19/05/2025
Les Mystères de Bruxelles
L'extrait de la vidéo de Fr5 sur Bruxelles qui suivait le billet "L’intelligence en top-down ou en bottom-up" parlait du brusseleir et de la zwanze.
Le livre "Vie et survie de la littérature bruxellois" de Georges Lebouc, décédé récemment, plonge aux racines de la littérature bruxelloise, dans son esprit et son dialecte marollien ou brusseleir.
Celui-ci ne se réduit pas à des propos de "pottepeis" ou à des insultes. Il a une riche palette de situations qui emmènent le lecteur depuis mi-19ème siècle jusqu'à nos jours dans une littérature "en Beulemans" explorées sous forme de romans, de poésies, des sketchs et de théâtre avec la zwanze comme langage intermédiaire.
...
Prologue
Les Marolles, autour de la place du Jeu de Balle, ont des noms de rues marolliennes dont certains noms sont restés et d'autres ont disparus comme "rue des Rats", rue Bout du monde", "rue des Vers", décrites comme l'Enfer de Dante à cause des odeurs pestilentielle de la Senne, voutée seulement en 1867. Bruxelles, lieu de vie de "Pierre d'Enfer et Jan de Velours, de Pierre le Drôle au Moyen-Age.
Tellement d'occasions pour utiliser des mots "morbifiques", trempés de vitriol dans une mosaïque de langues pour exprimer son humour spécial. Aujourd'hui, la ville relie l'ancien au nouveau, le pauvre au riche dans "un bazar kitch marollien" de la rue Haute à la rue Blaes. jusqu'au Sablon, quartier plus riche des antiquaires Bruxelles. Pour son côté insolite, à l'arrière de la Grande-Place, une prison d'antan appelée "amigo", est devenue l'hôtel de luxe "Amigo". En 1979, Bruxelles fêtait ses mille ans avec la présence de Ella Fitzgerald sur la Grand-Place, théâtre baroque. Ville d'exil et d'asile pour Victor Hugo, Karl Marx, Charles Baudelaire, Colette, l'âme indomptable... et d'autres.
...
1. Romanciers et précurseurs
Suau de Varennes (1809-1872) a écrit en 5 volumes "Les Mystères de Bruxelles" dans une littérature appelée "le beulemans" à cause de quelques mots bruxellois qu'il y utilise. Il a volé son nom à sa femme et lui a dérobé de l'argent pour se lancer dans l'édition en pensant à la préface écrite dans le sillage de Eugène Sue "Mystères de Paris". Suau dépeint une humanité où la moyenne d'âge doit friser pas plus de trente ans. Ses habitants sont considérés comme des victimes déshérités, dénudées, desséchée par la fièvre et la misère, ivres de genièvre ou d'eau-de-vie de grains à côté, mais qui ont des habitants qui nagent au milieu du luxe et de l'abondance. Les prénoms usuels sont Toone ou Mieke et une méchante a le sobriquet "Tantje" (petite tante). Un langage moitié mauvais flamand et moitié patois wallon, mais truffé de suspenses. Alors que la Belgique vient de conquérir son indépendance, de 1843 à 1874, une période de "Mystères" germent dans toutes les villes d'Europe. Dans une disparité linguistique du "Flikker" en entrechat, dansante, on y traduit les Fables de La Fontaine.
El Spinkaut et el Formi El Sprinkhaut, k'avait chiffré l'entièreté, |
Quetje Corbeau Sul tek d'un arbre stampé
|
Flor O'Squarr (1830-1890). On sait peu de chose de lui. Il vécut à Paris, participa à la Guerre de 1870, parcouru le monde et mourut à Spa, prisée pour ses eaux et sa haute bourgeoisie. Il créa Van Koppernolle dans "Ouye! Ouye! Ouye!" et dans "Quel plaisir d'être Bruxellois" où il lança les plaintes des Wallons "Il y a trop longtemps qu'on sacrifie tout aux Flamands".
Léopold Courouble (1861-1937) né à Bruxelles dans La Maison espagnole. Il a eu la chance d'y apprendre les deux langues du cru au contact des "ketjes" de la place Saint-Géry. Il passera pour un "fransquillon" dans ses allers-retours Bruxelles-Paris qui lui on permis son "Ne dites pas. Dites avec élégance" pour parler comme les Parisiens en pastichant dans "Notre langue" comme un "horrible bruxellisme". Cela ne l'empêcha pas de courir le monde de l'Amérique au Congo dans une auto-découverte.
