29/04/2025
Une soirée en arpentage
Vendredi dernier, je m'étais inscrit, sans hésitation, à une conférence en arpentage pour discuter du travail et de son opposé, la paresse.
...
Prologue
Le mot "arpentage" en version "éducation populaire", c'était la première fois que j'en avais entendu parler.
"L’arpentage désigne une méthode de lecture collective d'un livre, pendant lequel, plusieurs participants se partagent un document écrit dont chacun lit individuellement une courte partie de ce document. Ensuite, les participants partagent avec d'autres membres du groupe, le contenu de leur lecture. Un animateur qui organise l'événement, anime les échanges. L'idée originale est liée à l'envie de faire intervenir des personnes n'ayant pas pu faire d'études et d'accéder au savoir, via la lecture partagée d'essais avec l'objectif de désacraliser le savoir par la simplification de la pensée, le partage d'opinons et la libération de la parole de manière collective".
Conférence en arpentage
L'organisateur de ce séminaire était un des participants d'une bibliothèque où j'emprunte mes livres régulièrement et que je résume en donnant quelques réflexions sur ce site en philosophe ermite devant mon écran. A la suite de mes billets, quelques commentaires peuvent être intéressants mais cela reste dans un environnement sur Internet et sans avoir les interlocuteurs en face de moi.
A 18 heures, la conférence commençait. Etonnement, sur les 8 participants, j'étais le seul participant masculin. Les sept autres étaient des participantes de générations différentes.
Je sentais que j'allais me retrouver plusieurs fois en porte-à-faux dans ce genre d'aréopage.
Le sujet de discussion était le livre "Depuis toujours nous aimons le dimanche" écrit par Lydie Salvayre, ancienne psychiatre devenue écrivaine.
Je n'avais jamais rien entendu ni lu d'elle.
Résumé du livre : "Depuis toujours nous aimons nous réveiller sans l’horrible sonnerie du matin qui fait chuter nos rêves et les ampute à vif. Depuis toujours nous aimons lanterner, buller, extravaguer dans un parfait insouci du temps. Depuis toujours nous aimons faire niente, ou juste ce qui nous plaît, comme il nous plaît et quand cela nous plaît. ». En réponse aux bien-pensants et aux apologistes exaltés de la valeur travail, Lydie Salvayre invite avec verve et tendresse à s’affranchir de la méchanceté des corvées et des peines. Une défense joyeuse de l’art de paresser qui possède entre autres vertus celle de nous ouvrir à cette chose merveilleuse autant que redoutable qu’est la pensée".
Sujet très vaste qui oppose l'idée de travail à celle de la paresse dont il a fallu discuter en trois heures maximum.
Le livre a été déchiré en 9 paragraphes par l'organisateur et distribué à chacun des participants pour être lu dans un ordre séquentiel.
L'idée, le savoir, les questions, les extraits, les commentaires et l'écoute active ont été les points à respecter dans les discussions qui allaient suivre.
Pendant la lecture, chacun s'est mis à lire son chapitre individuellement, en silence en prenant des notes.
J'héritais du chapitre 7 de la page 89 à 102. J'ai noté des remarques à la suite de chaque passage.
J'avais déjà étudié et écrit plusieurs points sur ce site "Réflexions du Miroir".
Je n'avais donc pas trop de problèmes pour trouver des réponses adéquates.
J'ai pensé enregistrer la soirée pour pouvoir la réécouter en privé par la suite mais mon enregistrement n'a pas fonctionné. Trop long probablement/
Je ne vais donc pas reprendre toutes les réactions des participantes à leur propre chapitre mais seulement le lien avec mon chapitre de lecture.
