25/05/2019
Comment a-t-on pu en arriver là ?
Une question bête et méchante posée par une de mes lectrices...
Entre le jeudi 23 et le dimanche 26 mai, des élections régionales, fédérales et européennes ont été préparées et organisées en commençant par les Britanniques, les Hollandais, puis les Italiens dont on annonçait les points négatifs
, avant tous les autres.
Mon billet "Élire, c'est maudire dans la Cour des miracles" parlait déjà de populisme, de souverainisme....
A sa suite, "La Cour des miracle selon Michel Onfray" prouve qu'en France, la situation n'est pas meilleure.
Au niveau européen, il n'y a eu que la campagne organisée par les eurosceptiques et l'extrême-droite .
Un nouveau record d'abstentions ?
Après avoir cliver les partis pendant la campagne électorale, il faudra pourtant qu'ils pactisent et trouvent des alliances dans les pays dits "démocratiques à la proportionnel" qui suivra.
L'Europe a beaucoup de points en commun avec Bruxelles considéré comme son laboratoire...
L'Europe par ses nationalismes, ses souverainismes et la Belgique par son régionalisme fédéralisé à la louche.
Le documentaire de ARTE pose la question "L'Europe, une affaire d'argent?"
Le Belge répondrait même sans réfléchir par "Non peut-être...".
Mais dans un vent de discorde quand 160 milliards d’euros, sont reversés par le biais de subventions et d’aides non remboursables et que les pays d’Europe de l’Est s’avèrent être les principaux bénéficiaires, il y a des questions amères qui se posent.
Qui paie ? Qui profite ? Qui contrôle l’Europe ? Que font en pratique les institutions de Communauté européenne?
La semaine dernière, je parlais de REACH comme exemple.
Mais, signer l'arrêt de mort du principe de solidarité semble être la direction suivie en Europe, puisque ses membres ne sont plus capables d'être des "États-providences" .
Pour le dire plus drastiquement, il n'y a pas d'Europe, comme il n'y pas d'Européens puisque ses États membres se font la concurrence entre eux.
En Inde, la plus grande démocratie dans le monde, il a fallu six semaines pour organiser les suites de ses élections de 900 millions de votants parmi les 1.3 milliards d'habitants.
Le parti BJP nationaliste a gagné les élections avec à sa tête Narendra Modi, considéré comme "l'homme du peuple" et l'ultime rempart contre la corruption, est reconduit pour 5 ans grâce à un discours ethnoreligieux.
Islamophobe et xénophobe, il pointe le Pakistan comme ennemi.
"Une extrême-droite europhobe européenne à la sauce piquante indienne", pourrait-on en dire.
Le parti BJP a tenté de réduire les programmes de santé et de protection sociale dans une stratégie de communication efficace via les réseaux sociaux et les rassemblements plus populaires parlés en hindi (et pas en anglais comme tous ses concurrents) pour se faire mieux comprendre par les classes les plus pauvres et les moins instruites.
Avec sa présidence, Donald Trump a apporté une référence de poids à l'extrême-droite qui nait progressivement dans le monde.
Le danger existe pour la diversité d'opinions et pour la démocratie, elle-même.
Pourtant, l'Inde est en perpétuelle montée au niveau PIB et dans la chaîne sociale parce que solidaires et construits en réseaux serrés sur Internet, les Indiens s'entraident dans une culture reliée à la philosophie bouddhiste pour apporter les solutions techniques clé-sur-porte aux problèmes occidentaux.
L'extrême-droite autrichienne a aussi ses ratés et ses coups du sort.
Réunir les divergences en se fédérant ou en se con_fédérant?
Question de goûts ou d'aptitudes.
Soyons égoïstes et limitons le débat au niveau belge, une fois...
Le grand romancier belge de langue néerlandaise, Hugo Claus, est connu surtout pour "Le Chagrin des Belges" en 1983, son maître livre paru avec sa traduction française en 1985.
Récemment, je venais de lire en diagonale "Comment ils ont tué la Belgique en 70 ans" par Jacques Braibant.
Ce livre était paru un peu comme par miracle, avant les élections avec ce préambule en post-face.
Y sont repris : l'affaire de la Société Générale de Belgique qui tombe dans l'OPA de Carlo de Benedetti comme un ballotin de pralines, une histoire de la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf, celle de Fortis et l'affaire de la ruine de la compagnie d'aviation belge, Sabena racontée dans ce billet.
La montée en puissance de la Flandre sur tous les fronts économiques, politiques et culturels est incontestable.
Il y a quelques mois, les nationalistes flamands pouvaient encore rêver d'une Flandre indépendante mais l'expérience catalane a clairement démontré que l'UE ne souhaite pas encourager ce genre de velléité et se retrouver dans une Europe des 45 pays, alors que celle des 28 est déjà un bordel institutionnel.
La volonté de divorce par le Brexit n'a pas arrangé l'amour de l'Europe.
La Flandre est riche, réclame le confédéralisme dans un transfert de l'essentiel des pouvoirs au niveau des régions. La position favorable du Sud wallon du pays pendant 130 ans, s'est transféré au Nord flamand.
Voter, cette fois, serait une occasion de se débarrasser de vieilles lunes usées jusqu'à la moelle, pathétiques momies s'accrochant à leur mandat, n'envisageant même pas l'idée de laisser, fortune souvent faite, la place à des plus jeunes, plus dynamiques, plus lucides et plus entreprenants pour faire face aux coups de butoir des partis flamands..
Dans le monde d'Astérix et de la BD, les Gaulois sont toujours vainqueurs, tandis que dans le monde réel, les Flamands ont gagné en gardant une avance sur les Wallons dans la grimpette.
Quand la confiance en les organismes financiers disparait, le Belge a le réflexe de retirer ses sous et ses billes.
Ces événements historiques ont apporté un bilan global pour le moins en demi-teinte.
Les Trente Glorieuses étaient caractérisées par la reconstruction du pays dévasté par la guerre, une situation de plein-emploi, une forte croissance de la production industrielle avec un PIB en forte augmentation et une expansion démographique avec l'adoption du style américain de la consommation de masse et des loisirs avec le concours de Bretton Woods, du Gatt et du Plan Marshal.
La suédoise a chuté sur la signature d'un pacte rédigé par l'ONU, non contraignant relatif à la problématique migratoire qui empoisonne la vie de tous les pays supposés développés.
Dans les partis, l'intérêt publique est toujours sacrifié sur l'autel de la réélection de leurs mandataires....
Fin de citations.
En résumé, cela chahute et se restructure à qui mieux mieux à tous les niveaux.
Les frontières se renforcent quitte à s'en étouffer pour contrer une mondialisation galopante qui pourtant est nécessaire pour écouler les productions des États dits "riches" et liquider leurs surplus qui ne peuvent être pris en charge localement alors que les prix et les salaires se nivellent vers le bas.
L'extrême-droite est le refus de l'autre pour répondre à l'anxiété des peuples et la crise migratoire.
Le point négatif du brassage de populations en provenance de pays exotiques n'est pas idéologique mais immunitaire vis-à-vis des maladies qui peuvent s'installer dans nos pays très aseptisés et très (ou trop) civilisés.
Le 20 mai, le magasin Carrefour subissait une perquisition au siège à Evere dont le but est une étape préliminaire dans la lutte contre les pratiques anticoncurrentielle.
En 2000, le groupe Carrefour avait avalé la « boule rouge » belge avec son enseigne GB bien adapté au commerce belge pour passer sous pavillon français Carrefour, à un prix soldé, "Carrefour ou le four au carré".
Dans la grande distribution, c'est se restructurer pour ne pas mourir face au marché de l'eCommerce. La Belgique est trop petite pour en imposer par sa manière d'être et de travailler alors que la clientèle belge recherche les meilleurs prix dans une concurrence exacerbée entre magasins comme Carrefour, LIdl, Colruyt, Aldi et d'autres encore et que dans les pays limitrophes, c'est souvent moins cher encore
Faut-il être mazo ou sado pour vivre en Belgique et à Bruxelles ?
Et bien non. Pas à première vue puisque la Belgique est reconnue comme un "pays de Cocagne", "réputé par ses villes médiévales, son architecture Renaissance et pour accueillir le siège de l'Union européenne et de l'OTAN" comme dit Wiki.
Cela n'empêche que parfois, il faille jeter un regard rétro et un peu plus sado-masochiste sur cette Cocagne.
Patrick Roegiers écrivait dans "Pauvre Belgique et pauvre c..." qui n'avait rien à voir avec "Pauvre Belgique" de Baudelaire.
Son préambule de 2010 a pris un peu d'âge et une mise à jour s'impose :
Le Belge a une identité forte. Une mémoire et une histoire. Mais les Belges croient qu’ils sont sans histoire, sans mémoire, sans langue et sans identité. C’est une ineptie. Un délire. Le Belge est l’amalgame des contraires. À la fois le flamand, francophone et bruxellois. Et même allemand. Cela revient à en faire le produit de plusieurs cultures. Et l’on peut aisément y ajouter l’influence de l'Angleterre qui jouit en Belgique d’un statut fort différent de celui qui est le sien en France. Où elle est toujours traitée en termes conflictuels, ou concurrentiels. Tout comme l’Allemagne, d’ailleurs.
Le Belge est multiple et singulier. C’est ce qui crée son génie. Magritte est né dans le Hainaut, en Wallonie, a vécu à Bruxelles, a connu l’échec à Paris, adorait la côte belge et la peinture flamande. Ensor ne parlait que français. Spilliaert, l’autre génie ostendais, a vécu dans les Fagnes, au cœur des Ardennes, et est mort à Bruxelles, rue Alphonse Renard (Ixelles), en 1945. Luc Tuymans a déclaré dans Le Monde qu’il était le « dernier belge », mais il vit à Anvers et est internationalement reconnu. Il s’est même proclamé « belgiciste ». Wim Delvoye, natif de Gand, a quitté la Flandre qui l’insupporte, s’est établi à Bruxelles, en Chine et partout dans le monde. C’est cela, le génie belge.
Arno, l’Ostendais, vit à la Bourse. Il vient d'avoir 70 ans et à cette occasion, présente deux concerts à Ostende après Bruxelles. Il pense en flamand et chante en français. Michaux ne voulait être d’aucun pays. Il s’est fait naturaliser français. Et a inventé une langue universelle qui n’appartient qu’à lui. Et il a écrit un texte (assez piètre) sur les peintures énigmatiques de Magritte. Il était né, rue de l’Ange, à Namur, mais était hanté par Anvers, son port, ses bateaux, où son frère vivait. Un pays, c’est un tout. Il n’y a pas de langue belge. Et pas de langue flamande. Qu’on appelle le néerlandais. Mais il y a du flamand dans le français de Belgique. Du belge dans le néerlandais. Du bruxellois dans le wallon.
Simenon, qui a vécu partout, en Suisse comme aux États-Unis, a toujours gardé son accent liégeois et voulait manger des moules frites à Bruxelles. Tous ces génies sont des êtres imperméables. Le père de Michaux vendait des parapluies et il pleut beaucoup dans les romans de Maigret. Magritte aussi peint souvent des parapluies. La pluie n’est d’aucun pays. Elle est à tout le monde. Comme les nuages, les vaches et le vert des prairies. Mais tout cela est fini. Tous les artistes belges se disent belges. Même ceux qui, comme moi, ont quitté ce pays pourri. Ce pays foutu. Ce pays divisé contre lui-même.
La frontière linguistique, érigée en 1962, est une honte, un crime et un drame. Elle détruit tout ce que je viens de dire plus haut. Elle empêche la libre circulation des idées, des paroles, des images et des mots. Elle oppose, sépare, scinde, divise, fracture, déchire. Elle a aussi plombé les besoins de taxes pour payer les ministres fédéraux régionaux qui ont chaque un staff de secrétaires d’États. On a fait tomber le mur de Berlin (dit « le mur de la honte »), dressé par l’Europe entière et l’Amérique contre un peuple après une guerre. Les Belges qui sont des cons élèvent chaque jour avec plus de force et de véhémence une frontière linguistique sur leur propre territoire, sans l’aval de personne. Tout ce qui était un pont, un lien, une main tendue, a disparu. Seule subsiste la haine de soi (à travers le miroir de l’autre) et le désir profond de faire disparaître le pays tout entier, avant de s’anéantir soi-même car après avoir occis la Belgique, la Flandre s’autodétruira et disparaitra à son tour, tant est hallucinant son désir de saccage et de destruction.
Je laisse aux historiens de traiter de l’histoire de la nation. Et de remonter jusqu’aux limbes de l’État. C’est Léopold I qui a demandé à Hendrik Conscience d’écrire un texte qui rende sa dignité au peuple flamand, trop opprimé par les francophones. Ainsi naquit Le lion des Flandres. C’est un mythe contemporain. La bataille des Éperons d’or, en 1302, a bien eu lieu, évidemment. Faire remonter la naissance de la Flandre à cette date procède du révisionnisme historique. Une peinture fameuse célèbre cet épisode. Elle a été détruite par un bombardement durant la deuxième guerre mondiale. Dire que deux peuples cohabitent sur un seul et même territoire est une évidence. Et une incroyable richesse. La Belgique est à la fois septentrionale et « méridionale ». Ne disait-on pas que le Sud commençait à Anvers? Cette complémentarité des contraires est une force. L’essence même de la dialectique. Comme deux profils constituent l’identité d’un visage.
La Flandre, longtemps minorée, s’est battue avec justesse pour que justice lui soit rendue. Lorsque la Belgique naît en 1830, le français est encore la langue de l’universalité. L’État belge est créé comme tampon entre la France, la Hollande, l’Allemagne et l’Angleterre, quinze ans après la défaite de Napoléon à Waterloo. Le premier roi des Belges, venu d’Angleterre, débarque à La Panne. La monarchie est constitutionnelle en Belgique. Elle a été démocratiquement instaurée. On peut dire que ceux qui la votèrent étaient en majorité des bourgeois, des francophones et des membres de la haute société. C’est indéniable. Ce pays naît de lui-même. C’est une aventure extraordinaire qui commence. Dire que la Flandre a été occupée par la Belgique est une hérésie. Un contresens. Une faute historique. Cette thèse a cours depuis des années à présent. La Flandre a reconquis au fil du temps et à raison, ce qui lui était dû. À la frontière linguistique a succédé le « Walen buiten » en 1968 et la scission de l’université de Louvain. La rupture avec le savoir et la connaissance. Quel symbole !
Des Fourons on en est arrivé à B.H.V., le problème des communes placées sur la frontière linguistique. L’enjeu est crucial. Encarcaner Bruxelles. Brimer les droits des Francophones. Appliquer la loi du sang et la loi du sol. C’est monstrueux. Derrière le « plus d’autonomie pour la Flandre » se dissimule la volonté d’une « Flandre autonome ». Autrement dit, une Flandre indépendante. Et le rêve d’un État flamand. La Flandre aux Flamands signifie la suppression de la Belgique. Le meurtre du pays. On ne peut être plus clair que le slogan du Vlaams Belang: « België barst! » (Que la Belgique crève !). Tous les partis flamands prétendument démocratiques ont fait alliance avec les séparatistes. Les 800.000 voix d’avance de Leterme provenaient de ce vivier-là. Son fameux réservoir. Verhofstadt et Van Rompuy avaient réussi à geler le problème avec un art consommé de la tactique. Il faut se méfier de l’eau qui dort que décrit si bien la peinture symboliste. Songeons à Une ville abandonnée, le chef-d’œuvre de Fernand Khnopff.