George Garnir (1868-1939) livrera le chant national de l'ULB intitulé "Le Semeur". ll semble qu'il ait livré seul "La revue des Galeries" jouée à l'Alcazar avant le Théâtre des Galeries Saint-Hubert. Il créa l'hebdomadaire "Pourquoi pas ?" et le "Baedeker de physiologie bruxellois", le "Zievereer" et "Krott et Compagnie" et "Schieve Architek" qui ont ouvert la voie au "Mariage de Mademoiselle Beulemans"
...
2. Les dramaturges
Frantz Fonson (1870-1924) et Fernand Wicheler (1874-1935) : L'écriture précipitée de la pièce de théâtre "Le Mariage de Mademoiselle Beulemans" (1910) livre des événements, tournés en fictions, qu'ils avaient vécus. Ce fut une pièce à succès européen et mondial qui connu 17 traductions. Dans le rôle de Beulemans, on trouve un marchand de riz, un négociant en whisky ou un pétrolier. "J'ai essayé de faire pour Marseille ce qu'ils avaient fait pour Bruxelles avec le père de César et Marius dans un patrimoine littéraire" a dit Marcel Pagnol. Fonson relança l'idée dans le roman "Le Sergent Beulemans" et "Beulemans à Marseille"
Jules Van Roy et Louis Bajart écrivent "Zoetebeek" (1912), un gros ronchon vis-à-vis de sa servante à "La Maison du rire" renommé "Théâtre du Bois sacré" dans un mélange de "Bourgeois gentilhomme" et de "Corbeau et le Renard" qui confronté avec de futurs locataires noblaillons parisiens qui pincent leur langage, peine à comprendre, mais aime les médailles et veut devenir membre de "chochetées". Le public est complice avec un contrat tacite avec les comédiens.
Joris d'Hanswijk (1878-1942) La pièce "Peperbol" (suivi de ... en ribotte, ... à tort, ... à l'exposition) jouée 475 fois de 1934 à 1935. Hitler vient de devenir chancelier du Reich avec des thèses racistes en prétendant unir une Wallonne avec un Flamand en mariant l'eau et le feu. Apparaissent successivement les mots "awel", "froucheleir", Jefke, Lientje, "potverdouche", "potvermille", "biesse", "binamé" et "zinneke" le chien plein de cœur.
Paul Van Stalle ( 1908-1995) a écrit avec Joris "Bossemans et Coppenolle" (1938) a une époque où le foot était plus populaire en Belgique qu'en France. Dans une sorte de Shakespeare à la sauce bruxelloise, elle décrit la rivalité entre l'Union Saint-Gilloise et le Daring de Molenbeek-Saint-Jean. (**)
Madame Chapeau en homme habillé en femme, fait une brève apparition avec une réplique inoubliable "Madame Chapeau. Je ne m'appelle pas comme ça. Ce sont les crapuleux de ma stotje qui m'ont donné ce surnom parce que je suis trop distinguée pour sortir en cheveux".
Vivianne Decuypere (1949- ) a connu tous les chantres de l'expression populaire bruxelloise comme Victor Guyau, Marcel Roels, Simone Max, Christiane Lenain, Jacques Lippe, Georges Dutoit, Raymond Peira, Léonil Mac Cornicksont. Dans son Molenbeek-St-Jean natal, sa famille maternelle est ancrée depuis le 16ème siècle. Dans l'académie de Musique, elle a débuté par des cours de déclamation. Cela lui a permis de jouer plus tard au Parc, aux Galeries, chez Claude Volter. Partie à Paris, elle embrasse le rôle de rédacteur en chef d'une revue dédiée à la sauvegarde de la faune sauvage au sein du Museum National d'Histoire Naturelle où son "Bruxelleke" lui manque. Dans la zwanze pendant l'"Expo 1958", un jour de déprime, elle écrit, avec le parallèle des pralines Daskalides ou Léonidas, "Les pralines de M. Tonneklinker", inspirée par l'idée que les Américains veulent racheter son affaire. En 2010, "L'estaminet de Rosine", puis "Le ket" qui conte les amours contrariées d'un coureur cycliste. De l'Histoire, c'est "Charles de Bourgogne", "Amandine et le gueux", "L'abeille" qui ramène à la bataille de Waterloo.