J'ai eu une carrière complète dans le milieu du numérique. Commencé dans ce qu'on appelle une startup, où j'ai tout appris au niveau du métier et de la gestion d'une entreprise. Ensuite ce fut dans une multinationale américaine où pendant une période de quinze ans, j'ai été nommé manageur de projets. Les colloques, j'en ai eu plusieurs en relais dans ce milieu. Le billet "Une semaine en nuances vert de gris" est assez représentatif. Manageur entre le marteau d'un supérieur plus haut dans la hiérarchie et l'enclume des membres d'une équipe, est assez spécial. Etre assez solitaire est un plus. Plusieurs cours de management pour se mettre en selle dans des cas de figure de conflits ou autres apportent une assurance nécessaire. Du chef direct dépend de la harmonie de l'ensemble de la toile. Pour motiver son équipe, le manageur doit à céder aux membres de son équipe ce qui a parfois constitué son travail avant de le devenir. Connaitre "l'happycratie apporte le bonheur même si c'est jusqu'à la nausée" Suivre l'évolution d'un projet, en arrière-plan, applaudir les bonnes idées ou corriger les erreurs ont fait partie de mon travail de coaching. Ce n'est pas derrière un bureau que cela s'est passé mais au sein de l'équipe. Ensuite, établir des rapports écrits pour donner mes conclusions. Pour résumer, J'ai fait partie des "Company men" qui ont comme instruction "Je vais gagner parce que j'ai la foi, le courage" et l'enthousiasme".
Les romans étaient réservés à mes vacances.
Je pense que parmi les participantes, j'étais le seul ancien manageur, surtout dans ce domaine spécifique du numérique qui n'a rien d'une institution dans laquelle un esprit très humaniste. La rigueur réservée au travail des chiffres et des montants.
Quand la possibilité de prendre ma retraite s'est présentée, j'ai beaucoup hésité. Je craignais d'être confronté au mobbing et de ne plus recevoir des projets satisfaisants. Puis, j'ai écrit une petite pièce de théâtre avec le titre "Rock around the clock" (extrait). Je me suis demandé ce que j'aillais pouvoir faire après cette longue page tournée sans détours ni retour. J'ai décidé de faire ce dont je n'ai jamais eu le temps, lire beaucoup plus et "écrire mes réflexions dans le miroir du temps". Depuis, j'écrire en solitaire depuis plus de 20 ans. Au début, un blog à la mode d'alors relativement restreint à un sujet donné à la fois. Ensuite, au fur et à mesure, en l'allongeant pour devenir un journal personnel avec la devise "tout est dans tout et inversement".
Au départ de ce vendredi d'arpentage, la question est venue "Connaissez-vous 'les profils STEM' dont j'ai fait partie ? La réponse fut non. Dans les années 1970, cette voie était très peu connue par les étudiants féminins. Il n'y avait même pas de cours universitaire dans le secteur de l'informatique.
Je lisais récemment l'édito d'une dame qui disait être "viscéralement réfractaire aux maths" en parlant d'un documentaire "L'odyssée des chiffres", passé sur ARTE. Les trois vidéos étaient déjà reprises dans la partie humoristique d'un vieux billet intitulé "Les secrets de nos pensées en équations mathématiques". Pendant près de 40 ans, j'ai brassé des chiffres et des montants pour en faire, entre autres, des statistiques comptables.
C'est vrai, il faut avoir un fond plutôt fainéant à la base pour être informaticien à la recherche de solutions aux problèmes. Il s'agit de beaucoup penser et de trouver la meilleure solution à un projet qui nécessitera le moins d'effort dans une temps limité dès le départ. Etre inventif pour éviter tous les travaux inutiles et répétitifs pour les rendre plus automatiques possible. Charlot dans "Les temps modernes" montre de fausses solutions automatiques en prenant exemple avec le trail à la chaine dans les usines de Ford. A son époque, beaucoup d'Américains vivaient dans la misère engendrée par le capitalisme. Cela favorisait la gentrification et aggravait la précarité de la classe ouvrière. Il a dû accepter des jobs harassants proposés par ce nouvel univers industriel des peuples des "sans dents" en moutons de Panurge. Il jouait le rôle de vagabonds (de tramp en anglais) et finissait par en devenir fou. Ce film va repasser ce mercredi sur ARTE avant le 1er mai.
En tant que théoricien plus que praticien, j'avoue, je n'aime pas trop le travail manuel. A mon époque, une seule personne avec le profil STEM suffisait dans un couple pour vivre décemment. Aujourd'hui, c'est un peu moins vrai même si le profil STEM reste toujours plus prisé. LinkedIn m'envoie toujours des offres dans ce domaine.
