02/07/2006
Travail de réduction dangereux
Pour s'accorder au mieux entre travail et vie privée, les employés, embrayés souvent très vite par les sociétés, décident d'utiliser leur droit de travailler quatre jours sur les cinq de la semaine (80%). Tout va très bien dans le concept et la réalisation. Mais dans quelles limites de l'acceptation?
Quoi de plus normal de vouloir apporter un plus à la vie et un peu moins à son emploi. Augmenter le temps passé en famille et avec les enfants est tout bénéfice aussi bien pour l'intéressé que pour l’employeur qui l'accepte de bonne grâce. Après 50 ans, on pense alors crédit-temps.
Les termes officiels sont clairs, nets et pleins de promesses:
Le crédit-temps est un droit individuel d’interrompre sa carrière, de réduire ses prestations au cours de sa carrière professionnelle ou encore de «décélérer» son activité à partir de l’âge de 50 ans. Ce droit vous garantit la possibilité de retrouver un emploi par après dans votre régime de travail initial. En outre, vous bénéficiez d’allocations pour compenser la diminution de votre salaire. Un élément important pour concilier vie professionnelle et vie privée… La Convention Collective 77 bis fixe les grands principes de ce nouveau système et remplace l’interruption de carrière. Elle est d’application depuis le 1er janvier 2002.
On passe au calcul et un parfait arrangement se dessine entre l'employeur, l'employé et l'ONEM qui désire placer un employé jeune au travail rendue disponible et accorde une allocation compensatoire (157,35 euros net après 5 ans d'ancienneté). La perte ne parait pas grande ainsi compensée et le bénéfice en temps libéré semble tout à fait judicieux et l'employé se lance dans les tractations avec son HR tout sourire. En guise de protection, en théorie, les syndicats ont obtenu des accords qui protège l'employé pendant la période de temps partiel qui en cas de licenciement, se verrait contraint d'accorder une indemnité forfaitaire équivalente à six mois de salaire payable par l'employeur "indélicat" qui aurait décidé de supprimer l'employé dont il avait besoin à temps plein. En effet, tout le monde est content en définitive après la signature pour accord.
L'employeur diminue ses charges qu'il aurait dû assurer à part entière sans ce temps partiel. L'employé qui a ce qu'il voulait de plus cher dans le rapprochement dans la famille. L'ONEM qui va subvenir de bonne grâce à une indemnité compensatoire pour apporter ce ciment et en espérant caser au plus vite un employé et diminuer les indemnités de chômage.
Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Ce serait vrai si les aléas de la vie ne venaient troublés une si parfaite combinaison d'accords.
Dans une fin de carrière, de pension anticipée ou à la suite d'un licenciement, que sera-t-il pris comme base de calcul des indemnités?
Tout naturellement 4/5 de la rémunération mensuelle complète. Première rappel douloureux mais qui a bien réfléchir est assez troublant de constater que l’on oublie les années de temps complet dans le calcul.
Les six mois de complément d'indemnités prévus dans la théorie, il faut que l'employé prouve par A+B que son licenciement est seulement dû à cette "désertion" indépendante de sa propre volonté. Deuxième atteinte à l'intégrité du portemonnaie de l'employé.
Pour couronner le tout, en s'informant de la dernière indemnité compensatrice à l'ONEM, il s'avère que le minimum de 6 mois imposé comme minimum pour jouir de cet "avantage" ne tient pas compte d'une rupture de contrat, d'un licenciement ou d'une prise de pension anticipée, il s'agira cette fois de rembourser cette indemnité payée en complément qui a servi d'incitent. Là, nous avons atteint l'arrêt cardiaque du pauvre employé obligé de s'exécuter dans les délais les plus adéquats. Dit en passant, cette prime, en cas de licenciement avec préavis non presté, tombera également dans les oubliettes.
Une fois dans le milieu 4/5, il est possible de retourner dans le plein temps comme prévu, mais, alors, le manager devra bien sûr être d'accord d'allonger son budget.
En général, on est prêt à lancer "Jamais deux sans trois". Mais cette fois, un goût amer traverse les gorges les plus déployées.
Ce qui paraissait le meilleur compromis semble perdre tous ses atours.
Je penserai à un mot très peu théorique pour qualifier cet arrangement, mais je me tairai, une fois n'est pas coutume.
Selon la sacro sainte maxime "Time is money", réduire d'un côté, c'est réduire de l'autre.
Donc pas de lézard, mais peut-être bien un fameux "iguane".
L'enfoiré,
Citations:
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"Compromis. Sorte d'ajustement d'intérêts divergents qui consiste à donner à chaque adversaire la satisfaction de penser qu'il a eu ce qu'il ne devait pas obtenir, et qu'il est privé de rien, sinon de ce qui lui était véritablement dû.", Ambrose Bierce
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"Les compromis, c'est la promesse de devenir con.", Patrick Allessandrin
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"Un compromis fait un bon parapluie, mais un mauvais toit.", Robert Lowell
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"L'argent est préférable à la pauvreté, ne serait-ce que pour des raisons financières", Woody Allen
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"Le souvenir est un compromis : les hommes en usent pour se défendre...", Tommasso Landolfi
Publié dans Inclassable & People, Monde des affaires, Organisation | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : affaires | Imprimer
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