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13/06/2007

Compromis ou qu’on a promis première ?

20addfd30e294dea9efbad2a184b548c.jpgAprès les élections françaises présidentielles et les législatives en Belgique du 10 juin. Le compromis y est, de ce côté, une manière de gouverner en passant par la proportionnelle. Bien dur de dessiner la barque du gouvernement avec des convictions différentes. L'orange bleu en est le résultat. Un informateur bleu est nommé. Le formateur du gouvernement sera désigné bien plus tard.

Le "compromis à la belge" est devenu la référence dont l'utilisation se retrouve à la suite de décisions à prendre et qui terminent avec un sourire 'coincé' peut-être mais qui devra éviter l'orage final de la rupture.

La Belgique, a connu, depuis belle lurette, les "affres de la compromission" sous la coupole du "compromis" contraint forcée. Des bipartites, des tripartites de chaque côté de la frontière linguistique se sont succédées avec des fortunes diverses et la vie a parfaitement continué sans catastrophe.


Médiatisées, les couleurs des partis politiques ont, en effet, agrémenté les décors successifs: la coalition violette, en olivier, en marguerite, coalition arc-en-ciel....

Comment cela est-il possible? La démocratie ne serait-elle plus ce qu'elle était avec des convictions sans partage? La gauche et la droite pourraient-elles manger du même pain? Peut-on encore penser qu'une politique puisse croiser le fer sans regarder à l'extérieur?

politique,belgiqueL'élection française rend statistiquement 50% de satisfaits et 50% de mécontents dans une dichotomie sans partage. Il est vrai qu'il y a eu des vases communicants lors des dernières élections présidentielles françaises. Mais, il s'agit pour le transfuge de garder un profil bas dans le gouvernement mono-parental. Dans les années 80, on s'étonnait de pouvoir ou plutôt de devoir assumer une coalition gouvernementale contre nature dans la bipolarité gauche-droite entre président et ministres. Actuellement cette cohabitation n'existe plus. Le parti UDF placé au "milieu" a étonné par son rebond dépassant de loin les partis conventionnels des oppositions de l'extrême. La lassitude de la bipolarité avait fait rebondir ce parti, un peu endormi, il faut bien le dire. Il n'a pas réussi son pari au niveau présidentiel. Les législatives ont confirmé les présidentielles pour se conformer au noyau du président, prouvent que le multipartisme n'est pas encore sorti des urnes bleu-blanc-rouge.

Les compromis font partie du paysage politique belge. Les politiciens de tout poil doivent encore une fois se limer les ongles pour survivre dans le tumulte de discussions dont personne ne sort vainqueur sans partage ni sans perdre quelques « plumes ».

Un mouvement médiateur n'a fait que s'amplifier dans les pays démocratiques. La situation mondiale difficile que nous vivons a vu des virages prononcés de gauche et de droite en ballottage de contentement en mécontentement, tout en restant malgré tout dans des limites de plus en plus centristes. Pas nécessairement qualitatif mais plutôt quantitatif. Le centre, opportuniste, permet de se tourner vers des solutions de gauche ou de droite en fonction des obligations. Contenter les acteurs de l'un et de l'autre bord dans un consensus de partage et combler une majorité trop étroite, le centrisme se justifie en se voulant le représentant du renouveau démocratique.

L'homme de la rue se cherche. Il se rend bien compte que revendiquer plus d'acquis sociaux n'est plus possible dans un contexte international trop envahissant. Le rouleau compresseur extérieur est bien là. L'ignorer serait préjudiciable pour un avenir très rapproché. Dans le même temps, il n'est pas prêt à laisser s'échapper ses acquis actuels. Donc, retour parfois à plus d'attentisme central pour reprendre le flambeau plus militant le moment opportun. C'est moins glorieux, peut-être, mais plus raisonné qu'il n'y parait. Ce « milieu » se retrouve soit dans les statuts soit dans la coalition. Dans le cas de coalition, certains prônent, même, pour des décisions d'un pays fixées par une majorité des deux tiers large.

Dur, dur d'être ministre en Belgique. Il vaut mieux être petit dormeur. Je n'ai jamais vu ailleurs autant de nuits qui suivent les jours pour trouver les accords à l'arraché. Réformer, peut-être, mais avec l'appui de la stabilité du raisonnement partagé n'est pas des plus aisés.

En accords avec tous les partis belges dits 'démocratiques', un 'cordon sanitaire' avait été pactisé pour écarter les partis extrémistes et marquer sa différence de conception. Quand la majorité est sensiblement trop faible ou risque de disparaître de la scène politique, la tentation a toujours été forte pour faire couper cette protection mais cela tient, jusqu'à nouvel ordre. La démocratie est un luxe et personne ne veut perdre ce lien avec la richesse du rêve.

