12/12/2015
Le Chiffre contre la Lettre
Les trois coups et le rideau s'ouvre sur les "Chevaliers du fiel à la belge", Pol et Fernand. L'épouse de Pol, Mieke, détachée de leur conflit, vaque à ses occupations ou regarde un film à la télévision.
- Salut Fernand. Une petite partie de poker?
- Salut Pol. Non, parlons un peu. J'ai un œuf à peler avec toi à bâtons rompus.
- On s'est peut-être trop collé aux basques ? Je te sers une Blanche pour arroser l’œuf ?
- Oui, mais laisse la mousse et du citron. Elle sera nécessaire.
- Ok. Raconte. Pourquoi fermes-tu les yeux ?
- Tu ne vas sûrement pas apprécier, mais ton billet sur le "Jardin extraordinaire" était nettement moins travaillé que de coutume et se révélait souvent alambiqué. Les corrections, c'est à toi de les apporter comme tu l'entends, mais je suis quelque part persuadé que tu ne corriges pas tout.
- Ah bon ? Je ne corrige pas tout. Vas-y, lâche le morceau, tu ne m'en voudras pas d'avoir de nouvelles questions à toutes tes réponses.
- Non. Mais, c'est la raison pour laquelle je ne reprends jamais la lecture de tes billets, si ce n'est parfois des mois plus tard.
- Pourquoi ne relis-tu pas pour en commenter le sens ? Le sens c'est du pipi de chat pour toi? Les boucles de restructurations des textes pour gagner en consistance, c'est ça le putain de problème.
- Tes fautes d'orthographe relèvent à chaque coup de la syntaxe, je ne comprends pas comment tu peux arriver à en commettre autant.
- Tu ne comprends pas, alors que c'est justement cette "sainte taxe" qui bride l'usage et les sens de l'évolution obligatoire de la langue françaises.
- Je ne comprends pas, en effet.
- Je vais t'expliquer le pourquoi. Tout d'abord, c'est la faute de mon clavier qui ne suit pas le rythme de ma pensée, ce qui me rend souvent dyslexique. Ensuite, l'ortho me donne souvent le tournis. J'aurais besoin d'un antidote.
- Un antidote ? Même moi, j'ai le programme basique qui permet de les éviter.
- Tu parles d'un programme basique qui nettoie plus blanc que blanc comme Coluche mais tellement blanc que cela en deviendrait transparent. J'ai besoin d'un véritable antidote et pas d'un ersatz frelaté en poudre de perlimpinpin qui gratuit ne cure que l'ortho des mots essentiels. Le bien-nommé logiciel "Antidote", je l'ai vu à l'œuvre, paraissait apporté bien plus de remède à tous nos maux de la grammaire au style, du lexique à la syntaxe et cela par l'intermédiaire de onze guides.
- Onze guides ?
- Onze guides, oui. 14.000 cas sont traités, 40.000 locutions, 100.000 antonymes, la conjugaison de 9000 conjugaisons... Je ne te parle pas du détail. Tu te rends compte de la difficulté du français. Il n'est d'ailleurs pas le seul logiciel informatique.
- Sauf le respect que je te dois, il m'arrive de penser que tu restes encore conditionné par ton expérience professionnelle, d'où tes nombreux termes anglais dans les thèmes que tu abordes.
- Un moteur informatique sous le capot me rappellerait mon passé, en effet et pourrait même me réconcilier avec toi, la Lettre et moi, le Chiffre. Quarante piges d'informatique pendant lesquels j'ai jouté avec les chiffres en passant d'un truc à bits à un bidule à octets pour arriver à un bazar à "mots" quand ce n'est pas en "double-words" pour le faire digérer à mon équipe. Cette putain d'échelle numérique a souvent vacillé sur mes bases. Si cela n'avait pas laissé de traces, c'est que tu n'as rien pigé. Ne te fais pas de bille, les changements, je connais cette chanson à plusieurs couplets même si on s'y adapte avec un peu d'expérience quand l'argent appelle l'argent.
- Personnellement, à part les quelques années passées au travail où finalement on me laissait faire ce que je voulais parce que cela profitait directement à mes chefs (oh, les cons !) qui choppaient pour eux toutes les études que je rédigeais, je n'ai jamais été l'employé de personne. Si quelqu'un à l'époque me disait : vous ferez ce que je vous dis parce que je suis votre supérieur, je répondais invariablement : vous n'êtes pas mon supérieur, vous exercez des fonctions supérieures, Monsieur !
- C'était le pied, quoi. Pantouflard ? C'est tof de se chatouiller le bout des orteils. J'aurais eu besoin d'un magicien comme toi en réponse à mes clients-utilisateurs. Je ne suis pas sûr d'avoir gardé de vieux os, dans ces conditions. Tu n'a aucune notion de l'efficacité demandée qui primait sur tout le reste. Tout acte devait être pensé, calculé, "Profits et Pertes". Un travail obsessionnel à faire péter la coquille de l'œuf de Colomb pour sortir des principes dogmatiques. Dans le privé, les bonnes idées, c'est comme les cadeaux, cela ne tombe pas du camion.
Et tu aimais ça ?
Oui, quand même un peu, sinon j'aurais changé de crèmerie. La stimulation intellectuelle qu’on en tirait, l’emportait par l'envie de détruire ce qui pouvait avoir un caractère barbant parce que trop répétitif.
- Je ne calcule pas mais je vis en fonction de mon cœur le choc de culture avec une autre manière de l'envisager.
- Ouais. Je connais ce refrain. La pompe à vélo du cœur que la raison tenterait de comprendre avec de la matière grise. Le cerveau a ses raisons que le cœur ne connait pas et vice versa.
- Parlons ici de choc de personnalité.
- En effet. La poésie et les romances au fond des tasses de thé à diluer dans un sucre fondant sous la bouche.
- Le fond et la forme, l'un ne va pas sans l'autre.
- A fond la forme, quoi ? Je connais la pub. Tu as raison. D'accord, sur le principe théorique, mais pas en pratique. La forme, c'est comme la carrosserie pour éviter les bruits de fond du moteur. Nous sommes à l'ère de l'image bien plus que celle du texte. Si j'avais un tallent de dessinateur, peut-être aurais-je choisi cet autre média que l'écriture.
- Là, c'est d'accord, l'image empêche de réfléchir plus loin.
- Cela n'a rien à voir avec le fait d'empêcher de réfléchir plus loin. L'image exprime une démonstration de manière plus claire. L'image au moment du clic, c'est la réalité d'un espace-temps, d'un "snapshot" comme dirait les anglophones. Je suis presque sûr que tu ne regardes pas les photos et les vidéos numériques que j'insère dans mes articles.
- Non, puisque je lis très attentivement tes articles lorsqu'il faut corriger. Après cela, je ne fais plus rien et ne relis rien, sauf si je ressens le besoin d'en rajouter, c'est rare.
- Donc, tu ne regardes pas mes belles images suggestives et bien réelles que j'y ajoute ?
- Tu as raison : les photos ne me concernent pas. Elles peuvent se chipoter tant qu'il faut ou servir une thèse prédéterminée ailleurs. Trop vieux pour changer. Pense à la photo du petit syrien noyé par exemple.
- Ton exemple est parfait. Plus besoin de maquiller l'image puisqu'elle était suffisamment brutale telle qu'elle. Le numérique permet de maquiller l'image encore plus qu'avant. Cela n'empêche pas que l'image désosse le texte pour faire passer une idée alors que le texte reste prisonnier de ses mots et de sa langue.
- L'image est une des meilleures possibilités de manipulation qui soit puisqu'elle s'adresse directement au subconscient !
- Le texte ne s'adresserait-il qu'au conscient ? Ça, c'est nouveau. Le problème est ailleurs. Les gens n'ont plus le temps de lire. Trop de livres et d'articles tentent de s'insérer entre le "boulot, métro, dodo". Alors il faut rationaliser et réduire les impulsions au maximum dans un flash.
- Qui dit que le texte ne s'adresse pas au subconscient ? Que les gens préfèrent bouffer de l'image ne m'intéresse pas.
- Il faut avoir la concision du "choc des mots et des images" comme dit la pub de Paris Match. Le blabla ne touche qu'au conscient tandis que les séquences chocs s'adressent au subconscient. Mais je sais que je vais à contre-courant de tes idées.
- Exact.
- Je rappelle, je ne suis ni journaliste, ni littéraire, ni écrivain. J'écris pour le plaisir d'exprimer des idées et pour les partager avec qui veut. Pour cela, tous les médias, sont bons pour les mettre en relief.
- Un texte travaillé doit être parfait aux yeux de son auteur et parfait au point de vue orthographique qui est la seule règle commune.
- Règle commune ? Là, tu touches un point sensible du rigorisme identitaire qui se manifeste aujourd'hui dans les nationalismes.
- Personne n'est titulaire du bon bout de la lorgnette.
- Exactement. Je me fous comme toi, de ce que les gens bouffent puisque je suis le premier consommateur de ce que j'écris. Je m'en amuse bien avant les autres consommateurs.
