrai pas dans cette initiative pour ces raisons majeures:
- Une taxe, pour qu'elle soit juste et bien ciblée, doit être en relation directe avec ce qu'elle est censée protéger. Une sorte de débit-crédit en balance. En dehors de ce champ d'application, entre la cause et l'effet, la justification est beaucoup moins claire et plus équivoque. Le tabac qui est à classer de notoriété publique dans la catégorie 'nuisible pour la santé' pourrait apporter une aide importante à tous les problèmes de santé ou d'amélioration du bien-être de l'homme, mais les voyages en avions qu'ont-ils à voir avec la faim dans le monde ! La rage taxatoire n'aurait-elle plus aucune justification à pourvoir? A mes yeux, mais peut-être ai-je besoin de lunettes déformantes, une taxe doit être reliée au pire à une autorisation de dévier du bien commun, un droit de déroger aux décisions de protection de notre futur comme le serait le pays qui pour des raisons temporaires et économiques aurait besoin d'un droit exceptionnel de polluer, par exemple. Le nouvel 'oeuf de Colomb' serait donc de taxer les voyageurs qui doivent prendre l'avion. Les autres n'auraient-ils pas le droit ou la volonté de sortir l'humanité de ce fléau qu'est la faim? La déclaration d'impôts ne pourrait-elle pas servir pour préciser le désir de chacun dans l'aiguillage de nos impôts d'une manière plus volontaire et plus démocratique en attribuant ceux-ci à des buts humanitaires? Dans le cas contraire d'attribution aléatoire, non judicieuse ni péremptoire de notre argent, nous pourrions tomber dans des excès qui n'auraient plus rien à voir avec l'esprit de la taxe : "Répartition de l'impôt en fonction de services rendus au contribuable".
- Les raisons suivantes sont économiques. Les compagnies d'aviation ont déjà beaucoup de mal à survivre et 'Delta Airlines' en faillite en est un exemple récent. Ce secteur en crise subit de plein fouet l'augmentation des prix du carburant pour avoir à y ajouter de petits surplus non qualifiés. Les voyageurs eux-mêmes ont dû mettre la main à la poche en participant à la majoration du prix de leurs tickets.
Une révision de la copie s'impose donc.
La taxe Tobin a déjà fait couler beaucoup d'encre depuis 1978. Elle, qui proposait de taxer les transactions financières sur les monnaies (opérations de change d’une monnaie à une autre) à un taux très faible de 0,1 % à 0,25 %, n'en finit pourtant pas de revenir sur la table des négociations des hommes d'Etats sans parvenir à trouver la bonne porte pour pénaliser la spéculation sans toucher l'économie elle-même. Les 228 milliards de dollars qu'elle parviendrait à engranger pourraient certainement diminuer l'effet de l'inégalité due à la mondialisation.
Ce 26 septembre, un pas a été fait dans le bon sens avec l'annulation de la dette de 18 pays les plus pauvres de la planète (40 milliards de dollars) parmi les 62 candidats après de multes tergiversations.
Une autre idée à creuser?
Pourquoi ne pas taxer les armes et attribuer l'argent au sauvetage des Hommes ? Une taxe par cartouche utilisée, une simple majoration de cette licence pour tuer, pourquoi pas? Au moins, dans ce cas précis, la relation 'débit-crédit', un potentiel de vies volées contre un potentiel de vies rendues serait suivi dans la norme et il n'y aurait que les lobbies puissants des marchants d'armes qui rechigneraient malgré leurs bénéfices mirobolants. La bannière étoilée ne se retrouverait pas derrière vous mais ça nous commençons à en avoir l'habitude.
Voyez-vous, cher Monsieur de Villepin, toujours pas de pétrole mais un peu d'idées !
Echo du 7 juillet 2006: seul la France et le Gabon appliquent la taxe entre 1 et 40 euros de plus en fonction de la destination destiné à alimenter UNITAID (médicaments pour les pays en voie de développement). Réticences toujours très ferme des USA, du Japon et de la plupart des pays européens). La compétitivité du secteur serait à l'abri, dit-on...)
15 mars 2007 : La taxe est abandonnée.
L'enfoiré,
Citations :
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"Les gouvernements ont une vision très sommaire de l'économie. Si ça bouge, ajoute des taxes. Si ça bouge toujours, impose des lois. Si ça s'arrête de bouger, donne des subventions.", Ronald Reagan
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"Les gouvernements résistent tant que les sous-taxés peuvent se défendre tout seul contre les surtaxés.", Bernard Berenson
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"L'abus de l'impôt tue le présent, l'abus du crédit dévore l'avenir.", Georges Humann
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"Si Dieu était élu démocratiquement par tous les fidèles, si ses revenus étaient soumis à l'impôt et s'il était tenu de prendre sa retraite à soixante cinq ans... Je deviendrais peut-être croyant.", Philippe Geluck
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"On passe toute l'année à se plaindre de la modicité de ses revenus pour s'apercevoir, au moment de payer ses impôts, qu'on n'a pas les moyens de s'offrir l'argent qu'on gagne !", anonyme
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"La recherche a besoin d'argent dans deux domaines prioritaires : le cancer et les missiles antimissiles. Pour les missiles antimissiles, il y a les impôts. Pour le cancer, on fait la quête", Pierre Desproges
Images taxées d'humour
Publié dans Actualité, Inclassable & People, Organisation, Politique, Santé et bien être | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : taxe, aviation | Imprimer
Commentaires
un simple commentaire 5 euros pour un billet multiplié par je ne sais pas disons 1 millions de billets et voila que dominique nous sort 5 millions d'euros pour les pays en voie de développement. Il n'y a plus d'argent dans la caisse pour ces pays ? Est ce que le spectacle navrant de la cote d'Ivoire justifie de tels dépenses dans ces pays ? Ou est ce que l'aide au développement c'est le financement de militaire pour assurer le maintien d'un désordre coloniale organisé. La générosité des Français dépasse largement le montant des prélèvements obligatoires que se permet l'état. Si au moins on savait ce qui est fait de cet argent. Car je pense que 5 millions d'euros réinjectés dans le développement des initiatives locale en france engendrerait bien plus de retombés que ce faux prétexte pour soutirer des millions d'euros.
c'est pour l'afrique ca ne suffit plus mr de villepin
Écrit par : Lesmotspourledire | 27/09/2005
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