Jean-Paul Boyazis ( (1956- ) Grec, il écrit une comédie bourgeoise en dialecte bruxellois "Les Caprices de l'ami Théo" dans laquelle Théophile Pannekoek est marchand de parapluie. Son problème est qu'il fait un temps radieux sans draches. "Si ça continue, moi je suis foutu. J'ai plus vendu un seul parapluie". Il appelle son ami météorologiste pour trafiquer les infos météo. Des querelles suivent avant une réconciliation par la force des pintjes, des demi-gueuzes et de krieks. Pièce dans laquelle nostalgie et gaieté se marient.
Léon Crabbé alias Virgile écrit plus de 500 sketches, 17 Fables de La Fontaine et autres. Amuseur assez vulgaire, il ne fera paraitre que 2 recueils avant sa mort en 1970 que les éditions Racine firent sortir du purgatoire en 2001. Sa tirade du nez de Cyrano de Bergerac vaut de l'or.
La langue de Vigile était-elle authentique ? Non, elle était redoutable constituée de jeux de mots digne de l'Almanach de Vermot.
Le rire d'ammoniaque est un rire démoniaque où la morale est ramenée au ras des pâquerettes.
Selon que vous serez un Seigneur ou un'slache
Les juges vous appell'ront "Menhir" ou bien "voyou".
Les grands sont dans les baraflattes,
quand le temps n'est pas beau,
y vaut mieux d'êt'un roseau
Le petit David, ce moustique ridicule,
a mis Goliath knock-out avec un cataprul" !
Y met au travail plein de zèle
Et en cinq minut', il a knabbelé les ficelles
Le Loerik, c'est toi...
Roger Kervyn Les "Fables de Pitje Schramouille" ont été rééditée 22 fois et connurent un succès considérable. Ecrites dans un argot quintessencié comme un argot d'art, dans une orthographe tentant de reproduire la prononciation des "indigènes". Il est aussi l'auteur d'une courte parodie du Cid intitulée "El Cid".
Michel de Ghelderode (1898-1962) a écrit des pièces de théâtre mais aussi destinées à être représentées par des marionnettes. C'est au marionnettiste Toone qu'il songea pour écrire "Passion de Notre-Seigneur Jésus Christ". Représentée à Pâques est pleine d'anachronismes et de fautes de français.
Jean d'Osta (1909-1993) a écrit quotidiennement "Les pieds dans le plat" dans le journal "Le Peuple", avec des billets d'humeur signé Jef Kazak comme porte-parole et son "Andromac", fidèle à Racine, dans une ambiance bruxelloise.
Dominique Dognié alias Joske Maelbeek (1958- ) Après que les pièces de théâtre et sketches tombe en léthargie, il écrit les "Best Tof II du coté de chez Zwanze" , une "Nativitaaid" en 2013 par des "foebeltjes" avec une certaine nostalgie de son enfance en respectant une métrique des règles de la versification française de l'alexandrin et des jeux de mots dans "L'escarpin de la slache" dans lequel on a toujours besoin d'un plus "slappe" que soi et d'une vals' de mots verts et de noms d'oiseaux pour pousser Freud à s'taire. En France, pour la slache, on dirait "la mule" et chez nous, ce serait direct au poste pour zoophilie.
...
3. Marionnettistes et sketchistes
Victor Lefèvre alias Coco Lulu ( -1904) a écrit des milliers de chroniques marolliennes, une cinquantaines de fabelkes destinées à la bourgeoisie lettrée dans une langue artificielle révélatrices de la société sans imagination.
Léopold Pels alias Bazoef (1853-1938) poète et chansonnier populaire, il a parodié François Villon dans "La Ballade des dames (ou des Crotjes) du temps jadis", surnommé "Shakespeare des Marolles"
Louis Quiévreux (1902-1969) sous le sobriquet Jef Lawaait, sans moralité mais avec une correspondance avec la réalité, il a écrit son "Dictionnaire du dialecte bruxellois" qui contient beaucoup d'erreurs et d'étymologies fantaisistes dans lequel son "Jef Zonneklopper" prend la défense des chômeurs.