- Je doute, donc, je suis disait Descartes en réponse à Pascal ou l'inverse. L'autre, c'était : je pense donc je suis.
- Toutes deux de très jolies pensées.
- Tu perfectionnes sans cesse les textes du blog, moi celui de mon livre. J'arrive au bout, il faut savoir mettre une fin même si cela a pris beaucoup de temps.
- Ça, c'est une bonne nouvelle. Je désespérais. J'attendais avec impatience de lire la version finale. Mais contrairement à un livre qui une fois publié n'est plus modifiable, mes billets sont toujours adaptables et remis à jour bien après.
- Quoi que tu penses, un texte est d'abord littéraire et c'est pourquoi je n'aime pas - à quelques exceptions près - Philippe Roth, Steinbeck, Henry Miller - les écrivains américains qui, dans tous les cas aujourd'hui, sont cinquante à écrire un bouquin qui sort sous le nom d'un seul. Je pense que c'est du commerce et du marketing, pas de la littérature.
- Les écrivains américains ont une technique particulière très pragmatique de conter une histoire. Le suspense n'est jamais loin. Quant aux livres, je dirais "Dis-moi ce que tu lis, je te dirai ce dont tu rêves".
- Ce n'est pas parce que tu as une recette qui t'est propre qu'elle doit être universellement admise. A chacun son espace et sa manière de voir. Les critiques m'aident à faire ce que je désire et à me remettre en question. Dis-moi ce que tu lis et je saurai si tu es éclectique ou enfermé dans tes certitudes.
- Si on veut avoir un tant soit peu d'originalité à l'écriture, il faut de même accepter l'originalité à la lecture et ne pas rester cloisonné dans des types prédéfinis. La même popote tous les jours aux repas m'indisposerait. Touche-à-tout sans question de recettes universelle ni pour lire ni pour écrire. Ecrire, c'est un sport de combat avec soi-même à se créer des électrochocs en attente d'une réplique de son propre subconscient qui perd ses repères habituels.
- Le fond, c'est la personne sinon on nie la différence. Quant à l'orthographe, cela ajoute de la consistance du fond.
- L'orthographe, de la consistance ? Pour qui ? Pour des francophones uniquement. Parlons-en de l'orthographe. Avec tout son respect posthume, l'écrivain américain Ambrose Bierce en disait "L'orthographe est la science qui épelle avec l’œil à la place de l'oreille. Défendue avec plus de chaleur que de lumière par quelques échappés d'asile".
- L'orthographe a des règles.
- Les règles de l'orthographe n'existent que par ses exceptions. Surtout quand on dénigre tout ce qui en anglais. Désolé mais tu vas en recevoir du "franglish" ou du "globish" dans quelques réponses qui sortent de mes souvenirs, sans même que je m'en rende compte. Pas de doute, pour moi, le contenu d'un texte a toujours été plus fringant que le contenant. Cela ne fait pas un pli quand je dis cela.
- Je répète : le contenant donne l'image au contenu.
- Une image ? Et tu viens de dire que tu n'aimes pas les images. Une journaliste disait dans un article que la "communication cherche du contenu" pour ne pas paraître vide de sens et que la forme de l'information ne remplaceront jamais le fond. Pour elle, il y avait la matière de l'information et l'énergie pour l'exprimer. Elle ne parlait pas d'orthographe.
- Ta journaliste n'en a pas parlé parce que l'orthographe n'était pas un problème pour elle.
- Peut-être. A l'écrit s'ajoute la forme orale. Raconte une histoire passionnante vocalement avec l'expression qu'il faut lui adopter et tu auras encore plus d'auditeurs que de lecteurs d'une info écrite. Ce n'est pas pour rien qu'il y a quelques sites sur Internet qui convertissent automatiquement leurs textes en paroles et que des bouquins sont aujourd'hui parlés et gravés sur DVD avec une musique de fond et une belle voix d'un orateur connu pour le raconter. L'orthographe dans ce cas est passé à la trappe.
- Ne mélange pas tes pinceaux. Mets leurs un bémol.
- Un bémol pour les homophones, Bonne idée. Ces mots se prononcent de la même façon ayant un sens, une origine et une orthographe différentes.
Mélanger le fond du travail par de l'inspiration, de l'imagination et qui sait, de la provocation et de l'humour, est-ce que je peux ? Pour le lecteur, face à un texte lu ou écouté, c'est avoir une envie de connaître la suite à un chapitre et arrivé à la fin du dernier, être triste de l'avoir atteint. Quels sont les lecteurs qui vont chercher les seules fautes de syntaxe puisqu'ils survolent les textes par le suspense ?
- Tu as des exemples ?
- Pas tout de suite, mais je peux dire ce que je ne lirais pas.
Prenons le Prix Goncourt qui a été attribué à Mathias Enard pour son livre "Boussole". Il raconte l'histoire d'une insomnie d'un jeune musicologue viennois hanté par ses souvenirs d'Orient.
La critique en disait : "Livre difficile mais somptueux pour qui accepte de perdre pied dans un monde révolu. L'auteur, un Ulysse moderne, donne un hommage à toutes les formes de métissages et d'alliance". Belle mise en bouche ?
- Tu l'as lu ou seulement traversé en diagonale ?
- Ni l'un ni l'autre. J'ai jeté un coup d’œil rapide. C'est rébarbatif. Ici, c'est difficile par le fond, mais aussi pour sa forme monolithique. J'hésite à dire si cela s'apparente à du lait concentré pour la forme ou du laid condensé pour le fond. Un livre écrit d'un bloc, sans aération dans le texte, presque sans dialogues, cela me fait peur de l'aborder. Les commentaires des lecteurs apportent un reflet assez exact du livre. "Un livre d'une pédanterie incroyable, à lire sans aucun plaisir". Alors si tu crois que j'ai envie d'avaler de la pédanterie, tu rigoles. Tout le contraire du prix Renaudot "D'après une histoire vraie" de Delphine de Vigan, est-il ajouté.
- Comment choisis-tu tes livres ?
- Au hasard d'une rencontre avec une couverture. La lecture du préambule, suivie par une diagonale pour m'imprégner de l'idée générale puis un saut à la conclusion quand il y en a pour en découvrir la finalité qui devrait correspondre et qui m'intéresserait par son originalité.
- Et c'est tout ?
- Non, je pousse plus avant dans le détail page par page quand je reste surpris. En fait, je les achète plutôt au kilo. Les livres courts, je les consomme sur place car je ne peux combler ma bibliothèque par des livres que je ne mettrai qu'une heure ou deux pour être lu. Il faut économiser le papier qu'on m'a dit.
- Et c'est tout ?
- Tu ne voudrais pas que je surveille l'orthographe pour pinailler ? Tout de même. Ce ne sont plus des bouquins de techniques dans lesquels il fallait vérifier le bien-fondé.
- Qu'est-ce que les bouquins techniques t'ont appris ?
- Ils m'ont appris à utiliser tous les médias, images, graphiques pour appâter le lecteur et pour résumer les pages de textes d'un coup d’œil. Les caricatures que j'insère dans mes billets en témoignent, dans le même esprit, aujourd'hui. Tu n'es pas sans avoir remarqué que j'ajoute toujours une chanson ou un film en fin de mes billets.
- Bien sûr que je l'ai remarqué... C'est comme une marque de fabrique.
- Le média du son ajoute une autre touche impossible à insérer dans un livre papier. Trouver parmi les médias ce qui correspond le mieux à un texte, c'est aussi un exercice de recherche, tout aussi intéressant.
- Nous ne sommes pas fait sous le même moule.
- Bien d'accord. Mais, aujourd'hui, il faut utiliser les outils les plus performants et pas se restreindre à ceux de hier pour être apprécié et faire passer un message. Quand n'importe quel système se veut trop formater voire totalitaire, il faut parfois jouer des coudes comme rebelles ou comme iconoclastes sans être nihiliste mais en conservant ce qui est beau. Même Einstein faisait des erreurs de grammaires et des fautes d'orthographes. Ne me fais pas dire que ses formules mathématiques étaient plus compréhensibles si son orthographe avait été brillante. L'écrivain français, Alain Schifres ajoutait “L'orthographe est le cricket des Français. Le cricket et l'orthographe ont en commun d'être incompréhensibles aux étrangers, sans parler des indigènes.”.
- Belle citation. Il faut choisir les mots au plus juste et augmenter son vocabulaire.
- Absolument. Quand un mot n'est pas dans le langage courant, au besoin le clarifier en donnant un lien vers Internet.
Le sens des mots est très important pour caractériser le fond. Je me souviens du mot "intriquer" que tu avais changé erronément par "imbriquer" puisqu'il s'agissait de l'homme quantique et que dans le monde quantique on parle d'intrication. Le sens des mots et le fond d'un texte, même combat. Enfin presque.
- Pas de commentaire. Parlons de cet article "Les cinquante bougies pour le Jardin extraordinaire" puisque c'est de lui qu'est né notre conversation.
- J'ai regardé l'émission à la télé, je l'ai enregistré et pris des notes au vol en même temps que je me suis torturé l'esprit pour ne pas rester sur ce que tout le monde en disait. Un billet, un peu bonobo, prolo à ses heures en est pourtant sorti.
