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19/05/2025

Les Mystères de Bruxelles

Capture d'écran 2025-05-14 135428.pngL'extrait de la vidéo de Fr5 sur Bruxelles qui suivait le billet "L’intelligence en top-down ou en bottom-up"  parlait du brusseleir et de la zwanze. 

Le livre "Vie et survie de la littérature bruxellois" de Georges Lebouc, décédé récemment, plonge aux racines de la littérature bruxelloise, dans son esprit et son dialecte marollien ou brusseleir.

Celui-ci ne se réduit pas à des propos de "pottepeis" ou à des insultes. Il a une riche palette de situations qui emmènent le lecteur depuis mi-19ème siècle jusqu'à nos jours dans une littérature "en Beulemans" explorées sous forme de romans, de poésies, des sketchs et de théâtre avec la zwanze comme langage intermédiaire.


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Prologue

Les Marolles, autour de la place du Jeu de Balle, ont des noms de rues marolliennes dont certains noms sont restés et d'autres ont disparus comme "rue des Rats", rue Bout du monde", "rue des Vers", décrites comme l'Enfer de Dante à cause des odeurs pestilentielle de la Senne, voutée seulement en 1867. Bruxelles, lieu de vie de "Pierre d'Enfer et Jan de Velours, de Pierre le Drôle au Moyen-Age. Tellement d'occasions pour utiliser des mots "morbifiques", trempés de vitriol dans une mosaïque de langues pour exprimer son humour spécial. Aujourd'hui, la ville relie l'ancien au nouveau, le pauvre au riche dans "un bazar kitch marollien" de la rue Haute à la rue Blaes. jusqu'au Sablon, quartier plus riche des antiquaires Bruxelles.   Pour son côté insolite, à l'arrière de la Grande-Place, une prison d'antan appelée "amigo", est devenue l'hôtel de luxe "Amigo". En 1979, Bruxelles fêtait ses mille ans avec la présence de Ella Fitzgerald sur la Grand-Place, théâtre baroque.  Ville d'exil et d'asile pour Victor Hugo, Karl MarxCharles Baudelaire, Colette, l'âme indomptable... et d'autres.

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1. Romanciers et précurseurs

Suau de Varennes (1809-1872) a écrit en 5 volumes "Les Mystères de Bruxelles" dans une littérature appelée "le beulemans" à cause de quelques mots bruxellois qu'il y utilise. Il a volé son nom à sa femme et lui a dérobé de l'argent pour se lancer dans l'édition en pensant à la préface écrite dans le sillage de Eugène Sue "Mystères de Paris".  Suau dépeint une humanité où la moyenne d'âge doit friser pas plus de trente ans. Ses habitants sont considérés comme des victimes déshérités, dénudées, desséchée par la fièvre et la misère, ivres de genièvre ou d'eau-de-vie de grains à côté, mais qui ont des habitants qui nagent au milieu du luxe et de l'abondance. Les prénoms usuels sont Toone ou Mieke et une méchante a le sobriquet "Tantje" (petite tante). Un langage moitié mauvais flamand et moitié patois wallon, mais truffé de suspenses. Alors que la Belgique vient de conquérir son indépendance, de 1843 à 1874, une période de "Mystères" germent dans toutes les villes d'Europe. Dans une disparité linguistique du "Flikker" en entrechat, dansante, on y traduit les Fables de La Fontaine. 

El Spinkaut et el Formi

El Sprinkhaut, k'avait chiffré l'entièreté,

se trouva bramant dans les loques 

quand l'hiver fut arrivé.

Il alla klopper à l'porte de l'Formi s'gebuer

pour lui demander des betjes à prêter.

Oui, mais l'Formi est pas fort pour prêter. 

s'moejer est van geven gesterven.

- Quoisque tu faisais donc, qu'elle dit com'ça au Sprintkaut,

pendant l'été quand nous aut' on toukait com' des malheureux

- J'chiffais, dit l'Spinkaut, pour les ceusse 

qu'allions promener au boulevard et hors de l'ville

- Ah, tu chifflais, qui dit l'Formi, eh be ! t'as qu'à faire des flikkers asteur pour t'chauffer.

Pis que t'as pas fait un spourpot pour l'hiver... 

Qué gayard, ça fait !

T'a un vieux fil. mais y connaissons ces strekes-là nous aut'.

Tu vends des pékes fils, t'as froid allo !, allo !, t'as fini ;

Et là-deseur, i clache l'porte fort fermée, que l'pauv Spinkaut qu'étais stampé su l'trap,

tombe avec es nez dans l'keek. 

- Allons fourt ! t'as qu'à chercher des betjes ailleurs
podcast

Quetje Corbeau

Sul tek d'un arbre stampé

Tenait dans s'bek, un pottekees

Quetje el Vos qui l'avait sentu là

Lui dit comme ça :

- Godfordekke que t'es joli !

