Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/06/2005

Le bleu, l'orange et après ?

Après les votes de refus français et ceux des Pays-Bas que va-il se passer avec la Constitution Européenne? 

(Suivi de « Oui et Non »)

Si on peut dire que les Français ont voté contre l’adoption de la Constitution Européenne à 55% pour des raisons de rejet de leurs propres politiciens, on ne peut plus l’affirmer du tout pour les Néerlandais qui allaient dans le même sens avec 62% de la population ayant voté.
Dans ce dernier cas, il ne s’agit plus de faire renverser le gouvernement néerlandais qui s’il avait prit position en faveur du ‘Oui’ n’était pas remis en question dans le choix de ses électeurs.


Les Néerlandais, plus pragmatiques, veulent sanctionner l’Europe telle qu’elle est maintenant, telle qu’ils la vivent tous les jours. Cette idée se retourne au désavantage de l’Europe future, de sa manière de s’élaborer dans l’urgence avec des principes édictés par des élites.
A travers ce « non », je dirais qu’on touche de plus près le nœud du problème. La conception même de l’Europe est remise en question.
Les Néerlandais ne voient pas de problème majeur dans l’immigration : ils comptent déjà 10% de leur population originaire de l’étranger.
Perdre leur souveraineté, leur identité, leur mode de vie à la « hollandaise », leurs sabots (quoiqu’ils n’aiment pas entendre ce mot-là à leur égard), leur fierté de produire de leurs mains ce qu’ils connaissent bien dans leur pays de ‘petits lutins’ à dimension humaine, voilà la liste de leurs soucis et griefs vis-à-vis de l’Europe en devenir. (Mes sources : Geert Van Istendael, écrivain et politologue)

Avangardistes (bien avant mai 68) dans l’ouverture vers l’extérieur et le besoin de liberté d’expression, l’âme néerlandaise a subit un véritable choc en se tournant vers plus de conservatisme de droite. Un clivage entre gouvernants et gouvernés s’est poursuivi au fil du temps refusant de plus en plus les élargissements trop rapides de l’Europe et craignant de pouvoir perdre les libertés acquises vis-à-vis de l’euthanasie, du mariage des homosexuels, de la consommation de drogues douces.

Plus prosaïquement, ils pensent aussi, comme à leur habitude, au prix qu’à coûté la création de ce grand « machin » qu’est l’Europe. Face aux idées reçues, ils pensent aussi à l’augmentation des prix qu’a apporté la monnaie unique Euro quand ils vont au petit magasin du coin.
« Ik wil mijn geld terug »

La religion protestante revient également sur la scène sous forme de petits partis avec certaines idées de refus de laisser entrer dans la Communauté européenne d’autres peuples qui n’auraient pas la couleur du dieu commun.
L’analyse néerlandaise plus froide que celle dont on pouvait gratifier les Français, peut être considérée ici comme plus « dangereuse » à mes yeux car plus fondamentale et plus en relation avec la conception de l’Europe elle-même.
S’unir pour prospérer, grandir pour pouvoir continuer à vivre: est-ce le meilleur moyen de sortir de la crise dans laquelle nos politiques actuelles nous ont laissé mijoter ces dernières années?
L’union fait la force laisse entrevoir un « côté obscur » de la force.
Toujours est-il que ces deux peuples ont eu l’occasion de s’exprimer d’une manière référendaire. D’autres pays viennent balancer ce ‘non’ par leur ’oui’ parlementaire, ce qui ne génère pas autant de remous mais qui ne suit pas nécessairement l’opinion publique.

De l’Euro et de tous les bons points de la construction européenne, parlons-en.
Après s’être serré la ceinture avec des mesures de plus en plus austères à la construction de cette Europe jugée trop coûteuse par ses habitants, que reste-t-il à ces Européens ?
La « pax europeana » assurée, une monnaie forte, moins de dettes extérieures, oui.
Mais aussi, à cause de cette « force », des exportations plus faibles, freinées par le coût de nos marchandises devenues trop chères pour nos acheteurs étrangers potentiels.
Nos investissements prometteurs d’avenir sont devenus frileux et dépendant de choix élaguant drastiquement tout ce qui n’est pas obligatoire. La stagnation avec des espérances de croissance du PIB du plus en plus mince et les prévisions de résultats pour 2005 sont souvent revues à la baisse.

Les affaires reprennent beaucoup mieux de l’autre côté de Atlantique.
Suivant une autre stratégie, les Etats-Unis emprunteurs invétérés consomment goulûment les emprunts qu’ils font de par le monde. Malheureusement, leurs investissements sont destinés, j’en conviens et je le supporte difficilement, dans la guerre, mais aussi, dans ce qui donne un coup de pouce à leurs exportations
La crainte vient bien sûr du ‘holdup’ sur les générations futures qui elles seront confrontées à une dette colossale dans un futur pas très éloigné.
Sommes-nous si sûr que cette situation est aussi catastrophique que les analystes prédisent?
L’argent crée l’argent. Sa pénurie n’engendre qu’un potentiel d’extension très limité.
S’évertuer à rester le plus « clean » possible vis-à-vis de toutes dettes est moralement dans la ligne du parti et suit l’enseignement de nos parents. Le goût de l’investissement dans le futur demande plus de goût du risque.
Seul le résultat de tous les efforts consentis compte pour l’historien qui analysera dans quelques années notre présent.

