10/08/2024
L'histoire des Jeux Olympiques 1988-2024
3ème et dernière partie de "L'Œil dans le Rétro" de Pierre Marlet des histoires des JO depuis 1988 à Séoul jusqu'à la fin des jeux à Paris de 2024.
La dernière scène des Jeux de Paris a enflammé encore une fois la Ville lumière.
La clôture des Jeux olympiques de 2024 à Paris a mis fin à une quinzaine de jours et se termine par un envoie à Los Angeles en 2028.
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Réflexions du Miroir
Que dire après cette révision de l'histoire longue de 33 JO de Jeux Olympiques dans une version rénovée qui a commencé en 1896 sous l'impulsion du baron français Pierre de Coubertin en 1894 ?
Que l'évolution des JO moderne est énorme par rapport à la période antique dans ses formes par son ampleur. Dans ses buts, son fond, pas vraiment.
Les JO antiques avaient été mis en sommeil pendant plus de deux mille ans.
Les Jeux Olympiques antiques réalisaient des concours sportifs pentétériques organisés entre les cités grecques antiques sans faire intervenir le monde entier. Créés en 776 A.C. selon la datation traditionnelle, dans le cadre d'un festival religieux en l'honneur de Zeus olympien, ils perdurent pendant plus de mille ans jusqu'en 393 P.C.
L'édit de Théodose ordonne l'abandon des lieux de cultes de la religion grecque antique remplacée par une ou plusieurs religions monothéistes rappelé dans "La Description de la Grèce" de Pausanias, les odes de Pindare. Ce sont les vestiges du site archéologique d'Olympie et la peinture sur vases qui témoignent de l'importance de ces faits de sociétés antiques. Leur première mention remonte à Homère, dans le chant XXIII de l’Iliade organisé par Achille pour honorer la mémoire de Patrocle tué lors de la guerre de Troie.
« Fils d’Atrée, et vous autres, Achéens porteurs de bonnes jambières, voici déposés là les prix qui, dans la compétition, attendent les hommes d’attelages. Si nous, les Achéens, nous faisons aujourd’hui des jeux en l’honneur d’un autre, croyez-moi, je m’emparerais du premier prix et l’emporterais dans mon pavillon. ».
Du temps des Romains, la locution "Panem et circenses" dénonce le fait que les notables et les empereurs, dans le but de s'attirer la bienveillance du peuple, pensaient que leurs administrés se préoccupaient moins de leur estomac en leur offrant des loisirs par l'organisation de jeux du cirque. La relation peut s'établir en démontrant que par le divertissement, il ne faut pas se laisser aller, se contenter de se nourrir sans se soucier d'enjeux plus exigeants dans un destin collectif et un pouvoir qui exploite une tendance par la promotion de programmes court-termistes..
Qu'est-ce qui rapproche les JO de ses buts ?
L'Intelligence artificielle répond : "Le Mouvement olympique a pour but de contribuer à bâtir un monde pacifique et meilleur en éduquant la jeunesse par le moyen du sport pratiqué sans discrimination d'aucune sorte et dans l'esprit olympique qui exige la compréhension mutuelle, l'esprit d'amitié, la solidarité et le fair-play".
A-t-il réussi ? Absolument pas. Les guerres ont toujours existé et se sont continuées même pendant la trêve que les JO sont censés apporter.
A-t-il donné envie de faire du sport ? Probablement. L'engouement qu'il crée pendant cette courte période peut très bien donner un rebond qui se calmera.
Que rapporte financièrement les médailles en plus de la gloire ?
Réponse :.
La notoriété des athlètes sert surtout aux sponsors commerciaux pour leurs pubs même si celles-ci peuvent apporter une continuité dans un complément de rentrées financières.
Sans être athlète participant, le célèbre rappeur et artiste Snoop Dogg a été partout lors de ces Jeux Olympiques. Dans les stades, sur les parcours d'équitation à Versailles, l'Américain se démultiplie. Il fait de la multi-tâche après avoir conclu un accord avec NBC pour fournir du contenu et des commentaires tout au long des Jeux. La chaîne aurait enregistré des chiffres d'audience de 35,4 millions en milieu de dimanche, soit plus du double de l'audimat des Jeux olympiques de Tokyo. Il était payé 500 000$ chaque jour. Bild a affirmé qu'il pourrait gagner jusqu'à 15 millions de dollars pendant les Jeux, avec des primes de droits TV dans son contrat.