Sitôt qu’ils l’ont pu, les extrémistes, qui se sont sentis trahis par leur ancien allié, ont flingué Leterme. Un rigolo de 1° classe aux lapsus impayables, et sur-signifiants. La scission de B.H.V. est évidemment symbolique de la scission du pays. La frontière linguistique est une vraie frontière. Une lisière en béton. Un mur d’autant plus infranchissable qu’il paraît invisible. Les francophones sont dans les choux. Ils ne veulent rien, reculent sans cesse, lâchent du lest, ont peur. Les Flamands sont d’une arrogance extrême. Les éditorialistes de la presse flamande sont des fous furieux. Et le peuple ne dit mot. Il facilite la tâche des extrémistes qui n’ont qu’un but : exterminer ce pays dont ils n’ont rien à faire. Et ensuite étendre leur sinistre tâche sur leur lopin de six millions d’âmes. Leurs leaders de la NVA sont extrêmement intelligents soutenus par les entreprises flamandes du VOKA. Et prêts à tout pour parvenir à leur fin. Le temps travaille pour eux. Je n’ai aucun respect pour les hommes politiques belges.
Ce sont des pitres sans courage. Des parloteurs à la petite semaine. Ils détricotent le pays à force de combines et de compromis qui sont à présent épuisés. Expliquer la frontière linguistique par la mondialisation revient à justifier l’injustifiable. Aucun peuple n’a de frontière à dresser contre lui-même. Il ne s’agit pas de balkanisation, comme on le dit souvent. B.H.V. n'a pas été le Sarajevo de la Belgique même s'il a été "La Bombe à Haut Voltage" avec l'affiche "Waar de Vlamige thuis zijn" (où les Flamands sont à la maison). C’était grave, dangereux, mortel. Un cancer enkysté au cœur du pays. Bruxelles a la forme d’un cœur. Baudouin est mort le cœur brisé à créer une Belgique fédérale en 1993. Son frère risque plus de suivre le même chemin. Il l'a suivi avant de passer la main à son fils Philippe en ayant abdiqué. On est passé de l’argument historique à l’avènement hystérique. La Flandre, en fait, est inquiète. Moins forte économiquement qu’avant. Peu sûre de son affaire. La langue n’était qu’un prétexte. Dans vingt ans, la Flandre ne parlera qu’anglais comme 2ème langue, tout comme la Wallonie. Ostende évitera Alost, Gand ignorera Courtrai, Anvers évincera Malines. Bruxelles sera tout à la fois. La Wallonie disparaîtra, végétant dans une brume indécise. Tout le monde aura tout perdu. Et Bart De Wever sera roi. Ce dernier étant devenu un monarque en exil dans son royaume disparu. Quelle histoire !
Plus grand-monde ne croit à la Belgique. C’est un torchon tricolore qui pendouille sur un balcon, serti de crasse et de rinçures. Nier les droits à l’école, à la justice, à la propriété, à l’expression, est un viol démocratique. Un déni démocratique pur et simple. La loi du talion. Horrible chose. Mais tout le monde chante dans ce pays. Le Vlaams Belang au Parlement, en toute impunité. Yves Leterme chante La Marseillaise. Le roi chante l’hallali. Et les Belges, qui sont d’incorrigibles flemmards, ne vont pas tarder à déchanter tous ensemble. Le mal est là. Et il est fait. Réveillez-vous. Ouvrez les yeux. Seuls sont respectables les artistes. Ce sont eux qui, de Van Eyck à Rubens, Magritte ou Brel, Thierry De Cordier ou Berlinde De Bruyckere ont fait ce pays. Les têtes coupées comme les squelettes pullulent dans les oeuvres de Vésale, Wiertz, Ensor, et s’incarnent par celles d’Egmont et Hornes. Le symbole même de la Belgique est la place de Martyrs. Antre du sublime et du macabre. La Flandre aux Flamands. La Wallonie à Namur. Bruxelles à l’Europe. Le royaume à l’encan. La Belgique au rebut. Circulez ! Y a rien à voir. Que tout le monde crève. Le Belge est un bon vivant qui attend de périr tant qu’il en a le temps. Les moyens. L’égoïsme. La bêtise viscérale tancée par Baudelaire à une autre époque. Quel luxe ! Allez, au bac ! Qu’on en finisse, une fois pour toutes, kermesses, fanfares, oriflammes, mur de Grammont, mur de la mort, et tout le monde sera content".
Ce soir, les promesses électorales sont derrière nous.
A la promotionnelle
En Belgique, la proportionnelle des voix va s'organiser dans le vide de pouvoir qui va peut-être allonger les affaires courantes déjà en cours depuis le 9 décembre 2018 après la chute du gouvernement non arrivé à son terme. Ces affaires courantes risquent de dépasser le record de crise politique de 541 jours sans gouvernement dans les années entre 2010 et 2011.
Une majorité de Belges sont considérés comme plus pro-européens à cause de l'étroitesse de son territoire et du besoin d'avoir des voisins forts, alors que dans le Nord, certains Flamands pensaient scinder le pays encore en deux.
Liège a toujours fêté la 14 juillet comme si la ville était déjà française.
Je me souviens d'un lauréat, réalisateur de films à la cérémonie des Magritte qui se sentait déforcé face aux réalisateurs de films français dans l'article sur l'esprit de compétition entre privilège et contrainte.
Cet article avait été publié au moment où j'apprenais le décès de mon copain belge et bourlingueur dans le monde qui avait écrit en son temps "Bruxelles ma belle, ce sont des mots qui vont si bien ensemble" et qui terminait en écrivant : "C’était du temps où Bruxelles bronxellait… M’en fous, j’suis de retour chez moi !"
Pour l'anecdote, il m'avait raconté que Patrick Roegiers avait été un condisciple à l'école et, pour renouer un contact, m'avait chargé de l'interpeler lors de la Foire du livre à Bruxelles, grâce à une phrase de ralliement reconnue de chaque côté.
Cette phrase a dû se perdre en route et n'est jamais arrivée à destination.
Les Belges ont un humour très spécial qui n'a rien à voir avec celui à la soixante-quinze et je vous en sers dans plusieurs de mes billets.
"L'auto-dérision est un produit de la belgitude".
"La Belgitude", un restaurant où l'on ne sert que des plats belges et devant lequel je passe à chaque fois que je vais vers le centre de la ville en jogging.
Lors des weekends du printemps ou en automne, à Bruxelles, du côté des événements, il y a un peu de tout comme les fromages belges et c'est "beaucoup plus mieux" de laisser la bagnole à la maison pour s'y rendre.
En 2011, nous avons eu un "Roi sans pays comme thriller de l'été" alors que du temps du Roi Baudouin, l'espace d'un weekend, nous avons eu un pays sans Roi parce que celui-ci ne voulait pas signer une loi sur la liberté d'avortement. La Belgique a été souvent en avance sur son époque alors qu'aujourd'hui, elle subit quelques coups en recul.
Mais comme tout, un Roi ne s'use que si l'on s'en sert en disant qu'il reste le ciment du pays et que Albert II s'est vu forcé d'accepter un test ADN par Delphine Boelle qui revendique d'être sa fille naturelle.
Oui, les Belges ont des pensées surréalistes, parfois sous forme de "nouvelle vague" reconnues avec des idées qui sortent sous toutes les formes de "patoiseries" mixtes et mixées avec d'autres langues plus exotiques dont on ignore souvent la provenance quitte à en finir dans du tourisme à bon marché dans les rues...
De la "Zinneke parade" au "Sprout to be brusselers" et à la "Pride", rien d'anormal puisque on a même du fer en boules avec Atomium.
"J'aime les flamands" ai-je osé écrire, un jour...
Pas les flamingants mais le site daardaer, où il est possible de s'informer de ce qui se passe derrière notre "rideau de fer" comme frontière linguistique fait maison.
Depuis que le nouveau Pacte d'Excellence oblige à étudier le latin jusqu'à la 3ème année du secondaire et n'oblige pas d'étudier la 2ème langue du pays. Après cette 3ème année, le choix existera d'étudier bien sûr soit l'anglais, soit le néerlandais. Mais, il ne faudra pas chercher trop loin pour savoir quelle langue sera choisie.
Il faudrait que je continue aussi cette "petite histoire pour autre chose".
Mais, en ai-je seulement l'envie puisque cela ne changerait pas grand chose aux mentalités tellement accrochées aux habitudes.
Le vieux billet "Un pays inachevé ou à achever ?" posait la question dans les deux sens du terme, quand la Belle gicle ou même re-gicle.
Non, souvent "mon pays ce n'est pas un pays" comme le Québec, mais, ici, sans subir beaucoup de neige et avec le changement climatique qui nous offre des étés chauds avec sa "canne au cul".
Il y a souvent plus à gagner quand on joue à qui perd gagne.
Quant à la peur de l'intelligence artificielle, il faudrait peut-être se rendre compte qu'elle triomphera si nous renonçons à utiliser notre intelligence humaine.
Le baromètre des sondages des élections dit que 70% des Belges veulent autre chose que la Suédoise, ce gouvernement qui l'avait été in extremis avec les partis du MR et de la NVA dans un équilibre instable basé uniquement sur l'économie des job, job, job entrecoupée de flop, flop, flop.
Cette couleur suédoise est constituée par le bleu des MR, Open VLD, du jaune de la N-VA, parti nationaliste flamand et du CD&V, parti chrétien flamand, rappelé par la croix.
"Les partis traditionnels cadenassent tout avec la presse, qui subsidiée par la politique, prône haut et fort pour un gouvernement de gauche avec des articles subjectifs aux titres bien ciblés, orientés et dirigés" dit un commentaire.
Presque toutes les coalitions en Belgique ont été essayées en passant par la jamaïcaine, la rouge, la violette, la turquoise, l'orange-bleue même en tentant, l'union nationale par l'arc en ciel.
Nous avons vécu une campagne électorale à la Houellebeck disait l'éditorialiste Bertrand Henne
Mais, comme le disait aussi, Thomas Gunzig, en politique, ce qui manque, c'est l'amour
Les jeux de chaises musicales de la campagne sont clôturés.
Place aux votes des "bons" citoyens....
Car chez ces gens-là, "faut pas jouer les riches quand on n'a pas le sou", chantait Jacques Brel.
Alors, ce sera un jeu de l'oie qui se dessinera.
Certains partis ont donc lancé des exclusives à la tête de leurs concurrents.
Dans le passé, ces certitudes affichées durant la campagne ont souvent volé en éclat après les élections et ses calculs d'apothicaire pour organiser un gouvernement.
Il ne faut pas être le Fou du labo4 pour construire un gouvernement même si cela peut aider le surréalisme de l'alchimie politique en mélangeant statistiques, pistolets fourrés, américain cannibale, pickles, boudins sur le barbecue et gâteau au chocolat noir à la belge au dessert...
Mais Jannin et Libersky ont remarqué que cela pourrait même être l'Apocalypse
Paul Jorion avait cette semaine une vidéo intitulée "Place aux jeunes".
"Oui, mais non", dirait le Belge du terroir en allant chercher dans son tiroir à mémoires.
L'opposition entre jeunes et vieux passe par des contradictions qui apparaissent entre l'expérience apprise des vieux et les connaissances mises à jour apprises par les jeunes qui veulent instinctivement tout changer.
Le manichéisme entre passé et avenir, entre conservateurs et progressistes fait tanguer le monde.
Il y a les jeunes progressistes que l'on retrouve dans les rassemblements pour le climat.
Mais, l'extrême-droite est aussi populaire chez certains d’jeuns smartphonisés, tablettisés, virtualisés, souvent plus extrémistes voire anarchistes, n'acceptant pas le principe de concurrence mais votant lors d'élections tandis que les vieux, souvent désabusés, ne votent plus ou, quand ils le sont obligés comme en Belgique, votent blanc.
Voter, c'est prendre une partie des responsabilités en politique.
La question "qu'offrir à sa maman française pour la fête des mères ?" me vient avec un certain humour alors qu'elle arrive à un autre dimanche en Belgique...
C'est pour cela qu'il faut rester presque sérieux avec le résumé de la semaine par Walid et son équipe.
..
Doris Day vient de nous quitter le 13 mai dernier à l'age de 97 ans suite à une pneumonie.
Elle laisse un message, qui ressemble à une solution pour arriver à cet âge respectable et perdurer avec cette chanson populaire, "Que Sera, Sera (Whatever Will Be, Will Be)" apparue dans le film d'Alfred Hitchcock, "L'Homme qui en savait trop".
Dans notre monde d’ambiguïtés que nous vivons, cette philosophie dit que quand on en sait trop du côté du passé et pas assez du côté de l'actualité et, qu'en plus, on cherche à en savoir trop et à l'extrapoler sur un futur incertain, on peut en mourir de stress à la suite de l'espionnage des autres.
Que Sera Sera
Arrivera ce qui doit arriver
Ce qui doit arriver arrivera
Quand j'étais petite garçon
J'ai demandé à ma mère
Comme papa, ferais-je de la politique?
Aurais-je plus de risques ?
A en avoir des coliques ?
Voilà ce qu'elle m'a dit
Que será, será
Arrivera ce qui doit t'arriver
Pas moyen de voir ton futur
Tu verras quand tu seras mûr
Et, tu te rassureras avec ton passé
Quand étudiant, j'étais à l'école
J'ai demandé à mon prof vers quoi m'orienter
Ai-je des dons scientifiques?
Suis-je bon en numérique ?
Voici que fut son sage conseil :
Que sera sera
Rêve à demain dans ton sommeil
Devenu grand et amoureux
Je me suis demandé, quel sera notre futur
Aurons-nous assez d'amour
Pour tenir tous les jours ?
Resterons-nous beaux ?
Deviendrons-nous riches ?
Elle m'a dit tendrement
Que será, será
Ce qui doit nous arriver nous arrivera
Que sera sera
Eriofne,
..
27/5/2019: Résultats des élections
Analyse: Qui a gagné et qui a perdu les élections en Belgique?
28/5/2019:
Coalitions possibles et problème linguistique et politique
Un Brexit à la VlaamsExit brutal?
Un divorce chanté avec humour par Bruno Coppens alias Delpens?
29/5/2019: Que sera sera chantait Doris Day....Thomas Gunzig parle de notre futur pour nous rassurer...
Le confédéralisme en question:
30/5/2019: Après un premier tour de consultations des partis en présence, en ce jour d'Ascension, le roi vient de désigner informateurs l’actuel vice-Premier ministre MR Didier Reynders, ancien "informateur" et l’ex-vice-Premier ministre socialiste et ancien "clarificateur'Johan Vande Lanotte en leur demandant de faire un premier rapport la semaine prochaine.
« L’informateur est un responsable politique expérimenté, qui rassemble des informations auprès des différents partis quant à leurs points de vue et souhaits concernant la formation d’un nouveau gouvernement. Il vérifie comment une majorité peut être dégagée et avec quels partenaires. Un informateur peut, par exemple, être désigné lorsque les résultats des élections offrent plusieurs possibilités de former un gouvernement ou lorsque la formation d’un gouvernement pourrait s’avérer très difficile »
..