Alphonse Barrez alias Barès ( - 1093) Architecte, il a participé au pavillon du Chili de l'exposition de 1935 et celle de la Belgique joyeuse en 1958. Il écrit des 'Flooaskes" dans son univers plutôt cruel en dépeignant le "povre Soukeler", en parodiant Cyrano de Bergerac avec José Géal, alias "Toone VII" sans avoir appris le bruxellois autre part que dans les milieux populaires.
...
Réflexions du Miroir
Que dire de plus "en bas de ça" sinon : Bienvenue chez les Zinnekes avec l'envie de conserver "des pensées surréalistes" ?
En France, on a tendance à coller des étiquettes sur les œuvres. Les Belges sont souvent inclassables comme des oiseaux libres, espiègles et dadaïstes.
Nadine Monfils a écrit une série de livres sur les Folles enquêtes de Magritte et Georgette dont le premier "Nom d'une pipe" est à Bruxelles
Qu'il y a un lien entre les productions parisiennes et bruxelloises ?
Un siècle de BD belges a pris d'autres relais à cette littérature dans des dessins et des bulles ou phylactères.
Je possède encore les podcasts des "Cafés serrés" et des "Cactus" qui donnent en échos la critique de l'actualité tous les matins à la Premier radio belge avec Alex Vizorek, Bert Kruisman, Laurence Bibot, Thomas Gunzig et Bruno Coppens pour les jeux de mots. (Extrait :
).
Au Théâtre Royal des Galeries, abonné, j'y ai été d'année en année. Le Covid a mis une coupure (Extrait d'une pièce de 2015 :).
Dimanche 25 mai, ce sera la "Zinneke Parade" qui fête ses 25 ans. Photos des années précédentes.
Aujourd'hui, il faudrait peut-être écrire une Fable de La Fontaine inversée, en belgicismes ou bruxellismes. Les renards à Bruxelles traversent la ville et se font attaquer par les corneilles ou les corbeaux.
Un an après les élections, Bruxelles n'a toujours pas de gouvernement.
Daardaard.be : Formation bruxelloise : chassez le communautaire, il revient au galop ! (*)
Les déficits se creusent. Grève nationale demain. Manifestations pour faire de son nez ....
et bardaf, c'est l'embardée.
Potferdek, prenons acte avec les brettes potentielles avec des dikkeneks et les stoefers. Tout cela, c'est du vlek.
Que faudra-t-il pour éviter l'accroche-pieds, pour tirer son plan sans babeler, pour rester en affaire ou pour en faire et finir par recevoir quelques dringuelles ?
Bernard de orthogaffe m'a dit qu'en 1985, il suivait des cours de théâtre aux Galeries avec Joël Jacques et Jacques Auberpin et qu'au Mokafé, il croisait Serge Michel, Régine Verelle, Muriel Stanislas, Christiane Lenain… Beaucoup d'entre eux sont disparus... Depuis, Bernard cherche d'où provient, les absurdités ou les lourdeurs de l'orthographe sur orthogaffe.com.
Grand Corps Malade revisite ce qu'est le théâtre de la vie.
Ce samedi, c'était la finale de l'Eurovision.
La Belgique était éliminée à la première sélection.
Le cactus a sa petite idée humoristique à ce sujet .
C'était aussi la "Brussels Pride".
Bruxelles est la ville la plus accommodante de la Pride et des LGBTQI+ après Malte
Photos après un clic sur l'image ci-dessous
Allusion
PS : Préversion de ce billet sur agoravox.fr
...
20/5/2025 : A Uccle, plus de fête des mères et des pères... Une fête de famille
Récitation du jeune cactus
21/5/2025 : La plume de Thomas Gunzig
22/5/2025 : J'écrivais dans ce billet : "En France, pour la slache, on dirait "la mule" et chez nous, ce serait direct au poste pour zoophilie".
Le cactus a un sujet différent : "Trop de drogue".
La mule, c'est encore autre chose dans ce domaine.
J'ignore s'il y a une relation de causes de la prison à effets ou d'effets renvoyés aux causes ?