Pourquoi ? Parce qu'il ajoute son point de vue unique, en parlant aux athlètes, aux familles, en rencontrant des gens, embrassant les bébés pour rester politiquement correct.
Les JO ne sont pas reliés à l'argent mais sont surtout les symboles de ce que les gens aiment.
Dans quatre ans, les JO modernes auront lieu à Los Angeles, il postule déjà pour un nouveau contrat. En 2032, Brisbane, on verra, si la ville ne brûle pas par la chaleur des incendies.
Côté négatif : La période des JO est une parenthèse dans la vie d'un homme jeune, une transition pendant laquelle, si on ne met pas bas les armes, mais qui permet aux puissances étatiques pour s'évaluer dans le monde par rapport aux concurrents via des représentants sportifs en les représentant sous leur bannière, leur drapeau par patriotisme ou nationalisme. Deux termes qui même synonymes ne sont pas identiques.
Le vocabulaire utilisé par les athlètes reste plutôt belliqueux quand ils disent de "battre l'adversaire".
Aujourd'hui, faire du sport de haut niveau lors des JO entraîne des sacrifices consentis dès l'enfance et l'adolescence à porter le drapeau d'un pays comme l'emblème d'un nationalisme souvent plus politique que sportif. Normal, puisque c'est lors de ce genre d'événements que l'on peut révéler ses problèmes locaux à la face du monde.
Pour se retrouver sur une des trois marches du podium que ne ferait-on pas même si c'est arriver à nuire à sa santé ?
Les spectateurs regardent leurs poulains préférés dans les stades ou devant leur télévisions. Ils les admirent, ne pensent pas à ce que ces derniers ont dû endurer pour y arriver. Certains sportifs pourront penser à les égaler un jour.
Les polémiques sont toujours de la partie dans ce genre de compétition à l'échelle mondiale vu l'engouement des spectateurs (cf à la fin de ce billet).
On estime que l'investissement des JO de Paris dépasse les 9 milliards d'euros.
Le dépassement de ce budget est beaucoup plus grand dans tout ce qu'il entraîne comme déplacements. L'explosion des prix pour aller voir son sport préféré, les problèmes de sécurité ont apporté le trouble des habitants proches des endroits de célébrations, les problèmes de dopages...
Tout cela mérite-t-il encore tout cet investissement dans le sport qui a un seul but majeur de se tenir en forme physiquement ?
Aimer le sport et en faire peut se limiter à beaucoup moins d'investissements personnels.
Rater de monter sur le podium n'est pas une calamité.
D'autres alternatives existent dans la vie.
Toujours plus vite, plus haut, plus loin et plus fort n'est peut-être pas la solution au bien-être.
Le sport est bon pour la santé. Une restriction à faire tout de même à la boxe, si l'on pense à la fin de Mohamed Ali atteint de la maladie de Parkinson à partir de 1984, qu'il expose devant le monde entier lorsqu'il allume la vasque olympique à Atlanta pour les Jeux olympiques d'été de 1996. On ne frappe pas sur la tête impunément. Est-ce que cela va réveiller l'envie de celui qui regarde les JO à la télé ?
L'investissement important personnel et public des JO vaut-il la peine quand la politique s'en mêle et en tire des bénéfices (ou des pertes) qui n'ont plus rien à voir avec le sport ?
Puis il y a l'après JO pour les anciens médaillés belges. Interrogés, cela permet de se donner un angle plus particulier sous forme de souvenirs de ce que furent leurs après JO:
2004 : Justine Hénin
1988 : Ingrid Berghmans
2004 : Axel Merckx
1980 : Jacques Borlée
2008: Kim Gevaert
La mise en scène de l'ouverture des Jeux de Paris sur la Seine a été magique et originale pour les photos et la carte postale !