"La valse à mille temps" de Jacques Brel recommence.
Les procédures et les problèmes restent tandis que les têtes ministrables, les membres des clubs et le roi changent, étaient dessinée par "Kroll l'ancien" en 2010-11.
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Israël est actuellement dans le même problème à mettre en place un nouveau gouvernement et s'élance dans une nouvelle élection.
Et voici, les dernières images dessinées par Nicolas Vadot version 2019=
04/6/2019: La Belgique pourrait rester sans gouvernement pendant longtemps comme 2010.
Petit retour en ce temps-là avec ce billet "Une (dé)fête nationale spéciale" et cet autre "Que la fête commence et vite" et par l'analyse de ce qu'avait donné le affaires courantes:
12/6/2019: Pourquoi est-ce difficile de créer un gouvernement d'après Thomas Gunzig
18/6/2019: Un gouvernement belge mise en chansons par Bruno Coppens
18/7/2019 au 21/7/2019: 'La Belgique en Question(s)"
1. "Le Grand fossé"
2. "Tant que le lion aura des dents"
3. Et maintenant, on fait quoi?
30/7/2019: les deux informateurs informent, préforment et se réforment
Je le sens, cet article va se gonfler avec de nouvelles péripéties
Au niveau européen, les partis démocratiques classiques de droite et de gauche se transvasent dans un populisme des extrêmes, droites et gauche portés par le populisme dans une radicalisation des positions.
La véritable opposition est écologiste
Extrait du 28' ARTE au sujet de l'Europe:et
Charles Michel nommé président du Conseil de l'Europe: l'art du placement et papa, Luis Michel qui donne son avis contredit par Philippe Lambers
Quels sont les projets de la Commission européenne avec sa nouvelle présidente, Ursulla von der Leyen
Reinders & Onckelinks à l'Europe?
11/1/2021: Le 11 janvier 1790, première fois que le nom "Belgiques unies" est prononcé
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Commentaires
LE Vif de cette semaine avant élections donnait 9 scénarios
le 9ème coté à 0.5/10 La confédérale repoussoire
Deux coalitions asymétriques.
NVA+VB PS+Ecolo+PTB
Scénario Bye-Bye Belgium vec la perspective qui suscite l'épouvante. Pays ingérable
Région bruxelloise paralysée
Cordon sanitaire sauté, ligne migratoire ultra-due reniant la Pacte Marrakech de l'ONU
Le PS dans un progressisme radical.
Scénario qui rappelle "la Belle-gicle"
http://vanrinsg.hautetfort.com/archive/2006/11/09/la-belle-gicle.html
Écrit par : L'enfoiré | 27/05/2019
Répondre à ce commentaireQuelles sont les coalitions probables? dans L'Echo
Maintenant que les urnes ont parlé, il va falloir transformer le tout en majorités, au Fédéral et dans les Régions. C'est à la Chambre que la donne s'avère la plus complexe, avec les exclusives des uns et des autres. On fait le point.
Voilà. Les résultats du triple scrutin de ce 26 mai sont connus. Et qu'on les apprécie ou non, il va bien falloir composer avec eux. Afin de faire émerger des majorités à la Chambre et dans les parlements régionaux - sans oublier la Fédération Wallonie-Bruxelles. Quels types de coalitions risquent d'émerger? Et, au passage, notre outil de prospective développé avant le vote reste-t-il pertinent?
"Le score du Vlaams Belang en Flandre a clairement changé la donne à l'échelon fédéral, reconnaît le politologue Vincent Laborderie (UCLouvain). Par contre, l'analyse de la situation à Bruxelles et en Wallonie reste d'actualité." Allez, faisons le tour de la question.
Au Fédéral, rien n'est simple
Telle était la volonté des nationalistes et des libéraux, en tout cas: poursuivre le travail entamé par le gouvernement sortant. Las, la coalition suédoise n'est plus. Elle sort laminée de ce scrutin. Si elle bénéficiait, en 2014, d'une majorité relativement confortable (85 sièges sur 150), il n'en reste rien cinq ans plus tard. À la Chambre, chacune de ses composantes perd des plumes, plus ou moins sérieusement.
La N-VA? En recul (-8 sièges). Le MR? En recul (-6 sièges). Le CD&V? En recul (-6 sièges). Et l'Open Vld? En recul itou (-2 sièges)! La suédoise, version 2019, ne pèse plus que 63 sièges sur 150 à la Chambre. Et ce ne sont pas les 5 petits sièges du cdH qui viendront la sauver.
Ce faisant, c'est une des voies de la facilité qui est barrée. Parce que la suédoise constituait la voie royale pour le maintien de la N-VA - premier parti du pays, tout de même - au sein de la majorité. Puisque Bart De Wever a répété à l'envi ne vouloir ni du PS, ni d'Ecolo.
Soit, pas de suédoise. Que reste-t-il alors, en laissant de côté tant le Vlaams Belang que le PTB?
La seule piste envisageable, d'un point de vue purement arithmétique, pour maintenir la N-VA au Fédéral est la coalition dite "bourguignonne", réunissant nationalistes flamands, socialistes et libéraux. Pourquoi pas, après tout: n'est-ce pas l'assemblage qui s'est constitué à Anvers, fief de Bart De Wever? Une piste qui a le mérite de dégager une majorité à la Chambre (80 sièges sur 150), et ce tant dans le camp flamand (46 sur 87) que francophone (34 sur 63). Le hic, c'est que jusqu'à présent, Bart De Wever a assuré qu'il ne voulait pas du PS, à moins que ce ne soit pour parler confédéralisme. Autrement dit, ce scénario est, pour l'heure, autant spéculatif qu'improbable.
Et peut-on faire sans la N-VA? Bien sûr, même si la partie s'annonce serrée.
Des tripartites envisagées avant les élections, seule une émerge: l'arc-en-ciel mariant socialistes, libéraux et écologistes. Sauf que ses limites arithmétiques sautent aux yeux - et ce sans même se préoccuper des difficultés programmatiques. Sa majorité (76 sièges sur 150) est extrêmement courte, et elle est largement minoritaire (29 sièges sur 87) du côté flamand. Alors que Bart De Wever affirmait clairement dimanche soir que les nationalistes n'accepteraient jamais un gouvernement minoritaire en Flandre. Difficilement envisageable, donc.
Toutes les autres tripartites boivent la tasse: classique (72 sièges), jamaïcaine (64) ou olivier (67).
Après cela, il est toujours possible d'envisager des coalitions inédites et asymétriques. Comme celles collant ensemble les majorités flamandes et wallonnes, ce qui nécessite tout de même que chacun lève les exclusives brandies avant le scrutin. Voire une quadripartite mariant socialistes, libéraux, écologistes et centristes (93 sièges sur 150) - ce qui paraît difficile à manoeuvrer. Allez savoir. À vrai dire, Bart de Wever résume assez bien la situation, lui qui "plaint la personne qui va devoir démêler l'imbroglio au Fédéral."
Une donne à ce point complexe qu'elle fait dire à Vincent Laborderie qu'il ne faudrait pas négliger la piste d'un nouveau scrutin fédéral dans quelques mois.
Une chose semble inéluctable: les gouvernements régionaux risquent d'être formés bien avant le Fédéral.
En Wallonie, tout plaide pour un olivier
L'air de rien, en terres wallonnes, notre outil interactif tient toujours la route. Contrairement à ce qu'annonçaient les derniers sondages, PS et Ecolo ne disposent pas, à eux seuls (35 sièges sur 75), d'une majorité. Il leur faut donc un partenaire qui risque d'être le cdH (10). Les routes wallonnes mènent "naturellement" à un olivier, fort de 45 sièges sur 75. Le souhait de la gauche n'est-il pas de former des coalitions "les plus progressistes possible", comme le veut la formule consacrée?
Ce n'est évidemment pas la seule voie possible, juste la plus évidente. Même s'il n'a pas la main, le MR (20) pourrait être tenté de s'allier à Ecolo (12) et au cdH afin de former une jamaïcaine (42) maintenant les socialistes dans l'opposition. À deux, PS et MR disposent également d'une majorité (43). On ne sait jamais.
Et à Bruxelles, pour une alliance PS-Ecolo-DéFi
À Bruxelles aussi, notre outil fait bonne figure. Voici le point de départ dans la capitale. PS (17 sièges sur les 72 du côté francophone), Ecolo (15) et DéFI (10), ont très envie de convoler dans une majorité inédite totalisant 42 sièges. Le seul scénario pouvant faire dérailler cette belle entente est que PS et Ecolo aient besoin du cdH en Wallonie - ce qui est le cas. Mais aussi que le cdH ne se comporte pas trop mal à Bruxelles - ce qui est moins le cas, les humanistes perdant 3 sièges, il ne leur en reste plus que 6. L'olivier bruxellois est donc praticable, mais sa majorité n'est pas très confortable, avec 38 sièges sur les 36 nécessaires. D'autant plus qu'il existe un risque que le PS bruxellois perde un élu, en conflit ouvert avec le parti.
Et les autres coalitions? Un attelage Ecolo-MR-DéFI décroche une petite majorité (38). Cela colle donc d'un point de vue arithmétique. D'un point de vue politique, par contre, c'est autre chose. Peu vraisemblable, mais allez savoir.
Voilà pour le côté francophone. Reste la majorité néerlandophone à composer, parmi les 17 sièges attribués d'office aux députés flamands. Si les partis flamands entendent éviter la N-VA (3 sièges) et le Vlaams Belang (1), une seule tripartite s'impose, suite au net recul du CD&V qui perd un siège: Groen (4), Open Vld (3) et sp.a (3), soit 10 sièges sur les 9 nécessaires.
En Flandre, on devrait prendre les mêmes, et recommencer
Et en Flandre? La N-VA a clairement la main, avec ses 35 sièges sur 124. À elle de mener les consultations, Bart De Wever ayant annoncé qu'il recevrait tous les partis, même le Vlaams Belang de Tom Van Grieken. Le cordon sanitaire serait-il sur le point de sauter? Pas spécialement. La N-VA ne fait que consulter. Et puis, de toute façon, N-VA et Vlaams Belang ne disposent pas à deux (58 sièges) d'une majorité, et de nombreuses voix se sont déjà élevées en Flandre pour dire "jamais avec le Belang". L'extrême droite semble condamnée à rester sur les bancs de l'opposition, en Flandre.
Ce qui laisse quoi, comme coalitions? La formule la plus évidente est la reconduction de la majorité sortante, mêlant N-VA, CD&V et Open Vld. L'arithmétique y est, avec confort en plus: 70 sièges. Pour le reste, ne nous attardons pas sur d'autres formules: pourquoi la N-VA inviterait-elle à sa table des partis de gauche, alors qu'elle peut reconduire un gouvernement de centre-droit qui l'agrée?
https://www.lecho.be/dossiers/elections-regionales-federales-europeennes-2019/quelles-sont-les-coalitions-probables/10130895.html
Écrit par : L'enfoiré | 27/05/2019
Répondre à ce commentaireDans son dernier livre "La fin de la démocratie", le sociologue Jean-Claude Kaufmann dresse, à l’aune des élections, un tableau crépusculaire de nos vieilles démocraties européennes, en proie à la montée des populismes et témoins d’un repli identitaire.
Il dénonce l'hyper-démocratie qui a créé une politique de l'émotion favorisant le populisme
Peur et fatigue d'être soi face à l'accroissement de la complexité de la société a mené à la volonté de simplification, à l'abdication des devoirs et de la responsabilité.
L'élection par devoir et pas par enthousiasme.
Le populisme par les vieux par la perte des repaires, la nostalgie des traditions
et pour certains jeunes par des idées utopiques ou la volonté de prendre le pouvoir alors qu'ils se sentent ratés malgré leurs études qui n'aboutissent pas à un emploi valable.
Le populisme récupère tous les laissés-pour-compte, et les dérapages du système démocratique.
Les algorithmes et les chiffres plus exacts et exempt d'émotions deviennent une nouvelle religion sans apporter une réponse aux hommes tout en installant des robots à leur place.
Internet est là pour renforcer les convictions et donne l’opportunité d'exprimer des idées personnelles par la force, l'affrontement verbale, le rejet des minorités qui ne peuvent plus s'exprimer sous la risée.
Aucun goût pour la différence qui pourtant permet d'en apprendre bien plus que les ressemblances.
Ce sont des principes qui génèrent toujours des monstres suit la philosophie de la liberté d'expression.
https://www.lecho.be/opinions/carte-blanche/jean-claude-kaufmann-de-merveilleux-principes-peuvent-aujourd-hui-engendrer-des-monstres/10130244.html
L'Europe et les États-Unis sont chrétiens et les jeunes reçoivent un écolage via l'éducation judéo-chrétienne.
Celle-ci se réfugie derrière des "au nom de ...", des prêches, l'apprentissage de l'hypocrisie, des envies accompagnée d'une jalousie de l'autre qui ne dit son nom. Ils parlent de "politiquement correct", de culpabilisation sans reprendre les raisons de celle-ci en éliminant la responsabilité initiale qui a généré cette culpabilisation.
Écrit par : L'enfoiré | 27/05/2019
Répondre à ce commentaire« Si le projet européen échoue, comment le reste du monde peut-il réussir? »
«Rappelez-vous qu’aucun pays, aussi puissant soit-il, ne peut construire un mur pour le protéger de l’hiver nucléaire. Ou contre le réchauffement climatique. Et aucun pays ne peut réglementer à lui seul l’intelligence artificielle (IA) et la biotechnologie, car personne ne contrôle la totalité des chercheurs et des scientifiques. », écrit le philosophe-penseur israélien Yuval Noah Harari dans l'article d’opinion « Les Européens doivent prendre des décisions cruciales pour l’avenir du continent« paru dans le journal Le Monde. Harari a fait fureur avec ses livres « Sapiens », « Homo Deus » et « 21 questions pour le 21ème siècle ».
« Prenons, par exemple, la manipulation génétique de personnes », poursuit l’Israélien. « Tous les pays diront : » Nous ne voulons pas faire de tels tests, nous sommes du côté du bien. Mais comment savoir si nos rivaux ne le font pas ? Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre du retard. Nous devons donc les devancer. »
Le seul moyen d’éviter de telles compétitions catastrophiques ne consiste pas à construire des murs, mais à instaurer un climat de confiance entre les pays. La confiance telle qu’elle existe aujourd’hui entre la France et l’Allemagne – ce qui, il y a à peine 70 ans, semblait un rêve irréalisable. «
Les élections européennes sont extrêmement importantes
Selon M. Harari, les élections européennes revêtent donc une importance capitale et les décisions des électeurs européens auront un impact sur l’humanité tout entière.
