14/12/2006
Onde de choc
Mercredi 13 décembre, 20:22. «Ils l’ont fait», «ils ont osé», ai-je lancé à mon épouse. En pleine émission sur la Une de la RTBF. Coupure et émission spéciale: la Flandre a fait sécession. La Belgique n’est plus.
Quand j’ai lancé ce cri, le Ils ne correspondait pas aux Flamands, mais à la RTBF elle-même.
J’avais été prévenu que quelque chose allait se passer.
Une surprise devait arriver.
Ce fut une émission spéciale pour annoncer que la Flandre était devenue indépendante.
Mon épouse, comme 89% des téléspectateurs, y a cru à fond, car un tel événement est évoqué tous les jours à la télévision.
Une foule de conséquences donnaient le hoquet à celui qui regardait, médusé, cette situation nouvelle, que chacun redoute en tant que Belge.
Le moment était bien choisi. Une émission normale, le mercredi, « Questions à la Une », qui reprend toutes les histoires « dures » de l’actualité, celles qui font toujours réfléchir.
Tout est en place pour faire vrai.
Pendant une demi-heure, la période « rouge », première mention sous l’écran : « Ceci pourrait ne pas être une fiction ». Après un nouveau quart d’heure : « Ceci est une fiction ».
Enfin, la plupart des gens se rendent compte que le 1er avril est tombé en décembre.
Les conversations ont certainement été très difficiles durant le reste de la soirée.
Une nuit de réflexion, une nuit de fiction en cauchemar éveillé.
21 000 SMS et 4000 appels téléphoniques. Un numéro spécial.
Les adjectifs ont été nombreux, honteux, irresponsable, excellent, ou le cri bravo, voilà pour les réactions extrêmes.
Blague de mauvais goût. Peut-on rire de tout ? Un mauvais dosage, avec la longueur d’un début sans avertissement ?
La sauce a bien pris. Cela devait secouer les esprits. C’était le but.
L’objectif était de transformer un débat théorique en débat sur une réalité possible. La fiction a toujours donné la meilleure façon de faire réfléchir.
Le choc a été révélateur et les prises de positions étaient obligatoires.
Electrochoc bénéfique. La provocation n’est-elle pas la manière de faire réfléchir ?
La déontologie du service public a-t-elle été trahie ?
Le téléphone à la disposition des téléspectateurs était là comme balise pour l’émotionnel.
Le « gag » doit maintenant remplir sa fonction et générer cette réflexion salutaire sur les institutions, que nous aimons au fond de nous, Belges.
Nous devons toujours nous rappeler que nous vivons bien en Belgique. Le ronron n’apporte jamais la réaction nécessaire à la réflexion. Nous devons parfois être réveillés.
De mon côté, j’avais pris les devants. J’avais répondu à l’enquête sur Internet pour fixer notre état d’esprit sur la Belgique. Le huitième épisode de l’émission présentée par Annie Cordy, « Moi, Belgique », était dans la boîte. Si vous voulez y jeter un coup d’oeil, le voici : « La Belle gicle ».
C’est long, intimiste, ça ne devait donc prendre place sur AgoraVox. Mais ce n’est qu’une opinion personnelle.
Nous avons encore beaucoup de beaux jours devant nous, mais il faut en connaître les conditions.
L’enfoiré,
La RTBF l'a fait. Elle a osé. L'espace de 25 minutes, la Belgique y a cru.
Le fond n'est en général pas contesté.
La forme, oui. Mais, l'onde de choc reprise sur Agoravox, n'est-ce pas nécessaire de passer par là pour éveiller les consciences?
Mais on s'explique à la direction.
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