Dommage qu’il y ait eu la Seine. Franchement, qu'a apporté ce fleuve qui offre toutes les propositions de transport à partir de la mer, à part la colique à ceux qui s’y baignent et la nausée à ceux qui tentent vainement de s’y mirer ?
Je ne sais si les prochains JO à Paris auront lieu tous les vingt ans comme ce fut le cas entre 1904 et 1924 ou tous les cent ans entre 1924 2024 ?
Ce qui nous amènerait en 2044 ou en 2124.
"Des Jeux olympiques en Belgique, possible un jour ? se demande L'Echo
"Plus d'un siècle après Anvers en 1920, serait-il possible pour la Belgique de réorganiser les Jeux olympiques? Seul, cela semble franchement compliqué. Mais avec nos petits voisins, pourquoi pas", répond-t-il.
Tout dépend toujours de ce qu'on aura en caisse. Le premier frein est évidemment lié aux infrastructures. La situation est toutefois meilleure qu'il y a quelques année;
Mais, personnellement, je ne suis pas sûr que ce soit même souhaitable.
L'acceptation de cette vie sportive se termine relativement tôt dans la vie des athlètes. Puis, il y a l'après. Continuer par faire autre chose est parfois difficile s'il n'est pas prévu de longues dates pendant les études.
Les souvenirs des médailles garées souvent dans un tiroir ressortent alors avec une sorte de nostalgie.
A la recherche de toujours plus de performance, ne deviendrons-nous pas de plus en plus artificiellement constitué grâce à l'IA et de moins en moins nous-même comme personnalité singulière ?
Lundi, il y avait, me semble-t-il, une bonne conclusion : "Encore une semaine de déni olympique, profitons ! Profitons !" Les JO de Paris racontent une fable merveilleuse.
Le monde est en feu, mais on a encore une semaine pour l’oublier. Paris est magique ! Quand elle organise les Jeux olympiques en tout cas. Et la bonne nouvelle du lundi, c’est qu’il reste encore une semaine pour en profiter.
Mettons les femmes à l'honneur puisque a Paris, il y eu pour la première fois, dans le team français, la parité entre les hommes et les femmes a été respectée.
Je laisse aussi la parole à Thierry Zintz, ancien président du COIB pour apporter une note positive
Pour ajouter l'humour à ce billet, choisissez dans la série des Athleticus représentés par des animaux sauvages rivalisant lors d’épreuves athlétiques" déjà dans une 4ème saison
Allusion
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Polémiques, scandales et controverses des JO 2024 à Paris

"Elle revient de la guerre": le skater américain Nyjah Huston flingue les organisateurs des JO 2024 au sujet de la qualité des médailles
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28/8/2024 : Ouverture des Jeux Paralympiques
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Commentaires
https://www.rtbf.be/article/pousse-par-le-public-abdi-a-offert-une-10e-medaille-a-la-belgique-j-ai-du-puiser-loin-dans-mes-ressources-11418913
Écrit par : Allusion | 10/08/2024
Répondre à ce commentaireChaque membre ou organe blessé pourra être remplacé par des substituts artificiels aux performances bien supérieurs à nos compétences naturelles. La frontière entre l'homme soigné et l'homme "augmenté" n'existera plus. Ce qui soulève quelques questions éthiques...