- Moi aussi, en partie seulement et j'ai pensé à toi. J'ai préféré le foot en me disant que, finalement, mon club était à peu près du même niveau. Le match d'hier fut terrible, le public déchaîné et le scénario idéal puisqu'on bat le second à deux minutes de la fin et on reste en course pour le titre. Je n'aime le foot qu'avec de l'enthousiasme derrière. J'adore. Heureusement que j'ai ça, sinon je ne sortirais jamais.
- Tu ne m'en voudras pas trop si je te dis que je n'ai jamais rien compris dans les règles du foot. Une balle qui valse en dehors du terrain, ce n'est pas un hors-jeu. Une balle qui est parfaitement dans le centre près du goal et c'est du hors-jeu. J'aime les sports plus individualistes. Seuls ou à deux. Quand je parviens à avoir une balle dans les pieds, je la garde et je ne l'envoie pas dans les pieds de quelqu'un d'autre pour qu'il fasse le point. Désolé pour ma prise de risques vis-à-vis de toi.
- Je devrais joindre une vidéo de Julio Iglesias pour illustrer nos propégard : on égard: z'ai pas changé... Plus une photo de Bob Marley avec un pétard à la gueule.
(La musique sort d'un haut-parleur).
- Bob Marley, pourquoi pas ? Mais quand, comme lui, on découvre trois tumeurs au cerveau, une aux poumons et une à l'estomac, ce n'est pas la gloire qui le sauvera. Toujours apprécié par les jeunes et les vieux qui, candides, croient l'être resté. Pour moi, c'est plutôt la conviction par l'humour comme conception de vie personnelle.
- Candide, c'est moi. Attention à la conviction.
- D'accord, la conviction serait une victoire de con. Ce n'est pas le meilleur mot que j'ai choisi. Revenons à cet anniversaire et à cet anniversaire du Jardin extraordinaire que tu disais "alambiqué". A y réfléchir, t'as peut-être bien raison. Il y a du subliminal à parler des animaux et de la nature. Ils ne sont jamais à la fête ceux-là. J'aurais dû me limiter dans le côté cour du jardin. Mon correcteur orthographique corrige les fautes de frappes mais les mots ne se parlent pas entre eux pour faire attention à la syntaxe. Les mots jouent en "stand alone", chacun d'eux vaquent avec leurs habitudes, sans regarder s'il y a du brouillard sur la ligne entre eux. Mes fautes d'orthographes n'ont pas généré un hurlement ni dans les chaumières ni dans les commentaires. "Stand alone"... Merde, encore un mot anglais.
- L'anglais, toujours l'anglais. T'as que cela à la bouche ?
- Si tous les Anglophones pouvaient prononcer l'anglais comme ils l'écrivent, ce ne serait pas une langue à coucher dehors... Le vocabulaire est important. Si tu consultes un dictionnaire Harraps, tu verras que son épaisseur n'est pas bien différente de celui du Larousse. L'anglais n'est pas une langue minimaliste mais elle ne se préoccupe pas ni des formalités ni du formalisme. La langue de Shakespeare est par là, un peu pragmatique et, par-là, moins diplomatique. En place d'hésiter entre "tu" et "vous", on dit "you" en mettant tout le monde sur un pied d'égalité sans discrimination.
- La langue française est belle. Tout simplement.
- Bien d'accord. Mais tu ne vas pas me dire que la langue de Molière n'a pas quelques conneries dans sa besace du côté syntaxe et orthographe ? C'est un véritable cauchemar pour n'importe quel étranger à qui on imposerait d'écrire en français.
- Tu en feras, je suis sûr, une montagne pour accoucher d'une souris.
- Une montagne de précieuses ridicules d'après Molière qui était loin d'être dupe des joyeusetés ampoulées de son époque. T'as déjà bien regardé les conjugaisons ? Le subjonctif au présent, à l'imparfait, au "plus que parfait" ? Le "surfait", tu les mets où ? Dans le musée des désuets empaillés à l'époque où on surfe même sans planche ?
- Le surfait ? Je ne te suis pas.
- Pas grave. Si tu ne le sais pas, les Smartphones ont fait perdre jusqu'à la notion de ce qu'est une langue.
Une affiche de la pub disait "Surfez moins cher, c'est quand même pour poster des commentaires pleins de fôtes" avec une orthographe qui manquait un peu d'exactitude. Serait-on à côté de la plaque quelque part ? Je sais, cela vaut tripette mais pour faire la fine bouche, tu repasseras... Faut-il défendre une langue ou les dialectes? L'orthographe n'est-elle pas devenue un combat d'arrière-garde ?
- Arrière-garde ou non, c'est la langue française qu'il faut défendre, bien sûr.
- Je suis francophile et pas franco-fossile. C'est ça la différence. Je ne prends pas les vessies passéistes de l'actualité pour les lanternes de demain. Plus il y a de locuteurs français, mieux je me porte. Mais soyons pluraliste en diversifiant les échanges. Pour qu'une langue puisse subsister dans le temps, il faut lui accorder de la souplesse à lâcher du lest et à trouver les arguments convaincants pour être défendue. Soutenir la langue, c'est par son usage, sinon c'est la croix et la bannière. Je ne déclare pas forfait mais je suis conscient des changements de mentalités. Sinon, c'est un combat perdu d'avance car dans la syntaxe du français, il faut bien l'avouer, sa logique est, disons, "assez disproportionné" si pas incompréhensible.
- Mais non : c'est le programme électronique qui est inverse à la logique.
- Oui, la logique c'est un peu un "jeu de l'imitation" comme disait le film qui relatait une partie de la vie de Alan Turing, lui qui inventa la machine pour décrypter les messages allemands pendant la dernière guerre. Rien n'est indéchiffrable, mais il faut percer quelques murailles de la logique pour y arriver. "Parfois c'est justement ceux à qui on ne pense jamais qui font les choses auxquelles personne n'aurait jamais pensé", est-il dit.
- Une machine avec des chiffres.
- Oui... et avec des lettres qui n'ont plus de liens avec les mots. Utiliser la logique, c'est le maître mot.
- Veux-tu un exemple d'illogisme au sujet du programme électronique ?
- Oui. Vas-y, accouche de l'énormité illogique du programme.
- Je veux changer mon mot de passe sur le nouvel Outlook. Il y a 50 infos différentes mais pas : "changer le mot de passe". Gonflé, non ?
- Gonflé ? Es-tu sûr que t'as cherché au bon endroit ? Que t'as choisi le bon software de emails pardon "de logiciel courriel" qui te donnera satisfaction ? Que tes spams, pardon que "tes pourriels" quand tu t'y attends le moins, seront éliminés ? "Sur Internet, on ne sait pas ce qu'on cherche, mais on trouve tout ce qu'on ne cherche pas", disait Anne Roumanoff. Sans en faire un sacrificiel, ces emails ne disent pas ce qu'ils font en sous-mains. Dis-toi que ce qui est gratuit, cache toujours quelque chose pour se faire payer autrement.
- C'est ça ce que cache le numérique ? Des voleurs ?
- Parfois, oui, désolé. Tu ne t'es jamais posé la question de savoir pourquoi les communications sont lentes ?
- Tu m'as appris que c'était la bande passante qui était surchargée.
- Pas seulement. Ce n'est pas les machines qui sont trop lentes, non plus. Ce sont tous les programmes qui fricotent en arrière-plan à bouffer ton temps d'accès après avoir été fliqué. Un Américain m'avait dit un jour dans sa langue "Même si tu doubles ou triples la vitesse de ta bécane, les choses te sembleront aller à la même vitesse". Il avait raison.
- Des Américains ne m'en parle pas.
- Ok, Revenons à la syntaxe du français, les participes passés ont le pompon dans les nuances vert-de-gris.
- Pas du tout, les participes passés sont très logiques. "Être" s'accorde avec le sujet, "avoir" avec le complément direct s'il précède. "Ils ont aimé et les choses qu'ils ont aimées". C'est simple comme bonjour !
- Tellement simple ? Cela passe par dix chausse-trappes d'exceptions en copinage avec les auxiliaires "être" et "avoir" ou sans auxiliaire, devant ou derrière l'infinitif, avec un verbe pronominal ou impersonnel. T'appelle ça simple ? Faudra un ordi analogique pour en comprendre les raisons. Non, tu laisses la simplicité au vestiaire parmi les vêtements poussiéreux.
- Grevisse est là pour te l'expliquer dans le détail.
- Grevisse ? Il n'a même pas connu Internet et son évolution... Là, tu charries graves.
(La vidéo des dix fautes classiques vient à l'écran:
(La musique sort d'un haut-parleur )
Pour les nuls comme moi, les exceptions qui confirment les règles se mélangent les pinceaux parmi les tops de l'illogisme. En anglais, les pluriels sont prononcés. En français, dans une conversation, le pluriel est aux oubliettes. Quant aux bijoux sur tes genoux dans les cailloux, cela frise l'indécence...Cela me rappelle une histoire.
Dans le Thalys qui descend vers la France trois personnes se partagent un compartiment sans se parler.