«Certains ne se donnent pas la peine de voter parce qu’ils pensent que leur vote ne fait aucune différence. C’est faux. Bien sûr, un vote ne modifiera pas l’équilibre des pouvoirs au Parlement européen, mais ce vote changera l’électeur lui-même. Il est important d’être à l’écoute du cœur et de la raison et d’adopter une position morale sur une base régulière. Sinon, vous aurez encore plus de difficulté la prochaine fois que vous devrez vous battre pour quelque chose, pas nécessairement lors d’élections »
L’UE est la tentative la plus réussie pour trouver le bon équilibre
L’Israélien adopte alors une position clairement pro-européenne :
« L’Union européenne représente aujourd’hui la tentative la plus réussie pour trouver le juste équilibre entre les intérêts nationaux, régionaux et mondiaux. Elle a permis une coopération efficace entre des centaines de millions de personnes – sans leur imposer un gouvernement, une langue ou une nationalité unique. Elle a créé l’harmonie sans imposer l’uniformité. Si l’Europe peut enseigner au reste du monde comment promouvoir l’harmonie sans uniformité, l’humanité aura alors d’excellentes possibilités de prospérer au cours du prochain siècle. Si le projet européen échoue, comment pouvons-nous espérer que le reste du monde réussisse ? »
https://fr.express.live/elections-union-europeenne-projet-europeen/
Écrit par : L'enfoiré | 27/05/2019
Répondre à ce commentaireJuifs d'Allemagne : "Où est cette valise, déjà ?"
Jusqu'aux années 1980, les Juifs allemands avaient toujours une valise pleine à craquer prête. Après la réunification de l'Allemagne de l'Est et de l'Ouest, de nombreux Juifs craignaient une résurgence du nationalisme. Mais malgré une vague d'attaques racistes contre les immigrés, ce renouveau n'a jamais vraiment eu lieu.
L'Union européenne, qui a été créée pour tempérer ces impulsions, était en pleine expansion. Les Juifs se sentaient plus en sécurité. "On a déballé nos valises et on les a rangées au sous-sol.
Aujourd'hui, ce sentiment de sécurité s'est érodé. Les gens ne se dirigent pas encore vers la sortie, mais ils commencent à se demander : "Où est cette valise, déjà ?"
L'Allemagne compte 81 millions d'habitants, dont 200.000 Juifs. Plus de la moitié d'entre eux affirment avoir été victimes de haine antisémite au cours des cinq dernières années. Pour 41 % d'entre eux, cela provenait de 'quelqu'un avec une vision islamique extrémiste'.
Écrit par : L'enfoiré | 27/05/2019
Le Chinois le plus riche retourne à l’école
Jack Ma, l’homme le plus riche de Chine, ( sa fortune est évaluée à 34,6 milliards de dollars) quittera Alibaba en septembre. Après avoir fait ses adieux au monde des affaires, il souhaite retourner à l’enseignement. C’est ce que le CEO du géant chinois de l’e-commerce, a annoncé lors de la conférence Viva Tech à Paris.
Avant de fonder Alibaba il y a 20 ans, et de devenir un milliardaire d’Internet, Ma, qui est aujourd’hui âgé de 54 ans, était professeur d’anglais. Il motive cette décision par son amour pour l’enseignement.Il ajoute qu’il se sent encore assez jeune pour débuter une nouvelle carrière, et qu’il souhaite se concentrer sur l’enseignement pendant encore 15 ans.
« Faire face aux défis, c’est ça qui est passionnant »
Jack Ma a indiqué qu’il démissionnerait au cours de la première quinzaine de septembre. Il précise qu’il préférerait investir l’argent qu’il avait gagné avec Alibaba pour changer et améliorer l’enseignement en Chine plutôt que de le remettre à des investisseurs ou des banques.
Ma avait déjà annoncé son départ en septembre dernier. Il avait alors nommé Daniel Zhang, directeur général d’Alibaba, pour lui succéder. Ma a souligné que cela faisait longtemps qu’il cherchait un successeur : « Il y a plus de dix ans, alors qu’Alibaba traversait une période difficile, un investisseur avait insisté pour que je démissionne. Je l’ai entendu, et j’ai dit +Je ne peux pas démissionner maintenant, parce que si je le fais, ça sera la fin d’Alibaba+ ». Il a donc dit à l’investisseur qu’il ne partirait que lorsque l’entreprise serait prospère.
Au cours de la même conférence, le CEO d’Alibaba a révélé qu’il ne ressentait aucune fierté particulière pour avoir fondé Alibaba, mais qu’en revanche, il était fier des erreurs et des défis que l’entreprise est parvenue à surmonter au cours des vingt dernières années. « Quand vous devenez chef d’entreprise, ne vous inquiétez pas des concurrents, des erreurs ou des défis, faites-y face. C’est ça la partie géniale et amusante de l’entreprise. Il ne s’agit pas de s’assoir et de pleurer ».
L’Europe s’inquiète beaucoup trop
Jack Ma a également taclé l’Europe, qu’il accuse d’entraver l’innovation par des réglementations excessives. « Tout ce qu’ils font est plein de règles et de lois. Et dès qu’ils réfléchissent à quelque chose, ils commencent à s’inquiéter. Et quand ils s’inquiètent, ils font des règles et des lois ».
Il a expliqué qu’en Chine, l’attitude était radicalement différente : les chefs d’entreprise tentent d’abord de résoudre les problèmes avant d’envisager des règles et des lois. « Je m’inquiète pour l’Europe. Je m’inquiète des inquiétudes de l’Europe. L’Afrique ne s’inquiète pas. L’Asie ne s’inquiète pas. »
Selon Ma, cette préoccupation excessive explique le retard de l’Europe en matière d’innovation technologique. Il souligne que le Vieux continent n’a pas produit de géant technologique, au contraire des États-Unis et de la Chine.
« Si vous voyez la révolution technologique comme un problème, je suis navré de vous dire qu’un problème vient juste de commencer. Si vous pensez que c’est une opportunité, celle-ci vient de commencer. La seule chose qui compte est votre mentalité. Si votre mentalité est à la préoccupation, vous vous inquiéterez tout le temps. »
https://fr.express.live/jack-ma-demission-enseignement/
Écrit par : L'enfoiré | 27/05/2019
Répondre à ce commentaireSi les Etats-Unis démantèlent Big Tech, nous devrons commencer à enseigner le mandarin à nos enfants
Un peu moins de la moitié des Américains souhaitent que les sociétés Big Tech en général, et Facebook en particulier, soient démantelées. C’est ce qui ressort d’une série de sondages récents et d’enquêtes réalisés dans les médias américains. Au début du mois, Chris Hughes, l’un des cofondateurs de Facebook, avait appelé à la dissolution de la société.
«Le gouvernement doit rappeler à Mark (Zuckerberg) sa responsabilité. Pendant trop longtemps, les régulateurs se sont émerveillés de la croissance explosive de Facebook et ils ont négligé leur responsabilité de protéger les Américains et de maintenir la concurrence sur les marchés. (…) Nous, Américains, sommes une nation qui a pour tradition de maîtriser les monopoles, indépendamment des bonnes intentions que les dirigeants de ces entreprises peuvent avoir. Le pouvoir de Mark est inédit, et non américain. Il est temps de démanteler Facebook », a écrit Hughes.
En plus de son réseau social éponyme, Facebook est également propriétaire de l’application photo Instagram et des services de messagerie Whatsapp et Facebook Messenger.
« Zuckerberg est associé à la tête d’un empire dont le contenu, l’influence et le vote façonnent une communauté plus vaste que le christianisme, l’hémisphère Sud et l’Inde. » C’est ainsi que Scott Galloway, professeur de marketing à la Stern School of Business de l’Université de New York, décrit la puissance de Mark Zuckerberg dans son livre « The Four : The Hidden DNA of Amazon, Apple, Facebook et Google. »
Diviser Facebook ?
L’idée de scinder Facebook devient de plus en plus populaire. Plusieurs candidats à l’investiture présidentielle du Parti démocrate (DNC) se sont déjà exprimés dans ce sens. Parmi eux, Elizabeth Warren et Bernie Sanders.
Il ne s’agit pas seulement de Facebook. Galloway, avec de nombreux politiciens occidentaux, plaide en faveur de la division des GAFA. Un acronyme qui regroupe les géants technologiques Google, Amazon, Facebook et Apple.
Toutes ces entreprises sont des leaders mondiaux en intelligence artificielle (IA). Leurs activités génèrent des chiffres de vente supérieurs au PIB de nombreux pays. Leurs CEO sont plus puissants que beaucoup d’hommes politiques.
Le Danemark a compris cela depuis un certain temps et a même un ambassadeur numérique. Il est responsable de la canalisation optimale des relations du pays avec les principaux représentants du secteur en ligne. En effet, ces entreprises peuvent exercer autant d’influence sur le Danemark que d’autres pays.
« Si des entreprises semblent avoir plus de pouvoir qu’un grand nombre de pays, les gouvernements doivent s’adapter à cette nouvelle situation « , a souligné Anders Samuelsen, ministre danois des Affaires étrangères.
Le coup d’Etat numérique invisible de Big Tech
Une nouvelle situation se présente en effet. Selon Larry Page, cofondateur de Google, des entreprises comme la sienne remplaceront bientôt les politiciens. « Parce que l’IA comprend mieux les défis de l’avenir que nos décideurs politiques. »
Nous sommes confrontés à un coup d’Etat numérique invisible des GAFA. Ils manipulent les électeurs grâce à la meilleure compréhension de nos fonctions cérébrales par ces entreprises.
Eric Schmidt, l’ancien président de Google, l’a dit encore plus clairement dans le Wall Street Journal : « La plupart des gens ne veulent pas que Google réponde à leurs questions, ils veulent que Google leur dise quoi faire. »
Celui qui contrôle l’Intelligence Artificielle contrôle donc l’humanité, car l’IA signifie le pouvoir. Pour l’instant, ce pouvoir est partagé par deux pays : les États-Unis (GAFA) et la Chine (BATX). Ce dernier acronyme représente les sociétés Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi. Mais c’est là que réside le danger.
L’intelligence artificielle devient de plus en plus intelligente à mesure qu’elle est alimentée de toujours plus de données. Et les Chinois génèrent deux fois plus de données chaque jour que les États-Unis et l’Europe réunis. C’est ainsi que Xi Jinping se bâtit une avance effrayante.
https://fr.express.live/demanteler-big-tech-suprematie-ia/
Écrit par : L'enfoiré | 27/05/2019
Du Dafalgan pour le roi : De Wever a perdu, mais son analyse a gagné
Plus que jamais, les élections ont divisé la Belgique en deux : en Flandre, les nationalistes flamands d’extrême droite et d’extrême droite obtiennent presque la majorité, tandis qu’en Belgique francophone, les communistes et les Verts l’emportent. Il sera bientôt relativement facile de créer des gouvernements d’État. Sur le plan fédéral, ce sera un gros casse-tête.
«Le roi aura besoin de Dafalgans. Un milligramme, le plus lourd. ». Bart De Wever (N-VA) a répété sa blague sur la formation du gouvernement fédéral ce matin. Mais derrière cette blague se cache l’amertume de la défaite, alliée à un gain moral : ce n’est pas son parti, mais son analyse qui l’a emporté hier.
« Nous sommes et restons les plus grands »
La N-VA a perdu les élections. De Wever ne s’est pas caché derrière cela non plus. Il avait espéré 30 %, mais le résultat réel a été très en dessous. L’euphorie de 2014 a laissé la place à la froide arithmétique de 2019 à la N-VA : « Nous sommes et resterons les plus grands », a immédiatement fait comprendre De Wever à ses collègues présidents. c’est à eux qu’il incombe de former un gouvernement flamand.
Bart De Wever élections N-VA
Et ce n’est pas pour demain, car il faut d’abord une série de pourparlers avec le Vlaams Belang. La discussion sur la question de savoir si le cordon sanitaire sera rompu par la N-VA est sans objet. La N-VA n’existe que depuis 2001, le cordon date de 1991. De Wever n’y a jamais souscrit, il lui serait donc difficile de le « rompre ».
Mais tous ceux qui connaissent l’histoire de la N-VA savent que, depuis son existence, ce parti s’est livré à une lutte acharnée et féroce avec le Vlaams Belang depuis sa création.Cela fait des années qu’il se heurte au Vlaams Belang, tant au plan du contenu, que de celui de l’humain : on n’a pas besoin d’un cordon pour savoir que l’eau est beaucoup trop profonde. En outre, il existe également une logique mathématique stricte au niveau de la formation du gouvernement flamand : la N-VA et le Vlaams Belang réunis n’ont pas la majorité ensemble. La N-VA est donc parfaitement capable d' »établir qu’aucun autre parti flamand n’est prêt à unir ses forces à celles du Vlaams Belang ». En effet, CD & V et Open Vld ont fermé la porte hier soir à Van Grieken and co.
Le revirement à gauche wallon
De Wever a peut-être perdu, mais son analyse a gagné de façon spectaculaire hier. En Flandre, par conséquent, les partis séparatistes et les partis nationaux flamands n’atteignent pas la majorité. En Wallonie et à Bruxelles, les électeurs ont reviré à gauche Les communistes ont gagné beaucoup de terrain, et le très à gauche Ecolo avance également. Une image totalement différente des deux côtés de la frontière linguistique.
Tard dans la nuit, il est également apparu que les dommages causés à l’unique parti de centre-droit en Belgique francophone, le MR, sont encore considérables. Le parti libéral perd 6 sièges partout, même à la Chambre. La famille libérale de Charles Michel et Gwendolyn Rutten n’est plus la plus nombreuse : c’est le PS d’Elio Di Rupo qui dirige à nouveau la plus grande famille. Le PS n’a perdu que trois sièges et il en conserve encore 20. Les chances d’Elio Di Rupo de redevenir Premier ministre ont soudainement atteint des sommets spectaculaires.
Une coalition olivier en Wallonie et à Bruxelles
Le niveau fédéral belge semble être un kladderadatsch complet, un beau mot allemand pour décrire le son d’un objet qui tombe et se brise. Car Di Rupo a peut-être de nouveau des ambitions, il est très difficile de savoir avec qui il formera une coalition fédérale. Pour la Wallonie et Bruxelles, les jeux semblent déjà joués : une combinaison de PS-Ecolo-cdH est évidente, une coalition olivier, comme on surnomme ce type de coalition.
Mais une coalition normale semble impossible à mettre en oeuvre au niveau fédéral. Un olivier ou même une tripartite classique ne sont pas réalisables. La seule coalition viable semble être celle de l’accord Papillon, la sixième fde l’État sous Di Rupo : socialistes, démocrates chrétiens, libéraux et verts. Une coalition de gauche, au moment où la Flandre a voté massivement à droite : un scénario qui ne peut se produire qu’après des mois de crise profonde. Car pour Open Vld et CD & V, une telle combinaison est un cauchemar : après une défaite devant un gouvernement dominé par la gauche, Di Rupo doit se retirer.
Bien entendu, le jeu doit toujours être joué au niveau fédéral. Au Palais royal, on vit quelques heures cruciales. Une grande question symbolique et politiquement chargée se pose immédiatement pour le roi : doit-il inviter le président du grand vainqueur des élections, Tom Van Grieken, à prendre un café? Par le passé, le palais a longtemps ignoré le Vlaams Blok, et plus tard le Belang. Et ce n’est pas seulement symbolique.
Après tout, c’est le roi qui distribue actuellement les cartes au niveau fédéral. Il « reconnaît » les gagnants et transmettra le droit d’initiative, via un informateur, pour former des gouvernements. Déjà à la chute de Michel Ier, le palais prenait une position punitive : Peter Mertens, dirigeant du PTB / PVDA, y avait été reçu à ce moment-là, mais pas le Vlaams Belang. Le raisonnement qui prévalait alors au palais était que « le Vlaams Belang est dans un cordon sanitaire, pas le PVDA » Seul ce raisonnement est faux: la N-VA, toujours la plus grande de Flandre, ne s’est jamais prononcé sur un tel cordon avec le Belang. De même, la N-VA, CD & V et Open Vld opposent explicitement leur veto aux communistes de la PVDA.