Le débat fait rage au Parlement européen. On s’interroge de la suite à donner à ces deux coups de semonce. Il faut poursuivre le processus de ratification est le mot d’ordre.
Prendre du recul, réfléchir avec plus de profondeur s’imposent aussi pour le moins.
C’est ce qu’a promis Barroso.
Entre temps, depuis ce deuxième rejet de la ratification de la constitution européenne, la réaction des marchés dans cette crise ne s’est pas fait attendre et le cours de l’euro est redescendu au niveau qu’il avait huit mois auparavant. Les actions européennes, elles, suivent le chemin inverse vers le haut suivant les exportations qui deviennent plus concurrentielles.

Simple constatation, dénuée d’un rapprochement ferme avec la situation européenne, redescendons le niveau à chacun des pays.
Que préconisent nos gouvernements face à l’emploi qui se déglingue de plus en plus ?
Quelle échappatoire, nous proposent-ils, que dis-je, nous encouragent-ils, une fois que nous avons perdu notre emploi ? Est-ce chercher un nouvel emploi dans le même type de société pour retomber plus tard dans le même travers et les mêmes problèmes ?
Réfléchissez, la réponse n’est pas vraiment « oui, cherchez dans cette direction ».
Ce qu’on vous pousse à penser, c’est de vous lancer à votre compte, de créer votre propre société. Des subventions vous attendent dans ce but pour vous appuyer dans votre tentative et vous motiver dans votre intention d’entreprendre.
Que veut dire cet état d’esprit ? Est-ce, réunissez-vous ? Que nenni.
Soyez unique, lancez vos propres idées et projets sur le marché, dans votre petit environnement, individuel, mais bien plus motivant et bien plus gérable.
Vous allez générer de l’emploi. Ca, c’est le but du message.
Les PME ont de l’avenir et sont créatives. Les multinationales cherchent à consolider leur production, fusionnent pour diminuer les coûts, virent leur personnel superflu ou redondant et délocalisent le travail ou leurs usines.
En d’autres mots, c’est préconiser que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même.

« Ce qui est petit est gentil. ».



Le langage destiné à l’Europe et ce dernier bien plus ‘local’ sont-ils contradictoires ou dépendants du niveau où l’on se place ?
Que voit-on dans la création de l’Europe ?
Un moyen de contrer plus efficacement la force des multinationales qui sont des états dans l’Etat mais qui s’en échappent si la situation ne leur est plus favorable, ou les autres grands états, eux-mêmes, qui envahissent nos marchés libéralisés à outrance après que l'OMC ait ouvert la boîte de Pandore?
La stabilité des prix serait un gage de croissance et de création d'emplois d'après les textes de cette Constitution. Mais cette 'potion magique' n'apporte réellement dans les faits que de médiocres performances au point qu'il faudrait y apporter remède de crainte de se voir exclus dans moins d'un quart de siècle de l'économie mondiale.
La baisse de chômage, est, elle aussi, à la traîne malgré le contrôle de l'inflation. La contraction de la masse salariale freine plutôt l'activité économique et la consommation.

Et la solidarité, le social dans ce jeu là, me direz-vous ?
Beaucoup de déclaration d'intention mais peu de réalisations concrètes. Les marchés intérieurs de chaque état sont en charge de leur système de sécurité sociale jugé trop rigide par le marché du travail ou trop généreux.

De cette solidarité, la vraie, bien comprise, non intéressée, je voudrais en faire une devise que je partagerais avec tous les hommes de bonnes volonté mais pas à ’fond perdu’ ni noyé dans un océan d’individualisme.

« Ensemble, ensemble, même si l’on est différent » chantait Pierre Rapsat.



Dans l’article « Oui et Non », on pouvait déjà sentir mon indécision devant cette ratification: déchiré entre l’envie de faire une Europe unie, sociale, qui fonctionne bien et avec bonheur et cette Constitution dénigrée de toute part, à tort ou à raison, par son côté non social ou trop libéral.

Pour une fois, je me sentais soulagé de me trouver dans un pays où cette ratification était décidée par le vote parlementaire.

Je laisserai le dernier mot à mon journaliste préféré. A toi, Hugues

Un autre article intéressant

L'enfoiré de service,

Voir les images

Commentaires

12-Juillet : Luxembourg 56 % de oui à la Constitution .

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=1528

Écrit par : L'enfoiré | 17/07/2005

Les commentaires sont fermés.