- Où allez-vous ?, demande le belge
- Je vais à Paris, avec deux "s", répond le premier, avec le col de cravate prêt à éclater. - Moi, je vais à Bordeaux, avec deux "x" et vous ? surenchérit le second. Après réflexion, le Belge répond cul sec.
- Ben, moi je ne vais pas en Syrie, mais seulement à Macon avec deux "con".
- Bonne blague. J'admets. Mes tes pluriels, tu les oublies.
- Ce putain de pluriel, je l'oublie ou je l'ajoute quand il ne le faut pas pour en faire un compte rond. Quand j'écris "mon épouses" avec un "s", ce n'est pas parce que j'ai un harem, mais parce que je garde l'idée que Mieke me dit en permanence qu'elle fait le travail de plusieurs femmes. Quant à l'hermaphrodisme du mot "amour" au singulier, masculin et au pluriel, féminin, je me demande si personne n'a pensé à le rendre neutre, tiens comme en flamand ?
(Musique qui sort du haut-parleur:
- Tes accents manquent aussi.
- En français, on batifole dans les nuances avec accent aigu ou graves, "événement" ou "évènement", ce ne serait pas kif-kif en fonction de son entourage. Alors que l'anglais, je rappelle, n'a pas d'accents si ce n'est toniques. Se demander pourquoi, c'est avaler des couleuvres par le nez.
- Les virgules sont pour toi, un autre péché mignon ?
- La ponctuation, à quoi sert-elle ? Elle est surtout là pour accorder une pause pour permettre de souffler à l'orateur et pas pour torturer comme Monsieur Jourdain dans le "Bourgeois Gentilhomme" pour trouver la bonne formule dans la phrase "Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour". En y mettant des virgules à la mauvaise place, on mettrait Paris en bouteille. Non vraiment, le français est tellement simple que les flamands n'aiment plus l'apprendre et préfèrent apprendre l'anglais....!!!.
- Rien à voir !.
- Et la somme des bizarreries du français ? Qu'en dis-tu ? Circulez, il n'y a rien à voir ?
- Au lieu de te polariser sur les bizarreries, tu devrais voir où est la logique des choses simples. Tu es rébarbatif au phrasé comme je le suis au langage binaire.
- Être rébarbatif aux choses simples, moi ? Alors que toi, tu est allergique au langage binaire et à l'anglais en même temps. Autour des bits 0 et le 1, c'est en anglais, désolé de te l'apprendre. Tu vas en avoir une indigestion. Faudra que tu prennes de l'Alkacelser ou une fameuse dose d'antihistaminique.
- Vas pour l'indigestion.
- Les Français ont été obligés par la loi Toubon de traduire les mots anglais dans les logiciels. Il mérite bien son nom comme "tout bon". On ne comprenait plus rien aux logiciels si on les choisissait la version française. Les expressions "idiomatiques" ou carrément "idiotes" si pas absurdes, détournées de leur sens commun existent dans toutes les langues. En français mais certaines sont plus difficiles à digérer par son côté absurde. Entre "Se mettre au diapason" ou "to get in tune", il faut choisir. Même quand "it's raining cats and dogs" et qu'"il pleut des cordes" en même temps.
- Où est le rapport ? Écris-tu en anglais ?
- Bien sûr. Je l'ai fait pendant plus que 30 ans. Parlé et écrit. Mais j'ai tourné cette page pour me risquer en français. Quant à l’espéranto, tu devrais comprendre sa formation pour le "fun", c'est pas mal foutu. J'ai appris sa structure et sa grammaire.
- Écris-tu en espéranto ?
- Non. J'en ai appris la syntaxe. Langue artificielle, d'accord, mais diablement bien foutue. Au moins, il y a une logique de construction et quelques règles qui s'apprennent très vite sans exceptions notables. Je n'ai jamais pu l'utiliser dans la pratique puisqu'en Belgique, c'est l'anglais qui joue ce rôle d'intégrateur de langues. - Mais ce n'est pas un langage universel.
- Si. Son inventeur, Dr. Zamenhof, a voulu intégrer plusieurs langues indo-européennes. Il a voulu ainsi créer une langue internationale comme pont entre les cultures sans être une langue officielle d'un Etat. Et c'est vrai, elle ne nécessite un court apprentissage pour couvrir une grammaire de seize principes. Dans le monde, 120 pays ont des locuteurs en espéranto.
- Tu n'aimes que les facilités.
- J'ai toujours recherché les facilités et les automatismes et pas les difficultés pour se tordre les méninges dans la forme. Les fonds sont déjà suffisamment difficiles à gérer sans la forme.
- Lu chez un correcteur : "l'orthographe déficiente est la preuve ultime qu'un écrit n'a pas été assez relu".
- Encore un illuminé qui croit que l'on ne relit pas des dizaines de fois un texte rien que pour contrôler son contenu en oubliant son enjoliveur de contenant.
- Ce n'est pas en disant que pour moi, le PC est ... que je dis quelque chose d'objectif. En revanche, dire que l'orthographe n'a pas d'importance est subjectif et hors de propos, car il s'agit d'une vérité universelle.
- Pour toi, un PC, c'est une machine à écrire. Mais, c'est tellement plus. Le portable n'est pas plus un appareil pour téléphoner, c'est aussi pour écouter du son, voir des images et du cinéma. Il faut vivre avec son temps, cher Fernand.
- Ici, on roule à droite et personne n'a à dire : oui mais ce serait plus logique de rouler à gauche, vous êtes tous cons de ne pas faire comme moi.
- Et tu ne roules jamais au milieu sans dépasser la ligne blanche ? Il n'y a rien d'objectif, non plus. Les vérités universelles n'ont rien d'immuables.
- Décidément, tu ne veux pas comprendre...
- Mais si, mais plus je comprends, plus je fais des fautes d'orthographes à chercher la meilleure formule pour t'apporter des phrases de fond qui tiennent la route. Cette cédille aurait-elle, pour moi, un effet papillon dans le fond de la phrase ou de l'histoire ?
- Dans le fond de l'histoire.
- Avec une logique, la plus amène pour plaire à celui qui ne le parle pas et voudrait pourtant l'apprendre, c'est cela qui est important pour créer de nouveaux locuteurs et qu'ainsi une langue ne meure pas. Sans cela, j'en doute.
La langue française a une culture qui l'accompagne.
Les langues sont des outils de communication qui utilisent la culture comme musique de fond et l'orthographe n'est qu'une technique contraignante de la pratiquer comme la portée des notes de musique. Les sons eux, n'en ont rien à cirer. Ils existent même sans la portée. Il n'est pas besoin de connaître le solfège pour gratter sur une guitare.
- Tu écris en français, adapte-toi au français et ne réponds pas qu'il y a d'autres langues plus ceci ou moins cela... Chacun tire d'un PC ce qu'il veut. Mais l'orthographe a des règles !!!!
- Et chacun tire d'une langue ce qu'il veut en fonction de son usage réel sur le terrain et pas de son usage potentiel. Comme en tout, une langue, un PC doit être utilisé en permanence sinon l'oubli s'installe très vite. Comme tu dis, il faut avoir des contacts en observant quelques règles pour être compris. Tu confirmes qu'une langue est un moyen de communication pour obtenir des contacts. Une seule langue, toute belle soit-elle, ne suffit plus.
- Quant aux langues, j'en parle plus que toi mais ne l'ai jamais mis en avant parce que je n'y vois qu'un moyen de communication qui permet d'avoir des contacts. De par mes séjours dans le monde, j'ai constaté qu'il n'y a que les anglophones pour se croire supérieurs aux autres au point de ne même pas comprendre l'éventualité que ces derniers ne parlent pas sa langue.
- La langue, un moyen de communication pour avoir des contacts ? Pourquoi pas communiquer par signes. Pas de fautes d'orthographe, alors. Communiquer se fait de tellement de manières. Je préfère de loin baragouiner plusieurs langues que de m'incruster dans une seule à en devenir expert linguiste.
- Puisque l'anglais est souvent la langue de transit, choisirais-tu l'anglais ?
- Cela dépend des situations. Mon anglais est usuel et correspond à la fonction que j'occupais. Que l'on appelle cela "globish" m’indiffère si je comprends et si je suis compris.
- Donc c'est en français que tu préfères communiquer.
- Bien entendu, c'est ma langue maternelle. Au peut être amoureux d'une langue, de ses mots sans apprécier son orthographe. Au siècle de Voltaire, le français était considéré comme la langue de la diplomatie, parlée en Europe de la France à la Russie et à la Turquie. Le problème c'est qu'elle n'a pas saisi l'opportunité du changement qui s'agençait dans le commerce et l'économie très pragmatiques. Elle s'est fait distancer. La langue anglaise a gagné une bataille par cette voie. Ne lui laissons pas gagner la guerre par notre rigidité. Aux dernières nouvelles, les Belges sont, descendus au 17ème rangs parmi les bons locuteurs de la langue anglaise après avoir été au 9ème rang. Ce n'est pas nécessairement une bonne nouvelle malgré ton aversion.