23/5/2025 : Culture en prime reçoit Raphaël Liegeois
(*)
Résultats de l'enquête nationale après les 100 jours du gouvernement de Bart De Wever (rappel : À droite toute)
(**) 25/5/2025 :
L'Union Saint-Gilloise a remporté le championnat de football après 35 ans
Publié dans Actualité, Belgique, Histoire, Livres, Sport | Lien permanent | Commentaires (4) | Imprimer
Commentaires
http://vanrinsg.hautetfort.com/archive/2024/06/15/centre-ou-droite.html
Selon notre étude, Bart De Wever inspire confiance à la plupart des électeurs Flamands, mais divise côté francophone. Les électeurs du MR, des Engagés et de Défi lui reconnaissent plus d'aptitude à assumer la fonction de Premier ministre. Son arrivée au pouvoir booste complètement la perception de la démocratie aux électeurs flamands.
Le Premier ministre belge Bart De Wever arrive au Conseil européen à Bruxelles, le 6 mars 2025.
© NICOLAS TUCAT / AFP / Le Premier ministre belge Bart De Wever arrive au Conseil européen à Bruxelles, le 6 mars 2025.
Le gouvernement De Wever a scellé un accord de coalition tard dans la soirée du 31 janvier. Quelques mois plus tard, et un an après les élections, que pensent les électeurs de la personnalité du nouveau Premier ministre, de ses ministres ou des partis qui composent la coalition ? Quel effet a eu l’Arizona sur la confiance dans la démocratie ou sur la confiance des électeurs dans les gouvernements ? C’est la question posée par l’institut de sondage BPACT, commandée par la RTBF, la VRT et De Standaard et réalisée du 3 au 24 mars auprès de 5884 électeurs des trois régions des pays.
La première réponse à ces questions concerne la popularité de Bart De Wever lui-même en tant que Premier. La question se pose d’autant plus pour un Premier ministre nationaliste. Bart De Wever rassemble une majorité de l’opinion publique derrière lui dans le pays, surtout en Flandre, mais un peu aussi côté francophone. En Flandre, les électeurs lui donnent un score moyen de 6,1/10 avec deux chiffres qui montrent une tendance positive : 15% des électeurs lui donnent un 10/10 et 61% des Flamands lui donnent un score au-dessus de la médiane (6/10 ou plus).
Les électeurs bruxellois et les Wallons sont beaucoup plus divisés. Le nouveau Premier ministre n’obtient pas la médiane dans les deux électorats (4,5/10 en Wallonie et 4,8% à Bruxelles), et deux groupes significatifs lui brandissent un zéro pointé : 17% des Wallons et 18% des Bruxellois. Mais, de l’autre côté de l’échelle, 40% des Wallons et 44% des Bruxellois lui donnent une note de 6/10 ou supérieure.
"Ce n’est donc pas comme si De Wever avait rencontré une opposition francophone majeure dans les premières semaines de son gouvernement, analysent les auteurs de l’étude Jonas Lefevere, Stafaan Walgrave (Université d’Anvers) et Jean-Benoit Pilet (Université Libre de Bruxelles). Il jouit du bénéfice du doute à cet égard, mais il est une figure polarisante avec de forts opposants et de forts partisans."
Les électeurs MR, Engagés, Défi et de quasi tous les partis flamands valident Bart De Wever comme Premier ministre
Au-delà de ces scores globalisés par région, il est intéressant de zoomer au sein de chaque électorat. En Wallonie, les électeurs du MR soutiennent largement la personnalité de Bart De Wever en tant que Premier ministre montre cette enquête avec une évaluation de 7,3/10. L’autre parti francophone de la majorité, Les Engagés, peut aussi compter sur le soutien de ses électeurs envers Bart De Wever (6/10). Tous les autres groupes d’électeurs wallons testés, qu’ils soient électeurs d’un parti d’opposition ou indécis, n’offrent pas la moyenne au nouveau Premier ministre. Les plus opposés au leader nationaliste sont les électeurs du PTB (2,8/10) et les abstentionnistes. Dans l’opposition toujours, remarquons un rejet plus net du Premier ministre chez les électeurs du PTB et du PS (3,4/10) que d’Ecolo (4,3/10).