https://auvio.rtbf.be/media/nos-futurs-2080-nos-futurs-2080-3243474
Écrit par : Allusion | 18/09/2024
Répondre à ce commentaireLa chanson "L'hymne à l'amour" que Céline Dion avait chanté lors de l'ouverture des JO
est sur mes réseaux sociaux
https://www.youtube.com/watch?v=Gk0fN8VbgY0
Écrit par : Allusion | 10/10/2024
Répondre à ce commentaireDouble champion paralympique à Paris l’été dernier, le Belge Maxime Carabin est visé par des contestations provenant de Suisse, d’Autriche et de Lituanie. Des adversaires étrangers, surpris par sa domination écrasante (le Liégeois n’a jamais été battu en compétition internationale) remettent en cause sa classification. Selon eux, le déficit physique de l’athlète belge ne correspondrait pas au handicap revendiqué. Pour #Investigation, nous avons mené l’enquête
Depuis ses deux médailles d’or (100 et 400 mètres en fauteuil roulant, catégorie T52) aux Jeux paralympiques de Paris l’été dernier, le Liégeois Maxime Carabin s’est révélé aux yeux du grand public. Grâce également à ses trois titres mondiaux décrochés au Japon quelques semaines avant les Jeux, il est rapidement devenu le nouveau porte-drapeau du handisport belge. Sportif de l’année pour la 2e année consécutive (catégorie handisport), Spike d’or 2024 (récompense attribuée aux meilleurs athlètes de l’année), lauréat du Paralympic Sport Award, Maxime Carabin a enchaîné les récompenses autant que les plateaux télé. Sous le feu des projecteurs, l’athlète belge de 24 ans est aujourd’hui l’un des visages du handisport belge.
Depuis ses débuts en 2020, quelques mois à peine après l’accident qui l’a rendu paraplégique, sa progression n’a cessé de surprendre. Quelques semaines après ses premiers tours de roue au niveau international, il a établi un premier record du monde (sur 200 mètres à Ninove en juillet 2022). Depuis lors, il n’a cessé de progresser : deux titres mondiaux en 2023, trois médailles d’or mondiales et deux titres paralympiques en 2024, Maxime Carabin a enfoncé le clou en ce début d’année : 4 courses aux Emirats lors de l’ouverture de saison et 4 nouveaux records du monde sur 100, 200, 400 et surtout 1500 mètres, une distance plutôt inhabituelle pour lui mais qui ne l’a pas empêché d’améliorer le record du monde de près de 15 secondes (en pulvérisant son chrono personnel sur la distance de… 26 secondes). Depuis ses débuts en compétition sur la scène internationale en 2022, le Liégeois n’a jamais été battu. Une domination écrasante qui pose question et qui a poussé certains de ses adversaires à remettre en cause la classification de l’athlète belge (lire par ailleurs).
Des protestations en provenance de plusieurs pays
Dès le mois de septembre, quelques jours à peine après les Jeux paralympiques, nous avons été en contact avec plusieurs adversaires étrangers de Maxime Carabin.
Et certains messages nous ont particulièrement intrigués. Dans ces échanges, 3 adversaires du belge remettent clairement en cause la classification de Carabin en considérant qu’il n’a rien à faire dans la catégorie T52 (voir ci-dessous).
"Nous avons contacté le service classification de la fédération internationale. Il pourrait revoir la classification de l’athlète Maxime Carabin sur base notamment de nombreuses photos et vidéos qu’ils ont reçues. Nous attendons maintenant une réévaluation de sa classification."
"Notre réclamation a été soumise par le comité paralympique suisse. Nous attendons à présent la réponse de l’IPC, le comité international paralympique. Nous sommes curieux de leur réponse."
Ces messages, ils sont rédigés par deux athlètes suisses et un Autrichien.
Selon eux, le niveau de déficience de Maxime Carabin ne correspondrait pas à celui de ses concurrents. Le handicap de l’athlète belge serait exagéré. Il n’aurait par conséquent rien à faire dans sa catégorie, la T52, qui regroupe les sportifs atteints de lésions médullaires, les lésions à la moelle épinière.
Les vidéos et les photos de Maxime Carabin ne montrent absolument aucune blessure aux doigts, au tronc ou aux jambes […]
Début de cette année, une contestation similaire est venue renforcer nos doutes. Elle provient cette fois du comité paralympique lituanien qui lui aussi remet en cause la classification de Maxime Carabin et par conséquent sa domination. Le contenu de ce courrier que nous avons authentifié est lui aussi sans équivoque.
En voici quelques extraits : "Les vidéos et les photos de Maxime Carabin ne montrent absolument aucune blessure aux doigts, au tronc ou aux jambes, et démontrent un contrôle complet de la fonction des jambes. Sa posture du haut et du bas du corps montre une stabilité complète du tronc et même un soutien des jambes. L’absence de perte de masse musculaire aux jambes après la paralysie et le contrôle des doigts sont également discutables. Sur base de ces preuves, le comité paralympique lituanien demande une révision de la classification de l’athlète belge Maxime Carabin."