- C'est de la subjectivité. J'ai horreur de ce genre de cons anglais. Non pas parce qu'ils sont cons, mais que j'estime qu'ils sont peu respectueux de l'autre. Les Américains, c'est encore pire.
- Les Américains ont compris que pour régner sur le monde par leur marotte du commerce, il fallait propager leur langue sur tous les médias disponibles, réels ou virtuels jusqu'à étouffer les autres. Ne laissons pas gagner la guerre par nos absolutismes intégristes.
- Personne ne m'est supérieur, personne ne m'est inférieur. Ce n'est pas parce que tu es con que tu m'es inférieur. La grosse différence entre toi et moi, c'est que tu apprécies la force et moi la faiblesse.
- Alors, "résiste", mais accepte de frapper du marteau sans colère sur la bonne enclume en comprenant d'où on vient et où on va. Que la force soit avec toi puisque "Star Wars" réapparaît sur nos écrans pour la promotion de "Réveil de la force". Puisque tu apprécies la faiblesse, je saute sur l'occasion pour te demander de l'indulgence sans compassion pour mon orthographe et pense à te remettre sur la voie de la modernité de ton côté. Je promets que les erreurs que tu me signales, je ferai toujours amende honorable en les corrigeant sans honte et finir par dire un "merci" franc et direct en appréciant son travail dans un esprit d'équipe.
- C'est idiot dans le cas de l'orthographe. Il n'y a pas d'apprentis sorciers.
Nous traînons trop souvent des boulets attachés à nos basques sans nous en rendre compte.
- Plusieurs, c'est vrai.
- Et qu'en reste-t-il? La culture c'est ce qui reste quand on a tout oublié, c'est à dire de l'usage qu'on en fait. Tout devient de plus en plus complexe pour les jeunes. C'est pour cela que l'intégrisme, la radicalité et la pureté, laissons cela aux plus tordus de l'EI qui veulent revenir à l'origine du temps.
(La musique de "Complexity" de "Eagles Of Death Metal" sort d'un haut-parleur.)
Le numérique a pris les commandes. Le retour au futur analogique, cela se gagne ou se perd en fonction de la simplicité et du plaisir qu'on y trouve.
- Tu fais des amalgames douteux avec les terroristes.
- Je sais. Eux apprennent tout par cœur. Ils ne peuvent ni critiquer ni oser chercher pourquoi le soleil luit ou pourquoi il pleut. De la controverse naît l'électricité et de celle-ci jaillit la lumière.
- Tu as récrit être opportuniste.
- Oui. Opportuniste, pas avec le sens péjoratif du mot mais pour sauter sur tout ce qui peut m'intéresser en pluraliste de fonds, des formes et pas d'une seule forme. Par réaction en chaîne, peut-être, y aura-t-il d'autres, intéressés dans les mêmes sujets.
- Et une bonne orthographe va t'y aider.
- Quand il s'agit de se vendre en séparant le bon grain de l'ivraie, je demanderai toujours de contrôler à un spécialiste "syntaxiquement" et "conceptuellement" pour rester conforme aux normes établies. Mais, sur Internet, cela compte souvent pour du beurre. Les lecteurs pour la plupart, s'en foutent royalement. J'aime les défis, mais je ne suis pas masochiste, à aimer la difficulté pour la difficulté. Oui, j'ai tort, et alors? L'autodérision est la sagesse des gens conscients de leurs erreurs. Dès lors, la susceptibilité de l’huître qui se referme dès qu'on la touche, je ne connais pas. Ce sont les idées qui comptent et pas les règles immuables pour les exprimer.
(Mieke revient).
- Tout évolue, Fernand. Je le vois tous les jours quand je fais mes courses.
- Oui et tout s'en va, Mieke. Une manière de voir cette évolution quand on en a peur. Même chose avec la langue de Molière. Les langues sont dépendantes de leurs utilisateurs et pas des linguistes cachés derrière leurs comptoirs de réflexions. Je demande de la souplesse, c'est tout. En 1990, les linguistes ont commencé par les accents circonflexes, mais il y a tellement de choses à faire. Comprends-tu ?
- Et bien moi pas puisque je suis incapable de comprendre et que tu as raison sur tout, envers et contre tout. Salut !
- "Salut" Tires-tu ton épingle du jeu ? Tu n'as jamais eu envie de jouer l'avocat des causes perdues en bravant la bonne conscience. Rebelles, osons remonter les flux de la bien-pensance trop bien accrochée aux habitudes. Aurait-on un choc de compétences entre nous. Faut parfois se lâcher la grappe, Fernand, sans avoir les dents qui rayent le parquet. Tu es un monstre sacré de la lettre et moi du chiffre. Et ça, nul ne peut le changer.
(musique qui sort du haut-parleur:
- "Le choc des compétences". Sous-entendu : je les ai, pas toi. Et tu te parles du mot rebelle et.... et ... tu t'obstines à la dénigrer. Tu veux le dernier mot, tu l'auras... Je fais grève de toute relation.
(La porte claque et Fernand sort de scène. Pol reste seul. Son épouse, surprise, Mieke réapparaît)
- Tu as vraiment mis Fernand en colère..
- Entre nous, je l'avais piégé. Il faut parfois prêcher le faux pour obtenir le vrai. N'est-ce pas normal d'avoir des compétences dans une chose et pas dans une autre ?
- Fernand est aux antipodes avec son côté littéraire.
- Je peux parfaitement le comprendre. Nous n'avons pas les mêmes antécédents. Fonctionnerait-il uniquement avec des lettres sans ajouter de chiffres ? Cela m'étonnerait. J'avais encore tellement de choses à lui dire dans mon propre pré carré sans levée de bouclier. Il fallait seulement remettre des pendules trop rigoristes à l'heure. Quand je lis un texte, je le survole pour bien le comprendre sans y chercher des fautes d'orthographe. Bernard Pivot disait "Un bon livre est un livre qui fait oublier au lecteur qu'il est en train de lire". Lire, c'est en partie vivre le récit ou le billet de l'auteur en décalage pour en comprendre le sens. Cela ne semble pas être le cas pour Fernand.
- Tu devrais retourner à l'école et retrouver ton prof de français pour lui en parler.
- J'aimerais. Lui avait testé le fond des mers pour estimer mes qualités grammaticales et rédactionnelles. Ce sketch serait un peu ma revanche après un demi-siècle. Qu'en dirait-il s'il était encore de ce monde ?
- Tu es passé à d'autres caps, heureusement.
- Il faut passer au-delà de nos différences. Je lui ferais un pied de grue à huis clos, plus tard. On jouera aux Chiffres et aux Lettres, ensemble. Chacun son truc en poils ou à plumes pour se chatouiller les narines sans atteindre le dernier carat à parler pour avoir raison.
- Des carats, je préfère les avoir au doigt sans la paire de manches. Ce que je sais du numérique, c'est que c'est un arbre qui cache la forêt après être passé par le trou de la serrure.
- (Sourire) Ouais. Belle image. Les débuts du numérique se sont passés à l'armée, dans les universités et dans les entreprises. Aujourd'hui, le numérique touche tous les domaines de production, du loisir et de la vie de tous.... La littérature ne peut pas se targuer de passer toutes les frontières. Cela veut dire que même les adversaires les plus farouches du numérique devront prendre le temps de bouquiner pour combler leurs lacunes et éviter de se faire emporter par les nouvelles générations qui, elles, s'y sont plongés dès la naissance comme Obélix dans la potion magique.
- N'y-a-t-il pas des liens entre ce qui est littéraire et numérique et donc des liens entre lui et toi ?
- Si, bien sûr. On parle de langue et de langage. Tous deux permettent la communication. Une langue est un système de signes linguistiques, vocaux, graphiques ou gestuels, doté d'une syntaxe. Un langage informatique est un moyen de communication doté d'une sémantique pour exploiter des informations. La nuance est subtile.
- D'accord, mais dans la pratique ?
- Je lui ai parlé de l'espéranto avec son ego. Quand son inventeur, le Dr Zamenhof, a créé une langue agglutinante où les mots se combinent à partir d'un nombre limité de racines lexicales et d’affixes pour former un vocabulaire riche, précis et extensible. Il y a une correspondance d'idées avec le langage objet informatique qui utilise des fonctionnalités des objets considérés comme des racines non modifiables sur lesquelles sont encapsulés des paramètres pour créer d'autres fonctions.
- Fernand, je me souviens, disait qu'il n'a jamais voulu être chef et qu'il faisait ce qu'il voulait au boulot.
- Oui, cela m'avait beaucoup frappé. Un esprit fonctionnaire, un peu râpé. Sa passion exclusive pour le foot ne m'a pas échappé aussi. Tu te souviens de l'humour incontrôlable de Arnaud Tsamere et de Ben le dimanche 8 novembre ? Il osait dire pour l'anniversaire des 40 ans de Stade2 que le football serait bientôt remplacé par du "troudeball" avec des "troudeballeurs" sur le terrain et des "trouducs" dans les gradins des spectateurs. Un humour au nième degré. Tous en ont ri.
- Oui, c'était à se tordre de rire à voir leur tête.
