02/03/2019
Les infidélités de notre mémoire
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Deux semaines avant de mourir en 2015, Oliver Sacks a décrit le contenu de l'ouvrage qu'il prévoyait de publier avec le titre "Le Fleuve de la conscience" et ses indications ont été scrupuleusement suivies.
Son interrogation s'étend à presque tous les domaines du vivant, qui le passionnent et l'intriguent. Mais, il les abordait par ce qu'ils ont de surprenant ou d'inattendu.
La science elle-même se montre sous un jour nouveau : Darwin s'avère être un botaniste original, Freud un neurologue novateur.
On s'aperçoit que le rôle du hasard est essentiel, et que la science, dans son développement, est contingente... comme la vie elle-même.
La mémoire fait partie d'une facette de la conscience..
Dans le magazine "Psychologies" de février, un article est consacré à cette mémoire avec la même question "Tous nos souvenirs sont-ils vrais ?".
Dans l'histoire, on s'est efforcé d'arracher des aveux religieux ou politiques au moyen de méthodes d'interrogatoire extrême en infligeant de véritables tortures physiques et mentales dans le but d'obtenir des souvenirs susceptibles de déboucher sur une inculpation.
Manipulations effrayantes que l'on retrouve dans la parabole d'Orwell du 1984 dans laquelle l'inculpé renie ses idéaux, sa mémoire et sa raison jusque dans les souvenirs suggérés.
Les témoignages oculaires ne sont pas plus fiables. Les inculpés se retrouvent pris au piège ou en porte-à-faux de leurs révélations.
Vérité historique contre vérité narrative que les juges se doivent de réconcilier ou de faire dérailler vers une réalité plus vraie ou plus vraisemblable.
La mémoire est flexible et créative rend les sources caduques par les expériences antérieures affabulatrices ou mêmes sérieuses.
Notre indifférence aux sources nous permet d'assimiler pour que paroles, pensées, écrits nous paraissent suffisamment intenses et riches comme s'il s'agissait d'expériences primaires, pour apporter notre pierre à un esprit commun d'un savoir partagé.
Les informations à mémoriser sont subdivisées dans toutes les parties du cerveau en commençant leur périple par hippocampe jusque dans le cortex cérébral.
Il faut amender sa mémoire, se l'adapter en permanence en fonction des informations qui grouillent, se mélangent et se complètent.
Les prétendus "souvenirs retrouvés" d'une expérience traumatisantes qui a été refoulée, sont des réflexes de notre esprit à des fins défensives.
Limité, le cerveau efface certains souvenirs pour en introduire de nouveaux plus récents dans une sorte de stack en FIFO, du premier souvenir mémorisé, premier évacué. L'homme a une intelligence analogique et associative des éléments de son environnement pour construire son langage.
Différences entre la mémoire de l'homme et celle de la machine.
La mémoire ressemble à une suite de pages de Wikipedia que l'on peut corriger, amender par de nouvelles informations. Tout comme une page de Wikipedia, elle peut contenir des informations et des souvenirs suspects qui n'ont jamais existé. Les enfants en dessous de l'âge de 2 ans, n'ont pas le cerveau suffisamment développé pour garder des souvenirs.
La maladie d'Alzheimer ne permet plus de retenir ce qui fait partie d'un passé récent. Ses patients remontent plus loin dans le temps sous forme d'hallucinations (Vidéo de Oliver Sacks).
Même si l'amnésie peut faire disparaître des éléments de mémoire, cela ne veut pas dire que les souvenirs ont disparu. Ils ne sont seulement plus accessibles par les synapses qui relient les neurones entre eux. Pour les retrouver, il faudrait pouvoir les réactiver, les reconstruire et les consolider en de multiples étapes. Le risque de cette opération réside peut-être dans l'implantation de faux souvenirs qui contamineraient la mémoire.
Cibler les souvenirs par impulsion pour amoindrir les souvenirs ceux qui sont post-traumatiques ou renforcer les souvenirs heureux, sont des phases de fragilisations de la mémoire sans contrôle du patient lui-même est le bon côté d'une pièce thérapeutique et le mauvais côté de cette même pièce dans des mains malfaisantes.
Le jugement des magistrats peut être empoisonné par des témoins qui, pourtant de bonne foi, informeraient la justice par de fausses interprétations de la réalité influencées par des stéréotypes et des préjugés.
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Qu'en sera-t-il demain de la mémoire humaine ?
Le risque existe que l'intelligence humaine ne ferait plus le poids face au big data utilisé par la machine numérique qui a une mémoire illimitée et indélébile sans une intervention extérieure. A l'intérieur des mémoires d'ordinateurs, les informations sont indexées pour accélérer les processus de recherche.