L’exercice qui devrait suivre dans les semaines à venir devrait consister pour les autres partis flamands à jouer au moins une pièce de théâtre et à «écouter» ce que veut le Vlaams Belang. Mais reste à savoir si le roi y participera.
De Wever met la pression
« Combien de temps on va continuer comme ça, combien de temps on va continuer comme ça ? » Quiconque écoutait De Wever sur Radio 1 ce matin pouvait difficilement rater le clin d’œil à Cicéron et son « Quousque tandem abutere patientia nostra« . Le président de la N-VA ne manque jamais une opportunité pour introduire une touche de rhétorique. Mais le jeu qu’il joue est difficile : bien qu’il ait perdu, il veut faire admettre son analyse gagnante aurpès des deux pays, en tout cas au niveau fédéral.
Cette fois, il est même aidé par Van Grieken. Ce dernier a déjà adopté sans heurts le discours de la N-VA, les partis nationalistes flamands sont bien alignés : l’indépendance flamande n’est pas immédiatement nécessaire, dit Van Grieken. « La situation est si difficile que l’indépendance n’est pas la priorité absolue. Et aussi : au niveau fédéral, il faut quelque chose d’autre, dit Van Grieken. « C’est la juxtaposition de deux démocraties. Chaque fois, les partis se cassent les dents sur le système belge. » Van Grieken n’aurait pas pu mieux l’exprimer, tout à fait dans le droit fil de ce que dit la N-VA depuis des années.
La N-VA et le Vlaams Belang veulent maintenir le niveau fédéral sous pression. « Un gouvernement sans majorité du côté flamand est un « problème majeur pour nous », a menacé De Wever. En d’autres termes, une coalition sans N-VA est presque impossible. Mais, dans le même temps, il y oppose son veto : « Après ce résultat, nous n’allons plus du tout gouverner avec la gauche. » Seulement, un gouvernement de droite est impossible : la coalition suédoise a été anéantie.
De Wever, avec l’aide du Vlaams Belang, met ainsi tout le jeu fédéral dans une situation de catch-22 : une situation paradoxale qui se révèle insoluble. Et cette ingérence au niveau fédéral est au cœur de l’analyse de De Wever: le système doit être revu. Il est à craindre que le roi ait besoin de bien plus qu’une bonne boîte de Dafalgan dans les mois à venir.
https://fr.express.live/elections-de-wever-analyse-vlaams-belang/
Écrit par : L'enfoiré | 28/05/2019
Répondre à ce commentaireLe Belge Paul Jorion parle de la situation belge
https://www.pauljorion.com/blog/2019/05/28/la-situation-en-belgique-la-video/
Écrit par : L'enfoiré | 28/05/2019
Répondre à ce commentaireMon sentiment est à géométrie variable je dois l’avouer.
Il est trop facile de déclarer que les flamands seraient majoritairement fascistes. Qu’un certain nombre se considère différent ou supérieur est d’une certaine façon logique dans la mesure ou la plupart des médias en Flandre tiennent ce discours. N’oublions pas que la présentation des informations en Flandre est fortement orientée par le patronat flamand qui a le pouvoir financier de payer ou non la publicité à insérer dans ces médias. J’entends également que l’importance des publicités politiques insérées dans les réseaux sociaux auraient influencés le vote des jeunes ou primo votants. Je ne suis pas convaincu par ces affirmations sachant qu’à Bruxelles et en Wallonie les écolos et le PTB ont augmentés significativement leur score respectif en dépensant beaucoup moins d’argent en publicité sur ces réseaux sociaux.
Par contre l’influence des médias traditionnelles est souvent ce qui fera la différence au final. Il est tellement facile de dénigrer par exemple les manifestations pour le climat en répétant systématiquement que la place des jeunes est à l’école et pas dans la rue. Le discours climat a été beaucoup plus positif en francophonie y compris Bruxelles qu’en Flandre. Ces deux comportements médiatiques très différents ont influencés les votes.
De même, les régions les plus riches ont partout le même comportement. Elles associent moindres richesses à la paresse ou bien à la culture en oubliant évidemment l’histoire économique des régions qui bien évidemment évolue dans le temps pour des raisons qui n’ont pas grand chose à voir avec la paresse ou la culture. Si le port d’Anvers était à Liège la situation actuelle serait très différente.
Je ne comprends pas non plus la réaction de madame Onkelinks du point de vue politique. Les différences entre la NVA et ce Vlaams Belang sont très marginales bien que ce dernier semble montrer un discours économique moins à droite que la NVA. Mais il s’agit ici d’un positionnement marketing qui permet d’additionner les voix de ces deux partis. Un peu de sel et un peu de poivre feront partie de l’assaisonnement final.
Ensuite si tous les systèmes politiques contiennent les germes de leur destructions, ceci n’est pas propre à la démocratie.
Si séparation des deux communautés il y aura, le prix à payer pour celui qui le demande ou l’impose sera énorme. Des études ont été réalisées sur ce sujet.
Le silence sur la très grande vulnérabilité du territoire flamand au point de vue climatique due à sa proximité immédiate avec la mer est interpellant. L’autisme à ce sujet du monde politique flamand sauf les verts est l’indicateur de l’extrême proximité entre ces politiques et le patronat flamand.
Il suffira d’une grosse tempête et l’inondation importante qui en résultera pour que ces autistes affirment le contraire de leur discours actuel sans beaucoup d’hésitation.
Avec un roi ou sans roi, la réalité que l’on ressentira avec des chaussures et bottes sous eaux les incitera à courir à l’opposé n’ont pas du vent mais tout simplement de l’eau....qui apprécie les espaces inondables. Les jeunes et moins jeunes seront tous dans la rue pour se sauver. École ou pas école ne sera plus une option.
Ceci est mon sentiment pour l’instant
Écrit par : Don Quichotte | 30/05/2019
Répondre à ce commentaireMerci pour ce sentiment de l'instant, que je partage parfaitement.
Dans la fiction proactive "La Belle gicle" susmentionné dans le billet ( http://vanrinsg.hautetfort.com/archive/2006/11/09/la-belle-gicle.html ), il y a des déjà quelques brides que je retrouve dans ce commentaire.
C'est la Flandre, les Polders, le pays le plus plat qui est le plus à plaindre et qui ont le plus à perdre si le climat se détériore encore avec des marées extraordinaires qu'ont connu les Pays Bas avec le raz-de-marée en mer du Nord en 1953, la nuit du 31 janvier au 1er février 1953 . Les vents d'une violente dépression ont causé un rehaussement exceptionnel du niveau de la mer le long de la côte des Pays-Bas.
Pas loin de Bxl, Alost qui a justement été repris dans le JT dont j'ai podcasté le contenu, est un cas très spécial, un repère de l'extrême-droite bien connu.
Bxl Hal Vilvoorde, les Fourons, Commines... même chose.
C'est marrant quand on remarque que plus on te rapproche de Bxl, plus on rencontre cette hostilité et des frottements comme dans les communes "à facilités".
Les sentiments y sont exacerbés.
La Tchécoslovaquie n'a pas connu (du moins apparemment) ces problèmes pour se diviser en Tchéquie et Slovaquie, parce que chaque partie avait sa capitale.
La Tchéquie plus riche que la Slovaquie. Un Vaclav Havel philosophe est aussi quelqu'un qui n'existe pas en Belgique.
Comme dans tous les divorces, c'est le demandeur qui paye le plus.
Le sale coup du Brexit, la Catalogne en ont refroidi plus d'un candidat à la volonté d'indépendance.
Les impulsions n'ont rien à voir avec les raisonnements.
Quand on a une blessure au bras, on ne coupe pas le bras, on le soigne.
Nous sommes un pays de compromis bien connu.
Les Israéliens sont venus chez nous pour comprendre nos techniques de compromis.
L'histoire se radicalise souvent aux frontières et aux limites mais pas à l'intérieur des régions.
La situation à Bruxelles est particulière.
Nous n'avons pas deux ou trois communautés en ville.
Nous en avons des dizaines que l'on retrouve dans des quartiers arabes, turques et autres.
On fait du tourisme à Bruxelles rien qu'en se promenant dans la rue Neuve à écouter
Le billet que j'ai écrit au sujet de SJTN ( http://vanrinsg.hautetfort.com/archive/2018/11/03/sjtn.html ) est un concentré de tout ce qu'on trouve à Bxl.
J'aime les ensembles de cultures, mais beaucoup n'apprécient pas.
Het Zinneke ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Het_Zinneke ) fait un bel ensemble avec Manneken Pis... Tous "bâtards" par certains aspects.
Écrit par : L'enfoiré | 30/05/2019
La N-VA a-t-elle commis la même erreur qu’Yves Leterme il y a dix ans?
En ciblant la migration, la N-VA a-t-elle renforcé le Vlaams Belang, comme le CD&V d’Yves Leterme l’avait fait avec elle en visant une réforme de l’État ? Un certain parallèle existe entre les deux situations.
Au début des années 2000, l'arrondissement électoral Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV) ( http://vanrinsg.hautetfort.com/archive/2010/04/15/la-bombe-a-haut-voltage.html ) empoisonnait le vie politique belge pour réclamer sa scission .
Yves Leterme, président du CD&V, créa un cartel avec la NVA.
https://plus.lesoir.be/228802/article/2019-06-04/elections-2019-la-n-va-t-elle-commis-la-meme-erreur-quyves-leterme-il-y-dix-ans
Écrit par : L'enfoiré | 05/06/2019
Répondre à ce commentaireL'économie belge plus résiliente que prévu
Malgré le contexte d'incertitude, la croissance restera stable de 2019 à 2021, selon la Banque nationale, mais il reste 11 milliards d’euros à assainir.
"Les nouvelles ne sont pas trop mauvaises, l’économie belge s’est montrée assez résiliente face à l’incertitude ambiante", s’est félicité le gouverneur de la Banque nationale Pierre Wunsch, lors de la présentation, ce matin, des nouvelles prévisions semestrielles.
Les prévisions de la BNB peuvent se résumer.
1. 1,2% de croissance
La Banque a certes adapté légèrement à la baisse ses prévisions de croissance par rapport à décembre 2018, mais pas de façon comparable à l’Allemagne, par exemple, qui est pourtant notre premier partenaire commercial. L’économie belge devrait ainsi croître de 1,2% en 2019, 1,1% en 2020 et 1,2% en 2021.
Les exportations apporteront une contribution moins importante à la croissance, mais ce sera compensé par la consommation. On note même en 2019 un effet de formation de stocks au Royaume-Uni dans la perspective d’un Brexit sans accord en mars 2019. Cet effet a profité aux exportations de la Belgique.
2. 120.000 emplois
La BNB prévoit la création de 120.000 emplois supplémentaires sur la période 2019-2021. Avec une croissance aussi faible, cela reste un résultat appréciable. Le résultat, c’est un chômage qui devrait chuter à un niveau que l’on n’avait plus connu depuis les années 70.
Le revers de la médaille, c’est que la productivité est tombée très bas. Pour y remédier, il faudra des réformes structurelles. "Jusqu’ici, les différents gouvernements ont mis en œuvre des réformes de façon équilibrée. Les inégalités se sont très peu creusées. Il faudra poursuivre dans cette voie inclusive", préconise Pierre Wunsch.
3. 3,5% de pouvoir d’achat en plus
La BNB prévoit une progression de 3,5% du pouvoir d’achat par habitant de 2019 à 2021. C’est dû à deux mouvements. D’une part, les salaires vont progresser grâce à l’indexation automatique alimentée par la récente poussée d’inflation et à la mise en œuvre de la dernière phase du tax-shift. D’autre part, la hausse des prix de l’énergie va ralentir, ce qui libérera du pouvoir d’achat supplémentaire.
4. 11 milliards d'euros à trouver
Comme déjà évoqué par le Bureau du Plan et la Commission européenne, le déficit budgétaire, à politique inchangée, va repartir à la hausse. C’est le résultat de deux facteurs. D’une part, l’effet bénéfique de l’accélération des versements anticipés des entreprises va s’estomper. D’autre part, les dépenses sociales vont continuer à croître mécaniquement. Avec le vieillissement, les dépenses de pension augmentent de 1,7 à 2 milliards d’euros chaque année. Or, sans gouvernement, il est difficile d’intervenir de manière structurelle.
Le déficit de 11,1 milliards d’euros envisagé par la BNB équivaut à 2,3% du Produit intérieur brut (PIB). Le gouverneur préfère, pour sa part, ne pas s’avancer sur la façon de résorber ce déficit. "Ce n’est pas à la BNB de se prononcer là-dessus, il y a des élections pour cela. Mais, il est clair qu’il s’agit d’un effort tout à fait réalisable, si on le compare avec les efforts qui ont été fournis par le passé dans notre pays et dans d’autres pays."
https://www.lecho.be/economie-politique/belgique-economie/L-economie-belge-plus-resiliente-que-prevu/10134418?utm_campaign=BREAKING_NEWS&utm_medium=email&utm_source=SIM
Écrit par : L'enfoiré | 07/06/2019
Répondre à ce commentaireCommunisme et fascisme, même combat, même bilan?
Que ce soit en Belgique ou ailleurs, les amalgames sont fréquents, qui mettent dans le même sac sanglant les partis d’extrême droite et ceux d’extrême gauche. Les millions de morts de Staline sont opposés à ceux de Hitler, et les régimes sont jugés de la même manière en raison de leur totalitarisme. S’il n’est pas pensable de nier les crimes monstrueux commis par des régimes d’inspiration marxiste, il est cependant possible de rejeter cet amalgame.
Manifestation à Riga, en Lettonie, contre les nostalgiques du régime hitlérien et ceux du régime stalinien.
Que les mouvements de gauche extrême (Mélenchon, Podemos, PTB…) inquiètent certains, c’est logique : leurs programmes proposent une taxation des plus hauts revenus, la sortie des traités internationaux, bref, un virage à gauche toute d’une politique dans les pays européens qui, même avec des gouvernements socialistes, est majoritairement libérale depuis très longtemps. Une politique qui a lentement mais sûrement mis à mal les services publics, renforcé les grandes fortunes, favorisé les entreprises multinationales et creusé les disparités de revenus, en érodant sans cesse la classe moyenne. Que ces programmes soient partiellement irréalistes, c’est une vérité qui frappe l’ensemble des programmes de campagne ; mais nul ne peut nier qu’ils mettent le doigt sur des injustices réelles (l’absence de taxation sérieuse des multinationales, les disparités sociales, la précarisation des plus faibles…).
Le cordon sanitaire
Il n’empêche, nombreux sont celles et ceux qui appellent à un boycott de ces partis et à la mise en place d’un « cordon sanitaire » pour les isoler de la même manière que des partis d’extrême droite.