- Ah, Fernand lui qui s'accroche à des règles de l'orthographe, s'il avait connu les remises en chantier permanente dans le traitement de l'information, il n'aurait pas supporté.
- Que veux-tu dire? Il utilise le numérique, non?
- Fernand a pris ce train-là en marche en apprenant sur le tas. Un professionnel est obligé de se remettre en question en permanence en suivant des cours. Du vrai terrain mouvant, le numérique. Souvent, dès que je sortais du cours d'un nouveau machin, il était déjà obsolète. Je me retrouvais comme une souris qui, pourtant inventive, ne retrouverait plus le bon trou pour s'échapper des griffes du chat. La difficulté en numérique, ce n'est pas la syntaxe. Sa vérification, c'est le rôle du compilateur ou d'un interprétateur. C'est après que venaient les grandes manœuvres pour trouver la bonne sortie du labyrinthe de boucles.
- Tu devais saisir la proie avec l'ombre comprise sans discuter.
- C'est ça. C'était devoir regarder vers la nouveauté ou prendre la porte.
- Mais on n'a pas vendu cela ainsi aux consommateurs.
- Non, c'est par le "Plug and Play" du marketing qui mentait comme un arracheur de dents jusqu'à ce que les carottes étaient cuites dans la casserole des consommateurs entre les légumes avariés. Les informaticiens descendaient dans l'arène pour tremper dans le cambouis. Mais, il fallait sauver les apparences. Couper les cheveux en quatre en arrondissant les angles sans, pour autant, noyer le poisson.
- C'était hier. Tu es à la maison et je connais tes déviances "numériques".
- Aujourd'hui, je prends une revanche, je travaille au doigt et à l’œil sans ruer dans les brancards sans me faire porter pâle.
- Ce numérique est un système miraculeux auquel je ne touche pas.
- Tu as peut-être raison. Enfin, j'espère que tu aies raison. Simple en apparence avec une base dont les règles sont là pour être transgressées et réinventées.
- Tu n'aimais pas les règles ?
- Je privilégiais les règles qui serviraient le plus longtemps. Il fallait un esprit numérique. Danser la Java, Fernand n'a pas connu. Un logiciel beaucoup utilisé aujourd'hui.
- Tu ne parviendras jamais à le convaincre.
- Je n'étais pas là pour le faire ou vanter le numérique mais pour lui expliquer qu'avoir de l'humour et de la persévérance dans le domaine, il en fallait aussi et pas qu'un peu. Maîtriser les nombres et les faire passer en machine, ce n'était pas de la petite bière. S'il en veut plus, il n'a qu'à lire "La gouvernance par les nombres". Il sera plus que servi. La pub d'une banque dit "L'avenir est au contenu". Elle ne parle absolument pas de contenant.
- Je sais, je t'ai vu travailler bien en dehors des heures de services sans pouvoir te déranger.
- Faire parler les chiffres avec des statistiques, c'était le plus comique. On explique tout et son contraire avec elles. Quand les chiffres deviennent des nombres, on commence par des stupidités. Quand les nombres deviennent des montants, cela devient de la pure propagande.
- Fernand n'entre pas dans ce jeu-là. En a-t-il compulsé des statistiques ?
- Peut-être. Il y en a partout. L'idée d'en faire est excellente, mais leur construction l'est un peu moins. Quand elles font partie d'une idéologie, cela peut devenir un jeu de massacre.
- Fernand fait partie d'une autre philosophie idéologique littéraire.
- Avec le respect de la forme, j'ai compris. Mais c'est ce que j'appellerais du "nice to have".
- Depuis dix ans, tu es passé à autre chose.
- Oui. Un passage sans filets et sans bouée de secours. Passer du numérique à l’analogique, comme je l'ai fait, c’est nager entre deux eaux et parfois à contre-courant. Oui, j'écris comme je programmais comme l'avait remarqué un copain. C'est incontestable avec une structure bien établie mais sans rigidité.
- Pourtant, comme il disait, tu as encore beaucoup de beaux restes de cette époque.
- Tu sais on ne se refait pas, c'est comme la grippe, ça s'en va et ça revient en traître. J'espère ne pas être trop contagieux. Tu te souviens de la semaine en nuances vert de gris, tout y était dit au sujet du management à la petite semaine.
Musique "Walk on"..
(Le clip de "Walk on" de U2 passe sur l'écran)
- J'ai eu l'impression que vous jouiez au chat et à la souris dans une lutte avec l'ancien et le nouveau testament sous le bras.
- De la difficulté de l'orthographe française, il n'en est pas fautif. Il a été son bouc émissaire. Si j'ai besoin d'une bible de l'orthographe, lui, ce serait plutôt d'une bible des photos numériques.
S'il savait que si j'avais été perfectionniste avec chacun des langages que j'ai dû utiliser, je serais resté très vite largué ou viré dans une chaise longue. Mais, les priorités ont changé à synchroniser avec l'âge, à rester agile mais en plus fragile.
- Vous avez, tous deux, le même âg.
- Oui, mais pas le même passé. Fernand s'était braqué sans essayer de comprendre l'autre face. Avec un "âge cannonix épanouix", comme dirait Obelix, en étant des "has been" comme diraient les "rosbifs", tout s’encroûte sans progrès. Même James Bond en la personne de Daniel Craig qui a combattu le Chiffre dans Casino Royal, dit que c'est son dernier.
Un extrait du film apparaît sur l'écran :
- Quelle question voudrais-tu lui poser pour mieux le comprendre ?.
- Une question cruciale : Pourquoi il est indifférent aux images qui ont le vent en poupe aujourd'hui alors que l'orthographe prend l'eau de toute part sur les réseaux sociaux ? Le numérique est un paradigme en lui-même. Ce paradigme n'est encore arrivé qu'à l'orée du bois. L'imprimante 3D va encore radicalement changer le futur. L'art et le numérique ont aussi un objectif de modernité en commun. Le dernier festival du Kikk le prouvait. Mais, il n'y a aucun système qui gagne ou qui perd à tous les coups.
Celui qui s'adapte le mieux à son environnement et à son temps, gagne toujours la montre en or en finale.
- Je ne connais pas assez Fernand pour dire s'il s'est adapté.
- Ce qui est sûr, c'est que les nouvelles générations devront veiller au grain pour trouver la meilleure réponse. L'année prochaine, le poème "Liberté" de Paul Eluard deviendra " le nouvel hymne des Enfoirés", mis en musique. La liberté en restant "cool". Tout un programme. En 2015, l’hymne des Enfoirés, « Toute la vie » de Jean-Jacques Goldman avait créé la polémique entre les jeunes et leurs aînés.
Entre un professeur de lettres, têtu et un professeur de numérique qui ne l'est pas moins, rien n'est garanti. L'intégrisme et le purisme commence par des banalités et le purisme de la forme finit toujours par maquiller les vérités du fond.
(C'est alors qu"à l'entrée des coulisses, Fernand réapparaît.)
- T'as pas fini de déconner ? J'ai écouté tout ce que t'as dit dans les coulisses.
- Tiens, de retour ? La grève est finie ? T'as viré ta cuti après avoir posé ton lapin ? C'était une tempête dans un verre d'eau, non ? Je ne t'ai pas coiffé au poteau. Je n'ai essayé de prendre la poudre d'escampette.
- T'utilises toutes les expressions du dictionnaire en série. T'es con ou quoi ?
- Ouais. Con, je suis et reste. J'aime l'autodérision. Si je sors ces expressions, c'est qu'ils sont usés jusqu'à la corde comme des trucs que l'on exprime par habitude sans plus savoir ce qu'ils veulent dire. Rassemblées par Stéphane De Groot dans un livre "Le livre de la jongle" de manière rigolote, si tu veux le savoir. Si tu ne rigoles pas quand tu te brûles, changeons-les, ces expressions typiquement françaises par des "bien de chez nous", des bruxelloises pour amuser la Galerie de la Reine. En stoemelings, tu écoutais et moi en mêle-tout, dikke-kop et schieve architek, je me mettais mon doigt dans l’œil pour meubler ton absence avec Mieke qui n'en avait rien à cirer de mes chiffres et de mes nombres. Pol et Mieke connaissent les polémiques. Ce sketch est un peu une version "Des Chiff et des Clets".
Mercredi, Thomas Gunzig, disait aimer les timbres.....
C'est bête d'aimer les timbres, non... C'est tout aussi bête de penser avoir sa tête sur un timbre quand on pense à Don Quichotte. Tu sais, je deviens ombudsman avec l'âge.
- Moi, je suis modérateur.
- Ouais, enfin tu le crois. Etre ombudsman, c'est devoir trancher le nœud Gordien entre deux interlocuteurs qui croient avoir raison chacun de leur côté et trouver le bon compromis dans les formes avec les arguments adéquats sans prendre parti ni pour l'un ni pour l'autre. Sans être la mer à boire, si tu veux essayer, il faudra plus d'une Blanche, Monsieur La Lettre. Une trappiste et une Mort subite en guise de réconciliation ? La semaine dernière, le Grand Jojo était à la fête avec ses 80 ans qui approchent. Il pourrait nous faire une chanson en mélangeant français, flamand et brusseleir avec une construction totalement différente et originale. Aurais-tu autre chose à déclarer ?
