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19/02/2009

Rien que de bonnes nouvelles ?

Quand on s'adresse aux supérieurs, il vaut mieux rester positif. C'est bon pour la santé, pour son avenir, pour tout quoi... La positivité n'est pas qu'un leurre. Elle s'entretient de jour en jour par la contrainte et pas toujours par le consentement de ses acteurs.

Je parlais d'un hypothétique "porte-parole" de manière parodique dans mon article précédent. Nous ne sommes pas dans une période d'euphorie. Pas de secret. Cet article ne fera pas de révélations, mais une constatation par l'intérieur des sociétés, de la Société et de ses travers.


La condition humaine est ce qu'elle est. On veut bien entendre les problèmes des autres mais pas quand cela dérange trop ses propres activités et ses propres problèmes. La hiérarchie rend le dialogue et les confidences encore plus aléatoires et diaboliques. La "solidarité", le mot à la mode en temps de crise n'a souvent qu'une réalisation très théorique.

La pratique en l'entreprise, dans les relations employés-supérieurs d’une société est, elle, souvent franchement désynchronisée. Les mauvaises nouvelles sont très mal appréciées par les supérieurs. Trop préoccupés par les obligations de rendement que la crise a de fâcheuses tendances à rogner, écouter la base est devenu très sporadique. Les affaires ne tournent pas à la vitesse de croisière. Nul ne le conteste. Mais est-ce dire qu'il faille fermer la consultation au seul environnement proche de la direction? Plus il y a de paliers dans la hiérarchie, plus il y a de filtres. Entre le marteau et l'enclume, il y a tellement de place. Les couches de protections intermédiaires sont tellement nombreuses. Plus, elles sont nombreuses, plus elles se perdent en conjectures et dans le flou artistique. Plus personne ne parvient à trouver son chemin dans le labyrinthe du Minotaure moderne. Tout va toujours très bien Madame La Marquise. Les oiseaux de mauvaises augures sont pointés du doigt. La Fontaine peut encore déclamer son "Le corbeau et le renard".

20090211Fortis assemblée.jpgLa dernière "saga" de Fortis résume bien l'écartement de base et du sommet. Les actionnaires les plus fort ont mis leur véto. Le personnel se retrouvait entre deux chaises aux pattes en déséquilibre. Les actionnaires se questionnent toujours. Beaucoup n'ont pas compris.20090213Fortis belge.jpg

Point, à la ligne. "Y a qu'à", ensuite.

Alors, dans le bas de l'échelle, on fait "avec" et celui-là c'est, plutôt, la technique du "pour vivre heureux vivons cachés". Peut-être, une règle d’or à respecter pour avoir une chance de faire accepter le message vers le haut de la hiérarchie et espérer y monter les échelons, un jour. Stratégie qui ne fait, pourtant, pas avancer le schmilblick. Faire semblant de dire, faire semblant d'entendre, deux devises risquées. Dans ce monde torturé, tacher de remonter uniquement les bonnes nouvelles vers vos supérieurs n'apporte pas le respect de soi même et pourrait être le point de non retour d'une situation mal évaluée, avec des victimes qui iront au placard.

Les problèmes n’ont pas la cote chez les dirigeants trop préoccupés et trop loin des réalités de la base. De ce côté, c'est faire preuve d'intelligence d'écouter sans comprendre pour garder une chance d'être encore là, le lendemain. Alors on se tait des deux côtés et la peur règne.

20081008 Crise communautaire.jpgSi par la malheur, il n'est plus possible de cacher certaines vérités, s'empresser de rechercher au plus vite une solution plausible aux problèmes à signaler. Plus facile, qu'à faire.

Les autres nouvelles, moins réjouissantes, les redescendre à l’échelon inférieur si vous avez la chance d’en avoir un. Pourtant, si le management décide, c'est la base qui pourrait les connaitre, ces problèmes et parfois en subir les conséquences. Là, réside le dilemme de notre société post-moderne.

Ce foutu "politiquement correct" à prendre en compte. Comme l'écrivait Umberto Eco dans "A reculons comme une écrevisse", cette expression aurait, désormais, été utilisée en un sens politiquement incorrect. Les arguments qu'il en donnait pour l'expliquer, ne sont plus ceux qu'il exprimait dans son livre. Le "linguistiquement correct au regard des mœurs et des opinions dominantes" remplacerait son idée dans le même environnement Wikipedia auquel il faisait référence. Hors Amérique du nord, l'expression est l'équivalent de « langue de bois », de périphrases, d'euphémismes et d'expressions figées, selon la technique dénommée communément "noyer le poisson", comme il y était mentionné.