En Belgique, le premier cordon est établi en Flandre en 1989, mais il sera dénoncé rapidement par la Volksunie, suivie par le CVP et le PVV. En 1992, le programme du Vlaams Blok suscite un deuxième accord entre partis flamands. Il y a en fait deux cordons en Belgique, qui sont une application de la loi Moureaux du 30 juillet 1981 : un cordon politique (qui empêche la participation des partis visés à une coalition) et un cordon médiatique (qui les prive d’interventions publiques). Ils ont été activés après la percée électorale de l’extrême droite. Les médias ont alors décidé de ne pas donner la parole aux partis qui « profèrent des propos discriminants, que ce soit en fonction de la prétendue race, du genre, de la culture », comme le rappelle Jean-Pierre Jacqmin, directeur de l’information à la RTBF. Cordon qui doit viser tout parti ou tout responsable politique qui, outre ces discriminations, porterait atteinte aux valeurs démocratiques fondamentales. Le Vlaams Belang rentre parfaitement dans cette définition ; il est clairement un parti d’extrême droite et envisage même la réinstauration de la peine de mort, ce qui nous exclurait de facto de l’Union européenne et, plus largement, d’une démocratie digne de ce nom.
Le programme du Belang prévoit en outre de placer tous les demandeurs d’asile en centre fermé ; la castration chimique pour les délinquants sexuels ; l’inscription dans la Constitution flamande que la culture dominante flamando-européenne est la seule culture publique en Flandre ; un retour au pays pour les musulmans qui veulent maintenir le prescrit islamique ; la priorité pour les logements aux nationaux ; une ségrégation sociale dans l’accès à la sécurité sociale…
Le communisme, aussi grave que le nazisme
Un autre argument, que l’on retrouve souvent sur Facebook et dans les forums : l’héritage du communisme serait aussi lourd, sinon davantage, que celui du nazisme. Et il n’y aurait aucun exemple de réussite d’une politique communiste. Quand on lit pareils arguments, parfois de la part de personnes cultivées et disposant d’un diplôme supérieur, on est découragé…
Petits rappels : le nazisme et le fascisme sont des idéologies d’exclusion, fondées sur le rejet de l’autre, sur un nationalisme exacerbé et exclusif, sur des concepts de supériorité ethnique. Elles appellent au meurtre, à l’élimination, à la discrimination systématique. Elles s’opposent sans la moindre ambiguïté à la démocratie, qu’elles ont cependant souvent utilisée pour arriver à leurs fins. Et l’aboutissement, on peut même dire la finalité, du fascisme et du nazisme reste l’antisémitisme et l’extermination des « races inférieures ».
Le communisme a effectivement donné des régimes totalitaires tous plus ou moins monstrueux, certains – comme au Cambodge – versant eux aussi dans le génocide. Mais plusieurs différences de taille distinguent les deux extrêmes. D’abord, le communisme est, au départ, une idéologie généreuse et internationaliste – même si Lénine et Staline vont la faire dériver vers un nationalisme étroit et mortifère, tout comme le PC chinois (mais la Chine a toujours été nationaliste, quel que soit le régime en place, et nos régimes démocratiques, souvent de droite ces derniers temps, n’ont aucun scrupule à collaborer avec ce pays communiste). Il faut cependant tenir compte de certains paramètres pour juger l’un ou l’autre de ces régimes : la dictature cubaine s’explique en partie par le blocus imposé par les USA.
Les similitudes entre les deux idéologies totalitaires existent, mais elles pèsent moins lourd que leurs divergences. « Placer sur le même plan moral le communisme russe et le nazi-fascisme, en tant que tous les deux seraient totalitaires, est dans le meilleur des cas de la superficialité, dans le pire c’est du fascisme. Ceux qui insistent sur cette équivalence peuvent bien se targuer d’être démocrates, en vérité, et au fond de leur cœur, ils sont déjà fascistes ; et à coup sûr ils ne combattront le fascisme qu’en apparence et de façon non sincère, mais réserveront toute leur haine au communisme », a écrit Thomas Mann. Comme l’analyse bien Zeev Sternhell dans les différents essais qu’il a consacrés à cette question, le fascisme se propagera dans l’entre-deux-guerres parce qu’il bénéficiera de soutiens même indirects parmi des intellectuels et des artistes. Pour eux, le communisme est un cauchemar parce qu’il s’attaque ouvertement à la propriété privée et à la religion, ce qui, pour une Europe profondément attachée à cette propriété et à l’héritage chrétien, est impensable. Rappelons que la propriété est le deuxième droit naturel fondamental défini par
De nombreux exemples
Mais est-il vrai qu’il n’y a eu aucun gouvernement communiste (ou avec une participation des communistes) démocratique ? C’est aller un peu vite en besogne que de l’affirmer. Après la guerre, de nombreux gouvernements de coalition se mettent en place avec les communistes (5 en Belgique, dont certains ont vu une coalition entre les libéraux et les communistes sans les catholiques), qui ont été particulièrement actifs et courageux dans les différents mouvements de Résistance – sans parler de l’effort de guerre déterminant de l’Armée rouge, sans laquelle la défaite de l’Allemagne nazie n’était pas assurée. Ces coalitions seront sabotées par les États-Unis, qui conditionneront l’application du Plan Marshall à la fin de ces alliances « contre-nature ». Dans la foulée, ce « champion de la démocratie mondiale » n’hésitera jamais à intervenir, dans l’ombre ou dans la lumière aveuglante de ses bombes, pour renverser les régimes à son goût trop à gauche ou pour déclencher des guerres sur des motifs inventés de toutes pièces, comme ce fut le cas en Irak. On peut aussi pointer le rôle déterminant du PCI dans la démocratie italienne d’après-guerre, et la manière remarquable dont le parti a pu gérer un nombre impressionnant de municipalités de toutes tailles. Ou l’exemple du Kerala, cette république d’Inde aujourd’hui gouvernée par les communistes, et dont l’indicateur de développement humain est particulièrement élevé par rapport à son niveau de développement économique, avec une espérance de vie et un taux d’alphabétisation très supérieurs à la moyenne nationale. On peut enfin souligner la réussite remarquable du gouvernement de coalition portugais qui, avec l’appui des communistes, a complètement redressé l’économie du pays et a sensiblement réduit le chômage au cours des quatre dernières années, en tournant le dos à la politique d’austérité.
Les extrêmes ne se rejoignent pas
Non, les extrêmes ne sont pas forcément similaires. Elles le sont lorsqu’elles débouchent sur des régimes totalitaires, évidemment ; mais dans le cadre d’une démocratie, qui plus est établie sur le suffrage proportionnel, un parti de gauche radicale au sein d’un exécutif peut être l’élément décisif pour revenir à une réelle politique de justice sociale. Il peut aussi, comme ce fut le cas au Portugal, rappeler que les règles européennes ne sont pas aussi strictes qu’on veut le faire croire et qu’une marge de manœuvre budgétaire est possible pour financer des réformes sociales et rétablir l’équilibre en faveur des plus précaires.
Une telle participation n’a rien de comparable avec celle d’un parti d’extrême droite, qui à chaque fois a tenté de porter atteinte aux acquis démocratiques. L’argument de Philippe Van Parijs et d’autres, selon lequel l’exercice du pouvoir démontrera l’inefficacité du Belang, est d’une naïveté déplorable ; chaque fois que, dans un pays ou l’autre (comme au Brésil aujourd’hui), l’extrême droite a participé à la gestion publique, des atteintes graves ont été portées aux droits et aux valeurs fondamentales de la démocratie ; bibliothèques « expurgées », retour en arrière sur les droits des femmes, des minorités sexuelles, sur le droit à l’avortement ou à l’euthanasie, restrictions drastiques de la migration, diminution, suppression ou mise sous tutelle des politiques culturelles, atteintes graves aux libertés d’expression, de pensée, de culte, aux libertés académiques…
Les campagnes de bashing sans précédent à l’encontre des partis de la gauche radicale tentent de décrédibiliser leur projet, souvent dans un respect très aléatoire de l’éthique journalistique, en jouant systématiquement sur les stéréotypes staliniens. On invoque souvent le « point Godwin » quand on rappelle, pour l’extrême droite, où elle a mené le monde (et sans pouvoir donner le moindre contre-exemple d’un gouvernement d’extrême droite qui aurait mené un pays vers plus de justice, de paix, de démocratie) ; pourquoi se le permet-on (Staline remplaçant Hitler, et les soviets, les nazis) pour éviter de prendre ce qui, dans le projet de la gauche radicale, peut servir la société entière ?
https://plus.lesoir.be/230830/article/2019-06-15/communisme-et-fascisme-meme-combat-meme-bilan
Écrit par : L'enfoiré | 16/06/2019
Répondre à ce commentaireEt si le palais forçait une rencontre entre De Wever et Di Rupo ?
OPINION – Comment procéder au niveau fédéral ? Cette question sera inévitablement posée au conseil d’administration du Palais dans un avenir proche. La mission des informateurs actuels semblent avoir pris fin, puisque la N-VA et le PS n’ont pas pu être réunis. L’impasse semble totale. Il est temps d’essayer l’arc-en-ciel, ou d’abord une ultime tentative du roi pour les réunir ?
Imaginez si, après le renvoi inévitable de Didier Reynders (MR) et Johan Vande Lanotte (s.pa) comme informateurs, le roi désignait simplement Bart De Wever (N-VA) et Elio Di Rupo (PS). Les deux plus grands partis, les deux hommes les plus puissants aussi, seraient réunis dans une seule pièce.
Parce voici la triste conclusion : il n’y a pratiquement eu aucun contact entre les deux dirigeants au cours du mois dernier. Une invite, très peu de temps après les élections, est parti du siège de la N-VA, demandant un dialogue. Une réponse polie mais négative lui a fait suite.
Pas une seule conversation, pas un seul coup de fil, encore moins un contact physique entre les deux poids lourds a suivi. Pourtant, la relation personnelle entre les deux hommes n’est pas mauvaise : sur le plan humain, malgré la position souvent politiquement hostile des partis, il y a toujours eu un bon souvenir de négociations correctes dans le passé.
Mais 2010 n’est pas 2019. Pendant un mois, le camp du PS a fait savoir son refus total de s’asseoir avec la N-VA à la même table et même d’avoir une seule conversation. Pourtant, les informateurs ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour y parvenir. Johan Vande Lanotte (sp.a) avait cette mission explicite en tant que socialiste ayant de bonnes relations avec la N-VA et a été envoyé en tant que sentinelle. Un premier contact discret, pour voir tranquillement ce qui était possible ensemble, devait suivre.
Y a-t-il encore des informateurs ou pas ?
Le fait que la question de la N-VA ait été posée pendant un mois, puis que le PS ait maintenu la porte fermée, a été la raison pour laquelle la première a pris une décision lors de sa réunion de parti lundi : on ne peut plus attendre la formation d’un gouvernement flamand. Au terme d’un mois, nous en sommes encore à une première phase vague, dans laquelle aucun parti n’a encore été écarté, hormis le PTB.
La N-VA a discuté de la question en interne lundi, ce qui a fuité dans De Tijd, mais c’est Theo Francken (N-VA) qui s’en est ouvert officiellement avec une série de tweets hier matin pour attaquer le PS de front. De toute évidence, cette question n’a pas été discutée avec les autres chefs de parti. « Eh bien, Théo », soupire-t-on à l’intérieur du parti. Hier soir, la figure de proue de la N-VA a également commencé à attaquer Kris Peeters, le vice-Premier ministre sortant du CD&V, sur Twitter. Ce dernier a donc répondu avec des documents du dernier gouvernement précédent. Les escarmouches se sont poursuivies ce matin sur Twitter. Pas vraiment prometteur du tout, dans un contexte de formation de gouvernements.
Quoi qu’il en soit, le PS est blâmé par la N-VA, et tout le monde connait maintenant la teneur des pourparlers (qui n’ont jamais eu lieu). Les informateurs Vande Lanotte et Didier Reynders, peuvent tout de suite faire leurs bagages. Lundi, ils ont rendez-vous avec le roi, il serait logique qu’ils mettent fin à leur mission. Ce message a fait l’actualité hier, probablement parce que le socialiste a indiqué qu’il le ferait. Mais c’était sans compter sur Reynders, qui a fait corriger ce message par l’intermédiaire de son porte-parole.
Deux options: soit le retour de la N-VA, soit arc-en-ciel
Démission ou pas, cela ressemble dans le détail à une mission ratée. Le palais a maintenant deux options. Soit réessayer avec la N-VA ou prendre la voie qu’Elio Di Rupo (PS) a proposée dès le premier jour et que Paul Magnette (PS) a répété plus tard : un arce-en-ciel, éventuellement complété par le CD & V.
Il y a de fortes chances que les francophones ne veuillent pas coopérer avec les nationalistes flamands. Le PS et Ecolo ont tous deux opposé un droit de veto, qu’ils fondent sur deux raisons : La N-VA parle aussi au Vlaams Belang, et surtout, la N-VA ne veut négocier le confédéralisme qu’au niveau fédéral. Ce premier argument est pour la galerie, et même le roi reçoit aujourd’hui le Vlaams Belang. La seconde est une position de négociation, qui doit ensuite être clarifiée lors d’un entretien. En tout état de cause, cela serait déjà possible dans un scénario selon lequel le Palais lui-même forcerait un dialogue direct entre le PS et la N-VA.
Dans le premier cas, le roi devrait laisser quelqu’un de la N-VA faire le déplacement, qu’il le fasse ou non avec un autre parti. L’idée d’un travail en duo avec un représentant du PS n’est pas si folle que ça. Outre l’idée folle qu’il pourrait s’agir des deux présidents, la question qui se pose est bien sûr de savoir comment on pourrait échapper à une pantomime.
La deuxième option, l’arc-en-ciel, semble beaucoup plus viable à moyen terme. Dans ce scénario, le PS, Ecolo, Groen et Sp.a doivent « dépanner » le gouvernement minoritaire actuel. C’est possible lors de la première phase d’un gouvernement d’urgence, et c’est exactement ce que Paul Magnette (PS) a proposé à la télévision RTBF il y a quelques semaines. Un tel scénario peut certainement fonctionner mathématiquement : un arc-en-ciel a une majorité d’un siège. Avec le CD & V, il aurait 13 sièges supplémentaires.
Les obstacles pour l’arc-en-ciel sont également assez forts
Il est donc possible que le PS soit pressé de tenter de mettre en place une telle construction. Mais le PS devra alors lever beaucoup d’objections. Qui pourrony émaner des trois partis qui doivent se rallier à un tel scénario : les libéraux de MR et Open Vld, et les démocrates-chrétiens de CD&V.
Pour commencer, le PS s’obstine à tenir le MR à l’écart des pourparlers de coalition en Wallonie et à Bruxelles. C’est d’autant plus étrange, que dans cette première région, il n’ya pas de majorité sans les libéraux francophones. Magnette et Di Rupo sont ainsi contraints par leurs partisans de continuer sur la voie d’un gouvernement minoritaire, qui semble néanmoins très compliqué à mettre en place techniquement. Pire : cela empêche toute conversation normale avec le MR, et donc à l’émergence d’une solution pour le fédéral.
En plus du MR, il existe Open Vld et CD & V. Ils sont réticents à entrer dans un gouvernement minoritaire côté flamand, mais encore plus réticents à rejoindre un gouvernement dominé la gauche et les socialistes francophones. Après une victoire de droite en Flandre, ce n’est pas le moment, pensent-ils. Les deux ont très peu à gagner d’une telle construction, sauf si elle devait ouvrir des perspectives de carrière personnelle pour leurs figures de proue Les francophones ne semblent pas avoir de problème à offrir le Seize à un Flamand : Wouter Beke (CD & V) et Gwendolyn Rutten (Open Vld) peuvent commencer à rêver.