Tout semble aller mieux avec la mémoire utilisée dans les nouvelles technologies de l'information numérisée. Ce qui se passe dans l'ordinateur est similaire au cas de l'autiste néo-zélandais, Nigel Richards, doué d’une mémoire photographique exceptionnelle qui ne voit dans les mots qu’une valeur numérique sans en connaitre la signification qu'apporterait la langue elle-même puisque les lettres de l'alphabet n'ont aucune signification en elles-mêmes pour exprimer des idées (cf "Défendre une langue ou un dialecte?"). Personne plutôt étrange dans une compétition exacerbée tout comme l'IA faible que nous connaissons aujourd'hui dans une sorte de transhumanisme relié aux nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives (NBIC).
Mais, il faut garder l'idée que les nouvelles technologies ne sont en fait que des outils pour accélérer et augmenter les performances et le rendement des informations et pas d'en faire une raison sine qua non.
Un problème majeur surviendrait si l'intelligence humaine s'atrophiait par facilité au bénéfice d'une machine considérée comme seulement plus efficace.
Affronter la stricte réalité, une fois identifiée, se pratique par des trucs, des astuces, des conseils pour faciliter la vie.
L'homme peut toujours minimiser l'impact de cette réalité numérique parfois tant redoutée à condition qu'il ne se laisse pas emporter par la facilité.
"Memory" chanté par Barbra Streisand
n'est-ce pas la meilleure manière de parler de la mémoire ?
Sinon, une visite chez Mnémosyne s'impose:
Publié dans Actualité, Philosophie et religions, Presse et media, Psychologie, Santé et bien être, Science | Lien permanent | Commentaires (5) | Imprimer
Commentaires
1. Pendant toute ma carrière professionnelle, ma mémoire était presque toute accaparée par le travail, je laissais les souvenirs domestiques à mon épouse.
Maintenant que je suis pensionné, je constate qu'il n'est pas évident de modifier cette habitude !!!!
2. J'ai lu récemment à propos des pertes de mémoire que tant qu'on y pense, il n'y a pas de vrai problème. Le jour où elles apparaissent réellement, on ne s'en rend pas compte. Je m'accroche à ce principe !!!!
Écrit par : Jean-Marie HENROTTE | 02/03/2019
Répondre à ce commentaireC'est un peu le reflet de ma propre vie.
Mais je ne peux donner plus d'information dans une commentaire qui ne serait de ce fait pas assez complet.
Le billet du 23 mars complètera…
Le mémoire a été un problème personnel.
J'ai voulu oublié mon passé mais il revient toujours quand on ne s'y attend pas.
Écrit par : L'enfoiré | 04/03/2019
Le secret du génie d’Albert Einstein
Après avoir disparu pendant plus de vingt ans, le cerveau d’Albert Einstein est réapparu… découpé en tranches et plongé dans du formol. Le légiste qui avait autopsié le physicien avait secrètement subtilisé l’illustre cortex avant de rendre la dépouille à sa famille.
En 1978, il a envoyé des morceaux de cerveau à des laboratoires dans le monde entier. Les chercheurs l’ont observé sous toutes les coutures, espérant y trouver la clé de son exceptionnelle intelligence.
Mais… ils n’ont rien découvert !
Ou du moins, pas ce qu’on attendait : le génie n’avait pas « plus de neurones » que le commun des mortels. Au contraire, son cerveau était même plus petit que la moyenne. [3]
Ce n’est pas seulement le nombre de neurones qui compte !
Des examens sur d’autres cadavres ont par la suite montré que le cerveau pouvait en effet parfaitement fonctionner avec un nombre très réduit de neurones.
Car plus que le nombre de neurones, c’est la densité et la qualité des connexions entre eux qui sont primordiales.
Écrit par : L'enfoiré | 18/03/2019
Répondre à ce commentaireÉlémentaire !!!
Écrit par : Jean-Marie HENROTTE | 18/03/2019
Répondre à ce commentaireSur ARTE au 28', Le cerveau humain, ce grand magicien.
Albert Moukheiber est docteur en neurosciences cognitives et psychologue clinicien. Dans son livre "Votre cerveau vous joue des tours", il dissèque le fonctionnement de notre cortex cérébral en remettant au centre des préoccupations "l’apprentissage du raisonnement critique", en rendant la science accessible sans la vulgariser. De la manière dont se forment nos opinions, aux "Fake news", il invite à découvrir cet organe humain, unique en son genre !
http://vanrinsg.hautetfort.com/media/00/00/2779631726.mp3
Écrit par : L'enfoiré | 08/08/2019
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