Le savoir donne toujours plus de pouvoir et de rémunération. Il crée l'auxiliaire "avoir" si on ne confond pas "être" et "paraître". Aujourd'hui, le paradigme du conservateur avec l'expérience entre en compétition avec le paradigme des jeunes sans expériences en sortant des écoles souvent de niveau universitaire. J'ai majoritairement choisi les jeunes pour mon coaching
- L'extrait du paragraphe du livre que j'avais choisi a été péjoratif pour l'autrice : "Ce travail, s'exalte Fourier, aura tous les caractères du jeu : créatif, joyeux mais avec le sérieux de l'enfance, aussi plaisant qu'une soirée dansante, et librement choisi au sein d'un phalanstère où les femmes seront les égales des hommes, où tous pourront s'abreuver à des fontaines de limonade, et vivre de nouvelles aventures amoureuses, non plus régies par des lois du mariage basées sur l'amour commercial qui vous enferme et vous éteint en moins de deux, mais par celles de l'attraction passionnée, incertaines, certes, autant fluctuantes, mais qui merveilleusement contrecarrent les routines de tous ordres".
Un extrait final : "...les chants nauséabonds entonnés en l'honneur du travail honoré par quelques sommités de l'époque, dont le charlatanesquement romantique Victor Hugo (dixit Lafargue) avec la croyance aberrante en la religion du progrès-qui-doit-apporter-la-félicité-sur-terre-et-conduire-à-la-réconciliation-des-hommes à contester l'antique sagesse qui considérait le labeur comme une occupation dégradantes et indigne d'un homme libre" n'était pas mon avis. Je ne peux pas en parler car mon progressisme obligatoire dénigrerait la voie que j'ai choisie dans le passé.
Lundi sur ARTE passait le film "Vipère au Poing", adaptation du livre de Hervé Bazin.
Adolescent, c'est le premier livre que j'ai lu.
Une mère terrifiante qui accable de privation et de brimades, appelée, Falcoche et interprétée par Catherine Frot...
- De plus, contrairement à ce qu'écrivait l'écrivaine, je n'ai jamais "composé avec les maîtres par allégeance en les tenant en haute estime, en accréditant leur pouvoir en haute estime, en flattant pour amadouer, en aspirant à rien d'autre dans le fond qu'à être à leur image". Trop franc pour cela. Monté sur une première marche, je n'ai jamais voulu escalader la hiérarchie. On m'avait donné le pseudo "L'enfoiré". Il est devenu ma signature pendant 15 ans au moment où j'ai pris la plume lors de la retraite. Bizarrement, je n'ai jamais ressenti avoir eu un chef au dessus de ma tête sans y apporter une opposition quand je l'estimais nécessaire avec le sourire. (*)
Le mois de mai est un mois de congés et de ponts à répétition. Il vient en s'ajoutant aux différentes manifestations et grèves des suites de l'aridité de l'Arizona. Il ne va pas rester beaucoup de jours de travail.
Le 1er mai avec la fête du travail ou de la paresse à passer dans son lit, ce seront les différents partis de gauche et de droite qui se présenteront comme leur meilleur option. La gauche est trop gauche et la droite est maladroite. Les deux faces d'un même combat droite et gauche : vivre bien
.
Beaucoup d'employés et travailleurs craignent leur chef direct souvent plus catholique que le pape. Les vacances sont devenues des exutoires qui poussent à partir n'importe où pour oublier leur travail. J'ai posé la question : "comment les ultrariches le sont devenus ?". Pas reçu de réponse. Je vais en tenter une : ils ont inventé une solution adéquates aux difficultés d'obtenir et de fournir une réponse qui y répond et en l'utilisant au niveau mondial" ('exemple : Amazon).
- La conscience professionnelle se disperse de plus en plus difficilement entre la vie privée et la vie public. Au travail, on peut y connaître le burn-out mais aussi parfois son alter ego le bore-out tout aussi néfaste. Quand on arrive à aimer le travail qu'on fait, sans être pourchassé par lui et par la hiérarchie, cela peut ne plus devenir un travail, mais un hobbit rémunéré ou non. Le stade final à espérer.
- J'ai été étonné que le côté politique et l'ambiance assez négative de notre époque n'a pas été évoqué dans cet arpentage. Parler de politique n'était manifestement pas le but de la soirée. Arpenter, c'est mesurer et parcourir à grands pas un terrain d'investigation et pas à lui déterminer tout ce dont il est fait.
J'ai proposé d'organiser ce genre de séance avec des jeunes employés, avec ceux qui feront notre futur. L'Intelligence Artificielle n'a pas été évoquée.
La soirée s'est terminée dans les temps.
Le Canada votait...
Après une dernière tournante, toutes les participantes et moi-même ont été satisfaits, ont remercié l'initiateur et étaient prêts à recommencer l'expérience sur un autre champ d'idées à arpenter.