Sakerdouble que t'es beau !

Begot ! si t'chifflot ressemble à t'kasaque

T'es un felle, allé,

Là dessus el Corbeau était si bien aise

que c'était pas pou dire !

Et pou montré s'beau chifflot,

il ouvre s'gueule tout large ouvert,

Vla l'kées qui tombe al terre,

Quetje l'Vos met s'pat dessus li,

Et li dit : Les ceusses qui vendions des pékes,

vivons toujou dos croutes de ceusse qui s'aissons

Attraper. Pas fâché s'pas !

El Corbeau était godferdekke si pouf,

Qu'il a donné s'parole que pu iamais i parlerait

Quand il aurait un kées as bek
podcast

 

 Flor O'Squarr (1830-1890). On sait peu de chose de lui. Il vécut à Paris, participa à la Guerre de 1870, parcouru le monde et mourut à Spa, prisée pour ses eaux et sa haute bourgeoisie. Il créa Van Koppernolle dans "Ouye! Ouye! Ouye!" et dans "Quel plaisir d'être Bruxellois" où il lança les plaintes des Wallons "Il y a trop longtemps qu'on sacrifie tout aux Flamands".  

Capture d'écran 2025-05-18 131736.pngLéopold Courouble (1861-1937) né à Bruxelles dans La Maison espagnole. Il a eu la chance d'y apprendre les deux langues du cru au contact des "ketjes" de la place Saint-Géry. Il passera pour un "fransquillon" dans ses allers-retours Bruxelles-Paris qui lui on permis son "Ne dites pas. Dites avec élégance" pour parler comme les Parisiens en pastichant dans "Notre langue" comme un "horrible bruxellisme". Cela ne l'empêcha pas de courir le monde de l'Amérique au Congo dans une auto-découverte.

George Garnir (1868-1939) livrera le chant national de l'ULB intitulé "Le Semeur". ll semble qu'il ait livré seul "La revue des Galeries" jouée à l'Alcazar avant le Théâtre des Galeries Saint-Hubert. Il créa l'hebdomadaire "Pourquoi pas ?" et le "Baedeker de physiologie bruxellois", le "Zievereer" et "Krott et Compagnie" et "Schieve Architek" qui ont ouvert la voie au "Mariage de Mademoiselle Beulemans"  

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2. Les dramaturges

Frantz Fonson (1870-1924) et Fernand Wicheler (1874-1935) : L'écriture précipitée de la pièce de théâtre "Le Mariage de Mademoiselle Beulemans" (1910) livre des événements, tournés en fictions, qu'ils avaient vécus. Ce fut une pièce à succès européen et mondial qui connu 17 traductions. Dans le rôle de Beulemans, on trouve un marchand de riz, un négociant en whisky ou un pétrolier. "J'ai essayé de faire pour Marseille ce qu'ils avaient fait pour Bruxelles avec le père de César et Marius dans un patrimoine littéraire" a dit Marcel Pagnol. Fonson relança l'idée dans le roman "Le Sergent Beulemans" et "Beulemans à Marseille

Jules Van Roy et Louis Bajart  écrivent "Zoetebeek" (1912), un gros ronchon vis-à-vis de sa servante à "La Maison du rire" renommé "Théâtre du Bois sacré" dans un mélange de "Bourgeois gentilhomme" et de "Corbeau et le Renard" qui confronté avec de futurs locataires noblaillons parisiens qui pincent leur langage, peine à comprendre, mais aime les médailles et veut devenir membre de "chochetées". Le public est complice avec un contrat tacite avec les comédiens. 

Capture d'écran 2025-05-19 101608.pngJoris d'Hanswijk (1878-1942) La pièce "Peperbol" (suivi de ... en ribotte, ... à tort, ... à l'exposition) jouée 475 fois de 1934 à 1935. Hitler vient de devenir chancelier du Reich avec des thèses racistes en prétendant unir une Wallonne avec un Flamand en mariant l'eau et le feu. Apparaissent successivement les mots "awel", "froucheleir", Jefke, Lientje, "potverdouche", "potvermille", "biesse", "binamé" et "zinneke" le chien plein de cœur. 

Capture d'écran 2025-05-18 131715.pngPaul Van Stalle ( 1908-1995) a écrit avec Joris "Bossemans et Coppenolle" (1938) a une époque où le foot était plus populaire en Belgique qu'en France. Dans une sorte de Shakespeare à la sauce bruxelloise, elle décrit la rivalité entre l'Union Saint-Gilloise et le Daring de Molenbeek-Saint-Jean. Madame Chapeau en homme habillé en femme, fait une brève apparition avec une réplique inoubliable "Madame Chapeau. Je ne m'appelle pas comme ça. Ce sont les crapuleux de ma stotje  qui m'ont donné ce surnom parce que je suis trop distinguée pour sortir en cheveux".