Dans des proportions à peu près similaires, les électeurs bruxellois du MR, des Engagés, mais aussi de façon plus surprenante, de Défi, soutiennent la personnalité de Bart De Wever. L’électorat du parti de Sophie Rohonyi, pourtant dans l’opposition et adversaire historique du nationalisme flamand, est même davantage séduit par le nouveau Premier ministre que celui des Engagés. 48% des électeurs bruxellois de Défi donnent un score positif (6/10 ou plus) au nationaliste flamand et 13% d’entre eux, comme au MR, lui offrent un 10/10. "Sociologiquement, l’électorat Défi bruxellois est proche de celui du MR ou des Engagés, situe Jean-Benoit Pilet, politologue à l’ULB. Ce score est donc surprenant par rapport aux positions d’Olivier Maingain par le passé notamment, mais pas par rapport à la sociologie de l’électorat de Défi."
Même les électeurs qui n’ont pas rejoint le gouvernement De Wever ou qui sont idéologiquement éloignés de la N-VA jugent Bart De Wever de manière positive
Ils sont rejoints dans leur opinion globalement positive par les Bruxellois qui déclarent voter pour un autre parti que ceux proposés : il peut s’agir d’électeurs bruxellois de la N-VA, de l’Open VLD, du CD&V ou de bien d’autres partis flamands qui eux aussi sont favorables au Premier ministre. Dans la capitale, ce sont à nouveau les électeurs marxistes (2,6/10) et socialistes (3,6/10) qui s’opposent le plus à Bart De Wever, davantage encore que les écologistes (4,4/10).
Car la popularité de Bart De Wever se mesure de manière spectaculaire en Flandre où quasiment tous les électorats lui donnent une note égale ou supérieure à la barre de 5/10, même parmi les électeurs du Vlaams Belang (5/10) ou Groen (5,1) qui sont dans l’opposition à tous les niveaux de pouvoir. L’évaluation des électeurs de l’Open VLD, dans l’opposition, est à ce titre marquante puisqu’ils offrent une note de 5,7/10, supérieure à celle des électeurs de Vooruit dont le parti est pourtant à bord. "Il s’agit d’une observation frappante, analysent les auteurs de l’étude, même les électeurs qui n’ont pas rejoint le gouvernement De Wever et/ou qui sont idéologiquement éloignés de la N-VA de De Wever jugent de manière positive son aptitude à être Premier ministre."
La satisfaction démocratique augmente en Flandre, reste stable en Wallonie et à Bruxelles
Il n’est pas nouveau que la satisfaction envers le fonctionnement de démocratie est plus élevée en Flandre qu’à Bruxelles ou en Wallonie. Côté francophone, l'arrivée de Bart De Wever n'a absolument pas modifié la confiance dans la démocratie des électeurs.
En Wallonie comme à Bruxelles, les insatisfaits (42% en Wallonie, 36% à Bruxelles) sont plus nombreux que les satisfaits (26% et 33%).
En revanche, les premiers mois du gouvernement De Wever semblent avoir gonflé cette satisfaction en Flandre. La Flandre compte désormais davantage de répondants satisfaits et plutôt satisfaits (40%) de leur démocratie que d’insatisfaits (33%).
En Flandre, cette proportion de 40% de satisfaits ou tout à fait satisfaits est surtout impressionnante lorsqu'on la compare dans le temps.
Au lendemain des élections de 2019, seuls 23% des Flamands avaient confiance dans la démocratie ;
La proportion est montée jusqu'à 32% pendant les années Covid (2020, 2021, 2022) ;
Les deux dernières années du gouvernement De Croo (2023, 2024) avaient sapé la confiance des électeurs flamands qui était retombée proche des 25%
En 2025, avec l'arrivée de Bart De Wever à la tête du pays, la confiance augmente de 25% à 40% en un an.
Il semble que l’année 2025 ait atteint le niveau de satisfaction le plus élevé depuis le début de 'De Stemming' en Flandre
Le groupe de répondants positifs a donc augmenté de 15 points en un an. Sur échelle plus longue encore, "la satisfaction à l’égard du fonctionnement de la démocratie belge s’améliore considérablement, notent les auteurs de l’étude. Il semble que l’année 2025 ait atteint le niveau de satisfaction le plus élevé depuis le début de De Stemming (réalisée depuis en 2023 en Flandre, NDLR). Cela ne veut pas dire que les Flamands s’extasient sur le fonctionnement de leur démocratie, mais ils sont désormais plus nombreux à la juger positivement que négativement. Cela semble être une première indication que l’arrivée du gouvernement De Wever a peut-être été une sorte de tournant pour beaucoup de Flamands."