Au total, quatre adversaires étrangers ont porté réclamation contre le Belge.
S’agit-il de jalousie mal placée de la part d’adversaires battus par le Liégeois aux Jeux paralympiques de Paris l’été dernier ou cette démarche est-elle fondée et légitime ?
Des doutes venant de toutes parts
Aux réclamations de la part d’adversaires étrangers dont on parlait au début de notre article, s’ajoutent de nombreux doutes exprimés par plusieurs membres de l’équipe paralympique belge. Au total 12 membres du team Belgium nous ont aussi exprimé leurs interrogations quant à la classification de Maxime Carabin. Des athlètes, des kinésithérapeutes mais aussi des coachs qui toutes et tous se posent de nombreuses questions.
Certains nous ont raconté des scènes pour le moins surprenantes : les pieds de Maxime Carabin qui bougent sous une table, des réflexes de mains et de tronc en principe physiquement impossibles pour un tétraplégique, des traces d’usure sur les semelles de ses chaussures, des transferts d’une chaise à l’autre très rapide et sans assistance…
Un ancien para-cycliste de haut niveau nous raconte. "Lors d’un stage avec le comité paralympique, on parlait de la pointure de nos chaussures. D’un coup, il a posé son pied sur sa jambe opposée sans l’aide de ses mains pour vérifier sa pointure." Un geste physiquement impossible pour quelqu’un qui revendique une tétraplégie.
Des vidéos qui sèment le trouble
Au cours de notre enquête, nous avons également mis la main sur toute une série de vidéos aussi troublantes qu’interpellantes. Dans l’une d’entre elles, on le voit se repousser avec ses pieds en s’appuyant sur une barre sous une table et repositionner ensuite ses jambes sur le repose-pied de sa chaise. D’autres images le montrent bougeant ses jambes et utilisant son tronc normalement.
Chez ce patient, on voit clairement des incohérences fonctionnelles
Des scènes a priori banales mais qu’une personne paralysée des membres inférieurs et dont les membres supérieurs (tronc y compris) ne sont en principe pas fonctionnels à 100% n’est pas censée pouvoir faire. Ces images, nous les avons montrées à des médecins de l’appareil locomoteur, à des kinés et à des neurologues. Toutes et tous sont arrivées à la même conclusion résumée par l’avis de ce spécialiste en rééducation fonctionnelle et qui a souhaité conserver l’anonymat : "Chez ce patient, on voit clairement des incohérences fonctionnelles. L’utilisation de son tronc et certains mouvements qui ne sont en théorie pas possibles pour un tétraplégique."
La classification, c’est quoi ?
Pour bien comprendre le contexte dans lequel s’inscrivent les réclamations des adversaires étrangers de Maxime, il faut prendre le temps de s’intéresser au fonctionnement des classifications, ces catégories qui constituent la base du handisport de compétition.
Dans le handisport, on classe les athlètes par catégorie en prenant en compte leur déficience et leurs capacités. Ces classifications servent à assurer que la compétition soit équitable
Elles permettent de regrouper les sportifs en fonction de leur handicap et de son degré de sévérité. En para-athlétisme, le sport pratiqué par Maxime Carabin, le T signifie “Track” et regroupe donc les athlètes qui concourent dans les épreuves sur piste… Quant au nombre, 52 en l’occurrence celui de la catégorie de Maxime Carabin, il indique 2 choses : le premier chiffre fait référence à la famille de déficience. Ici, le 5 pour les athlètes atteints de blessure médullaire (moelle épinière). Et le second chiffre, le degré de la lésion.
La catégorie T52 concerne donc les athlètes avec une atteinte (une lésion fonctionnelle) totale des jambes et du tronc et une atteinte sévère des bras. Comme tétraplégique, Maxime Carabin n’a donc en principe aucune mobilité des jambes ni du tronc et une mobilité limitée des membres supérieurs.
La classification, ça se passe comment ?