Dans le cas des affaires et des entreprises, nous ne sommes pas dans la politique ou la police des mœurs, il y a celle du meilleur rapport prix et performance avec le rendement comme cheval de bataille. Alors, le « tout va très bien Madame la Marquise » ne marche plus vraiment, même pour la base qui nombreuse possède les moyens de faire basculer les situations scabreuses. S'il faut prendre des gants, encore faut-il garder une main de fer en dessous et cela aussi bien dans les "n" partis présent ou absent dans l'ombre. "La confrontation, c'est la vie" écrivait récemment un rédacteur. Rien n'est plus vrai. "Ramer à contre-courant" n'est pas nécessairement une tare à rejeter comme on le ferait pour un "Enfoiré".

20080611Pouvoir dAchat TEC.jpgAlors, essayer d’approuver les décisions des chefs, dire simplement ‘oui’ dubitatif. Bof...

Entrer dans une "société toute faite" n'offre de places qu'à une petite minorité. Faudra s'y faire, mais pas trop. La responsabilité de faire partie d'une équipe oblige à certaines confrontations dont il faudrait respecter les idées à leur juste valeur. Il s'agirait donc de ne pas rater le coche en voulant affirmer un "ego" de manière trop brusque mais faire preuve d'objectivité, de productivité, se rappeler que "construire" et "défendre" sa thèse, n'est pas "détruire" de front l'idée du management. Le compromis fera, peut-être, la moitié du chemin, en apportant l'idée neuve tout en n'esquivant pas l'autre option. Une approche "responsable" qui peut apporter plus de succès. Tout pouvoir de management a souvent une foule de "casseroles" à trainer derrière lui. Pouvoir qui ne lui plait pas toujours mais qu'il a été habitué de respecter de guère lasse et sans originalité. La timidité n'est pas l'outil du progrès. Seul la confiance dans les deux sens peut l'apporter.

Quand il est trop dure d'approuver en bloc une décision, au pire, un "oui, mais" peut contourner temporairement le problème et paraître comme un éclaircissement pour mettre en avant certains points noirs aux solutions imposées qui auraient pu échapper. Le "mais" a toujours son importance.

Les notes de services écrites en anglais et surtout en provenance d'Outre Atlantique n’utilisent que rarement le mot « problem » et le remplacent avantageusement par « issue » notion moins négative. Ambiguïté involontaire ou fabriquée?

La mentalité indienne est parfaitement en concordance avec le principe de la courtoisie ajustée. Un Indien vous dira toujours 'oui' accompagné par un dodelinement de la tête qui avec un peu d’expérience ne devrait pas trop vous rassurer sur son acquiescement. Il veut simplement ne pas vous contredire, c’est sa culture qui lui intime cette attitude disons assez "castrée". J'avais appelé cela "Symphonie indienne". Cette culture est bien loin de l'esprit occidental plus cartésien et catégorique.

Connaître son interlocuteur est primordial. Savoir jusqu'où aller trop loin fait partie du baromètre de la sagesse. Dans certains cas, heureusement, le management n'est pas dogmatique au point de ne pas accepter une discussion franche, mais des tests de souplesse sont nécessaires pour s'assurer du point de non retour. Diplomatie ne veut pas dire manque de franchise.

Une attitude trop diplomate n’est pas saine et ne fait pas très vrais ni pro-active. Ne pas révéler la vérité peut entraîner des conséquences bien plus graves que de les maquiller.

20080619Agir.jpgNous avons pris l'habitude de n'entendre que ce qui ne va pas dans les actualités. Mais, ces vérités-là, on voudrait les garder pour les autres.

Les nouvelles à problèmes ont le droit de se trouver dans l'analyse des stratèges. L'étude, l'audit de la réussite est également riche d'enseignements pour l'exemple du futur. Supprimer les mots "fondamentalisme", "intégrisme" et tous ces mots qui ont pour suffixe "-isme" qui auront toujours une tendance insidieuse. C'est vrai. Mais il faut pourtant appeler un chat, « un chat ». Les bonnes nouvelles ne sont-elles pas trop suspectes?