La satisfaction à l’égard des gouvernements en échec, mais plus élevée côté flamand
La plupart des gouvernements sont mis en échec, quel que soit le panel d’électeurs ou le gouvernement sondé. Seule exception : les électeurs flamands qui accordent une note de 5,6/10 de satisfaction à l’égard des autorités de leur commune. Tous les autres sont sous la moyenne de 5/10.
Le niveau communal, comme l’indiquent déjà d’autres études, reste le niveau qui génère le plus de satisfaction pour les électeurs. Les scores régionaux sont ceux qui créent le plus d’écart les uns par rapport aux autres, ce qui peut s’expliquer par le fait que ces gouvernements épousent parfaitement à l’électorat régional mesuré. Ainsi, on peut déduire que les Flamands sont davantage satisfaits de leur gouvernement régional que les Bruxellois (qui n’en ont pas). "La forte insatisfaction des Bruxellois par rapport à leur gouvernement régional est sans doute liée à l’absence d’un exécutif de plein exercice dans la Région", pointent d’ailleurs les auteurs de l’étude.
Les différences d’opinions à l’égard du gouvernement fédéral ou de l’Union européenne sont plus réduites mais sont convergentes : la Flandre a une opinion un peu meilleure que les Bruxellois. Les Wallons sont les plus insatisfaits dans les deux cas.
Les électeurs sont contents… quand leur parti commande
Si nous zoomons au niveau des électeurs de chaque parti, il est assez logique de constater qu’en règle générale, les électeurs de partis au pouvoir ont une plus haute satisfaction de leurs gouvernements, quel que soit le niveau de pouvoir.
Ainsi, en Wallonie, les électeurs du MR et des Engagés sont largement plus satisfaits que les autres de l’actuel gouvernement fédéral ou régional dans lequel leurs partis sont représentés, même si leur enthousiasme reste modéré, à peine au-dessus de 5. L’opposition PTB, PS et Ecolo à ces deux niveaux pouvoirs se retrouve aussi parmi leur électorat, avec une satisfaction comprise entre 2/10 et 4/10. Les scores sont identiques pour les électeurs d’autres partis non testés ici, les abstentionnistes, votes blancs et indécis.
Les différences sont moins marquées à l’échelon européen, même si là aussi, les électeurs MR et Engagés ont un degré de satisfaction, sous la moyenne, mais plus élevé que chez les autres électeurs. Les électeurs PTB sont les plus critiques de ce niveau de pouvoir, si l’on excepte les électeurs d’autres partis que ceux proposés ou les abstentionnistes.
L’échelon communal montre une satisfaction proche de 6/10 chez les électeurs MR, Engagés et PS qui s’explique assez facilement par le fait que la grande majorité des bourgmestres wallons sont issus de l’une de ces trois forces politiques.
À Bruxelles, cette logique de partis au pouvoir se retrouve avec une satisfaction affirmée des électeurs Engagés et MR envers le gouvernement fédéral, rejoint en partie de manière surprenante par les électeurs de Défi. Le gouvernement régional ne recueille que des scores de satisfaction inférieurs à 5/10. Les électeurs des partis qui y sont encore (Ecolo, Défi et PS) sont légèrement moins critiques que les électeurs des partis qui aimeraient y être (MR et Engagés). L’échelon européen montre peu de différences avec des électorats qui offrent tous un taux de satisfaction entre 4/10 et 4,7/10. Seul le PTB garde des électeurs particulièrement insatisfaits.
Au niveau communal, malgré l’entrée du parti marxiste dans deux majorités sur les 19 de la région bruxelloise (à Forest et Molenbeek), ses électeurs restent particulièrement insatisfaits (3,6/10). Les électeurs des autres partis, du MR (4,6/10) au PS et Engagés (5,4/10) affichent tous des scores moyens en rapport avec leurs responsabilités partagées à cet échelon de pouvoir dans la capitale.
En Flandre, la surprise se situe dans le soutien des électeurs de l’Open VLD au gouvernement fédéral (5,5/10) avec un score supérieur à ceux des électeurs de la N-VA (5,3/10) ou de Vooruit. Ce même soutien libéral se retrouve à l’échelon du gouvernement flamand dont il se dit relativement satisfait (5,4/10), là encore dans des proportions plus importantes que les électeurs de Vooruit (5,1%).