- Non, plus rien. J'ajoute tes conneries sur ton ardoise.
- J'espère que tu y mettras la pédale douce sans prendre la mouche. Je n'aime pas tomber dans les chiffres négatifs. Notre confrontation d'opinons valait bien un sketch à casser la croûte ?
Musique. Une couche de logique informatique ...
(Au moment où le rideau commence doucement à tomber, on entend "Si la photo est bonne" qui sort du haut-parleur )
....tandis que d'autres paroles apparaissent à l'écran :
Si la logique est bonne,
Plus d'instructions en colonnes,
Y a le programmeur du jour,
Qui a une petite fougue en retour,
Dans la rubrique "services",
C'est pas l'assassin de service,
Avec son code pas l'air méchant,
Qui a plutôt l'air intéressant,
Coupable ou non coupable,
S'il doit le mettre sur table,
Que j'aimerais qu'il tienne,
Un raisonnement de sa chienne,
Si la logique est bonne,
Elle est bien sûr pas conne,
N'a pas plus l'air de spaghettis,
Qu'avec des fils sans bigoudis,
Ce coding de potence,
Pas sorti de l'enfance,
Va faire sa dernière chimère,
Pour n'avoir pas trouvé la paire,
Bref, des instructions malheureuses,
Qui faisaient des boucles trop généreuses,
Moi qui suis ancien un peu chiant,
Avec une expérience d'autant,
De voir tomber des têtes,
A la fin, ça m'embête,
Et mon chef, le Président,
Qui m'aimait bien, qui surveillait tant,
Quand j'ai des idées qui puaient le rance,
Je ne tripotais pas avec la chance,
Si la logique est bonne,
Qu'on m'amène ce jeune homme,
Ce programmeur, qui sait tout dire,
Ce rêveur au doux sourire,
Ce grand gars aux codes tendres,
Qu'on n'a pas pu reprendre,
Je sens que je vais le séduire,
Sur le chemin pour réfléchir,
Sans syntaxe en transe,
Contre ses folles espérances,
Que la théorie fasse le premier geste,
Que le compilateur fasse le reste,
Surtout qu'il soit solidaire,
Et pas tout à fait primaire,
A l'image de son charisme,
Qu'il ressemble, sans schisme,
Avec ses belles prétentions,
Pour lui accorder mon pardon,
Qu'on m'amène ce jeune homme,
Si la logique est bonne,
Si sa logique est bonne...
Acting: Sapanhine et L'enfoiré
Maintenant: un sketch des vrais Chevaliers du Fiel
11 janvier 2016: L'internet des objets a eu le vent en poupe au salon de Las Vegas
5 février 2016: Mot "orthographe"
12 mars 2016:L'orthographe en question dans l'émission Transversale:
4 juin 2016: L'émission 'Samedi d'enfer" invite un acteur de "l'ortograf"
9 mars 2018 : L'orthographe était remise sur le tapis d'un débat
6 septembre 2018: Bruno Coppens parle du participe passé
7/5/2020:Un sketch d'un expert du site Orthogaffe (clic)
31/1/2022
Publié dans Intimisme, Livres, Organisation, Parodie et humour | Lien permanent | Commentaires (12) | Imprimer
Commentaires
Le billet est bien réussi , essentiellement parce que c’est du vécu et çà se sent.
En plus , les 2 personnages sont attachants dans leur travers.
Le chiffre qui ne se retourne jamais , qui va toujours de l’avant vite et pressé d’avaler tout ce qu’il peut sur son passage .
Même dans ses réponses , son cerveau s’emballe et ne prend pas le temps d’intégrer ce que l’autre dit!
La lettre qui , à l’opposé , vit avec son passé , en tire une usure qui lui permet un regard différent sur la vie mais qui se protège du nouveau et de tout ce qui met les relations aux second plan.
L’un est réaliste et scanne tout avant de faire et l’autre idéaliste se bat contre des chimères.
L’un se réfugie derrière l’humour qui est un fameux bouclier et qui permet de ne pas avouer ses sentiments , l’autre a soif de reconnaissance et souffre de ne pas être plus reconnu .
L’un frappe sans laisser à l’autre le temps de respirer et l’autre ne comprend pas pourquoi il reçoit des coups .
Mais il faut reconnaître une chose c’est que le chiffre finit par s’excuser ....…de façon maladroite et déguisée en plaçant ce qu’il estime comme une faiblesse comme réplique.
Je pense que le 1er passe tout de même à coté de pas mal de choses.
L’orthographe est un détail mais la forme est l’habit d’un texte.
La lecture n’est pas que apprendre quelque chose de nouveau.C’est aussi s’imprégner d’une émotion , d’une impression , d’une expérience , d’une atmosphère......…
Mais les cerveaux trop rapides ne savent pas faire çà . Ils n’imaginent même pas que l’arrêt permet une évolution aussi importante que l’hyperactivité!
Écrit par : Léopoldine | 14/12/2015
Oui, c'est du vécu dans la première partie avant la sortie de Fernand.
Echange de plusieurs mails qui se répondaient à l'origine de manière de plus en plus désagréable.
Situation que je connaissais et que j'ai connu dans un passé plus ancien entre deux bouc émissaires de causes qui leur étaient propres et qui n'acceptaient pas de voir tergiverser.
Je ne pouvais pas terminer le sketch sans parler de celui qui était appelé Le Chiffre
Dire pourquoi se nommait-il de la sorte?
L'épouse, Mieke, a donc meubler.
C'était dire pourquoi les contraintes dans le monde des chiffres étaient très vite dépassées.
Deux mondes se font front et ne se rencontrent pas souvent.
Le fait que ce jeu "Les Chiffres et les Lettres" a une carrière n'est pas un hasard.
Écrit par : L'enfoiré | 14/12/2015
Dans Casino Royale le Chiffre rencontré James Bond et joue au poker
Le Chiffre ne peut s’empêcher de laisser échapper une goutte dans son oeil quand son émotion est trop forte.
La Lettre pourra un jour apparaître sans mot dire
Le problème c’est que personne ne voudra jouer avec lui,
Écrit par : L'enfoiré. | 14/12/2015
On parlait de foot dans le sketch.
Aujourd'hui, c'est le 20ème anniversaire de l'arrêt Bosman qui devait tout changer dans le foot.
( https://fr.wikipedia.org/wiki/Arr%C3%AAt_Bosman )
Avant lui, les clubs pouvaient tout faire avec leurs joueurs.
Après lui, les joueurs pouvaient changer de club et espérer comme tous les travailleurs changer d'employeurs.
Qu'ont fait ses derniers pour rectifier?
Ce n'est pas tout à fait des travailleurs comme les autres qui ont des contrats CDD.
Ils ont fait signer des contrats longues durées ce qui permettait de faire fructifier leur investissement et peuvent vendre leurs joueurs au meilleur tarif.
Ainsi en principe, joueurs et employeurs sont contents et les clubs deviennent de plus en plus riches.
Écrit par : L'enfoiré | 15/12/2015
Ah! la beauté de la langue Française !!!!
Quelle est la différence entre une pioche, un pull et une semaine ?
La pioche a un manche, le pull a deux manches et la semaine a dimanche
Quelle est la différence entre un internaute et son épouse dépensière ?
Pendant qu' il clique, elle claque.
Quelle est la différence entre les oiseaux et les banquiers suisses ?
Les oiseaux font leurs nids et les banquiers suisses nient leurs fonds.
Quelle est la différence entre le temps et l' éternité ?
Si je prenais le temps de te l’ expliquer, il faudrait une éternité pour que tu la comprennes.
Quelle est la différence entre Paris, un ours blanc et Virginie ?
Paris est métropole, l' ours blanc est maître au pôle et Virginie aimait trop Paul...
Quelle est la différence entre une girouette et un horloger ?
La girouette montre les vents et l' horloger vend les montres.
Quelle est la différence entre un enfant qui fait des bêtises et un sapin de Noël ?
Aucune ! Les deux se font enguirlander.
Quelle est la différence entre un homme et une calculatrice ?
On peut toujours compter sur une calculatrice.
Quelle est la différence entre une poule et un chapon ?
Une poule, cha'pond ; un chapon, cha'pond pas...
Quelle est la différence entre la lettre A et le clocher de l' église ?
La lettre A, c' est la voyelle et le clocher, c' est là qu' on sonne.
Quelle est la différence entre un cendrier et une théière ?
Le cendrier c' est pour des cendres, la théière c' est pour mon thé...
Écrit par : Darkvador | 17/12/2015
Le livre de Laurent Binet: "La septième fonction du langage"que je viens de consulter par hasard.
http://www.babelio.com/livres/Binet-La-septieme-fonction-du-langage/722165
Pas étonnant qu'il ait eu un prix avec ce deuxième roman.
Un préambule qui disait: Il y a des interprètes partout. Chacun parle sa langue même s'il connait un peu la langue de l'autre. Les ruses de l'interprète ont un champ très ouvert et il n'oublie pas ses intérêts".