La pression de De Wever
Mais ce n’est pas tout. Open Vdl et CD & V sont mathématiquement inutiles s’ils interviennent ensemble. Cela rend la situation encore plus désagréable, car ils peuvent être menacés. CD & V pourrait donc ne pas participer à une telle expérience, mais Open Vld pourrait tout aussi bien s’y adapter.
Les deux sont également tenus de se rallier à De Wever au niveau flamand et de former une coalition avec la N-VA. Ce dernier a indiqué dès le premier jour qu’il ne souhaitait pas participer à des scénarios dans lesquels il formerait un gouvernement flamand avec CD & V et / ou Open Vld, pour être poussé dans l’opposition au niveau fédéral, avec CD&V et/ou Open Vld dans la majorité.
Tout cela pour dire : même si le PS prend bientôt l’initiative et qu’il opte pour l’arc-en-ciel, ce sera une tâche très, très difficile. C’est peut-être pour cette raison que certains résidents de la Rue de la Loi ne voulaient pas que Reynders et Vande Lanotte s’en aillent hier. Tout est difficile et personne ne veut passer à l’action au niveau fédéral. Ce sera un été long et fatigant pour le roi Philippe…
https://fr.express.live/roi-rencontre-de-wever-di-rupo/
Écrit par : L'enfoiré | 27/06/2019
Répondre à ce commentaireLe Fédéral
Jusqu’à présent, seuls les Germanophones sont parvenus à composer un gouvernement. Isabel Albers cite Karel De Gucht : « Il a dit que la Belgique n’allait pas disparaître dans un big-bang, mais plutôt s’évaporer. À un moment donné, dit-il, personne ne voudra plus former de gouvernement fédéral. Ce moment n’est pas loin ».
La Flandre
L’exclusive du PS à l’encontre de la N-VA est en partie liée au fait que les nationalistes ouvrent la porte au Vlaams Belang. Mais s’agit-il d’une véritable ouverture ou d’une pièce de théâtre ? « Il y a un silence radio, mais selon mes informations, ils ont discuté du contenu. Mais le moment est venu de passer à l’acte. Bart De Wever veut montrer qu’il a entendu le signal des électeurs du Vlaams Belang. La première solution côté flamand, c’est la N-VA avec le CD&V et le VLD ».
La Wallonie
En Wallonie, c’est un gouvernement minoritaire soutenu de l’extérieur et incluant la société civile qui se dessine. « Le coquelicot. Un nouveau mot que j’ai appris », sourit-elle. Pour Marie-Hélène Ska (CSC), cette idée est à côté de la plaque. Qu’en pense-t-elle ? « Je suis d’accord avec elle. Cela semble moderne, mais c’est un retour aux piliers, des organisations qui n’ont pas été élues démocratiquement. Ce sont les hommes et femmes politiques élues qui doivent gouverner. C’est pour masquer un gouvernement qui a une alliance minoritaire ».
Une « solution » qui, selon Isabel Albers, n’est souhaitable à aucun niveau de pouvoir. « La meilleure option est de gouverner avec des majorités larges ».
Elle a dit
• Former un gouvernement « arc-en-ciel » au fédéral, bonne idée ? « On aurait un pays gouverné par des partis de nains. Qu’importent les votes, les mêmes partis restent au pouvoir. C’est un mauvais signal »
• A propos du PTB : « Ils sont aussi dangereux pour la démocratie, comme le Vlaams Belang, car ce sont des populistes. Ils ne sont pas intéressés à la gestion d’un pays »
• A propos du confédéralisme : « C’est encore trop flou. Même la N-VA n’est pas prête. Des réformes sont souhaitables, mais il faudrait commencer par se mettre à la table »
• Aller revoter ? « Ce serait le pire scénario. Cela reviendrait à dire ouvertement aux Belges qu’on se moque d’eux. Trois jours après les résultats, j’entendais déjà cette option »
• Sur la situation économique de la Wallonie : « Il n’y a pas de raison que cela n’aille pas en Wallonie. Est-ce la faute du PS ? Partiellement peut-être… La faute aussi à l’enseignement francophone. Il n’y a qu’à regarder les enquêtes PISA »
• Comment résoudre le casse-tête fédéral ? « Cela prendra du temps, vu les exclusives du PS et de la N-VA (l’un refusant de discuter avec l’autre), mais ils doivent se parler ».
https://www.lesoir.be/233693/article/2019-06-29/isabel-albers-la-belgique-nest-pas-loin-de-levaporation
Écrit par : L'enfoiré | 29/06/2019
Répondre à ce commentaireLe PS et la N-VA jouent à un implacable poker, et les cartes de Di Rupo sont bien pires qu’il n’y parait
Au niveau fédéral, tout reste bloqué. Bart De Wever (N-VA) gèle les négociations flamandes pour forcer quelque chose au gouvernement fédéral. Elio Di Rupo (PS) se concentre sur la Wallonie et ne s’intéresse à aucune conversation avec la N-VA. Mais le président du PS joue avec le feu en ne construisant pas de ponts vers le centre. Parce que la N-VA veut vraiment revenir à un gouvernement fédéral.
Une partie de poker entre les grands garçons se déroule actuellement à la rue de la Loi. Rien de nouveau sous le soleil, à peu près toutes les formations gouvernementales passent par une telle phase. Ceux qui paniquent déjà en ce début du mois de juillet manquent de connaissances historiques sur le fonctionnement du gouvernement fédéral.
Une question beaucoup plus intéressante est de savoir qui a le dessus dans le jeu de poker actuel : le PS d’Elio Di Rupo et son chaperon Paul Magnette, ou la N-VA de Bart De Wever ?
La formation du gouvernement flamand gelée
Hier, De Wever a fait le premier pas : pas de gouvernement flamand sans certitude sur un gouvernement fédéral. Et pas de gouvernement fédéral sans majorité flamande (lire : sans la N-VA). Immédiatement, De Wever met le couteau sur la gorge d’Open Vld et de CD & V : il ne se passera rien ici sans moi. Avec le gouvernement flamand comme monnaie d’échange, la N-VA indique également qu’elle est très heureuse d’être à nouveau présente au niveau fédéral et qu’elle est prête à y consacrer beaucoup d’argent.
Mais soyons réalistes : si vous menacez les autres partis flamands, vous ne remporterez pas encore la partie de poker avec le PS. Ils ne seront pas immédiatement impressionnés par une telle menace : ce n’est pas un blocage au niveau de la Flandre qui risque de les déranger.
Au contraire : en Belgique francophone, on s’amuse de cette impasse flamande. « C’est un peu étrange, la N-VA veut normalement toujours montrer que les régions travaillent de manière autonome, et que le fédéral ne fonctionne pas. Et maintenant, la Flandre n’a pas de gouvernement et pas de négociations, alors que Bruxelles et la Wallonie pourraient bientôt montrer qu’elles peuvent aller de l’avant », a déclaré Véronique Lamquin du Soir hier dans Terzake.
Cette dernière semble pour le moins volontariste. La réalité est que le PS wallon est plus loin de la formation d’un gouvernement stable que la N-VA flamande. Le week-end dernier, De Wever a réduit ses options à trois partis, qui constituent également le noyau de presque toutes les solutions fédérales : Open Vld, CD & V et / ou sp.a. Un texte a été discuté en profondeur avec chacun des présidents et personne n’a démissionné. Le dossier est en mode pause, mais peut être relancé à tout moment.
La situation en Wallonie
En Wallonie, cela semble beaucoup plus complexe. Le PS s’en tient à son obstination à l’égard d’un gouvernement minoritaire avec Ecolo. Ensemble, ils leur manque trois sièges. Toute conversation avec le MR est refusée. Le PS et Ecolo espèrent pouvoir soustraire ces trois sièges aux députés du CDH, ou pourquoi pas au PTB ou au MR. Plusieurs personnes d’autres groupes ont déjà reçu une invitation personnelle. Mais c’est de la pure fiction politique, et les couleurs rouge et verte n’atteindront jamais une majorité réalisable.
Au contraire. Une avalanche d’accords avec le centre ne peut cacher le fait que l’ensemble de la construction n’est pas réalisable. Mais au sein du PS, la pression exercée par les mutualités socialistes et certainement par le syndicat de la FGTB, dont de plus en plus de membres s’affilient au PTB, est particulièrement forte pour continuer à persister dans la voie d’un gouvernement de gauche. Ce qui est frappant à cet égard, c’est que la bataille au sein du parti n’est peut-être pas tant entre Di Rupo et Magnette, mais entre ce sommet affaibli et les supporters, les piliers et les baronnies du PS.
Car toute cette expérience minoritaire wallonne va à l’encontre de la logique mathématique. Et surtout contre la logique fédérale : elle affaiblit la position du PS. Parce que dans toute expérience fédérale, le PS a besoin des libéraux du MR : sinon, Di Rupo et Magnette ne remporteront jamais la majorité à la Chambre. Le sommet du PS le sait aussi.
Mais le parti ne semble pas mûr pour un rapprochement avec le MR, mais un parti de centre-droit prudent, encore très éloigné de la droite et de la N-VA flamande. Ici et là, on murmure que le PS veut essayer avec Ecolo pendant sept semaines avant de renoncer à cette expérience de gauche.
Qui a l’avantage ?
Il n’est donc pas si absurde dedire que le PS a actuellement des cartes plus mauvaises que celles de la N-VA. Cependant, au poker, il n’y a pas que les cartes que l’on a en mains qui sont décisives, il y a aussi le bluff. La grande différence avec la Flandre, c’est qu’en Wallonie, une formation est active, que Di Rupo & co sont « au travail », qu’ils font « des progrès ». La presse francophone semble aussi être d’accord avec ce jeu, et cela renforce le PS.
De plus, ils ont l’atout de Bruxelles. Le jeu y a déjà été joué et gagné par les socialistes francophones. PS, Ecolo et DéFI, ainsi que Groen, Sp.a et Open Vld forment un gouvernement. Après une semaine de théâtre, les libéraux flamands ont abandonné leur résistance pro forma aux négociations sans le MR. La vérité est que le MR est dénué de tout pilotage à Bruxelles, que même le sommet du MR en Wallonie ne semble pas insister sur une place pour le MR dans le gouvernement bruxellois. Et bien sûr, les liens entre l’Open Vld à Bruxelles et le PS sont excellents. Il n’en fallait pas moins pour rendre les clés à Rudi Vervoort (PS).
La formation de ce gouvernement bruxellois donne une autre carte à jouer au PS : on peut exploiter l’argument selon lequel le blocage ne s’applique pas à tous les Etats fédéraux. Le temps semble donc être du côté du PS, grâce à Bruxelles et au bluff du poker en Wallonie.
N-VA joue cartes sur table
La N-VA s’y oppose, avec une confession claire depuis hier : elle veut absolument le fédéralisme au gouvernement. Un scénario dans lequel De Wever et ses collaborateurs transforment le gouvernement flamand en une « forteresse flamande » qui mènerait le niveau fédéral à sa fin est loin d’être gagné. De même, toutes les demandes concernant le « confédéralisme » doivent être considérées avec un grain de sel : la première exigence de la N-VA à l’heure actuelle semble être, avant tout, l’accès au cockpit fédéral, c’est-à-dire l’accès au pouvoir, plutôt que la fin du pays.
En outre, la N-VA sait également que le choix est toujours binaire : soit réformer en termes socio-économiques, soit procéder à une réforme de l’Etat. Le PS ne semble pas être en mesure ou disposé à faire l’un ou l’autre. La pression et surtout le temps peuvent éventuellement changer cela, comme décrit ci-dessus. Mais contrairement à ce qui se passe en Belgique francophone, la presse et les leaders d’opinion flamands s’attaqueront impitoyablement à l’absence de progrès réels: De Wever n’a pas mis en place de stratégie pour rester « à l’ouvrage ». Donc, le temps n’est pas de son côté.
D’ailleurs, De Wever a encore un atout dans manche, même si c’est un « longshot » (une main qui a très peu de chances de s’améliorer). Car il existe bien une alternative au PS, une coalition fédérale sans les socialistes francophones. Mais pour cela, il faudra accomplir beaucoup d’efforts. Mais ce n’est pas impossible. Le MR, complété par le CDH, peut fournir des voix du côté francophone. Du côté flamand, un quatuor complet est nécessaire : N-VA, plus Open Vld, CD&V et sp.a. Et regardez : c’est précisément les partis avec lesquels De Wever s’est assis ce week-end.
https://fr.express.live/ps-n-va-gouvernement-federal/
Écrit par : L'enfoiré | 03/07/2019
Répondre à ce commentaire18/7/2019 au 21/7/2019: Avant la fête nationale du 21 juillet: 'La Belgique en Question(s)" en 3 épisodes
1. "Le Grand fossé"
http://rtbf-pod.l3.freecaster.net/pod/rtbf/geo/open/L/LLEdDgDXAq.mp3
2. "Tant que le lion aura des dents"
http://rtbf-pod.l3.freecaster.net/pod/rtbf/geo/open/0/0LkdYrmJwS.mp3
3. Et maintenant, on fait quoi?
http://rtbf-pod.l3.freecaster.net/pod/rtbf/geo/open/8/8GxlSgBZCo.mp3
Écrit par : L'enfoiré | 18/07/2019
Répondre à ce commentaireCoïncidence je viens de terminer à l’instant l’écoute de la première d’une série de trois émissions !!
En effet très intéressant et très nuancé. À nouveau l’importance de l’association de fait entre la politique et les médias sur ce que pensent et votent les deux communautés est mise en évidence. La scission des partis politiques belges entre nord et sud à eu comme conséquence une scission plus nette des médias.
Au point de vue économique il y aurait eu dans le passé de très grandes entreprises en francophonie alors que ce n’était pas le cas en Flandre, ce qui était un facteur de différence dans l’enseignement ? Là je suis surpris parce que je n’avais jamais entendu cet argument. A première vue je ne suis pas convaincu de la pertinence de cet avis.
Écrit par : Don Quichotte | 22/07/2019
Cockerill et Solvay ont été les plus connues de ses entreprises en francophonie.
La Wallonie a eu des leaders de la grande industrie qui avaient construit la Belgique dans les pays les plus industrialisés dans le monde.
J'ai lu en grande partie le livre de Jacques Brabant "Comment ruiner une Belgique prospère en 70 ans" que j'avais mis en préambule dans l'article "Comment a-t-on pu en arrivé là?".
La Générale, une fois attaquée et disloquée tout a périclité dans l'affaire De Benedetti
J'ai quelques livres sur l'histoire de Belgique
J'ai écrit certains articles dont celui-ci "Petite histoire pour autre chose" en 2007.
Écrit par : L'enfoiré | 22/07/2019
En écoutant le 2ieme de la série je comprends mieux pourquoi le flamand n’était pas proposé ni en primaire ni en secondaire dans les années 50 et 60 dans le sud du pays. En effet l’accord de 1932 déclarait l’unilinguisme dans chaque communauté. C’était le début de la séparation de fait. Donc cette erreur politique n’était pas du seul fait des wallons ou francophone.