L’Open VLD est le parti qui affiche, avec Groen, la plus grande satisfaction à l’égard de l’Union européenne, alors que la N-VA est le parti traditionnel qui en est le plus critique (4,6/10). Le soutien des électeurs flamands à leurs autorités communales est relativement élevé, avec une moyenne de 5,6/10 et des scores encore plus élevés chez tous les électeurs des partis traditionnels.
Les électeurs de partis traditionnels davantage convaincu d’une gouvernance démocratique
Plus d’un Belge sur deux considère que notre pays est actuellement gouverné démocratiquement. Le résultat est meilleur en Flandre et à Bruxelles (6,1/10) qu’en Wallonie (5,7/10). Les résultats diffèrent surtout en fonction du parti que les électeurs soutiennent.
Ainsi, dans les trois régions du pays, les résultats sont généralement au-dessus de la moyenne parmi les partis traditionnels (MR, Engagés, Ecolo, Défi côté francophone, Groen, CD&V, N-VA, Vooruit, Open VLD côté flamand). La seule exception notable des électeurs socialistes francophones qui, à Bruxelles comme en Wallonie, estiment moins que la moyenne que notre pays est gouverné démocratiquement.
Enfin, ceux qui expriment une réelle défiance dans la gouvernance démocratique sont les électeurs du PTB-PVDA, du Vlaams Belang, ou des électeurs blancs/abstentionnistes qui n’offrent pas la moyenne de 5/10 à notre pays.
En conclusion, les Flamands expriment des sentiments nettement plus positifs que les Wallons et les Bruxellois par rapport à Bart De Wever, son gouvernement, la démocratie ou la politique en général. Mais l’analyse par parti montre surtout que ce sont les électeurs de partis qui se trouvent les gouvernements (au fédéral, dans les régions ou dans les communes) qui sont positifs.
"C’est en fait la première question que se posent les électeurs après la formation d’un gouvernement : le parti pour lequel j’ai voté s’y trouve-t-il ?", explique Jean-Benoit Pilet, politologue de l’ULB. "Ils développeront un sentiment positif ou négatif déjà à travers ce premier critère. Ensuite, ils analyseront le gouvernement et ses premières mesures sur base de ce qu’ils pensent eux-mêmes. Et à ce titre, il n’est pas surprenant de constater que l’électeur MR est satisfait des premières mesures prises par le gouvernement De Wever", analyse-t-il. C’est forcément moins le cas pour des partis d’opposition de gauche, mais explique pourquoi les électeurs de l’Open VLD, idéologiquement très proches du gouvernement De Wever sont plutôt favorables à celui-ci.
"Enfin, le dernier critère qui peut jouer est le caractère légitime du gouvernement : est-il bien formé des gagnants des élections ?, illustre Jean-Benoit Pilet. Et à ce titre, oui, il n’y a que des partis qui ont gagné les élections dans ce gouvernement De Wever. Même un parti comme l’Open VLD, proche au niveau idéologique, mais perdant ne s’y trouve pas. C’est un élément qui va renforcer la confiance dans la démocratie et qui se mesure particulièrement en Flandre." De fait, dans le dernier gouvernement Vivaldi, les deux premiers partis de Flandre étaient absents de l’équipe De Croo, alors que cette fois-ci : le premier parti de Flandre (et du pays), vainqueur des élections, est au gouvernement et le dirige.
https://www.rtbf.be/article/l-enquete-nationale-bart-de-wever-valide-en-flandre-et-par-les-electeurs-mr-les-flamands-retrouvent-confiance-dans-la-democratie-grace-a-l-arizona-11547854
Écrit par : Allusion | 22/05/2025
Répondre à ce commentairehttps://auvio.rtbf.be/emission/au-suivant-26297
Écrit par : Allusion | 23/05/2025
Répondre à ce commentaireAprès 90 ans, Union Saint-Gilloise est championne de football de Belgique
Écrit par : Allusion | 25/05/2025
Répondre à ce commentairehttps://www.msn.com/fr-be/video/actualite/20-km-de-bruxelles-la-reine-mathilde-a-particip%C3%A9-avec-les-marcheurs/vi-AA1Fs5Ex?ocid=msedgntp&pc=LCTS&cvid=3c8fd0cb87814a0da99bedadc50fc2d1&ei=16
Écrit par : Allusion | 25/05/2025
Répondre à ce commentaireÉcrire un commentaire