Depuis plusieurs législatures, les gouvernements successifs ont passé l'épreuve du feu et de l'équilibre de la corde raide dans les budgets mixés avec la confrontation syndicats patrons. Cela a fait grincer les dents de l'opposition sur des points qui malgré l'anormalité flagrante ne devaient pas plaire au royaume du Capital. Ce sera "bravo" pour les uns et "aurait pu mieux faire" pour les autres. Aux partis de choisir la version en fonction de sa position du moment.

politique,belgiqueLe Belge est complexe. Oui. La politique va vous faire rire. Oui, aussi. Y a pas d'erreur et on ne la comprend pas vu de l'extérieur. Un ensemble de points sont à la base de cette incompréhension. Le bilinguisme, la double culture forcée sont les points de départ. Le pouvoir politique et économique se voit toujours comme la meilleure couverture de la prospérité. Cela ajoute le piment aux discussions du haut et les sourires intéressés du bas. Manque de cohérence ou opportunisme? "Le communautaire ne fait plus vraiment recette", entend-on récemment. Et, oui, les électeurs ont souvent une vérité propre, très personnelle et plus tournée vers les difficultés pour simplement "vivre". Mais, on n'est pas toujours bien vu d'avoir une autre vérité avant les autres. Bruxelles est souvent un laboratoire de la vie ensemble et j'en parlais avec un style "pavé dans la mare" dans "Europe irisée".

Pour corser dans l'originalité, le citoyen bruxellois de Berchem Saint Agathe, voulait faire entendre sa voix avant de la donner le 10 juin et affiche ses prétentions pour un futur meilleur au côté des panneaux officiels des partis. Les "Votez pour moi", "Trop de têtes, pas assez d'idées" prennent une place non négligeable. C'était nouveau et ce n'était pas à sous-estimer pour autant. Nous avons chez nous la règle de la proportionnelle contrairement à la dichotomie du vote à la française. Quel est le vote le plus démocratique et qui prend en compte le plus de citoyens? La réponse est mitigée.

La proportionnelle permet de chercher le point d'équilibre qui permet de gouverner avec le plus de vision démocratique. S'associer en partage n'est pas perdre ses convictions. Pour l'électeur belge, le panachage des votes ne peut encore se faire que dans une seule liste comme si les convictions de bonnes gestions ne s'inventent que dans un seul parti.

Le vote à la proportionnelle a, pourtant, des travers possibles. Le citoyen a l'impression d'un immobilisme. Son vote est dilué proportionnellement par les apparentements. Ce principe permet les alliances et de rejeter dans l'opposition un parti devenu trop gênant quoique gagnant en nombre de voix. Le plus petit commun dénominateur est la règle du partage. Les entourloupettes font partie du paysage politique avec une grande surprise pour l'électeur et il vaut mieux un ordinateur qu'un boulier compteur pour attribuer les postes ministériels. Mais, il faudra s'entendre coûte que coûte. Alors on s'arrange et on maquille quitte à sortir de la volonté des urnes. Le statu quo est le danger pour une démocratie qui se voudrait progressiste. Le lyrisme est aux oubliettes pour les électeurs et il est clair qu'un tel vote doit être obligatoire pour continuer à être représentatif. Les seuls vrais bénéficiaires sont ceux qui auront trouvé les bonnes clés de répartition.

Le pluralisme d'idéologies mène, il est vrai, à des situations dans lesquelles c'est le parfait dilemme du verre à moitié vide ou à moitié plein.

Est-ce dire qu'une idéologie aura-t-elle encore les moyens de s'imposer pleinement sans un régime plus "dictatorial"? Certainement, mais en plus de temps. Un parti unique au pouvoir permet d'aller plus vite vers la solution que l'on veut voir implanter. Une multipartite, par contre, donnera une chance à la politique en place d'être plus durable, mieux étudiée, mieux balancée en fonction des désirs réels de la population. Une meilleure réussite pourrait-elle être l'apanage de cette unicité? La dictature est en définitive la seule qui atteint "faussement" cet objectif avec des résultats électoraux proches des 100%. Mais, n'est-ce pas une chance de ne pas choisir cette voie? L'homme s'aperçoit tout à coup qu'il n'est plus seul et qu'il va devoir vivre ensemble pour 'survivre'. Les marges de manoeuvres sont devenues beaucoup plus étroites mais plus profitables pour le citoyen.

A cause de cette situation inattendue, ambiguë diraient certains, le chemin de la politique, il faudra accepter à l'avenir qu'il adopte la voie du compromis ou plus péjoratif de la "compromission" malgré les promesses "extrémistes" lancées pour attirer les derniers fans.

Le contre-pouvoir, qui peut être une opposition constructive, reste nécessaire pourtant dans toute vraie démocratie. La protection des minorités en dépend exclusivement. La majorité par le fait qu'elle est devenue plus difficile à acquérir prouve qu'elle doit rester disputée avec l'appui d'une population de plus en plus bigarrée. Les alliances sont rentrées dans les moeurs mais il y en a certaines mieux supportées que d'autres.

Le discours politique se dissocie souvent de la réalité économique ou de la morale la plus générique. Le porte parole doit souvent en avoir gros sur le coeur en prononçant les mots édulcorés alors qu'une dureté de voix serait plus approprié à la situation du moment.

politique,belgiqueLe livre de Pierre-Yves Monette « Belgique, où vas-tu? » étudiait la monarchie belge et de tout ce qui l'entourait. Comme préambule, le livre mettait en exergue notre beau pays de cocagne en terre de mal gouvernance.