Les années 80 et 90 ont progressivement introduit le flamand comme deuxième voir quatrième langue certainement dans l’enseignement secondaire. Mais la qualité de cet enseignement et la non motivation des professeurs et élèves n’ont pas engendrés des résultats probants. Je parle ici de mes enfants. Leurs parcours professionnels ont évidemment imposés une meilleure connaissance du flamand ce qui est le cas actuellement.
Conclusion non je ne parle pas le flamand ni l’allemand bien que j’ai suivi des cours d’allemand à l’école primaire, cours facultatifs proposés en dehors du cursus primaire qui me voyait parcourir près de 4km à pieds et seul tout les mercredis après-midi à l’âge de 10 ans. Une autre époque.
Habiter à Bruxelles et travailler dans un environnement qui peut-être inclus le besoin de connaissance de la langue flamande sont certainement des paramètres plus motivants.
Une certaine politique flamande de type fascisante, politique qui se forge par l’exclusion de l’autre qu’il soit un jour wallon ou noir ou maghrébin n’a évidemment pas suggéré une grande compassion du côté francophone. Ne parlons même pas alors de motivation.
La séparation des partis jusqu’à lors unitaires a achevé tout espoir ou plutôt tentative de revivre ensembles.
L’église catholique a été très active pendant ces périodes d’exclusion et de fascisme pour accentuer et englober une majorité de l’opinion flamande. Le néolibéralisme n’a jamais été en spectateur mais a également fortement appuyé cette balkanisation de l’état et des états en général. Des états faibles et balkanisés facilitent grandement l’imposition de règles économiques et financières qui finalement ne bénéficient qu’à quelques uns. L’église a compris depuis le 7ieme siècle et son associassions avec l’empire romain qu’il est de loin préférable de s’associer avec les plus forts (expansionnisme économique et financier, ouverture des frontières uniquement pour le commerce et la finance mais pas pour les peuples, dictateurs politiques donc économiques et n’oublions pas l’attitude pour le moins très suspecte et disons le, complaisante de l’église catholique avec les dictatures européennes ( allemandes, italiennes, espagnoles, portugaises, flamande et autres par exemple en Amérique latine). L’église flamande a très bien compris où était ses intérêts en apportant son support son aide aux mouvements identitaires et fascisant flamand.
Un sujet qui n’est pas abordé par les deux premières émissions.
Désolé d’être long mais l’Histoire permet de mieux comprendre d’où tout cela vient et vers quoi certains voudraient nous entraîner.
Écrit par : Don Quichotte | 22/07/2019
"Divide ut imperes"....
Oui, j'ai fait 6 ans de latin et un an de grec ancien.
Le latin ne m'a servi à rien ni hier ni aujourd'hui, mais les conneries du Pacte d'Excellence vont avoir l'obligation de le suivre et ce n'est qu'à partir de la 3ème année du secondaire, que les étudiants auront à choisir un cours à option entre anglais et néerlandais.
J'enrage quand j'entends cela.
Absolument, pour que "tout ailles bien" il y a une autre expression latine qui correspond "Panem at circensis".
Ils ont aussi tout compris ces Romains. Pas cons du tout, eux, ils ont compris qu'après avoir "Veni, vidi, vici" il fallait poursuivre la "maintenance" des peuples envahis.
Et c'est quand ils ont perdu cette notion de stratégie que les Romains se sont divisés en Rome orientale et occidentale,
La Sainte Église a profité de la connerie humaine en inventant un dieu qui allait punir les hommes de tous les péchés du monde.
Écrit par : L'enfoiré | 22/07/2019
Le roi Philippe est le monarque «le plus pauvre d’Europe» (photos)
Un classement des monarchies a été établi par le site économique américain Business Insider.
Le site économique américain Business Insider a dévoilé un classement de la richesse des dix monarchies européennes. Selon ces résultats, la Belgique se classe en… dernière position, le livret d’épargne de notre roi s’élevant à 12,4 millions d’euros. Et d’après les calculs du site financier, les trois nobles les plus riches d’Europe ne possèdent même pas de titre royal. Il s’agit en effet d’Hans-Adam du Liechtenstein en première position, suivi par Henri de Luxembourg et Albert de Monaco. Leurs fortunes se comptent en milliards d’euros.
Avec les chiffres en sa possession, Business Insider a donc tenté d’estimer la puissance financière des monarchies européennes et a établi le classement suivant :
10. Belgique
Chef d’État : le roi Philippe, 59 ans
Fortune : estimée à 12,4 millions d’euros
9. Espagne
Chef d’État : le roi Felipe VI, 51 ans
Fortune : estimée à 17,75 millions d’euros
8. Norvège
Chef d’État : le roi Harald V, 82 ans
Fortune : estimée à 26,6 millions d’euros
7. Danemark
Cheffe d’État : la reine Margrethe II, 79 ans
Fortune : estimée à 35,5 millions d’euros
6. Suède
Chef d’État : le roi Carl XVI Gustaf, 73 ans
Fortune : estimée à 62 millions d’euros
5. Pays-Bas
Chef d’État : le roi Willem-Alexander, 52 ans
Fortune : estimée entre 177,5 et 266 millions d’euros
4. Grande-Bretagne
Cheffe d’État : la reine Elizabeth II, 93 ans
Fortune : estimée entre 443,7 et 532,5 millions d’euros
3. Monaco
Chef d’État : le prince Albert II, 61 ans,
Fortune : estimée à 887,5 millions d’euros
2. Luxembourg
Chef d’État : le grand-duc Henri, 64 ans
Fortune : estimée à 3,55 milliards d’euros
1. Liechtenstein
Chef d’État : le prince Hans-Adam II, 74 ans
Fortune : estimée à 4,4 milliards d’euros
https://soirmag.lesoir.be/237443/article/2019-07-19/le-roi-philippe-est-le-monarque-le-plus-pauvre-deurope-photos
Écrit par : L'enfoiré | 19/07/2019
Répondre à ce commentaireLe modèle suisse, mais avec un roi
Geert Noels
Comment les Suisses s’y prennent-ils ? Et quels enseignements les Belges peuvent-ils en tirer ? Dans le rapide tour d’horizon ci-dessous, j’épingle les six fondations du modèle politique suisse.
La formation du gouvernement fédéral coince de toutes parts. De nouvelles élections n’y changeraient rien. L’impasse politique met les réformes au frigo alors que l’avenir sera chaud d’énormes défis à relever, et pas seulement climatiques. Après près de vingt ans, les réserves constituées pour pouvoir adhérer à la zone euro sont épuisées. La seule manière de conserver une Belgique structurellement prospère ET unie est de l’organiser plus efficacement. Son architecture actuelle coûte un pont, ne fonctionne pas et décourage les politiques axées sur l’avenir.
"La Suisse peut nous inspirer, plus que la France ou les Pays-Bas qui sont plutôt des modèles à suivre en cas de séparation du pays."
Le pays des Helvètes, lui, a une taille comparable à la Belgique, s’appuie sur la même structure économique et est confronté également à la complexité d’avoir à faire cohabiter trois langues (et même quatre: l’allemand, le français, l’italien et le romanche) et autant de cultures, avec beaucoup de concurrence, de pommes de discorde et de transferts entre les régions.
Comment les Suisses s’y prennent-ils ? Et quels enseignements les Belges peuvent-ils en tirer ? Dans le rapide tour d’horizon ci-dessous, j’épingle les six fondations du modèle politique suisse.
1. Forte décentralisation. Seules les matières qui ne peuvent pas être organisées localement plus efficacement sont régies au niveau fédéral. Ainsi, l’enseignement et l’emploi sont réglés jusqu’à l’échelon communal. Résultat: l’État fédéral ne se voit confier que peu de compétences, notamment la défense, la sécurité intérieure et les affaires étrangères. Les cantons se font donc concurrence, entre autres sur le plan fiscal, ce qui stimule l’excellence et/ou la spécialisation.
2. Voix au chapitre. Les Suisses ne craignent pas le jeu démocratique. C’est inscrit dans leur culture. Les critiques qui caricaturent volontiers les référendums suisses feraient mieux d’essayer de comprendre cette forme sophistiquée, adulte de faire entendre sa voix. Cette démocratie directe fonctionne et nourrit des débats intenses avec, à la clé, la mise en œuvre des changements nécessaires. Elle coupe l’herbe sous le pied des populistes et des extrémistes sans devoir les bâillonner.
"Les personnalités politiques sont surtout des administrateurs. Ils ne doivent pas jouer des coudes chaque jour pour se placer devant les projecteurs." "
3. Aucun grand timonier. Les personnalités politiques suisses ne sont pas charismatiques. Et personne ne les voit comme des personnages providentiels. Ce sont surtout des administrateurs. Ils ne doivent pas jouer des coudes chaque jour pour se placer devant les projecteurs. Ils sont jugés sur leurs performances et les résultats de leur politique.
4. Travail d’équipe. Les grands partis constituent ensemble le gouvernement, appelé Conseil fédéral. La formation de l’exécutif ne dure pas longtemps. Ni d’ailleurs la répartition des postes. Les résultats des élections indiquent clairement qui peut/doit gouverner. Le président du Conseil fédéral est l’égal de ses collègues et est remplacé par rotation chaque année, histoire qu’il n’ait pas le temps de se croire capable de marcher sur les eaux du lac Léman.
5. Efficience. Les Suisses dépensent plus que les Belges pour leur enseignement et leurs soins de santé (en pourcentage du produit intérieur brut). Pourtant, leurs dépenses publiques ne pèsent que 35% de leur PIB, contre plus de 50% chez nous. Et les Suisses réussissent chaque année à dégager des excédents budgétaires.
6. Transferts transparents. Des transferts entre régions existent en Suisse. Ils sont même substantiels: 5,3 milliards de francs suisses en 2020. Mais ils sont aussi transparents et objectifs. Leur hauteur est fonction de paramètres convenus. Et ils encouragent la responsabilité. Cela a le don de réduire sensiblement les tensions.
"La Suisse n’est plus un paradis fiscal, transmet à l’Europe toutes les données financières que nous lui demandons et a mis fin aux mauvaises pratiques du passé."
Le modèle suisse est souvent moqué, voire méprisé. Ses habitants vivraient par la grâce des gnomes de Zurich, profiteraient d’un dumping fiscal, mèneraient une concurrence déloyale à l’égard de l’Europe et ne formeraient qu’un club très fermé de personnages peu scrupuleux sous leurs onéreux costumes trois-pièces. Si les caricatures ont toujours un fond de vérité, les travers que nous venons d’énoncer ont largement, si pas totalement, disparu. La Suisse n’est plus un paradis fiscal, transmet à l’Europe toutes les données financières que nous lui demandons et a mis fin aux mauvaises pratiques du passé.
Et pour surmonter les inconvénients de ne pas appartenir complètement à l’Union européenne, les Suisses utilisent avec brio les armes de la connaissance, de la qualité et de la stabilité. La Belgique aussi investit des sommes considérables dans la connaissance. Mais elle a négligé son enseignement au cours de ces dernières décennies. Nous voulons de la qualité, mais nous n’y investissons souvent que la moitié des moyens nécessaires. Et nous avons tendance à confondre stabilité avec immobilisme, alors que les deux notions diffèrent fondamentalement.
"Nous payons beaucoup pour notre administration et recevons peu de qualité en retour." "
Le transport ferroviaire dans les deux pays est une métaphore féconde pour mettre en lumière les différences entre la Suisse et la Belgique en termes de structure, d’efficience et d’approche. Les trains suisses sont bien entretenus, ponctuels, rapides et sûrs, et desservent les coins les plus reculés du pays. Leur réseau de voies ferrées doit pourtant littéralement soulever des montagnes pour se montrer aussi performant. L’European Rail-way Performance Index du Boston Consulting Group place la Suisse à la première place. La Belgique ne pointe qu’à la quatorzième place. Mais, au vu des dépenses que nous consacrons à nos chemins de fer, nous devrions occuper la quatrième position. Nous payons beaucoup pour notre administration et recevons peu de qualité en retour.
La première grande question à résoudre sera naturellement: "Par où devons-nous commencer ? "
Ma réponse: "Si vous ne savez pas où vous voulez aller, vous vous perdrez de toute façon ".
Je veux aller en Suisse. Qui m’accompagne?
Écrit par : L'enfoiré | 07/08/2019
Répondre à ce commentaireGroen critique la note de Bart De Wever: «Nous sommes très inquiets car ceci n’est pas notre Flandre»
Groen dénonce ce lundi « l’empreinte très claire » du Vlaams Belang sur la note de départ présentée par Bart De Wever en vue de former le nouveau gouvernement flamand. « L’impact des discussions avec le Vlaams Belang est particulièrement frappant », déplore le parti écologiste flamand.
► « Une coalition avec le Vlaams Belang s’est avérée impossible », souligne Bart De Wever
« Nous sommes très inquiets, car ceci n’est pas notre Flandre », a regretté ce lundi Groen dans un communiqué. « En comparaison avec le flou qui entoure les objectifs climatiques, la note est très concrète en ce qui concerne la politique d’intégration », regrette Groen. « Bart De Wever défend une vision fermée de l’identité flamande alors que la Flandre a été ouverte tout au long de l’histoire », dénonce le parti qui accuse l’homme fort du Belang, Tom Van Grieken, d’avoir écrit « à quatre mains » la note avec l’informateur.
« L’instrumentalisation de la (chaîne publique) VRT, de l’enseignement et de nos institutions culturelles au profit d’une identité flamande à définir, c’est d’un autre temps. Bruxelles semble mise sous curatelle, tout doit être mis au service de la nation flamande », critique Groen.
« Une identité flamande inexistante »
« Cette note n’indique aucune garantie sociale, ni aucune ambition climatique. Cela réduit l’identité flamande à quelque chose qui n’existe pas », lance, pour sa part, la présidente du parti, Meyrem Almaci.
Déçus, les verts soulignent l’absence d’ambition climatique. « Alors que des pays comme les Pays-Bas et l’Allemagne sont avant-gardistes en matière climatique, la Flandre stagne toujours sur le terrain », réagit Groen. « Les deux mesures les plus importantes pour mettre en œuvre la transition climatique sont totalement absentes : une taxation kilométrique intelligente et un stop aux constructions. »
Une mesure inacceptable
La N-VA souhaite durcir les conditions d’accès aux aides sociales. Les nouveaux arrivants devront attendre cinq ans et avoir un comportement irréprochable s’ils souhaitent pouvoir y prétendre. Les nouveaux logements sociaux qui seront construits iront en priorité à ceux qui peuvent prouver un lien fort avec la commune ou la région où ils font leur demande. Une mesure inacceptable selon Groen.
Pourquoi le choix de Bart De Wever en Flandre risque de plomber le fédéral
« La Flandre peut bien mieux que d’opter pour un retour à une Flandre qui n’a jamais existé », insiste le parti, tout en soulignant l’importance de respecter les droits fondamentaux de chacun, peu importe son origine
https://www.lesoir.be/241691/article/2019-08-12/groen-critique-la-note-de-bart-de-wever-nous-sommes-tres-inquiets-car-ceci-nest
Écrit par : L'enfoiré | 12/08/2019
Répondre à ce commentairehttps://www.rtbf.be/article/quand-suez-a-rachete-la-belgique-1988-lopa-sur-la-generale-de-belgique-10964293
Écrit par : Allusion | 11/08/2022
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