Vivianne Decuypere (1949- )  a connu tous les chantres de l'expression populaire bruxelloise comme Victor GuyauMarcel RoelsSimone Max, Christiane Lenain, Jacques Lippe, Georges Dutoit, Raymond Peira, Léonil Mac Cornicksont. Dans son Molenbeek-St-Jean natal, sa famille maternelle est ancrée depuis le 16ème siècle. Dans l'académie de Musique, elle a débuté par des cours de déclamation. Cela lui a permis de jouer plus tard au Parc, aux Galeries, chez Claude Volter. Partie à Paris, elle embrasse le rôle de rédacteur en chef d'une revue dédiée à la sauvegarde de la faune sauvage au sein du Museum National d'Histoire Naturelle où son "Bruxelleke" lui manque. Dans la zwanze pendant l'"Expo 1958", un jour de déprime, elle écrit, avec le parallèle des pralines Daskalides ou Léonidas, "Les pralines de M. Tonneklinker", inspirée par l'idée que les Américains veulent racheter son affaire. En 2010, "L'estaminet de Rosine", puis "Le ket" qui conte les amours contrariées d'un coureur cycliste. De l'Histoire, c'est "Charles de Bourgogne", "Amandine et le gueux", "L'abeille" qui ramène à la bataille de Waterloo.  

Jean-Paul Boyazis ( (1956- )  Grec, il écrit une comédie bourgeoise en dialecte bruxellois "Les Caprices de l'ami Théo" dans laquelle Théophile Pannekoek est marchand de parapluie. Son problème est qu'il fait un temps radieux sans draches. "Si ça continue, moi je suis foutu. J'ai plus vendu un seul parapluie". Il appelle son ami météorologiste pour trafiquer les infos météo. Des querelles suivent avant une réconciliation par la force des pintjes, des demi-gueuzes et de krieks. Pièce dans laquelle nostalgie et gaieté se marient. 

Léon Crabbé alias Virgile écrit plus de 500 sketches, 17 Fables de La Fontaine et autres. Amuseur assez vulgaire, il ne fera paraitre que 2 recueils avant sa mort en 1970 que les éditions Racine firent sortir du purgatoire en 2001. Sa tirade du nez de Cyrano de Bergerac vaut de l'or (Extrait : podcast).

La langue de Vigile était-elle authentique ? Non, elle était redoutable constituée de jeux de mots digne de l'Almanach de Vermot

Le rire d'ammoniaque est un rire démoniaque où la morale est ramenée au ras des pâquerettes. 

Selon que vous serez un Seigneur ou un'slache
Les juges vous appell'ront "Menhir" ou bien "voyou".
Les grands sont dans les baraflattes,
quand le temps n'est pas beau,
y vaut mieux d'êt'un roseau
Le petit David, ce moustique ridicule,
a mis Goliath knock-out avec un cataprul" !
Y met au travail plein de zèle
Et en cinq minut', il a knabbelé les ficelles
Le Loerik, c'est toi...

   Roger Kervyn  Les "Fables de Pitje Schramouille" ont été rééditée 22 fois et connurent un succès considérable. Ecrites dans un argot quintessencié comme un argot d'art, dans une orthographe tentant de reproduire la prononciation des "indigènes". Il est aussi l'auteur d'une courte parodie du Cid intitulée "El Cid".

Michel de Ghelderode (1898-1962) a écrit des pièces de théâtre mais aussi destinées à être représentées par des marionnettes. C'est au marionnettiste Toone qu'il songea pour écrire "Passion de Notre-Seigneur Jésus Christ". Représentée à Pâques est pleine d'anachronismes et de fautes de français. 

Jean d'Osta  (1909-1993) a écrit quotidiennement "Les pieds dans le plat" dans le journal "Le Peuple", avec des billets d'humeur signé Jef Kazak comme porte-parole et son "Andromac", fidèle à Racine, dans une ambiance bruxelloise.

Dominique Dognié alias Joske Maelbeek (1958- ) Après que les pièces de théâtre et sketches tombe en léthargie, il écrit les "Best Tof II du coté de chez Zwanze" , une "Nativitaaid" en 2013 par des "foebeltjes" avec une certaine nostalgie de son enfance en respectant une métrique des règles de la versification française de l'alexandrin et des jeux de mots dans "L'escarpin de la slache" dans lequel on a toujours besoin d'un plus "slappe" que soi et d'une vals' de mots verts et de noms d'oiseaux pour pousser Freud à s'taire. En France, pour la slache, on dirait "la mule" et chez nous, ce serait direct au poste pour zoophilie.