Une conclusion sémiologique: "Trop occupé à soigner son exorde. Des gens que tu aimais son morts ensevelis.
Bianca n'a plus besoin de traduire.
Simon plus besoin de parler.
Le notable corrompu bedonnant et cultivé, surnage en émettant des bruits horribles avant d'être englouti par le volcan. Les colonnes de soufre continuent à s'échapper des entrailles de la terre, monter au ciel et empester l'atmosphère".
Oui, après cette lecture, j'ai eu envie d'aller plus loin dans la lecture du bouquin.
Un commentaire en dit plus:
L'éclate absolue!
Quel romaniste, quel linguiste, quel philologue n'a pas rêvé dans son moi le plus intime, dans son for le plus intérieur, dans son jardin le plus secret, de mettre aux prises les descendants de Jakobson dans un jeu de massacre bien ordonné et de les envoyer se faire ...lanlaire avec les fonctions référentielle, expressive, phatique, métalinguistique, conative et enfin poétique du langage...quitte à en imaginer une septième, de fonction, qui les sublime toutes: la fonction "magique" qui confère à son utilisateur la maîtrise absolue dudit langage.
Le pouvoir par le verbe. L'arme de séduction massive, la bombe H des politiques aux dents longues...ou limées!!
Grâces soient rendues à Laurent Binet qui dans ce thriller parfait, tordant, bourré de malice, truffé de pastiches, sautillant gaiement d'une citation détournée à une allusion épicée, nous mène grand train dans le microcosme allumé des structuralistes en pleine déconfiture!
Voyons plutôt les protagonistes :
-à ma gauche, l'élite intellectuelle de l'époque: Barthes, fraîchement écrasé- mais est-ce bien un accident, cette camionnette conduite par un Bulgare qui roule si visiblement les rrr qu'on ne peut ignorrrrer son orrrrigine?
- Foucault, chaudement sorti des back doors des saunas qu'il affectionne ( une des scènes les plus hilarantes du livre, qui n'en manque pas!!)
- Kristeva, sacrificatrice aux yeux noirs,
- Sollers, bouffon pathétique et cocasse -ah, ah, oh oh, - sautant du coq à l'âne sans effort et sans vergogne ( zeugma)- BHL, (mais oui, BHL:
Le lecteur, glisse Binet, s'étonnera peut-être de la présence de BHL mais "déjà à cette époque, il est dans tous les bons coups" , et quand il ne veut pas se faire remarquer -rareté!- il déboutonne une chemise noire, incognito...).
- Althusser qui rêve d'étrangler sa femme...et va bientôt passer aux actes,
- Derrida qui fait cavalier seul,
- Deleuze, le sémillant sémiologue,
- maître Ecco, grand ordonnateur de débats rhétoriques digitophages sur fond d'attentat fasciste en gare de Bologne...
Rien que du beau linge, on vous dit!!
-à ma droite, les politiques :
- Giscard , tout chuintant de suffisance aristocrate et auvergnate, mais pas sûr de battre encore une fois le candidat malheureux de la gauche, aux dents pas encore limées:
- Mitterrand, cet "homme du passé" qu'il a si bien mouché aux élections précédentes...
Voilà pour ceux que l'on a déjà "vus dans de précédents épisodes "et qu'on reconnaît au passage, pour notre plus grande délectation..
- les deux enquêteurs, Double-Patte et Patachon, le petit méchant et le grand gentil, le bas-du-front -presque -national et le sémiologue distingué , assistant à Vincennes. - c'est un polar, il y a mort d'homme- le couple classique des policiers
- Il y a celui qui devient un as du Rubikube et
-celui qui décode signes et faux-semblants avec la dextérité d'un Sherlock Holmes...
Double enjeu:
-qui mettra la main sur le billet où Barthes a consigné cette 7ème fonction mythique que tous recherchent et qui déclenche une avalanche proprement impressionnante de morts violentes dans le Landernau structuraliste?
-qui gagnera les élections présidentielles de 81?
D'accord, ce deuxième suspense n'en est plus un pour nous...mais quelle formidable idée d'avoir mêlé l'un à l'autre...et de voir les rivalités intellectuelles et politiques régies par la même sauvagerie, la même soif de reconnaissance, les mêmes dévouements zélés ou serviles...
J'avais déploré que Binet se soit un peu emmêlé les pinceaux dans le récit et le méta-récit, pour reprendre le jargon structuraliste à l'honneur, mais ici l'ironie ne nuit en rien à la poursuite de l'intrigue, elle s'y intègre merveilleusement au contraire: on se régale, on rit, on est épaté de tant de pertinence et d'impertinence, ravi de revisiter sur le mode parodique ces "maîtres-penseurs" des années 80, de parcourir avec alacrité et une joyeuse férocité les grands événements politiques de ce début de décennie...
Un livre formidable de drôlerie, d'intelligence et d' inventivité!!
J'ai vraiment adoré (fonction expressive ou émotive) et je vous le recommande chaudement (fonction conative), si vous voyez ce que je veux dire (fonction métalinguistique)?
Écrit par : L'enfoiré | 28/12/2015
Leçon d'orthographe
Orthographe : oe dans e ou l’exemple déprimant de la bureaucratie
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/ce-que-les-primaires-disent-des-177287
Écrit par : L'enfoiré | 05/02/2016
Et c'est un vieux de la vieille qui s'introduit dans le débat en y amalgamant la politique comme ce fut le cas dans ce billet d'agoravox
http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/reforme-de-l-orthographe-je-me-demande-si-on-ne-se-fout-pas-de-nous-regrette-jean-d-ormesson-7781708326
Encore une fois, je ne suis pas contre les règles en elles-mêmes, mais quand elles s'appuient sur du tangible, mais pas sur de l'idiotie proche de l'intégrisme.
Écrit par : L'enfoiré | 05/02/2016
Le Kiosque du 7 février avait un chapitre sur la vision de ce qu'est, aujourd'hui, l'orthographe en francophonie et pas seulement en France
http://www.tv5monde.com/cms/chaine-francophone/Revoir-nos-emissions/Kiosque/Episodes/p-31348-Zika-alerte-mondiale.htm
Écrit par : L'enfoiré | 08/02/2016
Semaine de la francophonie oblige...
Plusieurs compressions s'opposent sur ce que doit être la langue française
Dans le VIF de cette semaine, Jean-Marie Klinkenber gui occupait la chaire de sémiologie et rhétorique est interrogé dans le cadre de la fédération Wallonie-Bruxelles qui organise "La langue française en fête".
Son ouvrage "La langue dans la cité".
"Rendons la langue française non élitiste et non passéiste". dit-il.
Le français fait trop penser à l'école, aux dictées, à l'accord du participe passé, à l'imparfait du subjonctif et mène à l'austérité et aux punitions.
La langue est à notre service pour construire notre identité et pour devenir un objet de plaisir dans l'utilisation de ses mots.
L'éducation pour tous avec la langue comme outil dans l'espace public avec la modernité pour parler de technologies et pas de couture ou de sauce béarnaise.
On parle de la légende de déclinisme quand on supprime les illogismes par une réformette des mots avec accent circonflexe ou de suppression de lettres qui n'apportent rien.
L'étymologie ne vient pas au secours puisque des mots comme le mot "poids" qui vient de "pensum", de "théâtre" qui vient de Theathrum.
Le français devient ainsi une langue de luxe cultivée par les seuls intellectuels.
200 millions de francophones dans le monde dont 100 millions en Afrique et 60 en plus qui le parlent .
Un PIB de la francophone de 14% au niveau mondial.
Le français est la cinquième langue et 3ème comme langue des affaires.
200.000 mots du monde vivant sortent tous les ans.
Les puristes se tirent une balle dans le pied avec un destin fragile.
La Belgique avec Grévisse, Hanse, Warnant sont dépassés par l'aventurier du langage que sont les belges de Henri Michaux à Bruno Coppens et Philippe Geluck. Et au Québec....
L'orthographe est un objet relativement latéral.
Les mots ont des modes et est basée sur phonologie.
L'émission "Transversale" revenait sur l'orthographe du français (voir commentaire en date du 12/3 à la fin de l'article)
Écrit par : L'enfoiré | 10/03/2016
À l’occasion de cette journée de la langue française,
«La première fois que je vous vites, Vous me plûtes et m’épatâtes»: les internautes rendent hommage à la langue française et l’humour est à l’honneur.
Ce lundi, c’est la journée de la langue française, organisée par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel français (CSA). Une occasion pour le régulateur des médias français d’encourager ces derniers à mieux faire usage de la langue de Molière.
Le blog « le stagiaire d’Itélé » répertorie les perles orthographiques dénichées sur les chaînes d’info en continu. Bescherelle ta mère s’amuse, quant à lui, à dénicher les fautes présentes dans notre quotidien.
"Aujourd'hui, ne dites pas talkie-walkie mais "Radio-téléphone portatif"
Écrit par : L'enfoiré | 14/03/2016
L'orthographe était remise sur le tapis d'un débat
http://vanrinsg.hautetfort.com/media/00/01/2671194134.2.mp3
Écrit par : L'enfoiré | 09/03/2018
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