En Belgique, comme dans d’autres pays, la classification se déroule en deux étapes. La première consiste en une visite médicale auprès d’un médecin classificateur reconnu par la LHF, la Ligue Handisport Francophone (ils sont une douzaine). Ce médecin va déterminer si l’athlète qui le consulte est admissible à la pratique du handisport de compétition. Et dans le cadre de cette évaluation, il va attester ce qui justifie cette éligibilité (déficit moteur, amputation, hypertonie, petite stature…). Une fois cette première étape et ce test d’admission passés l’athlète devra se présenter à une classification fonctionnelle au cours de laquelle on va le soumettre à des tests de mouvement (mesure de force, de souplesse, de réflexe…) et à des tests d’aptitude physique. On va également l’observer dans la pratique de son sport.
A l’issue de cette deuxième étape, l’athlète va donc se voir attribuer une catégorie qui correspond à son déficit réel. Il pourra ensuite participer à des compétitions en étant certain d’être opposé à des adversaires présentant la même déficience que lui.
Et ce n’est pas tout, si l’athlète souhaite pratiquer son sport au niveau international, il devra alors se soumettre à une classification fonctionnelle à l’occasion d’une compétition à l’étranger.
Il devra présenter son dossier médical et puis se soumettre à toute une série de tests. Le résultat de ce screening déterminera sa catégorie et son statut.
Une classification qui pose question
Nous nous sommes logiquement tournés vers la LHF, la Ligue Handisport qui encadre notamment la carrière des handisportifs de haut niveau et vers le comité paralympique belge pour tenter d’en savoir plus sur la classification de Maxime Carabin. Selon les deux institutions sportives, cette classification a en tous points respecté les procédures habituelles. "Il n’y a aucune raison que l’on doute de la classification de Maxime Carabin réalisée selon les règles au niveau international par trois panels différents de classificateurs" indique Olek Kazimirovski, le directeur du Paralympic Team Belgium.
C’est quelqu’un qui a clairement trop de facilité par rapport à sa lésion théorique
Pourtant, si Maxime a pu être classifié au niveau international (à Paris en juin 2022), il n’a pas pu l’être au niveau belge. La Ligue handisport nous en a en effet confirmé que le statut obtenu par Maxime Carabin à l’issue de sa classification était "B – not eligible", comprenez "non éligible à la pratique du handisport de compétition en Belgique". Une situation confirmée par plusieurs médecins classificateurs (quatre en Fédération Wallonie-Bruxelles, un en Flandre) qui ont vu le Liégeois en consultation. Aucun d’entre eux n’a pu attester de l’éligibilité du Liégeois en raison "de l’absence de lésion qui expliquerait sa paralysie." Et d’aucun d’ajouter : "Tout ça ne repose sur aucun examen qui montre une lésion de la moelle épinière. Il n’y avait pas d’explication formelle. C’est quelqu’un qui a clairement trop de facilité par rapport à sa lésion théorique." Autrement dit, Maxime Carabin n’a pas réussi le test d’amission médical à la pratique du handisport de compétition en Belgique.
Cela étant, aussi étrange que cela puisse paraître, le statut "not eligible" obtenu en Belgique n’empêche pas un athlète de tenter sa chance à l’étranger. C’est ce que Maxime Carabin a fait. Et ça a marché. A Paris en 2022, il a été classifié une première fois T52 par un panel de classificateurs (un Algérien et une Américaine). Une classification qui lui a permis de participer à des épreuves internationales mais aussi à des épreuves belges. La classification internationale supplantant la classification belge…
Nous aurions voulu obtenir des explications de Maxime Carabin sur cette double classification aux résultats diamétralement opposés. Malgré toutes nos sollicitations, ni l’athlète, ni son entourage, ni son avocat n’ont accepté de répondre à nos questions.
https://www.rtbf.be/article/investigation-maxime-carabin-vise-par-des-reclamations-d-adversaires-etrangers-11507487?utm_campaign=La_Une_+27-02-2025&utm_medium=email&utm_source=newsletter
Écrit par : Allusion | 27/02/2025
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