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3. Marionnettistes et sketchistes

Victor Lefèvre alias Coco Lulu ( -1904) a écrit des milliers de chroniques marolliennes, une cinquantaines de fabelkes destinées à la bourgeoisie lettrée dans une langue artificielle révélatrices de la société sans imagination.

Léopold Pels alias Bazoef (1853-1938) poète et chansonnier populaire, il a parodié François Villon dans "La Ballade des dames (ou des Crotjes) du temps jadis", surnommé "Shakespeare des Marolles"

Louis Quiévreux  (1902-1969) sous le sobriquet Jef Lawaait, sans moralité mais avec une correspondance avec la réalité, il a écrit son "Dictionnaire du dialecte bruxellois" qui contient beaucoup d'erreurs et d'étymologies fantaisistes dans lequel son "Jef Zonneklopper" prend la défense des chômeurs.  

Alphonse Barrez alias Barès ( - 1093) Architecte, il a participé au pavillon du Chili de l'exposition de 1935 et celle de la Belgique joyeuse en 1958. Il écrit des 'Flooaskes" dans son univers plutôt cruel en dépeignant le "povre Soukeler", en parodiant Cyrano de Bergerac avec José Géal, alias "Toone VII" sans avoir appris le bruxellois autre part que dans les milieux populaires.

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Réflexions du Miroir

Capture d'écran 2025-05-19 130559.pngQue dire de plus "en bas de ça" sinon :  Bienvenue chez les Zinnekes avec l'envie de conserver "des pensées surréalistes" ?

En France, on a tendance à coller des étiquettes sur les œuvres. Les Belges sont souvent inclassables comme des oiseaux libres, espiègles et dadaïstes.

Nadine Monfils a écrit une série de livres sur les Folles enquêtes de Magritte et Georgette dont le premier "Nom d'une pipe" est à Bruxelles

Qu'il y a un lien entre les productions parisiennes et bruxelloises ?

Un siècle de BD belges a pris d'autres relais à cette littérature dans des dessins et des bulles ou phylactères.

Capture d'écran 2025-05-19 135359.pngJe possède encore les podcasts des "Cafés serrés" et des "Cactus" qui donnent en échos la critique de l'actualité tous les matins à la Premier radio belge avec Alex Vizorek, Bert Kruisman, Laurence Bibot, Thomas Gunzig et Bruno Coppens pour les jeux de mots. (Extrait :podcast).

Capture d'écran 2025-05-19 171344.pngAu Théâtre Royal des Galeries, abonné, j'y ai été d'année en année. Le Covid a mis une coupure (Extrait d'une pièce de 2015 :podcast). 

Samedi, 25 mai prochain ce sera la "Zinneke Parade" qui fête ses 25 ans. Photos des années précédentes.

Aujourd'hui, il faudrait peut-être écrire une Fable de La Fontaine inversée. Les renards à Bruxelles traversent la ville et se font attaquer par les corneilles ou les corbeaux.

Un an après les élections, Bruxelles n'a toujours pas de gouvernement.

Formation bruxelloise : chassez le communautaire, il revient au galop!

Bernard de orthogaffe m'a dit qu'en 1985, il suivait des cours de théâtre aux Galeries avec Joël Jacques et Jacques Auberpin et qu'au Mokafé, il croisait Serge Michel, Régine Verelle, Muriel Stanislas, Christiane Lenain…  Beaucoup d'entre eux sont disparus... Depuis, Bernard cherche d'où provient, les absurdités ou les lourdeurs de l'orthographe sur orthogaffe.com

Grand Corps Malade revisite ce qu'est le théâtre.

Ce samedi, c'était la finale de l'Eurovision.

La Belgique était éliminée à la première sélection. 

Le cactus a sa petite idée humoristique à ce sujet podcast

C'était aussi la "Brussels Pride".

Photos des années pécédentes.

Bruxelles est la ville la plus accommodante de la Pride et des LGBTQI+ après Malte podcast

 Dans le cadre de cette Brussels Pride, l'exposition « The Art of Becoming through tales, reveries and mirrors » au Mont de Piété explore la diversité des identités et questionne les représentations dominantes à travers la photographie, la peinture et l’art numérique. Aleksandra Rowicka et Kristell in Wonderland proposent un regard inclusif et engagé, où l’art devient un espace de dialogue et d’émancipation pour les communautés LGBTQIA+. Chaque œuvre agit comme un miroir des métamorphoses intérieures et sociétales, invitant les visiteurs à réfléchir à la construction de soi, à la perception du genre et aux récits qui façonnent nos identités, en brouillant les frontières entre réel et imaginaire, individuel et collectif et en interrogeant l’identité comme un processus en constante évolution.

Photos après un clic sur l'image ci-dessous

Capture d'écran 2025-05-17 101841.png

Allusion

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