La culture d'une entreprise qui fonctionne impose de garder une bonne ambiance de travail. Rester positif à tout prix mais avec la communication ouverte dans les deux sens. Le "nice to have" a garder pour le fun, mais pas pour afficher ce que l'on est pas.

Le « middle management » n'est pas le mieux placé pour exiger une situation meilleure pour ses subalternes. Il est devenu le "porte-parole" de mon article précédent. La question primaire est "s'en soucie-t-il?". Regarder vers le bas, ne donne-t-il pas le vertige? La couverture, elle, devient de plus en plus petite. La réaction "naturelle" est donc de protéger le sommet de la tête. Les pieds, il suffit de les garer en pliant les genoux. Ensuite, s'il subsiste un peu de place, on pensera à remiser plus au chaud le reste des troupes, plus tard. Mais, ce n'est, malheureusement, ni une obligation inscrite dans la charte, ni une tendance qui apporterait un plus pour celui qui se sentirait moralement impliqué. Téléphonez, écrivez au manager d'en haut, Il devrait en rester quelque chose.

Annoncer d'emblée que la nouvelle qui suivra en est une bonne, va faire lever la tête de l'auditoire tellement elle paraîtra inattendue. Enchaîner par un moins bonne. Pour être écouté, il vaut vieux mieux être jovial et plein de bonnes histoires à raconter que de pleurnicher sur les aléas de la vie. Le teint que l'on présente lors de l'interview a aussi son importance. Un bronzage a un effet différent de l'envie de vacances qu'il pourrait engendrer. Voila un candidat qui se paye des vacances, donc, il a gardé un esprit nécessairement pro-actif. Un dirigeant qu'est-ce que c'est : "La toute puissance d'un dirigeant" l'expliquerait-il? Parfois, un peu de jeunisme en suspension n'est pas mal non plus. Attention, l'expérience manquera vite.

20090302Poste.jpgLa rançon de la gloire ou de la descente en enfer, en cette période troublée, le fameux "C4", le papier de la honte et du renvoi de poste, dans la main comprime son détenteur entre famille et obligations dont il ne sort jamais indemne.

Quand il s'agit d'engager un chômeur de courte ou de longue durée, la décision devient sujette à des réflexions d'équilibriste. Ne va-t-on pas faire introduire le ver dans la pomme. Le risque est présent. Les intérimaires, une pub de chez nous, en faisait les choux gras en présentant le « Temporary Office Manager » comme la réceptionniste intérimaire. Ces artifices, on les appelle des incitants financiers offert généreusement par l'État ne sont pas pour rien pour équilibrer le plateau de gauche (ou de droite) en balancier plus "agréable".

Non, vraiment, c'est dur, peut-être, mais mentez toujours un peu. Sur ses qualifications, son âge, ses buts dans la vie... et montrez ce sein que je ne pourrais voir.

Ça pourra toujours servir et rapporter plus gros que le naturel. Quoi qu'on en dit, il y aura toujours plus dans plusieurs têtes que dans une seule.
20080919Offensif Defensif.jpgSurtout éviter de constater ou de dévoiler ses intentions de haut en bas et de bas en haut, par cette phrase: "Si vous avez des problèmes, surtout n'hésitez pas, ne m'en parlez pas". A bas les parapluies. Ne pas sortir les paresoleils à mauvais escient. Etre soi-même, tout simplement. 

Résister et résister, ne pas refouler ses idées. L'opposition, elle, doit continuer et continuer encore.

C'est un peu les principes que j'ai appliqué pendant de nombreuses années. Qui se sont affirmées en fin de carrière. Toujours vivant, pourtant. Ai-je eu de la chance? Très certainement.

Ce ne serait plus le "Grand Jeu" dans le cas contraire et le terrorisme gagnerait trop facilement tout azimut.

 

 

L'enfoiré,

 

Paroles de Socrate

Mise à jour du 05 août 2009: Le Grand Jeu continue 

 

Citations :

 

  • "Position inconfortable. Prix de la constance dans ses opinions.", Ambrose Bierce
  • "Même l'intelligence ne fonctionne pleinement que sous l'impulsion du désir", Paul Claudel
  • "C'est une triste chose de penser que la nature parle et que le genre humain n'écoute pas", Victor Hugo
  • "Une expérience bien faite est toujours positive.", Léon Daudet
  • "Mourir pour de idées, d'accord, mais de mort lente", Geoges Brassens
 

 

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