Il y a les partis démocratiques et ceux qui veulent en sortir pour éliminer les "vieilles casseroles" traînées par l'esprit démocratique pris parfois d'embonpoint. Une usure du pouvoir est naturelle.

Dans les dernières élections, les « affaires de Charleroi » ont été décisives dans les décisions des électeurs. Le parti socialiste en a fait les frais. Les difficultés pour vivre ensemble, pour gérer la chose publique et pour l'organiser sont les points de complexités à analyser. Démissions et gestes forts ont été les possologies pour appaiser les esprits.politique,belgique

La Belgique est complexe, c'est vrai mais les manières d'en sortir n'ont pas manqué d'être pointées ironiquement comme des "histoires belges".

Réformer et réactualiser, oui. Casser ce qui marche bien, non.

Le découpage de notre pays de manière artificielle pour suivre les envies de ségrégationnisme de quelques uns, parallèles à une majorité silencieuse, est suicidaire. La complexité ne se règle pas à coup de bistouris mais à l'amiable avec le plus grand nombre.

Fédéral, régions, communautés... quelles différences mériteraient-elles une gestion séparée? Duplication des administrations et des fonctions vitales comme la santé, l'agriculture, le commerce extérieur apporte-t-elle le bien être pour tous? Notre image de marque de la "Ca, c'est du belge" encore fraîche, et voilà celles de Flandre et de Wallonie qui viennent à la rescousse à contre courant en sous-marque.

Complexité insurmontable ou simplement complexifiée?

Nos institutions sont construites avec un bonne dose de compromis avec des réformes digérées vaille que vaille. La population le plus souvent débonnaire et bonne vivante, ne s'y retrouve plus toujours dans notre pays avec les échos qui viennent d'en haut et subit des réorganisations structurelles à divers niveaux. Est-ce par compassion ou par passion? Notre devise "L'union fait la la force", le ferait-elle moins aujourd'hui?

"Ensemble, ensemble, même si l'on est différent", chantait aussi le belge Rapsat.

politique,belgiqueEt si on terminait par une histoire belge ou plutôt bruxelloise?

Les problèmes communautaires, le BHV, la scission Bruxelles, Halle, Vilvoorde n'intéresse, au fond, qu'une minorité de personnes et d'hommes politique du côté flamand.

En juillet, une deuxième manche du set modérateur.

politique,belgiqueLe survol de Bruxelles qui pour de fausses idées de partage de territoires s'est octroyé le droit de "badigeonner" uniformément tous les habitants de la ville, de bruits et des risques inhérent à l'intensification du trafic aérien européen. Les riverains de l'aéroport avaient obtenu gain de cause devant la justice.

politique,belgiqueVoilà les prochains sujets de préoccupation de l'informateur, Didier Reynders, de bleu vêtu nommé par le roi la nuit de mardi. La quadrature du cercle et je t'aime moi non plus sont au programme.

La particratie compte des partisans que les alliances contre nature ne font pas peur avec compromis complexifiés aussi. On en change dans le secret ou au plein jour car on a promis d'arriver à destination à l'électeur.

Devra-t-on promettre un jour qu'il fera doux en hiver et pluvieux en été?

Puis, il y a les écolos jamais à cours d'idées pour la planètepolitique,belgique

C'est déjà fait. Ça marche déjà.

politique,belgiquePuis, il y a des amours cachées. Populiste, pour plaire à son public, est le mot péjoratif par la volonté à l'extrême de se calquer sur la majorité d'une population mais qui n'a peut-être qu'une vue partiale pu partielle d'une situation donnée.

Notre « belgitude » a aussi de ses particularités, une fois.

politique,belgiqueTintin, à nouveau, en précurseur, va faire ressortir l'Orange Bleue.

Alors, je ne dirais pas que le meilleur gagne, mais que le meilleur programme "sauveur" gagne aussi et surtout.

L'enfer est trop souvent pavé de trop bonnes intentions qu'il vaut mieux s'assurer du maximum de chance par les compromis promis ou non.

L'enfoiré,

Sur Agoravox, on a aussi la parole du compromis 

PS. Cet article est une refonte de "Compromis ou qu'on a promis" avec réactualisation par les événements récents d'un précédent qui se voulait plus européen.

 

Citations :

  • "C'est peut-être ça la politique, le compromis perpétuel : entre compromis et compromission", Cabu
  • "Un compromis, c'est l'art de couper un gâteau de telle manière que chacun pense avoir la plus grosse part.", Ludwig Erhard

  • "Un compromis fait un bon parapluie, mais un mauvais toit", Robert Lowell

Commentaires

l'accord ou l'entente à la belge est très heureux de la façon dont tu le présentes!
Je découvre ainsi un autre monde

Bravo pour ton Papier!

@mitiés et merci de ton passage sur mon Blog voyageur

el greco

Écrit par : elgreco | 13/06/2007

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