A la retraite on apprend à rendre du temps au temps.
Faire et défaire, c'est aussi travailler. Il suffit de consulter les réalisations des 100 jours de Donald Trump pour le comprendre.
Lire un livre aujourd'hui qui dépasse les 150 pages, est peu lu.
ARTE lance la question "est-ce que le lecteur est-il en voie de disparition ?"
Il faut du digest à lire sur le Smartphone dans le train, le temps du trajet pour regagner le bureau quand les transports en commun ne sont pas en grève générale comme ce fut le cas, ce mardi.
Cette semaine, le magazine Le Vif avait un article de 3 pages à ce sujet qui pourrait compléter cet arpentage.
Le travail nuit à la santé d'un travailleur sur quatre.
D'accord, cela veut dire que trois autres y ont trouvé tout de même un certain plaisir.
Cette semaine, le magazine Le Vif avait un article de 3 pages à ce sujet qui pourrait compléter cet arpentage.
Le travail nuit à la santé d'un travailleur sur quatre.
D'accord, cela veut dire que trois autres y ont trouvé tout de même un certain plaisir.
Allusion
Ps: Préversion sur agoravox.fr parue "just in time" le 1er mai.
...
Smile (paroles) (*)
Yeah, I'm thankful
Ouais j'suis reconnaissante
Scratch that, baby, I'm grateful
Oublie-ça, chéri, j'suis reconnaissante
Gotta say it's really been a while
J'dois avouer que ça fait un bon moment
But now I got back that smile (Smile)
Mais maintenant j'ai enfin retrouvé le sourire (Sourire)
I'm so thankful
J'suis si reconnaissante
Scratch that, baby, I'm grateful
Oublie-ça, chéri, j'suis reconnaissante
Now you see me shine from a mile
Maintenant tu m'vois briller à des kilomètres
Finally got back that smile (Smile)
J'ai enfin retrouvé ce sourire (Sourire)
(Verse 1)
Every day, Groundhog Day
Chaque jour, une journée sans fin
Goin' through motions felt so fake
J'traversais des routines qui semblaient si fausses
Not myself, not my best
Je n'étais pas moi-même, je n'étais pas au mieux
Felt like I failed the test
L'impression d'avoir échoué le test
(Pre-Chorus)
But every tear has been a lesson
Mais chaque larme a été une leçon
Rejection can be God's protection
Le rejet peut être la protection de dieu
Long hard road to get that redemption
Une longue échappée vers la rédemption
But no shortcuts to a blessin'
Mais pas de raccourcis vers une bénédiction
(Chorus)
Yeah, I'm thankful
Ouais j'suis reconnaissante
Scratch that, baby, I'm grateful
Oublie-ça, chéri, j'suis reconnaissante
Gotta say it's really been a while
J'dois avouer que ça fait un bon moment
But now I got back that smile (Smile)
Mais maintenant j'ai enfin retrouvé le sourire (Sourire)
I'm so thankful
J'suis si reconnaissante
Scratch that, baby, I'm grateful
Oublie-ça, chéri, j'suis reconnaissante
Now you see me shine from a mile
Maintenant tu m'vois briller à des kilomètres
Finally got back that smile (Smile)
J'ai enfin retrouvé ce sourire (Sourire)
(Verse 2)
I'm 2.0, remodeled
J'suis ma toute nouvelle version, remodelée
Used to be dull, now I sparkle
J'étais si fade mais maintenant si éclatante
Had a piece of humble pie
J'ai fait face à l'humiliation
That ego check saved my life
Mettre mon ego de côté m'a sauvé la vie
9/2/2023: Débat 28': Travail ou paresse
Publié dans Actualité, Ecole et études, Economie, Film, Monde des affaires, Psychologie | Lien permanent | Commentaires (2) | Imprimer
Commentaires
Écrit par : ELISABETH | 29/04/2025
Répondre à ce commentaireLes terrasses de cafés seront à l'honneur avec le temps et la température qui atteindra le top.
Je vous envoie le muguet du 1er mai comme porte bonheur,
Venu du Japon, il apparaît en France au Moyen Âge. Mais c'est à la Renaissance qu'il devient symbole de porte-bonheur.
Comme quoi, tout vient à temps à qui sait attendre...
:-))
Écrit par : Allusion | 30/04/2025
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